Précision liminaire : comme en témoignent les différents points de vue qui s’expriment sur ce site, et qui en font la richesse, le terme générique de BDSM recouvre des pratiques, des désirs, des ressentis extrêmement divers selon les individus. Il en va de même concernant le SM.
Méridienne d’un soir a écrit sur le sujet des pages admirables.
En particulier celle ci-après
https://www.bdsm.fr/blog/5013/Douleur-et-plaisir:-le-sadomasochisme,-aphrodisiaque-ou-perversion-?/
Je ne prétend pas atteindre son talent.
De même, la vision que j’ai du SM et du masochisme en particulier puisque c’est cela qui me concerne ne prétend pas être « la vérité ».
Chacun porte en lui sa propre vérité et c’est très bien ainsi, tant qu’elle correspond à la vision partagée de ceux/celles avec qui nous assumons nos désirs.
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Masochisme : déviation sexuelle, liée à une pulsion d'autodestruction, dans laquelle le sujet ne trouve le plaisir que dans la douleur physique et les humiliations qui lui sont infligées.
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Dans la définition ci-dessus, tirée du Larousse, j’admet le terme de déviance.
Sans connotation « morale » mais simplement dans son sens « qui sort de la norme, du cadre usuel ».
Par contre, je me reconnais nullement dans une « pulsion d’auto-destruction ».
J’ai vaguement en mémoire les écrits fluctuants de Freud et de ses disciples des différentes chapelle de la psychanalyse sur le sujet, mais je ne me reconnais pas davantage dans leur gloubiboulga.
Et enfin, contrairement à certain(e)s qui considèrent que soumission et SM n’ont rien à voir, et séparent les deux (c’est leur droit le plus strict) par une une frontière absolue, je pense pour ma part que soumission et masochisme font partie d’un même continuum, qu’on peut être, comme moi désormais, soumise ET maso en même temps ou l’une ou l’autre selon les moments, ses désirs et ceux de l’autre.
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Depuis l’adolescence, j’ai toujours été attirée par les mecs et l’idée leur être « sexuellement » soumise.
C’est avec mon premier amant que j’ai commencé à m’essayer à ces jeux.
Puis, hasards de la vie, des rencontres et d’internet, j’ai évolué vers des pratiques plus dures, plus brutales, qui ressortissaient de qu’on désigne généralement par « SM » et découvert que j’y prenais du plaisir.
Ces pratiques, que m’imposaient mes « Maîtres » étaient essentiellement si ce n’est exclusivement physiques : être attachée, cravachée, offrir mes seins, mon sexe à la morsure des pinces ou d’autre instruments, subir la brûlure de la cire chaude sur mon corps, me voir infliger des décharges électriques sur les parties les plus sensibles de mon corps ...
J’ai appris à jouir de ces « jeux » jusqu’à ce qu’ils deviennent chez moi une nécessité pour parvenir au plaisir.
Ce n’était plus tant de me soumettre dont je jouissais que de subir la brutalité, la bestialité, la violence de l’Homme.
Et puis, il y a deux ans, il y a eu Lui.
Lui qui m’a permis de renouer avec mes désirs de soumission un temps mis entre parenthèses, tout en continuant d’assouvir mes pulsions masochistes, non plus seulement de manière physique, dans la violence et le sexe, mais dans une fusion du corps et de l’esprit.
Avec toujours présent le désir de lui offrir une soumission qui nous permette en même temps à chacun d’assouvir nos pulsions tout de testant mes limites pour les repousser ensemble, tous deux unis dans le respect de l’autre et de ses désirs.
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J’ai longtemps mal vécu ces besoins que je porte en moi, m’interrogeant sur les raisons qui m’ont faites ainsi.
Pour beaucoup de soumises ou soumis, il s’agit de blessures secrètes, liées parfois à l’enfance, à la reconduction de schémas éducationnels fondés sur la violence ou de situations traumatiques, viol, abus sexuels.
On retrouve chez eux ces pulsions auto-destructrices que je mentionnais plus haut, Éros et Thanatos.
Mon problème est que ces explications ne s’appliquent pas à moi.
Je n’ai été ni traumatisée durant mon enfance, ni abusée par quiconque, ni confrontée jeune ou adulte à d’autres violences que celles que je désirais me voir imposer.
La seule piste qu’à force d’introspection j’ai pu identifier est (peut être) un besoin d’être punie, de «me» punir pour ce désir « anormal » au regard de ce qui est habituellement admis en matière de sexe.
Mais cela n’explique pas la raison profonde, la cause racine de ces désirs que ressens.
Alors, faute d’explication, j’ai fini par cesser de chercher.
Pour m’accepter telle que je suis, en allant au bout de mes désirs.
Avec celui qui me possède désormais.
Thèmes:
le sens des mots - masochisme
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