S8ch
#0
Le theme m'est venu grace au fil de discussion ouvert par Heartbeat (merci Heartbeat!) sur le clitoris et aux autres temoignages (comme je n'ai pas grand chose a dire sur mon rapport avec mon clitoris, je me suis contente de lire avec interet et d'ajouter quelques "j'aime").

Le point qui m'amene ici est le probleme de la meconnaissance du corps et de la sensualite (et/ou sexualite) et son rapport avec le bdsm.
Pour le dire simplement en une question grossiere:

En quoi le bdsm peut-il contribuer a une meconnaissance de la sensualite/sexualite?

Je n'ai aucun doute que le bdsm offre de nouveaux horizons en termes de sensualite, par un jeu sur les cinq sens, et une minimisation des pratiques sexuelles classiques qui encourage a "sexualiser" ou "sensualiser" d'autres pratiques (je n'oublie pas non plus l'aspect psychologique), mais precisement, il me semble, d'apres certains temoignages ou certaines descriptions de profil, qu'il tend parfois (souvent?) a exclure une sensualite "classique". En cela je crois aussi que le bdsm peut contribuer a la meconnaissance du corps et de la sensualite qui nous caracterise tous a un moment ou a un autre de notre vie.

Que l'exclusion du sexe soit un choix pour certains, je le comprends. Mais j'ai parfois l'impression que le bdsm est aussi un refuge pour les "decus" de la sexualite/sensualite classique, et qu'il peut en rigidifier une conception peu eclairee.
Vos avis?

Par "sexualite" j'entends un rapport qui fait intervenir les organes sexue(l)s lies a la reproduction (clitoris, vagin, penis), et par "sensualite" tout ce qui releve d'une communication non verbale entre deux corps.
Les pratiques d'une sexualite/sensualite classiques incluent pour moi la penetration, les caresses buccales des organes sexuels, mais aussi des caresses ou des baisers, etc.
J
'ajouterai eventuellement un temoignage personnel mais je suis deja trop long.

Merci de me pardonner ma propre "misere" accentuelle... Happy Mon laptop est dote d'un clavier non francophone.
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Abyme
#1
Je trouve ta question et le postulat qui la motive assez intéressants.
À vrai dire je me pose aussi ce genre de questionnements depuis que je fréquente des "vrais" BDSM, plus attachés à certains concepts satellitaires à la sensualité (comme l'humiliation, la douleur, le décorum, les règles et le protocole, les notions d'abandon cérébral et de prise en charge, de punition et de sévérité, etc) qu'au pur plaisir sensuel, érotique et in fine sexuel.
Pour beaucoup, je crois que la sexualité (telle que tu la définis) est secondaire, voire tabou ; ils se situent bien au delà de ça, comme si elle ne constituait qu'une partie minoritaire de leurs pratiques, ou qu'elle était pratiquée dans une intimité cachée.
Après il y a tellement de façons de voir qu'il est difficile de généraliser.
Déjà il y a une dichotomie entre domination de femme sur homme et d'homme sur femme : de nombreuses dominatrices mettent un point d'honneur à ne jamais se faire pénétrer par leur soumis, comme si cela portait atteinte à leur supériorité sacrée et leur réputation, bref un signe extérieur de faiblesse ; alors que les hommes pénètrent presque tous leur soumise. Et encore, certains refuseront d'appeler cela "faire l'amour", ce qui les rapprocherait des libertins ou des vanille, qu'ils méprisent souvent, comme si tout était séparé et incompatible. Cela dépend aussi de la relation : couple ou pas couple, amour ou pas amour, vénal ou pas, bondage uniquement ou DSM, etc...

Cela dit, je pense que certains te rétorqueront qu'au contraire, le fait d'avoir une personne soumise à disposition leur permet d'approfondir certaines techniques d'excitation subtiles (quitte à immobiliser les partenaires) que les vanilles survolent tant ils sont exclusivement dans la recherche du plaisir sensuel/sexuel classique.

À mon avis les deux points de vue se défendent.
Dernière modification le 14/02/2016 22:35:34 par Abyme.
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S8ch
#2
Tout a fait d'accord sur la difference homme/femme dans la domination, du moins en tendance. De nombreuses femmes excluent explicitement la sexualite ou ce qui y ressemble, alors que les dominateurs ne disent generalement rien sur les rapports sexuels, ce qui est une maniere de ne pas les exclure (en evitant le risque d'etre repute "queutard" trop tot). Mais meme si on n'exclut pas la sexualite, et que le bdsm permet d'explorer des voies sensuelles differentes, il reste que dans un cas comme dans l'autre il peut y avoir une certaine meconnaissance de la sexualite/sensualite classique.
Pour donner un exemple concret, il m'est arrive par deux fois d'etre partenaire de dominatrices experimentees qui manifestement n'avaient pas eu l'experience de simples baisers, doux et sensuels mais sans pretention particuliere, sur le corps. Ou alors elles avaient oublie... Faute aux soumis trop soumis ou aux dominatrices trop dominatrices, peu importe, mais c'est deplorable. Si la charge symbolique d'une penetration parait trop insupportable a certain(e)s, soit... (ce n'etait pas le cas en l'occurrence). Mais qu'on puisse passer des annees de domination sans avoir le plaisir d'un baiser sur la peau, ca me semble assez terrible.
C'est aussi un peu pour savoir si ce genre d' "oublis" est frequent dans les rapports bdsm que j'ai entame ce sujet.
Encore une fois je n'ai aucun doute que le bdsm permette d'ouvrir d'autres voies et peut etre tres sensuel.
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Thutale
#4
J'ai déjà eu l'occasion de réagir plusieurs fois à cette incompréhension qu'ont certaines personnes du peu d'intérêt pour la sexualité génitale que manifeste une (importante) partie des pratiquants du bdsm.

Je ne dis pas que le sujet sera épuisé avec mon apport, qui n'éclaire qu'un aspect - essentiel quand même - parmi d'autres, ni que vos réflexions ne sont pas pertinentes, mais que ces dernières, si elles correspondent à certains cas de figure, en omettent un pourtant répandu et très "typique".

Comment dire...

C'est un peu comme si vous vous étonniez que les homos ne soient pas bi : quel est leur problème ? Ils sont coincés avec l'autre sexe ? Il faut les aider à s'y ouvrir ?


Les masochistes (sadiques, fétichistes, etc.), pas ceux qui agrémentent par choix leur sexualité d'un peu de masochisme (sadisme, fétichisme, etc.), mais ceux qui sont catalogués comme tels dans les nosographies diverses de la psychopathologie, ceux pour qui le chemin de la jouissance passe obligatoirement par leur fantaisie ... sont - excusez-moi svp si la comparaison est maladroite - comme les gays qui ne se sentent aucune attirance pour l'autre sexe par rapport aux personnes qui font librement le choix de goûter aux plaisirs offerts par un partenaire de même sexe.

C'est un trait typique des masochistes (sadiques, fétichistes, etc.), qu'ils n'éprouvent pas d'attrait - ou un attrait faible, secondaire par rapport à celui exercé par leur fantaisie - pour la sexualité génitale. A tel point que c'est un élément indispensable à l'élaboration du diagnostic.


Bien sûr il y a des degrés dans l'orientation sexuelle fétichiste ou sadomasochiste : depuis ceux pour qui le fétiche (le SM) n'occupe qu'une petite place (ex1 : j'aime bien les femmes/hommes aux cheveux longs ; ex2 : voir un martinet en velours m'excite et me donne envie de baiser) jusqu'à ceux pour qui il occupe toute la place (ex1 : sans cheveux longs, pas de bandaison + jouissance fingers in the nose avec une perruque SANS partenaire ; ex2 : sans douleur, pas de plaisir + jouissance sous les coups de martinet auto-administrés ou administrés par une machine). (Ce ne sont que des exemples.)
Dernière modification le 15/02/2016 15:34:23 par Thutale.
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S8ch
#5
Bien sûr, je peux comprendre l'absence d'attrait pour telle ou telle pratique, et je n'envisage aucunement de forcer quelqu'un, ou d'être forcé, à un rapport sexuel ou sensuel qui provoquerait une répulsion ou un ennui sans fond d'un côté ou de l'autre. Je pensais plutôt à des cas où il n'y a pas d'obstacle psychologique ou physique à une pratique, et que celle-ci se révèle satisfaisante sur le tard, après des années de bdsm. Je prenais à dessein l'exemple d'un simple bisou...
Mettons que mon étonnement est un manifeste pour élargir la perspective sur la sensualité plutôt que pour la rigidifier. Au moins dans la discussion entre partenaires.
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Lady Spencer
#6
Commentaire rapide, je reviendrai sur le sujet avec un peu plus de temps .

Je suis Domina.
J'aime dominer un homme
J'aime faire l'amour avec un homme
Qu'il me soit soumis ou non.
Parfois, j'aime l'homme qui me fait l'amour.
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#7
Dans mes discussions et qq rares rencontres de personnes qui se vivent du côté du bdsm , il y a pour l instant à mes yeux 3 catégories :

1. Ceux que j appelle les contrôl freak, hommes ou femmes ayant très peu de plaisir et désir sexuel corporel ( et pas que génital ) qui vont vers la domination pour avoir une vie amoureuse qui permette un plaisir partagé bien qu ils ne ressentent presque rien au niveau corporel . Côté homme : hommes ayant des problème d érection , ne ressentant aucun plaisir physique en dehors de la fellation, voir ressentant du dégoût pour le sexe, le corps, les sécrétions , le dEsir de leur partenaire , leur posture de dominant leur permettant de de protéger via l outillage de leur manque de désir corporel, via la domination de vivre leur mépris
J ai discuté avec des dominas frigides et ne ressentant aucun plaisir corporel , qui vivait cela comme leur sexualité ou comme un problème .et qui refusait toute pratique impliquant leur sexe

2. Les personnes bdsm, qui ont du plaisir corporel
Et qui sont à l écoute de désirs connectés à leur corps , qu ils soient génital ou pas, et souvent ça varie. Aucune de ces personne là, dominants , soumis ou switch, hommes ou femmes, n avaient besoin de différencier sexe et bdsm. Ces dominas et dominants là considèrent qu ils peuvent être pénétrés s ils en ont le désir.
Dans leur post ils font états de plaisirs corporels , de la possibilité de baiser, de faire l amour ; avec des nuances . Certains aiment séparer génitalité et bdsm, d autres mélanger . D autres ça dépend des moments
On entend qu il y a un plaisir corporel et une connaissance de leur propre sexualité et de celle de l autre
S ils peuvent interroger un possible déficit ou manque , ils vivent leur bdsm comme un choix averti


3. Jamais rencontré de visu , ceux qui semblent faire de la D/s une philosophie de vie

Pour ma part , passer a côté ou non de la sensualité et sexualité n est pas lié au bdsm ou pas, mais au fait qu il y ait une place pour des plaisirs corporels ou non

En ce qui me concerne , mon partenaire bdsm, me permet de découvrir ma sexualité car c est mon premier partenaire qui consacre du temps et qui a du désir pour mon plaisir

Je découvre avec mon dominant mon vagin, mon anus , mes seins , etc...

Rien de plus sexuel que ma relation D/s.

Le classique ? Pour moi le classique au sens de la majorité de ce que j ai rencontré c est des hommes qui (y compris ceux qui baisent bcp), tirent leur coup vite fait , (même s ils ont le chrono pour leur auto performance des 45mn) , sans curiosité pour le plaisir de leur partenaire et sans désir d explorer à 2 les possibles sensoriels et relationnels

En discutant avec des dominants , et de mes discussions avec des soumis qd j étais inscrite comme switch, il semble que certains soumis cherchent désespérément un partenaire amoureux et que être soumis c est pour accroître la possibilité d avoir un peu d amour
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Elle.a
#9
Je me pose souvent la question des motivations, pour les soumis refusant farouchement tout rapport sexuel avec une domina. L'argument qui veut qu'ils se refusent à salir LA FEMME m'a toujours semblé cacher autre chose. Je me demande si, pour certains hommes, se déclarer soumis et vouloir une cage de chasteté, voir leurs désirs sexuels gérer par quelqu'un d'autre, ce n'est pas échapper à une pression très forte de performances sexuelles qui seraient demandées par les femmes...
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Tommy-kun
#10
Remarque très pertinente, Elle.a, mais l'injonction à la performance me semble plus sociale que féminine. Les hommes sont censés être des queutards plus ou moins invétérés prêts à baiser toute femme à peu près consentante (le consentement masculin va lui toujours de soi semble-t-il). Et le sperme est une souillure (on note le dégoût internalisé au passage).

Mais on peut faire la même remarque concernant les femmes soumises : être une "salope" c'est mal et avilissant, et il faut expier d'une façon ou d'une autre.

Au final peu importe les raisons qui animent ces désirs, l'essentiel est qu'ils soient source d'épanouissement, et ça reste aux individus de le déterminer pour eux-mêmes. Après tout, pour chaque soumis qui refuse le rapport sexuel, il y a une dominatrice qui partage également ce point de vue Wink
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S8ch
#11
Il y a certainement une pression anticipée pendant l'acte et... après. Possible que le refus d'un rapport sexuel soit en partie dû à une appréhension de la "période réfractaire" après l'orgasme (absence d'excitation, perte d'énergie, voire peur de s'endormir comme une merde en ronronnant?? :- ). En tant que mec, je ne trouve pas cette phase si simple à gérer, aussi bien en termes de plaisir individuel que de rapport avec sa partenaire. Je crois aussi que ça s'apprend...
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Lady Spencer
#12
Oui, ça s'apprend,car c'est ainsi que débute une relation en fait !
Lorsque l'on s'endort en ronronnant et que l'on aime les ronronnements de l'autre ......

Et BDSM et ronronnement peuvent faire très bon ménage !
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S8ch
#13
Oui, tout à fait d'accord, ça et le bouchon du tube de dentifrice non rebouché Happy
Je voulais dire aussi qu'il y a d'autres voies, un peu plus stimulantes, que l'endormissement immédiat, mais l'acceptation de cette phase réfractaire est une bonne chose!
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S8ch
#14
S8ch a dit...

Oui, tout à fait d'accord, ça et le bouchon du tube de dentifrice non rebouché Happy
Je voulais dire aussi qu'il y a d'autres voies, un peu plus stimulantes, que l'endormissement immédiat, mais l'acceptation de cette phase réfractaire est une bonne chose!


Oulala, s8ch, fais attention, tu tournes vers le forum "doctissimo", méfie-toi!!
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Tommy-kun
#15
D'ailleurs je… Zzzzzzzz
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Elisa59
#16
Bonjour à tous

J'aime le sexe, j'aime le BDSM.
Sauf que je pourrais dire: j'aime la viande saignante, et j'aime le poisson;
je peux aimer les deux, mais ça sera rarement dans le même plat!

BDSM: jeux de douleurs, contraintes, obéissance, humiliation, en proportions variables.
Mon BDSM peut être sensuel, mais il sera basé sur les composantes citées au dessus.
Si j'organise une rencontre BDSM, il n'y aura pas de sexe.

Le sexe, ce sera à d'autres moments, en d'autres lieux, et/ou avec d'autres personnes.

La Domina qui ne connait pas de baiser ou de tendresse, je n'y crois pas trop.
Elle en a, mais avec son époux vanille, son amant de coeur, etc...
Juste que ce ce sera pas avec son ou ses soumis, et pas pendant les moments SM.

Elle est aussi mère, éventuellement, les Dominas seraient elles différentes des autres femmes??

Si par chance extraordinaire et rarissime mon soumis est aussi mon amant de coeur, nous aurons des rapports amoureux, mais pas pendant les moments consacrés au SM.

PS: comme d'hab, ceci est ma façon de le vivre, rien de plus.
Dernière modification le 19/02/2016 08:08:26 par Elisa59.
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