Vice Roi
le 30/08/21
93 vues
Nouvelle insomnie, nouveau texte, un peu long... Je commence en pétard, je finis plus calme. Je vous laisse en juger.
_ Les femmes ont des désirs sexuels mais ne parviennent pas à les satisfaire avec nous sans d'abord nous mettre à l'épreuve d'une enquête moral. Comme si cette enquête, qui tourne parfois au procès, changeait quelque chose... (Je sais, je généralise mais je ne peux pas faire du cas par cas non plus.)
Le sérieux, la séduction, la patience, le respect, la dominance, l'érotisme, le romantisme, la délicatesse, la fermeté, le caractère .... Nous recevons l'injonction de prouver notre valeur, selon un parcours de "tests" parfois contradictoires les uns avec les autres, sans que les femmes acceptent toujours de nous prouver la leur ou celle de ces mises à l'épreuve. Nous faisons donc face à une asymétrie précisément opposée à celle que nous recherchons, mais en plus les "épreuves" que l'on nous impose ne sont même pas cohérentes entre elles ou simplement pertinentes, quand il ne s'agit pas de nous pousser à la faute.
Par exemple la patience est censée prouver le sérieux comme le respect. Sauf qu'un homme pas sérieux, déjà pris, coureur, pourra se montrer patient sans effort. Alors qu'un homme sérieux mais fatigué de discuter dans le vide ne sera pas patient, il n'aura de plus ni envie de séduire, ni de dominer un énième fantôme. Il se montrera absent, distant, insipide, voir grincheux, critique, frustré, désabusé, si il ne sent pas un minimum d'envie... Il refusera sans doute d'être plus patient qu'il l'a déjà été, car il ne faut pas oublier qu'il l'a déjà été avec d'autres, en pure perte... Il rejettera la patience comme gage de sérieux. Il verra dans cette demande une exigence hypocrite, un moyen de toujours fuir. Pour autant ce sera lui l'homme sérieux que ces femmes recherchent mais que leur protocole relationnel détruit peu à peu.
Car oui, les femmes détruisent les hommes qu'elles recherchent. C'est un triste constat. La présomption de culpabilité pèse plus lourd sur les épaules des innocents que sur celles des vrais coupables. Ce biais détruit toute possibilité de discuter honnêtement. Les hommes, mêmes sincères, se sentent obligés de mentir, de cacher ce qui peut effrayer, ce qui peut faire fuir, etc. Ils se feront traiter de menteurs. Mais réclamer l'honnêteté suppose d'être à même d'entendre la vérité. Et la vérité est simple.
Tout les hommes qui cherchent une femme, une soumise, une esclave, le font pour le sexe (au sens large, comprenant l'érotisme, l'intimité, et les affects correspondants). On a pas besoin de vous pour autre chose. Formule brutale j'en conviens, mais c'est factuellement la seule chose que vous pouvez nous apporter qui vous soit propre. Tout le reste on peut l'obtenir autrement.
Un homme qui cherche une esclave recherche une asymétrie qui le place au centre, lui et ses désirs, leur satisfaction inconditionnelle. Voilà pourquoi, même lorsqu'on est sérieux, on accepte parfois mal les conditions que veulent fixer les femmes.
Une femme qui veut être une esclave devrait comprendre notre recherche d'inconditionnalité et ne pas s'offusquer que l'on puisse se vexer d'être soupçonné de malhonnêteté.
On veut du sexe tout de suite ? Satisfaction INCONDITIONNELLE on a dit. Donc maintenant ou plus tard c'est pareil. Sauf que les femmes nous font immédiatement un procès moral. Le sexe, ou le sexe pour le sexe, c'est pas sérieux. (Ce qui reste à prouver.) On est donc un vilain qui ne pense qu'à baiser et à les jeter, comme elles ne pensent souvent qu'à nous parler avant de nous jeter... Un préjugé partout, balle au centre.
On pourrait leur faire un procès moral, remettre en cause leur sérieux, leur sincérité, leur engagement, leurs efforts de séduction, et réclamer qu'elles nous prouvent en actes qu'elles ont bien des désirs de soumission, mais bizarrement cela nous est comme interdit... La présomption de culpabilité des hommes se double du postulat de supériorité morale des femmes.
Le tout sur fond de méfiance vis à vis du plaisir, des désirs, et de la sexualité. Méfiance qui crée les problèmes qu'elle prétend résoudre.
Pourtant les choses sont simples. Nous recherchons la satisfaction INCONDITIONNELLE de nos désirs. Dès lors, la lassitude aidant, une femme qui prétend vouloir être une esclave mais commence par poser des conditions à cette inconditionnalité, sans même nous avoir prouvé qu'elle comprend ce besoin, nous fait douter de son sérieux... La contradiction semble trop évidente.
Pourtant fixer des conditions à l'inconditionnalité n'est pas incompatible avec une forme de cohérence. Il s'agit de choisir celui à qui on accordera cette inconditionnalité... Les problèmes commencent réellement avec les critères de ce choix, bien définis ou non, qui ont tendance à inverser les rapports d'asymétrie recherchés...
Lorsque l'esclave veut soumettre le maître à ses exigences, à ses réserves, à ses caprices, à ses sautes d'humeur, à ses failles, aux sursauts de sa volonté, se placer au centre, elle, son égo, son narcissisme, son orgueil, lorsqu'elle prend plaisir à le faire languir, lui fait comme du chantage au lieu de faire son choix, on constate un manque de cohérence inacceptable.
Lorsque les soumises, qui ne promettent pas l'inconditionnalité, multiplient les conditions au lieu de poser leurs limites, donc posent des conditions aux conditions, cela donne lieu à une forme de redondance... Car finalement poser des conditions à la pose de conditions est pour le moins...
Bref, on peut se poser la question de la pertinence des conditions posées à la satisfaction inconditionnelle surtout si celles-ci le sont sur la durée... Un INCONDITIONNEL conditionné en permanence n'est plus inconditionnel. Une esclave qui conditionne sa servitude à l'amour qu'elle éprouve ne sert pas son maître de façon inconditionnelle puisque celui-ci doit veiller à entretenir cet amour, donc potentiellement se plier à une sorte de gymnastique de séduction perpétuelle qui exclue qu'il puisse s'exprimer sans filtre puisqu'il continuera en réalité d'être jugé, jaugé... Ainsi il devrait rester dans une posture où il n'est finalement qu'un soumis dont la liberté resterait inféodée à celle qui prétend le servir. Il n'a alors que deux options, soit ne rien filtrer dès le départ et faire face à la susceptibilité des candidates incapables d'encaisser son honnêteté radicale, sa transparence amorale; soit mentir, se filtrer et continuer à le faire sans fin. Deux impasses.
L'inconditionnel suppose donc sinon son inconditionnalité inconditionnelle, au moins un seuil au delà duquel plus aucune condition n'existe.
Là où le consentement d'une soumise existe en temps réel, celui d'une esclave me semble devoir être figé, fixé, définit à un moment donné. Mais alors quid d'une volonté de le reprendre ?! On voit le problème de cette sauvegarde, de ce besoin d'une sauvegarde nécessaire qui compromet pourtant l'inconditionnalité effective de la servitude.
D'où le refus pur et simple, par certains, des conditions posées par les esclaves à notre satisfaction inconditionnelle. Car ce besoin de conditionner la relation crée de fait les conditions de sa fin. Lorsque les conditions ne sont plus remplies, la relation s'effondre. Ceux qui refusent le conditionnement de l'inconditionnel ne sont donc pas si bêtes que d'aucuns pourraient le croire. Ils veulent que le désir de servitude soit le seul moteur de la servitude effective, presque indépendamment de la personne envers laquelle elle s'exerce. Cela afin de pérenniser la dite servitude. Car si l'on a fixé aucune condition, on a rien à remplir, aucune conformité à laquelle se limiter, aucun idéal avec lequel correspondre, aucune fin programmée à part celle de ce désir si il s'éteint.
Par ailleurs, ces maîtres ne sont pas narcissiques, ni orgueilleux, ni péremptoirement satisfaits d'eux-mêmes, ou aveugles à la sensibilité d'autrui comme d'aucun(e)s pourraient le penser. Ils sont au contraire parfaitement humbles car ils ne croient pas mériter ou valoir la servitude d'une femme. Non pas qu'ils n'aient pas les qualités requises pour être un bon maître, ils sont juste lucides sur l'illusion que représente la séduction et la subjugation d'une autre personne via une idéalisation parfaitement utopique. Une femme qui se soumet à un homme ne se soumet pas à cet homme mais à l'image qu'elle se fait de lui et au mérites affectifs que lui inspire cette image. c'est aussi pour cela qu'ils placent le moteur de leur servitude en elles. Ils ne veulent pas que le moteur de cette servitude repose abusivement sur leurs épaules à eux car cela les obligerait à tenir une posture pour le moins épuisante. Celle de fantasme vivant.
Une esclave appartient à son maître. Elle n'a pas à reprendre d'elle-même sa liberté. Mais si ce désir émerge en elle, son maître est bien obligé de le reconnaître, car ne pas le faire conduirait de toute façon à une rébellion inéluctable.
La multiplication des conditions et leur maintient dans le temps font donc craindre le pire dès le départ... Car c'est autant de possibilités de remettre en cause la relation, l'engagement, de réduire sa durée probable ou même de l'empêcher d'advenir.
La gratuité c'est beau.
Si je dois remplir des conditions pour obtenir la servitude d'une femme, que se passe-t-il le jour où je ne les remplie plus ? La servitude s'effondre et la relation avec.
Dans cette configuration, un maître a donc des devoirs qui sont autant de conditions qu'il est sommé de remplir si il veut garder son esclave. L'échange de pouvoir n'est donc pas total, pas entier, pas réel. Un chantage implicite constant est à l'œuvre. Le maître ne peut pas changer, évoluer librement. Il n'est plus maître de lui-même.
Maintenant observons la configuration "froide", basée sur le seul désir de servitude. Celle-ci paraît utopique. Pourtant elle ne l'est pas, sinon parce qu'elle ne remplie pas les conditions généralement fixées par les femmes... On peut même forcer le trait jusqu'à prendre deux inconnus partageant des désirs complémentaires. On les mets en présence l'un de l'autre dans un contexte prédéfini. Le cadre est simple. Il décide, elle obéit. Que se passera-t-il alors ? Chacun obtiendra ce qu'il désire, la domination, la soumission, cette satisfaction sera agréable, le plaisir pris donnera à chacun l'envie de maintenir ce cadre afin de se satisfaire encore, et ce plaisir deviendra le ciment de leurs rapports de subordination inconditionnelle.
Je simplifie à l'extrême. On pourrait imaginer des abus. Sauf que non. La servitude pleinement assumée exclue qu'un quelconque abus soit possible. On peut par contre envisager des maladresses, des excès conduisant à des blessures... Mais on touche là à des choses qui relève de la compétence, de l'adresse, de la prudence, choses qui ne sont jamais directement mises à l'épreuve par les femmes. Si c'est bien le centre de leurs inquiétudes, ne devraient-elles pas les vérifier en premier lieu ?! hors elles suivent uniquement le protocole vanille. Un protocole de construction affective théorique, virtuel, désincarné... Comme si les sentiments protégeaient d'une maladresse ou d'un excès de zèle. Comme si la confiance protégeait d'une trahison.
C'est pourtant clairement le contraire, elle la rend possible...
Ces personnes pourraient ne pas se plaire physiquement ? C'est vrai mais ce n'est pas, semble-t-il, l'une des préoccupations centrales des femmes. Sans quoi on échangerait (plus) facilement et prioritairement des photos.
Ce n'est pas valorisant pour la personne ? Question de priorité. Si l'on cherche à satisfaire son narcissisme ou ses désirs D/s. Je n'ai pas besoin de nourrir mon estime de moi-même d'un regard de l'autre partiellement erroné sur ce que je suis et qui je suis. Et si l'on veut trouver l'estime de l'autre, quoi de mieux que de lui apporter la satisfaction qu'il/elle recherche ?!
Le sexe ne compte pas ? Qui a dit ça ? Vouloir être perçue comme belle, séduisante, attractive, être désirée par un homme, tout cela relève plus ou moins directement des registres sexuel et narcissique. De plus être "belle" ou plaire ne relève que du paraître. C'est la même chose pour une belle personnalité, charmante, séduisante, attractive, intelligente, drôle, étonnante, marquante, élégante, charismatique, positive, souriante, riante, ouverte... Il s'agit d'apparaître à l'autre, de séduire soit par la réalité soit par des simulacres. Narcissisme encore et toujours. vouloir que l'autre résiste pour mieux le/la conquérir est une façon inutile et factice de se valoriser.
Sans compter que la recherche d'une personnalité, quand on cherche une esclave on s'en fiche quelque peu puisqu'elle n'aura de toute façon aucune liberté donc pas vraiment d'espace pour exprimer cette personnalité... Du coup la servilité devient le trait le plus recherché...
Par contre une personnalité en contradiction avec la servitude peut de fait constituer un défaut rédhibitoire.
Pour résumer, mettre des conditions d'accès à la satisfaction inconditionnelle n'est pas un problème, sauf quand ces conditions empêchent ou contraignent cette inconditionnalité dans son être même, dans son déploiement ou dans sa pérennité.
Ainsi ce défaut de personnalité en contradiction avec la servitude inconditionnelle est-il moins un défaut en terme d'appréciation subjective qu'un défaut en terme factuel puisqu'il constitue un obstacle à la relation.
Pour finir, je prendrai, pour illustrer mon propos, un témoignage issu de mon sondage sur les types de soumises. Si une soumise/esclave ne veut pas d'un maître "ayant du ventre", que va-t-il se passer le jour où pour une raison ou une autre, il en prendra ?! Devra-t-il mincir, se mettre au régime, si il veut la garder à son service ?! La perdra-t-il irrémédiablement sans cela ?! Bizarrement cela ne semble pas choquer... Moi je suis choqué. Parce que ça veut dire qu'il n'y a aucune inconditionnalité dans leur relation, que cette relation ne respecte pas une stricte asymétrie, que l'échange de pouvoir n'est pas complet. Hors comment le maître peut-il être un maître si un chantage pèse sur sa condition ?!
Le rejet des approches "sexuellement pures" provient du passif religieux de notre civilisation, de l'idéal ascétique promut par ces idéologies mortifères. Le sexe serait trivial, animal, bestial, immoral, jouissance sans conscience, plaisir charnel donc pas sérieux. Le plaisir et la chair seraient coupables, dangereux, impurs. Mis à part que pour jouir il faille bien être conscient du plaisir pris, et qu'on ne jouit d'aucun plaisir sans terminaisons nerveuses ou autres récepteurs incarnés, on voit mal en quoi le plaisir en lui-même serait systématiquement dangereux... Sinon politiquement.
À l'époque de l'esclavage féodal, ou même de la traite négrière, ou à n'importe quelle époque, l'hédonisme, la recherche individuelle et collective du plaisir individuel est un ennemi de l'exploitation des individus...
Seul serait donc sérieux ce qui relève de l'esprit, du mental, de la théorie, des sentiments, des émotions, de la cérébralité désincarnée (# contradiction)... Sauf que le désir fait partie de la cérébralité, que c'est une émotion, et que toutes les émotions relèvent de la chair... La colère par exemple est un mécanisme qui sert à mettre en œuvre des forces brusquement, sans préparation préalable, pour fuir ou lutter. On ne fait pas plus charnel... Pareil pour le plaisir qui constitue l'un des principaux moteurs naturels de nos actions.
Bref, nous voici réduits à rejeter, repousser la raison première de notre présence ici. Mais pourquoi continuer à perpétuer ce modèle obsolète? Parce qu'on le connait et qu'il nous paraît confortable, parce qu'on nous a fait croire à des risques qu'il y aurait à le dépasser, parce qu'il y en a de le faire avec des gens qui en sont encore prisonniers, parce qu'on nous a fait du chantage au conformisme depuis l'enfance. Ne montres pas ta culotte, ce serait dramatique, la fin de l'univers. Donc tu dois porter une robe mais ne pas montrer ce qu'il y a dessous alors même que le propre de ce vêtement est de facilement pouvoir le faire... Logique. Rire. Sauf que l'univers s'en fout royalement. Vierge ou "salope", la terre continue de tourner.
Alors oui, il existe des gens qui ont le plaisir grossier, lourd, maladroit, sans modération ni maîtrise, faute d'avoir pu le cultiver de manière rationnelle, éduquée, raffinée, faute d'avoir pu penser le plaisir tout simplement. Mais est-ce une raison de rejeter toute approche par le plaisir pour autant ? Je ne crois pas.
Pour ce qui est de mon propre cas, je crois avoir publié suffisamment de textes pour qu'on ne puisse pas me reprocher de manquer de cérébralité.
Alors suis-je un jouisseur bestial ? Jouisseur oui, bestial non. Je suis un animal humain équilibré, éduqué, réfléchi, construit. Je sais ce que je veux, pourquoi je suis là et je l'assume entièrement.
Je ne suis pas un consumériste cherchant une femme jetable, ni un goujat voulant faire collection de conquêtes. J'en cherche une, et une seule, qui me donnera tout, d'elle-même, sans autre but que sa propre satisfaction, sans prix ni condition. Ma différence avec d'autres, c'est que j'assume l'aspect fondamentalement sexuel de ma recherche. Ma différence avec les "gros balourds", c'est que ma recherche est intellectuellement construite, argumentée, et que même énervé par certains comportements je suis resté sur cette ligne de l'intelligence.
J'évolue tout simplement sous un paradigme différent. Un paradigme philosophique rationnel, matérialiste, post-chrétien, humaniste, hédoniste, anarchiste, libertaire, conséquentialiste, "libidiniste", jouisseur, décomplexé, libre, léger, sexuel ET sérieux, sérieux ET sexuel.
Bref, je ne crois pas qu'il faille opposer le "principe de réalité" au "principe de plaisir" pour être un adulte responsable, je pense même que l'ensemble des progrès de l'humanité vient de la démarche inverse: opposer le principe de plaisir au principe de "réalité" étriquée que l'on voudrait nous imposer comme l'unique possibilité existentielle et politique.
Car ce principe de réalité n'est ni plus ni moins qu'une description normative d'un état de fait construit en d'autres temps, un conservatisme prémice de l'obscurantisme le plus acharné...
Dimension: 720 x 719
Taille: 29.58 Kb
1 personne aime(nt) ça.