Méridienne d'un soir
par le 13/04/20
469 vues
Plusieurs divinités étrangères, d'origine orientale, ont fusionné pour constituer le mythe d'Artémis: la Bendis des Thraces,
l'AnaÏtis des Perses et des Lydiens, la Dyctrynna des Crétois, protectrice des marins et des pêcheurs, la sanguinaire
Artémis de Tauride qui raffolait de victimes humaines, celle d'Ephèse, symbole de la maternité et de la fécondité dont le
culte était lié aux prêtresses armées existant à Ephèse et en Asie Mineure, les Amazones.
En Arcadie, on adorait la sœur d'Apollon dont elle partageait les exploits et les combats, la demi-sœur d'Hermès, le fruit
des amours de Zeus et de Lèto: celle-ci accoucha sans douleur dans l'île aux cailles près de Délos qui lui fut consacrée,
où elle avait été transportée sur les ailes du vent du Sud, pour échapper à la colère d'Héra, épouse de Zeus. Neuf jours
après sa naissance, Artémis délivra sa mère de son frère Apollon. Artémis avait pour attribut la caille, le chien et la biche.
Diane ou Artémis, fille de Latone et de Jupiter, soeur jumelle d'Apollon, née à Délos. Elle est née dans l'île d'Ortygie,
triomphant des persécutions d'Héra, un jour avant son frère: son nom semble venir de l'adjectif grec artémès, signifiant
"en bonne santé." Elle vint au monde quelques instants avant son frère. Quand elle fut en âge de satisfaire ses goûts
d'indépendance, elle alla trouver son père, lui fit part de ses intentions et le pria d'en favoriser l'essor. Jupiter l'écouta:
"D'abord, dit-elle, ne me parlez pas de mariage: je n'en veux à aucun prix. Je veux être libre de circuler à ma fantaisie."
Témoin des douleurs maternelles de Latone, elle conçut une telle aversion pour le mariage qu'elle demanda et obtint
de Jupiter la grâce de garder une virginité perpétuelle comme Minerve, sa soeur. Jupiter l'arma lui-même d'un arc et de
flèches et la fit Reine des Bois. Il lui donna un cortège de soixante nymphes appelées Océanies et de vingt autres
nommées Asies dont elle exigeait une inviolable chasteté. Déesse de la chasse, elle était représentée vêtue d'une
tunique courte chaussée de sandales, un carquois chargé de flèches sur le dos, les cheveux retenus par un bandeau.
Mais elle était avant tout une déesse lunaire formant avec Hécaté et Séléné un aspect de la triple déesse Lune. Dotée
de nombreux pouvoirs, elle provoquait la maladie ou la mort soudaine chez les mortels et pouvait susciter des épidémies
et les guérir, et favoriser les accouchements; on l'invoquait pour la fécondité des troupeaux et des femmes. Elle a donné
son nom à l'armoise ("artemisia"), plante médicinale employée comme emménagogue. Déesse de la musique sous le
nom d'Artémis Hymnea, elle présidait au chant, dansait en compagnie des Muses, des Charites ou des Nymphes.
Fière de son éternelle virginité, cruelle et vindicative, préférant aux joies du mariage, celles de la chasse à la guerre, la
"Jeune Fille à l'Arc d'Argent" exigeait de ses nymphes une chasteté inconditionnelle. Malheur à celle qui succombait aux
avances d'un dieu ! Ainsi, Callisto, séduite par Zeus et découverte par la déesse-vierge, fut métamorphosée en ourse et
aurait été mise en pièces si Zeus ne l'avait pas transportée au ciel parmi les Constellations. Elle apparait donc surtout
comme la déesse des femmes et des vierges. Quant aux hommes, gare à ceux qui s'aventuraient auprès d'elle. Actéon,
fils d'Aristée, qui la contempla se baignant dans un torrent, fut changé en cerf et dévoré par ses propres chiens.
En s'associant à son frère jumeau Apollon, elle se venge de Niobé, reine de Thèbes (fille de Tantale et épouse d'Amphion,
roi de Thèbes). En mettant au monde sept (ou six) garçons et sept (ou six) filles, Niobé se vante d'être plus féconde que
leur mère Léto: Artémis et Apollon tuent par leurs flèches transperçantes six filles et six garçons de Niobé et seulement
deux enfants parviennent à s'enfuir. Niobé, désespérée, s'enfuit pour se réfugier à Sipyle en Lydie, en Asie-Mineur, chez
son père; là elle est transformée à jamais en une pierre coulant des larmes jour et nuit.
La vierge indomptable se laissa cependant attendrir par son compagnon de chasse, Orion mais elle le blaissa par mégarde
par l'une de ses flèches. Désespérée, elle implora le fils d'Apollon, Asclépios, de le ramener à la vie. Mais Zeus ne lui en
laissa pas le temps et foudroya Orion. Artémis plaça son effigie parmi les étoiles où il est poursuivi par le scorpion pour
l'éternité. Une autre tradition prétend qu'Orion essaya de la séduire lors d'une partie de chasse. Furieuse, la déesse appela
un scorpion dont la piqûre mortelle eut raison de l'audacieux.
Hippolyte sut lui aussi toucher le cœur d'Artémis. Il se consacra à elle et fit voeu de chasteté, provoquant la jalousie de sa
rivale, Aphrodite. Pour se venger, celle-ci inspira à Phèdre, l'épouse de Thésée, père d'Hippolyte, une folle passion pour son
beau-fils qui dédaigna ses avances. Furieuse, Phèdre la calomnia auprès de Thésée qui chassa son fils et demanda à
Poséidon de le punir sévèrement. Hippolyte fut déchiqueté par ses propres chevaux effrayés par un monstre marin envoyé
par le dieu des océans. Artémis lui fit don de l'immortalité et la légende veut qu'il continue à vivre près du lac d'Aricie.
Artémis, pour aider son frère Apollon, perce de ses flèches l'infidèle Coronis, la mère d'Asklépios. Dans l'épopée de la
guerre de Troie, Artémis empêche temporairement le départ des flottes des armées grecques vers la ville de Troie en
en levant des vents contraires car elle se juge offensée par le roi Agamemnon qui a tué une biche dans un de ses
sanctuaires (ou selon d'autres versions, Agamemnon s'est vanté d'être plus adroit à la chasse que la déesse elle-même
ou un meilleur arché qu'elle). En interrogeant les oracles, Agamemnon apprend que pour lever cette sanction divine, il
doit sacrifier sa fille Iphigénie à Artémis.
Pressé dans son entreprise guerrière, Agamemnon accepte ce sacrifice mais au dernier moment, Artémis sauve Iphigénie
en lui substituant, sur le bûcher, une biche; elle la transporte dans les airs et elle fait d'elle sa prêtresse en Tauride.
Artémis envoie un sanglier qui dévaste le royaume de Calydon, car son roi Œnée, lors d'un sacrifice offert à toutes les
divinités d'Olympe pour les remercier d'avoir donné de bonnes récoltes, avait oublié de lui en consacrer une partie.
Une ourse était entrée dans son enceinte sacrée près d'Athènes et elle avait été apprivoisée par les visiteurs du temple;
un jour, l'ourse, n'en pouvant plus, griffe une petite fille, qui ne cessait pas de l'agacer. Les frères de la petite fille, furieux,
tuent la bête; Artémis se juge offensée dans son propre sanctuaire, alors elle se venge en dévastant la cité d'une peste.
Suite à cette sanction divine, les fillettes d'Athènes viennent au temple d'Artémis apprendre à être sages "faire l'Ourse",
en courant et dansant, torches en mains, pour la Déesse.
Elle habite dans des régions portant en grec le nom d'eschatiai; les extrémités, les confins extrêmes des territoires des
hommes, les limites du territoire cultivé et de l'espace sauvage, les frontières entre la Civilisation et de la Sauvagerie;
dans les montagnes, les bois et les sombres forêts, la où elle chasse les animaux sauvages; elle descend aussi vers
l'Océan, vers les embouchures des fleuves, les lagunes et les marécages et les bords des lacs et des fleuves. La nuit,
elle danse avec ses Nymphes, sur la prairie. Déesse de la chasse et de la nature sauvage, "Dame des fauves" d'après
Homère dans l'Iliade; elle est belle, chaste, vierge et farouche, avec des grands talents de chasseresse.
Son temple le plus célèbre était incontestablement celui d'Ephèse. Durant deux cent vingt ans, toute l'Asie concourut à le
construire, l'orner et l'enrichir. Les immenses richesses qu'il contenait furent sans doute la cause des différentes révolutions
qu'il éprouva. Ou prétend qu'il fut détruit et reconstruit sept fois. Cependant l'histoire ne mentionne que deux incendies
de ce temple: le premier par les Amazones, le second par Erostrate, la nuit même où naquit Alexandre. Il fut entièrement
détruit l'an 263, sous l'empereur Gallien. Artémis est identifiée, à Rome, avec Diane la chasseresse. Comme Apollon, elle a
différents noms: sur la terre, elle s'appelle Diane ou Artémis, au ciel, la Lune ou Phébé, aux Enfers, Hécate.
Artémis appartient à la race des déesses frondeuses, ancètres de toutes les militantes du monde, suffragettes, féministes,
chouannes, communards. On retrouve en elles l'élan dynamique de tous ceux qui luttent ardemment pour la liberté sociale
ou sexuelle ou pour l'émancipation de la femme; sur le plan psychologique, la légende des guerrières combattant l'homme,
les armes à la main, figure la victoire de l'animus, principe masculin, au détriment de l'anima, principe de la féminité. Pour
les psychanalystes, le mythe d'Artèmis et des déesses vierges-guerrières est l'illustration du complexe de castration, se
manifestant chez la femme par l'inacceptation de son sexe et de sa fonction naturelle.
Le mythe d'Artémis et Actéon se trouve dans l’iconographie grecque dès l’époque archaïque; Actéon, soit par imprudence,
soit par impudence, ne peut que voir la déesse nue, unique parmi les Nymphes, car, dit l’Odyssée, elle les dépasse toutes
en grandeur et en beauté. La France continua à donner son essor à ce fragment mythique dans la sauvagerie policée du
Fontainebleau de François I er, et les amours de Diane de Poitiers et d’Henri II jusqu'au bain de Diane, raffinée, voire
rendue mièvre par Boucher au XVIII ème siècle: une femme dénudée non plus étrange comme Artémis, mais désirable.
" Chante Artémis, Muse, la sœur de l’Archer, la Vierge qui se réjouit de ses flèches, nourrie avec Apollon, et qui, ayant fait
boire ses chevaux dans le Mélès plein de joncs, pousse rapidement son char d’or, à travers Smyrnè, sur Klaros où croissent
les vignes, et où Apollon à l’arc d’argent est assis, attendant la hasseresse qui se réjouit de ses flèches."
Hymnes homériques à Artémis.
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
10 personnes aiment ça.
mael
Bravo méridienne, quelle culture impressionnante. Artémis...j'ai raconté son viol par Poséidon, l'ébranleur des sols; https://www.bdsm.fr/blog/4693/lhistoire-du-viol-dart%C3%A9mis/
J'aime 13/04/20
ludic2
Article très instructif et agréable à lire. merci Méridienne d'un soir
J'aime 13/04/20
FemmeFemelleEsclave
Merci Méridienne de nous faire partager votre culture. Pour ma part, dans cette légende d’Artemis, l’image même de la femme libre, égale ou supérieure aux hommes, c’est qu’elle finit malgré tout par succomber aux charmes d’Orion.
J'aime 14/04/20