Affichage d'un seul post
analogique
#87
Quel exemplaire dialogue de sourds, Panthère!
Nous ne sommes vraiment pas fait pour nous entendre. Vous m'écoutez trop (dans votre acception de ce terme), quand je ne fais que vous entendre (dans la mienne). Ou vous ne m'écoutez pas plus (dans la mienne) que je ne vous entends (dans la votre).

Panthère a dit...

Donc oui, la différence entre écouter et entendre m'importe vraiment.
La sémantique, si vous en décidez ainsi...


Je ne décide de rien. Je ne tente rien d'autre que de partager avec vous ce qui pour moi différencie ces deux termes. Et les exemples que j'ai choisis (la voiture et la chanson) sont suffisamment anodins pour que vous n'ayez pas manqué de relever à quel point j'ai adapté mon discours à notre conversation.

Panthère a dit...

Quoique la vulgarisation existe...
Celui qui m'écoute, n'en fera qu'à sa tête et n'ira pas forcément dans le bon sens, qui est le mien forcément.
Celui qui m'entend, mettra le temps qu'il faudra, et, ira qui sait dans la direction du bien être.


C'est ce que je soutenais plus haut: vous utilisez ces deux termes à des niveaux d'abstractions différents. Vous cantonnez écouter à la perception auditive tandis que vous placez entendre sur le plan de l'intégration d'un message. Vous opérez ici une sorte de zeugme conceptuel qui rend (à mes yeux, bien sûr) votre communication confuse.

C'est un peu comme si vous faisiez le glissement suivant:
1 -Nous avons pris un café (la boisson) au café (le commerce).
Par le truchement des synonymes, vous pourriez aussi dire:
2 -Nous avons pris un café (qui était peut-être finalement une limonade) au bar (le commerce).
Dès lors, vous pourriez tout aussi bien vous sentir autorisée à dire:
3 -Nous avons pris un bar (le poisson) au café (l'heure qui succède au déjeuner).

Pourtant, la phrase 3 ne veut plus du tout dire la même chose que la 2 ou la 1.

Entre les trois propositions, c'est le niveau d'abstraction du mot café qui a changé quatre fois: successivement boisson déterminée, débit de boisson, boisson indéterminée, moment de la journée...

Parce que vous n'avez sans doute pas l'habitude de mélanger les torchons et les serviettes, il ne vous viendrait sans doute pas à l'idée de dire: "j'ai bu un jus d'orange et un bar-restaurant".

C'est pourtant (un peu) ce que vous faites avec écouter et entendre.
Vous me recevez?

Panthère a dit...

Le vouloir au delà du pouvoir...
Et c'est la pratique ici qui prend le dessus sur la théorie.
Les livres, c'est bien.
Le vivre en réel, c'est mieux.


Vous m'avez déjà dit cela. Mais vous n'avez pas plus le monopole de la pratique que je n'ai celui de la théorie. Je vous promets que je suis bien vivant et que je n'agis pas moins que vous sur le réel.

Panthère a dit...

Analogique, si je ne m'abuse, vous êtes musicien.
Vous êtes aussi amené à "gérer" un groupe de musiciens afin d'arriver à une harmonie pour le grand plaisir de "l'ouïe".
Ce qui diverge de ce que je suis : coach, conseiller, formateur et j'en passe.


Quel soulagement que nos parcours professionnels nous mettent à l'abri de toute rencontre, hein! Je ne sais qui de nous deux vivrait le pire calvaire si vous deviez me coacher...

Panthère a dit...

Pour conclure, nous n'avons pas les mêmes objectifs et encore moins le "même temps" d'actions.
Je vise la durée et vous le moment.
Je dois anticiper, prévoir et maîtriser les risques pour être une faiseuse ou un briseuse de rêve.
D'où notre différence d'aborder la communication en son sens "intelligible".


Je ne suis pas d'accord avec cela. Nos professions respectives intègrent tout autant l'inscription dans la durée avec des moments-clés qu'il faut en effet anticiper.

Panthère a dit...

Cela étant, hormis les virtuoses...
Combien de temps faut il pour arriver à un "bon" niveau ?
Sans viser aucunement l'excellence.
Car pour ma part, je commence à être bien rodée du fait de deux décennies à œuvrer...


Même les plus grands virtuoses sont condamnés à travailler beaucoup et longtemps pour cultiver leur virtuosité. De la même manière qu'il faut longtemps pour apprendre à écouter (l'autre, les propositions extérieures) ET à entendre (en soi-même). Pour le musicien, écouter et entendre ne s'opposent pas mais se complètent.

Si je marque une telle obstination à vous contredire sur ce terrain de l'écoute que vous dévaluez tant, ce n'est pas cette fois par pur plaisir de la contradiction, mais c'est parce qu'à mes yeux cette notion est absolument capitale en bdsm. On ne peut pas dominer sans être à l'écoute de l'autre, toutes antennes tendues vers les signaux que la personne soumise émet.

Qu'on parvienne plus ou moins à décoder ces signaux en fonction des rencontres est un autre débat, mais il me semble qu'aucun autre verbe qu'écouter n'est plus approprié pour qualifier la nécessaire attention à l'autre qui incombe à la personne dominante.
Parce que je veux bien vous créditer d'une capacité d'attention à votre soumis, il en résulte que je me demande comment ça se nomme chez vous si "ça" ne se nomme pas "écouter"...

Bonne nuit à vous. Et n'oubliez pas vos boules Quies, si vous voulez m'entendre moins.
1 personne aime(nt) ça.