Nicojedi
par le Il y a 8 heure(s)
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Fantasme ? Réalité ?

Ou simplement expérience vécue légèrement romancée ?

Je laisserai à chacune et chacun se faire son opinion.

 

Il existe des lieux où le silence respire autrement.

Le nôtre, à Maîtresse Elie et à moi, n’a rien d’un décor secret : c’est un espace mental, un terrain de confiance et d’abandon, où le monde extérieur s’efface.

Quand je franchis la porte de notre donjon, je cesse d’être l’homme que les autres connaissent. Celui qui dirige, qui décide, qui prend des initiatives.

Je deviens Sabine, non par travestissement, mais par vérité : une part de moi que Maîtresse Elie a révélée, patiemment, jusqu’à ce qu’elle s’impose comme une évidence.

Ce soir-là, j'attendais à genoux.

Le sol était froid et la lumière douce.

Tout semblait immobile, suspendu.

Je croyais être prêt.

La porte s’ouvrit dans un souffle.

Maîtresse Elie entra.

Sa présence changea l’air autour de moi ; elle portait cette autorité calme qui ne réclame rien, parce qu’elle sait déjà être obéie.

Je ne vis rien d'autre que ses escarpins. Mon regard ne pouvait se lever sans y être invité.

Elle fit lentement le tour, observa, silencieuse.

Puis sa voix tomba, claire, sans colère :

— Tu as mis ton collier seule.

Je me figeai.

Un détail pour le monde ; un déséquilibre pour nous.

— Je voulais être prêt, Maîtresse, balbutiais-je.

— Prêt... répéta-t-Elle. Tu crois qu’être prêt, c’est agir sans attendre ?

— Je pensais bien faire…

— Non, Sabine. Tu as voulu décider. Et ici, ce n’est pas ta tâche.

Ses mots n’étaient pas des reproches, mais des pierres posées pour reconstruire un chemin.

Elle m’observa longuement, puis dit :

— Tu veux tout anticiper, tout contrôler. Le monde t’a appris à survivre ainsi. Mais ici, tu apprends autre chose : la confiance. Ce collier n’est pas un bijou ; c’est une promesse. Quand mes mains le ferment, tu me laisses t’accompagner. Quand tu le poses toi-même, tu romps le rituel. Ce n’est pas un ordre que je te retire, Sabine : c’est un lien.

Je sentis mes épaules s’affaisser quand le collier quitta mon cou.

Le poids de ses mots me traversait comme une marée lente.

— Les règles, continua-t-Elle, ne t’enchaînent pas. Elles te guident. Elles t’apprennent à respirer dans la contrainte, à trouver la paix dans la précision. Tu ne cherches pas la perfection : tu cherches la conscience.

Elle fit un pas vers moi et posa la main sur ma poitrine.

— Ici, tu n’as rien à prouver. Tu n’as pas à être fort. Tu as à être vrai.

Je fermai les yeux.

Je crus entendre la porte intérieure que je tenais fermée s’entrebâiller.

Maîtresse Elie m’écarta d’un geste, puis désigna le mur.

— Là.

J’y allai, sans un mot.

Elle me fit tenir debout, immobile, le front contre la surface froide du crépi.

L’attente devint méditation et douleur.

Les secondes s’allongèrent, puis se fondirent dans quelque chose de plus vaste que le temps.

Quand enfin sa voix s’éleva de nouveau, elle semblait venir de très loin :

— Qu’es-tu ici, Sabine ?

— Je ne suis rien Maîtresse.

— Quelle est ta place Sabine?

— À Vos pieds, Maîtresse.

— Et que cherches-tu ?

— À Vous faire confiance.

Un silence, puis une main sur ma nuque : chaude, ferme.

— Non Sabine, à être toi.

Elle ne m’écrasait pas ; elle m’ancrait.

— Alors respire, dit-Elle.

Je respirai.

Et tout se remit à circuler.

Elle me fit me retourner.

La lumière de la lune dessinait sur le sol un halo pâle.

D’un geste, Elle posa sur la table une tunique noire et blanche. Ce soir, cette nuit, je serai son serviteur, son esclave.

— Enfile-la.

Le tissu glissa sur ma peau comme une promesse d’apaisement.

Maîtresse Elie ajusta un pli, redressa mes épaules.

Ses gestes n’étaient pas possessifs, mais précis ; chacun d’eux me ramenait à moi-même.

Elle s’assit ensuite, silencieuse, et me regarda.

Je restai debout, face à Elle, incapable de détourner les yeux.

L’air vibrait entre nous, chargé d’un courant invisible.

Ma respiration se fit plus lente, mon regard plus flou.

Puis, sans qu’Elle ne l’ordonne, mes genoux plièrent.

Je tombai, non de faiblesse, mais d’évidence.

Les larmes vinrent, d’abord discrètes, puis franches.

Ce n’était pas la douleur ; c’était la délivrance.

Maîtresse Elie se leva et posa sa main sur ma tête.

Pas un mot.

Sa présence seule suffisait à me faire lâcher tout ce qui me restait de résistance.

Soudain le liquide chaud coula, me lava, me purifia. La pression de sa main m'empêcha de redresser ma tête. Mon visage n'aurait pas l'honneur de son Champagne Doré ce soir. J'avais fauté.

Quand Elle retira sa main, le silence était devenu doux.

Je levai les yeux : son visage baignait dans la lumière.

Elle sourit à peine.

— Respire, murmura-t-Elle.

Je respirai.

Et dans ce souffle, Sabine retrouva son centre.

— Ce soir tu vas apprendre. Sans réflexion, pas par l'esprit, mais par la chair.

— Merci Maîtresse.

— Mais avant tu vas laver à genoux ce que tu as sali.

La serpillère et le saut récupérés, je récurais le sol lentement, patiemment, précautionneusement.

Pendant ce temps Maîtresse Elie partit prendre une douche. Le temps me sembla une apaisante éternité.

Quand elle revint, silencieuse, alors que j'étais de dos, je ne sentis que la chaleur du martinet sur mes fesses.

— Tu n'es pas suffisamment lisse. Tu pensais que je ne le remarquerais pas?

— Aucun son ne sortit de ma bouche.

— Compte et remercie.

A chaque claquement je comptais et remerciait Maîtresse Elie à voix haute, de plus en plus fort, en harmonie avec la puissance des coups.

Je ne sais quand le compte s'arrêta. Je n'habitais plus mon corps, j'étais ailleurs.

D'un simple geste de la main elle me fit me mettre à 4 pattes.

— Retourne-toi.

Lentement, je me retournais puis me cambrais pensant que la sodomie viendrait.

Je sentis le froid de l'acier. Maîtresse Elie n'allait pas m'enculer, elle allait prendre possession et occuper.

Lentement la pression aumenta. Elle ne lubrifierait pas. Je devais m'ouvrir à elle.

Je respirais lentement, me détendant et doucement le rosebud entra. A la douleur ressenti je compris que c'était le plus gros.

— A genoux maintenant.

Dans cette position je reçu ma cage que j'installa. Tout érection et tout plaisir me serait interdit ce soir, mon sexe enfermé dans son carcan d'acier.

— Va me préparer à manger.

En tenue de soubrette, le cul occupé et le sexe encagé, je la servis toute la soirée. Sans un mot.

Plus tard dans la nuit Elle prépara et versa du thé.

Le parfum du jasmin emplit la pièce. Elle sait que je déteste ça. La leçon se poursuivait, longue, lente, intense.

Elle m'invita à m'assoir face à elle. Je n'osais la regarder. Elle vit mon inconfort sur le rosebud et sourit. Elle ne me libèrerait pas.

— Comment te sens-tu ? demanda-t-Elle.

— Léger, Maîtresse. Et calme.

— Tu as pleuré.

— Oui, Maîtresse. Je crois que je ne savais pas que j’en avais besoin.

— Les larmes, dit-Elle, sont le langage du corps quand les mots sont trop lourds.

Je pris une gorgée de thé, les mains encore tremblantes. Je détestais vraiment ça, réprimant des hauts le coeur de peur d'être à nouveau puni.

— Vous m’avez rappelé ce que j’oublie.

— Et qu’as-tu compris ?

— Que la règle n’est pas un carcan, mais une direction. Que l’obéissance n’est pas servitude, mais confiance. Et que, dans Vos yeux, Maîtresse, je retrouve ce que j’oublie du monde : la paix.

Elle me regarda longuement, puis répondit :

— Ce que nous faisons ici n’est pas un jeu, Sabine. C’est une école de soi. Chaque geste, chaque silence t’apprend à être présent. Quand tu doutes, tu avances. Quand tu cherches la perfection, tu t’égares.

Je hochai la tête, incapable de parler.

— Tu dois être digne de moi, ajouta-t-Elle doucement. Mais tu dois surtout être vrai! Je ne veux pas ta soumission aveugle, mais ta lucidité.

Je murmurais :

— Merci, Maîtresse.

Elle remit une mèche de mes rares cheveux en place.

Geste simple, presque banal, mais d’une tendresse immense.

— Ce soir, Sabine, tu as appris à lâcher sans fuir. C’est une victoire silencieuse. Garde-la.

Nous restâmes ainsi, un long moment, sans parler.

Le thé refroidissait.

La nuit, dehors, semblait retenir son souffle.

Et dans cet espace suspendu, je compris que ce que j’avais vécu n’était pas une soumission, mais une rencontre : celle de ma volonté et de ma confiance, réunies sous le regard bienveillant de Maîtresse Elie.

Quand je sortis de la pièce, le monde ordinaire reprit sa place.

Mais quelque chose en moi, au-delà du rosebud, demeurait : la trace d’un geste, la douceur d’un regard et la certitude que la vraie liberté se trouve parfois dans le courage d’obéir — non par faiblesse, mais par amour de la clarté.

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En dehors du mot enculer, que vous avez utilisé pour ne pas répéter le mot sodomie une seconde fois, ce texte est un délice à la lecture. J aurai privilégié le mot pénétrer que je trouve plus en phase avec votre texte. Mais qu’il soit vécu ou romancé, ce moment est divinement conté, du coup, vous nous faites voyager avec vous et Maîtresse Elie, ce qui est bien l’essentiel. Vous avez donc joliment décrit ce que vous avez vécu ou rêvé. Belle journée à vous deux.
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Nicojedi
Merci Izno. Je me suis interrogé sur l'usage de ce mot moi aussi. Pénétrer ne me semblait pas assez fort et allait être utilisé par la suite, ce qui n'a finalement pas été le cas. C'est une preuve de mon imperfection et du besoin de poursuivre mon éducation pour atteindre non pas la perfection mais au moins le choix de bons mots. Merci pour le commentaire qui me touche dans tous les cas. La lecture était longue et vous êtes allé au bout de ma prose.
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Vos textes sont toujours plaisant à lire quel qu’en soit la longueur. Je m’en délecte.
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Maîtresse Elie
C’est bien plus qu’un texte, il transforme le simple en sublime. Une écriture qui transperce mon âme
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Nicojedi
Merci Maîtresse Elie, vous ne pouviez me faire de plus beau compliment.
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