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marina001
#44
Féminisme, BDSM, et regard extérieur.
Mary-Jo Rapini est une auteure assez connue aux US, pour ses interventions lors de talkshows sur les grands networks, dans des thématiques liées à la sexualité du couple. Elle se définit elle-même comme une « sympathisante » (« follower ») féministe de base, venue sur le tard aux idées féministes. Et en tant qu’auteure d’ouvrages sur la sexualité féminine, elle a des idées que je juge rafraichissantes sur le BDSM, pour une non-pratiquante.
Tout d’abord elle ne le diabolise pas. Madame veut être attachée ? Monsieur veut être fessé ? Pourquoi pas ! Là où elle fait preuve d’intelligence, c’est dans la façon de décoder ce « pourquoi pas ? » qui est souvent une réponse un peu trop automatique chez la personne à qui est proposée un jeu bondage ou soft SM. Surtout chez les femmes.
Il est trop souvent un acquiescement induit par une crainte de perdre au moins un peu de l’amour de l’autre. Il est de plus en plus fréquemment lié à une crainte de paraître coincé-e, dans une société US où se laisser porter par le vent des modes médiatiques – et le BDSM soft est à la mode – devient vital. Il est également un des effets du mal de vivre contemporain, surtout chez les hétéros : on renonce à vouloir comprendre l’autre, c’est trop compliqué, dans une vie déjà très compliquée, alors on dit « oui », pour se débarrasser du problème.
La position de Rapini est claire. Dire « oui » sans vraiment le vouloir, c’est se frocer soi même à pratiquer un cate sexuel non désiré. Pour elle, peu importe ce que vous faites, ce qui compte c’est pourquoi vous le faites, et comment. Pourquoi est-ce que mon-ma partenaire désire ceci ? Pourquoi est-ce que moi je ne désire pas cela ? Vouloir répondre sincèrement à ces deux questions, c’est résoudre le problème la plupart du temps. C’est le ramener à l’humain, à ses désirs et à ses craintes, au lieu de réifier le jeu sexuel. Le problème n’est plus le « çà », mais le « il » ou le « elle ».
Second point, Rapini insiste sur le « comment ». Ou plutôt sur la différence entre l’idéalisation du jeu, et sa réalité concrète. Très intelligemment, elle conseille, en matière de BDSM, de suivre l’avis des « pros » (certain-e-s actrices ou acteurs X SM indépendants) pour la sécurité, ou encore d’aller voir dans les démos et les conventions « comment on fait », et surtout « comment on ne fait pas ». Parce qu’après s’être extrait du « çà » (le jeu) idéalisé, et l’avoir ramené au « il » ou « elle », il faut toujours en venir à un « çà » réel.
En définitive, Rapini est une réaliste : le « oui » n’est jamais qu’incidemment, et rarement, la bonne réponse. Le « oui, mais explique moi » l’est toujours : il n’impose pas une vision, il crée une vision commune.
Les livres de Rapini peuvent être trouvés directement sur son site, ici :
http://www.maryjorapini.com/
Dernière modification le 23/03/2019 05:51:18 par marina001.
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