Paris - Eros Café : "Le CONSENTEMENT - Où en est-on en 2024 ? C'est mieux, non ? " - Munch Débat

🩷 Tout d’abord, quelques extraits de conversations entendues en 2024, et dont certains détails secondaires ont été changés afin d’anonymiser ces témoignages.

Témoignage n°1 : « Au départ, je suis allée chez lui pour faire du shibari. Je le connaissais vaguement car nous fréquentions tous les deux la Place des Cordes à l’époque. Mais pendant que nous prenions le thé avant la séance, il m’a proposé de faire l’amour d’abord car d’après lui, je ressentirai mieux les cordes ensuite. Estomaquée, j’ai refusée gentiment, mais j’ai vécu ensuite la pire séance de shibari de ma vie. »

Témoignage n°2 : « C’était lors d’un weekend SexPo dans une maison à la campagne. Nous étions une vingtaine de participant·e·s. Lors du cercle d’ouverture, une femme, toute jeune, indique qu’elle est en découverte, qu’elle n’est pas sûre d’avoir envie d’interagir dès ce premier weekend SexPo pour elle, mais elle remercie avec gratitude les orgas de l’avoir invitée. Lors de la première soirée, elle reste à l’écart dans un coin et observe, pas loin de là où je proposais des massages. Tout le monde ou presque était sous substance. Une des orgas s’approche d’elle, et devient rapidement très câline. Elle refuse, l’orga s’en va, déçue (?). Le lendemain midi, au cercle d’ouverture de la journée, la jeune femme se dit confuse, presque demande pardon en regardant l’organisatrice qui s’était approchée d’elle la veille au soir. Tout le monde lui dit, organisatrice entreprenante en tête, que « Aucun soucis. Bravo, tu as réussi à dire non et nous t’en remercions pour cela. »

Le soir, deuxième Orgie SexPositive. La jeune femme, toujours observatrice, semble plutôt mal à l’aise cette fois. L’organisatrice de la veille s’approche, parle un peu avec elle, lui propose et un câlin, et de la drogue « qui l’aidera à se détendre ». La jeune femme ne dit rien, elle m’a dit plus tard qu’elle était tétanisée de peur. L’orga insiste. Le câlin, au départ juste amical voit les mains de l’organisatrice s’aventurer sur le corps de la jeune femme qui semble alors consentante. L’orga se lève pour aller chercher des champis, ce que j’apprendrai par la suite. A tout hasard, j’interviens et propose à la jeune femme de lui faire un massage habillé. Celle-ci saute sur l’occasion, et lorsque l’organisatrice revient, elle fait demi-tour aussi sec en me jetant des regards furieux. La jeune femme est partie le lendemain matin à l’aube, avant le cercle d’ouverture de la journée. »

Témoignage n°3 : « On avait tellement bu la veille au soir qu’on n’a rien pu faire en rentrant chez moi. Le matin, je dormais encore à moitié, sur le coté, et je l’ai senti derrière moi : il essayait de me prendre, mais sans capote. Je ne le connaissais pas, je lui ai dit « pas sans capote ». Il s’est levé, va en chercher une, puis revient, mais il n’y arrive pas, il ne bandait pas assez. On se rendort. Une heure plus tard, même chose, il ré-essaye, mais sans capote. Je lui dis « non », il se lève, va en cherche une autre, revient derrière moi, mais n’y arrive toujours pas. On se rendort. Une autre heure passe. Même sketch : d’abord sans capote, puis il se lève, troisième capote, troisième essai, etc … »

Témoignage n°4 : « C’était une soirée libertine privée. Nous avions été invitée par un couple que l’on croisait souvent en soirée. Mais dès que nous sommes arrivé·e·s, malaise. Aucun des couples présents, une dizaine, ne nous plaisaient, ni de près, ni de loin. On se regarde avec ma compagne et on se dit, on boit un verre, on discute et on part dès qu’on peut. Mais nous étions les derniers arrivés, « Les petits jeux d’ouverture allaient pouvoir commencer, pour faire connaissance » dixit la maîtresse de maison. Il y avait un tirage au sort, et de personnes et de petits jeux. Le premier « petit jeu » consistait pour le couple qui avait été tiré au hasard de s’asseoir sur le canapé côte à côte, l’homme au milieu, la femme à droite. Il devait doigter sa femme devant tout le monde ainsi qu’une autre femme à choisir dans l’assemblée, et qui serait assise aussi sur le canapé, mais à sa gauche. Malaise chez ma compagne, mais ouf, une autre femme est choisie. Et tout le monde de rire en regardant l’homme doigter deux femmes jambes écartées et qui visiblement appréciaient.

Deuxième petit jeu, toujours autant sexuellement impliquant, avec d’autres personnes. Nous avions qu’une seule envie, nous barrer au plus vite, mais comment faire, cela faisait à peine une demi-heure que nous étions là. Bref, un vrai traquenard que cette soirée, deux heures d’angoisse en souriant comme si tout cela était tout à fait normal. Mais nous avons eu de la chance de tomber sur des petits jeux plutôt soft. Nous nous y sommes prêtés, avons bu encore un verre, et sommes reparti·e·s au plus vite. »

Témoignage n°5 : « Le premier soir, tout s’est bien passé. Nous avons fait de l’impact, puis l’amour, et avons passé la nuit ensemble. Le deuxième soir, même programme, du BDSM mélangé au sexe, mais à un moment elle me dit « stop ». Aussitôt j’arrête, aucun soucis, un non est un non, et nous passons la nuit ensemble. Notre histoire a duré 4 mois et on se voyait souvent, mais à la fin, j’ai voulu arrêter. Lorsque je lui ai dit, elle m’a agoni d’injures. Ce fut une rupture verbalement violente pour tous les deux. Une mois plus tard, elle m’écrit pour me dire qu’elle m’a balancé sur les réseaux sociaux, et me joint le lien du call-out. C’était un call-out où elle racontait trois histoires récentes pour elle, avec trois hommes, et en quoi nous étions des salauds. Moi, j’étais relativement épargné. Elle me reconnaissant prévenant et gentil, mais m’accusait tout de même de viol, en référence à cette deuxième soirée entre nous. Heureusement pour moi (et pour elle car j’aurais porté plainte), elle ne citait pas mon nom. »

🩷 On continue dans les témoignages ?

Non, ce n’est pas la peine. Vous avez compris, le consentement et le meilleur des mondes dans notre sexualité, ce n’est pas encore tout à fait cela en 2024.

Cependant, d’indéniables progrès ont été fait depuis une dizaine d’années, des outils et des habitudes ont été mis en place pour se prévenir, individuellement (lorsque nous sommes deux) et collectivement (en soirée) de ces déviances. Et c’est de ces outils dont nous parlerons lors du prochain Eros Café.

🩷 Donc, du coup :

• Le consentement éclairé et enthousiaste, c’est bien « Si c’est pas OUI, c’est NON » ? Nous sommes bien d’accord ?

• Les biais de pouvoir, c’est quoi ? Et comment fait-on avec ? … en France, mais aussi sous d’autres cieux, dans d’autres pays. Et nous verrons que selon les cultures, le consentement n’est pas posé/géré de la même manière, en particulier en soirée.

• Il paraîtrait que le harcèlement sexuel, ça peut aller jusqu’à 2 ans de prison et 45 000 euros d’amende, et que l’orga du témoignage n°2, elle, si ses agissements étaient qualifiées par la justice de tentative de viol, elle risquerait jusqu’à 7 ans de prison (ou 20 ans, à voir selon la qualification et les circonstances). Ah bon ? Jusque-là ?

• L’éducation des personnes au consentement, aux biais de pouvoir, c’est chacun se débrouille ou existe-t-il des structures, stages, etc … qui pourraient aider ?

• Le call-out (témoignage sur les réseaux sociaux) on fait comment pour que cela ne tourne pas au pugilat et que se soit, in fine, constructif ?

• Le droit au pardon, à la réintégration dans la communauté un jour mais sous conditions, vous êtes pour ? contre ?

• Et les angels, facilitateurs/trices, bénévoles en cellule « écoute-et-soutien » de tel ou tel soirée / festival, comment fait-on pour s’assurer de leurs degrés de compétence lorsqu’on est orga ou participant·e, de leur capacité d’écoute et de neutralité dans la gestion des problèmes ?

   

Voilà, programme chargé mais passionnant pour le prochain Eros Café, car la sexualité, c’est quand même super chouette lorsqu’on vit cela en toute confiance, à deux ou en groupe.

En tous cas, nous à l’Eros Café, on vous aime toutes et tous, et on vous le prouve quand vous voulez ... avec nos consentements réciproques, il va de soit. 💋💋💋💋

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🩷 Déroulement :

• à partir de 19h : on boit un coup, on commande à manger pour ceux et celles qui le souhaitent, et des petits jeux Ice Breaker sont proposés à chaque table.

• à 20h : la discussion est lancée sur le thème du jour (voir ci-dessus).

• à 21h-21h30 : le débat s'arrête et la soirée continue pendant 2 heures en mode « apérencontre ».

• à 23h-23h30' : fermeture des portes.

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🩷 Présentations des animateurs/trices :

• Eska a été libertine avant de connaître le BDSM, elle a étudié en histoire des femmes et du genre, avec une spécialité sur l’histoire de la sexualité, avant de devenir psychologue clinicienne. De multiples facettes qui font d’elle une interlocutrice et une professionnelle ouverte aux différentes sexualités et modes de relations.

• Ange_Shibari / D’Ange Heureux Poète est aujourd’hui rédacteur en chef et chroniqueur de « Pulsions ! », l’émission des sexualités créatives, décalées et non conventionnelles, pour laquelle il y a écrit plus d’une centaine de rubriques en 4 ans sur les sexualités de toutes sortes. Il est par ailleurs auteur et professeur de shibari.

Par le passé, si vous avez vécu EroSphère (le festival des créativités érotiques), les dîners-débats de PariS-M (association BDSM), les cours de French Bonds (association de shibari) ou Les Ecrits Polissons (ateliers d’écriture érotique), vous l’avez certainement croisé, il faisait partie des orgas.

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🩷 Informations pratiques :

• L’Eros Café se déroulera au 1er étage du Falstaff (salle Roméo), 10/12 Place de la Bastille 75011 Paris.

• L’entrée est gratuite pour toute personne majeure, mais les organisateurs/trices se réservent le droit de refuser l’entrée ou de demander de sortir à toute personne de leur choix, en particulier pour comportement inapproprié, propos jugeants et/ou non bienveillants. (Par respect pour le lieu qui nous accueille et qui a du personnel à payer - de nettoyage entre autre après notre passage - il vous sera demandé de prendre une consommation)

• Pas de dress-code, pas d’étiquette, venez comme vous êtes.

• Pas de photos, pas de vidéos. Ce qui se passe à l’Eros Café reste dans l’Eros Café. 😎