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marina001
#47
Féminisme, BDSM, et jeune thésarde
Les thèses de doctorat (Ph.D) portant sur tel ou tel aspect du BDSM ne sont plus une rareté. En voici une qui dresse un parallèle entre la façon dont les couples américains et européens conçoivent ce genre de "détente". L'idée est intéressante, mais là où ça déraille, c'est qu'à partir d'un sujet A, on assiste à une superbe coq à l'âne et on en vient au sujet B, qui n'a rien à voir avec le premier : féminisme et BDSM ! Ma tendre épouse pense qu'il s'agit d'une figure imposée, comme dans le patinage artistique. Et je ne suis pas loin de penser comme elle... En effet, il est dommage de constater à quel point une jeune universitaire, qui ne connaît rien par elle-même au BDSM, et sans doute pas grand chose au féminisme non plus,  peut se sentir obligée de pondre un couplet sur un thème devenu incontournable dans toute étude sur le BDSM : le féminisme ! A croire qu'il est devenu impossible de parler de BDSM sans parler de féminisme. Ni de disserter sur le féminisme sans parler de BDSM !  
Mais admettons. Seulement, prétendre vouloir être pertinent-e à partir d'une étude basée sur dix couples, c'est se mettre le doigt dans l'œil. Le sadomasochisme n'est qu'une étiquette compilant une myriade d'histoires personnelles. Seules les surveys portant sur une cohorte se comptant en centaines voire en milliers de pratiquant-e-s réel-le-s donneront un résultat qui ne sera pas soit trivial, soit erroné. 
Cette thèse en est la parfaite illustration. L’auteure sort complètement du cadre limité de son étude. Elle fait d’abord un tour de valse avec de très anciens textes (1982) émanant de féministes radicales qui d’ailleurs ne pratiquaient pas le sadomasochisme. Puis – miracle – elle danse le quadrille avec les propos de féministes contemporaines qui elles pratiquent le sadomasochisme et ont un avis tout différent sur la question. Résultat final : l’auteure conclut en disant que les féministes sex positivist contemporaines sont des emmerdeuses et qu’elle devraient dire comme les Grandes Anciennes que le BDSM c’est mal, et arrêter de faire suer ! On se heurte là à une des limites des gender studies, feminist studies, ou sex studies : comprendre une paraphilie de l'extérieur est difficile, long, souvent décevant, parce qu'au fond il n'y a RIEN à comprendre. Allez expliquer pourquoi vous aimez les frites et pas les brocolis ! Il en va de même avec le féminisme au fond : pour une féministe, les raisons de son engagement sont évidentes. Elles le sont beaucoup moins pour une femme qui n'est pas féministe... 
Tant le féminisme que le BDSM sont désormais des sujets porteurs pour les doctorant-e-s ou les post-doctorant-e-s. Trop peut être. Les vraies surveys bien documentées, "réfléchies" et même "pensées", existent. Mais elles sont rares. Question d'expérience, question de moyens. 
https://cupola.gettysburg.edu/cgi/viewcontent.cgi?referer=&httpsredir=1&article=1395&context=student_scholarship
Dernière modification le 20/04/2019 02:23:40 par marina001.
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