Libertin_123
par le 17/10/15
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Récit d'une rencontre à Paris.

Prologue

Dédicace :

.............Tu es l’enivrante beauté de la femme

................Exposée à l’exquise indécence

...................De sa provocante liberté.



Conte mythologique

Orphée était le plus fameux musicien et poète que l’Antiquité ait jamais connu et savait mieux que quiconque charmer son auditoire de sa lyre.
Eurydice tomba follement amoureuse de lui. Il partagea cet amour et se maria avec elle.

Mais elle repoussa les avances d’un dieu champêtre et fut mordue à la jambe par un serpent venimeux. Sa mort rendit Orphée inconsolable.
Il résolut d’aller demander à Hadès de lui rendre sa bien-aimée.

Charmant le Passeur par sa musique, puis le chien Cerbère et les trois juges des morts, il se présenta devant le terrible dieu et l’adoucit par son art ainsi que sa femme Perséphone.
Il obtint de lui de ramener son aimée à la lumière à la condition de ne pas se retourner avant d’être sorti des enfers.

Et c’est à quelques pas de la sortie qu’il transgressa l’interdit et se retourna.
Eurydice lui fut immédiatement enlevée et dut définitivement retourner au royaume des morts.



Aux temps modernes

Ce fut une journée d’avril pas comme les autres.
Une journée que Jean Cocteau n’aurait peut-être pas désapprouvée.
Une journée aux couleurs de l’œuvre cinématographique d’Orphée.

Les ingrédients sont là.
La veille, une descente aux enfers, excitante, bouleversante.
Avec une femme qui y fut enchaînée, souillée, fouillée, frappée, fouettée, attachée bras en croix, vêtements en lambeaux.
Et le jour, une remontée du Royaume d’Hadès vers la lumière, en croisant la statue d’Eurydice, en train de subir son sort funeste.
(nous sommes à Paris, galerie de Colbert, une statue d’Eurydice orne la principale place de la galerie, sous une élégante verrière du XIXème siècle)

Au pied même de cette statue, notre couple se dévore d’un baiser indécent, un sein se découvre, une jupe est relevée, l’intimité est accessible, et accédée, sans rémission, sous l’œil placide de grands gardiens noirs, sous l’œil interdit et brillant de quelques visiteurs de passage.

Mais nous n’étions pas encore à la lumière, sans doute toujours un peu chez le souverain des enfers, puisque à peine quelques pas faits sous un ciel qui se voulait clément, nous voilà aspirés dans un nouvel antre crépusculaire - le site rue Vivienne de la BnF - où se donne à nouveau une œuvre cinématographique et photographique d’un esthétisme magnifiquement sulfureux.

Un Paris de noir et de blanc, de pierre et de chair, sous l’œil érotique, surréaliste et poétique de Bettina Rheims et de son exposition « Rose, c’est Paris », nous avait pris dans ses rets.

Nous entrons dans une pénombre peuplée de témoins, spectateurs debout ou assis à même le sol, d’un film magnifique et énigmatique.
Je choisis de nous placer face à l’entrée au bout d’un long couloir par où pénètrent les visiteurs.Une de mes mains se plaque sur son sein, une autre vient par derrière entre ses fesses et s’empare de ce qu’elle y trouve.
Certains visiteurs qui nous voient de loin sont troublés – attirés ? – par ce couple à la pose ambiguë qui regarde un film très beau où des femmes sont dénudées, attachées, accouplées.
Je souris à cette idée. Mes caresses se font plus explicites.

Nous nous déplaçons pour nous arrêter dans les couloirs de l’exposition devant une grande photo représentant trois femmes, deux portant des tenues fétichistes dénudant leur poitrine et leur sexe, la troisième dans une robe innocente et printanière. Mais cette dernière est attachée par les deux autres par un entrelacs de cordes qui prend ses hanches, enserre ses seins et son cou et lui entrave la bouche.
Cette image nous émeut et nous y faisons une halte, peut-être plus indécente encore que précédemment, frôlés par les visiteurs, dont l’œil parfois s’allume.


La journée se termine dans un théâtre érotique devant des femmes qui se dénudent devant nous et viennent nous frôler et nous caresser, dévoilant notamment la poitrine découverte et l’intimité libre de tout tissu de notre Eurydice.

Mais c’est alors que défiant les dieux, nous voulons forcer le destin et nous quittons les lieux pour pénétrer de suite dans un cinéma et nous placer une fois de plus sous le signe du 7ème art.

Le film portait un nom en forme de promesse « la révélation ».
Nous nous plaçons en fond de salle et comme Orphée avant la sortie des enfers, donc bien avant la fin du film, - nous n’attendîmes que la fin des publicités pour nous jeter l’un sur l’autre et nous dénuder à peu près complètement - je dévore des yeux - et de ma bouche - mon Eurydice.
Intense moment d’érotisme dans la salle (…sur l’écran, nous n’avons jamais su).

Nous nous apercevons au bout d’un certain temps que sommes épiés par le projectionniste, sans doute un messager des dieux venu nous espionner ?
Mais la jouissance de la belle est tellement forte et émouvante qu’elle semble l'attendrir.


Epilogue

Ainsi, le sort et les dieux nous sont cléments puisque nous sortons, un peu abasourdis, un sourire éclatant et béat à nos lèvres qui peinent à se séparer, mais surtout sains et saufs de cette aventure de débauches et de tendresses mêlées.
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