À la patience des orpailleurs (et des lecteurs). - «Venez, on s’barre de là B. »Elle me fait rire la pute, à me chuchoter qu’elle en a plein le cul d’avoir enfilé ses talons 11cm pour voir un spectacle si Misérable. - « Patience... T’en as plein le cul parce que je t’ai fourré un énorme plug avant de sortir. Et t’as des échasses pour t’élever mon Ange, pour prendre de la hauteur et rendre ta chute à venir vertigineuse. Patience... »Le spectacle est merdique, elle a raison. Mais où va le monde si elle court à sa perte, en talons qui plus est, sans rien concevoir ni de la peine, ni de l’échafaud, ni de la renaissance à suivre. Ce soir, je la veux en charlotte Corday fière de dire à son bourreau Sanson le temps venu « Laissez-moi voir, je n’en ai jamais vu ; j’ai bien le droit d’être curieuse! ». Elle la mirera belle sa guillotine avant que le couperet tombe. Elle la perdra, sa tête, mais qu’elle la remplisse d’abord. Patience…- « Retire ton bouchon salope et dans le plus parfait silence, sent mon talon et demi prendre sa place Danton cul, ça t’occupera. »Vénus de pierre, je remonte sa robe et la baise sans témoin. La terreur attendra. Le spectacle en face est affligeant mais elle tient bon la barre la matelote. Vissée haut, moi dans son dos, les orateurs défilent. On exhibe du pas beau, on dégueule du pas bon, on déclame des phrases absconses, on s’enorgueillit même de faire du fusain avec le charbon froid du barbeuc. Pourvu que la plèbe applaudisse, pourvu que l’odeur de déo fasse oublier celle de la merguez.Au pire on montre un bout de cul ramassé sur le net, un seins qui pointe, ça devrait plaire. Et la plèbe applaudit des claps qui puent la solitude, le besoin de reconnaissance et le strassé en plastoc qui joue les oligarques diamantés.Elle, elle prend son mâle en patience. Dix artristes passés déjà pour dix coups de reins délicats et la voilà toute ouïe prête à se faire baiser l’oreille:- « Tout commence avec une sensation. Tu plantes tes mains dans le bac à sable et tu regardes les milliers de grains s’échapper entre tes doigts. T’en gardes rien que l’envie d’y revenir comme on lutte pour retenir le temps qui file, et un gommage de peau gratis. Puis viennent les grands projets, ceux qui te laissent imaginer qu’avec une pioche, une pelle et un seau, tu pourrais te le faire ton voyage au centre de la Terre en solo. Bien sûr, t’as cru tomber sur de la pierre précieuse avant de comprendre en te coupant que c’était les fragments d’une bouteille de bière. D’ailleurs maintenant que t’y penses, c’est vrai qu’il sentait l’ammoniaque ce bac à sable. D’ailleurs, maintenant que t’y repenses, c’est vrai que c’était probablement de la volaille, ce jour où t’es tombé sur un os, vestige incontestable du jurassique. Tout se poursuit avec une intention. La terre a remplacé le sable et la peau s’est épaissie. T’as compris que faire des trous c’est bien et que les remplir ensuite c’est mieux.Qu’est-ce que j’en ai rempli des trous tu sais. J’ai semé, récolté, bouffé cru, cuit puis mijoté. Et en creusant encore, je suis tombé sur ma première pépite. En fouillant patiemment, parti les doigts dans la merde, j’ai trouvé du divin mon Ange.Patience. Parce qu’il en faut du temps et des choix pour trier le bon grain de l’ivraie. Patience. Parce qu’il en faut du chiant qui se boit pour former un palais aux bons vins et à l’ivresse.Tiens, regarde… »Une femme s’avance, et…Silence. B. #Photoperso#Texteperso
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SweetJulie
J'ai bien aimé votre texte qui est diffèrent et intéressant. Et j'aime aussi la photo. Merci pour le partage.
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2
Il y a 16 heure(s)

AppelezmoiB
Merci Julie ! Différent c’est vrai. J’expérimente…
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1
Il y a 11 heure(s)

Onemoon
C’est joliment cru
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1
Il y a 7 heure(s)