Lorsqu'elle s'éveilla, le soleil déjà haut dans le ciel, s'était engouffré dans la chambre et la
transformait peu à peu en étuve. Juliette rejeta les draps humides entortillés autour d'elle.
Le radioréveil lui indiqua qu'il était plus de onze heures. Tout le monde avait dû partir au
travail maintenant. Une journée comme les autres commençait dehors. Elle avait mal dormi.
Elle se mit à trembler de façon nerveuse, elle savait qu'elle jouait gros maintenant, il lui aurait
été facile de couper court à cette relation de soumission et de poursuivre sa vie de femme
d'affaires à laquelle rien ne résistait, mais son estomac se serra, la chaleur du désir l'envahissait,
l'irrésistible envie de découvrir un univers totalement inconnu pour elle, celui de l'abnégation.
En s'habillant, toutes les bonnes résolutions de la nuit s'étaient envolées. Elle rendit les armes.
Lorsqu'elle arriva à son bureau, Juliette portait un de ses tailleurs classiques qu'elle affectionnait
particulièrement avant que Chloé ne lui impose des tenues provocantes; celui-ci, gris anthracite
était composé d'une jupe droite lui arrivant juste au dessus des genoux et d'une veste croisée
sur un chemisier blanc au col entrouvert, mettant en valeur un collier de perles fines; sous ce
chemisier, un soutien-gorge balconnet transparent aux baleines rigides, rehaussant ses seins
aux larges aréoles brunes; comme l'avait exigé sa nouvelle maîtresse, sous sa jupe, rien qu'une
paire de bas fins noirs, un porte-jarretelle de la même couleur, et un plug anal destiné à l'élargir.
Elle sentait l’étau se resserrer sur elle, et pourtant cet étau, c'est elle qui l'avait mis en place, elle une femme de
pouvoir, fière et crainte de tous, une femme de décisions, froide en affaires, distante avec ses subordonnés.
Laurence avait exigé d'elle qu'elle séduise Chloé, la jeune stagiaire que Juliette venait d'embaucher. Elle y
parvint facilement car cette jeune fille, sous ses apparences innocentes, était en fait une jeune femme très
libérée qui avait compris tout l'intérêt qu'elle pourrait tirer de la situation. Bien que n'étant pas lesbienne, elle
accepta cette relation inédite, mais elle se rendit vite compte que Juliette, sous ses attitudes hautaines avait
des comportements qui laissaient deviner qu'elle était d'une nature soumise, alors elle décida de la tester.
Juliette se sentant prise à son propre piège, se retrouvait maintenant à quarante-deux ans à la merci de ces deux
gamines de vingt-trois et dix-neuf ans, mais paradoxalement de ce piège démoniaque elle jouissait, son esprit rejetait
cette situation mais son corps la demandait. C'était une femme qui avait beaucoup de classe, se tenant très droite,
toujours habillée avec élégance, ses cheveux châtains souvent coiffés en chignon; sportive elle avait gardé un corps
ferme et bien proportionné avec une poitrine superbe. Arrivant au bureau son sang se glaça quand elle vit Laurence
souriante dans le hall qui discutait avec Chloé, un café à la main.
- On va aller à ton bureau on a des choses à te dire.
Tremblante elle les précéda, les deux jeunes femmes s'assirent, Juliette allait s'asseoir quand Laurence la stoppa.
- Reste debout.
- Ecoutez, j'en ai assez de tout ça, on est allé trop loin, je ne vous en veux pas mais restons en là, je vous prie, je
reconnais que c'est un jeu excitant mais je ne veux pas que ça interfère dans ma vie professionnelle.
- C'est justement de ça que nous discutions avec Laurence, ne t'inquiète pas, nous n'en voulons pas à ton argent,
tout ce qui se passe et qui se passera entre nous est strictement privé, on veut juste te faire comprendre qu'une femme
comme toi n'est qu'une femme ordinaire, tu te crois supérieure ? Alors on va te faire comprendre la vie, tu m'as souvent
humiliée, traitée comme une moins que rien mais en vérité, tu es juste une salope.
- Je t'avais prévenue, je t'ai demandé si tu savais à quoi tu t'engageais en acceptant de m'appartenir, tu as dis oui il me
semble... Alors, tu es à moi, point final.
- Tu es une salope, dis-le.
- Je... Je suis une salope.
- Voilà au moins c'est clair, alors écoute bien ce que je vais te dire. J'en ai mare de toi, j'ai plus envie de te voir, maintenant
tu es devenue une vraie gouine et j'aime pas les gouines, je préfère les bites bien dures, alors je te donne à Laurence, c'est
une brave fille mais elle a envie de s'amuser un peu avec toi, donc tu l'écouteras comme si c'était moi. Ok ?
- À toi de jouer, Chloé.
Le lendemain matin lorsqu'elle arriva à ses bureaux, Chloé étant à l'accueil, lui fit un clin d'oeil, Juliette détourna le regard
faisant mine de n'avoir rien remarqué. Cinq minutes plus tard, on frappait à la porte de son bureau.
- Oui entrez.
Chloé entra et referma la porte.
- Tu m'ignores ?
- Non Chloé, mais nous sommes au bureau ici, c'est différent.
- Différent de quoi ? Tu me prends pour une imbécile ? Tu veux que j'appelle Laurence ?
- Non ne fais pas ça, je ne veux pas me facher avec elle et puis tu es une amie maintenant, je te prie de m'excuser,
je ne voulais pas te vexer.
- Ton amie ? Je vais te montrer si on est juste amies.
Chloé s'approcha d'un pas vif et l'embrassa à pleine bouche fourrant sa langue au plus profond de sa gorge, puis lui
mordit les lèvres. Juliette, les mains posées sur son bureau, crispa les papiers qu'elle avait sous les mains. Chloé lui
lui saisit la main droite et la lui fourra entre ses cuisses.
- Vas-y branle moi.
Juliette était morte de peur et résista.
- Tu veux que je te le dises plus fort ? Ça ferait mauvais effet non ?
Juliette céda, Laurence jouissait de la situation, elle sentait que sa patronne cédait à ses caprices.
- Plus vite, mieux que ça.
Chloé, pendant ce temps malaxait la poitrine de Juliette, par dessus son chemisier puis elle lui saisit sa main et la
fourra sous son string.
- Tu sais très bien où il faut caresser, je n'ai plus envie de te le demander, je veux un orgasme.
Elle s'appliqua sur son clitoris, puis au bout d'un moment, Chloé lui prit la main fermement et l'amena sur le canapé en
cuir du bureau, elle la positionna la tête sur un accoudoir, puis elle écarta les cuisses et se positionna à cheval au dessus
de sa tête.
- Vas-y suce moi, et fais le bien.
Juliette lui suça le clitoris, Chloé s'accroupit un peu plus de façon, à ce que sa patronne ait la bouche et le nez fourrés
dans sa vulve, puis la jeune fille se retourna, se baissa et lui mit ses fesses au niveau de sa bouche puis elle écarta ses
cuisses avec ses deux mains, sa position était inconfortable, mais ça valait le coup.
- Suce moi le cul, Laurence m'a dit que tu le faisais bien.
Pendant ce temps, Chloé se caressait le clitoris et Juliette, elle aussi se caressait le sien. Rapidement elles jouirent toutes
les deux puis Chloé se releva et se retourna vers elle.
- Laurence avait raison, tu es une vraie salope, mais avec moi tu vas l'être encore plus, d'abord quand on aura des
relations, je ne veux plus que tu te caresses, tu te caresseras quand j'aurais fini et je te surveillerai. Ton but ce sera de me
faire jouir, moi je m'en fous de toi, tu auras le droit de te caresser, après toute seule. C'est ok ?
- Maintenant, enlève tout ce qui te reste. Mets-toi toute nue, couche-toi à plat ventre, croise les chevilles et mets les mains
dans le dos. Allez. Exécution.
Tandis que, s'étant agenouillée, Juliette obéissait en silence, elle entendit Chloé sortir de son sac un objet qui tintait de
façon métallique.
- J'ai acheté quelque chose pour toi. Un beau jouet. Tu vas adorer, j'en suis sûre. Donne-moi tes bras.
Deux claquements secs et les poignets de Juliette furent pris dans les collets d'une paire de menottes. Chloé la poussa
à plat ventre, lui plia les jambes à l'équerre et emprisonna ses chevilles de la même manière.
- Ce ne sont pas des menottes ordinaires, espèce de chienne. Tu vois, il y a quatres bracelets accrochés au même
anneau. Voilà ce qui s'appelle être pieds et poings liés. Cela te plait ? Si je voulais, je pourrais être vraiment cruelle
avec toi, Juliette. Contrainte ainsi, je saurais bien te faire hurler en te fouettant jusqu'au sang. Mais tu aimerais trop.
Dans le fond, ça t'excite beaucoup d'être soumise ainsi. C'est parfait, tu vas voir, on va bien s'amuser ensemble.
Puis Chloé se dirigea vers la porte et avant de sortir se retourna pour contempler Juliette.
Le lendemain matin, lorsque elle arriva au bureau, elle était vétue de son tailleur gris anthracite, classique, jupe très au
dessus des genoux, chemisier blanc, chaussures à talons hauts. Chloé, quand elle la vit arriver lui fit un clin d'oeil, elle lui
répondit par un petit sourire géné. Cinq minutes plus tard, on frappait à sa porte, sans attendre de réponse, Chloé entra et
referma la porte puis vint s'asseoir sur une chaise en face de Juliette.
- Bon, je suis contente de toi, je vois que tu commences à t'y faire, on va passer à l'étape suivante, tu vas aller chercher
des cigarettes mais ensuite tu t’assiéras à une table et tu commanderas un café, je ne serais pas loin de toi mais on fera
comme si on ne se connaissait pas, je vais t'appeler, tu mettras un écouteur à l'oreille, on sera en ligne et je te donnerai
des instructions. Rassure-toi, on est dans ton quartier et je ne te demanderai pas des choses extravagantes.
Juliette fit un geste de la tête pour montrer qu'elle avait compris. Elle arriva donc dans le bar-tabac et acheta les cigarettes
puis elle alla s'asseoir au fond de la salle et commanda un café. Ce jour-là elle avait opté pour une jupe classique noire au
dessus des genoux et une veste cintrée grise. Sous cette veste, elle portait un chemisier blanc en satin. Tenue tout à fait
classique sauf que Chloé lui avait interdit de porter un soutien-gorge, la poitrine de Juliette était ferme de sorte qu'on
devinait bien les pointes à travers le chemisier, vu la taille généreuse de cette poitrine, lorsqu'elle marchait, elle ne pouvait
empêcher un balancement de ses seins.
Cela ne dura pas longtemps, une habituée de la brasserie qui l'avait observée depuis le début se dirigea vers elle pour lui
demander l'heure, puis lui demanda si elle pouvait s'asseoir à sa table. Accepte, entendit-elle dans l'écouteur. La femme
qui devait avoir une trentaine d'années portait un jean et un tee-shirt, elle était séduisante, avec des cheveux coupés courts;
elle commanda un café, puis souriante, commença à lui parler de tout et de rien, observant d'une manière très peu discrète
sa poitrine entre sa veste entrouverte. Juliette rougit de cette situation, elle n'avait pas l'habitude de parler à une inconnue.
Enlève ta veste, entendit-elle dans son écouteur. Hésitant un moment elle finit par obtempérer. Bientôt, l'inconnue sortit un
mouchoir et s'essuya les lèvres, la poitrine de Juliette à travers ce léger chemisier satin était plus que devinable. Alors
prenant cela pour une invitation, elle s'approcha d'elle et lui glissa à l'oreille:
- J'habite à côté, tu viens ?
Elle entendit dans son écouteur:
- Accepte et surtout, céde à toutes ses exigences. Retire discrètement ton plug anal et donne le moi.
Je crois deviner ses fantasmes. Tu vas passer un bon moment avec elle. Elle aime l'anal et l'urolagnie.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Elle avait vingt-huit ans, elle connaissait une foule de gens, toujours élégante, physiquement attrayante,
intellectuellement stimulante. Elle avait fait une thèse sur Camus, avant de s'occuper de collections d'art
contemporain dans toute une série de fondations. Visiblement, Sarah savait ce qu'elle voulait. Elle était
tout le contraire de Patricia. C'est d'ailleurs elle qui l'a voulu, qui lui a laissé son adresse et son numéro
de portable à la fin de la soirée, en lui recommandant de ne pas hésiter à l'appeler, et Sarah qui s'est fait
désirer une bonne quinzaine de jours, avant de composer son numéro. Pourquoi l'a-t-elle revue ? Sans
doute parce qu'elle voulait la revoir. C'était moins de l'amour ou du désir, en tout cas, qu'un sentiment
étrange de vertige et de domination. Ce qui est sûr, c'est que passé la surprise de découverte chez cette
jeune femme cérébrale, assez guindée sur les bords, un tempérament sensuel qu'elle ne lui imaginait pas,
tout est allé très vite, probablement trop vite. Patricia s'est soumise, non sans restriction mentale de sa part.
Elles sont aussitôt parties vivre une année à Naples où Sarah faisait des expertises, tandis que Patricia
enseignait dans un collège français. Et il leur est arrivé là-bas ce qui arrive à tous les amants pressés qui
s'engouffrent dans le premier hôtel venu coincés dans l'ascenseur, ils sont toujours bloqués et ont épuisé
tous les sujets de conversation. Pourtant, les longs tête-à-tête, les nuits que l'on passe ensemble, les
promenades à deux pendant les premiers mois permettent normalement de pressentir la part de bonheur
ou de malheur que l'autre lui apportera. Et Patricia n'avait pas mis longtemps à deviner que la part de
légèreté dans l'abandon serait la plus lourde des deux. Mais elle a fait comme si. Par manque d'assurance,
par immaturité. Ce que la plupart des femmes recherchent dans toute leur vie, l'intelligence, la tendresse,
Sarah lui apportait sur un plateau, et on aurait dit qu'elle ne savait pas quoi en faire. Sarah la hissait en
révélant les abysses de son âme, en les magnifiant, la sublimant en tant qu'esclave en donnant vie à ses
fantasmes. Elle est aussi juvénile et éclatante, elle a les mêmes cheveux clairs encadrant ses oreilles, les
mêmes taches de rousseur, la même élégance, avec son T-shirt blanc sous une veste de soie noire.
Elles s'étaient déshabillées dans la salle de bain, avec la prémonition que quelque chose de terriblement fort,
de terriblement impudique allait se produire et que rien ne serait plus comme avant. Elles ne le savaient pas
encore. Sarah était totalement nue, avec ses fesses musclées hautes, ses seins aux larges aréoles brunes,
alors que Patricia avait conservé un tanga en soie rouge mettant en valeur son bronzage italien. Elle était
grande et possédait de longues jambes galbées. Elles étaient paisibles, enveloppées par l'atmosphère fraîche
de la pièce, et comme le plaisir les avait moulues, elles flânèrent encore un peu dans les draps, tandis que le
rythme emballé de leur cœur se ralentissait peu à peu. Mais beaucoup plus tard, à force d'insistance, Patricia
s'allongea docilement sur le dos, les bras le long du corps, accueillant le désir de Sarah mais sans le réclamer.
Et d'un seul coup le silence se fit. Sarah soulevée sur les coudes, Patricia la bouche appliquée sur sa peau,
descendant le long de son corps avec la lenteur d'un ballet aquatique. Le temps parut suspendu, la culmination
toujours retenue. Elles retrouvèrent spontanément les mêmes mots, les mêmes gestes, les mêmes procédures
intimes, sans doute car le sexe est toujours la réminiscence du sexe, avant de desserrer soudain leur étreinte et
de rouler chacune de leur coté, le corps épuisé. La nuit tomba, un courant d'air fit battre le ventail de la fenêtre.
Lorsque Sarah eut fini de se doucher, elle enfila un peignoir, les cheveux attachés au-dessus de la tête à l'aide
d'une pince, Patricia préféra la régaler d'un copieux petit-déjeuner sur leur balcon. Elles s'installèrent toutes les
deux, accoudées à la balustrade comme pour porter un toast au soleil levant et restèrent ainsi, à bavarder, à voix
basse, la peau hâlée et les sens à vif. Au sortir du lit, il leur arrivait parfois de se promener dans le vieux Naples.
La mer qui bougeait à peine, les pins immobiles sous le haut soleil, tout paraissait minéral et hors du temps. De
grands murs à droite et à gauche protégeaient des voisins; l'aile des domestiques donnait dans la cours d'entrée,
sur l'autre façade, et la façade sur le jardin, où leur chambre ouvrait de plain-pied sur une terrasse, au premier
étage, était exposée à l'est. La cime des grands lauriers noirs affleurait les tuiles creuses achevalées servant de
parapet à la terrasse. Un lattis de roseau la protégeait du soleil de midi, le carrelage rouge qui en couvrait le sol
était le même que celui de la chambre. Quand Sarah prenait son bain de soleil totalement nue sur la terrasse,
Patricia venait la rejoindre et s'étendre auprès d'elle. Il faisait moins chaud que de coutume. Sarah, qui avait nagé
une partie de la matinée, dormait dans la chambre. Patricia, piquée de voir qu'elle préférait dormir, avait rejoint la
plus jeune domestique. Ses cheveux noirs étaient coupés droit au-dessus des sourcils, en frange épaisse et droite
au-dessus de la nuque. Elle avait des seins menus mais fermes, des hanches juvéniles à peine formées. Elle
avait vu Sarah par surprise, en pénétrant un matin sur la terrasse. Sa nudité l'avait bouleversée. Mais maintenant,
elle attendait Patricia dans son alcôve. Elle eut soin à plusieurs reprises de lui renverser les jambes en les lui
maintenant ouvertes en pleine lumière. Les persiennes étaient tirées, la chambre presque obscure, malgré des
rais de clarté à travers les bois mal jointés. La jeune fille gémit plus d'une demi-heure sous les caresses de Patricia.
Et enfin, les seins dressés, les bras rejetés en arrière, serrant à pleine main les barreaux de bois qui formaient la
tête de son lit à l'italienne, elle commença à crier, lorsque Patricia se mit à mordre lentement la crête de chair où se
rejoignaient, entre les cuisses, les fines et souples petites lèvres. Patricia la sentait brûlante, raidie sous la langue,
et la fit crier sans relâche, jusqu'à ce qu'elle se détendit d'un seul coup moite de plaisir, mais encore demandeuse.
Patricia enfonça alors son pouce dans l’anus bien lubrifié, elle le sentait à la fois récalcitrant et souple et elle savait
que la jeune fille n’était pas encore bien détendue et luttait inconsciemment contre cette intrusion exquise. Elle avait
la respiration saccadée et rauque, la bouche sèche; elle était dans cet état second où l'appréhension des gestes de
Patricia conjuguée au désir de l’interdit la laissaient totalement passive mais nullement insensible. Bientôt, l'autre
main alla s’aventurer dans l'autre voie déjà abandonnant, les lèvres acceptèrent la double caresse forçant avec
délicatesse le périnée, les doigts s'attardant sur le clitoris impatient. Elle était prête a subir l'insurmontable.
Elle se laissa aller à ces doubles caresses en retenant son désir de jouissance, en s'interdisant des mouvements
du bassin qui l'auraient trop rapidement extasiée. Patricia le devina et s'arrêta, puis s'éloigna. Alors elle s'accouda
et la chercha du regard. Elle était dos à elle, face au canapé. Lorsqu'elle se retourna, elle lui sourit et dans ses yeux,
la jeune fille avoua qu'elle était prête à rendre les armes en acceptant de se livrer totalement. C'était la première fois
mais de toutes ses forces, son corps et ses reins l'imploraient. Elle fit courir une main sur ses fesses et lui caressa
les épaules. La jeune soumise avait posé les bras le long de son corps et avait l’impression d’entendre tous les bruits
amplifiés de la pièce, jusqu’au moindre petit froissement de tissu. Lorsque trois doigts forcèrent son anus, elle serra
les dents avec un faible gémissement de douleur. Elle n'avait jamais accepté de pénétration dans sa partie secrète,
jusqu’à ce jour. Bientôt, ce furent quatre doigts délicats qui pénétrèrent son anus; la chair autour des phalanges
s’épousait parfaitement, l'anneau accepta l'intrusion. La jeune fille se caressait parfois la nuit par cette voie étroite.
Patricia admirait la jeune fille qui acceptait langoureusement en se détendant. Elle se saisit d'une paire de gants et en
passa un à sa main droite, puis elle retira ses doigts pour les remplacer par un large olisbos en verre transparent avec
une nervure qui s’enroulait autour, telle une liane sur un arbre. Elle enfonça alors l’olisbos puis arrêta la progression
et tira dans l’autre sens pour pousser une autre fois. Elle se laissait sodomiser en douceur et sentait toujours cette
vibration tapie au plus profond d’elle-même, grandissant inéluctablement. Elle pouvait maintenant retirer entièrement
le sextoy pour mieux le réintroduire encore un peu plus loin à chaque fois. La jeune fille avait l'anus bien dilaté et
Patricia écartait ses fesses pour mieux évaluer l’élargissement, son rectum avait toujours la forme d’un large cercle.
Le godemichet était intégralement entré ne laissant que le rebord évasé pour qu'on fût certain, que même au fond de
ses entrailles, il ne remonterait pas à l'intérieur de son corps. Il reflétait la lumière du plafonnier dévoilant leur nudité.
Le jeune corps soumis réclamait toujours davantage; le devinant, Patricia ôta lentement l'olisbos de son fourreau charnel,
pour bientôt le remplacer délicatement par ses doigts gantés; deux, trois, quatre et enfin cinq, les sphincters anaux étaient
étirés et le pertuis lubrifié s'élargit, acceptant l'introduction conique lente jusqu'au fin poignet de l'inconnue. Alors bientôt,
elle se laissa aller à des va-et-vient lascifs de son bassin en se cambrant; la décharge fut intense et l'orgasme violent.
Son âme n'était plus qu'un organe, une machine qui répondait à des mécanismes vitaux. Patricia sentit la jouissance
l'envahir par saccades, les contactions la lancèrent en la fluidifiant jusqu'aux premières dorsales. Elle l'empala de
son poignet encore plus profondément. Le cri résonna en écho. Les chairs résistèrent, s'insurgèrent puis craquèrent et
se fendirent en obéissant. Elle desserra les dents de son index meurtri, bleui par la morsure. Elle hurla encore une fois.
Sa jouissance fut si forte que son cœur battit à se rompre. Alors Patricia retira très lentement son poignet. Elle était
suppliciée, extasiée, anéantie mais heureuse, détendue. Elle avait lâché prise sans aucune pudeur jusqu'aux limites de
l'imaginable mais à aucun moment, elle s'était sentie menacée ni jugée. Au pays d'Éros, elle serait libre dorénavant.
Elle écoutait, toujours renversée, brûlante et immobile, et il lui semblait que Sarah, par une étrange substitution, parlait
à sa place. Comme si elle était, elle, dans son propre corps, et qu'elle eût éprouvé le désir, la honte, mais aussi le secret
orgueil et le plaisir déchirant qu'elle éprouva à soumettre ce jeune corps. Même évanoui et nu, son secret ne tiendrait
pas à son seul silence et ne dépendait pas d'elle. Patricia ne pouvait, en aurait-elle eu envie, se permettre le moindre
caprice, et c'était bien le sens de sa relation avec Sarah, sans s'avouer elle-même aussitôt, elle ne pouvait se permettre
les actes les plus anodins, nager ou faire l'amour. Il lui était doux que ce lui fût interdit de s'appartenir ou de s'échapper.
Elles décidèrent de retourner à Rome, pour oublier ce mensonge pour rien. Il lui sembla voir les choses reprendre enfin
leur place. Elles avaient devant elle, deux semaines de soleil, de bonheur et de Rome. Elles entrèrent dans un jardin
public. En un éclair, le monde se réorganisa alors et beaucoup d'omissions, longtemps obscures, devinrent explicables.
Durant dix ou quinze jours, au lieu de disparaître dans l'oubli, l'éclipse prit fin et elles ressuscitèrent cet amour sans fin.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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On ne peut pas mesurer nos vies à nos dernières années. De cela, j'en étais certaine. J'aurais dû deviner ce
qui m'attendait. Avec le recul, il me semble que c'était évident, mais les premiers temps, je trouvais que ces
incohérences étaient compréhensibles et n'avaient rien d'unique. Elle oubliait où elle posait ses clés, mais à
qui n'est-ce jamais arrivé ? Elle ne se rappelait pas non plus le nom d'un voisin, mais pas quand il s'agissait
de quelqu'un que nous connaissions bien. Elle réprima un certain sentiment de tristesse, espèrant un jour,
qu'il changerait. Il l'avait souvent promis et y parvenait en général quelques semaines avant de retomber dans
la même routine. Elle n'aimait pas en discuter avec lui, essentiellement parce qu'elle savait qu'elle lui disait la
vérité. Son travail était très prenant, aussi bien avant son agrégation de lettres. Elle longea une galerie d'art
sans presque la remarquer tant elle était préoccupée, puis elle tourna les talons et revint sur ses pas. Elle
s'arrêta une seconde devant la porte, étonnée en constatant qu'elle n'avait jamais mis les pieds dans une galerie
d'art depuis une éternité. Au moins trois ans, peut-être plus. Pourquoi les avait-elle évitées ? Elle pénétra dans
la boutique et déambula parmi les tableaux. Nombre des artistes étaient du pays, et on retrouvait la force présence
de la mer dans leurs toiles. Des marines, des plages de sable, des pélicans, des vieux voiliers, des remorqueurs,
des jetées et des mouettes. Et surtout des vagues. De toutes les formes, de toutes les tailles, de toutes les couleurs
inimaginables. Au bout d'un moment, elle avait le sentiment qu'elles se ressemblaient toutes. Les artistes devaient
manquer d'inspiration ou être paresseux. Sur un mur étaient accrochées quelques toiles qui lui plaisaient davantage.
Elles étaient l'œuvre d'un artiste dont elle n'avait jamais entendu parler. La plupart semblait avoir été inspirées par
l'architecture des îles grecques. Dans le tableau qu'elle préférait, l'artiste avait délibérément exagéré la scène avec
des personnages à une petite échelle, de larges traits et de grands coups de pinceaux, comme si sa vision était un
peu floue. Les couleurs étaient vives et fortes. Plus elle y pensait, plus elle l'aimait. Elle songeait à l'acheter quand
elle se rendit compte que la toile lui plaisait parce qu'elle lui rappelait ses propres œuvres. Nous nous étions connus
en khâgne au lycée Louis-le-Grand puis rencontrés par hasard sur la plage de Donant à Belle île en Mer un soir d'été.
Il n'a pas dû beaucoup changer: il avait à présent vingt-trois ans, il venait de réussir comme elle l'agrégation de lettres
classiques. Comme lui, j'avais conservé un air très juvénile, perpétuant mon adolescence; les visages en disent autant
que les masques. Les yeux noisette, des cheveux noirs, coupés très courts, presque à ras, et la peau hâlée au soleil,
épanouie, à moins de détecter quelques signes d'angoisse dans ce léger gonflement de veines sur les tempes, mais
pourrait être aussi bien un signe de fatigue. Je l'ai appelé, le soir. Nous avions convenu d'un rendez-vous chez lui.
Il m'a ouvert. "Tu es en retard" a-t-il dit. J'ai rougi, je m'en rappelle d'autant mieux que je n'en fais pas une habitude.
Je ne comprenais pas pourquoi ses moindres propos me gênaient ainsi. Il m'a aidée à ôter mon imperméable; il pleuvait
pour changer, mes cheveux étaient mouillés; il les a ébourriffés comme pour les sécher, et il les a pris à pleine main, il
m'a attirée à lui, je me suis sentie soumise, sans volonté. Il ne m'a pas embrassée, d'ailleurs, il ne m'a jamais embrassée,
depuis quatre ans. Ce serait hors propos. Il me tenait par les cheveux, il m'a fait agenouiller. Puis, il a retiré mon pull,
mon chemisier et mon soutien gorge. J'étais à genoux, en jean, torse nu, j'avais froid; quand je pense à nos rapports,
depuis, il y a toujours cette sensation de froid, il a le chic pour m'amener dans des endroits humides, peu chauffés. Il m'a
ordonné de ne pas le regarder, de garder le visage baissé. D'ouvrir mon jean, de ne pas le descendre. Il est revenu vers
moi. Il a défait sa ceinture, il m'a caressé la joue avec le cuir. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que j'étais littéralement
trempée. Je dégoulinais, j'avais le ventre en fusion et j'étais terrorisée. Il a fini de défaire son pantalon, et il m'a giflé,
plusieurs fois, avec sa queue, avant de me l'enfoncer dans sa bouche. Il était si loin, du premier coup, que j'en ai eu une
nausée. Il avait un sexe robuste, rectiligne, large à la base, plus grosse que mon poignet. J'ai commencé à aller et venir
de mon mieux. Je me suis dit que j'avais bien mérité de sucer ce membre épais. C'était comme un viol désiré. J'étouffais
un peu. C'était la première fois. Pour tout d'ailleurs, c'était la première fois. Quand il est passé derrière moi et qu'il m'a
descendu le jean à mi-cuisse. Qu'il m'a ordonné de me pencher, la tête dans les mains, les fesses offertes. Quand il m'a
pénétrée du bout des doigts, essayant la solidité de mon hymen, avant d'enfoncer ses doigts dans mon anus, trois doigts,
d'un coup, c'était juste avant qu'il me sodomise; pas un instant, à ce moment-là, je n'ai pensé qu'il pourrait me prendre
autrement. Il est revenu dans ma bouche, sa verge avait un goût acre que j'ai appris à aimer, mais là encore, il n'a pas joui.
Il le faisait exprès, bien sûr. Il a achevé de me déshabiller, il m'a fait marcher à quatre pattes, de long en large. Nous
sommes allés dans la cave, où il m'a fait allonger sur une table en bois, très froide; il y avait une seule lampe au plafond et
il m'a ordonné de me caresser, devant lui, en écartant bien les cuisses. La seule idée qu'il regardait mes doigts m'a fait jouir
presque tout de suite. Il me l'a reproché bien sur, c'était le but du jeu. J'étais pantelante, j'avais joui si fort que j'en avais les
cuisses innondées, bientôt, il s'est inséré entre mes jambes, les a soulevées pour poser mes talons sur ses épaules, j'ai
voulu le regarder mais j'ai refermé les yeux, à cause de la lumière qui m'aveuglait, et il m'a dépucelée. J'ai eu très mal, très
brièvement, j'ai senti le sang couler, du moins j'ai cru que c'était du sang, il a pincé la pointe de mes seins, durement, et
j'ai rejoui aussitôt. Quand il est ressorti de moi, il n'avait toujours pas éjaculé, il m'a dit que j'étais une incapable, une bonne
à rien. Il a dégagé sa ceinture de son pantalon, et il m'a frappée, plusieurs fois, sur le ventre et sur les seins. J'ai glissé à
genoux, et je l'ai repris dans ma bouche, il n'a pas arrêté de me frapper, le dos, les fesses, de plus en plus fort, et j'ai arrêté
de le sucer parce que j'ai joui à nouveau. C'était un affront pour lui. Il a saisi une tondeuse à cheveux et il m'a rasé la tête.
Sanglottante, il m'a dit de me rhabiller, tout de suite, sans me laver, le jean taché du sang qui coulait encore, le slip souillé
par son sperme. Je lui ai demandé où étaient les toilettes. Il m'y a amenée, il a laissé la porte ouverte, me regardant avec
intérêt, sans trop le monter, ravi de ma confusion quand le jet de pisse frappa la cuvette comme une fontaine drue. Il m'a
donné en détail, le protocole de nos rencontres. Les heures exactes, mes positions de soumission, le collier et la lingerie
que je devrais porter et ne pas porter. Il m'a ordonné d'aller tout de suite chez un sellier acheter une cravache de dressage
en précisant que le manche devait être métallique.
- Qu'est-ce que tu es ? M'a-t-il demandé ?
- Je ne suis rien.
- Non, a-t-il précisé, tu es moins que rien, tu es mon esclave.
- Je suis ton esclave, oui.
Cinq jours plus tard, nouveau rendez-vous, juste après les cours. J'ai apporté la cravache. La porte était entrouverte,
je suis entrée et je l'ai cherchée des yeux. Il ne paraissait pas être là. Je me suis déshabillée, et je me suis agenouillée,
au milieu du salon, les mains à plat sur les genoux en cambrant les reins, devant un lourd guéridon bas où j'avais posé
la cravache. Il m'a fait attendre un temps infini. Il était là, bien sûr, à scruter mon obéissance. Ce jour-là, il s'est contenté
de me frapper sur les reins, les fesses et les cuisses, en stries parallèles bien nettes en m'ordonnant de compter un à un
les coups. Ce fut tout ce qu'il dit.
À dix, j'ai pensé que ça devait s'arrêter, qu'il faisait cela juste pour dessiner des lignes, et que je n'allais plus pouvoir me
retenir longtemps de hurler. À trente, je me suis dit qu'il allait se lasser, que les lignes devaient se chevaucher, constituer
un maillage, et que ça ne présentait plus d'intérêt, sur le plan esthétique. J'ai failli essayer de me relever mais il m'avait
couchée sur le bois, et m'avait ligoté les poignets et les chevilles aux pieds de la table. Il s'est arrêté à soixante, et je n'étais
plus que douleur, j'avais dépassé la douleur. J'avais crié bien sûr, supplié, pleuré et toujours le cuir s'abattait. Je ne sais pas
à quel moment j'ai pensé, très fort, que je méritais ce qui m'arrivait.
Il s'est arrêté, il m'a caressée avec le pommeau métallique de la cravache, qu'il a insinué en moi, par une voie puis l'autre.
J'ai compris qu'il voulait entendre les mots, et je l'ai supplié de me sodomiser au plus profond, de me déchirer. Mais il est
d'abord venu dans ma bouche. J'avais les yeux brouillés de larmes, et je m'étouffais à moitié en le suçant. Me libérant la
la bouche, il s'est décidé à m'enculer, sans préparation, pour me faire mal. Il se retira pour me frapper encore cinq ou six
fois sur les seins en me meutrissant les pointes. Je me mordais les lèvres au sang pour ne pas hurler. Il m'a donné un
coup juste à la pliure des genoux, et je me suis affalée sur le sol glacé. Il m'a traînée dans un coin, et il m'a attachée avec
des menottes à une conduite d'eau qui suintait. En urinant sur ma tête rasé, il me promit de me marquer au fer lors de la
prochaine séance. J'avais de longues traînées d'urines sur le visage et sur les seins.
Au fond, c'était un pâle voyou qui avait fait des études supérieures. Et qui m'avait devinée dès le début. Il avait su lire en
moi ce qu'aucun autre n'avait lu. J'ai fréquenté, un temps, certains cercles spécialisés, ou qui se prétendent tels. Des
Maîtres, jouisseurs, toujours si affolés à l'idée que l'on puisse aimer la souffrance et les humiliations, capables d'élaborer
un scénario d'obéissance, où toutes les infractions sont codifiées et punies mais sans s'interroger jamais sur la raison ou
la déraison qui me pousse à accepter ces jeux. Car c'est alors que mon corps peut s'épanouir, se donnant à part entière.
C'est l'extase, la jouissance exacerbée par des rites souvent inattendus, l'abnégation de soi.
Il est peu probable que si j'avais su qu'un jour je devrais figurer nue dans un roman, j'aurais refusé de me déshabiller.
J'aurais tout fait pour qu'on mentionne plutôt mon goût pour le théâtre de Tchekhov ou pour la peinture de Bonnard. Mais
je ne le savais pas. J'allais absolument nue, avec mes fesses hautes, mes seins menus, mon sexe épilé, mes pieds
un peu grands comme si je n'avais pas terminé ma croissance et une jeune femme qui s'était entiché de mes jambes. À
cet instant, elle a les doigts serrés autour de ma nuque et la bouche collée sur mes lèvres. Comme si après une longue
absence, je retrouvais enfin le fil de mon désir. De crainte que je le perde à nouveau. Nous restâmes toutes les deux aux
aguets, tendues, haletantes, tandis que l'obscurité se répandait jusqu'au fond de la chambre. Elle voulut me dire autre
chose à propos de la chasteté, mais ce ne fut pas le moment alors elle me prit la main et nous demeurèrent silencieuses.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Tout à coup, je la regardais avec une sorte d'épouvante: ce qui s'était accompli dans cet être dont j'avais
tant envie m'apparaissait effroyable. Ce corps fragile, ses craintes, ses imaginations, c'était tout le bonheur
du monde à notre usage personnel. Son passé et le mien me faisaient peur. Mais ce qu'il y a de plus cruel
dans les sentiments violents, c'est qu'on y aime ce qu'on aime pas. On y adore jusqu'aux défauts, jusqu'aux
abominations, on s'y attache à ce qui fait de plus mal. Tout ce que je détestais en elle était sans prix pour moi.
Et mon seul bonheur, c'était le plaisir même; le mien, le sien, tous ces plaisirs du monde, camouflés la plupart
du temps sous de fugaces désirs, des amours passagères, des illusions d'un moment. Nous avions du mal à
parler. Il y avait un silence entre nous, fait de nos fautes et de nos remords. L'éclatement et l'évidence des
amours partagées, la simplicité qui jette les corps l'un vers les autres. Ce monde ambigu où les choses
s'interprètent et où nous leur prêtons un sens qui est rarement le sens, c'était l'insoutenable légèreté du
bonheur où le temps et l'espace n'étaient plus neutres dans l'amour et la soumission. Ils se chargeaient de nos
espoirs et de nos attentes, et le monde entier se couvrait ainsi d'un réseau de signes qui lui donnait un sens
parfois absurde. Si tout était là, la vérité serait à la portée de tous, à la merci d'un miracle, mais on ne peut
n'allumer que la moitié d'un soleil quand le feu est aux poudres. Qui n'a vu le monde changer, noircir ou fleurir
parce qu'une main ne touche plus la vôtre ou que des lèvres vous caressent ? Mais on est où nous le sommes,
on le fait de bonne foi. C'est tellement peu de choses que ce n'est rien. Mais on n'avoue jamais ces choses-là.
Juliette passa ses bras autour du cou de Charlotte. Elle l'enlaça à contrecœur tandis qu'elle posait la tête contre
sa poitrine. Elle l'embrassa dans le cou et se serra contre elle. Glissant la main dans ses cheveux, elle posa ses
lèvres timidement sur sa joue puis sur sa bouche, l'effleurant délicatement avant de l'embrasser de plus en plus
passionnément. Involontairement, elle répondit à ses avances. Elle descendit lentement ses mains dans son dos,
et la plaqua contre elle. Debout sur la terrasse, assourdies par le bruit des vagues, elles se laissèrent gagner par
un désir grandissant. Charlotte s'écarta de Juliette, la prenant par la main, l'entraîna vers la chambre. Ensuite, elle
s'écarta d'elle. La lumière de l'aube inondait la pièce, jetant des ombres sur les murs. N'hésitant qu'une fraction de
seconde avant de se retourner vers elle, elle commença à se déshabiller. Charlotte fit un geste pour fermer la porte
de la chambre, mais elle secoua la tête. Elle voulait la voir, cette fois-ci, et elle voulait qu'elle la voit. Charlotte voulait
que Juliette sache qu'elle était avec elle et non avec une autre. Lentement, très lentement, elle ôta ses vêtements.
Son chemisier, son jean. Bientôt, elle fut nue. Elle ne la quittait pas des yeux, les lèvres légèrement entrouvertes.
Le soleil et le sel de la mer avaient hâler son corps. Il venait d'ailleurs, de l'océan. Il émergeait des eaux profondes,
tout luisant de ce sucre étrange cher à Hemingway. C'était la fleur du sel. Puis Juliette s'approcha de Charlotte et
posa ses mains sur ses seins, ses épaules, ses bras, la caressant doucement comme si elle voulait graver à jamais
dans sa mémoire le souvenir de sa peau. Elles firent l'amour fiévreusement, accrochées désespérément l'une à
l'autre, avec une passion comme elles n'en avaient jamais connue, toutes les deux douloureusement attentive au
plaisir de l'autre. Comme si elles eu avaient peur de ce que l'avenir leur réservait, elles se vouèrent à l'adoration de
leurs corps avec une intensité qui marquerait à jamais leur mémoire. Elles jouirent ensemble, Charlotte renversa
la tête en arrière et cria sans la moindre retenue. Puis assise sur le lit, la tête de Charlotte sur ses genoux, Juliette
lui caressa les cheveux, doucement, régulièrement, en écoutant sa respiration se faire de plus en plus profonde.
Soudain, les lèvres de Juliette exigèrent un maintenant plein d'abandon. La communion ne put être plus totale. Elle lui
prit la tête entre ses deux mains et lui entrouvrit la bouche pour l'embrasser. Si fort elle suffoqua qu'elle aurait glissé si
elle ne l'eût retenue. Elle ne comprit pas pourquoi un tel trouble, une telle angoisse lui serraient la gorge, car enfin, que
pouvait-elle avoir à redouter de Juliette qu'elle n'eût déjà éprouvé ? Elle la pria de se mettre à genoux, la regarda sans
un mot lui obéir. Elle avait l'habitude de son silence, comme elle avait l'habitude d'attendre les décisions de son plaisir.
Désormais la réalité de la nuit et la réalité du jour seraient la même réalité. Voilà d'où naissait l'étrange sécurité, mêlée
d'épouvante, à quoi elle sentait qu'elle s'abandonnait, et qu'elle avait pressenti sans la comprendre. Désormais, il n'y
aurait plus de rémission. Puis elle prit conscience soudain que ce qu'en fait elle attendait, dans ce silence, dans cette
lumière de l'aube, et ne s'avouait pas, c'est que Juliette lui fit signe et lui ordonnât de la caresser. Elle était au-dessus
d'elle, un pied et de part et d'autre de sa taille, et Charlotte voyait, dans le pont que formaient ses jambes brunes, les
lanières du martinet qu'elle tenait à la main. Aux premiers coups qui la brûlèrent au ventre, elle gémit. Juliette passa de
la droite à la gauche, s'arrêta et reprit aussitôt. Elle se débattit de toutes ses forces. Elle ne voulait pas supplier, elle ne
voulait pas demander grâce. Mais Juliette entendait l'amener à merci. Charlotte aima le supplice pourvu qu'il fut long et
surtout cruel. La façon dont elle fut fouettée, comme la posture où elle avait été liée n'avaient pas non plus d'autre but.
Les gémissements de la jeune femme jaillirent maintenant assez forts et sous le coup de spasmes. Ce fut une plainte
continue qui ne trahissait pas une grande douleur, qui espérait même un paroxysme où le cri devenait sauvage et délirant.
Ces spasmes secouèrent tout le corps en se reproduisant de minute en minute, faisant craquer et se tendre le ventre et
les cuisses de Charlotte, chaque coup, le laissant exténué après chaque attaque. Juliette écouta ces appels étrangers
auxquels tout le corps de la jeune femme répondait. Elle était vide d'idées. Elle eut seulement conscience que bientôt le
soir allait tomber, qu'elle était seule avec Charlotte. L'allégresse se communiqua à sa vieille passion et elle songea à sa
solitude. Il lui sembla que c'était pour racheter quelque chose. Vivre pleinement sa sexualité, si l'on sort tant soit peu des
sentiers battus et sillonnés par les autres, est un luxe qui n'est pas accordé à tous. Cette misère sexuelle la confortait
dans son choix. Le masochisme est un art, une philosophie et un espace culturel. Il lui suffisait d'un psyché. Avec humilité,
elle se regarda dans le miroir, et songea qu'on ne pouvait lui apporter, si l'on ne pouvait en tirer de honte, lui offrir qu'un
parterre d'hortensia, parce que leurs pétales bleus lui rappelaient un soir d'été heureux à Sauzon à Belle île en Mer.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Clara ne me disait presque rien de sa vie. Elle ne me posait aucune question sur la mienne. Sans
doute par crainte d'apprendre des choses qui auraient pu lui déplaire. Aimer écrire, c'est coucher
des mots sur le papier, et non pas partager le lit de Madame de Staël. Mon existence en dehors
de la littérature ne méritait pas que je la fisse souffrir avec des passades sans importance. Elle ne
pouvait être jalouse de ma méridienne. Je ne vivais que dans l'attente d'un prochain rendez-vous,
de baisers volés, d'étreintes usurpées. Où aurait-il lieu ? En réalité je passais plus de temps à
imaginer Clara qu'à la voir. Et quand je la retrouvais, c'était à travers la brume de ce songe que
j'avais construit autour d'elle. Elle m'écrivait des lettres brèves, quelques phrases denses comme
des aphorismes, datées avec précision. Elle indiquait toujours l'heure et le temps qu'il faisait.
J'appris un jour qu'elle avait épousé un éleveur de chevaux. Elle était fière, aussi farouche que
les pur-sangs que son mari dressait dans sa propriété de l'Orne. Elle préférait ne pas s'interroger
sur le moment de folie qui, contre tous ses principes l'avait jetée dans ses bras. Cela lui semblait un
phénomène aussi bizarre que la foudre ou un tremblement de terre. Elle avait construit autour d'elle
un mur pour se protéger et se croyait à l'abri. Elle se sentait imprenable autant par dégoût des autres
que par un sentiment de fierté qui lui faisait juger les choses de l'amour soit comme un idéal impossible
soit comme un abandon bestial. Elle n'imaginait pas l'entre-deux. La vie devint pour elle, droite, sans
écart, maintenue dans son parcours par une main inflexible, faisant de la doctrine du Cadre noir de
Saumur sa ligne de conduite. " En avant, calme et droit ", la citation du général L'Hotte l'inspira.
Avait-elle lu le beau roman de François Nourissier ? Au milieu de la vie, elle voyait venir l'hiver. Elle
acceptait avec courage la solitude qui de plus en plus l'envelopperait dans ses voiles glacés. Clara
échappait à cette angoisse en demandant à la nature de lui offrir les plaisirs, les joies, les émotions
qui lui manquaient. Cette liberté de l'instinct débridé, l'ardeur des saillies, les montées de la sève et
l'allégresse reproductrice du monde végétal la fascinaient. Elle ne vivait plus que pour les chevaux,
les arbres et les fleurs. Elle habillait sa sauvagerie nouvelle d'un masque de mondanité provincial.
Bientôt elle m'invita chez elle et me présenta à son mari qui m'accueillit avec une diplomatique et
rigoureuse politesse. Nous étions dans un monde où tout se joue sur les apparences, où le soupçon,
les arrières-pensées étaient bannis. Un monde de civilité absolue où ce qui n'est pas montré pas plus
que ce qui n'est pas dit n'avaient droit à l'existence. Il m'emmena faire le tour du parc ainsi que de
manière immuable, il procédait avec ses hôtes et me tint les mêmes propos qu'il leur avait tenus à
tous pendant leur visite, propos qui certainement devaient être à quelques nuances près, ceux de
son père et de ses aïeux. Des chevaux gambadaient dans une prairie, d'autres travaillaient dans une
carrière. Tout était dans un ordre parfait. La maison du jardinier rutilait. La serre semblait aussi propre
et rangée qu'une salle d'opération. Un hommage digne à Monsieur de Buffon. Seul le cœur semblait
ne pas avoir de place. On le considérait comme un intrus. J'allais monter à cheval avec Clara. Nous
nous promenions dans les bois. Parfois nous rentrions avec le crépuscule, et cette demi-obscurité
jetait sur nous des ombres coupables. Son mari nous attendait impavide sur le perron. Sa distance,
son indifférence vis-à-vis d'une liaison qu'il ne voulait pas voir, étaient presque plus lourdes à supporter
que s'il nous avait attendues un fusil chargé à la main. Ce silence du non-dit pesait sur nous comme une
faute. Je regagnai ma chambre et dans cette atmosphère de crime, Clara se glissait contre moi. Elle
repartait à l'aube. Alors, souvent, en m'éveillant dans le lit vide, je me demandais si je n'avais pas rêvé.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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À la moindre caresse, sa peau frémit. Elle ferma les yeux. Sarah contemplait impunément
le pur ovale du visage de Patricia. Des épaules fines et le cou gracieux. Sur la peau mate
des joues et du front, sur les paupières bistrées passaient, comme des risées sur la mer,
de brefs frissons qui gagnaient le ventre, les bras et les doigts entremêlés. Une émotion
inconnue s'empara d'elle. Serrer une femme dans ses bras, c'est se priver de la voir, se
condamner à n'en connaître que des fragments qu'ensuite la mémoire rassemble à la
manière d'un puzzle pour reconstituer un être entièrement fabriqué de souvenirs épars.
Les seins, la bouche, la chute des reins, la tiédeur des aisselles, la paume dans laquelle
on a imprimé ses lèvres. Or, parce qu'elle se présentait ainsi allongée, pétrifiée comme une
gisante dans son linceul de drap blanc, Sarah découvrait Patricia comme elle ne croyait
jamais l'avoir vue. Des cheveux courts d'une blondeur de blé, les jambes brunies par le soleil.
Elle ne reconnaissait pas la fragile silhouette vacillante sous le fouet. Bouleversée, elle
regarda longtemps le corps mince où d'épaisses balafres faisaient comme des cordes en
travers du dos, des épaules, du ventre et des seins, parfois en s'entrecroisant. Patricia
étendue sans défense, était infiniment désirable. Comme le suaire que les sculpteurs
jettent sur une statue d'argile ocreuse encore fraîche, le drap mollement tendu épousait les
formes secrètes de la jeune femme; le ventre lisse et bombé, le creux des cuisses, les seins
aux larges aréoles et aux pointes au repos. L'onde tiède surprit son ventre. La blondeur
accepta l'étreinte. Le ballet érotique devint un chef-d'œuvre de sensualité, un miracle de
volupté. Sarah fut la corde sous l'archet, le clavier sous les doigts du pianiste, le fouet sur
la chair, l'astre solaire dans les mains d'une déesse. Ne plus s'appartenir est déjà l'extase.
Les traces encore fraîches témoignaient de l'ardeur de leur duel passionnel, des courbes
s'inclinant sous la force du fouet comme les arbres sous la bourrasque. La muraille d'air,
de chair et de silence qui les abritait où Patricia était soumise, le plaisir que Sarah prenait
à la voir haleter sous ses caresses de cuir, les yeux fermés, les pointes des seins dressées,
le ventre fouillé. Ce désir était aigu car il lui rendait constamment présent sans trêve. Les
êtres sont doubles. Le tempérament de feu qui façonnait Patricia la conduisait à l'abnégation.
Elle avait gardé les yeux fermés. Elle croyait qu'elle s'était endormie tandis qu'elle contemplait son corps
inerte, ses poignets croisés juste à la cambrure de ses reins, avec le nœud épais de la ceinture du peignoir
tout autour. Tout à l'heure, à son arrivée, elle n'avait pas dit un mot. Elle l'avait précédé jusqu'à la chambre.
Sur le lit, il y avait la ceinture d'éponge de son peignoir. À son regard surpris, elle n'avait répondu qu'en se
croisant les mains dans le dos. Elle lui avait entravé les poignets sans trop serrer mais elle lui avait dit plus
fort et Sarah avait noué des liens plus étroits. Elle voulait la rendre rapidement à merci pour leur plaisir.
D'elle-même alors elle s'était laissée tombée sur le lit. Ça l'avait beaucoup excitée de la sentir aussi vulnérable
en dessous d'elle. Elle s'était dévêtue rapidement. Elle lui avait relevé son shorty d'un geste sec. Elle l'avait
écarté pour dégager les reins et l'avait fouettée sans échauffement. Elle reçut sans se débattre des coups de
cravache qui cinglèrent ses fesses de longues estafilades violettes. À chaque coup, Patricia remercia Sarah.
Elle devint son sang. La vague accéléra son mouvement. L'ivresse les emporta et les corps ne surent plus dire
non. Ils vibrèrent, se plaignirent, s'immobilisèrent bientôt. Sarah la coucha sur le dos, écarta ses jambes juste
au-dessus de son visage et exigea d'elle avec humeur qu'elle la lèche aussitôt comme une chienne. Elle lapa
son intimité avec une docilité absolue. Elle était douce et ce contact nacré la chavira. Les cuisses musclées
de Sarah s'écartèrent sous la pression de la langue et des dents. Elle s'ouvrit bientôt davantage et se libéra
violemment dans sa bouche. Surprise par ce torrent fougueux, Patricia connut un nouvel orgasme qui la tétanisa,
lorsqu'elle prit conscience qu'elle jouissait sans l'autorisation de sa Maîtresse, avec la nonchalance que procure
le plaisir poussé à son paroxysme. Elle l'en punirait certainement sauvagement pour son plus grand bonheur.
Après une toilette minutieuse, comme pour retrouver son état de femme libre, Sarah qui regrettait de ne pouvoir
la fouetter davantage, l'embrassa tendrement. Il était temps de sceller le lien qui les unissait. Le jour tant attendu
arriva. Elle la fit allonger sur un fauteuil recouvert d'un tissu damassé rouge. La couleur donnait une évidente
solennité au rituel qui allait être célébré. Elle ne put éviter de penser au sang qui coulerait sans doute bientôt des
lèvres de son sexe. Et puis tout alla très vite. On lui écarta les cuisses, poignets et chevilles fermement liés au
fauteuil gynécologique. Elle résista mais on transperça le coté gauche de sa lèvre. Sarah lui caressa le visage
tendrement, et dans un geste délicat, elle passa l'anneau d'or dans la nymphe percée. Il lui fallut écarter la chair
blessée afin d'élargir le minuscule trou. L'anneau coulissa facilement et la douleur s'estompa. Mais presque
aussitôt, elle ressentit une nouvelle brûlure. L'aiguille déchira la seconde lèvre pour recevoir l'autre anneau. Tout se
passa bien. Patricia se sentit libérée malgré son marquage. Elle ferma les yeux pour vivre plus intensément ce
moment de complicité. Ses yeux s'embuèrent de larmes. Sarah lui prit la main dans la sienne et l'embrassa.
Ces anneaux qui meurtrissaient sa chair intime trahiraient désormais son appartenance à sa Maîtresse. La condition
d'esclave ne l'autorisait pas à extérioriser sa jalousie ou son agressivité envers une jeune femme dont pouvait se
servir trop souvent Sarah. Car les jeunes filles qu'elle convoitait n'étaient là que pour assouvir ses fantasmes; elle
les utilisait comme telles. Elles ne pouvaient imaginer qu'elles servaient de test à satisfaire sa passion avant tout.
Le prétexte de sa soumission semblait lui donner tous les droits, même celui de la faire souffrir dans son orgueil de
femme amoureuse. Sarah a le droit de prêter Patricia. Elle puise son plaisir dans celui qu'elle prend d'elle et qu'elle
lui vole. Elle lui donna son amour. Pour elle, il n'y avait pas de plus grande passion que dans l'abnégation.
Patricia était particulièrement en beauté, ce soir-là. Elle portait des bas noirs à couture et une veste en soie de la
même couleur dont l'amplitude laissait entrevoir son intimité. Un collier de chien ciselé de métal argent et serti d'un
petit anneau destiné au mousqueton de la laisse conférait à sa tenue le plus bel effet. Sarah lui fit prendre des poses
provocantes. Elle en rajouta jusqu'à devenir franchement obscène. Le harnais de cuir et le bustier emprisonnaient son
sexe et ses seins. On lui banda les yeux avant de la lier à une table, jambes et bras écartés. Sa Maîtresse expliqua
calmement aux hôtes qu'elle était à leur disposition. Elle avait décidé de l'offrir à des hommes. Bientôt des inconnus
s'approchèrent d'elle. Elle sentit des dizaines de doigts la palper, s'insinuer en elle, la fouiller, la dilater. Cela lui parut
grisant. Elle éprouva un plaisir enivrant à être ainsi exhibée devant des inconnus. Elle devint une prostituée docile.
Sarah interrompit brutalement la séance qui lui parut trop douce et génératrice d'un plaisir auquel elle n'avait pas droit.
Elle fut détachée pour être placée sur un chevalet. Elle attendit dans la position infamante de la putain offerte avant
que des sexes inconnus ne commencent à la pénétrer. Elle fut alors saccagée, malmenée et sodomisée tel une chose
muette et ouverte. Ce que sa Maîtresse lui demandait, elle le voulait aussitôt, uniquement parce qu'elle lui demandait.
Alors, elle s'abandonna totalement. Ayant deviné les pulsions contradictoires qui l'ébranlaient, Sarah mit fin à la scène,
l'entraîna hors de la pièce et la calma par des caresses. Lorsqu'elle eut retrouvé la maîtrise de ses nerfs, ce fut Patricia
qui lui demanda de la ramener dans le salon où les hommes attendaient son retour. Elle fit son apparition, les yeux de
nouveau bandés, nue, droite et fière, guidée par Sarah qui la dirigea vers le cercle des inconnus excités. Ce fut elle qui
décida de s'agenouiller pour prendre dans sa bouche leur verge, jusqu'à ce qu'ils soient tous parvenus à la jouissance
et se soient déversés sur son visage ou sur sa poitrine offerte. Jamais, elle ne fut plus heureuse que cette nuit-là.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Juliette passa enfin dans la salle de bain, se fit couler un bain, vérifia la température.
Tout en traversant la chambre en direction de la coiffeuse, elle ôta ses boucles d'oreilles
en or. Dans sa trousse à maquillage, elle prit un rasoir et une savonnette, puis se déshabilla
devant la commode. Depuis qu'elle était jeune fille, on lui disait qu'elle était ravissante et
qu'elle possédait un charme ravageur. Elle s'observa dans la glace: un corps ferme et bien
proportionné, des seins hauts placés et doucement arrondis, le ventre plat et les jambes
fines. De sa mère, elle avait hérité les pommettes saillantes, la peau toujours hâlée et les
cheveux blonds. Mais ce qu'elle avait de mieux était bien à elle, ses yeux, des yeux comme
les vagues de l'océan ou le ciel, d'un bleu azur, se plaisait à dire Ka-Sandra. Dans la salle de
bain, elle posa une serviette à portée de main et entra avec plaisir dans la baignoire.
Prendre un bain la détentait. Elle se laissa glisser dans l'eau. Quelle agréable journée. Elle
avait le dos crispé, mais elle était contente d'avoir terminé ses courses si rapidement. Elle
se couvrit les jambes de mousse et entreprit de les raser, songeant à Ka-Sandra, à ce qu'elle
penserait de son comportement. Elle le désapprouverait sans aucun doute. Elle resta encore
un moment allongée dans le bain, avant de se décider à en sortir. Elle se dirigea vers la
penderie pour se chercher une robe. La noire avec un décolleté un peu plongeur ? Le genre
de toilette qu'elle portait pour des soirées. Elle la passa et se regarda dans le miroir, se tournant
d'un coté, puis de l'autre. Elle lui allait bien, la faisait paraître encore plus féminine. Mais non,
elle ne la porterait pas. Elle en choisit une moins habillée, moins décolletée, bleu clair, boutonnée
devant. Pas tout à fait aussi jolie que la première, mais mieux adaptée aux circonstances. Un peu
de maquillage, maintenant un soupçon d'ombre à paupière et de mascara pour faire ressortir ses
yeux. Une goutte de parfum, pas trop. Une paire de boucles d'oreilles, des petits anneaux. Elle
chaussa des talons hauts que Ka-Sandra exigeait, comme elle exigeait qu'elle soit nue sous sa robe,
d'autant plus nue qu'elle était toujours intégralement rasée, lisse, offerte, ouverte à ses désirs ou
à ceux des inconnues auxquelles elle la destinait. Depuis son infibulation, elle ne portait plus
aucun sous-vêtement, la culotte la plus légère irritait sa chair et lui faisait endurer de véritables
tourments. Ka-Sandra l'obligeait à en porter lorsqu'elle n'avait pas été assez docile pour la punir.
Elle portait deux anneaux d'or sur ses petites lèvres, signe de son appartenance à sa Maîtresse, Ka-Sandra.
Les marques imprimées sur son pubis, étaient creusées dans la chair. Rien que de les effleurer, on pouvait les
percevoir sous le doigt. De ces marques et de ces fers, Juliette éprouvait une fierté insensée presque irraisonnée.
Elle subissait toujours les supplices jusqu'au bout, faisant preuve en toutes circonstances d'une abnégation totale.
Qu'une femme fût aussi cruelle, et plus implacable qu'un homme, elle n'en avait jamais douté. Mais elle pensait
que sa Maîtresse cherchait moins à manifester son pouvoir qu'à établir une tendre complicité, de l'amour avec
les sensations vertigineuses en plus. Juliette n'avait jamais compris, mais avait fini par admettre, pour une
vérité indéniable, l'enchevêtrement contradictoire de ses sentiments. Toujours docile, elle aimait le supplice, allant
jusqu'à regretter parfois qu'il ne soit pas plus long et plus féroce, voire inhumain. Mais sa nature masochiste ne
suffisait pas à expliquer sa passion. Elle aimait cette partie obscure qui faisait partie d'elle et que sa Maîtresse
nourrissait. Ka-Sandra la hissait, la projetait en révélant les abysses de son âme, en les magnifiant, la sublimant
en tant qu'esclave, en lui faisant accepter son rôle d'objet. Elle avait créer entre elles un lien indestructible.
Elle ne pourrait jamais oublier le jour de ses vingt ans. Ce jour-là, Ka-Sandra quitta tôt les cours qu'elle donnait à la
Sorbonne pour venir la chercher à la sortie de la faculté. La soirée s'annonçait douce et agréable. Juliette écoutait
le bruissement des feuilles, en songeant à la beauté naturelle du jour. La nature vous rend plus qu'elle ne vous prend
et ses bruits obligent à penser à son destin. Le grand amour vous fait cet effet-là. Les nuages traversaient lentement
le ciel du soir. Ils s'épaissirent un peu. Désormais, la réalité de la nuit et la réalité du jour seraient la même réalité.
Chez elle, Ka-Sandra lui demanda de se mettre nue, la regarda sans un mot lui obéir. N'avait-elle pas l'habitude d'être
nue sous son regard, comme elle avait l'habitude de ses silences. Elle l'attacha et lui demanda pour la première fois,
son accord. Elle voulait la fouetter jusqu'au sang. Elle lui dit seulement qu'elle l'aimait. Alors elle la battit si fort qu'elle
suffoqua. Au petit matin, Ka-Sandra était allongée près d'elle et elle ne pouvait penser à meilleure occupation que de
la dévorer des yeux. Le soleil du matin qui entrait par raies obliques entre les lamelles du store rehaussait le brun
luisant de son corps. Elle était assoupie sur le ventre; le haut de ses bras étirés au dessus de sa tête était bronzé
et ses aisselles blanches. Ka-Sandra glissa un doigt sur la courbe sinueuse de son dos et sa peau satinée se couvrit
d'un frisson. Elle était grande et très blonde. Une femme idéalement belle. Bientôt, son regard s'attarda sur ses
cuisses écartées et immanquablement, une tension sourde s'empara d'elle. De ses lèvres, elle lècha sa peau tout
en dessinant ses omoplates avant de laisser glisser le majeur jusqu'au creux de ses reins. Elle frôla l'œillet secret
qui déjà cédait aux effleurements. Les chairs se distendirent, pour se raffermir aussitôt comme brusquées.
Ses doigts contournaient les formes plissées qui sertissaient l'anus. Ils lissèrent les veinules lentement, les unes
après les autres, consciencieusement. Elle la vit approuver d'un mouvement de reins, une cambrure pour l'instant
étudiée, maîtrisée. Rien du domaine de l'abandon. Ils se confinaient encore dans la séduction. Ou en tout cas,
le crut-elle. L'amante ne trichait pas. Elle était sexuelle. Mais Juliette se l'imaginait elle, bien trop jeune pour le savoir.
Bientôt l'anus ne se défendit plus. Il rougit en acceptant, s'humidifia, larmoya une liqueur d'acquiescement, frémit au
moindre toucher et enfin sursauta. Elle ressentit la naissance d'une jouissance s'inscrire dans les va-et-vient de ce
ce trou qui appelait. La sève s'écoula et lubrifia l'orifice pour permettre le passage. Voilà, elle ne joue plus, elle le sait;
elle peut maintenant tout imposer, froidement, à ce corps qui ordonnait l'intromission. Elle supposa qu'elle aimerait être
capable de hurler les mots et les actes qu'elle attendait. Elle se rembrunit, chercha à dégager son visage d'entre les
draps. L'amante s'irritait parce qu'elle ne supportait pas l'affront d'un quelconque échec.
La douleur vive s'était évanouie alors Ka-Sandra la vit qui hésitait: devait-elle reprendre le fil de ses paroles susurrées ?
Allait-t-elle l'accepter ? Elle désirait la faire oser pour elle, pour qu'elle puisse dérouler le fantasme d'une femme.
Une femme objet. Bien sûr, il est à craindre que pour une autre, cela ne se passerait pas comme cela. Elle se tairait.
Mais Ka-Sandra la voulait obscène, pour mieux la prêter. Elle la sentait brûlante, raidie sous ses doigts. Il courtisait ses
hôtes, il les choyait, savoureusement. Le giclement séminal accompagna les mots venus se fracasser comme une
éclaboussure. Le coeur s'était déplacé au fondement du corps. Il battit, se contracta et se rétracta comme l'aorte qui
donne vie. Son âme n'était plus qu'un organe, une machine qui répondait à des mécanismes vitaux. Ka-Sandra sentait
la jouissance envahir Juliette peu à peu. Le désir brûlait, et retombait, suspendu à la prochaine salve.
L'amante fut à cet instant forcément animale. Elle exigea tout, tout de suite. Elle écarta les doigts et en introduisit
subrepticement un troisième. Là, la femme soumise s'attendit à ce qu'elle eut exigé un quatrième puis un cinquième.
Elle se trompait. Mesurait-t-elle seulement combien, elle se trompait ? L'amante est toujours dans la force. La
prouesse n'est bien souvent qu'un détail. Elle l'empala d'un mouvement violent pour se caler en terrain conquis,
profondément. Le cri résonna en écho venant lécher les parois d'une chambre que l'on imaginait forcément sombre.
Les murs étaient d'un blanc clinique; un matelas flanqué à même le sol pliait sous les corps nus, brunis par le
soleil, soudés et parfaitement imberbes. Maintenant, Juliette allait supplier.
Les chairs résistèrent, se plaignirent, s'insurgèrent puis craquèrent, obéissantes. Elle desserra les dents
de son index meurtri, bleui par la morsure. La jouissance sourde venait de loin, d'un tréfonds dont elle ne
soupçonnait pas l'existence. Elle hurla. Qu'elle voulait le poignet. Qu'elle voulait plus encore. Qu'elle irait le
chercher, elle même si Sarah ne cédait pas. Elle vit la fureur s'emparer du corps, et le vriller, l'hystérie libérer
toute l'énergie de l'organisme. D'un mouvement brusque, le poignet venait d'écarteler ses reins, elle avait joui.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Elle me regarda longuement, puis eut un vrai sourire, dans lequel en faisant un effort,
on pouvait retrouver ce qui avait été sa féminité avantageuse mais qu'un nouvel élément
transformait en une sorte de féminité crispée, mais tout de même empreint de sérénité.
Patricia a eu raison bien à l'avance et je ne lui suis déjà plus loyale. Alors, je me sentis
mue par cette naïveté qui habite les cœurs encore jeunes, et je fus convaincue que ma
vie sentimentale ne pouvait abriter deux intrigues à la fois. J'étais poussée, en outre, par
je ne sais quelle intime impossibilité de lui mentir. Nous ne possédions rien ensemble.
Rien d'autre qu'un engagement mutuel, un collier et un lit. Rien, aucune activité sociale,
aucun contact avec d'autres êtres humains, les lumières du ciel ou de la ville. Il n'était
rentré dans notre relation que la vérité, crue et nue, de notre sexualité. Nous n'avions pas
eu à donner le change, pas plus à nous-mêmes qu'aux autres, et les subtils aménagements
ou glissements successifs vers le mensonge et l'omission qui s'opèrent entre amantes,
n'avaient pas pu amorcer le chemin qui mène très souvent, vers l'hypocrisie, le compromis
et le malentendu librement consenti. Nous n'étions pas des animaux sociaux. Le mensonge,
dès lors, ne servait à rien et nous n'y avions pas eu recours. Aussi, je me sentais tenue de
tout lui dire, sans même l'embrasser ou la caresser, mais je n'avais pas assez comptée sur
l'appétit que nous avions l'une de l'autre, et je lui fis d'abord l'amour, et le mal après. Sous
le fouet, elle ne réagit pas. Elle eut un bref pincement aux commissures des lèvres si promptes
habituellement au sarcasme et elle baissa la tête, puis elle la releva à peine troublée.
Patricia regarda Sarah sans pouvoir prononcer une parole. Elle prit une douche, et se brossa les cheveux.
Elle finit de se sécher et passa seulement un peignoir. Et tout en s'essuyant avec une serviette de bain, elle
se regarda dans le miroir, en contemplant les deux lettres S qui ornaient son pubis lisse, double signe de son
appartenance, mais surtout les cicatrices. Les coups de cravaches ou de fouet. Sarah la fouettait généralement
elle-même, mais il lui arrivait de la faire fouetter par une autre jeune femme. C'était une fille très mate de peau,
élancée et fine, les yeux bleus dévorant le visage, des cheveux noirs coupés droits au-dessus des sourcils, en
frange à la garçonne, Elle avait de petits seins fermes et frémissants, des hanches enfantines à peine formées.
À force de la battre, elle était tombée amoureuse de Patricia. Elle obtint le droit de demeurer près d'elle. Mais
Sarah lui interdit de la caresser, de l'embrasser fût-ce sur la joue, ou de se laisser embrasser par elle. Elle
attendait qu'elle arrivât à se soumettre sans avoir été touchée par les mains ou les lèvres de qui que ce fût. En
revanche, elle exigeait, puisqu'elle ne la quittait à aucun moment, qu'elle vît aussi bien Patricia caresser une
autre femme mais uniquement en sa présence et pour son seul plaisir. Peut-être Sarah avait-elle trop comptée
sur l'indifférence à la fois et la sensualité de Patricia par rapport aux jeunes filles. Jamais, elle n'avait eu avec
elle l'attitude d'une amante amoureuse. Elle la regardait froidement, et quand elle lui souriait, le sourire n'allait
pas jusqu'aux yeux. En admettant que Patricia fût avec elle aussi abandonnée qu'elle l'était avec Laure, ce qui
était probable, elle ne pouvait s'empêcher de croire que cet abandon ne l'engageait pas à grand chose ou rien.
Mais quel repos, quel délice le fouet qui balafre la chair et marque pour toujours, la main d'une Maîtresse qui
vous couche sur un lit de fer, l'amour d'une Maîtresse qui sait s'approprier sans pitié ce qu'on aime. Et Patricia
se disait que finalement elle n'avait jamais aimé Sarah que pour apprendre l'amour et mieux se donner, esclave
et comblée, à elle. Comme si elle avait deviné l'intensité de son plaisir, qu'elle dissimulait de son mieux sous les
râles et les spasmes. Elle apprit à aimer porter des pinces aux seins. Sarah disait d'elle qu'elle en profitait trop,
que le plaisir effaçait la douleur et que cela était scandaleux. Les lèvres de son sexe étaient en revanche très
sensibles, quels que soient ses efforts. Mais cette farouche volonté de ne jamais la décevoir lui permettait alors
d'assumer bien des sévices. Elle se concentrait de toutes ses forces pour oublier ses souffrances; parfois elle
parvenait à oublier la douleur lorsque brisant ses chaînes et la tension nerveuse qui la faisait trembler, Sarah
la fouettait et qu'elle se débattait entre ses mains, le visage durci par la peur et le désir. Elle cessait de se raidir,
aussitôt pressée contre le mur, saisie au ventre et aux seins, la bouche entrouverte par la langue de Sarah, pour
gémir de bonheur et de délivrance. La pointe de ses seins se raidissait sous les doigts et parfois même les dents
de sa Maîtresse. Elle fouillait si rudement son ventre qu'elle crut s'évanouir. Oserait-elle jamais lui dire qu'aucun
désir, aucune joie, aucune imagination n'approchait le bonheur qu'elle ressentait à la liberté avec laquelle elle
usait d'elle, à l'idée que Sarah n'avait aucun ménagement à garder; aucune limite à la façon dont, sur son corps,
elle pouvait chercher son plaisir. La certitude que lorsqu'elle la touchait, ce fût pour la caresser ou pour la battre.
Comme elle était là, plaquée contre le mur, les yeux fermés, les mains de sa Maîtresse montaient et descendaient
le long d'elle la faisant brûler chaque fois davantage. Cette nuit, Patricia passa une nuit agitée, et maintes fois la jeune
fille se réveilla en sursaut. L'aube fraîche apaisa son énervement; elle en conclut qu'elle n'avait plus l'habitude d'être
fouettée et quelques traces douloureuses sur ses reins la confirmèrent dans cette idée. Étendue nue sur son lit, elle
se remémora la soirée et seulement toute l'horreur de son abandon lui apparut. Elle frémit à l'idée qu'elle avait pu
s'offrir et se laisser ainsi sodomiser dans des poses d'une lubricité atroce par des inconnus; puis, peu à peu, le souvenir
de certaines émotions charnelles supplanta la vague de pudeur qui déferlait en elle; elle repensa à l'ardente virilité de
l'homme et trouva la vie plus belle que jamais. Elle se caressa dans la douce lumière du jour tamisée par les volets.
L'après-midi, elle retrouva Sarah et l'emmena chez Paul; vêtues toutes deux de blanc, elles avaient l'air de deux sœurs
et le miroir éclairé renvoya bientôt aux yeux de l'homme leurs intimités lisses et moites. Bientôt, les deux corps dénudés
se roulèrent sur le lit en une étreinte sauvage où Patricia exhala non sans passion sa volupté toujours puissante. Alors
Patricia abandonna son corps aux désirs sadiques de Paul. Il l'entraîna sur une table haute et l'allongea à plat-ventre,
jambes et bras écartés en lui liant les chevilles et les poignets fermement avec des cordes en prenant soin d'étirer ses
membres en position d'écartèlement extrême. Paul se saisit d'un martinet aux lanières en cuir et commença avec art à
flageller les reins qui s'offraient à lui; il commença doucement, visant le sommet des fesses tendues. Elle n'avait pas très
mal; chaque coup amenait seulement un sursaut, une contraction de ses muscles, mais peu à peu, une douce chaleur
irradia sa croupe, se propageant à son vagin. Une torsion légère des cuisses et de ses hanches donnait au corps un
balancement lascif. De la bouche de la soumise contrainte sortirent de longs soupirs. Paul, excité, commença à frapper
plus fort par le travers et les gémissements de Patricia furent plus profonds et la danse de la croupe s'accentua.
En même temps qu'elle entendait un sifflement, elle sentit une atroce brûlure dans les reins et hurla; l'homme la
flagellait à toute volée. Il n'attendit pas qu'elle se tût, et recommença cinq fois, en prenant soin de cingler chaque
fois, ou plus haut ou plus bas que la fois précédente, pour que les traces fussent nettes. Patricia crispa ses
poignets dans les liens qui lui déchiraient la chair, le sang monta à la tête. Alors Sarah s'accroupit près des
épaules de Patricia et lui caressa la tête, penchée sur elle, lui donnant de longs baisers qui grisèrent la soumise
éplorée. Paul frappa encore plus fort et les fines lanières claquèrent dans un bruit mat les fesses musclées.
La suppliciée se mit à gémir en hoquetant et en tordant son buste que sa Maîtresse maintenait tout en le
caressant; elle lui promit toutes les joies charnelles qu'elle voudrait sur son propre corps, mais lui demanda de
résister encore; parfois Patricia se tournait vers Paul dénudé, qui, tel un démon, les yeux fous de luxure, le
ventre tendu, la verge en érection, la flagellait avec une force inouïe. Alors les lanières léchèrent le sexe entre
les cuisses écartées et un long cri s'échappa des lèvres de la soumise douloureusement atteinte; elle voulut
fermer les jambes mais des cinglements plus vifs l'atteignirent sur leur coté. Mais la douleur devint trop vive.
Patricia laissa couler quelques larmes sur la main de Sarah qui fit signe à Paul de cesser la flagellation. On
la détacha de façon à lui permettre de pouvoir prendre du repos, mais cet intermède ne dura que peu de
temps; penchée sur le ventre ouvert de la soumise, Sarah posa ses lèvres frémissantes sur le sexe humide
et ardent, la faisant sombrer dans une indicible félicité; mais elle même, sentit monter en elle la plus violente
des jouissances sous la caresse précise de Paul qui, glissant sa langue entre ses reins, lapait la peau
satinée de sa voie étroite, tandis que des lèvres de Patricia s'échappait la plainte d'amour, s'éleva le
gémissement étouffé de la chair humide et palpitante de Sarah, jouissant de toutes ses forces. Paul dut
maintenir les hanches à deux mains, tant les sursauts du spasme furent violents et ininterrompus.
Quand Patricia eut repris ses sens, tous trois revinrent sur le lit; Paul fit prendre à la jeune soumise les
positions les plus indécentes, puis à son tour, il lui tendit sa verge en érection. Elle s'agenouilla et le masturba
lentement, en roulant sa paume tout autour du cylindre de chair avant de le prendre en bouche; avec violence le
phallus se contracta, manquant de ressortir de ses lèvres qui l'aspiraient pour le retenir. Il éjacula brusquement,
innondant sa gorge de sperme qu'elle avala mystiquement jusqu'à la dernière goutte.
Sarah posa son index sur l'anus de Patricia, et lentement l'enfonça dans les entrailles chaudes, jusqu'au bout.
Les yeux fermés, elle cherchait à imaginer, en sentant les contractions des sphincters intimes, la volupté ressentie
par un homme dont le membre était pris dans cette voie exiguë; doucement, elle agita son doigt dans l'orifice offert,
tandis que sa soumise redonnait de la vigueur à Paul, par le mouvement de sa bouche refermée et resserrée sur
le membre gonflé; elle comprit simplement qu'à son tour, il souhaitait frayer un chemin au plus étroit. Alors, bientôt
il se dégagea, se leva et, attirant par les reins Patricia, laissa son sexe se caresser au sillon des reins, que Sarah
avait laissé à regret; alors avec force, sans préliminaire, il enfonça son phallus, remontant et allant frapper au fond de la
cavité de l'orifice naturellement étroit. Dans un long gémissement, elle accepta cette chair qui distendait ses reins non
sans se débattre et sans être comblée de honte, mais à laquelle, elle ne se déroberait pas, même si cela lui semblait
sacrilège; elle gémit encore plus fort, quand elle sentit le membre caché, buter au fond de ses entrailles offensées.
Le membre lui sembla colossal. Elle frémit à l'idée de cette virilité qui s'enfonçait dans ses entrailles et une volupté
nouvelle vint s'ajouter à celle qui montait en elle. Paul, les mains aux hanches, poussa bientôt des reins, et le gland
amolli par la précédente jouissance se prêta aux replis de l'exiguë bouche; l'anus plissé s'ouvrit sous la poussée
continue, lente, inexorable, se distendit suivant le cône de chair qui s'infiltrait en lui comme l'épée dans son fourreau.
Paul sodomisa profondément ce jeune corps soumis, se regardant glisser hors de l'étui intime, se contracter et
distendre les bords plissés de l'anneau anal. Bientôt, l'excitation fut trop forte et il accentua la cadence, secouant la
croupe empalée. Patricia, elle même avivée par ce frottement intense dans ses entrailles forcées, s'abandonna
à son tour, tandis que l'homme lançait en elle, par saccades quatre jets de sperme visqueux et âcre. Elle se tordit de
jouissance et, dans une longue plainte, soupira, s'écroula, vaincue par un orgasme dont l'intensité la bouleversa.
Paul se retira, la libérant; Patricia voulut le prendre dans sa bouche pour le laver, mais dédaigneusement, il refusa.
Semi-consciente, elle pensa seulement qu'aucun orifice de son corps ne serait épargné, qu'elle devrait aussi accepter
d'être prise au plus étroit et savait que cette humiliation lui serait infligée par la volonté de la maîtresse qu'elle aimait.
Elle était là pour que Sarah assouvisse ses plus bas instincts, ses plus vils fantasmes; au fond d'elle même, elle était
décidée à ne pas la décevoir. En fut-elle délivrée ? Chaque jour et pour ainsi dire rituellement salie de sueur, de salive,
et de sperme, elle se sentait comme un réceptacle d'impureté. Cependant les parties de son corps les plus souvent
offensées lui paraissaient, malgré elle, plus belles, comme anoblies. Sa liberté serait pire que n'importe quelle chaîne.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Obstinément, Patricia gardait son front contre la vitre. Le soleil et le silence la brûlaient.
La campagne, comme une peau bien morte, s'étirait sous ses yeux. Un grand morceau de
cette peau, à chaque kilomètre, s'arrachait d'elle-même et la laissait désespérée, mais vive.
Elles avaient l'air invincible, chacune dans une armure et un rocher. Si l'on regardait de plus
près, leur visage était décomposé par le désir, l'envie ou le bonheur. Sarah, c'était le besoin
de s'affirmer comme une femme, capable de faire souffrir. Patricia ne parvenait pas à affadir
son amour pour elle. Il ne faut pas reprocher aux gens, d'être un peu faibles. Ils ont tort de le
montrer, voilà tout, avait dit Sarah. Les traces, sur le corps de Patricia mirent quinze jours à
s'effacer. Encore lui resta-t-il, aux endroits où la peau avait éclaté, une balafre un peu blanche,
comme une ancienne cicatrice. Mais aurait-elle pu en perdre le souvenir; qu'il lui aurait été
rappelé par le comportement de sa Maîtresse. Elle attendit longtemps, se demandant si elle
la surprendrait en pleine nuit, si elle viendrait seule ou accompagnée. Elle souhait qu'elle
vienne pour provoquer des marques nouvelles. Si Sarah poussait Patricia au paroxysme de
l'épuisement et de la souffrance physique lors de séances très éprouvantes, l'amenant à la
limite de la rupture psychologique, il lui suffisait de lire dans son regard la satisfaction pour
prendre conscience de son plaisir et cela pouvait décupler ses forces. La crainte de la
décevoir par un refus la poussait parfois à accepter certaines humiliations qui pourtant la
révulsaient, mais qui attestaient de son appartenance à elle. Donner ce bonheur, obéir, se
soumettre, endurer et tout accepter d'elle était la seule préoccupation de Patricia. Elle savait
aussi que les raisons de provoquer ces traces pouvaient disparaître. Sarah pouvait-elle un
jour l'abandonner en rompant le lien qui les unissait. Bouleversée, elle regarda son pauvre
corps mince où de fines balafres blanchâtres faisaient comme un quadrillage au travers des
épaules, des cuisses, du ventre et des seins. En quelques endroits, un peu de sang perlait.
L'un des plus grands bonheurs de sa vie était de se débarrasser des tabous qui l'habitaient.
Sa fierté à sa soumission dans l'abandon lui procurait une exaltation proche de la jouissance.
Elle se disait aussi que tout était bien, car Patricia était heureuse d'aimer en elle son esclave.
Il lui suffisait d'y songer, d'entendre simplement parfois sa Maîtresse lui dire qu'elle l'aimait.
Après une route qui lui parut interminable, elle arriva dans la ville. Des carrefours sans âme et des feux se
succédèrent jusqu'à ce que la voiture s'engageât dans une ruelle si étroite qu'elle lui fit penser à une espèce
de coupe-gorge où elle n'aurait jamais osé s'aventurer seule. Elle avait si peur qu'elle se mit à trembler. Sarah
arrêta la voiture devant un portail austère où un homme à l'imposante stature les attendait. Le temps de réprimer
son angoisse, elle se retrouva, les yeux bandés face au colosse. Sa Maîtresse lui attacha les mains derrière le
dos. Une poigne brutale et soudaine enserra ses bras frêles et la conduisit dans une pièce minuscule plongée
dans l'obscurité totale, une sorte d'antichambre où elle attendit un long moment, dans un état d'angoisse et
d'excitation extrême. Une présence se manifesta bientôt en l'arrachant de sa torpeur. On la poussa dans un
escalier qu'elle devina tortueux. L'odeur de la terre humide emplit ses narines. Au bas de l'escalier, une cave.
L'inconnu, qu'elle n'osait toujours pas regarder, demanda alors, après avoir passé la main sur ses seins et le
long de ses reins, qu'elle écartât les jambes. Sarah la poussa en avant, pour pour qu'elle fût mieux à portée.
Cette caresse, qu'elle n'acceptait jamais sans se débattre et sans être comblée de honte, et à laquelle elle se
dérobait aussi vite qu'elle pouvait, si vite qu'elle avait à peine le temps d'en être contrainte, il lui semblait sacrilège
que sa maîtresse fût à ses genoux, alors qu'elle devait être aux siens, elle sentit qu'elle n'y échapperait pas.
Elle gémit quand les lèvres étrangères, qui appuyaient sur le renflement de chair d'où part la fine corolle inférieure,
l'enflammèrent brusquement, le quittèrent pour laisser la pointe chaude l'enflammer davantage. Elle gémit plus fort
quand les lèvres la reprirent. Elle sentit durcir et se dresser le membre qui l'étouffait, qu'entre les dents et les lèvres,
une onde aspirait, sous laquelle elle haletait. L'inconnu la quitta d'un brusque arrachement et lui aussi cria. Dans un
éclair, Patricia se vit délivrée, anéantie, maudite. Elle avait accomplit la fellation avec un recueillement mystique.
Elle comprit enfin que le membre qui la pénétrait était un olisbos dont Sarah s'était ceint la taille. Avec un vocabulaire
outrageusement vicieux, elle exigea d'elle qu'elle se cambre davantage, qu'elle s'offre totalement pour qu'elle puisse
être remplie à fond. Elle céda à l'impétuosité d'un orgasme qu'elle aurait voulu pourvoir contrôler; c'était la première
fois qu'une femme la possédait par la seule voie qui soit commune avec un homme. Sarah parut subitement échauffée;
elle s'approcha d'elle, la coucha sur un lit, écarta ses jambes jusqu'au dessus de son visage et exigea qu'elle la lèche.
Ses cuisses musclées s'écartèrent sous la pression de sa langue. Elle s'ouvrit davantage et se libéra violemment dans
sa bouche. Patricia ne sentait plus que le collier, les bracelets et la chaîne, son corps partait à la dérive.
Des mains glacées se posèrent sur sa peau et la firent tressaillir. Ce premier contact l'avait surprise mais elle s'offrit
avec docilité aux caresses qui devinrent très vite agréables. On lui fit savoir que plusieurs personnes étaient venues
assister à son dressage. Chacune d'entre elles allait lui donner dix coups de fouet. Elle se préparait à cette épreuve
en se concentrant sur la volonté dont elle allait devoir faire preuve. Elle fut mise à nue et attachée sur la croix de Saint
André. Elle reconnut immédiatement les coups de fouet appliqués par sa Maîtresse. Elle a une méthode particulière,
à la fois cruelle et raffinée, qui se traduit par une sorte de caresse de la cravache ou du martinet avant le claquement
sec toujours imprévisible et judicieusement dosé. Patricia sait mieux que quiconque la dresser. Après le dernier coup,
elle caressa furtivement ses fesses enflammées et cette marque de tendresse lui donna le désir d'endurer davantage.
On lui ordonna de se mettre à quatre pattes, dans la position sans doute la plus humiliante pour l'esclave, mais aussi
la plus excitante pour l'exhibitionniste que sa Maîtresse lui avait appris à être, en toutes circonstances et en tous lieux.
Elle reconnut à leur grande douceur des mains de femme qui commencèrent à palper son corps. Avec un certain doigté,
elles ouvrirent son sexe. Peu après, son ventre fut investi par un objet rond et froid que Sarah mania longtemps et avec
une extrême lubricité. Les Maîtres décidèrent alors qu'elle devait être reconduite au premier étage.
On lui débanda les yeux et elle put connaître le visage des autres invités de cette soirée mémorable. Elle découvrit
ainsi que Laurence était une superbe jeune femme brune aux yeux clairs, avec un visage d'une étonnante douceur
dégageant une impression rassurante de jovialité. Elle se fit la réflexion qu'elle était physiquement l'inverse d'une
dominatrice telle qu'elle l'imaginait; elle fut mise à nouveau dans le trou aménagé dans le mur, où elle avait été
contrainte la veille. Pendant que l'on usait de tous ses orifices, un inconnu exhiba devant elle son sexe congestionné
qu'elle tentait de frôler avec ses lèvres, puis avec la pointe de sa langue dardée au maximum.
Mais l'homme, avec un raffinement de cruauté qui acheva de l'exciter, se dérobait à chaque fois qu'elle allait atteindre
sa verge, l'obligeant à tendre le cou, la langue comme une véritable chienne. Elle entendit quelques commentaires
humiliants sur son entêtement à vouloir lécher la verge de l'inconnu; ces injures, ajoutées aux coups qui ébranlaient
son ventre et aux doigts qui s'insinuaient partout en elle, lui firent atteindre un orgasme dont la soudaineté la sidéra.
Elle avait joui, comme fauchée par une rafale de plaisir que rien n'aurait pu retarder. Sa Maîtresse l'avait pliée à toutes
ses fantaisies, l'avait façonnée à sa mesure, avait exigé et obtenu d'elle les complaisances les plus outrageantes.
Patricia n'avait plus rien à livrer qu'elle ne possédât déjà. Du moins, elle le pensait. Mais elle était infiniment heureuse.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Une voix qui répète qu'elle vous aime et, derrière cette voix, imaginez ce qu'il vous plaira,
car elle dira rien d'autre. Les silences tendres, les mots échappés, tout cela vous importe
peu. Cette voix vous accable. Vous voudriez la chasser. Hélas, Patricia, avec ses belles
mains fines, était là, toujours là. Elle se multipliait au long des semaines, monotone et
identique. On ne se sauve que par l'excès, se disait-elle. Elle ne précisait pas devant quoi
elle se sauvait. Elle avait entre les reins une terrible dureté, dont on abusait trop souvent.
Elle n'avait pas besoin de bonheur. La souffrance, qu'elle savait parfaitement se procurer,
l'avait rendue presque sensible à l'existence des autres filles qui comme elle étaient livrées.
Dire que dès la seconde où sa Maîtresse l'eût quittée, elle commença de l'attendre, est peu
dire. Elle ne fut plus qu'attente et que nuit dans l'abstinence de ses supplices. Tout le temps
qu'elle demeura dans la salle de bain, elle se regarda dans le miroir, incapable de retenir
l'eau qui s'échappait de son corps. Il faisait plus chaud que d'habitude. Le soleil et la mer
l'avaient déjà dorée davantage, ses cheveux, ses sourcils et la très fine toison de son ventre.
Il y aurait beaucoup de choses à lui dire, mais d'abord, celle-ci, que je crains de deviner en elle de la légèreté.
Elle aimait la légèreté des choses, des actes, de la vie. Elle n'aimait pas la légèreté des êtres, tout ce qui était
un peu au-dessus du niveau semblait heurter Patricia. Elle ne recherchait pas à s'attribuer beaucoup de mérites
en ce monde ni dans l'autre, celui de l'abandon. Un sentiment d'insécurité pour son corps sans cesse meurtri. Elle
était bien jeune et ne savait même pas si elle possédait un peu de lumière. Sarah était arrivée quand elle était
dans l'ombre, et maintenant, il fallait arranger les choses. Tant pis pour elle. Les souvenirs qui ont su être poètes
de sa vie, c'est à dire dans le désordre, plaisir et enivrement de l'imagination. Mais dans la moindre de ses paroles,
raisonnable douce-amère, ce cadeau imprérieux du ciel, le lot avait oublié sa jeunesse, l'allégresse avec laquelle
elle devait accepter l'insistance, la mauvaise grâce, et la maladresse. Comme le fouet et les doubles fenêtres pour
que l'on ne l'entende pas hurler. Ses mains s'agrippaient aux colonnes du lit, où Sarah les assujettissait à l'aide de
fines cordelettes qui lui sciaient les poignets. Des sangles passaient dans les bracelets de ses chevilles. Elle était
allongée sur le dos, de telle façon que ses jambes surélevées et écartelées laisse à Sarah toute la fantaisie de la
fouetter. Elle était debout à coté d'elle, un martinet à la main. Aux premières cinglades qui la brûlèrent aux cuisses,
Patricia gémit. Mais elle ne voulait pas demander grâce, même quand sa Maîtresse passa de la droite à la gauche.
Elle crut seulement que les cordelettes déchireraient sa chair, tant elle se débattait. Mais Sarah entendait marquer
sa peau de traces nobles et régulières et surtout qu'elles fussent nettes. Il fallut subir sans souffle, sans troubler
l'attention de Sarah qui se porta bientôt sur ses seins. Elle allait retrouver sa considèration en s'accomodant de son
statut d'esclave et non pas de soumise. Et il n'était pour elle de plus grand bonheur que de se savoir appréciée.
L'amour mais avec un arc-en-ciel d'émotions vertigineuses en plus rayonnait toujours chaque parcelle de son corps.
Patricia n'avait pas très mal; chaque cinglement amenait seulement un sursaut, une contraction de ses muscles
fessiers, mais peu à peu, une douce chaleur irridia sa croupe, se propageant à son vagin. Une torsion des cuisses
et de ses hanches donnait au corps un balancement lascif. De la bouche de la suppliciée sortirent de longs soupirs,
entrecoupés de sanglots. Sarah, excitée, commença à frapper plus fort par le travers et les gémissements furent
plus profonds. En même temps qu'elle entendait un sifflement, elle sentit une atroce brûlure sur les cuisses et hurla.
Elle la flagella à toute volée sans attendre qu'elle se tût, et recommença cinq fois, en prenant soin de cingler chaque
fois, ou plus haut ou plus bas que la fois précédente, pour que les traces fussent quadrillées. Patricia crispa ses
poignets dans les liens qui lui déchiraient la chair, le sang monta à sa tête. Alors Sarah s'accroupit près des épaules
de Patricia et lui caressa le visage, penchée sur elle, lui donnant de longs baisers qui grisèrent la soumise éplorée.
Mais elle recommença, frappant plus fort, les fines lanières s'écrasèrent dans un bruit mat sur la pointe des seins.
Patricia laissa couler quelques larmes. Alors Sarah arrêta de la flageller. Elle ne la détacha pas de ses liens,
mais la laissa ainsi exposée, le reste de la soirée, deux longues heures, cuisses ouvertes et relevées sur le lit.
Elle ne cessa de souhaiter refermer ses jambes. Penchée sur le ventre offert de sa soumise, Sarah posa ses
lèvres frémissantes sur le sexe humide et ardent, la faisant sombrer dans une indicible félicité, tandis que de
sa bouche s'échappait la plainte d'amour, des gémissements étouffés de la chair humide et palpitante, elle céda
à la jouissance. Sarah dut maintenir ses hanches à deux mains, tant les sursauts du spasme furent violents et
inintérrompus. Elle se consuma; sans doute, ce ne fut pas là seulement la sensation du plaisir mais la réalité
même. Penchée au-dessus d'elle, Sarah tenait à la main une bougie. D'un geste lent, le bougeoir doré s'inclina sur
sa peau, la cire brûlante perla ses seins en cloques blanchâtres et incandescentes. Son martyre devint délicieux.
Le fantasme d'être brûler vive augmenta son excitation. Elle perdit la notion du temps et de la douleur. Elle aimait
l'idée du supplice, lorsqu'elle le subissait elle aurait trahi le lien qui l'unissait à Sarah pour y échapper, quand il était
terminé elle était heureuse de l'avoir subi d'autant plus épanouie qu'il avait été plus long et plus cruel. Sa Maîtresse
ne s'était pas trompée à l'acquiescement ni à sa révolte, et savait parfaitement que son merci n'était pas dérisoire.
Patricia ne se lassait de sentir le satin de ses caresses, de haut en bas et de bas en haut. C'était toujours comme
pour la première fois qu'elle éprouvait le bonheur dans la forme la plus belle de la soumission, celle de l'abnégation.
De la souffrance qu'elle aimait subir, elle n'en éprouvait aucune honte. Se laisser fouetter, s'offrir à des inconnues,
être toujours accessible, aimable et nue. Elle ne se plaignait jamais. Pour l'amour qui faisait battre son cœur, on ne
la forçait jamais. On était fâché contre elle parce qu'on ne lui connaissait pas de rébellion. C'était de la discrétion.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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Elles descendirent le long du lac. Quelques fiancés se promenaient sur le sentier qui le longeait. Elles les croisaient et s'embrassaient quand elles étaient seules. Une brume froide et blanche les enveloppait. Partout, le calme et l'absence, un paysage lunaire, une vie désertique, des branches mortes, des lumières glacées dans la nuit qui commençait à venir. Sarah tournait son visage vers le sien. D'elle, elle voulait savoir quelque chose et n'apprenait rien. Patricia demeurait silencieuse. Quelle peur des êtres ou quel ennui l'enfermait à l'intérieur de cette armure. Qu'avait-elle fait ? Elle serra les lèvres, demeura une seconde immobile. Elle ne voyait rien, mais elle souriait. Quand elle avait le courage, ou plutôt le cœur, d'accepter cette insensibilité, elle lui parlait tendrement, comme on parle à un fantôme. Elle avait toujours envie de lui demander: "Pourquoi acceptes-tu de souffrir ? Pourquoi aimes-tu être fouettée ?" Mais, elle disait seulement: "Cela n'a pas d'importance, je t'aime." Patricia avouait son amour dans la soumission et la douleur. Sarah la croyait. La brume l'aidait à supporter cette idée. Dans la brume, parfois tout est vrai. Il y avait d'assez jolis reflets sur le lac. Les yeux extasiés de Patricia, sa voix douce, chavirée, son air de marcher sur les nuages, en apesanteur, son succès, tout montrait la vérité. Comme les traces nettes que laissait le fouet sur son corps de bronze. Elle n'avait pas le droit de se plaindre, elle avait parfois l'autorisation de jouir. Sur un lit blanc, elle avait rencontré sa Maîtresse. Sarah avait pris ce visage entre les mains, elle l'avait regardé de toutes ses forces. Elle s'était allongée sur elle. Quel plaisir nouveau ce fut quand Patricia la remercia de l'avoir fouettée. Sa bouche refermée sur son sexe, les pointes de ses seins constamment froissées, les cuisses écartelées sur le chemin de son ventre, labouré à plaisir quand à sa fantaisie, Sarah imitait l'homme, ceinte d'un olisbos, chaque jour, de plus en plus large, l'élargissait. Le spectacle constant de son corps toujours offert, mais aussi la conscience de son propre corps. Patricia en était éclairée comme par le dedans, et l'on contemplait en sa démarche le calme, et sur son visage l'impalpable sourire intérieur que l'on devine dans les yeux des soumises. Tu as commencé à te taire. Tu as voulu m'aimer. Sans doute la vie n'est-elle pas faite pour les adolescentes. Elle lui demandent la lune, elle ne peut offrir que la juste densité de la terre. La vie, elles la supportent, les outrages et les châtiments corporels. Elles l'aiment parfois tant qu'elles ne la connaissent pas, elles l'inventent pour la rendre semblable à elles mais l'illusion est brève. Patricia rêvait. Lorsque Patricia s'apercevra que sa vie rêvée est en rupture de réalité, pour la plupart des dons qu'elle réclame d'elle, elle sombrera dans la mélancolie. Il n'est ni plaisant de changer de peau, d'autant moins que la mue des femmes s'accomplit à contresens, du papillon à la chenille, et que la perspective de perdre ses ailes et d'apprendre à ramper sous le fouet n'est pas exaltante. Alors on refuse, on se cogne contre les barreaux de sa cellule. Tu te heurtes depuis trop longtemps aux contours aigus de la réalité, il fallait qu'enfin, tu te résignes car rien n'est plus triste que le regard d'une recluse. Ah, comment l'aurait-elle oublié ? Elle était la main qui lui bandait les yeux, le cuir qui lui tannait la peau, la chaîne au-dessus de son lit, et parfois des inconnues qui lui mordaient les seins, et toutes les voix qui lui donnaient des ordres étaient sa voix. Se lassa t-elle ? Non, à force d'être battue, il semble qu'elle aurait dû s'habituer aux coups, à force d'être caressée, aux caresses, sinon au fouet à force d'être flagellée. Une ignoble satiété de la douleur et de la volupté dût la rejeter peu à peu dans un monde irréel. Mais au contraire, le harnais qui la tenait droite, les liens qui la gardaient soumise, le bijou anal qui l'élargissait, le silence, son refuge y étaient peut-être pour quelque chose, comme le spectacle fréquent des jeunes femmes livrées comme elle. Je te comprends d'avoir voulu rester de l'autre côté de cette muraille mais c'était une mauvaise idée de tenter de m'entraîner avec toi. cela s'appelle de la désobéissance. La soumission heureuse est une invention d'intellectuels. Aucune soumise adolescente n'a exprimé autre chose que l'incertitude, la difficulté d'être, le trouble et le désespoir et c'est seulement à partir d'un certain niveau d'abnégation, qu'elles se font les poétesses du fouet, comme du charme du blé en herbe. La même réflexion vaut pour les amours passées. C'est vrai qu'elle était si belle et sans doute bouleversante avec son corps inachevé et la simplicité peureuse qui donne tant de velouté aux âmes à fleur de peau des adolescentes. C'est vrai que le premier soupir arraché l'une à l'autre est inoubliable. Tu l'as oubliée. Alors, tu veux ça, tu veux vraiment ce que je t'ai promis ? Ton visage se retourne vers mon sourire. Te taire, tu dois te taire. Nous en avons convenu ainsi. Tu devras t'efforcer de ne pas crier quand je te fouetterai jusqu'au sang. C'est la règle du jeu. Si tu désobéis, ce sera l'arrêt irréversible du jeu. Tes longs cils recourbés de siamoise, la fente de tes pupilles. Tes yeux rieurs. Sarah sait ce qu'elle veut. La fouetter, oui mais plus pour son plaisir. Elle va y prendre goût. Comme la semence des hommes. Elle s'en délecte maintenant. Déjà par dessus la nuque glisse le harnais en cuir. Ton corps supplie. Toujours de dos, nue à mes genoux. Bientôt, mes doigts simultanément, à gauche, et à droite, ont glissé, les lanières de cuir sur tes épaules et dans la fente de ton sexe. Les épaules de papillon, tes omoplates, ont frissonné. Les reins soudain cambrés par un flux de désir. Mon souffle effleurant le profil de tes seins érigés avec cette envie de toi qui tangue, cette envie de tout arrêter, cette envie de suspendre les gestes. Je t'attrape par le cou. Je te renverse sur le grand lit. Je te mords. Tu te rebelles. Tu me supplies. Patricia n'a pas de honte à exposer son corps asséché de plaisirs. Tout était évident. Tu es allongée. Au-dessus de toi, la caresse est légère presque rêvée, précisant l'ondoiement sur l'entrejambe à peine ouvert. Ton désir est envahissant. Tu écoutes les lèvres de ton sexe. Tu cèdes enfin, je ranime les flammes. Tes mains renversées, abandonnées, la paume en l'air, haletante de bonheur. Le feu envahit tes reins. Tu es foudroyée. Tu me fuses au visage les vagues de ton plaisir. L'orgasme est à nouveau proche d'enfler ton ventre. Il te pénètre. Mes doigts profondément en toi pour t'avoir encore de plus près, pour te fouiller encore plus loin, pour t'empêcher de te dérober à l'extase qui nous unit. Nos cris meurent en un baiser sauvage et cannibale, brutal comme la secousse qui nous bascule. Un baiser fou qui exacerba chaque gouttelette de jouissance. Bienheureuse soirée pareille à nulle autre, jamais Patricia ne l'accueillit avec autant de joie. Elle avait joui sans le fouet. Le temps cessa d'être immobile. Sarah lui défit les bracelets et le collier qui la tenaient captive. La nuit tomba sur elles. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Cette nuit-là, Sarah voulut l'observer dans son sommeil. Patricia reposait sur le ventre, les mains
sous l'édredon, recroquevillée en position fœtale. Elle se leva, s'assit dans un fauteuil et se surprit
même à retirer les draps jusqu'à ses chevilles pour mieux la contempler. Ses traits si parfaitement
réguliers qu'on en venait à espérer le hiatus qui bouleverserait cette harmonie, glaçante à force
d'équilibre. Ses cheveux courts qui annonçaient déjà tant de détermination dans le caractère et la
ferme intention de ne pas s'encombrer de préoccupations superflues. Sa peau laiteuse que l'on
eût crue encore en enfance si le travail du fard ne l'avait rendue diaphane. De sa tête, seul son
regard se dérobait à l'exploration, et pour cause; mais les yeux fermés, tout en elle paraissait si
limpide qu'on lui voyait l'âme. Y compris cette éternelle insatisfaction subtilement manifestée à la
commissure des lèvres. Son corps ferme et gracieux, refusant de tricher malgré la finesse de ses
hanches, ses seins superbes et ses paupières closes. Elle ne ruserait pas et demeurerait à jamais
solidaire de tous ses âges, du moins c'est ce qu'elle prétendait, consciente qu'une telle attitude est
plus aisée à soutenir avant quarante ans qu'après. Tout de même, depuis deux ans que Juliette
avait pénétré par effraction dans sa vie, elle ne pouvait éviter de comparer les deux femmes en
toutes choses, à commencer par la plus intime, et elle savait où se trouvait la grâce. L'une était la
règle constatée parmi tant de compagnes: une âme active dans un corps inoccupé. L'autre était
l'exception observée chez tant d'amies de cœur: l'ineffable trinité du corps, de l'âme et de l'esprit.
L'une était en charge, elle gérait et assumait, avec elle ça fonctionnait, pour reprendre ses affreux
mots. L'autre avait le don des larmes. Sarah aurait voulu découvrir Patricia comme si elle la regardait
pour la première fois. La désirer avec le même élan. Mais, ainsi penchée vers elle, surgie de la
pénombre, les coudes sur les genoux, elle semblait plutôt veiller une morte. Depuis une dizaine
d'années qu'elle partageait la vie de Patricia, elle s'interrogeait pour la première fois sur ce qu'elle
était vraiment, comme s'il s'agissait d'une étrangère rencontrée la veille dans un train de nuit.
Elle savait des choses que nul ne savait mais ne voyait pas ce que tout le monde voyait. Elle croyait tout
connaître d'elle, mais rien de plus. Jamais elle n'avait autant ressenti ce manque qu'en cet instant précis,
à la faveur de cette relation si anodine aux yeux des autres mais capitale aux siens. Fallait-il qu'elle ait un
désir charnel intact pour choir dans un tel gouffre existentiel au bord vertigineux du lit. Se sentait-elle un
peu vulnérable depuis le choc subi lors de la première séance de soumission, la facilité avec laquelle elle
s'était donnée. Mais non, ça ne pouvait pas être cela, pas uniquement. Pour la première fois en une dizaine
d'années, elle remettait en question ce qu'elle savait de Patricia. Une phrase l'obsédait: "Êtes-vous vraiment
sûre d'elle ?." La question avait été posée par le dermatologue qu'elle avait consulté un jour de démangeaison
inexpliquée, au lendemain d'une étreinte fugace et violente dans la cage d'escalier de la Faculté avec une
collègue de travail qui lui était apparue soudainement irrésistible: "Probablement une mycose superficielle,
vous auriez dû prendre le temps de vous renseigner, mais êtes-vous vraiment sûre d'elle ?", lui avait répété le
médecin en se penchant sur son cas avec la curiosité primesautière d'un mycologue en cueillette aux confins
de la forêt de Fontainebleau. Mais de qui est-ton vraiment sûre quand on ne l'est même pas de soi ? Sarah
ne l'était plus de sa propre compagne. Plus, elle la méditait, plus le bloc de mystère se durcissait. Indéchiffrable,
celle qu'elle l'avait toujours crue si lisible. Le soupçon avait instillé le doute. Elle la regardait dormir tout en se
demandant si elle dormait vraiment. Une énigme que cette belle gisant dans leur lit. Elle la regardait dormir et
la jugeait. Rien ne semblait pouvoir troubler le sommeil de Patricia. Mais quelle Patricia observait-elle dans la
pénombre de leur chambre: la compagne, l'amante, la soumise ? Elle les aimait toutes à travers celle qu'elle
était devenue. Mais comment prétendre aimer quelqu'un à qui l'on ment sur l'essentiel ? S'installer dans cette
contradiction, c'était déjà y répondre. Tant de choses avaient eu lieu et tant de paroles avaient été échangées,
souvent si regrettables mais jamais regrettées. Elles avaient déjà éprouvé de la haine mais jamais encore de
l'indifférence, qui est son stade ultime. L'oubli étant essentiel à la survie, elles étaient capables d'oublier.
Chacun son rôle. Ça tenait presque à rien. C'est pourquoi nulle n'était prête à y renoncer si facilement. Sarah
avait rencontré Juliette. Le contraire idéal de Patricia, son négatif dans la soumission et dans la vie. Patricia
était brune, Juliette était blonde, le teint toujours hâlé, un corps superbe où tout était parfaitement en place
dans les quantités recommandées par les magazines féminins et les proportions suggérées par les magazines
masculins, le rire adorablement mutin, qui donnait le change avec brio mais qui semblait se moquer de tous les
enjeux. Des signes d'une nature insoupçonnée, secrètement scellée par une complicité acquise par le fouet et
en se chevauchant dans un lit. Après, quoi qu'il advienne, on ne se regarde plus de la même manière. On est
conniventes pour toujours puisque, en toutes choses, et plus encore en amour, on oublie jamais les premières
fois. Leur intimité avait façonné un monde de souvenirs communs. Les volets tirés, la chambre obscure, malgré
des raies de clarté à travers les bois mal jointés, Juliette gémit plus d'une heure sous les caresses de Sarah,
et enfin les seins dressés, les bras rejetés en arrière, serrant à pleine main les barreaux qui formaient la tête du
lit baldaquin, elle commença à crier lorsque Sarah se mit à mordre lentement la crête de chair où se rejoignaient,
entre les cuisses, les fines et souples petites lèvres. Sarah la sentait brûlante et raidie sous sa langue, la fit hurler
sans relâche, jusqu'à ce qu'elle se détendit d'un seul coup, moite de plaisir, épuisée mais heureuse.
Le lendemain, Sarah l'avait vue sourire, si curieusement qu'elle se demanda ce qu'elle avait imaginé sur l'instant.
Juliette ne portait qu'un corset, la serrant à la taille, dont l'armature dessinait la poitrine, les seins largement offerts,
ligotant durement le sexe par le cuir des lanières. Sarah tira ses bras, l'un après l'autre, pour les tendre davantage.
Les chevilles et les poignets entravés par des bracelets, Juliette sentit bientôt ses jambes s'élonger. Puis Sarah
lui caressa le visage. Aux premiers coups de cravache qui lui brûlèrent le haut des cuisses, elle gémit. Sarah
passa de la droite à la gauche, s'arrêta puis continua. Juliette se débattit de tout son corps. Elle crut que le jonc
la déchirerait. Elle ne voulut pas supplier, demander grâce. Mais bientôt, elle céda aux cris et aux larmes. Sarah
ne s'arrêta qu'au quarantième coup. Juliette s'offrit sans réserve en ressentant sa première jouissance cérébrale
de femme soumise à une femme qui l'obligeait à souffrir. Quelque chose d'indéfinissable sembla avoir pris le
contrôle de son cerveau en commandant à son corps de jouir de cette souffrance fulgurante magnifiée par son
obéissance servile. Ce fut une révélation prodigieuse pour elle que de parvenir à se libérer. Elle était si clair de
joie, et de cheveux que sa peau hâlée ne semblait pas marquée. Elle remercia Sarah perdue dans sa double vie.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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