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Elle.a
#23
De marina001
Kinbaku, bondage events, et biais sexiste...
Les pratiques reliées au bondage et au sadomasochisme connaissant un succès croissant aux US, il n'est pas étonnant qu'il y ait de plus en plus d'événements publics ou semi-publics associés à celles-ci. Il y a d'ailleurs des sites dédiés uniquement à l'annonce des dates, des lieux, etc. Ils se concentrent sur les happenings majeurs - il est impossible de tout recenser - mais pour vous faire une idée jetez un coup d'œil sur le calendrier d'octobre http://www.thebdsmeventspage.com/events.html#October
Or, vous pouvez être certain-e que durant chacun de ces events, quelle que soit sa nature, il y aura au moins un spectacle shibari. C'est devenu incontournable. L'aspect esthétique et artistique donne un certain cachet au happening en quelque sorte. Ajoutez-y la flopée de clubs Fetish-SM du pays (exemple: une cinquantaine rien que dans le Massachusetts) qui s'estimeraient déshonorés en n'organisant pas de spectacles du même type de temps à autre, et vous comprendrez vite que la scène shibari soit devenue un business juteux.
Ma femme connaît une rigger réputée, qui commence à en avoir assez du « sexisme ingénu » qui prévaut sur ce circuit professionnel. Le temps est loin où les riggers choisissaient leur programme. Le professionnalisme exclut la spontanéité, c'est ainsi. Ce sont des shows, pas des démos d'initiation ou des masterclasses. Là où le bât blesse, c'est que depuis que les shows se sont multipliés, on devrait assister à un équilibrage des programmes : des femmes encordées, et des hommes attachés, en nombre équivalent. Hé bien ce n'est pas le cas. Les spectacles de shibari réservent toujours la portion congrue aux femmes attachant des hommes. Pourtant dieu sait que c'est populaire auprès de la moitié féminine du public !
D'après cette copine rigger, les personnes qui gèrent ces events s'en tiennent au schéma des femmes qui « doivent » être ligotées, parce que c'est ce que le public « veut » voir. Le présupposé est navrant sachant que ce public est généralement à moitié féminin. Peu importe qu’au fond les femmes ne soient pas là pour mater des femmes attachées : elles ont le devoir de trouver « belle » la soumission féminine.
Sexisme lourd de conséquence… Ici, tout le monde le dit : les femmes « B&SM curious » sont aussi nombreuses que les hommes. Mais la proportion de celles qui vont plus loin que la simple curiosité, une fois celle-ci satisfaite, chute. Le contraire serait surprenant : rien n’est fait pour leur montrer que le B&SM réel ce n’est pas juste une resucée du vieux cliché porno du mec qui ligote une nana ou de la « lesbienne » (my foot, la copine rigger est straight pur sucre…) qui attache une femme. C'est cocasse : par exemple une DomCon (happening ciblé sur la technique qui s'adresse surtout aux tops) qui rassemble en général autant de femmes dominatrices que d'hommes dominateurs sera agrémentée par un spectacle kinbaku où seules des femmes seront ligotées... y compris les femmes encordées par des femmes. Donc, Mesdames les Tops, devenez homo ou désespérez !
On dit souvent que la compétition entre riggers est devenue malsaine car l'argent leur est monté à la tête. My other left foot… Les riggers font ce qu’ils ou elles sont payé-e-s pour faire. Le jour où les divers organisateurs cesseront de vouloir faire le-même-show-en-mieux que le voisin, on en reviendra peut-être au simple bon sens. Femmes et hommes veulent voir des choses selon leurs goûts et leurs intérêts. Intérêts pluriels. Très pluriels.
Hélas, seule la version « homme (straight) dominateur/femme (bisexuelle) soumise » est popularisée par les médias mainstream. Le BDSM naît donc unijambiste dans l’esprit des lectrices ou des spectatrices. Les plus motivées d’entre elles voudront voir ce qu’il en est par leurs propres yeux. Qu’une personne soit de « nature » dominatrice ou soumise, au début, cela ne change rien : l’appel des cordes et de la cravache est fascinant pour les unes comme pour les autres. Pour voir, pour renifler, sans s’engager à rien, rien de mieux qu’un event public ou semi-public, ils abondent ici. Mais vu la version réductrice du BDSM qu’on leur y sert, celui-ci, d’unijambiste, devient carrément cul-de-jatte…
Dernière modification le 27/09/2018 10:26:49 par Elle.a.
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