Je vais parler de lèvres. Pas celles qui murmurent ou qui embrassent. Celles du bas. Celles qu’on écarte, qu’on expose, qu’on claque, qu’on adule. Celles qu’on oublie dans les récits classiques du sexe, mais qui, dans le BDSM, deviennent parfois le cœur battant d’une scène entière. Les lèvres vulvaires ( grandes, petites, asymétriques, fripées, gonflées, percées parfois ...) sont trop souvent invisibilisées dans l’imaginaire érotique dominant. Mais dès qu’on entre dans des jeux de pouvoir, leur présence devient centrale. Crue. Chargée. Politique. Et intensément sensuelle. La vulve comme scène : exposition, contrôle et mise en spectacleIl y a dans la dynamique BDSM un goût assumé pour la théâtralisation du corps. Et la vulve, avec ses lèvres qui s’ouvrent et se ferment, devient un véritable rideau. Elle dévoile. Elle invite. Ou on la force à s’ouvrir. Les positions d’exposition ( kneel and spread, on display, inspection position) sont explicites. Les lèvres sont tirées, écartées, parfois même maintenues ouvertes par des dispositifs (je pense à certains clamps, à des spéculums, voire à des accessoires médicaux détournés avec goût et précaution). Et alors ? Ce qui était intime devient public. La vulve, souvent cachée, se montre. Vulnérable. Présente. Parfois offerte, parfois humiliée. L’humiliation, justement, est une facette centrale dans certains jeux : être « étalée », « ouverte », « observée sans filtre »... C’est une perte de contrôle consentie. Mais c’est aussi un abandon érotique, d’une puissance sidérante. Lèvres sensibles, lèvres malmenées : quand le BDSM s’adresse au tissu vivantJe vais être claire : les lèvres vulvaires, ce n’est pas juste un décor. C’est du nerf, du sang, de la peau qui réagit, qui chauffe, qui gonfle. Et ça, le BDSM le prend en compt ... et le détourne. Il y a des pratiques spécifiques autour des lèvres : les pussy slaps, ces gifles appliquées directement sur la vulve. Ça peut sembler brutal... et ça l’est, parfois ... mais c’est aussi un jeu de contrastes. La chaleur après le choc. Le rouge qui monte. La tension qui se loge dans le bas-ventre. Il y a aussi le clover clamp sur les lèvres, le bondage de vulve (si, si : ficeler les lèvres, les tendre avec des cordes ou des élastiques), ou encore le vulva punching pour les adeptes de sensations fortes. C’est tout un terrain de jeu pour les kinksters les plus curieux, et souvent négligé dans les représentations. Et puis, il y a les caresses. Les massages. Les stimulations lentes ou insistantes. Les lèvres peuvent être mordillées, aspirées, adorées. Le pussy worship est un rituel qui remet la vulve au centre : on la vénère, on s’y perd. On l’élève au rang d’objet sacré. Entre pouvoir et dépossession : ce que révèle la vulveDans certaines dynamiques D/s (dominant·e / soumis·e), la vulve devient un territoire revendiqué. On y inscrit sa marque, littéralement ou symboliquement. Un collier peut dire « tu m’appartiens ». Mais un ordre comme « ouvre les jambes, montre-moi tes lèvres » est parfois encore plus intime. Car il touche au centre. À ce lieu de plaisir, de honte, de puissance, de tabou, tout à la fois. On y retrouve aussi cette tension constante entre dépossession et souveraineté. Il y a une forme d’empowerment à être regardée (pas selon les codes patriarcaux, mais dans une dynamique choisie, ritualisée, sexuelle). Et parfois, ce sont les lèvres elles-mêmes qui dictent le rythme. Qui se gonflent de désir. Qui refusent de rester fermées. Qui s’ouvrent, s’ouvrent encore, comme une offrande... ou une provocation. Repenser la vulve dans le BDSM : sensuelle, symbolique, subversiveJe crois qu’on a trop longtemps sous-estimé le rôle des lèvres vulvaires dans la cartographie BDSM. À mes yeux, elles condensent une grande partie de ce qui fait la beauté et la complexité de ces pratiques : la chair exposée, le jeu de regard, le trouble du consentement mis en scène, la violence contenue ou assumée, et surtout... l’excitation viscérale. Les lèvres sont un seuil. Elles marquent une limite ... entre dehors et dedans, entre visible et secret. Et dans le BDSM, franchir ce seuil, c’est souvent un rituel. Un passage. Une prise de pouvoir ou un abandon. Pour aller plus loin...Tu pratiques le BDSM et tu veux explorer ce territoire ?
Et surtout : redonne aux lèvres vulvaires la place qu’elles méritent. Pas seulement comme un passage vers le vagin. Mais comme un monde en soi. La vulve est un poème. Parfois brutal, souvent sensuel, toujours vivant. Et dans le BDSM, elle peut devenir l’un des plus beaux terrains d’expression du désir. |
Pour les amoureux de belles levres de femelle