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marina001
#35
Sadomasochisme, études, et biais masculin
Comme je l’ai récemment exposé, poser un regard sur nos pratiques sadomasochistes doit se faire de façon dépassionnée, ce qui n’est pas évident quand on est soi-même impliqué-e dans ces pratiques. C’est pour cette raison qu’il est bon de s’intéresser aux études universitaires sur le sujet : cela permet de s’extraire des seules considérations personnelles et de réfléchir à la globalité du « phénomène BDSM » tel qu’il est exposé à travers de diverses études scientifiques.
Reportez vous à ce – bon – article issu de la très réputée revue Psychologytoday.
https://www.psychologytoday.com/us/blog/insight-therapy/201610/sexual-masochism-torture-and-transcendence-tied-together
Tout sonne juste, et en tant que pratiquante depuis dix ans je ne vois aucune idée qui aille à l’encontre de ce que je vis et ai vécu dans le courant de mes jeux sadomasochistes. Et pourtant… il y a un biais. Parce que, et l’auteur l’expose au fil de son texte, le sadomasochisme qui est une « chose » aussi bien féminine que masculine, et statistiquement parlant sans doute un peu plus féminine que masculine, est, dans le domaine de la science, entièrement capté par des chercheurs hommes. Or, en sciences humaines et sociales, avec des données identiques, des chercheuses obtiendront des résultats connotés « féminins », et des chercheurs des résultats typés « masculins ». C’est de la confrontation de ces sensibilités différentes que naît une approche valable de la vérité.
Pourquoi cet ostracisme même pas volontaire envers les chercheuses dans certains domaines de la psycho-sociologie considérés comme sulfureux comme le sadomasochisme ? Les comités de lecture des revues scientifiques semblent considérer que certains sujets sont trop « sales » pour être traités par des femmes. On ne demande jamais à un homme de justifier qu’il s’aventure dans tel ou tel champ d’études touchant aux paraphilies. Par contre une chercheuse… Vraie chercheuse ou crypto-cochonne, hum, pas clair…
Le milieu universitaire américain fit preuve d’audace en se lançant résolument dans les gender studies. Cependant, il tourne en rond, on ne trouve plus guère de théories vraiment nouvelles. Parce que, à force, les scientifiques s’égarent dans la redite. Les feminist studies sont l’opportunité d’une renaissance. Une vision féministe et donc in fine féminine de la sexualité est nécessaire à l’évolution de nos compréhensions (le pluriel est volontaire) de l’alchimie mystérieuse du sexe, surtout quand on s’éloigne de la vision lénifiante, gnangan et cucul – mais surtout pas cul tout court – de la chose.
Dernière modification le 29/12/2018 04:55:01 par marina001.
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