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marina001
#41
Statistiques appliquées au sadomasochisme, et féminisme…
Une approche quantitative et statistique du sadomasochisme est-elle possible ? Est-elle-même pertinente ? A des questions aussi basiques que « le sadisme (ou le masochisme) est-il plus masculin que féminin ?», ou bien « pourquoi le sadisme ? pourquoi le masochisme ? » on se heurte la plupart du temps à un biais universel quand par facilité on fait une étude en ligne : votre interlocuteur-interlocutrice pratique t'il-elle réellement le SM, ou est-ce juste quelqu'un qui fantasme sur le SM?
Lammers et Imhof, deux chercheurs allemands, ont procédé à un recensement statistique à partir d’une cohorte de 13,000 bdsm’ers européens et nord-américains. Précisons qu’ils (et leurs élèves) n’ont pas perdu leur temps à papoter avec les wanna-be qui fantasment sur le net, mais qu’ils sont allés directement dans les clubs pour y déposer et présenter leurs questionnaires auprès de pratiquant-e-s.
Leur étude, est intéressante. Très solide du point de vue des maths (je n’ai pas relevé de bavures…), elle est nettement plus hésitante quand ils en viennent à la discussion. Point faible, pour étayer leur conclusion (le sadisme est surtout masculin, le masochisme surtout féminin) ils invoquent les mânes du féminisme radical : le sadomasochisme ne fait que traduire une domination purement patriarcale, sous des dehors modernisés et au goût du jour. Adopter un comportement sadique envers une femme serait une chose naturelle chez un homme. Tolérer ces pratiques sadiques serait naturel chez une femme. Du point de vue méthodologique c’est limite. Dans une étude scientifique, on ne cite pas des idées générales en les réduisant à deux clichés réducteurs et datés. Surtout, on ne se dédouane pas en "accusant" une mouvance féministe de s'être trompée afin d'annoncer que finalement, les statistiques nécessitent un retraitement.
Car en effet, ils reconnaissent en toute honnêteté que les entretiens plus approfondis avec un échantillon réduit au sein de la cohorte vont à l’encontre de la thèse issue du dénombrement statistique et concluent en disant que in fine les choses sont plus compliquées qu’il n’y paraît. Et que l’aspect désinhibiteur du sadomasochisme joue un rôle bien plus important que le schéma mâle dominateur issu du patriarcat/femme soumise et abusée, ce schéma étant PARFOIS un habit de carnaval endossé dans le cadre du jeu. Ce qui est d’ailleurs corroboré par bon nombre d’autres études, basées elles sur le récolement de données strictement qualitatives.
La doxa radicale féministe n’a jamais été soutenue par des recherches sérieuses, et d’ailleurs, où est le paradoxe ??? Si les féministes radicales se sont trompées, c’est parce que de leur temps les études scientifiques portant sur le sadomasochisme étaient inenvisageables, à part dans le champ purement psychiatrique. Et celles qui firent sortir le sadomasochisme de la DSM-5, celles qui en firent un sujet d’études sociologiques, ce sont des féministes justement. Et cela souvent en réaction aux discours dogmatiques d’autres féministes sur le sadomasochisme. Quant on parle de féminisme et de SM, et contrairement à la pensée politiquement correcte véhiculée par le gros des bdsm’ers, on est non seulement au cœur du sujet, mais on est à ses racines.
https://www.researchgate.net/publication/282402034_Power_and_Sadomasochism_Understanding_the_Antecedents_of_a_Knotty_Relationship
Dernière modification le 09/02/2019 04:51:32 par marina001.
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