par Abyme
		    le 16/07/16
        
	
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. De passage en ville pour quelques jours, elle visitait le quartier médiéval et atterrit par hasard à mon atelier, par curiosité. Elle avait bu un thé et, après une heure de discussions philosophiques, m’avait complimenté sur mes activités mais aussi sur mon “charisme“, et l’impression de sérénité et de douceur qui se dégageait de moi et de mon univers.
En souriant, je lui avais rétorqué que, contrairement aux apparences, la douceur n’était pas toujours de mise avec moi, et même que j’aimais parfois attacher des femmes, et les malmener quelque peu. Je lui montrai la chaîne qui descendait du plafond haut de quatre mètres, qu’on ne remarquait pas forcément car elle était rabattue le long du mur dans un coin.
Sa curiosité fut assez attisée, je le vis aussitôt. Je remarquai également qu’elle ne portait rien en dessous de son chemisier écru à pois noir, alors qu’elle devait à vue de nez faire un bon bonnet C presque D. La trentaine, plutôt grande et bien foutue, les cheveux longs châtains clairs, des lunettes assagissaient son joli visage illuminé par de grands yeux bleu-gris. J’étais séduit et n’avais aucun doute sur la réciproque.
Je lui expliquai ce qu’était le shibari et le kinbaku, et lui proposai dans la foulée de tenter l’expérience si elle l’osait.
Dans un rire nerveux, elle déclina en me remerciant, même si, me dit-elle, elle était du genre à aimer relever les défis. «Mais là on ne se connaît pas assez».
«Hé bien faisons connaissance» dis-je du tac au tac, en l’invitant à repasser le lendemain à l’heure du thé. Elle fit mine d’hésiter, puis accepta.
Voilà donc cette jeune femme séduisante et mystérieuse qui revint le lendemain après-midi, me complimentant sur mon dernier roman qu’elle avait acheté la veille et dévoré le soir même.
Nous discutâmes encore une bonne heure, de littérature, de psychologie et de spiritualité, sujets sur lesquels nous étions en gros en assez bonne résonance.
Puis je lui fis remarquer que cette fois elle avait mis un soutien-gorge, dommage. Elle rougit et me reprocha d’être assez cavalier, qu’on ne se connaissait pas assez pour ce genre de remarque, etc. Je lui répondis qu’avant la fin de la journée je l’aurais attachée, nue, et que son corps aurait peu de secrets pour moi. Là elle fit mine d’être vexée par tant d’assurance déplacée, et estima qu’il était temps pour elle de repartir, car elle avait horreur d’être réduite à un objet de perversion. Nous entamâmes alors un débat sur le concept de perversion, qui était assez subjectif, et je lui rappelai qu’elle avait prétendu aimer les défis, et que là je lui en lançais un.
C’est ainsi qu’elle accepta finalement, après quelques tergiversations et atermoiements de mise pour garder sauf un minimum de dignité, de se faire attacher, pour voir, en m’avertissant qu’elle n’était pas soumise, mais juste pour l’expérience.
Après l’avoir convaincue que je préférais l’attacher nue, que le contact des cordes directement sur la peau est plus sensuel et efficace, qu’esthétiquement aussi c’est préférable, je commençai par un bondage simple du tronc et des bras rassemblés à l’arrière.
Elle trouva cela “intéressant“ au niveau des sensations et de la contrainte. Je passai alors aux jambes, attachées pliées, les cuisses écartées en grenouille, en prenant soin d’aménager dans le dos une triple boucle de suspension reliée à la taille, à la poitrine et aux cuisses.
Une fois la fille attachée entièrement, je commençai à la fesser. Au début elle trouvait ça plutôt excitant, riait nerveusement, et accepta de s’offrir plus encore. Je lui signifiai un safeword, mais elle rétorqua qu’elle préférait prendre ça comme un défi et qu’utiliser ce safeword serait pour elle un aveu de reddition et d’échec.
Je la hissai saucissonnée en suspension à un mètre du sol, face et ventre vers le bas.
Ensuite la flagellation au martinet remplaça la fessée, et là elle n’était plus d’accord, et l’exprima avec force et même agressivité.
Jusqu’à l’ajout d’un vibro, qui a remplacé ses vindictes par des râles de plaisir.
La flagellation s’est intensifiée, jusqu’à un point où, à nouveau, une limite était franchie, et les râles se sont à nouveau mêlés de plus en plus à des sommations de la descendre, de la détacher, de tout arrêter ; et même d’insultes.
J’avais la main, mais un choix à faire : je savais que si elle ne prononçait pas le safeword c’était par défi, et je savais aussi qu’elle était novice et qu’elle prétendait ne pas être d’accord du tout avec ce qu’elle subissait. Je devais me décider vite : continuer à repousser ses limites, tenter de la faire jouir et donc plier, ou tout arrêter comme elle l’exigeait à présent instamment ?
Ma décision prise, et constatant à quel point elle mouillait, je pénétrai alors violemment la furie (qui tentait encore de se débattre), tout en maintenant le vibro sur son clitoris. À nouveau ses vindictes se mêlèrent de gémissements explicites, mais toujours entrecoupés d’insultes et même de menaces (incluant notamment le fait de porter plainte pour viol, ou de trouver des hommes costauds qui viendraient la venger, etc).
Les fesses écarlates, les seins dansant au rythme des coups de butoir, les cheveux à présent empoignés et tirés en arrière, le vibro toujours calé sur son clitoris, elle ne pouvait plus que gémir, crier, et peinait à trouver encore des insultes adéquates.
Elle jouit alors, en hurlant et en urinant, prise de spasmes violents. Je ne relâchai pourtant pas le rythme, ni le vibro, ce qui prolongea son orgasme, la propulsant dans un abandon désormais total, ne réagissant même plus aux coups que je lui donnais sur sa croupe, de la main qui avait relâché sa chevelure.
Le deuxième orgasme la cueillit très vite après, encore plus intense que le premier, il faut dire que j’avais gardé un rythme effréné sans fléchir.
Je me retirai alors, donnai une impulsion latérale qui fit pivoter la femme et la fit se retrouver le visage face à mon sexe impitoyablement dressé, dur, gonflé à bloc, trempé de mouille et de pisse. Je lui attrapai à nouveau les cheveux pour lui redresser la tête, et lui giclai au visage.
Alors elle me dit «T’es qu’un gros salaud !»
… et prononça enfin le safeword, dans un sourire espiègle.
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	Resistance, défi
        
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                            Pour en avoir parlé avec elle après, je peux affirmer qu'il s'agit des deux : en réaction à l'éjac faciale, ce fut une insulte quasi spontanée, cependant elle m'a avoué avoir été touchée par mon expression et soupir lors de mon orgasme, et au moment même où elle a prononcé “salaud“ elle savait déjà qu'elle ne regrettait absolument pas ce qui venait de se passer. Elle m'a même réclamé une séance semblable peu après, la veille de son départ de Montpellier. Je ne l'ai jamais revue. J'avoue même avoir oublié son prénom.
            
Suggestion		
	
                Par : Abyme
            
            
            
JOUR 1 (suite)
Je lève les yeux vers toi :
« Ça ne peut pas être trop fort ? »
Je me vois 
en reflet 
dans cette théière, 
elle qui nous a attendu,
en bas,
fidèle, patiente,
toujours chaude et gonflée,
exhalant une suave odeur de fleur, 
toute prête à être bue, 
encore, 
jusqu'à la dernière larme.
« C'est meilleur quand ça infuse longtemps »,  
J'esquisse un sourire métaphorique et porte le bol à mes lèvres. 
C'est alors avec un visage blême que je reviens des chiottes, et m'assoie, comme soudainement embarrassée, paniquée, honteuse, désolée et en rage, un peu tout cela à la fois, rampant sournoisement sous le vernis de ma pudeur.
« Je crois que mes règles arrivent »
Avec une semaine d'avance, elles me font l'effet d'une sentence qui me tombe sur la tête, un coup du sort. Injuste, dégueulasse. 
Une catastrophe, un monde qui s'écroule, que pourrait-on faire de moi, saignante ? Je ne vais qu'inspirer une distance réglementaire, peut-être un dégoût un peu ravalé, d'ailleurs je me sens déjà presque coupable de cette indisponibilité de circonstances, puisque je vais avoir tôt fait d'y trouver une cause psychopathosexologique.
Tu me parais peut-être un peu amusé par la vaine panique qui a pris possession de mes légèretés.
« Détends-toi, prends les choses tranquillement, rien n'est grave. »
Des encouragements et un état d'esprit qui m'aident à dédramatiser l'affaire, mais parallèlement je me catapulte au plus profond de mon utérus, histoire de lui faire entendre raison: « Ça n'est pas à toi de jouer, boucle-là encore quelques jours, je te revaudrai ça ».
« Tu finis ton bol et t'es prête à jouer ? »
Tu es debout, tu m'attends. 
J'aquiesce, et termine mon thé à toutes petites gorgées, celles qui savourent.
Tu as allumé des petites bougies qui donnent à la pièces des lueurs contrastées. Je t'ai entendu préparer des choses, choisies parmi les bruits insolites dont regorgent tes malles. 
Alors je me lève, et m'avance, nue vers toi. 
Tu me saisis un poignet, l'attaches à une menotte de cuir. Je regarde tes gestes, je vois mon poignet, docile, confiant, qui se laisse mettre hors d'état de nuire. Tu me rabats l'autre bras dans le dos, et lies mes deux poignets ensemble. Ma respiration se fait plus courte, attentive, en latence. 
Tu m'observes ainsi. Tes mains s'approchent de moi et je sursaute dès qu'elles effleurent mes tétons, dressés et sans défense. Tu me les pinces et ta voix murmure un plaisir naissant. Sur mes lèvres, un petit sourire trahit mon regard, fuyant, en proie. Je détourne la tête, tes mains remontent, et entourent mon cou.
A ce moment ma nuque n'est plus qu'un frisson.
Ma gorge se voit nouée d'un collier de cuir, et d'un cœur qui bat, qui se bat contre lui-même. 
Et puis une corde autour de mon visage, qui passe devant, derrière, vient enserrer ma tête. Ça dérape, tu insistes. Je n'aime pas trop cette sensation de ne plus pouvoir ouvrir la bouche, de ne plus rien pouvoir transmettre par l'expression de mon visage. 
Seuls mes yeux peuvent encore s'affoler.
Tu m'allonges au sol, replies mes jambes et lies chacune d'elles, cuisse contre mollet, par de nombreux tours de corde. Je regarde ton grand tambour suspendu au plafond, flotter au dessus de ma tête, en sentant les liens se tisser contre ma peau. 
En sentant cette emprise qui s'élabore, méticuleuse. 
Cette immobilité me saisir, toute entière.
Tu t'éloignes un temps. J'en profite pour tester mes marges de manœuvre. 
Réduites. Il fallait s'en douter.
Je tressaille au contact d'une sensation froide sur mon sexe, qui va et vient, et puis qui s'applique par petites tapes sur l'intérieur de mes cuisses, mon ventre, et qui vient se frotter à ma fente. Ta cravache indienne. Je me tords comme je peux. Tu montes en intensité, ça claque de plus en plus fort sur ma peau, et je fais des bonds quand ça atteint mon clitoris. La douleur est vive et soudain je voudrais te supplier de ne pas insister plus. Mais je n'ai pas besoin, car tu te lèves. 
Un répit 
D'une seconde. 
Je te regarde et tu me surplombes.
Tu saisis une bougie et la penches au dessus de moi. Je sens la cire chaude couler sur ma poitrine, mon cou, au creux de mon aisselle. Puis tu en prends une autre et verse d'un peu plus bas. Les coulées atterrissent sur mon ventre, suivent l'aine, et viennent irradier mon sexe. J'émets un cri, j'ai l'impression que la brûlure va me ronger la peau, mais déjà elle s'estompe peu à peu, la cire tiédit et se rétracte, emprisonnant mes poils. 
Tu me laisses ainsi, t'éloignes, et reviens prendre quelques photos.
Ta main vient ensuite se lover au creux de mes cuisses qui tremblent, et il te faut ouvrir ce cachet de cire pour t'introduire en moi, d'un coup. 
 
Tes coups de reins se répercutent jusque au sommet de mon crâne, tes mains s'agrippent à mes seins, je sens une boule qui monte en pression à l'intérieur de mon ventre.
« Je peux jouir ? »
Tu marques un long et cruel silence avant de dire :
« Oui, vas-y. »
Ça implose en moi, d'une manière violente et diffuse à la fois.
Tu craches et m'enfiles un doigt dans le cul. Je blêmis. L'appréhension est toujours proche de la panique quand je sais que tu vas vouloir m'enculer. Ton sexe cherche le passage, force un peu. Je me tortille, tente de me redresser, comme pour implorer toute ta délicatesse. Elle est de mise, mais avec la fermeté que tu estimes pour déjouer mes dérobades. Ça me fait mal. Toujours au début, je n'arrive pas à me détendre, d'autant plus quand ton intromission n'est pas complète, et m'attend. Je souffle, je me concentre, et soudain tu forces la dernière barrière. Ce qui s'échappe de moi ressemble un peu à un sanglot... de soulagement. 
Là encore tu t'amuses longtemps de me voir me tordre, traversée par des sensations si fortes qu'elles refusent encore à présent de se laisser coucher sur le papier. 
Je jouis une nouvelle fois, différemment, avec quelque chose de plus sauvage dans mon cri. Mais je sens qu'il y a encore un endroit où je retiens, comme si je ne pouvais pas me laisser aller totalement. J'ai l'impression que ces jouissances me sont arrachées, elles éclatent comme des ballons de baudruche, dont il ne reste ensuite plus que des lambeaux... 
Tu me défais le bondage du visage.
Je me sens libérée, tout de suite.
Et puis tu m'embrasses, m'aides à me redresser, dénoues une à une les boucles qui m'enserrent les jambes, ça fait des dessins rouges incrustés sur ma peau, j'aime bien. Je caresse ces empreintes, qui bientôt disparaîtront, elles.
Je vois s'approcher une lame brillante dans ta main. Doucement, très doucement, elle vient gratter les écailles de cire qui perlent sur ma peau. 
Je retiens mon souffle, frissonnante sous la caresse de ton couteau.
« Ça va ? », me demandes-tu, alors que mon corps est assis sur le canapé, et que ma tête semble sûrement partie loin.
« Oui, oui, je redescends ».
***
Rhum, Sushi. 
Échanges, réconfort.
J'ai l'impression de m'être retrouvée catapultée à cette nuit tombante. Tout ce que je viens de vivre me paraît former un grand tourbillon au sein duquel je me suis tant laissée égarer, que je crains déjà ne plus être en mesure de me le remémorer fidèlement. Ensemble, on retrace quelques grandes lignes, ma plume court, succincte, sur le papier que tu me tends, le temps n'est pas encore à l'étoffe de ces quelques mots griffonés.
On opte pour le film "L'art de la pensée négative". En grand écran sous la couette.
N’a-t-on pas mauvaise conscience, avant de s'escrimer, de se mélanger encore férocement ?
Jusqu'au milieu de la nuit...
Tu te retournes, sur le dos, à bout de souffle. Je reprends le mien et t'adresse un regard, furtif et un peu désolé :
« Coriace, hein ? »
Puis je reste un moment à fixer mes mains qui tripotent un peu méthodiquement les plis de la couette, comme s'ils pouvaient m'aider à formuler des pensées de plus en plus obsédantes. 
Tu te tournes vers moi, et je te sens m'observer.
Sans mal, tu décryptes évidemment mon silence :
« Tu as quelque chose à me dire ? » 
Oui.
Je pense à l'empreinte 
que va laisser ce tatouage sur moi. 
En moi. 
Irrémédiablement.
Demain.
Alors je t'explique les peurs 
qui conspirent, louvoient, 
à l'ombre de mes élans.
Je te parle de ces distances 
qui se creusent avec mes amours, 
de mon effroi à leur dire 
ce qui m'émoustille tant.
Je te fais visiter
le cœur du désir qui me prend,
en traître
qui détrône mes prudences,
me laissant là, 
face à ce vent fou
qui tourne 
les pages noircies 
de mes nuits blanches.
Et j'imagine le dessin de mon étoile, 
mon futur tatouage,
offerte,
qui s'étire comme je me livre, 
toute crue,
comme je me jette,
dans la gueule d'un loup.
L'aube sera rouge.
Fin du premier jour
(à suivre)            
            
                
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                Par : Abyme
            
            
            
On dit qu'à la mort de son mari Madame Ward Spring, alias Joan, fut très éprouvée. Pourtant elle commença très tôt à rendre visite à Alix D. George qui habitait le New Cantonment au sud d'Arkham, lieu de résidence favori de l'élite fortunée de la ville. George y possédait une maison à l'architecture cubique surprenante, moderne, ceinte d'un parc et d'un mur d'enceinte.
Joan raffolait justement de moderne, et la perte récente de son mari ne la traumatisait pas au point d'ignorer Alix, qui se conduisait en parfait gentleman, de l'avis de tous ses éminents collègues du Cercle des Lions d'Arkham. 
De plus, vivre seule et recluse dans sa maison de Kingsport lui aurait été insupportable. Elle n'était pas du genre à se morfondre. 
Le dernier jour de septembre, Alix était venu passer la chercher chez elle. Ils firent un détour au bord de la mer, et il partirent pour Arkham avant que la nuit ne tombe.
Alix avait eu la charmante idée de prendre la nouvelle décapotable noire dont il venait de faire l'acquisition. Le bolide était splendide et il promit à Joan de lui apprendre à la conduire un jour.
Il prirent la route d'Innsmouth qui rejoint Arkham par le bord de mer.
Joan était incontestablement très fière de traverser Kingsport à bord de cette voiture rutilante et aux côtés de son illustre chauffeur, même s'ils ne croisèrent finalement personne de connu.
Alix, la mèche au vent, avait une fossette particulière lorsqu'il conduisait, qui encadrait sa fine moustache noire comme une parenthèse. Joan avait remarqué également que ce fieffé dandy s'était épilé les sourcils ! Mais ce trait de coquetterie n'était pas fait pour lui déplaire. Feu son mari se fichait bien de son apparence et du coup de celle des autres, elle comprise, enfin presque. 
Dans cette décapotable aux côtés d'Alix, bel homme musclé et raffiné, elle se sentait des ailes, comme à sa place.
Elle défit sa longue chevelure blonde, pour la sentir emportée par la vitesse, et ferma les yeux, alors que sur leur gauche le soleil déclinait lentement, comme pour les accompagner le long de la route.
Juste avant de passer Innsmouth, elle vit une silhouette sur la route par ailleurs déserte, et elle eut un cri.
"Ward ! Là !
Alix ralentit, surpris.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Non, je... l'homme que nous venons de croiser, je l'ai pris pour Ward !
- Si tu commences à avoir des visions maintenant... Tu te tortures trop l'esprit avec tes scrupules.
- C'était si ressemblant, la barbe en moins... j'ai eu une frayeur. Tu sais cette nuit j'ai rêvé qu'il revenait et...
- Bon, tu as vu quelqu'un qui lui ressemble, c'est tout. C'est ta conscience que tu n'arrives pas à mettre en veille. Je te l'ai déjà dit : c'est un peu trop tard pour avoir des remords maintenant, tu ne croies pas ?
- Et si quelqu'un savait tout et voulait nous faire peur ?
- Comment veux-tu qu'on nous soupçonne ? Je me suis arrangé pour que cela ait l'air d'un accident, tu le sais, et ton témoignage a produit son petit effet. Ne te torture plus l'esprit avec cette histoire, c'est du passé et nous ne serons jamais inquiétés. Alors chérie, tu sors Ward de ta tête et tu te consacres un peu plus à moi, OK ?"
Mais cette nuit-là, après une étreinte faussée par son angoisse qui transformait en général son vagin en étau douloureux, Joan ne dormait pas. Elle laissa Alix à ses ronflements repus et sortit du lit immense dernier cri. La nuit était exceptionnellement douce pour la saison, et elle descendit sur la terrasse.
Le mal était fait maintenant. Ward était mort, bel et bien mort et enterré, personne ne découvrirait la terrible vérité.
Elle était enfin libre d'être heureuse et une nouvelle vie commençait. Elle la voulait différente de cette relation monotone qu'elle avait vécu avec Ward. Ward le mou, Ward-pas-de-vague, Ward le lymphatique sur qui elle ne pouvait jamais compter pour être sécurisée et étonnée...
Elle allait vendre la maison de Kingsport et l'ensemble de la propriété, elle trouverait facilement un acheteur pour cet horrible bateau que Ward avait payé une fortune (alors qu'elle rêvait d'un voyage exotique) quand leur budget ne l'avait pas permis à l'époque.
Elle le revoyait lui annoncer la nouvelle, il était excité comme un enfant de dix ans devant le jouet de ses rêves, il avait contracté des dettes, ils durent vendre des meubles de leurs parents qui n'étaient plus là pour s'y opposer, ils se disputèrent régulièrement, puis chaque soir... Pourtant ils s'aimaient, à leur façon.
Elle pleura enfin, au clair de lune, avant de regagner le lit immense. Trop grand pour elle.
***
Deux semaines après la mort de son mari, Joan Spring était présentée à la "haute" d'Arkham par Alix D. George.
L'annonce de leur mariage prochain fut faite à cette occasion lors d'une réception mondaine donnée au Cercle des Lions d'Arkham, dont George était le vice-président.
En fin d'après-midi de ce dimanche au ciel gris, seuls les membres du Cercle étaient encore présents quand George clôtura la journée.
A la sortie du Cercle, dans le vent froid, un mendiant barbu tendait son chapeau aux gens, un chapeau sale et élimé qui ne fut pas honoré de plus de trois pièces.
En le voyant, Joan hurla et s'évanouit aussitôt, retenue à temps par son fiancé. Le mendiant tremblant — mais était-ce de froid ? — s'enfuit dans l'ombre du parc attenant, sans demander son reste.
"Hé attendez !" cria George, en vain, tout en tapotant les joues de Joan, qui revenait doucement à elle.
- Ward ! C'était Ward !
- Mais voyons ma chérie, c'est impossible... Décidément c'est une obsession !
- Je te dis que c'était lui ! Son regard est plus hagard et plus dur à la fois, mais je l'ai reconnu !
- Je crois que je n'ai pas assez tenu compte du choc que cette histoire a représenté pour toi, tu as besoin de voir quelqu'un.
Le secrétaire du cercle accourut, un gros homme à barbiche :
- Qu'y a-t-il ? Madame ne se sent pas bien ?
- Un simple malaise, dit George rassurant, Joan est encore très perturbée par la récente perte de son mari... Ces fiançailles sont peut-être un peu prématurées, c'est de ma faute. Elle croit parfois voir son fantôme, mais ça lui passera avec du temps et du repos. N'est-ce pas, chérie ?
Joan secouait la tête.
- Ce n'est pas possible... excusez-moi... pourtant...
- La journée a été fatigante pour vous, Madame, vous étiez le centre de toutes les attentions aujourd'hui. Voulez-vous un dernier remontant, avant de rentrer ? dit le secrétaire.
- Je crois plutôt que je vais la ramener sur le champ, mon vieux, de plus le temps se gâte ; je vous laisse le soin de tout fermer. Tu viens Joan ?"
Le repas du soir fut entièrement consacré à Ward. George récapitulait les raisons pour lesquelles il eut été impossible qu'il fut encore en vie.
"De plus, souviens-toi, j'ai vérifié moi-même le corps : il était bel et bien mort, ça j'en suis sûr." Il la noyait d'arguments.
"Et le rapport du coroner ? ... Et l'enterrement ? Réfléchis, une telle électrocution, ça ne pardonne pas, surtout lorsqu'on est cardiaque. Tu as dû voir quelqu'un qui lui ressemblait, et ta conscience, ta culpabilité a fait le reste... mais un fantôme ! Je t'assure chérie, ôte-toi toutes ces... Mais qu'y a-t-il encore ?"
Joan s'était raidie sur son fauteuil en fixant la fenêtre en ouvrant la bouche comme pour crier, mais aucun son ne sortait.
George se tourna vivement et eut à peine le temps d'apercevoir à travers les carreaux une silhouette, un profil, barbu semblait-il, qui se détourna rapidement pour disparaître.
Vision d'une seconde qui accéléra soudain son rythme cardiaque.
Un léger doute s'installa en lui, en même temps qu'un frisson qui lui parcourut toute la moelle épinière.
Joan s'était à nouveau évanouie, sans un cri. Il la laissa affalée sur la table du salon, la joue dans un excellent coulis de framboises, et se précipita dehors.
En se ruant sur la porte, il se dit que l'homme, un rôdeur sans doute, n'avait certainement pas eu le temps de traverser le parc pour atteindre la rue.
Il resta interdit sur le seuil : pas un bruit, rien ne bougeait, hormis le feuillage des érables balancé par le vent.
Allons bon, je n'ai pourtant pas d'hallucinations, moi !
Un corbeau croassa soudain dans le silence et le fit sursauter plus que de raison. 
Des corbeaux ici, maintenant ? 
Il s'engagea sur l'allée centrale, et son pied buta sur une petite masse noire au sol : un corbeau mort. 
(à suivre)
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                Par : sylvie35
            
            
            
Je ne suis pas très rassurée, nue sur cette aire d'autoroute à la tombée de la nuit [1]. Tout en scrutant la voie d'entrée, craintive, je me dépêche de me diriger vers les toilettes, espérant y trouver un refuge provisoire.
J'entends mon Maître qui m'interpelle: "Qu'est-ce que tu fais?"
Tétanisée, je reviens vers lui.
Je me prends une gifle qui me fait presque trébucher, puis une deuxième.
"Va pisser dans les toilettes des hommes, comme une salope. C'est là qu'est ta place."
J'essaie péniblement de pisser, debout devant l'urinoir.
Mais je suis tétanisée. Pas une seule goutte ne sort. Pourtant j'avais très envie.
Un jeune homme entre et me dit bonsoir d'un air gêné, certainement surpris de tomber sur une femme nue ici. Je suis bien plus gênée que lui, mais je lui réponds "Bonsoir, Monsieur" pour me donner une contenance.
"Bonsoir Monsieur!" Qu'est-ce que c'est con comme réponse dans de telles circonstances...
J'essaie encore de forcer pour vider ma vessie, mais rien à faire. Je laisse tomber, je n'y arriverai pas, encore moins maintenant, la situation est trop gênante. Tant pis, je vais rester avec la vessie pleine.
Il ressort rapidement. Ouf!
Je ne m'étais même pas rendue compte que mon Maître l'avait suivi de peu, sans doute pour assurer ma protection au cas où, et se tenait discrètement dans la pénombre.
Je me tiens debout avec les pieds à environ 60 cm l'un de l'autre, utilisant un index de chaque main pour écarter mes petites lèvres, tirant doucement vers l'avant tout en exerçant une pression uniforme pour exposer l'urètre. Basculant le bassin vers l'avant, essayant de me décontracter - pas facile de lâcher prise quand on est observée - je n'y arrive malheureusement pas.
Je m'attendais à un "dépêche-toi, on n'a pas toute la nuit!" mais au contraire mon Maître me parle doucement, d'une voix apaisante, pour m'encourager. Finalement, j'y arrive, et sans en mettre à côté! Félicitations de mon Maître. Je suis plutôt fière de moi.
C'est revigorée et confiante que je monte dans la voiture. Les félicitations de mon Maître m'ont dopée !
Nous roulons en silence et je me perds dans mes pensées. J'apprécie que mon Maître ne soit pas trop bavard, tout comme moi. Les flots de paroles me saoulent quand ils viennent à un moment où j'ai besoin de sérénité.
Une brutale décélération me sort de mon nuage. Mon Maître vient de piler sur l'autoroute.
Un bouchon en formation, une fumée épaisse, des cris et des explosions,...
Les Brigades de Défense de la Démocratie sont en train de démanteler un barrage et de tabasser les manifestants.
La voie sera libre sans tarder. Ces gens-là ne font pas dans la dentelle.
Une femme, le visage en sang, tente de s'échapper en courant. Elle fait tomber un objet qu'elle tenait à la main.
Mon Maître ouvre la vitre et l'appelle, mais au lieu de monter dans la voiture, elle retourne chercher l'objet. "Quelle conne!" me dis-je. Elle va se faire prendre et nous avec.
Trois miliciens armés de matraques arrivent vers nous en courant.
Elle a juste le temps de monter. Mon Maître enclenche la marche arrière et recule à toute vitesse pour prendre la sortie que nous venions juste de passer. C'était moins une.
Une voiture nous prend en chasse après la sortie, mais est vite semée. La vieille Aston Martin a encore de sacrées ressources dans le ventre. J'ai l'impression d'être aux côtés de 007 !
Mon solde de crédit social étant dans le négatif, je risquais gros si j'étais tombée entre les mains des miliciens. Ne pas faire partie des citoyens exemplaires est très mal vu par les temps qui courent.
Depuis la loi sur le retrait ciblé des permis de conduire [1], des manifestations ont semé le trouble au sein de la fédération des grandes démocraties. Pourtant, les experts ont publié plusieurs tribunes dans la presse pour expliquer les bases scientifiques de cette loi et fustiger les quelques groupuscules anti-science qui refusent encore de jouer collectif. Les meutes de fact-checkers ont ridiculisé ceux qui tentaient de contredire la science officielle.
Des bruits courent comme quoi des policiers, plus nombreux qu'on ne le croit, auraient des états d'âme, voire rejoindraient clandestinement les manifestants. C'est sans doute cela qui a conduit à la création de milices citoyennes, les Brigades de Défense de la Démocratie, le gouvernement n'ayant plus qu'une confiance très modérée dans sa police.
Les journalistes ne tarissent pas d'éloges sur ces citoyens courageux qui prennent des risques pour défendre nos belles valeurs progressistes, et fustigent ceux qui non contents d'avoir mis leurs concitoyens en danger en refusant de "se protéger et protéger les autres", voudraient à présent continuer à emprunter les routes en faisant fi du danger qu'ils constituent pour les autres usagers.
Ce message quotidiennement répété a renforcé la haine de la population à leur égard, et l'admiration pour les miliciens. L'afflux de candidatures dans les bureaux de recrutement a été massif.
Les miliciens ne sont pas rémunérés, mais reçoivent un bel uniforme dont ils sont très fiers et qui leur donne un air de policier britannique du siècle dernier. Au-delà de la répression des manifestations, ils jouent un rôle crucial dans la prévention du crime : implantés dans chaque quartier, ils reçoivent cordialement et discrètement les citoyens qui souhaitent faire leur devoir en dénonçant les individus dangereux, soupçonnés de ne pas adhérer pleinement aux valeurs démocratiques ou de trop réfléchir. « Des gens bien plus intelligents que vous savent ce qui est bon pour vous ». Tel est l’adage que tout bon citoyen doit suivre. « Nous sommes en démocratie, bon sang ! Ceux qui ont des doutes sont forcément des individus louches. ». Tels sont les mots de Christophe B., éditorialiste très en vogue.
 
Je me retourne vers notre passagère, pour m'enquérir de son état. Elle est en train d'examiner l'objet qu'elle a récupéré, une caméra semble-t-il, visiblement plus contrariée par l'état de cet objet complètement fracassé que par ses blessures.
Elle ne semble pas comprendre notre langue et me répond en anglais.
« Sonia E. !!?? », m’exclame-je.
Son visage ensanglanté n'est pas reconnaissable, mais j'ai immédiatement reconnu le timbre très particulier de sa voix.
Je comprends pourquoi elle a pris tous les risques pour récupérer sa caméra.
Elle me félicite pour mon collier d'esclave. Visiblement elle n'a pas besoin d'explications...
Oui, je suis très fière de porter ce collier. J'aimerais crier ma fierté en long, en large, et en travers, mais mon anglais approximatif m'empêche d'exprimer le fond de ma pensée. Dommage.
Nous arrivons au domicile de mon Maître. Une maison assez quelconque, mais avec un grand jardin clôturé. Voilà qui sera bien utile pour certaines pratiques perverses en extérieur...
Je pousse un hurlement en sortant de la voiture. Cet objet dans le cul, qui se rappelle à mon bon souvenir ! Je l'avais presque oublié, mais le mouvement... Bon sang, qu'est-ce que ça m'a fait mal !  J'essaie d'interpréter mes sensations, de deviner ce que c'est, quelle forme il a, mais c'est difficile.
A peine débarqués, nous nous affairons à prodiguer les premiers soins à notre invitée surprise.
Elle a pris de sacrés coups, la pauvre. Espérons qu'elle n'ait pas de fracture du crâne, mais malheureusement la conduire à l'hôpital serait bien trop risqué.
Décidément, rien ne se passe comme prévu.
J'en ai presque oublié que je suis complètement nue depuis l'arrêt sur l'aire d'autoroute.
Je suis tellement excitée d'avoir rencontré en vrai cette femme que j'admire. "Si seulement je pouvais avoir le centième de son courage", me dis-je. Pourtant elle semble si faible et si fragile... Qui aurait pu se douter qu'une si frêle créature fait trembler les élites au pouvoir?
Ses blessures nettoyées et pansées, nous nous dirigeons vers une grande salle très plaisante, moquette au mur, cheminée en pierre, … J'ai bien remarqué la cage, à peine dissimulée, à côté de la bibliothèque. Je sais très bien à qui elle est destinée.
Mon Maître n'avait pas prévu que nous ayons une invitée. La situation est assez gênante, mais Sonia semble à peine y prêter attention. Elle a tout compris.
Plus je parle avec elle et plus je ressens le mental d'acier qui se cache derrière son apparence fragile. Elle en a vu d'autres, certainement. Il en faut bien plus pour l'impressionner.
Mon Maître ne m'a pas donné d'ordre et pourtant j'ai compris. Je ne sais pas comment. L'intonation de sa voix? Il a simplement prononcé mon prénom et j'ai compris. « Dans la cage ! ». Oui, Maître, j'y vais, car là est ma place. Je referme la grille derrière moi. Elle se verrouille automatiquement, tel un piège. Des pensées contradictoires me traversent l'esprit, je suis tellement fière d'appartenir à cet homme, tellement heureuse d'être en cage pour son plaisir, et pourtant je me sens honteuse d'être là, nue, en cage, comme une chienne, en présence d’une autre femme.
Sonia me lance un sourire, que je ne sais comment interpréter. Encouragement? Moquerie? Complicité?
Mon Maître sort du salon en sa compagnie et éteint la lumière.
Je me retrouve seule dans le noir.
Les pensées me traversent l'esprit dans tous les sens. Où sont-ils allés? Que font-ils? Que se disent-ils?
Est-il possible que tout cela ait été combiné? Non, c'est invraisemblable.
Qu'est-ce que le temps est long quand on est seule, sans repère! Cette cage est vraiment inconfortable. L'espace est restreint. Les barreaux me font mal.
Et puis, je ne sais pas ce qui me prend tout à coup, mais je ne peux résister à l'envie de me masturber. Mon clitoris est en feu.
Pendant que mon esprit était occupé avec tous ces évènements inattendus, mon corps  avait de toutes autres attentes, et c'est seulement maintenant que j'en prends conscience. Il ne me suffit que de quelques instants pour jouir intensément. J'étais comme une cocotte minute prête à exploser. A peine ais-je retrouvé mes esprits que je remets ça. De toutes façons, je n'ai rien à faire, et c'est tellement bon...
à suivre...
Référence
[1] La route de tous les dangers", article publié sur bdsm.fr le 18/12/2022,
https://www.bdsm.fr/blog/8274/La-route-de-tous-les-dangers/
 
             
            
                
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                Par : Thutale
            
            
            
Flammèche
"C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière."
La Nuit est noire et dissimule le désert de pierre poudreuse qui nous entoure.
De hautes roches déchirées cernent ce petit nid de rocaille qui nous isole presque de l'espace infini.
La terre desséchée vole sous mes pieds nus.
Une seule fenêtre, noire sur fond noir, s'ouvre vers le ciel; entre les murailles. Dévoile un pan de nuit piqueté d'étoiles.
L'obscurité pénètre mon esprit et lui prête la couleur de sa beauté. Elle s'y déploie dans un glissement très doux. Elle le rehausse d'une fleur vénéneuse.
Je suis ensevelie dans la Nuit, voilée: vierge de tout regard, drapée de ses tendres caresses, habillée de ses peurs.
Des peurs qu'elle inspire.
Mon esprit épouse la nuit.
Le creux de roche où tu m'as guidée palpite sous la plante de mes pieds.
La pulpe de mes doigts s'attarde sur le grain de la pierre. Elle vibre.
Elle me communique sa fraîcheur.
L'écorce austère, minérale et rugueuse pulse sa vie létale sous mes paumes.
J'offre à la paroi un peu de ma sueur.
Mon esprit pérenne devient pierre.
Tu m'appelles près du foyer. Devant le cercle noirci je m'agenouille. Le Feu me comble et je ne veux rien lui refuser.
Odeur de cendre et de terre consumée. L'amertume goutte dans ma gorge.
Une gaieté sombre se lève en moi. – Brise légère – 
Mon regard brûlant – audace – se rive à ton corps qu'il transperce, tandis que ma tête docile s'incline.
Tu ne peux pas voir ces deux points de lumière qui défient tes prunelles obsidiennes.
Mes mains pétrissent l'argile.
Tu ne peux voir ces points de lumière mais tu les devines.
Tu prépares le feu ; tu arpentes le cercle.
Des crissements me parviennent, furtifs, quand le gravier roule sous tes pas.
Ta présence invisible fait frémir ma nuque offerte ; mais je ne bouge pas.
Une étincelle. La première flammèche sur ma peau.
Puis le Silence, l'obscurité, à nouveau.
L'attente.
Avec pour compagne cette douleur sur mon épaule, cette lueur qui irradie.
Et dans laquelle je me résorbe.
_______________________________
Tu tournes autour de moi et tes pas martèlent la Terre.
Le vent prend son essor : souffle pur qui m'atteint à l'aube de la cuisse, ricoche sur la main.
Reflux de ta lumière.
L'encre carmine coule contre mes reins. – Silence – Une poignée d'étincelles constelle le corps lisse.
La chair vibre, le corps chante.
La Nuit s'adoucit de ce feu qui s'élève.
Sa noirceur par intermittence est ponctuée d'éclairs. Et comme tu recules, comme le vent s'arrête.
Et soudain tu t'approches, ton souffle félin, sur mon omoplate, gauche. Un feulement douceâtre.
Ma confiance se froisse, lors je sens tes sens aux aguets de mes craintes.
Tes mains capturent mes phalanges et m'apprennent mon dos.
Tu déchiffres les lettres d'or que tu y as inscrites. Sur la toile de mes reins, l'écriture, fine, abstruse, s'égaie en fins faisceaux. Que dévorent tes doigts.
Tes ongles s'enfoncent dans l'intimité de la chair qui se noie.
Mes mains agrippent la terre.
Dans mon corps, loin, à l'intérieur, dans la citadelle d'albâtre où déclot l'écarlate, la flammèche a touché une tourbe fertile. Une possibilité de brasier qui attendait ta venue, et ton esprit – subtil – pour fouetter son désir.
Le feu se communique. Au creuset du Désert, une langueur, une langue, qui lèche et me bouleverse.
Mes pensées se dispersent au flou de tes caresses.
Sur la courbe du sein roule une larme d'amour.
_______________________________            
            
                
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                Par : Monsieur Jones
            
            
            
Mademoiselle, 
Vous trouverez dans le paquet joint à cette lettre, un oeuf vibrant dont la couleur barbapapa vous témoignera, une fois de plus, du romantisme qui asservit votre serviteur.
Ne voyez, dans cette attention, que l'unique expression d'une ambition démesurée, celle de vous guider (le terme téléguider serait plus adapté...) sur les chemins de vos fantaisies qui sont aussi les miennes.
Cet oeuf est accompagné d'une télécommande avec 10 programmes. 
Vous avez la semaine toute entière pour apprendre les numéros de ces programmes, le type de vibration qui les caractérisent, ainsi que les fonctions qui leurs sont attribuées.
Bien entendu, vous ferez ces devoirs après avoir niché l'oeuf entre vos cuisses afin que votre chair se familiarise avec les séquences vibratoires.
Les fonctions de ces programmes sont très simples (si si, voyez vous-même):
P1: Avancez
P2: Reculez 
P3: Tournez à droite 
P4: Tournez à gauche 
P5: Levez les fesses 
P6: Baissez les fesses 
P7: Écartez les cuisses 
P8: Fermez les cuisses 
P9: Mettez-vous à quatre pattes 
P10: Mettez-vous debout 
Mademoiselle, il est important que vous connaissiez ces fonctions sur le bout des doigts (je ne suis pas sûr que ce soit l'expression la plus appropriée d'ailleurs... -grand sourire-) 
Moi qui n'ambitionne que de vous guider avec précision sur les chemins de l'Obéissance, j'aurai alors l'opportunité de le faire sans l'ombre d'une erreur.
Jeudi, vous porterez une tenue très féminine. Vous n'aurez ni culotte, ni soutien gorge. 
A 15h, vous vous rendrez à l'adresse qui vous sera communiquée par texto.
Vous sonnerez à la porte et vous vous mettrez à quatre pattes après avoir niché l'oeuf entre vos cuisses.
Quand j'ouvrirai, vous aurez la télécommande délicatement présentée en travers de la bouche. 
Je la prendrai et vous guiderai pour aller prendre un petit goûter en très bonne compagnie...
            
            
                
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                Par : Abyme
            
            
            
[Un texte que je viens de retrouver, écrit il y a bien longtemps dans le cadre d'un atelier d'écriture. 
Le but était d'écrire en improvisant, sans plan ni idée préalable, en jouant sur les mots, les expressions, et leur sens, pour un texte le plus délirant possible]
Le réveil, fidèle et ponctualissime traître, m'extirpa brutalement d'une cauchemardesque expédition aux macro-contrées inhumaines d'un tapis persan percé. Un rêve quadrichromique où j'affrontais de terribles acariens cariés aux hurlements solides et avariés, qui me cernaient de toutes parts et de parts et d'autres. 
Et d'autre part une femme les commandait, et il fallu que je la supprime à coup de culotte souillée (je sais mais c'est un rêve). 
Son hurlement se joignit à ceux des monstres avant mon retour à la réalité. J'errai alité un moment avec au fond des oreilles ce cri terrible qui me collait encore aux tympans tel un vieux bout de scotch non-repositionnable, puis je m'éjectai du lit comme d'un vaisseau jetable en perdition avec un élan de force 5 sur l'échelle riche de l'éther qui en comprend 7.
Je me traînai à la force des entrailles jusqu'aux toilettes, cet atelier secret de création éphémère et honteuse, déjà ouvertes à cette heure industrielle sans dettes.
J'y lâchai du lest pour aller l'esprit léger à l'assaut de cette journée intense où je ne croiserais aucun Serbe, bref exacerbée.
Après un café brûlant comme le désir et noir comme le regard d'un cocu transi, je rengainai ma nonchalance et m'immisçai dans ma tenue blême de passant, sans avoir oublié de tailler trois fois en une l'ombre de ma barbe bien née, et me projetai à l'extérieur comme un homme pressé ayant subi l'ablation de la rate.
Dans le coupe-gorge desservi par sa réputation et par une ligne de bus sans impérialité, je slalomai entre les merdes (hétéroclites par leur formes et homoclites par leur odeur) des meilleurs amis de l'homme. Je m'appliquai à cet exercice sans le corrigé, jusqu'au rond-point dont la rondeur mensongère tirait plutôt sur une fourbe quadrature.
J'arrivai à mon rendez-vous pile à l'heure et face à l'employée de banque, dont les atouts majeurs n'étaient pas dans la manche. Son affabilité nonchalante, affabulant peu le chaland certes, mais follement achalandée, acheva de m'affaiblir par son chant obnubilé.
"Avez-vous eu les résultats de vos examens ? me dit-elle avec une sincérité à faire voter un suicidaire.
- Oui, j'ai réussi aux deux, répondis-je avec une fierté bassement hautaine.
- Hé bien donnez-moi les attestations, je vous prie, Monsieur".
Je pris sur moi -et ce fut au prix d'un lourd parti-pris- pour ne pas relever le "Monsieur", titre appropriatif et obsolète dont le sale caractère formel m'insupporte depuis exactement trois ans, sept mois et onze jours.
Mais sa propre ignorance, loin d'être crasse, était compréhensible, puisqu'elle me connaissait peu et elle n'avait pas encore recueilli ma semence, ce qui en théorie n'allait d'ailleurs pas tarder.
Je lui tendis donc les papiers en question avec une impatience incongrue (enfin il ne me semble pas qu'elle fut congrue).
- Bon les examens de sang, c'est bon, ceux d'urine aussi... Parfait Monsieur, suivez-moi je vous prie."
A nouveau, je ne relevai pas le "Monsieur “ (il n'en avait pas besoin, il était déjà trop bas), mais je retins tout de même une crise, en réponse à sa prière qui me toucha à un point nommé dont j'ai pourtant oublié le nom.
Elle m'invita à entrer dans une petite et sombre salle sale où trônait, monarchique, un gigantesque écran vidéo. Face à lui un fauteuil en skaï rouge, à sa gauche un distributeur de mouchoirs en papier et une poubelle de sanitaire, à sa droite une table basse couverte de magazines de cul où était posée une télécommande. Sur le magazine le plus visible, une blonde arborait une poitrine siliconée à outrance et un string de 3 centimètres carrés au bas mot, comme en cent.
La fille ressemblait fortement à l'employée, qui m'apparut soudain bandante lorsqu'elle me tendit un petit pot en verre.
"Vous n'êtes pas obligé de remplir ce flacon, une goutte suffit. Voilà, je vous laisse !
Elle me tourna le dos et se dirigea vers la porte aussi entrouverte que sa jupe. J'eus alors le loisir d'observer le plus beau cul qu'il m'ait été donné de voir de toute ma vie de mateur de culs.
- Attendez, Mademoiselle !
Elle se retourna et m'asséna un "Monsieur ?" de plus, mais vu le contexte hautement érectile, je décidai de l'ignorer.
- Si vous voulez mon sperme, il faudra l'obtenir à la force du poignet, au minimum, le maximum étant large.
- J'espère que vous n'insinuez pas ce que je crois comprendre ? Car il faudrait me passer d'abord sur le corps !
- Je ne me branlerai pas devant des images à deux dimensions, ça ne marchera pas, vous pourriez y mettre un peu du vôtre !
Elle sourit comme à un enfant décérébré addict au doom-like face à une panne de secteur, sans se démonter.
- Si vous n'y arrivez pas tout seul, tant pis, nous nous passerons de votre sperme. Vos gênes ne nous sont pas indispensables, et votre sans-gène est relativement génant. De plus sachez que mes fonctions ici s'arrêtent à l'accueil."
Elle prit alors la tangente, le menton haut et le Dim-up bas, en reniflant à s'en déchirer les cosinus, et me laissa seul avec mon érection qui, si brutalement laissée pour compte, perdit aussitôt de son répondant, à une question jamais posée.
Constatant alors la mollusque condition de mon cinquième membre, je décidai de prendre les choses en main.
J'avisai à quatre heures la télécommande, outil abhorré car du consommateur moyen, ici cantonnée à des choix limités :
- films hétéro: 1, 2, 3 et 4
- films homo: 1, 2
- marche/arrêt.
Un bref mais violent coup d'oeil sur chaque programme me jeta dans une frustration sans nom, ou alors je l'ai oublié.
"Diantre, peste, bisque !" fis-je, profitant habilement de mon isolement pour essayer l'efficacité de nouveaux jurons glânés ça et là à la bibliothèque associative de Saint Jean de Cuculles, “…pas de zoophilie, de scatophilie, d'urophilie, spasmophilie, agraphilie, aérocolophilie (ou carminophilie), herpétophilie, asymétriphilie, halitophilie, emetophilie, pectophilie, cystophilie, phasmophilie, cartagelophilie, cruciverbophilie, tomophilie, ménophilie, arachnophilie, claustrophilie, homophilie, filophilie, écépaencorphilie…“
Par un suprême et héroïque effort de civilité, je réussis à ne pas me mettre dans tous mes états, surtout en même temps car ils auraient été unis. Je me redressai (moi, pas mon membre) soudain sans réfléchir, l'esprit vide et la coupe pleine, pris la porte d'une main et surgis en trombe dans la salle d'accueil, rejoignant le cul d'accueil et l'employée qui allait autour, exigeant céans sa culotte, pour me permettre de combler mon fantasme impérieux et ainsi remplir ma mission.
"Ma culotte, maintenant ? Rien que ça ? dit-elle l'air subjugué.
Cette subjugation manifeste me redonnant aussitôt de l'ardeur opéra alors un mécanisme fréquent chez l'homme (c'est prouvé scientifiquement) : le transfert immédiat du volume de ma matière grise dans celui de mon corps caverneux.
- Oui ! Rien que ça !"
Et je me mis en devoir de l'aider à retirer l'instrument de mon fantasme sur le champ et sur la moquette.
S'ensuivit alors un affrontement de points de vue... Nous en vînmes bêtement aux mains, et j'eus la main lourde et le bras long.
Dans un brouillard imprécis j'eus la vague impression d'être pris à (et aux) partie(s) par de gros bras et de me faire réexpédier dans mon monde onirique du matin.
Voilà comment je me suis retrouvé dans cette cellule, accusé du crime d'une employée dont je ne voulais que la culotte.
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                Par : ChatMOnYou
            
            
            
(Réédition du 08/06/2017 -> 23/03/2024 - 518 Vues)
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A défaut d'avoir trouvé sa place en tant qu'Homme, il cherchera à plaire toute sa vie pour y être accepté.
Véritable "outil" forgé par toutes sociétés, il est tout aussi bien souple dans sa manière d'entrevoir les choses, que l'objectivité est pour lui de l'ordre de l'abstrait.
L'Homme Enfant se fit principalement à son ressenti ou aux principes qu'on lui a inculqué.
Un raisonnement qui fait de lui un rémora apte à se faufiler, s'inviter, et se coller aux sillages de celles ou ceux suivants leurs propres voies (Ou du moins l'a cherchant).
Véritable Faire Valoir de tous les instants, il gratifie dans la complaisance et l'admiration.
Pour autant, que cela soit d'êtres terre à terre, qu'éternels amoureux de l'inaccessible (Puisqu'ils ne travaillent pas sur eux même, mais bien à être choisi dans une image qu'ils veulent donner d'eux même), ils deviennent irrémédiablement d'un ennui et d'une frustration extrême lorsque l'on est amené à les côtoyer ouvertement.
Bien sûr, il n'en pas moins une force pour eux, que leur malléabilité qui intéresse un tant soi peu la gente féminine, férue de transmettre leurs propres frustrations sur ceux-ci... Ce qui en résulte des êtres aptes à rassurer quelque soit la situation, à désirer et à tomber amoureux de l'autre, son comportement, et ses actes (Même si l'on fait de la merde).
Aisément manipulable et aimant l'être par faiblesse, il n'en est pas moins le désir de systématiquement culpabiliser les femmes pour les ramener à leurs niveaux, ne pouvant s'élever dans l'introspection (Culpabiliser une femme étant le meilleur moyen de la faire arrêter de réfléchir de base... Car dans toutes Femmes il y une mère... et l'Homme Enfant est ce qu'il est).
La femme se rend donc dépendante de sa propre oisiveté et de son manque d'exigence dans son épanouissement, dans le bien être et le plaisir.
Ne survivant qu'avec très peu de récompense, l'Homme Enfant manque cependant cruellement de consistance, de développement dans son hygiène de vie, voulant la trouver chez les autres.
L'Homme Enfant écoute, mais ne sait traiter les informations, veut mais ne travaille pas pour, et ne sait pas anticiper pour le meilleur dans sa propre vie.... alors dans celle des autres...
Cette petite description fait émerger également que si celui-ci "existe" toujours, et est de plus en plus présent, est que la femme y est pour quelque chose à le faire espérer dans son utilisation, et qu'en définitive il trouvera sa place à vos cotés.
Ne pouvant justifier en rien leur manque de travail, et par ironie, ils ont le rôle ingrat de servir la Femme Enfant ne sachant attirer l'Homme.
 
Article du même auteur :
https://www.bdsm.fr/blog/2703/Les-trois-chemins/ -> Les 3 chemins.
https://www.bdsm.fr/blog/4723/Un-Ma%C3%AEtre,-Des-Soumises/ -> Un Maître, Des Soumises.
https://www.bdsm.fr/blog/4265/Toujours-plus-vite-Toujours-plus-haut/ -> Toujours plus vite. Toujours plus haut.            
            
                
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                Par : Thutale
            
            
            
Fictionnelle genèse - Titre dissuasif mensonger homophonique - Récit non érotique
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Enfances
(Récit pathétique)
Nous nous faisons face, yeux dans les yeux, sans ciller, d'acier de chaque côté. Une fois de plus. – Tu bois trop, me dit-elle, titubante, en me giflant à toute volée, et je serre mes poings au bout de mes bras menus, pour éviter de lui rendre la pareille, sans percevoir que j’inhibe pour longtemps toute capacité à me défendre. – Tu t'habilles comme une traînée. Mouais. Je porte une tunique mauve sur de vieux jeans élimés ; des fringues baba qu'on me donne ou que je récupère aux fripes. Que je chipe parfois dans les magasins mal surveillés ; il faut bien se vêtir. – Regarde tes seins. Je suis sûre que tu as mis du coton dans ton soutif. Tu es laide, tu es vulgaire. Mes seins en fleur, ma féminité naissante, ça l'a immédiatement dérangée. Une esquisse de sourire redessine mes lèvres à la pensée de la chair qui gonfle et s'éveille. Voilà un flot de vie que rien ne pourra endiguer. – Tu es méchante, m'assène-t-elle hors d'elle, une fois de plus. Elle me gifle à nouveau. Je fugue ou je ne fugue pas. Cette nuit ou demain. Ou je me flingue. J'hésite. 
J'avais cessé de l'écouter. Elle hurlait devant moi, gesticulant avec de grands mouvements de bras qui m'affolaient, son visage dans le mien. Elle va me dévorer avec ses yeux si elle le peut. – Ne me regarde pas avec cette haine, me dit-elle en me poussant en arrière. Derrière moi, la cage de l'escalier s’ouvre : un long colimaçon en bois de chêne imprégné d’huile de lin par mes soins – je tente éternellement de lui plaire, oh avec quelle maladresse, en me chargeant de toutes les tâches. Je ne cherche pas à me rattraper. Je ne sais pas si je veux la culpabiliser, qu'elle me blesse et soit obligée de regarder en face sa propre haine. Ou bien si, déjà masochiste, je me satisfais étrangement de cet échange et de son apogée. Je dévale les marches sur le dos, tête la première sans me protéger. J'arrive presque en bas, déçue de n'avoir que des ecchymoses. Je me redresse quand j'entends la porte de sa chambre claquer. 
Je me roule un pét' en écoutant Thiéfaine à fond au casque dans la salle commune de la Communauté. Avec son shit mais je sais que j'aurai l'occasion de remplir sa boîte avant qu'elle ne s'en rende compte. Il n'y a que nous deux à la Com' aujourd'hui. Je leste mes poches de munitions et je pars dans la neige. Je remonte un sentier pour aller passer la nuit dans la chaleur de l'appart' de mon voisin : faire l'amour sur sa banquette, fumer, regarder le feu et les étoiles. Il a quinze ans de plus et du haut de sa trentaine me paraît très expérimenté. On baise dans les bois, sous le clair de lune, adossés aux contreforts des cathédrales, ou le long des sentiers cathares, dans des châteaux en ruine où l'on s'introduit les nuits trop étouffantes d'été. Je rêve secrètement qu'au cours d’une de nos escapades, soudain colère, il casse un rameau et m’en fustige le corps, mais je n'ai jamais osé le lui avouer. 
Avec lui ou avec d’autres, l’amour est plein de douceur et de légèreté ; le sexe joyeusement subversif ; la baise sans tabou et sans entrave. Nous voyons dans nos chairs magnétiques qui s’apprivoisent et s'agrippent, nos corps hagards aux bouches naïves et avides, aux sexes inépuisablement en quête, et qui trop hâtivement s’enchâssent, une expression de la vie, de l’amitié, ou d’autres choses, innocentes et généreuses. Nous en parlons des heures. Nous l’affichons agressivement en riant des mines consternées et de la réprobation que nous faisons tout pour susciter. En jubilant sous l’opprobre comme sous les caresses. C’est l’Amour libertaire, insoumis, entre égaux. L’Amour anarchiste. Idéaliste et politisé. 
Pourtant, quand je somnole, lorsque mon esprit, devenu libre, tapine à la frontière du sommeil et des créations de l’inconscient, lutinant mes fantasmes secrets, je me métamorphose du tout au tout, devenant l'anti-héroïne recevant en rétribution de ses mineurs méfaits maltraitance, humiliation, abus, et copieusement. L’amant trahi que je moquais, décompte sa vengeance fouet à la main, coup après coup. Le professeur redouté me corrige jusqu’à ce que je pleure d’humiliation devant lui, le regard enfin respectueux. Un homme inconnu qui me séquestre invente de créatifs sévices sexuels, pour bien punir mes désirs et mon comportement follet. Un époux machiste m’inflige la fessée lorsque je lui tiens tête et la sodomie lorsque je lui désobéis. Une mère m’oblige à baisser moi-même ma culotte et à me courber soumise sur ses genoux. 
Invariablement, l’autre est hostile.
Invariablement, l’autre est puissant. Invariablement... 
...dans ce jeu confus d’illusions, je me projette en enfant pure à l’âme diaphane, dénuée de malice… Pourtant, au plus profond de moi, je suis dévorée par un besoin absolu d’expier, comme s’il me fallait monnayer d’un lourd écot de douleur le droit de vivre. Je veux être violentée, rejetée, encore et encore, sans fin, sans frein. En m’offrant l’ultime fierté : être une victime qui jubile, une victime qui jouit. 
Les flocons tourbillonnants piquent mes yeux, qui clignent et s’embuent. Je cueille en marchant quelques branches de bouleau argenté, fines, griffantes. Puis une longue badine souple et sans nœud de coudrier. Mon offrande du soir. Saurai-je lui expliquer quelle indigne jeune fille je me sens être ? Et l’étendue de mon besoin de sanction et d’autorité ? Acceptera-t-il, saura-t-il, aimera-t-il, sévir et me diriger ? 
Ô amant, corrige-moi, que je devienne moins mauvaise…
Plus tard dans la nuit, je m’endors bien à l’abri dans son étreinte fauve de mâle, son sexe encore en moi. Sa paume rugueuse pèse sur mon sein dur de nymphette. Mon fagot de bois vert a brûlé dans la cheminée. Ça sent bon la fumée et le sperme frais. Les bouquets d’herbe qui sèchent un peu partout. Je me sens désirée. Voulue. Voulue en vie. Ou presque. Je glisse dans un songe heureux, les yeux clos, la peau à vif.
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                Par : Abyme
            
            
            
Trois jours s’étaient écoulés depuis la blonde et la brune, et toujours rien d’intéressant à se mettre sous la pupille, des hommes d’affaires, sans plus. Dom était accro à ses petites séances de voyeurisme, et seules les femmes l’intéressaient, seules ou accompagnées. Lorsqu’un couple faisait l’amour, il évitait de regarder l’homme mais le spectacle l’intéressait autant, sinon plus que la toilette.
Hélas, de nombreux couples éteignaient la lumière.
Parfois, la chambre restait libre, comme ce soir. Un hôtel ne peut pas toujours tourner à plein régime, et en morte saison, il arrivait qu’il s’écoulât une ou deux semaines pendant lesquelles cette chambre précise n’était pas louée.
Il allait sortir, probablement au Combo ou au Pub Irlandais, histoire de marquer ce morne lundi d’un petit plus.
S’il avait su à ce moment-là à quel point cette soirée allait être marquée !
Il ouvrit le placard et machinalement, avant de décrocher sa vieille veste en laine beige, jeta encore un dernier coup d’œil du côté de la chambre d’hôtel par le judas : toujours rien.
Bon.
Il prit la veste, l’enfila, ferma la porte du placard et traversa le couloir pour déboucher dans le vaste salon qui, ce mois-ci, était partagé en deux par l’énorme divan de bois noir sculpté à la marocaine et ses coussins ocre : côté salon à droite en face de la cheminée, et côté bureau à gauche avec l’ordinateur.
En effet, chaque mois, Dom changeait l’aménagement du salon. C’était devenu un rituel contre la routine depuis presque deux ans, se traduisant plutôt comme un roulement de six ou sept possibilités et leurs variantes qu’il bouclait donc à peu près deux fois par an.
Il passa ensuite dans la cuisine, puis dans le cellier, où se trouvait une porte capitonnée munie également d’un judas. Il la franchit et se retrouva au fond d’un cagibi qui ressemblait à son fameux poste d’observation, celui du grand appartement, sauf qu’il se trouvait à présent dans la cuisine d’un petit deux pièces chichement aménagé, le seul qu’il était censé habiter officiellement.
Cette façade sociale modeste lui permettait d’économiser la taxe d’habitation d’un logement immense et luxueux dont la vue embrassait le lac et les montagnes.
C’était son oncle Douglas qui avait imaginé ce stratagème lorsque dans les années soixante-dix il avait vendu l’immeuble à la compagnie hôtelière, tout sauf le tiers du dernier étage, espace réservé jadis aux serviteurs qu’il avait entièrement rénové, discrètement, et mis au nom de sa femme suisse. Son fils Pablo, le cousin de Dom, avait habité quelques années le deux pièces-cuisine, payant pour la forme un loyer de misère à son père moyennant l’entretien du grand appartement secret qui servait de résidence secondaire en France à Douglas. Douglas et sa femme (Dom avait oublié son prénom) avaient fini leurs jours en Suisse, et Pablo, seul héritier, était parti s’installer à Auroville en Inde après s’être déchargé de l’administration de ses biens auprès d’une agence de Genève, et avait proposé à Dom de prendre sa place.
Personne ne savait vraiment ce qu’était cet espace, par où on y entrait et qui l’occupait, puisque de ce côté de l’immeuble dont la façade donnait sur la grande place en face du lac, on ne pénétrait que dans l’hôtel par sa grande entrée ; et du côté du deux pièces auquel on accédait par un escalier dont la porte donnait dans la ruelle de derrière, on pouvait supposer que l’hôtel commençait derrière le mur de la cuisine, la porte capitonnée étant bien camouflée dans le cagibi.
Une sorte de no man’s land, un territoire de néant, de vide, dont personne n’avait conscience hormis Dom.
Lorsqu’il avait découvert les judas donnant sur la chambre d’hôtel, il s’était demandé s’ils étaient l’œuvre de son cousin Pablo, qui comme lui était célibataire et solitaire, ou celle de son oncle Douglas. Toujours est-il qu’il en avait profité aussitôt, et c’était rapidement devenu une manie addictive.
Il ferma la porte à double tour, descendit les quatre étages à pied (le seul ascenseur de l’immeuble étant bien entendu du côté hôtel), et se mêla à la foule de la ville.            
            
                
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                Par : sylvie35
            
            
            
Debout à l’avant du pont, cheveux au vent, je ferme les yeux pour me sentir en communion avec la nature, ressentir le souffle de l’air frais sur mon visage, entre mes cuisses. Je ne porte pas de culotte. Jamais ! Ordre du Maître.
Le ferry s’approche du petit port de Rønne. Il va être temps de quitter le pont et de regagner ma voiture pour le débarquement.
Les attaches du porte-jarretelles qui dépassent largement de la micro-jupe me donnent un air de pute, j’en suis persuadée. Toujours cette gêne que je ressens.  Difficile de se débarrasser de ma pudeur instinctive issue de mon éducation de fille bien sage. Mais je n’y peux rien, c’est mon Maître qui choisit mes tenues, même quand nous sommes séparés.
 « Ainsi tout le monde sait que tu aimes la bite, et moi ça m’excite de le faire savoir » me répondait-il en souriant quand je lui faisais part de ma gêne. Ce n’est pas faux. J’adore la bite. Mais de là à le faire savoir aux inconnus que je croise…
Un jeune homme m’aborde.  Même pas sûre qu’il soit majeur. Pour moi qui suis dans la trentaine, j’avoue que c’est flatteur.
 « Hej frøken, rejser du alene? »
Je lui réponds en anglais, que je suis française et que ne comprends pas le danois.
Surprise ! Il me répond en Français, avec un fort accent, mais très compréhensible.
 « Ah la France ! Quel beau pays ! Blablabla… »
Je comprends surtout qu’il aimerait bien me mettre la bite. Mon Maître n’a pas tort, le message délivré par ma tenue est sans ambiguïté.
Il me demande combien de temps j’ai prévu de rester et me propose de m’accompagner pour me faire découvrir l’île.
Les consignes sont claires : je ne suis pas autorisée à prendre des décisions importantes toute seule. Je dois contacter mon Maître pour lui demander la conduite à tenir.  Mais là je n’ai pas le temps, il faut que je regagne ma voiture pour le débarquement. Alors je décline poliment.  J’en informerai mon Maître plus tard et il décidera s’il y a lieu de me punir pour cette entorse au règlement.
Il me demande mon mail.  J’apprécie la délicatesse, c’est moins intrusif que le tél.  Il est sympa finalement.  Je crois que je l’aime bien.  Mais même ça je ne veux pas. Je lui demande quand même le sien pour garder une possibilité de contact, au cas où. Il me l’écrit sur un papier et me souhaite bon voyage. Il ne me met pas la pression. J’apprécie.
Depuis l’instauration du fucking pass [1], les jeunes redoublent d’envie de baiser en cachette, malgré les risques encourus. L’attrait de l’interdit… Cela me donne un peu d’espoir. Peut-être qu’il reste encore  un peu d’humanité dans cette société lobotomisée.
Je suis très concentrée pour débarquer, cramponnée au volant. La passerelle est étroite, et j’ai l’impression que je n’ai pas intérêt à faire un écart. Cela ferait certainement rire mon Maître, comme à chaque fois que ma nature de grande anxieuse remonte à la surface.
Je pousse jusqu’ à Gudhjem, sur la côte Nord-Est de l’île. C’est un bourg pittoresque aux maisons colorées. Mais je n’arrive pas à profiter de l’endroit. Mon Maître me manque. Quand je suis à ses côtés, même le plus quelconque paysage me semble magnifique. Quand je suis loin de lui, tout me semble gris.
Allez, il faut que je me ressaisisse ! « Un bon coup de pied au cul, rien de tel pour sortir de la spirale des idées sombres » m’a dit mon Maître quand un jour j’ai osé lui confier le découragement qui me traverse parfois l’esprit lorsque son absence me pèse trop. Je grimpe en courant à toute vitesse jusqu’au sommet de la colline pour admirer le panorama. Un sacré sprint… J’y arrive complètement essoufflée, mais ça m’a fait du bien, comme si courir jusqu’à la limite de mes capacités m’avait aidée à évacuer mes pensées toxiques.
Sur la route vers l’hôtel, je me fais arrêter pour un contrôle du pass carbone. Ce n’est pas la police, visiblement. « Demokrati Forsvarsbrigader », c’est ce qui est écrit sur leurs casques. Ici aussi ils ont leur milice, apparemment. J’ai intérêt à me tenir à carreau pour ne pas attirer l’attention, mais dans la panique je n’arrive pas à retrouver mon pass. Ouf ! Le voilà. Je dois avoir l’air d’une fille qui a quelque chose à se reprocher, parce que dans la foulée il me demande aussi mon identifiant pour vérifier mon solde de crédit social.
L’hôtel qui m’a été réservé est correct, sans plus. Mais, peu importe, j’y suis juste pour dormir, je dois me lever très tôt. Je ressors la pochette dans laquelle j’ai mis les documents étranges que j’avais reçus dans ma boîte aux lettres. Quelqu’un les y avait déposés, j’ignore qui, mais pas le facteur en tout cas. Un itinéraire, des réservations d’hôtels, une feuille listant quelques consignes avec, en filigrane, à peine visible, le pangolin fou.
Rapide petit déjeuner. Beurk ! Viennoiseries à la farine d’insectes, confiture d’asticots… Tant pis, je vais me contenter du café, ce sera bon pour ma ligne.
Je laisse mon téléphone portable dans la chambre, comme indiqué sur la feuille de consignes. Au sein de la Suprême Alliance Démocratique, tous les téléphones sont maintenant équipés d’un dispositif de traçage, actif en permanence même quand le téléphone est éteint. L’intelligence artificielle qui analyse les données va peut-être trouver bizarre que je ne quitte pas la chambre de la journée, mais espérons que ça sera jugé sans grande importance.
J’emprunte le sentier côtier, collier d’esclave au cou, conformément aux consignes. Le soleil est à peine levé, pas un brin de vent, mer d’huile, silence absolu. « Matin calme à Bornholm ». C’est le prochain titre que je donnerai au mail quotidien que j’expédie à mon Maître, pour lui raconter mes journées, mes émotions, mes joies et mes peines, …
J’arrive à la destination qui m’a été indiquée. Un long escalier en bois, à l’accès envahi par la végétation,  descend à pic le long de la falaise. Cela fait un moment que personne n’est passé par ici. Je dois me faufiler parmi les ronces qui entaillent méchamment mes jambes nues.
J’emprunte prudemment la descente, en faisant attention à ne pas déraper sur une marche instable. Le périple valait la peine. J’arrive à une magnifique petite crique déserte. C’est superbe. Mais qu’est-ce que je fais là ? Je l’ignore, mais autant profiter du cadre, puisque j’y suis. Je me déshabille entièrement, je range mes vêtements dans mon sac à dos,  et je m’accorde une petite baignade. Aie Aie Aie ! Ca saisit ! L’eau est bien fraîche ici. Mais je suis bien rôdée avec les douches froides que m’impose mon Maître, alors j’y vais.
Le sel me brûle, à cause des profondes lacérations que les ronces ont infligées à mes jambes, alors je ne m’attarde pas trop.
Après m’être séchée et rhabillée, j’aperçois à l’autre extrémité de la crique un objet que je n’avais pas remarqué. A mesure que je m’en approche j’en distingue de mieux en mieux la forme. 
Une cage identique à celle qui se trouve chez mon Maître. Mais ce n’est pas la même. Ca j’en suis sûre. J’y ai passé du temps dans cette cage !  J’ai rayé les barreaux avec mes ongles dans mes moments de rage. Je la reconnaîtrais entre des millions tellement elle m’est devenue familière. Pourtant c’est exactement le même modèle.
Dans la cage se trouve un petit coffre. Je l’ouvre. Il contient trois pénis parfaitement imités, de taille impressionnante, des accessoires de fixation, des bracelets, des anneaux, des cadenas, et un schéma explicatif.
J’essaie d’organiser mes pensées rapidement pour déterminer ce que je dois faire. Pas de doute, cette cage m’est destinée. Cela ferait trop de coïncidences si elle était là par hasard. Je dois y entrer, mais il n’y a personne ici, cela me paraît risqué. Je laisse mon sac à côté de la cage et je parcours la plage en courant à la recherche du moindre indice. Mon Maître serait caché quelque part, à observer mon comportement ?  Mais rien, je ne trouve rien. Je suis seule, ou alors celui qui m’observe est très bien caché.
Tant pis, je retourne vers la cage. Soit je ne prends pas de risque, je n’y vais pas, mais ce n’est certainement pas ce que l’on (c’est qui « on » ?) attend de moi, soit j’y vais mais ça me fait peur. Affronter ma peur ou décevoir celui qui a installé cette cage pour moi ? Mon Maître ou quelqu’un en lien avec lui, sinon ce serait une incroyable coïncidence que le modèle soit parfaitement identique. Pas besoin de réfléchir très longtemps, je sais ce que j’ai à faire.
Je me déshabille à nouveau et je range soigneusement mes vêtements dans mon sac à dos, que je dépose prudemment tout près de la cage. J’ai un peu hésité, mais je doute que l’on attende de moi que j’entre dans cette cage habillée. Chez mon Maître, j’y entrais toujours nue.
J’enfile les lourds bracelets métalliques autour de mes chevilles, et en haut des cuisses. Clic ! Ils se verrouillent automatiquement, comme je m’en doutais. Les anneaux de cuisses sont très serrés, mais c’est sans doute nécessaire pour qu’ils ne bougent pas. Malheureusement je me suis coincée la peau dans celui de gauche en le verrouillant et je n’arrive pas à la dégager. Ca  fait un mal de chien. Il va falloir supporter.
Un dernier anneau, garni de pointes acérées, autour de l’abdomen. Clic ! Me voilà équipée. L’anneau me serre très fort le ventre ce qui, par contraste, souligne mes hanches. Mon Maître adorerait mes formes de femelle, s’il pouvait me voir. J’ai l’impression que les pointes vont me transpercer l’abdomen, mais non, c’est certainement bien étudié pour que ce soit sans risque.
Je cadenasse mon collier d’esclave. J’ai bien fouillé le petit coffre. Aucune clé. Pas du tout rassurant, mais le choix entre les deux alternatives qui s’offraient à moi m’est apparu comme une évidence. Je fixe solidement deux pénis aux barreaux, conformément au schéma. Ils sont tous les trois différents, chacun étant adapté à un orifice. Le troisième, celui qui est destiné à ma gorge, devra attendre que je sois dans la cage et que j’aie descendu la grille coulissante.
Il faut que je me lubrifie le cul en prévision de la pénétration. Pas de lubrifiant dans le coffre mais heureusement j’en ai dans mon sac à dos. Je dois toujours avoir du lubrifiant anal à portée de main.  Ordre du Maître !
C’est au moment d’entrer dans la cage que j’ai un flash.
 « Zut, la marée ! »
Est-ce qu’il y a des marées en mer Baltique ? Je n’en sais rien. Je réfléchis rapidement. C’est une mer presque fermée, 2000 km de longueur, à la louche. Probablement pas assez pour déclencher de puissantes ondes de marée. Mais je ne suis pas très rassurée malgré tout. Je ressors de la cage pour examiner le rivage, à la recherche d’indices, algues, couleur des rochers, qui me permettraient d’avoir une idée du niveau maximal, mais je ne vois rien de très concluant. Sans doute que les variations de niveau sont de trop faible amplitude, conformément à mon intuition. Sur la plage, la cage n’est qu’à une cinquantaine de centimètres au dessus du niveau actuel. En Bretagne, j’aurais été submergée dans ma cage en moins d’une heure.
Je retourne dans la cage, en veillant bien à emporter avec moi tous les accessoires non encore utilisés, et je referme la grille, qui se verrouille automatiquement comme chez mon Maître. Maintenant les dés sont jetés… Pas de retour en arrière possible.
Heureusement que le schéma est clair, car je n’aurais pas su comment fixer tout cela et dans quel ordre m’attacher. Je fixe le dernier pénis à une hauteur qui devrait me permettre de le sucer sans me tordre les cervicales.
Avant de m’attacher les chevilles, je m’introduis les orifices pour vérifier l’écartement et l’orientation. L’introduction simultanée de la chatte et du cul est difficile, les pénis étant de diamètre généreux. J’y arrive péniblement, mais ça ne va pas, ils sont trop rapprochés, ça me comprime douloureusement la paroi. Je ne tiendrai pas longtemps comme ça, d’autant plus que je n’ai aucune idée du temps que je vais passer dans cette cage. Je dois les écarter un peu plus. A ce rythme là, je vais y passer la matinée avant de trouver le bon réglage, me dis-je. Mais par chance le deuxième essai est le bon, l’écartement est parfait.
Je peux enfin m’attacher les chevilles. Pas facile à faire quand on est à quatre pattes en cage.
Le schéma stipule que les anneaux de cuisses doivent être reliés à deux courts et larges élastiques préinstallés. Il faut tirer fort sur les élastiques pour arriver à les fixer et l’attache me glisse entre les doigts à plusieurs reprises. La tension est trop forte.  Une fois fixés, je comprends leur utilité. Ils plaquent mes fesses très fort contre les barreaux, entraînant par là même une profonde pénétration de mes orifices, à laquelle il m’est impossible de me soustraire à moins de dépenser une énorme énergie pour lutter contre la tension. L’anneau abdominal est plus facile à attacher à une courte chaîne qui pend du haut de la cage, heureusement.
Deux gros hameçons sont au sol, reliés au plancher par de larges élastiques. Je ne suis pas encore annelée, alors il va falloir que je me perce les tétons. Le schéma ne laisse place à aucune ambiguïté. La tension des élastiques maintiendra mes mamelles en extension. Je commence par m’occuper de la mamelle gauche, après m’être bien badigeonné les tétons de la solution antiseptique que j’ai trouvée dans le coffre. Je dois m’y reprendre à plusieurs fois avant d’y arriver. Dès que ça commence à piquer trop fort, je renonce et là je vois que je n’ai rien percé du tout. C’est laborieux. J’y passe un temps fou, à me faire très mal à chaque fois, mais sans rien percer. Enfin j’y arrive ! L’hameçon est équipé d’un crochet anti retour. Impossible de l’enlever sans avoir une pince pour le couper.
Pour la mamelle droite, ça va plus vite, j’ai enfin compris, il faut serrer les dents, ne pas réfléchir et y aller franchement. C’est le seul moyen.
Après avoir introduit le pénis dans ma bouche, je fixe, péniblement, mon collier d’esclave à la courte chaine qui pend du haut de la cage.
Et maintenant ?
J’attends, à quatre pattes dans ma cage. La position n’est pas confortable, c’est le moins que l’on puisse dire.
Personne à l’horizon. Le soleil monte rapidement. J’espère que je ne vais pas prendre un coup de soleil. J’aurais dû y penser et me mettre de la crème. J’en avais dans mon sac à dos. Mais maintenant c’est trop tard. Quand on n’a pas de tête…
Je contemple la mer d’huile, mes yeux se fixant sur la ligne d’horizon. C’est ici qu’au milieu de l’été 2022 les plongeurs de combat formés à Panama City, en Floride, ont introduit de puissantes charges de C4 dans l’armature en béton qui protège les pipelines NordStream 1 et 2.  Deux mois plus tard, le 26 septembre 2022, un avion de surveillance P8 de la marine norvégienne a effectué un vol prétendument de routine et a largué une bouée équipée d'un puissant émetteur d'ondes acoustiques [2]. Le signal acoustique codé s'est propagé sous l'eau à la vitesse 5 300 km/h vers les gazoducs. Depuis deux mois, les récepteurs associés aux détonateurs analysaient en continu les signaux acoustiques sous-marins dans l’attente d’un code particulier.
Pourquoi m’avoir conduite ici, sur les lieux du crime ? Ce n’est certainement pas une coïncidence. Plus le temps passe, moins je comprends les plans du pangolin fou.
C’est long !
Chez mon Maître, je me masturbais pour faire passer le temps. Mais là, à quatre pattes dans ma cage, enchaînée, empalée, aucun mouvement ne m’est possible. Seuls mes bras sont restés libres. Je pourrais, bien que difficilement, atteindre mon clitoris. Mais quand bien même, je n’ai aucune sensation depuis que le zebralyvox y a élu domicile, alors quel intérêt ?
Désœuvrée, je me mets dans l’idée de sucer le pénis qui est profondément enfoncé dans ma bouche. Difficile, car le collier relié à la cage ne me laisse quasiment aucune possibilité de recul. Mais je fais de mon mieux, avec ma langue, mes lèvres.
Je suis surprise par une puissante éjaculation au fond de ma gorge, qui a failli m’étouffer. Je tousse, je suffoque et heureusement j’arrive à retrouver ma respiration très vite. Ils auraient pu prévenir !  Je reconnais le goût du sperme de mon Maître. Pas de doute.
Cela me donne d’un seul coup une énergie incroyable, l’impression que je peux soulever des montagnes. Ma peur a disparu. Quoi qu’il doive m’arriver, je sais maintenant à 100% que j’ai fait le bon choix en entrant dans cette cage. Le sperme de mon Maître, c’est ma potion magique.
Je savoure le sperme, je le garde le plus longtemps possible en bouche.
Peut-être qu’il en reste dans le pénis ? Je me remets à sucer, longtemps, très longtemps, mais malheureusement rien ne se passe. Le réservoir est sans doute vide. Ou alors je ne suce pas assez bien. J’essaie de m’appliquer. Je me souviens des moments où je suçais la bite de mon Maître, quand il me mettait des baffes jusqu’à ce qu’il soit satisfait. « Je dois sentir ton émotion, sentir que tu y mets toute ta sensualité, toute ton énergie de chienne ! »
Enfin ! Une nouvelle décharge au fond de ma gorge. Qu’est-ce que c’est bon, la semence du Maître !
Un dispositif électronique qui analyse la manière dont la femelle suce la bite et qui ne la récompense que si elle le mérite ! On n’arrête pas le progrès.
Un canot motorisé apparaît à l’horizon et s’approche lentement. Deux grands gaillards blonds en débarquent. Ils parlent entre eux en danois je crois, ou bien dans une langue scandinave. Ils me sourient. L’un d’eux me dit quelque chose que je ne comprends pas. Impossible de lui répondre avec le pénis dans la gorge. Je crois qu’ils plaisantent entre eux. Une femelle nue, enchaînée et pénétrée, … Il y a certainement de quoi s’amuser. J’espère qu’ils apprécient le spectacle. Mais au moins ils ont l’air bienveillants. Je ne me sens pas en danger. Je suis rouge comme une tomate. Je me sens tellement humiliée que tous les seuils de honte sont probablement franchis.
Ils ont remarqué les lacérations sur mes jambes et semblent s’en inquiéter. Je crois qu’ils me demandent ce qui m’est arrivé. Mais on ne peut pas communiquer.
Ils embarquent la cage sans ménagement, et la balancent dans le canot. Heureusement que je suis bien sécurisée par mes multiples attaches, mais chaque secousse se fait brutalement ressentir dans ma chatte, mon cul, ma gorge via les pénis, dans mon abdomen via les pics de mon anneau ventral, dans mes mamelles via les hameçons.  J’ai morflé. J’ai hurlé malgré le pénis dans la gorge. Je ne comprends pas ce qu’ils disent, mais visiblement ils s’excusent, mes hurlements leur ayant fait réaliser à quel point ils ont manqué de délicatesse. L’un d’eux me caresse la joue comme pour me réconforter. 
C’est donc pour être transportée que j’ai dû me sécuriser de manière aussi complexe ? La science du transport des femelles en cage a visiblement privilégié le côté humiliant sur le confort.
Je pensais retrouver un peu de tranquillité une fois sur le canot, mais dès que le moteur deux temps du canot est démarré, je comprends mon malheur. Les vibrations du moteur se transmettent à mes entrailles de femelle multi-pénétrée. C’est une vraie torture. Je ne sais pas si je vais tenir le coup longtemps comme ça et je n’ai aucune idée de la durée du trajet. Je n’ai aucune idée du lieu où ils me conduisent.
 
à suivre…
Références 
 [1] L’histoire se situe dans la seconde moitié de notre décennie, la France étant à présent membre de la Suprême Alliance Démocratique, une puissante fédération de démocraties modernes et progressistes. Pour en savoir plus sur le contexte social, humain, et technologique, la liste de mes articles précédents se trouve ici : https://www.bdsm.fr/sylvie35/blog/ (à lire de préférence dans l’ordre chronologique de leur publication)
 [2] Seymour Hersh, “How America Took Out The Nord Stream Pipeline”, https://seymourhersh.substack.com/p/how-america-took-out-the-nord-stream            
            
                
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