Bonsoir à tous !
Difficile de suivre la réactivité de ce fil ce soir !
Je me rappelle d'un pro de l'informatique : je l'ai entendu des dizaines de fois expliquer ce qu'il faisait.
Jamais rien compris
Il y a des personnes qui prennent plaisir à ce qu'on ne comprenne rien à ce qu'ils "veulent" expliquer. Une manière de fermer le savoir… de verrouiller un pouvoir aussi (mais je plagie sans doute, car il me semble avoir vu ça quelque part
). Pour d'autres c'est involontaire. Mais sans doute la plupart d'entre nous arrivent-ils à se faire comprendre de certains mais pas de tous. Il suffit d'enseigner pour se rendre compte de la diversité des tournures d'esprit.
Je rajouterais qu'à mon avis, comme la bonne intelligence intervient dans une "relation", elle nécessite une parfaite disposition de l'émetteur et du récepteur. Il faut de la bonne volonté de part et d'autre, un effort mutuel… mais cela ne suffit pas toujours. Les expériences des interlocuteurs doivent aussi être compatibles. Car on peut expliquer tout ce que l'on veut autant de temps que l'on veut, si les mots n'évoquent pas un vécu (directement ou par analogie) ils sont comme autant d'enveloppes ne contenant aucune correspondance. Difficile de communiquer lorsque le décalage sur un domaine devient trop important… mais des domaines annexes peuvent servir de pont.
Or, l'émetteur ne peut pas se mettre à portée de la même manière dans une discussion intime que dans une discussion publique… au risque de ne parler qu'à certaines personnes et que d'autres (qui ont peut-être tout autant de bonne volonté) se sentent laissées de côté.
La façon de voir d'Analogique m'a interpellée sur le moment et me semblait contradictoire avec la bonne intelligence qu'il énonçait au départ. Mais j'en conclus après réflexion qu'il n'en est rien. Préserver une objectivité, une universalité, une neutralité du discours est peut-être le compromis nécessaire pour n'exclure personne a priori de l'intelligence d'une relation de groupe. Dans ce cadre, l'effort à fournir par les destinataires d'un message est d'autant plus grand… et c'est à eux qu'incombe l'effort de construire les ponts à partir de leur vécu particulier. Mais on ne peut pas tout avoir : n'exclure personne, c'est aussi ne privilégier personne. Un problème de barycentre si on conserve l'image des distances ?
Voilà pour ce qui était de l'intelligence mutuelle. Revenons maintenant à la vérité qui revient par effet de miroir (une fausse symétrie en l'occurence d'après moi) en parlant de "mensonge".
On en revient donc encore et toujours à l'adaptation...
Je trouve cela très contestable, car cela conduit à imaginer que le locuteur façonne son discours en fonction de ce qu'il suppose que son auditoire peut ou veut entendre.
C'est aussi ce qui me gêne. Et cela me semble plus ou moins découler d'un caractère plus ou moins absolu de certaines vérités (je mets de l'eau dans mon vin
).
Je m'explique : après tout, si les vérités de chacun dans l'auditoire leur sont relatives, où est le "mal" ? Chacun repart content d'avoir entendu un discours qui les confirme à leurs yeux…
Le "mal" apparaît lorsque les "vérités de chacun" rencontrent la réalité des faits. Celles qui ne la contredisent pas survivent à cette rencontre. Tandis que celles qui la contredisent sont pulvérisées : elles ne se rattachent à rien qui "soit", leur non-être devient manifeste et alors elles disparaîssent, s'évanouissent avec fracas. Elles "n'étaient" en fait que mensonges, illusions, néant.
Cela produit des ramassis de lieux communs, sans surprise et sans saveur. Cela part du principe très discutable que c'est ce fameux "communiquant" qui sait ce que l'auditoire est à même d'entendre ou pas. On dirait un programme de télévision. Beurk.
À mon avis, le lieu commun, qu'il soit vérité, mensonge (ou mélange aigre-doux de ces deux saveurs) est bien fade, en effet. Mais avec le mensonge, par définition, on camoufle le réel… avec le risque de le recevoir violemment en pleine figure plus tard. Naturellement, le mensonge, qui "masque" la réalité, est un anesthésiant bien commode et bien utile dans la vie… mais comme tout médicament, il est dangereux. Servirait-il en particulier à nous confectionner nos œuillères ?
La vérité est au contraire un excitant, mais elle aussi est dangereuse… et j'en déduis donc nous ne sommes pas sortis de l'auberge. ^^
Ce que je voulais "simplement" dire, c'est que lorsque le drogué au mensonge est sevré de force par un retour au réel, le choc peut le détruire. Le risque de donner à entendre systématiquement ce que l'auditeur attend me semble élevé et son enjeu plus important qu'un manque de goût.
Il y a quelques années, une étude dans un service de cancérologie a justement été menée sur ce sujet, et mettait en évidence que les médecins, lors de l'annonce d'un diagnostic grave, adaptaient leur discours sur la base de ce que le patient donnait à voir de son niveau socio-culturel, en contournant précisément le mot "cancer" pour lui préférer "polypes", par exemple.
En l'occurrence donc, de nombreux médecins éludent le verdict qu'ils doivent à leur patients, et se réfugient dans leur jargon pour lui épargner une vérité qu'ils estiment que le patient est inapte à recevoir.
En l'espèce, être bon communicant, c'est donc maîtriser l'art du mensonge édulcoré...
C'est là toute la difficulté de juger par avance les effets du mensonge et de la vérité… alors qu'objectivement on n'en sait rien sur le moment. La circonstance médicale est particulièrement cruelle à cet égard, car nul ne peut se prononcer avec certitude sur l'attitude la plus pertinente…
La bonne communication et la bonne intelligence pourraient sans doute avoir besoin d'un subtil mélange de vérité et de mensonge… tout est ensuite dans les effets de la réaction de ces deux composants. La bonne intention ne fait pas tout, mais à défaut d'être suffisante, elle est sans doute presque nécessaire. Et dans le cas de la publicité ou de la "politique" au sens galvaudé actuel du terme, elle est rarement présente me semble-t-il.
Bonne nuit à vous tous !
Difficile de suivre la réactivité de ce fil ce soir !

Panthère a dit...
Je me rappelle d'un pro de l'informatique : je l'ai entendu des dizaines de fois expliquer ce qu'il faisait.
Jamais rien compris

Il y a des personnes qui prennent plaisir à ce qu'on ne comprenne rien à ce qu'ils "veulent" expliquer. Une manière de fermer le savoir… de verrouiller un pouvoir aussi (mais je plagie sans doute, car il me semble avoir vu ça quelque part

Je rajouterais qu'à mon avis, comme la bonne intelligence intervient dans une "relation", elle nécessite une parfaite disposition de l'émetteur et du récepteur. Il faut de la bonne volonté de part et d'autre, un effort mutuel… mais cela ne suffit pas toujours. Les expériences des interlocuteurs doivent aussi être compatibles. Car on peut expliquer tout ce que l'on veut autant de temps que l'on veut, si les mots n'évoquent pas un vécu (directement ou par analogie) ils sont comme autant d'enveloppes ne contenant aucune correspondance. Difficile de communiquer lorsque le décalage sur un domaine devient trop important… mais des domaines annexes peuvent servir de pont.
Or, l'émetteur ne peut pas se mettre à portée de la même manière dans une discussion intime que dans une discussion publique… au risque de ne parler qu'à certaines personnes et que d'autres (qui ont peut-être tout autant de bonne volonté) se sentent laissées de côté.
La façon de voir d'Analogique m'a interpellée sur le moment et me semblait contradictoire avec la bonne intelligence qu'il énonçait au départ. Mais j'en conclus après réflexion qu'il n'en est rien. Préserver une objectivité, une universalité, une neutralité du discours est peut-être le compromis nécessaire pour n'exclure personne a priori de l'intelligence d'une relation de groupe. Dans ce cadre, l'effort à fournir par les destinataires d'un message est d'autant plus grand… et c'est à eux qu'incombe l'effort de construire les ponts à partir de leur vécu particulier. Mais on ne peut pas tout avoir : n'exclure personne, c'est aussi ne privilégier personne. Un problème de barycentre si on conserve l'image des distances ?

Voilà pour ce qui était de l'intelligence mutuelle. Revenons maintenant à la vérité qui revient par effet de miroir (une fausse symétrie en l'occurence d'après moi) en parlant de "mensonge".
analogique a dit...
On en revient donc encore et toujours à l'adaptation...
Je trouve cela très contestable, car cela conduit à imaginer que le locuteur façonne son discours en fonction de ce qu'il suppose que son auditoire peut ou veut entendre.
C'est aussi ce qui me gêne. Et cela me semble plus ou moins découler d'un caractère plus ou moins absolu de certaines vérités (je mets de l'eau dans mon vin

Je m'explique : après tout, si les vérités de chacun dans l'auditoire leur sont relatives, où est le "mal" ? Chacun repart content d'avoir entendu un discours qui les confirme à leurs yeux…

Le "mal" apparaît lorsque les "vérités de chacun" rencontrent la réalité des faits. Celles qui ne la contredisent pas survivent à cette rencontre. Tandis que celles qui la contredisent sont pulvérisées : elles ne se rattachent à rien qui "soit", leur non-être devient manifeste et alors elles disparaîssent, s'évanouissent avec fracas. Elles "n'étaient" en fait que mensonges, illusions, néant.
analogique a dit...
Cela produit des ramassis de lieux communs, sans surprise et sans saveur. Cela part du principe très discutable que c'est ce fameux "communiquant" qui sait ce que l'auditoire est à même d'entendre ou pas. On dirait un programme de télévision. Beurk.
À mon avis, le lieu commun, qu'il soit vérité, mensonge (ou mélange aigre-doux de ces deux saveurs) est bien fade, en effet. Mais avec le mensonge, par définition, on camoufle le réel… avec le risque de le recevoir violemment en pleine figure plus tard. Naturellement, le mensonge, qui "masque" la réalité, est un anesthésiant bien commode et bien utile dans la vie… mais comme tout médicament, il est dangereux. Servirait-il en particulier à nous confectionner nos œuillères ?
La vérité est au contraire un excitant, mais elle aussi est dangereuse… et j'en déduis donc nous ne sommes pas sortis de l'auberge. ^^
Ce que je voulais "simplement" dire, c'est que lorsque le drogué au mensonge est sevré de force par un retour au réel, le choc peut le détruire. Le risque de donner à entendre systématiquement ce que l'auditeur attend me semble élevé et son enjeu plus important qu'un manque de goût.
analogique a dit...
Il y a quelques années, une étude dans un service de cancérologie a justement été menée sur ce sujet, et mettait en évidence que les médecins, lors de l'annonce d'un diagnostic grave, adaptaient leur discours sur la base de ce que le patient donnait à voir de son niveau socio-culturel, en contournant précisément le mot "cancer" pour lui préférer "polypes", par exemple.
En l'occurrence donc, de nombreux médecins éludent le verdict qu'ils doivent à leur patients, et se réfugient dans leur jargon pour lui épargner une vérité qu'ils estiment que le patient est inapte à recevoir.
En l'espèce, être bon communicant, c'est donc maîtriser l'art du mensonge édulcoré...
C'est là toute la difficulté de juger par avance les effets du mensonge et de la vérité… alors qu'objectivement on n'en sait rien sur le moment. La circonstance médicale est particulièrement cruelle à cet égard, car nul ne peut se prononcer avec certitude sur l'attitude la plus pertinente…
La bonne communication et la bonne intelligence pourraient sans doute avoir besoin d'un subtil mélange de vérité et de mensonge… tout est ensuite dans les effets de la réaction de ces deux composants. La bonne intention ne fait pas tout, mais à défaut d'être suffisante, elle est sans doute presque nécessaire. Et dans le cas de la publicité ou de la "politique" au sens galvaudé actuel du terme, elle est rarement présente me semble-t-il.
Bonne nuit à vous tous !
Soyez la première personne à aimer.