Dépendance - post scriptumJ'ai publié ce texte en juillet.A l'époque, depuis mars, depuis le début du confinement, je vivais chez celui auquel j'avais choisi de m'offrir, deux ans auparavant.Pour moi, c’était une manière de tester la vie à deux, qui plus est dans une relation BDSM, une relation dans laquelle il serait à la fois mon compagnon et mon Maitre, mais en conservant toujours la possibilité pour moi de revenir en arrière.Parce que cet acte si banal que de m’installer chez lui, de vivre avec lui, de partager sa vie, signifiait un changement total par rapport à ce que j’avais connu jusqu’alors, cette vie facile qui était la mienne, dans laquelle je n’avais de comptes à rendre qu’à moi-même. Un risque.Celui de m’engager, de sortir enfin de mon fonctionnement égoïste d’adolescente gâtée.J’ai accepté. Pour voir.Lui, c’était son désir depuis longtemps que nous nous lancions dans cette aventure commune, la vie à deux.Pourtant, jamais il ne m’avait mis la pression, ni exigé, ni menacé.Il se contentait de proposer, d’attendre. Que je murisse, que je grandisse.Enfin._______________Quand j’étais ado, la vie m’apparaissait comme le champ illimité de tous les possibles. C’est sans doute la raison pour laquelle j’ai si longtemps refusé de m’engager.Pour maintenir ouvert le champs de tous ces possibles.Mais la vie, il m’aura fallu du temps pour le comprendre, ce n’est pas une autoroute rectiligne.Ce sont aussi des chemins de traverse, des bifurcations que l’on prend ou pas.Se fermant ainsi d’autres possibles.En même temps vivre, même s’il m’aura fallu du temps pour le comprendre, ce n’est pas rester toujours une ado gâtée.C’est aussi choisir, renoncer à certains possibles pour s’engager. Vraiment. Pleinement. Et je mesure aujourd’hui qu’il est bon parfois de grandir._______________Après le confinement, il y a eu l'été, nos vacances ensemble.Cette intimité, cette complicité qui s'était créée entre nous durant ces mois de vie commune.Cette découverte de lui dans son environnement, son quotidien.Le plaisir de me réveiller à ses cotés, le corps encore meurtri de ce qu'il m'avait fait subir durant la nuit,et de pouvoir admirer son corps endormi, son sexe au repos qui quelques heures avant m'avait conduit jusqu'aux étoiles.Ce désir, ce besoin de lui, toujours plus fort.Alors, le confinement terminé, la vie reprenant un cours plus ou moins normal (plutôt moins d’ailleurs, merci le Covid !), les vacances finies, il m'a fallu choisir.Continuer comme avant, garder mon appart, en vivant chacun de notre côté, pour ne partager que des moments de plaisir éphémères.Demeurer ce que j'avais toujours été, libre, indépendante, décidant seule de ce que serait ma vie.Ou au contraire accepter cette dépendance, dont je ressentais l’impérieux besoin pour tenter de construire avec lui quelque chose, un nous qui ne soit pas seulement l’addition de deux je.Me remettre en cause, m'engager._______________Vivre à deux est une aventure.Parce que rien n'est jamais acquis.Surtout quand cette vie s'intègre dans un fonctionnement qui n'est pas la norme.Mais j'ai choisi.Choisi pour la première fois de ma vie de me lancer dans l’aventure, de prendre des risques, en assumant pleinement ma « dépendance » à lui.Non pas financière, cela n'a jamais été un enjeu.Mais affective, psychologique, physique, sexuelle.Alors, je lui ai enfin fait ce cadeau qu'il espérait depuis le début de notre relation.Celui de m''engager enfin, comme lui l'avait fait, bien longtemps auparavant, sans jamais m'imposer ses choix.En me laissant le temps d'évoluer, de m'accepter pour finalement décider.Pour lui rendre un peu de ce qu'il m'avait donné sans compter.Quand j'ai restitué les clés de mon appart, quand nous avons transporté chez mes parents les derniers meubles que je voulais conserver, quand pour la dernière fois il m'a baisée dans cet appartement vide dans lequel j'avais vécu des années qui avaient malgré tout été belles, alors, étrangement, je n'ai rien ressenti que le sentiment paradoxal d'une autre liberté.Celle de vivre enfin, d'avoir décidé, choisi, sans contrainte de sa part ni de quiconque,de poursuivre mon chemin à ses côtés, pour devenir ce que je voulais être, sa compagne dans la vie, son esclave la nuit._______________En relisant mes mots de juillet, je n'ai rien à rajouter ni à retirer.A l'époque, mon texte et ce mot de « dépendance » m’avaient valu des critiques de la part de certains, qui considéraient que ce terme, dépendance, ne pouvait que traduire une relation malsaine, toxique.Je n’ai jamais vécu comme telle ma « dépendance » à lui.Parce qu'une dépendance n'est jamais toxique, malsaine, lorsqu'elle repose sur un désir partagé, la confiance, le respect.Si, j’ai quand même quelque chose à rajouter, un regret.Celui d'avoir attendu si longtemps avant de décider, en le laissant porter seul tout le poids de ce qu'il attendait que j'accepte enfin de construire avec lui.Nous.________________Je sais, Maxime, que longtemps, ce « nous », tu as été le seul à y croire.Mais désormais nous sommes deux, non seulement à y croire mais à vouloir le faire vivre ensemble.Merci pour cela, pour ta patience, ta confiance en moi, celle que tu m’a donnée en toi, et surtout en moi.Pour m’avoir enfin libérée de la Laure d’avant.Pour devenir celle que grâce à toi je suis devenue.Non plus une ado égoïste mais simplement une femme, débarrassée de ses doutes et de ses vieux démons.Fière désormais de partager ta vie.Pour ton plaisir et le mien.Et même si c’est important pour toi autant que pour moi, ce n’est plus seulement de sexe dont il est question entre nous désormais.Mais bien de toi, de moi, de nous.Merci, Maxime, de m’avoir rendue dépendante à toi.Et surtout, merci de m’avoir permis de t’aimer.
Dernière modification le 24/10/2020 08:13:36 par FemmeFemelleEsclave.
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