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Abyme
#10
Je suis agréablement surpris de voir qu'au moins 6 personnes ont liké mon entrée en matière de ce débat apparemment pas si inutile. Un post que j'ai volontairement formulé sans détour à ma manière directe que connaissent - et apprécient - ceux qui m'ont rencontré, et non pas d'une manière hésitant entre la diplomatie et l'hypocrisie (entre les deux, la marge est mince, même si elle revêt un soi-disant respect qui imposerait de se taire, ou ne pas dire les choses comme on les pense, voire même de s'écraser).
Agréablement surpris aussi de voir qu'il n'y a pas ici que des puristes pour qui leur relation BDSM est une sorte de religion indissociable de leur vie dont ils sont des prêtres dévots et idolâtres, voire intégristes.

Je ne dis pas que le côté "jeu" (que je privilégie personnellement, on l'a compris) est la meilleure façon d'aborder le BDSM, je dis seulement que c'est ce que je pense personnellement, sans l'édicter en vérité inattaquable, et du coup je cherche à comprendre ce qui se passe dans la tête de ceux qui pensent autrement. Et je ne dis pas non plus que ceux -là sont des cons, non. D'ailleurs certains avouent qu'ils ne jouent qu'un rôle (même s'ils contredisent souvent cela par un discours trahissant malgré tout une implication allant bien au delà du rôle).
Fanatiques à la rigueur, dépendants sûrement (donc contraire d'indépendants), donc peu libres et peu ouverts, et pas si tolérants que ce qu'ils aiment à le prétendre. Mais cons non ! D'ailleurs en tant qu'êtres humains ils méritent le respect, et sous bien des aspects. Par exemple le fait qu'ils n'aient pas peur du ridicule, ou d'un jugement humiliant (ceci dit, l'humiliation est souvent leur truc, donc je m'égare inutilement).

Contrairement à ce que j'ai pu lire, mes réflexions ne sont pas des insultes ou des jugements à l'emporte-pièce, ou encore une provocation gratuite. Encore une fois, j'insiste, c'est ma façon de voir les choses, qui n'engage que moi, et qui aimerait comprendre jusqu'où ça peut aller. C'est juste une façon de préférer l'indépendance de penser, d'agir, d'avoir une personnalité ("force de caractère" comme le dit ci-dessus Panthère) et d'être libre de l'exprimer sans une référence constante et déférente à un être "supérieur" qui régirait notre vie, notre plaisir, nos décisions, notre attitude.
Ou encore de se croire cet être supérieur avec presque plein pouvoir sur un être suffisamment en besoin d'être pris en main pour aller facilement jusqu'à exercer ce genre de déférence que j'assimile encore une fois à la religion.

Au pays des aveugles, les borgnes sont rois.
(Et les voyants avec une paire d'yeux sont des ennemis dangereux pour les deux, n'est-ce pas)

D'ailleurs, parlons-en : les points commun entre la soumission "puriste" et la religion intégriste ne manquent pas :
- Le besoin d'être guidé, pris en main par une instance supérieure
- Le manque d'initiative, de personnalité indépendante et décisionnelle, d'affirmation de soi autrement qu'en passant par la validation des lois de l'instance supérieure
- La dévotion et l'idolâtrie fanatiques (celles qui font qu'on s'écrase par terre et accepte une punition sans discuter)
- l'emploi (justement nous y voilà) de majuscules lorsqu'on évoque l'instance supérieure, lui accordant ainsi une sacralisation mystique (jusqu'ici seules les formes les plus fanatiques de religions [donc les monothéismes] plaçaient des majuscules sur les noms et pronoms évoquant leur dieu ou prophètes).
- L'impossibilité de débattre en se basant sur des références universelles à l'humanité (dont liberté, égalité, affirmation de soi, partage, émancipation, etc), tant les références se rapportant à la pratique dévotionnelle sont fortement instaurées, fanatisées et auto-suffisantes. Bref le problème du raisonnement auto-référencé (exemples : côté religion voir les Témoins de Jéhovah, et côté BDSM voir le post ci-dessus d'Empire).
- L'obstination à s'attacher aux traditions, rites, titres, costumes, hérités d'un âge révolu, jusqu'à paraître décalé dans notre époque
- L'exercice du pouvoir par les instances supérieures, qui leur permet de s'adonner sans honte ni complexe à certains penchants, comme se faire servir, obéir et assister pour les moindres activités, même quotidiennes, punir plus ou moins sévèrement selon son bon vouloir, exercer de la violence voire de la cruauté, prendre plaisir à se faire traiter en supérieur, même si ce n'est que par une ou deux personnes, et qui plus est, des personnes déjà en besoin et en attente de cela (avec le risque de croire que cette déférence leur est due par un peu tout le monde).
On peut comprendre en effet que les évêques, cardinaux, ayatollahs, grands rabbins, etc, même en dehors de l'époque de l'inquisition, ont toujours défendu bec et ongles leurs privilèges, avec ou sans foi authentique d'ailleurs, tant ce pouvoir était confortable et jouissif (et flatteur et égocentrique bien sûr).

Ce parallèle ne va pas plaire, je m'en doute, mais n'est-il pas assez probant pour le nier ? Il fonctionne très bien pour les deux côtés.

Ceci dit, je côtoie des gens dans le milieu du BDSM qui ne pensent pas comme moi et avec qui j'ai des relations tout à fait ouvertes et tolérantes, mais c'est IRL, c'est mieux, on s'explique, on se respecte, on plaisante ensemble, etc... (et n'en déplaise, on se tutoie, et c'est cool, pas impoli).

Pour conclure cette intervention, je citerai volontiers Panthère :
Du moment que tout le monde y trouve son compte et que nous réussissons à nous entendre, même si parfois l'incompréhension pointe le bout de son nez...
Là, n'est il pas l'essentiel ?
Libre et heureux de vivre selon ses propres règles ou sans…
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