Féminisme, sexualités, et éducation sexuelleL’éducation sexuelle, et sans doute plus largement l’étude des sexualités, est quelque chose de relativement récent dans nos sociétés occidentales. Elle ne date guère que du début du 20° siècle. Les féministes radicales, dans les années 1970, eurent la dent dure vis-à-vis des précurseurs en la matière : pour elles, durant la première moitié du 20° siècle, tout ce qui se rattachait à la sexologie n’était qu’une façon, pour l'establishment scientifique masculin, de lâcher du lest face aux revendications féministes « first wave ». En d’autres termes, les premiers sexologues – quasiment tous des hommes – tentaient de contrôler les revendications féministes/féminines en les détournant sous couvert de science. Des travaux issus des gender & sex studies replacent les choses dans un contexte beaucoup moins idéologique et beaucoup plus historique. Lucy Bland et Lesley Hall démontrent qu’en fait les premiers sexologues anglo-saxons étaient avant tout de fervents alliés des féministes, qui abordaient le thème de la sexualité sous l’angle de l’égalité nécessaire entre les deux sexes. En fait, et c’est assez ironique, par bien des côtés en ce qui concerne l'égalitarisme ils étaient en avance de cinquante ans sur les thèses féministes en vogue au tournant des années 1970. Quant aux erreurs de raisonnement en matière de sexualité féminine, elles s'expliquaient par le fait que justement ce champ scientifique n'avait jamais été exploré avant. Et elles n'étaient pas fondamentales : les premiers sexologues percevaient déjà le rôle moteur du clitoris dans le plaisir féminin. C'était novateur, le sugar almond était terra incognita dans la médecine ou l'anatomie de l'époque ! De fait, ils ouvraient un champ d'études, et ils n'étaient pas neutres en le faisant : ils le faisaient au nom d'un égalitarisme qu'ils estimaient nécessaire. C’est en fait peu surprenant : on remarque aisément que ces précurseurs en matière de sexologie travaillaient au sein de cénacles familiaux ou sociaux qui comptaient beaucoup de femmes engagées. Sans parler de tous ces « messieurs » qui en fait étaient des dames qui publiaient sous un pseudonyme masculin, condition sine qua non pour ne pas être blackboulées dans des milieux médicaux complètement misogynes. Mais qu’en est-il pour la France ? L’excellent article ci-dessous illustre de façon extrêmement claire et détaillée les grandes similitudes avec la situation dans les pays anglo-saxons, mais aussi les différences issues des spécificités culturelles françaises. A lire, vous apprendrez beaucoup de choses ! https://www.cairn.info/revue-champ-psy-2010-2-page-67.htm#
Dernière modification le 01/06/2019 09:58:45 par marina001.
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