Deuxième Veillée — La Reconstruction de Précieuse11
Les jours qui suivirent ne furent pas faits de grandes scènes ni de proclamations.
Ils ne portaient ni éclat ni fracas.
Ils furent faits de présence.
D’une présence continue, posée, presque silencieuse, mais impossible à ignorer.
Le Prince aux Mille Horizons n’imposa jamais sa main.
Il la posa.
Avec une lenteur qui forçait le corps à rester.
Avec une certitude qui ne laissait aucune place au doute.
Parfois sur l’épaule, juste assez longtemps pour que la tension descende.
Parfois sur la nuque, là où les pensées se rompent avant le souffle.
Parfois dans l’espace même, sans contact, mais si proche que la peau en frémissait.
Toujours au moment juste.
Précieuse11 réapprit à respirer sous son regard.
Un regard qui ne jaugeait pas.
Qui ne comparait pas.
Qui ne mesurait ni l’intensité de son abandon ni la valeur de ce qu’elle offrait.
Un regard qui ne prenait rien,
mais qui tenait tout.
Ce regard disait simplement : je te vois.
Entièrement.
Dans ce que tu montres comme dans ce que tu retiens encore.
Et sous ce regard, son corps changea.
Ses épaules cessèrent de se tendre avant même qu’un geste n’arrive.
Son ventre apprit à se relâcher sans crainte.
Son souffle descendit plus bas, trouvant une profondeur qu’elle avait oubliée.
Il lui rendit ce que l’autre lui avait volé sans bruit, sans cris, sans marques visibles :
le droit de dire non sans être punie,
le droit de dire oui sans être avalée,
le droit d’exister entière dans l’obéissance choisie.
Une obéissance qui ne demandait plus de s’effacer,
mais d’être là.
Présente.
Consciente.
Chaque soir, dans le Royaume de l’Entre-Deux, ils s’asseyaient face à face.
Parfois proches.
Parfois séparés par quelques pas lourds de tension.
Parfois elle au sol, non par ordre, mais parce que son corps reconnaissait l’endroit juste.
Elle parlait quand elle le pouvait.
Les mots sortaient lentement, parfois maladroits, parfois tremblants.
Elle se taisait quand ils refusaient de venir.
Quand la gorge se serrait.
Quand la mémoire pesait trop lourd.
Et jamais le Prince ne combla ce silence à sa place.
Il ne sauvait pas.
Il ne corrigeait pas.
Il restait.
Cette retenue était une autorité.
Une domination sans prise.
Une force qui n’écrasait rien mais empêchait toute fuite.
Un soir, alors que le silence s’était étiré plus longtemps que les autres, il parla.
— Tu n’as rien à réparer pour moi.
Sa voix était calme, basse, ancrée.
Elle ne cherchait pas à convaincre.
— Seulement à te souvenir de qui tu es.
Ces mots ne frappèrent pas.
Ils descendirent.
Lentement.
Comme une main intérieure qui redresse sans forcer.
Alors, quelque chose se redressa en Précieuse11.
Pas son corps d’abord.
Son centre.
Son dos retrouva sa courbe fière, celle qui ne se cambre ni par défi ni par soumission apprise.
Ses yeux cessèrent de demander pardon avant même de regarder.
Ses mains cessèrent de se crisper dans l’attente d’une sanction.
Son abandon reprit sa vraie nature.
Non plus une fuite hors d’elle-même,
non plus une disparition,
mais une offrande consciente, choisie, déposée lentement.
Le Prince posa un genou à terre à son tour.
Geste rare.
Geste souverain.
Non pas pour s’abaisser,
mais pour reconnaître.
Car seuls les vrais Maîtres savent s’incliner devant la force qu’ils protègent.
Seuls ceux qui n’ont rien à prouver savent honorer ce qui s’offre sans se briser.
— Tu n’es pas fragile, Précieuse11.
Sa voix ne trembla pas.
— Tu es précieuse parce que tu choisis.
À cet instant, quelque chose se scella.
Non pas une chaîne.
Non pas une promesse criée.
Mais une alliance.
Une tension invisible, vivante, qui reliait autorité et abandon,
pouvoir et consentement,
présence et désir contenu.
Et dans les Royaumes de l’Obéissance et du Pouvoir,
les anciens murmurèrent déjà :
Quand une soumise se reconstruit sous un tel regard,
elle ne redevient jamais celle qu’elle était.
Elle devient plus dense.
Plus incarnée.
Plus consciente de ce qu’elle offre.
Elle devient davantage.
#texteperso
#photoperso
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Doux-Domi
Hmmm quelle jolie visage et qu'elle jolie plume pour un conte tout aussi beau longue vie à vous
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Il y a 7 heure(s)

Mtr
Ces magnifiques
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Il y a 7 heure(s)
SpiderbichouSp
Spiderbichou
Superbement écrit et super femme de la photo ! Le seul pb est le risque d'abimer le rouge à lèvres 
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Il y a 5 heure(s)
tarnecta
tarnec
ce texte est très beau, immensément riche de mots , de réflexions, d’attitudes, de pensées
avec la mis en avant d’un immense respect, d’une égalité, d’une sensibilité rare
d’un bdsm comme je l’aime
votre beauté est accompagnée de’ votre grande intelligence
c’est si beau
je voulais vous le dire
tous vos passages sur le site exprimaient ce que vous êtes
ce ne sont plus des impressions mais une réalité
un grand merci
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Il y a 5 heure(s)

Précieuse11
@Siderbichou merci pour tout ….
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Il y a 5 heure(s)

Précieuse11
@tarnec Merci infiniment pour ce message. Vos mots me touchent profondément et résonnent avec tout ce que je souhaite partager et vivre dans le BDSM : respect, sensibilité et authenticité. C’est un réel plaisir de constater que ce que j’exprime est perçu et apprécié de cette manière. Votre retour me va droit au cœur, et je vous en suis sincèrement reconnaissante Monsieur
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Il y a 5 heure(s)

NOvice31
Merci Précieuse11. Votre texte m'impressionne par tout ce que Vous exprimez avec sensibilité et justesse. Vous balisez le long chemin que j'ai à parcourir pour Vous arriver à la cheville !
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Il y a 5 heure(s)

NOvice31
Votre regard franc et direct m'encourage. Merci Précieuse11.
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Il y a 5 heure(s)

Précieuse11
@NOvice31 Merci infiniment pour ce regard si généreux. Le chemin n’est ni une course ni une comparaison il se trace pas à pas, et parfois nos pas se reconnaissent. Ravie que mes mots aient croisé les vôtres….
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Il y a 4 heure(s)

Monsieur-Mushu
très jolie texte et minoie bonne nuit chère precieuse!
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Il y a 3 heure(s)

soumyvbi
Encore une fois merci ,Précieuse (et gourmande) pour vos mots qui croisent les maux , et me bouleversent à chaqun de vos passages et partages 
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Il y a 5 minutes
