ZarathoustraDom
#0
Certains Doms, dans notre univers du BDSM, se réclament des règles, protocoles, rituels, commandements et codes du BDSM (les 12 règles, le vouvoiement, la majuscule du Dom vs la minuscule de la soumise, le regard baissé de la soumise, etc.). On peut lire par exemple, au hasard des blogs de "Maîtres" ou du fil de mur gé ici : - "A partir du moment ou une soumise doit appeler son partenaire non par son prénom mais Monsieur, Maître ou tout autre formulation équivalente elle rentre dans le monde des règles. Les règles sont le support matériel de la discipline a laquelle la soumise se plie, c’est par son obéissance a ces règles qu’elle exprime sa soumission." - "Sans règles la relation BDSM n’est plus qu’une relation SM qui ne s’avoue pas." - "Les règles ont aussi une fonction « éducative », c’est par le respect de celles-ci que la soumise développe chaque jour son aptitude a l’obéissance et qu’elle progresse ainsi dans la voie qu’elle a choisi." - "Les règles, c'est fait pour être respecté" Bref, je ne vous fais pas un dessin, tout cela est bien connu de tous... Il y a cependant à mes yeux deux paradoxes à se vouloir dominant tout en se conformant à des règles : 1/ toute règle, par nature, tue l'initiative, la créativité, l'imagination, l'inventivité, bref, engendre la routine et la monotonie de nature morbide plutôt que l'inspiration, la folie et la spontanéité créatrices des deux partenaires ! 2/ se conforter à des règles édictées par d'autres (fut-ce une large communauté) ne constitue-t-il pas un évident acte de soumission ? Et donc une aporie, c'est-à-dire une singulière contradiction sans issue du statut revendiqué de dominant ? La règle par définition et par construction interdit de penser, la règle est une dictature de l'esprit, la règle est un carcan de la pensée, non ? Attention ! Il ne s'agit pas ici pour moi de relancer le vieux et stérile débat du vrai ou du faux BDSM ! J'apprécie ces règles pour ce qu'elles sont : un partage d'expérience, une suggestion à vocation créatrice, une liste d'options ouvrant sur d'infinis possibles, pouvant s'inscrire dans la durée d'une relation, ou au contraire dans l'éphémère d'une séance ou d'un jeu ponctuels... mais en aucun cas un cadre rigide et inamovible qui devrait s'imposer à tous et tout le temps, et qu'autrement il faudrait bien désigner par le seul mot qui convienne : "Dogme". Or, n'est-ce pas précisément la transgression des règles qui crée la surprise, l'excitation, l'interaction, le jeu, le plaisir, le mouvement, l'évolution, le progrès, la vie ! « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, Essayez la routine… Elle est mortelle ! » (Paulo Coelho) ----------------------- (Graffiti de mai 68) -------------------------- Et vous, un avis, une suggestion, une expérience à partager ? (mais sans violence verbale, injure ni invectives, merci !) ______________________________________________________________________ * Aporie (nom féminin) : Difficulté logique insoluble, paradoxe
Dernière modification le 21/05/2018 23:12:05 par ZarathoustraDom.
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swanny33
#1
Bonjour Zarathoustra,
Votre analyse correspond tout à fait à ma vision du BDSM.
Je ne peux bien évidemment parler que de ma courte expérience avec mon complice. J'utilise effectivement le Monsieur, car je ne me vois pas utiliser son prénom pendant les jeux. Nous conservons également le vouvoiement depuis le début, non par notion de respect, mais parce que nous apprécions autant l'un que l'autre son élégance.
Le fait de ne pas respecter de règles particulières, hors celles liées à la sécurité bien sûr, nous offre une palette infinie de jeux dans lesquels je peux être force de proposition sans peur d'être reprise par un, Ce n'est pas toi qui décide ! ou autre phrase du même style.
La discussion est possible pendant les jeux et l'humour aussi .
Cela n'enlève rien à la qualité des pratiques, au contraire.
Mais chacun sa vision du BDSM , pour d'autres le cadre plus strict des règles est nécessaire et les personnes y trouvent leur plaisir ainsi. Donc pas de jugement de ma part, du moment que cela permet de s'épanouir , peu importe la voie choisie, c'est ce qui fait la richesse de ce monde BDSM , chacun peut se l'approprier en fonction de sa propre sensibilité.
Voila Zarathoustra , et merci pour vos écrits, ils sont toujours de qualité et pertinents à mes yeux.
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swanny33
#2
Au fait, si dire NON c'est penser ! je connais nombre de bébés et de jeunes enfants qui pensent beaucoup ....... Lol !
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Lady Spencer
#3
Un-e soumis-e aurait donc le droit de dire NON ?
Et deviendrait donc, une chose qui pense ?
Hannn.......:stuck_out_tongue_winking_eye::smirk:
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swanny33
#4
Merci Lady Spencer et Katniss d'avoir aimé mon humble commentaire.
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ZarathoustraDom
#5
@swanny33
Nous sommes bien d'accord, esprit ludique et humour ne sont en aucun cas exclus de nos pratiques !
Quand "Au fait, si dire NON c'est penser ! je connais nombre de bébés et de jeunes enfants qui pensent beaucoup ....... Lol ! ", rire, en effet ! Mais le rôle de l'éducation n'est-il pas précisément de leur apprendre devenir autonomes, et donc à penser par eux-mêmes, et donc à dire non ?
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ZarathoustraDom
#6
@Lady Spencer
Vous avez raison, il y a peut-être des limites à ne pas dépasser, tout de même ! mdr
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ZarathoustraDom
#7
@Yid2mars
Vous avez raison, voilà un autre bien beau paradoxe ! sourire...
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Empire
#8
Comme souvent, les mots sont sortis de leurs sens premiers et peuvent ainsi être présentés de façon à devenir critiquables, voir simplistes ou ridicules...
Il n'y a aucune contradiction dans les "extraits" que vous posez en exemple ZarathoustraDom, si ce n'est celle que vous créez artificiellement dans la présentation que vous en faites (certainement involontairement, je n'en doute pas):
- "A partir du moment ou une soumise doit appeler son partenaire non par son prénom mais par "Monsieur", "Maître" ou tout autre formulation équivalente elle rentre dans le monde des règles. Les règles sont le support matériel de la discipline a laquelle la soumise se plie, c’est par son obéissance a ces règles qu’elle exprime sa soumission."
Effectivement, pour un soumis ou une soumise, en cessant d'appeler son "partenaire" par son prénom et lui substituer un "Maître", ou "Monsieur", il ou elle entre bien dans l'univers des "règles" ou des "protocoles". Et il est tout aussi vrai qu'accepter d'obeir aux "règles", c'est bien une façon d'exprimer sa soumission. Je ne vois absolument rien à redire à cette affirmation.
- "Sans règles la relation BDSM n’est plus qu’une relation SM qui ne s’avoue pas.":
La encore, TOUTE relation BDSM est fondée sur des règles! Je ne vois rien de choquant à cette phrase. Bien évidement, toutes personnes qui pratique un temps soit peut comprend que les "règles" dont on parle ne sont pas des "règles générales édictées par une pseudo autorité", mais que ce sont les règles fixées par Le ou La dominante.
Je suis plus réservé sur la seconde partie de l'affirmation, une relation SM à aussi besoin de règles...
- "Les règles ont aussi une fonction « éducative », c’est par le respect de celles-ci que la soumise développe chaque jour son aptitude a l’obéissance et qu’elle progresse ainsi dans la voie qu’elle a choisi."
Cette affirmation est tout aussi vrai! Simplement, il faut juste comprendre qu'il ne s'agit de rien d'autre que les règles qu'édictent chaque Dominant et non des "poncifs" tombés du ciel.
- "Les règles, c'est fait pour être respecté".
C'est aussi vrai que l'eau ça mouille ou le feu ça brûle! C'est même la base d'une relation BDSM... Ne pas respecter une règle, c'est s'exposer à des "sanctions"... Bien entendu, celà peut être vécu soit au premier degrés pour des personnes vivant profondément leur BDSM, ou au second, voir 3eme degrés pour des personnes pour qui le BDSM est un jeux et donc pour qui "enfreindre" une règle édictée peut faire "partie" du jeux.
N'empèche que dans un cas comme dans l'autre, il faut des "règles" pour qu'il y ai BDSM...
Si je puis me permettre, vous faites une erreur d'interprétation pensant que toutes ces phrases que vous citez font références à des "règles édictées par je ne sais qu'elle autorité"...
Ces phrases ne concernent rien d'autres que les règles que peut émettre Une ou Un Dominant.
Quand au "carcan" que l'édiction de rêgles peut représenté pour Un Dominant, c'est juste oublier ou ignorer qu'Un Dominant Fixe ET Modifie les règles à sa guise, quand Il le veut et comme Il le veut!! :)
Il faudrait être un bien piètre dominant pour s'emprisonner tout seul dans les règles qu'on à fixé et qui ne correspondent plus ... Il les changent! C'est aussi simple que ça!
Bonne journée à vous.
Dernière modification le 23/05/2018 08:10:23 par Empire.
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Heartbeat
#9
Chacun fait ce qui lui plaît, du moment qu’il n’impose rien à personne et que tout le monde y trouve son compte...
J’imagine que ces règles apportent un vrai cadre à des personnes en recherche de ce genre de rigueur, donc c’est bien pour eux.
Pour ma part ce qui m’excite le plus dans ces règles du BDSM, c’est de les transgresser... J’estime que je suis déjà soumise à assez de règles, de protocoles et autres choses contraignantes dans ma vie de tous les jours pour m’en taper aussi dans ma sexualité. Ma sexualité est mon jardin que je cultive en donnant libre cours à mes envies, à mes émotions, à ce que je pense, et in fine, à qui je suis.
Mais il existe tant de manières de donner libre cours à qui l’on est ! :-) et j’imagine que les règles en sont une.
Bref, la façon dont j’utilise ces règles en les transgressant, c’est en étant une soumise qui pense, qui blague, qui exprime ses émotions, qui regarde droit dans les yeux, qui n’hésite pas à dire stop si elle estime que son dominant fait de la merde (oui oui les dominant-es ne sont pas à l’abri de faire un truc craignos!), qui exprime son consentement et ses désirs, qui touche son dominant, qui est active et prend les devants, qui non seulement appelle son dominant par son prénom mais a en plus l’outrecuidance de lui donner des surnoms...
Vous voyez, on peut se servir de ces règles même en ne partageant pas spécialement leur principe :-)
Dernière modification le 23/05/2018 09:57:08 par Heartbeat.
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ZarathoustraDom
#10
@Empire Il n'y a aucune contradiction dans les "extraits" que vous posez en exemple ZarathoustraDom, si ce n'est celle que vous créez artificiellement dans la présentation que vous en faites (certainement involontairement, je n'en doute pas) Permettez moi d'assumer ce que j'ai écrit de façon très volontaire et réfléchie ! sourire... Et il est tout aussi vrai qu'accepter d'obeir aux "règles", c'est bien une façon d'exprimer sa soumission. Je ne vois absolument rien à redire à cette affirmation. Eh bien non, justement, et plusieurs soumises (par ex. swanny33) témoignent d'ailleurs ici de leur plaisir à transgresser les règles, à jouer, à défier leur Dom... Et, pour ma part, justement, j'aime ce côté rebelle, désobéissant... Mais, au-delà de cela, comme le si bien Heartbeat ci-dessus, ce n'est pas parce qu'une règle est édictée par un Dominant que c'est une bonne règle, et une soumise a un devoir de "désobéissance civile" (au sens de Henry David Thoreau) lorsqu'une règle est dangereuse, idiote ou tout simplement ne lui convient pas ! Car, tout Dom qu'il soit, il peut aussi être idiot, cela est loin d'être incompatible ! Enfin, j'ajouterais à ce sujet qu'on peut très bien pratiquer un BDSM sans aucune règle : par exemple un couple de purs "riggers" qui prennent leur plaisir uniquement dans le bondage, ou bien de purs SM, qui prennent leur pied simplement par la douleur... La encore, TOUTE relation BDSM est fondée sur des règles! Là encore, j'exprime mon désaccord formel (cf. mon point précédent). Attention, je ne nie pas l'intérêt et le rôle érotique des règles. Il faut bien comprendre le sens de ce que j'ai voulu dire : je conteste surtout ceux qui veulent imposer des règles communes à tout le monde, et qui affirment en outre que ceux qui ne pratiquent pas selon ces règles ne pratiquent pas un vrai BDSM, ou encore qui affirment péremptoirement que "toute relation BDSM est fondée sur des règles" : quand on édicte des règles rigides que l'on veut imposer à tous, on est dans le dogme, on devient soumis au dogme, c'est cela même le paradoxe, autrement dit "l'aporie" que je souligne dans mon message ! "Les règles, c'est fait pour être respecté". C'est aussi vrai que l'eau ça mouille ou le feu ça brûle! C'est même la base d'une relation BDSM... Ne pas respecter une règle, c'est s'exposer à des "sanctions". Là encore non : je connais bien des couples BDSM qui ne pratiquent absolument pas le cycle "règle-faute-punition", ou du moins ne le font qu'à titre de jeu ponctuel, mais en aucun cas comme un fondement quotidien et permanent de leur relation, et qui considèrent même cela comme une "infantilisation" de la relation (au sens de l'analyse transactionnelle et de la PNL) ... Alors, je ne dis pas que cela est criticable en soi : comme l'indique Heartbeat, il y a des couples à qui cela peut parfaitement convenir. Mais, de grâce !, n'imposez pas cela à tout le monde ! On peut avoir une relation BDSM de type parent/enfant (là encore, sans que cela soit péjoratif, je parle toujours au sens de l'analyse transactionnelle) ou de type adulte/adulte, cela est une question qui relève purement de l'intimité de chaque couple BDSM ! c'est juste oublier ou ignorer qu'Un Dominant Fixe ET Modifie les règles à sa guise, quand Il le veut et comme Il le veut!! :) ...et, peut-être, aussi - très accessoirement bien sûr, lol ! - quand sa soumise y consent : dans mon BDSM, la relation est basée sur un consentement mutuel ! :-) Encore une fois, il ne s'agit pas pour moi de critiquer ceux qui pratiquent un BDSM "rigoriste" (évitons le mot "dogmatique") : je comprends parfaitement le plaisir qu'on peut y prendre, du moment que cela convient aux deux parties. Mais admettons juste que bien d'autres formes de BDSM puissent exister, y compris sans règles, ou avec des règles mouvantes, ou avec des règles ponctuelles dans le temps (pour un jeu, une séance...), ou avec des règles dont le principal plaisir est de les transgresser !
Dernière modification le 23/05/2018 11:31:08 par ZarathoustraDom.
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ZarathoustraDom
#11
@Edoné Loin de moi l'idée de prétendre que Racine est dépourvu d'imagination ! Bien au contraire, et je n'ai peut-être pas été assez clair dans mon texte : les règles peuvent être une source d'inspiration, et peuvent d'ailleurs être très érotisantes, je ne le conteste pas ! Elles constituent aussi, de façon évidente, un moyen ou un outil d'autorité... Cependant, votre évocation de Racine est intéressante à plus d'un titre, et je me permettrais les commentaires complémentaires suivants : - tout d'abord, j'adore en effet la trame dramatique des pièces de Racine, mais je suis très peu sensible à la structure textuelle de son œuvre : d'une façon générale, j'apprécie peu la rigidité des alexandrins (même si certains d'entre eux peuvent être sublimes, par ex. "Lui qui me fut si cher, et qui m'a pu trahir, Ah ! je l'ai trop aimé pour ne le point haïr !" dans Andromaque), et je perçois clairement la règle des trois unités d'action, de lieu et de temps (sans oublier aussi l'unité de ton et la règle des bienséances internes et externes !) comme un carcan. Entendons nous bien, j'adore la littérature française (et étrangère) dans son ensemble, mais Racine est loin d'être mon préféré, sans aucun doute pour ces raisons de rigueur académique qui ne me conviennent pas. Et je ne suis pas loin de penser même que la façon dont ces textes sont enseignés aux jeunes enfants au sein de l’Éducation Nationale contribue à les dégoûter de lire, fort malheureusement ! J'ai pour ma part bien davantage apprécié la langue libre et inventive d'un Rabelais que la langue ampoulée de Racine, mais cela est évidemment très personnel... - ensuite, je rajouterais qu'heureusement que ces règles que Racine respectait ont été transgressées par d'autres, sinon nous n'aurions jamais connu la commedia dell’arte, la subtilité verbale du marivaudage de Marivaux, le vaudeville de Courteline, Feydeau ou Labiche, sans oublier bien sûr le théâtre contemporain de Kafka, Ionesco, Alfred Jarry ou Yasmina Reza (liste non exhaustive) ! Et on pourrait multiplier les exemples dans tous les domaines artistiques (Boileau vs Verlaine ou Rimbaud, Bach vs Chopin, Raphaël vs Picasso, etc...). Ceci pour expliquer que des règles ne doivent en aucun cas rester figées, sous peine de rapidement devenir désuètes et donc mourir de leur belle mort : c'est pour cela que je parlais de morbidité des règles réduites à l'état de dogme. Ainsi, pour le domaine qui nous concerne, et pour ne prendre qu'un seul exemple, les fameuses "12 règles de la soumise" ne sont que des règles particulières, qu'un couple D/S - MasterMind et Salomé - a mis sur la papier et diffusé en 1993 : cela ne signifie aucunement que ces règles dussent être universelles et s'imposer à tous comme paroles d’Évangile, mais uniquement que c'étaient celles qui convenaient à leur couple ! - le débat entre des règles figées ou évolutives, si l'on s'en tient à l'exemple de Racine que vous mentionnez, me fait donc irrésistiblement penser à la "querelle des Anciens et des Modernes" (ou des "classiques et des Modernes", aussi) qui a opposé, à la fin du XVIIème siècle, les tenants - menés par Boileau - d'une perfection artistique basée sur l'imitation des auteurs de l'Antiquité à ceux - représentés par Charles Perrault - qui défendent l'idée que la création littéraire peut innover et engendrer des formes artistiques nouvelles... Donc, oui, je maintiens mon assertion selon laquelle "La règle par définition et par construction interdit de penser, la règle est une dictature de l'esprit, la règle est un carcan de la pensée", mais en la nuançant ou en la précisant : - d'une part par le fait que je suis absolument d'accord que des règles sont nécessaires, bien évidemment ; - qu'elles peuvent avoir un rôle très stimulant voire de déblocage d'une libido défaillante ; - que ce n'est donc pas l'existence de règles que je remets en cause, mais le fait que ces règles, lorsqu'elles sont érigées en dogme, deviennent sclérosantes ; - que ces règles doivent en principe faire l'objet d'un consentement mutuel au sein d'un couple D/S, même si l'initiative en revient bien sûr au dominant (avec l'exception que certaines personnes ont besoin d'un "cadre", comme le souligne Heartbeat, et sont enclines à accepter toute règle qu'on leur impose, mais sont donc consentantes pour cela) ; - que des règles artificielles peuvent parfois être un palliatif au manque d'autorité naturelle : un dominant naturel n'a pas besoin de règles pour imposer sa volonté, en réalité ; - qu'aucune règle ne peut prétendre à l'universalité : certains connaissent peut-être l'aphorisme humoristique qui dit "SI quelqu'un a un ami imaginaire, on appelle ça la démence. Si plusieurs personnes ont le même ami imaginaire, on appelle ça une religion." Remplacez "ami imaginaire" par "règle", et l'on comprendra bien ce que je veux exprimer ! - qu'on peut aussi prendre du plaisir à transgresser les règles, comme l'expriment si bien Hearbeat, Yid2mars ou swanny33 plus haut ; - et donc, au final, se rappeler que toute règle a ses exceptions (y compris dans la langue académique de Racine !). En conclusion de ce - trop long - commentaire, je dirais qu'on peut bien sûr prendre du plaisir et même se sentir en situation de bien-être à respecter des règles (cf. le "Discours de la servitude volontaire" de La Boëtie, ou la la "Dialectique du Maître et de l'Esclave" de Hegel, par exemple), mais qu'il est important et fondamental de savoir distancier et comprendre ce dont il s'agit, sous peine de se retrouver en situation "d'infantilisation" au sens de l'analyse transactionnelle et de la PNL, comme je l'expliquais plus haut à Empire. Ceci étant posé, encore une fois, obéir à des règles, ou les imposer, selon la position de soumis.e ou de dominant.e, peut être une source d'émotions intenses, il n'a jamais été dans mon intention de le nier ! Je vous rejoins donc entièrement dans la capacité créative des règles, mais avec toutes les nuances ci-dessus ! :-)
Dernière modification le 23/05/2018 13:11:51 par ZarathoustraDom.
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ZarathoustraDom
#12
@Heartbeat
"Chacun fait ce qui lui plaît"...
"Pour ma part ce qui m’excite le plus dans ces règles du BDSM, c’est de les transgresser... "
Je ne puis que plussoyer ! ^^
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swanny33
#13
Merci Zarathoustra et Béasou d'apprécier mon point de vue, faible reflet, de ma encore courte expérience.
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Empire
#14
Sourire... Vous essayez de vous en tirer par une pirouette cher ZarathoustraDom.
Le fait reste entier:
Votre affirmation de départ visant à reprendre des "mots de Dominants ici ou là" pour les brandirent comme étendard visant à stigmatiser les "règles" ne tient pas.
Je maintient que TOUS les jeux BDSM ont des règles: Le bondage plus encore que le reste (Vous affirmez que non, alors que le bondage est presque le jeux le plus règlementé du BDSM: Règles de sécurités pour le coup parfaitement intangibles et non dépendante du Dominant). Qu'en dehors du bondage, chaque Dominant peut à loisir les fixer, les changer, exiger leurs respets ou s'amuser de leur transgression suivant l'envie de chacun.
Et qu'il n'y a guère que ceux qui ne pratique pas qui rêvent ou fantasment des règles d’airains établies par une "sainte autorité" autre que celles émanant de la personne qui domine.
Mais il se peut que je sois passé à coté de quelque chose: Expliquez moi donc un "jeux" BDSM sans règle?
Dernière modification le 23/05/2018 14:57:06 par Empire.
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ZarathoustraDom
#15
@Empire
Nous sommes là pour débattre, puisque c'est le forum du site, et il est bon que chacun puisse exprimer des opinions différentes sans s'invectiver : je suis donc très heureux de ce débat avec vous, qui fait ressortir des façons d'appréhender le BDSM très différentes, mais respectueuses l'une de l'autre...
Sachez cependant que dans mon esprit il ne s'agit nullement de "pirouette", mais bien d'une conviction profonde, affirmée, argumentée et réfléchie ! sourire...
Et il est évident que le bondage a ses règles (et ses techniques, aussi, bien sûr), mais ce sont essentiellement des règles de sécurité : ce n'est pas ce dont nous parlons ici, chacun l'aura bien compris...
Dernière modification le 23/05/2018 15:22:14 par ZarathoustraDom.
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ZarathoustraDom
#16
Hé hé, Edoné, je n'en attendais pas moins de vous, et c'est précisément là tout le mérite d'un débat éclairé et respectueux que de préciser les idées, nuancer les propos, affiner les concepts, et éviter les quiproquos ! ^^
D'autant plus que je ne prétends aucunement détenir LA vérité universelle, mais juste partager ma façon de voir, et la confronter à celle des autres ! (sans que le mot 'confronter' ait un quelconque signifiant d'affrontement guerrier, bien sûr !).
Je vous remercie donc, bien évidemment, comme tous ceux qui se donnent la peine de réagir et donner leur opinion sur ce fil ! sourire... (y compris ceux qui ne sont pas d'accord avec les hypothèses que je formule) :-)
Dernière modification le 23/05/2018 20:29:19 par ZarathoustraDom.
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Elle.a
#17
Toute interaction avec l'autre est assujettie à des règles qui lui sont propres. Par exemple, on explique aux enfants qu'il faut répondre bonjour à un bonjour, voire qu'ils doivent dire bonjour en premier aux personnes plus agées qu'eux-elles. D'ailleurs, toutes ces interactions codifiées sont désignées sous le terme de jeux, par les psychologues.
Le BDSM est, par essence, semble-t-il, le lieu de toutes les règles imposées, personnelles ou communément admises par "le milieu".
Le problème de toute règle, c'est qu'il faut la faire respecter si on veut qu'elle soit efficace, qu'elle rentre dans les habitudes, qu'elle ait un sens. Il faut donc des gardiens de la règle. D'où le côté infiniment protocolaire des clubs BDSM.
Le problème découlant du premier, c'est que, dans la sphère privée, pour faire respecter une ou plusieurs règles, il faut être constamment présent, constamment vigileant-e. Or, la personne qui devient gardienne de la règle se retrouve esclave de ses propres exigences, elle doit, à tout moment, demander des preuves, vérifier. De gardien-ne à esclave, il n'y a, pour moi, qu'un pas. La laisse à deux côtés...
Ps, j'aime beaucoup votre phrase :
- "Sans règles la relation BDSM n’est plus qu’une relation SM qui ne s’avoue pas."
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ZarathoustraDom
#18
@Elle.a
"La laisse a deux côtés" : c'est une formule choc pour résumer une grande partie de ce que j'ai voulu exprimer ! sourire...
Par contre, petite précision , la phrase "Sans règles la relation BDSM n’est plus qu’une relation SM qui ne s’avoue pas." n'est pas de moi, et j'ai indiqué par ailleurs dans l'un de mes commentaires que par ex. une relation BDSM sans règles (hormis les règles de sécurité, qui relèvent d'un autre domaine, bien sûr) pouvaient être par ex. une relation de type "pur rigger"...
En fait, en lisant les réflexions et réactions, j'en viens à penser que le domaine des règles s'applique surtout au 'DS' du BDSM, mais pas spécifiquement au 'B' ni au 'SM'... Donc, pour simplifier, une relation de type purement 'B' ou 'SM' n'applique pas forcément de règles strictes, tout en restant dans le champ du BDSM...
Mais c'est peut-être là simplifier à l'extrême !
Et, par ailleurs, mon propos n'est pas de prôner l'absence de règles (sinon, c'est que j'aurais été mal compris), mais de mettre en lumière le paradoxe que toute règle impose un carcan au soumis/à la soumise, mais aussi au dominant/à la soumise, ce que vous avez fort bien exprimé avec votre image de la laisse à deux côtés ! :-)
Et, a fortiori, si l'on se conforme à des règles édictées par d'autres en d'autres lieux, d'autres temps et d'autres situations de relations de couple (telles les 12 règles de la soumise), alors on devient soumis à un dogme, comme en religion !... Ceci étant dit, les religions aussi bien qu'Etienne de la Boëtie ont amplement démontré que la "servitude volontaire" convenait à un très grand nombre de gens !
Dernière modification le 24/05/2018 10:09:51 par ZarathoustraDom.
Soyez la première personne à aimer.
Une autre question me vient à l'esprit.
Le fait de transgresser les règles n'est il pas un appel à plus de règles ou de règles de meilleure qualité?
Transgresser une règle n’est pas forcément la nier.
Ce n'est pas l'existence de la règle qui est remise en question dans la transgression, que ce soit parce que la règle soit stupide, ou bien encore mal construite, mal vérouillée, etc.
La règle se pose comme un outil pour se sonder, sonder l'autre, ses limites et les limites de la relation. Un outil pour jouer, pour se repérer, pour se dépasser.
La règle est donc utilisée par les deux parties, dominante ou soumise, dans une relation Dominant/ soumis.
Pour en revenir au poste initial, et son aporie, ou bien paradoxe, voici comment je lis la question :
Se conformer aux 'règles du BDSM', pour un Dom, ne constitue-t-il pas un acte de soumission ?
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ZarathoustraDom
#20
Vaste mais excellente question, NoviceDuVice !
Une règle peut être complètement stupide, certes, mais n'avoir pour objet et fondement que d'asseoir l'autorité indiscutée du dominant, et constituer ainsi un jeu subtil et malicieusement pervers avec sa soumise !
Mais cela peut aussi être vraiment idiot, voire non hygiénique ou dangereux...
Mais vous avez bien décelé l'essence de ce que je veux exprimer : les règles peuvent être pour certains un cadre rigoriste, pourquoi pas ?, mais peuvent être pour d'autres - dont je fais partie, vous l'aurez compris - un espace de jeu où la transgression est souhaitée et devient ainsi source de création et plaisir mutuel : à mes yeux, le BDSM est ainsi véritablement un jeu qui se joue à deux !
Et la phrase que vous citez au final résume bien le paradoxe et la contradiction de ceux qui s'enferment à mes yeux dans un système de règles fermées et immuables : mais je ne critique pas, l'important étant juste que chacun.e y trouve son propre plaisir... et celui de son/sa partenaire !
Soyez la première personne à aimer.
Elle.a
#21
Ne vous inquiétez pas, Zara, j'avais très bien saisi votre propos, et même le fait que vous citiez quelqu'un d'autre. Mon usage abusif du "votre phrase" vous a induit en erreur.
C'est une phrase que j'ai souvent entendue, qui a de moins en moins cours, je suis donc surprise de la revoir, même dans ce contexte. En effet, il y a encore quelques années (pas si loin), les tenants de la D/s se voulaient les Seuls Vrais BDSMeur-e-s, ceux qui, justement, avaient tout plein de règles, et vivaient le truc en 24/7, contrairement aux "petits joueurs" du SM, qui se contentaient de fouetter et de maltraiter de la chair. Il paraitrait que la D/s est cérébrale quand le SM n'est que physique, d'où l'impression "d'art mineur".
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