Bronco et Bianca – L’Exorcisme du Fouet
Ils n’utilisaient plus de simples prières.
Ils n’élevaient plus seulement la voix.
Bronco et Bianca avaient compris que les démons d’aujourd’hui s’enracinent dans le désir.
Ils se logent dans la honte, le plaisir caché, la peur de soi.
Alors pour les déloger, il fallait descendre plus profond. Là où la religion n’ose pas regarder.
Leur chambre d’exorcisme ressemblait à une cellule monastique croisée avec une geôle médiévale.
Un lit de pierre nue.
Des chaînes bénies à l’huile sainte.
Des cordes tressées avec des psaumes écrits en latin du désert.
Et au centre, une croix inversée, non pour blasphémer, mais pour rappeler que la descente est parfois le seul chemin vers la lumière.
L’eau bénite, préparée selon le rituel des Chrétiens de la Première Heure, n’était pas tiède. Elle brûlait comme de l’acide sur la peau corrompue. Quand Bronco l’aspergeait sur un possédé, la chair grésillait, les veines saillaient, et les hurlements sortaient non pas de la bouche, mais du ventre même.
Bianca, toujours en noir, corsetée de cuir, portait à la taille un fouet tressé de crins sacrés.
Chaque coup qu’elle donnait était un verset.
Chaque marque laissée, une strophe contre l’intrus.
Elle ne frappait jamais au hasard. Elle frappait là où le démon se cachait.
Sous l’omoplate gauche.
À l’intérieur des cuisses.
Entre les reins.
Et parfois, doucement, sur la bouche, pour faire sortir ce qui se tait.
Le rituel le plus terrible, ils l’appelaient l’Appel de l’Ange Noir.
Cela commençait toujours par des gifles – nettes, rituelles, données avec la main ointe d’huile sacrée et de sang d’agneau noir.
Puis venaient les mots interdits, soufflés à l’oreille du possédé. Pas des insultes. Des vérités.
Des vérités que le démon avait peur d’entendre.
Enfin, dans une ultime montée, Bronco et Bianca s’enlaçaient. Leur souffle devenait prière.
Leurs corps, un exorcisme vivant.
Et lorsque le mal ne pouvait plus se cacher, il jaillissait en criant, expulsé par la force du plaisir sublimé et de la douleur transcendée.
Car dans leur monde, le corps n’est pas un obstacle au sacré.
Il est le champ de bataille.
Et parfois, il est l’arme elle-même.
Ainsi vivent Bronco et Bianca.
À la lisière du sacré et du charnel.
Chasseurs de démons. Amants fous. Guerriers mystiques.
Et lorsque les ténèbres viennent, ce n’est pas un prêtre en soutane qu’on appelle.
C’est eux deux.
Nus sous les cicatrices, enchaînés l’un à l’autre,
et plus purs que tous les saints.