FemmeFemelleEsclave
par le 07/06/21
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Bon, je sais.
Compliqué d’écrire sur un sujet déjà abordé, surtout quant il l’a été par Méridienne.
https://www.bdsm.fr/blog/6064/Litt%C3%A9rature-et-sadomasochisme-:-l'abn%C3%A9gation-dans-Histoire-d'O/
Alors, j’ai hésité.
Mais comme j’avais déjà commencé à rédiger quelque chose, j’ai continué.
Et puis finalement, je me suis dit, « tant qu’à faire, quand bien même je n’ai pas son talent à elle, autant publier aussi mon texte ».
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Je n’ai jamais aimé la littérature érotique.
Je suis plutôt « classique » en matière de littérature.
Le XIXè, le XXè.
Chateaubriand, Hugo, Zola, les poètes du Parnasse, Rimbaud, Verlaine, Malraux, Bernanos, Georges Sand, Yourcenar, Beauvoir, Camus, St Ex, Gary. Les surréalistes aussi, Breton et tout particulièrement "Nadja", Eluard et "Liberté" publié clandestinement en 1942 dans "Poésie et vérité" et repris en 45 dans "au rendez vous allemand".
Entre autres.
La littérature contemporaine m’ennuie.
J’aime les auteurs qui ont quelque chose à dire.
Et pas seulement sur eux.
J’ai commencé cinquante nuances.
J’ai du m’arrêter à la 20è ou 30è page.
Mal écrit, sans doute pour partie par un nègre (dans le sens d'écrivain en sous-traitance. Pas envie de me coltiner une plainte pour racisme par les adeptes du "politiquement correct" :smile:).
Comme souvent ce type de « littérature ».
Je n’ai évidemment pas acheté les différentes suites …
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Histoire d’O par contre a toujours fait exception à mes yeux.
J’ai découvert le roman de Dominique AURY/Pauline REAGE quand j’étais ado.
En même temps que le sexe et mon goût pour la soumission.
Je l’ai dévoré en cachette.
Bon, mes parents ne m’ont jamais interdit grand-chose, mais quelque part je craignais quand même qu’ils ne me questionnent à ce sujet.
J’ai aimé le style, l’écriture, les mots.
La manière dont ils étaient ciselés.
Mais en même temps, le texte lui-même m’interpellait.
La manière dont O était traitée, tout en étant toujours totalement consentante.
La violence extrême de ce qui lui était infligé.
Femme même pas objet, moins qu’un objet, utilisée, exploitée, prostituée.
Et en même temps, son acceptation de ce qu’on faisait d’elle, son abnégation totale, sa dévotion pour ses « Maîtres ».
Le tout dans un cadre feutré, des décors somptueux.
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A l’époque, je découvrais la soumission, avec un gamin de mon âge.
D’une manière totalement différente, ludique.
Dans une confrontation joyeuse où à la fin, c’est lui qui prenait le dessus.
Mon côté « brat » (que j’ai quand même perdu un peu avec le temps).
En tout cas, totalement étrangère au sado masochisme violent dont O était la victime consentante.
Si tant est qu’elle fût réellement masochiste.
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Histoire d’O a été publié en 1954.
D’abord proposé à Gallimard, qui l’a refusé pour cause de « pornographie », puis aux Editions des Deux Rives (nouveau refus), c’est finalement Jean Jacques PAUVERT qui en fût l’éditeur, avec un premier tirage, confidentiel, à 600 exemplaires.
Les critiques d’emblée furent à l’image de l’œuvre : « à vomir » pour Mauriac, élogieuses de la part de Graham GREENE et Georges BATAILLE.
Les éditions PAUVERT ont d’ailleurs été poursuivies pour « outrage à la pudeur » mais le procès n’a jamais eu lieu.
L’année suivante, Histoire d’O obtint le prix des Deux Magots.
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Je ne serais jamais O.
Tout simplement parce que tu ne pourrais être ni René et encore moins Sir Stephen.
Ta vision de la femme, ta « dominance » reposent non sur la négation de la personnalité de « ta » soumise mais au contraire le besoin de la faire « grandir » dans la confiance et le respect.
Et ton « sadisme » ne vise pas à satisfaire tes pulsions à toi (quoique 😊 ) mais au moins tout autant mes désirs.
Parce que tous deux nous avons besoin du plaisir de l’autre.
Pourtant, aujourd’hui, je me retrouve par certains aspects dans le personnage d’O.
Ou du moins je la comprends mieux.
Non pas dans les pratiques extrêmes qu’elle subit (même si j’ai connu le fouet grâce à toi), mais dans son désir, sa dévotion aux hommes qui la possèdent.
Le caractère presque sacré de sa relation à eux.
Quand bien même dans mon cas, de Maître, il n’y en aura jamais qu’un :smile:
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Lors d’une ballade récente, c’était en février, nos pas nous conduits au marché au livre ancien du square Georges BRASSENS.
Et là, en flânant entre les étals des bouquinistes, je suis tombée sur le deuxième tirage (pas l’édition originale hélas, mais de 1954 quand même) d’Histoire d’O.
Sans "Retour à Roissy" qui ne fût publié qu'en 1969.
Evidemment, tu as voulu me l’offrir.
L’ouvrage trône aujourd'hui dans notre bibliothèque.
Peu importe désormais ce que les gens penseront.
Je m’en fous.:smile:
11 personnes aiment ça.
Lady Spencer
J'aimerais trouer la série d'entretiens entre Pauline Réage et Régine Desforges ("O m'a dit")
J'aime 07/06/21 Edité
Azhara
Comme d'habitude je suis sensible à votre écriture et ce que vous faites passer de votre relation. Mais je reste tellement hermétique à toute cette littérature, y compris Réage, que j'ai trouvé il y'a peu dans la bibliothèque de mes parents. Ma maman que j'ai du coup questionné m'a répondu habilement : au même titre qu'il faut avoir lu du Sade ou du Masoch au moins une fois dans sa vie, j'ai tenté. Elle l'a fini, pas moi ! Comme 50 nuances. Ah la persévérance des anciens !
J'aime 07/06/21 Edité
PHI88
J'ai également lu Histoire d'O quasiment d'un trait alors que j'étais au lycée... Prêté par un copain (comment l'avait-t-il eu entre ses mains ?), ce livre me laissait entrevoir l'acceptation et le don qu'une femme pouvait faire d'elle tout en y trouvant du plaisir... Un mystère pour moi à l'époque... Merci pour le partage de votre ressenti FemmeFemelleEsclave...
J'aime 07/06/21
FemmeFemelleEsclave
chère Lady. S'il ne tient qu'à cela ! J'aime la littérature, mais je m'attachais peu jusqu'alors aux livres eux-mêmes, me contentant le plus souvent d'éditions de poche, que je pouvais corner et gribouiller à ma guise. Mais mon mec/Maître étant bibliophile, je m'y suis mise moi aussi. Et commencé à fréquenter les bouquinistes et chiner les vielles librairies, de préférence avec lui. Ou alors en quête d'une édition rare pour lui. Tout en utilisant aussi les outils de la modernité, parce qu'on trouve de tout sur internet. Pour ce qui est des entretiens entre Pauline Réage et Régine Desforges, on en trouve à foison sur les sites de ventes aux enchères, et notamment ebay pour quelques euros.
J'aime 07/06/21 Edité
FemmeFemelleEsclave
@Azhara. Sympa de me ranger dans la catégorie des "vieilles" 1f642.png
J'aime 07/06/21 Edité
FemmeFemelleEsclave
@Breizh Donjon. Et oui, j'ai pris goût aux belles choses 1f642.png
J'aime 07/06/21 Edité
Azhara
Oupssssssss et sourire ! Navrée FemmeFemelleEsclave... Mais, pour ma défense 1f609.png, deux petites choses : je n'avais pas fait ce raccourci là sachant que vous mentionniez vous êtes arrêtée à 20 ou 30 pages de 50 nuances Mais cela étant dit, vous m'avez dit une fois avoir un côté légèrement " vieille France " alors euh, je pourrais presque vous mettre dans cette catégorie ! Je fuis, je fuis... avec un sourire taquin ! L'essentiel reste vos mots dans votre publication, ça me donne presque envie de retenter ce livre 1f642.png
J'aime 07/06/21 Edité
Maitre d’O
Magnifique témoignage sur un livre culte
J'aime 07/06/21
Olivier
Le Bande dessinée m'avait fascinée, sauf la scène du chien. Là je trouve que c'est trop, même si je sais que sur le darknet il se passe des choses horribles.
J'aime 12/06/21