Anteros

Une préparation méticuleuse. Sur quel parking de la région vais-je attirer ma proie ? Dans quel sens garer la voiture ? Comment je fais pour l'emmener derrière ? Comment je la force à entrer dans ce coffre ? Et puis, le tour est joué, la voilà prisonnière, ma prisonnière. Nous parcourons quelques kilomètres, auxquels je ne m'étais pas vraiment préparé. J'ai juste trouvé une musique de circonstance, Te quiero Puta ! Rammstein. Je suis seul au volant, mais je ne suis pas seul. Mon esprit divague. Je pourrais l'emmener au bout du monde, on pourrait juste fuir ensemble. J'aime la savoir là dans mes filets. Mais je me dis aussi que ce temps passé enfermée dans le noir doit être interminable pour elle. Je m'étonne de ne pas avoir préparé mon état d'esprit de "après". Et puis arrive la libération, je jouis de la vision de ce corps prisonnier... La suite est une autre histoire... *** Menottes serrées aux poignets et bonnet sur la tête et les yeux. Est-ce un bonnet, ou un sac ? Petit cri et rire en même temps. « Tais-toi et monte dans le coffre. Et dépêche-toi. » Démarrage, et réalité qui collisionne l’incrédulité. Et... Fiesta mexicaine ?! Exigu, mais confortable, il y a comme un coussin sous ma tête. Te quiero puta ! Personne ne sait que je suis dans le coffre de cette voiture Noir, nuit, pas de lumière, juste une petite lueur verte. Pas de communication avec l’arrière. Est-ce que je peux me retourner ? Pas sûre. Je ne vais pas essayer. Une vibration de cavale joyeuse, de folie. C’est tellement lui. Peu de place, très peu de place... De l’air ? Est-ce qu’il y a de l’air pour longtemps dans cette boîte hermétique ? Road trip, je crie à chaque accélération. Qui me colle vers l’avant. Ballotée. Je ne me sais pas claustrophobe. Mais. Je ne me sens pas à l’aise dans ce petit espace. Où personne ne sait ma présence. À l’aide. Lui conduit. Lui me mène où il le veut. Comme il le veut. Des virages, des lignes droites, vitesse, freinage, cahots, stop. Et une immense bouffée d’odeur de terre, de végétation, d’humidité quand le coffre s’ouvre...