Affichage d'un seul post
marina001
#30
Paraphilies, féminisme, et on est pas des malades !
Cher-e-s bdsm'ers, vous êtes vous jamais demandés pourquoi il fut un temps on vous considérait comme des malades mentaux en liberté, et pourquoi désormais on vous prend – heureux fripons - pour des esthètes dont le génie vous classe très au dessus du grand public ?
Tout simplement parce que jusqu'à assez récemment, le sadomasochisme était classé dans la DSM-5 [le classement clinique des maladies mentales], rayon "fous dangereux". Et que maintenant il n'y est plus. Mais n'allez pas croire que les psychiatres furent, par un beau matin de printemps, frappés par la lumière divine et décidèrent de considérer qu'après tout, le sadomasochisme consensuel était une façon comme une autre de faire l'amour.
Que nenni. En fait, les psychiatres qui ont dépoussiéré la DMS-5 l'ont fait parce qu'ils y furent un peu forcés. Entre autres, par des médecins ou sociologues féministes. De plus, ne pensez pas que cette sortie des sadomasochistes de la liste des grands malades se fit en un clin d'oeil. Le débat fut lancé dans les mid-1980 et ne s'acheva vraiment qu'il y a une dizaine d'années. Si vous voulez comprendre quels furent les sujets mis sur le tapis, et par qui, si vous voulez saisir un peu quels furent les angles d'approche qui contraignirent les pontes de la psychiatrie à ce grand nettoyage de la DMS-5 quant aux paraphilies, reportez vous à cet excellent article - très "pointu" il est vrai - sur le sujet
https://www.cambridge.org/core/product/8DA2119F2AE98194BDFD48D7FC883D67/core-reader
Il y a un point très intéressant que je voudrais souligner. C'est que les féministes ne furent pas unanimes à militer pour la "normalisation" du BDSM. Certaines auraient plutôt volontiers rendu la camisole de force obligatoire pour les bdsm'ers... Il se trouve simplement que les féministes qui militaient pour la sortie du ghetto du BDSM, et qui le firent au nom du droit des femmes à disposer de leur propre corps, de leurs envies, de leur sexualité, étaient en blouse blanche, tandis que les autres ne l'étaient pas. La DSM-5 fut remise en question de l'intérieur, pas sous des influences externes.
Encore que les féministes, et sans considérations de tendance, exercèrent aussi un rôle majeur de façon indirecte : en effet, le féminisme, depuis très longtemps, pose comme principe que la vision normative, hétéro-centrée, et bito-centrée (néologisme à moi) véhiculée par la société patriarcale était une illusion qui avait contaminé tout ce qui touchait à la sexualité, même en sciences. Questionner non pas l'utilité du paradigme mais carrément sa validité scientifique, c'était taper là où ça faisait mal.
La science se doit de décrire un phénomène tout en collant aux faits, et doit s'abstenir d'écrire un phénomène pour faire rentrer les faits à grands coups de marteau dans une théorie. Et force est de reconnaître que la DSM-4, ou les versions archaiques de la DSM-5, tenaient plus de la caricature que de la réalité en matière de sexualité.
Encore une fois, il ne s'agit pas de vouloir faire des féministes des "BDSM-friendly" ou des "BDSM-haters". C'est hors sujet. Mais ce qui est certain, c'est que la sale manie féministe de ne rien prendre pour argent comptant est un catalyseur de la réflexion sur la sexualité, comme sur d'autres sujets.
Dernière modification le 10/11/2018 04:58:20 par marina001.
1 personne aime(nt) ça.