La bouche pleine

Entre mes lèvres, l'interstice se distend à mesure qu'il y pénètre. De sa bouche à la mienne il y a quelques centimètres, puis quelques millimètres que franchit sa langue. Je garde ma bouche entre-ouverte, offerte à ses envies. Celle qui fait languir, celle qui goûte, celle qui cherche, celle qui fait semblant de chipoter, celle qui attend le souffle et le soupir, celle qui attend que coulent plus abondamment les salives mélangées. Puis la langue se fait foreuse, carrément rentre-dedans, offensive, et ses dents suivent, mordeuses, qu'il plante dans la chair. Saveur de sang sans que coule seulement une goutte. Entre mes lèvres, se succèdent la peau, la chair, les poils. Je veux en avoir plein la bouche. Sa bite raide qui s'engouffre au fond, à m'en étouffer, me suffoquer que j'ingurgite en déglutissant à peine, pourtant avec le délire fiévreux de l'engloutir, tout lui, entièrement, pas juste cette partie de lui qui me déchire la gorge. Puis, sa bite ramollie que je suce comme un bonbon, que je garde en bouche, les plis doux du prépuce et le gland rond contre mon palais. Entre mes lèvres, il aimerait mais hésite. J'hésite aussi. Il hésite parce que j'hésite. J'ai cette peur idiote de le recracher. Mais le désir de lui est plus fort. J'attends. J'attends qu'il se pose juste là, entre mes lèvres, et qu'il ouvre les vannes. Je ne sais pas si je le regarde ou si je ferme les yeux, sans doute les deux, tour à tour. Je suis dans un ailleurs où il m'emmène. Je le sens couler, chaud dans ma bouche, sur ma langue d'abord, puis il pénètre en moi, je le bois. Il attend que j'ai avalé cette gorgée de lui avant de se déverser à nouveau. Il ruisselle en un flot plus dru, un ru qui rigole dans ma gorge. Je baigne ma bouche de lui. Je m'étrangle un peu. Il s'enfonce en moi, liquide, son or avant son sperme.