Elle attend au coin de la rue que l’heure arrive. Un sandwich au thon à la main, elle guette les passants en prenant de temps à autre une bouchée. Elle attend quelqu’un depuis quelques minutes maintenant. Elle ne sait pas exactement qui, elle pense qu’elle le reconnaîtra quand elle le verra. Madeleine a 31 ans, une bouche en cœur et des cheveux d’or qui la font toujours paraître plus jeune. Mais en ce soir pluvieux, ses cheveux sont dissimulés derrière une parka noire et l’on ne devine rien de son visage.
Ça y est : il est enfin arrivé. Elle abandonne son sandwich au thon dans une poubelle et parcourt en quelques enjambées les mètres qui la séparent de lui.
« Bonjour. »
Il tourne son visage vers elle, pas vraiment surpris. C’est comme s’ils s’étaient donnés rendez-vous plus tôt dans la journée. Comme s’il savait déjà qu’il allait la trouver ici, dégoulinante de pluie à l’attendre patiemment. Sans échanger un mot supplémentaire, ils se dirigent tous deux vers une allée plus calme, plus sombre aussi. L’homme marche quelques pas devant Madeleine, sans se retourner pour vérifier si elle le suit ou non.
Madeleine sent son cœur accélérer un peu. Elle ne sait pas où ils vont, si elle a confiance, si elle désire toujours que ça arrive. Elle ne sait pas exactement à quoi elle renonce, ce qu’elle offre ou ce qu’elle perd. Elle se contente de suivre, c’est plus facile que de poser des questions dont elle ne désire pas entendre les réponses.
Finalement, ils finissent par s’arrêter devant un immeuble à la façade peu reluisante. D’un geste, l’homme l’invite à en franchir le pas et à gravir les escaliers. Madeleine n’hésite pas, même si intérieurement une angoisse monte : à quel étage s’arrêter ? elle est comme ça, Madeleine, à s’inquiéter pour des détails, des broutilles. Elle ne voudrait pas que le silence se brise : a-t-elle peur qu’il change d’avis ?
Heureusement, avant qu’ils atteignent son appartement, l’homme la dépasse dans l’escalier et tourne la clef dans la serrure.
Madeleine ne regarde pas les lieux : elle sait qu’elle ne s’en souviendra pas. La seule chose qu’elle voit c’est lui, qui s’avance dans la pièce. Qui ne parle toujours pas, sans que ça l’inquiète. Elle savait qu’il ne pourrait pas lui parler.
Prenant les devants, Madeleine s’approche de l’homme. Si près qu’elle peut sentir son odeur : un mélange de pluie, de boue et… de sandwich au thon. Elle voit son propre reflet dans les yeux de l’homme : sa propre tristesse mêlée de désir. Alors elle s’approche et pose ses lèvres mouillées sur les siennes, et ça la soulage. Elle se sent moins triste soudainement. Elle espère que la passion s’allume brusquement entre eux. Il pourrait la prendre sur cette table de cuisine, la fesser sur le canapé ou encore la cajoler contre le mur.
Elle ferme les yeux et imagine : cet homme la prend dans ses bras. Il la serre tellement fort qu’il lui fait mal, et ça fait du bien ! enfin, elle existe. Elle est nue face à lui, sa parka en lambeau traîne par terre. Madeleine est belle : une peau blanche et propre, de grands yeux ouverts sur le monde, des formes longilignes. Alors elle se couche devant lui et lui sourit.
« S’il vous plaît… »
Il se penche vers elle et l’embrasse tendrement. Simultanément, il lui tire les cheveux pour lui rappeler qu’elle est à lui, qu’elle n’appartient à personne d’autre. Il enfonce sa langue dans sa bouche et parcoure son corps nu de sa main. Il veut savoir qui elle est, son histoire et lire son corps. Il voudrait que son esprit s’ouvre autant que ses cuisses.
Et Madeleine s’ouvre : au plaisir, au désir, au soulagement d’être regardée. En cet instant, elle n’est plus vraiment seule. Cet amant qui la possède, qui vient de se glisser entre ces cuisses, qui la regarde avec son visage flou. C’est lui qu’elle a toujours attendu.
Alors elle gémit, se tortille, lui dit d’aller plus fort, de la prendre toute entière. Leurs corps et leurs esprits s’emmêlent. Elle ne voit que lui. Qu’est-ce qu’il y a d’autre à voir que lui d’ailleurs ?
« Je vous aime. »
Mais l’homme ne répond pas. Il ne peut pas répondre. Piégé qu’il est à l’intérieur d’un rêve qui ne lui appartient pas.
Il y a quelques minutes, il est passé devant Madeleine et a déposé une pièce de 20 centimes dans son gobelet en carton à côté de la pancarte qui indique « aidez-moi ». Madeleine a à peine remué, perdue qu’elle était dans son songe, avec les yeux grands ouverts sur le monde. Elle l’a vu partir, a voulu courir le rejoindre. Au lieu de ça, elle a serré sa couverture trouée sur son corps, s’est couchée sur le sol à quelques centimètres d’un reste de sandwich au thon et a prié pour que cet inconnu revienne.
Aidez-moi.
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Je suis disponible de ce jour au 28 février 2025. C’est le temps que les dominants ont pour me contacter avant que je ne sois de nouveau indisponible à la vente. Mais avant de sauter dans ma messagerie, un peu de remise en contexte : j’ai récemment quitté mon dernier dominant en date qui a mis la barre très haute. Si vous voulez une relation avec moi, il va falloir être au pire aussi bien que lui. Si d’ici le 28 février 2025 je n’ai toujours pas trouvé de dominant… je retournerai tout simplement avec lui ! Et là, on pourrait se demander pourquoi je ne retourne pas directement avec lui « s’il est si parfait ton ex dominant ». Bonne question, en effet. Parce qu’il n’est pas parfait du tout. Que plein de choses ne me convenaient pas et que je n’ai pas souhaité poursuivre dans cette direction. Les moins bêtes d’entre vous l’auront compris, ce message est une blague (plus ou moins) pour me distraire de l’envie de retourner avec lui. Mais je garde en tête la possibilité de renoncer à ma recherche de dominants vu les profils tous plus nuls les uns que les autres avec qui j’ai eu la déception immense de converser (surtout que certaines personnes ne se sentent pas visées, si j’ai passé plus de deux heures avec vous, c’est que vous en valiez la peine, même si ça n’a pas fonctionné). Vous voyez que je ne suis pas une harpie sanguinaire terrifiante au bout du compte ! :)
Pour conclure, je donne jusqu’au 28 février 2025 à mon dominant idéal pour me trouver ! Ensuite, on avisera.
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Perdue. Ou du-per, selon qui parle. Je commence à me demander si toutes ces envies de soumission ne sont pas le fruit de mon imagination. Si je ne me suis pas persuadée d'aimer ça pour fuir mon incapacité à désirer une relation normale. Le BDSM n'est rien qu'une autre norme, dans laquelle il peut être facile de se conformer pour ceux qui veulent paradoxalement échapper à la norme.
J'ai été frappée par mon refus de faire deux fois la même erreur. D'obéir à quelqu'un en appartenant déjà à un dominant. Je pensais que je ne serais jamais confrontée une nouvelle fois à cette situation. Je pensais que j'aurais le courage de partir quand je ne désirerais plus suffisamment mon dominant pour ne voir que lui. Alors cette fois je me suis retenue. Mais pour combien de temps ? Je suis peut-être en train de faire la même erreur au fond : celle de rester par peur de tout perdre.
J'ai tellement peur qu'on m'abîme et que je perde toute valeur que je finirai sûrement comme ces poupées de porcelaine en vitrine, sous des couches de poussière à regarder vivre les autres.
Je ne veux plus être cette utilitariste qui se saisit des plaisirs à sa portée. Je ne veux plus me servir des autres pour passer à autre chose. Je crois que j'ai déjà fait tellement preuve d'égoïsme que l'idée même d'y retourner me dégoûte. Mais je n'arrive pas à accepter l'idée de tout sacrifier non plus.
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Vous avez voulu savoir à quoi je pensais. Pourquoi soudainement j'avais l'air si triste ? La fin des choses me fait souvent de la peine mais je l'accepte. Avec vous, il a fallu que ce soit différent. Je n'accepte pas de savoir que vous ne m'embrasserez jamais. Que je n'aurai jamais à vous sucer. Que je ne pourrai jamais vous prendre dans mes bras.
J'aurais voulu que vous me forciez. Que vous me hurliez dessus de vous répondre. Parce que je vous appartiens. Mais je sais que ce n'est plus le cas. Je n'ai plus à vous obéir, plus à vous être soumise. Quand je dis "non", il n'y a pas de conséquence. Parce que c'est moi qui décide. Pour une fois, nous sommes sur un pied d'égalité et ça ne m'a jamais paru aussi difficile. Vous avez insisté pourtant. Mais je n'ai pas répondu, et vous l'avez accepté.
En refusant d'obéir, je coupe les quelques liens qui nous restaient. Mais je ne pourrai jamais me contenter d'être votre pute. Même si j'adore ça. Même si j'en jouis. C'est le plus douloureux des adieux. J'ai peur, mais personne ne va venir m'aider. Parce que la seule main dont j'ai besoin c'est la vôtre.
J'ai réfléchi longuement, à savoir si je souhaitais reprendre une relation avec vous. Je crois que la réponse est non. Bien sûr si vous m'en laissiez l'opportunité je le ferais. Je me jetterais à vos pieds pour que vous m'utilisiez encore et encore. Mais au fond de moi, je sais que je ne pourrai plus être heureuse dans cette relation que nous avions. Pas sans jamais se voir. Pas avec quelqu'un de 30 ans de plus que moi. Et pourtant, je vous aime, c'est vrai. Mais il n'y a plus rien à construire ensemble. On a tout détruit sur le passage. Il n'y a plus qu'à guérir nos blessures ensemble et espérer que nos chemins se sépareront sans un bruit. C'est la seule fin désirable que je peux imaginer aujourd'hui.
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Cette question ne me serait jamais venue en tête si des dominants (bien intentionnés, je le précise) n'avaient pas tenté de me dissuader à plusieurs reprises de devenir soumise sans avoir jamais connu d'expérience vanille auparavant.
Le fait est que pour plusieurs raisons, la plupart indépendantes de ma volonté, je n'ai jamais désiré avoir de relations vanilles dès l'instant où j'ai eu connaissance du type de relation qui m'intéressait vraiment. J'exagère un peu, ça a dû prendre deux ans en tout pour que j'en prenne conscience.
Tout ça signifie que je n'ai jamais eu le plaisir, l'honneur et l'avantage, de voir un mec de 20 ans poser ses jeunes pattes sur moi maladroitement. Je n'ai jamais eu ces premières caresses maladroites (pourtant les premières que j'ai reçues étaient tout aussi maladroites, un mauvais calcul) ou ces échanges de regard pendant les soirées. J'en serais probablement pour toujours privée, étant donné que les multiples sollicitations de ces dominants n'ont pas fonctionné.
J'ai tout à fait conscience du fait que quelque chose a débloqué chez moi pour que je sois conduite à désirer autant ce genre de fonctionnement. D'autant que ça n'a jamais pris l'allure d'un jeu. Je n'ai pas besoin d'être rassurée ou confortée là-dessus. C'est comme ça et j'ai accepté cet état de fait depuis pas mal de temps.
En revanche, je me retrouve à une étape clef de ma vie. Je viens de rompre d'une relation D/s très intense mais à distance. J'ai le choix d'abandonner ce monde pour faire ce que tout le monde croit bon pour moi. De me trouver un mari, de faire des enfants et d'être rattrapée au vol par la crise de la quarantaine et de me trouver en catastrophe un dominant pour calmer des pulsions qui se réveilleront soudain. Que personne ne m'en veuille si je décris sa situation, c'est plus commun que ça en a l'air, aucune honte à avoir. Ou alors, je pourrais persévérer dans l'erreur. Me trouver un autre dominant, qui ne sera sans doute pas un "bon" dominant parce qu'apparemment mon inexpérience fait fuir ceux qui auraient peur que la relation devienne abusive.
Mais que faire, alors ? Troisième option : devenir domina et me créer un harem de soumis. J'envisagerai cette option en cas de dernier recours.
Je me demande si au fond toutes ces bonnes intentions ne sont pas des excuses. J'ai peur de ce que je renvoie, de ce que je pourrais créer en m'abandonnant. Personne n'a envie d'être désigné responsable pour avoir brisé la cruche.
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