sylvie35
par le 18/12/22
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[Les nombres entre crochets renvoient aux références citées en fin de texte, qui peuvent éclairer le lecteur sur certains aspects évoqués]

Mon Maître sort un mètre ruban de sa poche et mesure mon tour de taille, sous l’œil intrigué, voire amusé, de certains passants. Instinctivement je bande mes abdominaux et je baisse la tête de honte, n’osant plus regarder autour de moi, et cherchant dans quelques cheveux la protection d’un bien dérisoire voile. Car même si la scène n’a rien de provocant ni d’ostentatoire, même si mon Maître est discret et que nous ne sommes pas en plein milieu du passage, je suis consciente que cela ne manque pas de susciter questionnement et amusement chez les témoins occasionnels. Puis c’est au tour de mes hanches et de ma poitrine d’être mesurées. "On reverra cela plus précisément quand tu seras nue".

Il semble satisfait et me dit que l’on va y aller, que je peux descendre du pèse-personne [1]. Alors que je m’apprête à le ramasser pour le remettre dans le sac à dos, une voix peu sympathique me fait sursauter. "Police Nationale. Contrôle du fucking pass [2]."
Je ne l'avais pas vu venir. "Je ne la baise pas..." répond mon Maître. "Nous sommes seulement de bons amis".
"Vous me prenez pour un demeuré?" répond le policier. "Pourquoi est-ce que la demoiselle porte ce genre de collier?"
Je me sens paralysée par le stress. Cette affaire va mal finir...
"C'est bon, c'est bon, je m'en occupe" dit son collègue, que je n'avais pas vu tout de suite.
Pendant que l'autre s'éloigne, il s’adresse à nous à voix basse  "Désolé, on a des ordres. Soyez plus discrets si vous ne voulez pas vous attirer d'ennuis".
Alors que mon Maître le remercie, il nous dit sur un ton pessimiste "Ce n'est qu'un début. Soyez prudents à l’avenir."

Est-ce à ce moment-là que j'ai pris la décision qui fera de moi une hors-la-loi [2] ? Difficile à dire. Parmi une multitude de gouttes d'eau, laquelle est celle qui a fait déborder le vase ?
Mais je ne dois pas penser à cela maintenant. J'y penserai quand je serai de retour à la maison. Pour l'heure, je dois me concentrer. Donner satisfaction à mon Maître. Ne pas me laisser dépasser par mon esprit bouillonnant.

Je suis mon Maître jusqu’au parking. Sa voiture est garée tout au fond, dans une zone peu passante. Il ouvre la portière et me demande de me pencher en avant. Je m’exécute, les coudes posés sur le siège. Après avoir mis mon sac dans le coffre, il revient vers moi. Je sens un doigt qui appuie fermement dans le bas de mon dos. « Cambre-toi correctement ! ». J’essaie de corriger ma position, faisant reposer ma poitrine sur le siège au lieu des coudes, creusant mes reins. Cela tire à l’arrière de mes cuisses. Je manque visiblement de souplesse : c’est décidément un point qu’il faudra travailler. J’écarte davantage les jambes pour réduire la tension.

Ma robe est si courte que je me retrouve les fesses à l’air. Instinctivement, je la retrousse un peu plus, dégageant ma croupe, et j’écarte mes fesses avec les mains.

« Belle initiative, Salope ! Je suis fier de toi. Tu as bien retenu la leçon »

La voiture file sur l'autoroute. Impossible de me rappeler comment je me suis retrouvée là. Il y a deux secondes j'étais encore sur le parking, les fesses à l'air. Le trou. Trop d'émotions, trop de stress, mon esprit a dû déconnecter.

C'est angoissant d'avoir un trou de mémoire, comme si des minutes de ma vie avaient été effacées.
Pourtant, je me sens presque soulagée d'être là: le trac dans les jours précédents a été terrible, j'ai mal dormi, je ne suis pas au mieux de ma forme. Mais je dois tenir bon. Peut-être que finalement le plus dur a été fait: prendre la décision et m'y tenir. Ne pas renoncer au dernier moment, avant de monter dans l'avion. Ne pas me laisser submerger par la peur.
Mon Maître a été très clair: cette relation sera non consensuelle. J'ai goûté à mes derniers moments de liberté. Maintenant je vais obéir. Je suis une esclave. Je suis sa propriété.

"Non consensuelle"... Ces mots auraient dû me faire peur et pourtant je me sens presque sereine. Je lui fais confiance. Je sais qu'il n'abusera pas du pouvoir immense qu'il possède à présent. Je sais qu'au fond de lui c'est un homme bon. Je l'ai senti. J'en suis persuadée. Je me répète cela dans ma tête. Pourquoi? Ais-je encore un petit doute, encore besoin de me rassurer? Est-ce parce que je sais que je vais être fessée, giflée, fouettée, baisée comme une chienne ? Pourtant j'avais aimé quand il me l'avait annoncé, j'avais aimé cette franchise.
Il faut que j'arrête de cogiter. Alors je regarde le paysage défiler, j'essaie de faire le vide dans mon esprit. Je sens que mon clitoris est gonflé à bloc. La tension sexuelle est à son paroxysme. J'ai l'impression d'être à deux doigts d'avoir un orgasme spontané. Mon esprit cogite encore, mais visiblement mon corps n'a pas d'états d'âme. Cela me rassure.
J'ose jeter un rapide coup d’œil sur Mon Maître. Il semble heureux. L'expression de son visage est rassurante. Zut, il s'en est rendu compte. Je détourne le regard et baisse les yeux immédiatement. J'espère que je ne vais pas être punie pour avoir osé lever les yeux sur mon Maître. Il faudra que je sois plus prudente à l'avenir. Il faut vraiment que je me mette bien en tête que ma vie de femme libre fait partie du passé, que je suis une esclave à présent et que je dois me comporter comme telle.

Il me parle, avec gentillesse. Se pourrait-il qui ait senti cet immense besoin d'être rassurée?
Il m'incite à m'exprimer. Mais je ne suis pas une grande bavarde. Pourtant, quand on me branche sur certains sujets, je peux devenir intarissable. C’est bizarre la psychologie.
Je préfère éviter de lui parler de mes sentiments, de notre relation, de peur d'être submergée par mes émotions. Je lui raconte le décès soudain du jeune homme dans l'avion, qui m'a perturbée [1]. "Probablement qu'il ignorait les risques qu'il courait en prenant l'avion", lui dis-je. "S'il avait su, il aurait évité... C'est triste".
Puis, consciente que je n'ai pas choisi le sujet de discussion le plus réjouissant, je me permets de le taquiner en lui demandant si c'est pour m'impressionner qu'il a loué cette magnifique Aston Martin de collection pour venir me chercher. Ca le fait rire. Il sait que je ne suis pas attachée au paraître. Pourtant j'adore conduire et j'aurais bien aimé pouvoir prendre le volant de ce bijou, mais malheureusement mon permis de conduire m'a été retiré. Une étude de 2022, financée par le gouvernement Canadien, démontre que ceux qui ont refusé les injections salvatrices ont 72% de risques en plus d'être impliqués dans un accident de la route [3]. Cette étude a été ressortie par l'OMS et a fait tache d'huile dans les nations fondatrices de la suprême alliance démocratique [2]. Partout, le monde politico-médiatique s'est emballé et les appels ont fusé pour prendre d'urgence des mesures radicales afin d'écarter ces dangereux chauffards de nos routes. Les experts ont défilé sur les plateaux télé pour expliquer qu'il faut suivre le consensus scientifique et mettre les anti-science hors d'état de nuire.

Pendant que je parle, je sens soudain un objet dur qui me fait très mal au cul. Quand me l'a-t-il mis? Sur le parking, sans doute. Comment se fait-il que je ne l'ai pas ressenti avant? Je ne suis vraiment pas dans mon état normal. Mon cerveau filtre mes sensations. Est-ce un mécanisme de défense face au trop plein d'émotions? Dans mon enfance j'ai eu une méchante blessure au bras. Je n'ai rien senti tant que je n'ai pas regardé et quand je l'ai vue la douleur a surgi d'un coup et j'ai hurlé. Est-ce le même type de mécanisme?

On s'arrête sur une aire d'autoroute, très peu fréquentée. La journée touche à sa fin et il fait déjà un peu sombre. La voix de mon Maître est soudainement devenue plus dure. Il m'ordonne de retirer ma robe sur un ton qui me fait comprendre que je n'ai pas intérêt à l'obliger à répéter.
"Tu peux profiter des toilettes, mais ne traîne pas".
En temps normal j'aurais demandé à remettre ma robe, mais je sais qu'une telle insolence ne serait pas tolérée de la part de l'esclave que je suis à présent. Alors, c'est la boule au ventre que je sors de la voiture, nue, sous les yeux de mon Maître, mon propriétaire, celui qui à présent a tous les droits sur moi.

à suivre...


Références

[1] "Un prénom qui n'existe pas", article publié sur bdsm.fr le 16/11/2022, https://www.bdsm.fr/blog/8242/Un-pr%C3%A9nom-qui-n'existe-pas/

[2] "Le perchoir d'Ysideulte", article publié sur bdsm.fr le 15/09/2022, https://www.bdsm.fr/blog/8145/Le-perchoir-d%E2%80%99Ysideulte/

[3] D. A. Redelmeier, J. Wang, D. Thiruchelvam, "COVID Vaccine Hesitancy and Risk of a Traffic Crash", The American Journal of Medicine, 2022,  https://doi.org/10.1016/j.amjmed.2022.11.002

 

 

15 personnes aiment ça.
sylvie35
Merci Temps06. Bien vu 1f602.png1f602.png1f602.png Ce n'était pas calculé 1f600.png
J'aime 18/12/22
Suivre le "consensus" scientifique jusqu'aux profondeurs de l'absurde... Je n'aurais jamais cru que cette étude existait réellement et avait été publiée dans une revue sérieuse si tu n'avais pas mis la référence. J'aime beaucoup ce que tu écris, Sylvie, c'est puissant, excitant, très psychologique et profond par sa trame philosophique. Cela fait réfléchir, si on veut s'en donner la peine. Félicitations! Je crains que l'avenir de la pauvre Ysideulte soit assez sombre, malheureusement, mais j'attends la suite avec impatience.
J'aime 19/12/22
sylvie35
Merci beaucoup Jakez. Ce sont les commentaires et les "like" qui me donnent envie d'écrire, sinon j'avoue que j'aurais la flemme... Tout ne sera peut être pas si sombre 1f600.png Des rires et des larmes... Mais finalement, pour une soumise, les larmes sont agréables quand elles donnent du plaisir au Maître. C'est ainsi que je le ressens. J'aimerais bien introduire quelques passages assez hards, mais je ne sais pas trop jusqu'où j'ai le droit d'aller dans un texte public. Pour l'instant je me suis auto-censurée. Ah, la science, ... Ce sont souvent ceux qui s'en revendiquent le plus qui comprennent le moins son essence: le doute, la prudence, le débat contradictoire, et non le dogmatisme. Cela m'amuse, même si les conséquences sont catastrophiques. J'aime bien broder autour de ce genre de discours absurde, que l'on entend partout. Les antiscience ne sont pas forcément ceux que l'on croit...
J'aime 19/12/22
Temps06
Vas y hard... Essaye ... On verra... Mais c'est un site réservé... Non ?
J'aime 19/12/22 Edité
sylvie35
@Temps06: Merci pour votre commentaire. Par défaut les articles sont visibles de tout le monde sans connexion. On peut paramétrer pour limiter l'accès aux membres. Mais mon inquiétude était d'avantage le risque de heurter des membres du site. Beaucoup de gens sont formatés par une idéologie et peuvent sur-réagir face à tout ce qui sort des clous de leur point de vue, faire des signalements, appeler à la censure, ne pas savoir faire la différence entre une fiction et la réalité, donc je fais attention. Par exemple, même la gifle n'est pas tolérée de tout le monde parce que certains font des amalgames abusifs (femmes battues) qu'ils ne devraient pas faire. Mon Maître me gifle fréquemment et pourtant je peux garantir que ma condition est à mille lieues de celle d'une femme battue et que je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie. Mais tout le monde n'est pas apte à comprendre cela. Ceci étant, si je continue à écrire, sans doute que je m'auto-censurerai un peu moins, tout en restant prudente 1f600.png
J'aime 20/12/22
j'adore!! g lu tous t articles et c effrayant le monde que tu a imaginer et c peut etre notre future ! mais ceux qui n'ont ps lu t autres articles avant vont peut etre ps tout comprendre.
J'aime 20/12/22
sylvie35
Merci maitredursevere. Oui j'en suis consciente, c'est pour cela que j'ai mis des références, mais c'est certainement mieux de lire dans l'ordre.
J'aime 20/12/22
maitreLouis
Ahah, tu continue à faire évoluer l'univers que tu as crée. C'est sympathique. Et cette fin... j'ai l'impression de connaître la suite. Curieux en attente de sa parution. Sinon, sur la forme, tu as un peu beaucoup d'adverbes, mais ce n'est rien de grave. 1f609.png
J'aime 23/12/22 Edité
sylvie35
Merci Maître Louis. Je connais la destination, mais pas encore le chemin 1f600.png Et puis, la destination est-elle vraiment une destination ou une étape? On verra...
J'aime 23/12/22
Les adverbes, je n'avais pas remarqué. Vous avez sans doute raison Maitre Louis mais cela ne m'a pas frappé à la lecture. J'aime bien le style de Sylvie, c'est direct, c'est la narratrice qui parle, dans son langage de tous les jours et on a l'impression d'être dans sa tête et de vivre les évènements avec elle. Quand le style est trop littéraire cela me gonfle et je décroche très vite. C'est difficile de plaire à tout le monde, mais fais comme tu le sens, Sylvie. Le principal est que tu y prennes du plaisir.
J'aime 23/12/22
sylvie35
Merci Jakez, pas d'inquiétude, je sais que je n'aurai pas le prix Renaudot 1f602.png mais bon si je peux m'améliorer ponctuellement tout en restant moi-même je suis toujours partante. Cela semble plaire à quelques lecteurs, j'en suis touchée, et comme je peux écrire ce qui me plaît, sans contrainte autre que de ne pas faire trop hard, c'est sympa comme expérience.
J'aime 23/12/22
Munartis
@Jakez et , en effet cet article sur le risque accru d'être impliqué-e dans un accident de la route en fonction du statut vaccinal Covid est assez hallucinant, merci Sylvie de l'avoir déniché ! En même temps, les auteurs se contentent d'établir une corrélation, le problème est dans l'utilisation politique qui peut être faite de ce type de résultats, déformés et remaniés (d'ailleurs, le texte de Sylvie parle de 72% d'augmentation, alors qu'une fois corrigé par différents facteurs l'article indique qu'on serait plutôt à 48%! 1f609.png). Bon, j'avoue, on peut se poser la question de pourquoi ils ont estimé qu'il était intéressant de conduire une telle étude... Peut-être que la fin de l'abstract donne un début de réponse? "An awareness of these risks might help to encourage more COVID vaccination". Le politiquement correct et le dogmatisme ont encore de beaux jours devant eux, c'est certain...
J'aime 14/01/23
sylvie35
Merci Munartis pour votre commentaire. Je trouve cet article très intéressant, car il révèle beaucoup de choses. D'un point de vue scientifique, il constitue une belle illustration du paradoxe de Simpson, plus précisément ici l'absence de prise en compte de facteurs de confusion. Je n'ai pas spécialement creusé, mais il me semble qu'en Ontario les non-vaccinés devaient prendre leurs véhicules personnels plus souvent que les autres à cause du fait que l'accès aux transports en commun leur était interdit ou limité (à vérifier), et donc étaient plus à risque d'être impliqués dans un accident. Ce qui est intéressant à constater, c'est que les auteurs ne recherchent pas ces facteurs de confusion (c'est pourtant la base quand on fait des statistiques), mais à la place élaborent des explications assez douteuses à la corrélation qu'ils constatent (dans le corps de l'article) pour en faire une causalité. Ce qui est sans doute encore plus intéressant, c'est que de l'argent public ait été mis sur cette étude, que des scientifiques reconnus aient mené l'étude, et qu'elle ait été publiée dans une revue sérieuse. On peut imaginer qu'une telle étude, éventuellement renforcée par d'autres du même genre, accompagnée d'une bonne campagne d'opinion, pourrait appuyer une action politique. Après tout, le succès de certains slogans assénés durant la pandémie nous a montré que beaucoup de personnes sont prêtes à gober à peu près n'importe quoi, même si ça défie la logique la plus élémentaire...
J'aime 14/01/23
Temps06
J'adore... J'ai un peu, pas bien suivi, au moment des policiers... Mais la fin est superbe... Je vais immédiatement, lire la suite.
J'aime 25/01/23
sylvie35
Merci Temps06 ! Concernant l'instauration du "fucking pass" et son contrôle par la police, peut-être que le contexte donné dans la référence [1] aide à comprendre. Ceci étant, souvent la réalité dépasse la fiction. Je ne fais qu'extrapoler certaines tendances, mais bien malin qui serait capable de prévoir ce qui va nous tomber dessus à l'avenir.
J'aime 25/01/23
thomasreplay
Est-ce un univers qui prohibe les côtes de boeuf au barbecue ?
J'aime 09/02/23
sylvie35
Côtes de bœuf ? Quelle horreur ! Ca c'était avant l'avènement de la véritable civilisation. Cette société démocratique est particulièrement raffinée: le hachis parmentier de criquets avec son coulis d'asticots y rencontre un franc succès 1f602.png
J'aime 09/02/23 Edité
thomasreplay
N'est-ce pas un peu trop protéinique et donc générateur d'un plaisir coupable ?
J'aime 09/02/23
sylvie35
Bonjour thomasreplay. Bonne remarque, je n'avais pas pensé à cela 1f642.png. Ceci dit, le plaisir est un bon moyen pour contrôler les masses. "Panem et circenses". Du pain et des jeux, et le peuple sera content.
J'aime 11/02/23
thomasreplay
Voyons, nous ne sommes pas que chair !
J'aime 11/02/23