ZarathoustraDom
par le 29/08/16
591 vues
Je vais finir cette petite série (qui ne prétend pas à l'exhaustivité !) par une question difficile : y a-t-il des différences de perception ou de niveau dans le plaisir entre les hommes et les femmes ? Et en question subsidiaire : le plaisir féminin est-il plus intense que le plaisir masculin, ou bien inversement ?

En préambule de ce thème, je vous conterais volontiers le mythe de Tirésias (dans la version d'Ovide) : un jour que le jeune Tirésias se promenait en forêt, il dérange de son bâton l'accouplement de deux serpents et ceux-ci, pour se venger, le transforment en femme. Sept ans plus tard, se promenant dans la même forêt, il revoit les mêmes serpents accouplés, et les frappe de son bâton une seconde fois, afin de susciter leur colère : le stratagème fonctionne, et ceux-ci de colère le retransforment en homme ! Un peu plus tard, une querelle éclate entre Zeus et son épouse Héra : celui-ci prétend que la femme prend plus de plaisir que l'homme dans l'acte sexuel, tandis qu'elle affirme le contraire ! Ils consultent alors Tirésias, seul humain à avoir l'expérience des deux sexes, et celui-ci confirme l'opinion de Zeus, affirmant même que "si le plaisir de l'acte sexuel était divisé en dix parts, la femme en prendrait neuf alors que l'homme n'en prendrait qu'une" ! Il serait intéressant d'entendre ici l'avis des transgenres, plusieurs siècles après Tirésias et Ovide !

Alors, avant d'aborder ce sujet sous l'angle philosophique et cérébral, je pense utile de le considérer sous l'angle purement physiologique pour commencer. Quelles sont les différences physiologiques et biologiques entre la femelle et le mâle humains qui pourraient être à l'origine de différences dans la perception et le ressenti du plaisir ? Eh bien, en réalité, il y en a beaucoup !

Pour commencer, le schéma ci-dessous résume deux études conduites l'une dans le monde anglo-saxon, et l'autre dans le monde francophone, où l'on demandait aux personnes des deux sexes d'évaluer l'intensité (sur une échelle de 0 à 10) des sensations érotiques provoquées par la stimulation de zones spécifiques du corps : en particulier, en rouge, intensité supérieure à 8, en orange, à 7, et en jaune, à 6.



On voit que la femme dispose d'un avantage conséquent ! Ainsi :

- la femme dispose de 2 zones rouges (le clitoris et le vagin) contre une seule pour l'homme (le pénis) ;
- elle dispose de 4 zones oranges (les lèvres, la langue, les seins et les mamelons) contre une seule encore pour l'homme (les lèvres) ;
- et enfin elle dispose d'une zone jaune (l'intérieur des cuisses) pour une également pour l'homme (le scrotum) ;
soit un avantage sans appel de 7 à 3 !
En fait, on peut véritablement dire que le corps féminin est une gigantesque zone érogène !

(pour ceux qui veulent l'étude complète avec toutes les zones érogènes des deux sexes, c'est ici :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_érogène)

Seconde constatation importante : la femme est capable d'orgasmes multiples au cours d'une même relation sexuelle (jusqu'à 20 successifs, qui peuvent se succéder toutes les trois minutes !), tandis que l'homme en aura le plus souvent un seul, et dépassera rarement trois ! De plus, la durée moyenne de l'orgasme féminin est de 20 secondes, tandis que celle de l'homme n'excède pas 6 secondes ! On le voit, là encore, avantage écrasant à la femme ! Il faut toutefois nuancer cela par la capacité qu'a l'homme d'atteindre des orgasmes sans éjaculation répétitifs et nombreux, voire même un "plateau orgasmique continu", par des exercices de type taoïsme et tantrisme (à base de musculation pelvienne, respiration ventrale et contrôle mental de l'éjaculation).



Enfin, bien entendu, il faut rappeler que la fonction sexuelle a pour rôle originel la reproduction de l'espèce, et là encore, quelques différences majeures :

- la femme est sujette à des cycles menstruels, qui font varier sa libido, tandis que celle de l'homme est active en permanence !
- chaque éjaculat masculin contient 300 à 400 millions de spermatozoïdes, et l'homme peut donc en disséminer des milliards dans sa vie sexuelle, tandis que la femme produit environ 400 ovules au cours de sa vie seulement !

Ce point a une importance majeure dans le comportement sexué de l'espèce humaine : dans sa stratégie de survie, de reproduction et d'adaptation aux évolutions de l'environnement, on peut dire que le rôle de l'homme est de disséminer sa semence à tous vents pour assurer une biodiversité maximale, tandis que le rôle de la femme est de choisir les plus beaux specimens mâles, en tout petit nombre, voire un seul d'entre eux, et de s'accoupler pour produire les enfants les plus beaux, les plus forts et les plus intelligents ! Ce qui explique sans doute en grande partie l'infidélité chronique du mâle humain, opposée à la recherche de stabilité affective de la femelle humaine !

Enfin, je terminerai cette courte et incomplète introduction aux différences physiologiques qui influent la capacité au plaisir des hommes et des femmes par un élément contextuel important : il aura fallu de nombreuses étapes difficiles pour faire admettre la liberté sexuelle et l'émancipation des femmes sous l'influence des mouvements féministes. La révolution scientifique des méthodes de contraception (préservatifs, traitement des MST, pilule contraceptive, IVG, ...) ont permis l'épanouissement d'une vie sexuelle où le plaisir prime sur la reproduction. Cela a une importance fondamentale en particulier dans le rapport des femmes au plaisir, mais bien des pesanteurs et conservatismes subsistent encore contre lesquels il faut lutter sans cesse !

Pour conclure donc sur l'aspect physiologique, je dirais que la femme dispose a priori d'un potentiel érogène très supérieur à celui de l'homme. Et pourtant, la réalité est souvent toute autre !... Et en particulier :

- un grand nombre de femmes ne connaissent leur premier orgasme qu'après 60 ans, après leur ménopause, comme s'il leur fallait attendre de ne plus pouvoir être mère pour accepter l'acte sexuel comme source de plaisir !
- en sens inverse, à partir de 50 ans, les hommes peuvent avoir des maladies cardio-vasculaires ou prostatiques qui peuvent altérer leur capacité érectile...
- beaucoup de blocages mentaux ou au contraire de pulsions cérébrales peuvent influencer fortement la capacité au plaisir, car le cerveau reste évidemment le cœur et le siège de toutes nos émotions ! C'est donc par là que je terminerai cette série dans le dernier article à paraître qui portera sur le thème : masculin / féminin cérébral !
Soyez la première personne à aimer.
ZarathoustraDom
Oups, Lullaby, je recherchais une info que j'avais mentionnée dans un de mes anciens articles, et je viens de voir votre commentaire, deux ans après ! lol En effet, je ne faisais que relater les résultats de ces études, mais elles sont peut-être empreintes de biais, et en particulier d'un a priori sur le plaisir anal masculin, alors qu'il est une évidence (pour ceux qui n'ont pas de blocage psychologique à ce sujet) que le plaisir prostatique masculin peut être très intense, et même source d'orgasme à lui tout seul ! Merci pour cette contribution donc ! (même si cela ne suffit pas à rétablir l'équilibre des sources et des intensités du plaisir masculin vs féminin) ^^
J'aime 04/05/18
Lady Spencer
Ce qui est super avec Zara, c'est sa rapidité de perception : 2 ans plus tard, il découvre les mots de Lullaby ! Moi, je dis : à ce niveau, c'est du grand Art ! Je vous laisse imaginer : Zara-bande, Zara-jouit et 2 ans plus tard, la révélation : l'orgasme !! Clin d'oeil et bisou Zara ! De nombreux hommes parlent de "distance" entre l'orgasme et l'éjaculation : vrai ou pas ?
J'aime 04/05/18
ZarathoustraDom
mdr, Lady ! Ben oui, je ne suis pas éjaculateur précoce, et il est connu qu'il faut savoir prendre son temps pour donner du plaisir (ou en recevoir) ! Quand vous parlez de "distance", je suppose qu'il s'agit de distance temporelle, d'un écart de temps donc entre l'orgasme et l'éjaculation. Si c'est bien le cas, je confirme (pour ce qui me concerne du moins, je me garderais bien de généraliser) : l'orgasme envahit le cerveau quelques secondes avant que le liquide séminal ne se fraie un chemin à l'air libre. Par contre, il dure tout le temps de l'éjaculation, et le passage du sperme dans l’urètre produit comme une caresse interne qui entretient l'orgasme presque jusqu'à la dernière goutte ! Mais cela ne dure donc au total que quelques secondes, 10 à 15 secondes maximum peut-être...
J'aime 04/05/18
ZarathoustraDom
@Lullaby Bon, cette fois-ci, je n'attend pas deux ans pour réagir ! ^^ En effet, j'évoque cet orgasme tantrique dans mon texte, et en particulier ce concept de "plateau orgasmique continu" qui peut durer de très longues minutes, voire heures (ans éjaculation donc) !
J'aime 07/05/18
ZarathoustraDom
D'autre part, pour compléter l'aspect physiologique, il semblerait que le désir masculin soit gouverné par la testostérone, tandis que le plaisir féminin soit commandé par ses hormones. Or, la testostérone est présente de façon permanente, et alimente donc le désir masculin à tout instant, tandis que la production d'œstrogènes 'chez la femme est liée à son cycle menstruel, ce qui rend la libido féminine plus oscillante et instable que celle de l'homme.
J'aime 12/05/18
ZarathoustraDom
Sourire, Edoné ! Vous devez posséder un animus fort développé ! A moins que vous ne soyez possédée... par le démon du sexe ! rire On en parle pas assez, de ce démon, mais son existence est prouvée !
J'aime 13/05/18 Edité