Le féminin sacréSous un ciel cramoisi, la succube s’étendait sur un drap noir comme la tombe, le verre rouge sang tremblant entre ses doigts. Sa peau luisait, nue, provocante, comme une offrande à la faim du démon qui lui faisait face. Ses yeux noirs brûlaient d’un feu vénéneux, et ses lèvres dessinaient une promesse, un piège — la sensualité armée d’un sourire.Le démon se tenait là, massif, le torse hérissé de veines, un bras marqué de tatouages rituels, ses griffes crispées par la soif de chair. Un rictus tordu barrait sa gueule bestiale. Ses crocs luisaient sous un filet de bave, et ses naseaux palpitaient d’un désir brut, sauvage, intransigeant.Elle écarta les cuisses dans un frisson de soie et de sang. Son regard, cependant, n’était qu’un appel voilé, un appât pour exciter la bête. Son souffle se fit plus profond, sa poitrine se souleva, comme si chaque battement de cœur était une offrande sacrificielle.- Viens, murmura-t-elle. Prends-moi si tu l’oses.Le démon grogna, ses yeux injectés de rage. Il n’attendait plus. Sa main puissante saisit sa cheville et l’attira violemment contre lui, déchirant le tissu et l’éparpillant au sol comme des lambeaux de vertu. Son corps massif se plaqua contre le sien, la submergeant sous sa force brute. Il ne lui laissa aucun répit. Ses griffes labourèrent sa peau, laissant de profondes traces, des sillons de feu et de sang.Elle voulut parler, mais il lui écrasa la bouche d’un baiser qui n’était qu'une morsure bestiale, un pacte de violence. Elle gémit, offerte à la rage qui la secouait. Ses mains agrippèrent ses épaules, non pour le retenir, mais pour s’y accrocher et ne pas sombrer dans l’oubli.Le démon, lui, jouissait de cette lutte. Chaque sursaut de la succube le rendait plus furieux. Son corps était une arme, ses reins, un bélier. Il martelait son corps, la chair contre la chair, jusqu’à ce que ses râles se mêlent aux siens dans un crescendo de souffles roques et de pleurs.Elle essayait de le guider, de dompter sa sauvagerie, mais il la brisa d’un seul mouvement, d’un seul coup, la réduisant à l’état de proie. Elle avait rêvé de le conquérir par la ruse ; il la posséda par la force. La succube n’était plus qu’un pantin de chair, une ombre d’elle-même. Ses cris se muèrent en sanglots.Enfin, dans une ultime convulsion, le démon rugit sa victoire. Il avait tout pris — le corps, l’âme, la ruse — et il laissa derrière lui un champ de ruines. La succube, vidée, les jambes brisées par la violence, s’effondra à genoux, le regard vide.Elle comprit trop tard qu’elle avait perdu. Son piège était devenu son tombeau. Il avait mené la danse, écrasant ses illusions sous le poids de son désir. Son verre de vin gisait renversé à terre, inutile trophée d’une conquête dépassée.Le démon, encore ivre de fureur, la regarda de haut. Dans ses yeux brûlait un éclat sombre, une lueur de triomphe froid. Le sang battait encore à ses tempes, le souffle encore lourd de rage. Il la contempla un instant, satisfait, puis tourna les talons, abandonnant sa proie dans l’ombre. Le feu avait tout consumé ; il ne restait plus qu’un goût âcre de cendre et de sang.Et là, dans la nuit sans fin, le démon sourit à Morphée. La victoire avait un prix, mais c’était le prix qu’il avait choisi. La succube, à genoux, sut alors que tout avait été écrit d’avance. Elle avait convoqué la bête ; elle avait semé la rage. Elle récoltait la ruine.Dans ce crépuscule éternel, seule la bestialité régnait.
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