Madfire

Echec et mat Il faisait une grande chaleur et Eloise commençait à s’impatienter. Bastien devait bien réfléchir à son prochain coup depuis dix longues minutes. Au début de la partie, il l’avait fait sautiller à cloche-pied jusqu’à un bord du plateau pour finalement l’obliger de faire machine arrière. Cette stratégie était sans queue ni tête et elle commençait à suspecter que… CLAC D’un coup de cravache sur sa fesse nue, Bastien lui indiqua de sautiller jusqu’au milieu du plateau. Eloise tenta de ravaler sa salive à travers le mors qu’il lui avait fixé et commença à avancer. Elle trébucha à mi-parcours et dut se relever rouge de honte au milieu des rires des badauds venus admirer la pouliche nue sur le jeu d’échec. En arrivant sur le bord de plage, Bastien et Eloise avaient vu le grand jeu d’échecs et un touriste britannique leur avait proposé une petite partie. Mais l’un des cavaliers manquait. Eloise voulu réfléchir à une solution mais Bastien l’avait empoignée dans l’instant et lui avait arraché ses vêtements. Grâce au mors, les œillères et aux sangles prêtés par un cocher de passage, elle fut rapidement prête à prendre sa place sur la case. On avait même prêté un martinet à Bastien pour faire bonne mesure. Mais la partie touchait à son terme, malgré sa vision diminuée par les œillères, elle voyait bien que Bastien avait fait une erreur. A moins qu’il n’ait jamais voulu gagner mais juste la faire sautiller. Elle était dans l’axe du fou que le britannique avait gardé en réserve et qu’il avança vers elle. Elle dut quitter le plateau, soulagée de voir son calvaire enfin terminé. Bastien se dirigea vers elle et elle se redressa pour lui permettre de desserrer ses sangles. C’est avec stupéfaction qu’elle réalisa qu’il ne venait pas la détacher mais ranger son martinet en l’enfonçant délicatement entre ses cuisses. -Garde moi ça, ma belle, et ne le fait pas tomber. Ça sera vite fini Bon sang, il aurait au moins pu la laisser aller aux toilettes. Elle aurait voulu se soulager avant la partie et avait passé de longs quarts d’heure à se retenir pour ne pas céder devant tout le monde, seule sur sa case. Et fut effectivement vite finie. Quatre coups plus tard, le roi de Bastien tombait face à une tour. Fatiguée et courbue, Eloise se permit néanmoins un petit ricanement à travers son mors, devant le regard dépité de Bastien. Mais ce rire mourut lorsqu’il l’empoigna par les cheveux et la conduisit jusqu’au bord du chemin. Il lui dégrafa enfin ses liens, récupéra la cravache toute mouillée et la poussa dans l’eau de mer glacée. -Quand tu seras bien rafraichie ma belle, n’oublie pas que le cocher nous a promis de faire une course de carrioles dans le centre-ville. Je suis sûr qu’il fanfaronnait en disant que son vieil hongre serait plus rapide que toi.