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Hamadryade
#10
Question intéressante. Et ça m'intéresse aussi de connaître ta position, même si elle est "intégriste"
Comme juriste, j'ai toujours attaché une valeur particulière au sens des mots.
Et je trouve que le terme "punition", dans les relations bdsm est utilisé le plus souvent n'importe comment.
C'est cela, cette utilisation à toutes les sauces, et surtout n'importe comment du mot punition, qui m'a poussé à une position très et probablement trop tranchée sur l'idée et l'utilisation de la punition dans le BDSM.
Quand je vois en commentaire d'une simple photo de fessée "Oh elle a du être vilaine pour être punie ainsi", immédiatement je me dis que le gars, ou la nana, mais ce sont souvent des commentaires masculins, manque terriblement d'imagination et qu'il doit être un bien piètre dominant pour avoir besoin de "punir" pour justifier une fessée.
Quand je vois des profils de soumises faussement rebelles disant jouer à taquiner leur dom, et même si je partage l'idée du à chacun son bdsm, je ne peux pas m'empêcher de me dire que ce n'est pas du bdsm, ou tout du moins que c'est très loin de ma propre vision du bdsm.
Pour moi une relation bdsm, c'est une relation qui s'établie entre 2 personnes ADULTES et normalement intelligentes... et ayant réfléchi au pourquoi et au comment de ce choix de vie.
Pour moi, punition veut dire réprimer un comportement, une action ou une omission, des paroles, gestes… jugés fautifs.
En ce sens, la punition se distingue de ce que j'appellerai "l'exercice normal des prérogatives du Maitre" , qui consiste à abuser de son esclave, de jouer avec son corps, de la frapper si tel est son plaisir ou son envie.
C'est ainsi que je conçois la position du dominant (et donc de la soumise). Pour moi la punition n'a pas à être un prétexte à assumer des envies dont on a honte. Le dominant, dès lors que sa soumise l'a reconnu et accepté comme Maître, n'a pas à prendre prétexte d'une fausse erreur pour s'autoriser à utiliser sa soumise comme il le souhaite. S'il a envie de lui donner la fessée, de l'attacher, de la fouetter ou quoi que ce soit d'autre, il n'a pas besoin de chercher la petite bête pour ça. Il prend et fait ce qu'il décide quand il le décide. Point.
De même, lorsque l'on décide de se soumettre à quelqu'un ce n'est pas pour ensuite provoquer cette personne continuellement et essayer en permanence de tester et/ou de remettre en cause sa domination. Le fait d'avoir accepter cette place de soumise et de lui avoir reconnu la place de dominant est en soit suffisant. Remettre en cause ce choix en permanence c'est nier sa domination, c'est chercher à reprendre le pouvoir offert volontairement, et normalement en toute conscience, et c'est le manipuler pour obtenir ce que l'on désire et non plus obéir à ses désirs. C'est ce que je regroupe sous le terme de soumination (certains ont une autre définition de ce terme).
Si mon Maître juge que j'ai mal agi, peu importe que ce soit volontaire ou non, je mérite d'être punie et dois l'accepter.
La seule spécificité de la "punition" dans une relation Maître-esclave et le "monde normal", c'est que c'est le Maitre seul qui juge et que sa décision est sans appel.
C'est tout au moins la règle que j'ai acceptée.
Pour distinguer les deux notions, punition et "exercice normal des prérogatives du Maître", nous avons "ritualisé" la punition.
Lorsqu'il abuse de moi, me frappe, joue avec mon corps, je suis le plus souvent entravée ou attachée.
S'il s'agit par contre de me "punir", je dois "subir librement le châtiment" qu'il a décidé (la cravache le plus souvent), en me prosternant nue devant lui, sans entraves.
Et après avoir été châtiée, embrasser son sexe ou l'emplacement de son sexe s'il n'est pas nu, pour le remercier de "m'aider à m'améliorer".
Ce qui généralement (ce n'est pas pour me déplaire) me vaut de le sucer ensuite.
C'est là où je "bloque" un peu, même si j'avoue que cette "ritualisation" permet en effet d'identifier clairement les choses.
Non, là où je bloque finalement, c'est sur le côté "physique" de la punition.
Je garde toujours en tête que si le Maître souhaite donner de la cravache, comme dans votre exemple, ou autre chose, il le fait quand et comme il veut. Du coup une punition physique vient en contradiction ou vient tout du moins se heurter à cette notion. Par ailleurs, si la soumise a une bonne dose de masochisme, la punition physique ne sera que difficilement assimilée comme telle.
Une fois encore, je me soumets en tant qu'adulte, alors bien évidemment ça n'implique absolument pas que je me transforme en une parfaite soumise ne faisant jamais d'erreur, ça serait illusoire et totalement présomptueux de croire cela. En revanche ça implique que je ferai toujours de mon mieux pour ne pas faire d'erreur, et la nuance est de taille.
Dès lors, quand je commets une faute, c'est souvent parce que la règle en amont n'a pas été clairement énoncée et expliquée. Punir pour ça me dérange.
Je suis mère, je vais "punir" mon gosse s'il désobéit à une règle claire, mais je ne lui ferai qu'un "rappel à la règle" si je ne lui avais pas clairement énoncée et expliquée cette même règle avant.
Après oui, je peux aussi faire des erreurs par inattention, emballement, ou pure bêtise. Et c'est là où ma position d'intégriste anti punition commence à battre de l'aile ;) Parce que oui, justement, mon choix de soumission fait que dans le cas où par inattention ou par bêtise j'ai blessé ou énervé mon Maître, finalement il est tout à fait normal qu'il réagisse à cela et qu'il me punisse pour cela (grr ^^)
Mais du coup, me concernant, une punition qui serait physique, ou tout du moins exclusivement physique, se trouverait en opposition avec cette liberté totale qu'il a de jouer de l'instrument de son choix sur moi (mais du coup il est aussi libre de me punir comme cela lui chante, et oui du coup mon argumentaire se mord la queue, et ça m'énerve^^). Je sais que je serai beaucoup plus sensible à une punition cérébrale qu'à une punition physique.
J'ai d'ailleurs depuis longtemps arrêté les fessés sur mon gamin, non pas parce que la loi l'exige, mais parce que c'est comme si je pissais dans un violon, ou pire, ça le renforçait dans son envie de faire des conneries. En revanche quand je lui fais prendre conscience de sa faute, que je lui explique en quoi son comportement est préjudiciable à lui ou aux autres, et que je lui démontre le mal qu'il a pu faire, là... ça fonctionne beaucoup mieux. Il se sent péteux, il a honte et normalement il ne recommence plus (bon il a quand même la tête dure le bougre ^^).
Il y a une phrase qui dit "être puni par là où on a pêché", et je conçois bien plus la punition dans cette façon de faire.
J'ai longtemps fait de l'équitation, taper un cheval pour le faire obéir est une aberration (comme pour les gamins ou les chiens ou n'importe qui, donc même les soumises ^^). En revanche par exemple, si un cheval a tendance à mordre, il faut le mordre en retour pour lui faire comprendre la douleur qu'il provoque et le faire "évoluer". Alors ok, mordre un cheval n'est pas facile (je le faisais à l'oreille), mais en revanche adapter la punition à l'erreur commise par la soumise me semble être beaucoup plus constructif.
Et enfin, quand je commence à me dérober volontairement aux décisions et ordres de mon dominant, quand je commence à mentir ou à dissimuler, c'est toujours pour moi le signe clair que je commence à ne plus croire en lui et donc à ne plus lui être totalement soumise....
Désolée pour le pavé... j'ai toujours besoin (ça vient finalement peut-être aussi de là mon réaction instinctive face à l'idée de punition) d'expliciter au mieux et par l'exemple ce que je tente de faire passer.
Soyez la première personne à aimer.