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Théory
#10
La rencontre :
Je lui avais donc donné rendez-vous sur une place plutôt connue de Toulon.
J'aime bien surprendre les gens à notre première rencontre.
Je me fais toujours une idée de la manière dont il m'imagine. Sans être le manipulateur de l'année, en fonction de ce que je montre et de la manière dont j'agis, je les guide à penser ceci ou cela. Ce n'est pas toujours fait à dessein mais j'en ai conscience. Donc, lors de la première rencontre, je m'emploies à leur montrer autre chose que ce qu'ils se sont imaginés.
Pourquoi?
Une vieille habitude.
Et puis, on (l'être humain) est tellement complexe que forcément, on se fait une image réductrice des autres, c'est bien normal. Alors bouleversifions un peu tout ça.
La rencontre se faisait en milieu d'après-midi. Je sortais du boulot, donc déguisé en cliché d'agent immobilier. J'avais porté un soin particulier à ma petite personne, bien rasé, coiffeur, la totale (et c'est plutôt rare, bordel).
Non pas que je veuille absolument lui plaire. J'ai même espéré jusqu'au dernier moment qu'elle annule ou ne vienne tout simplement pas tellement j'étais mal à l'aise.
Mais plutôt car j'imaginai qu'elle me voyait comme un quarantenaire avec de l'embonpoint un brin négligé.
Bon ok, à la relecture, rien ne pouvait lui permettre de croire ça. Peut-être que je voulais lui plaire. Peut-être que je voulais l'impressionner. Je sais pas. Je sais plus. Chut. C'est moi qui raconte.
Bref, j'étais sur cette place à la con, comme un pingouin, n'en menant pas large et priant ma race qu'elle ne se pointe pas.
Dix minutes d'avance à ma montre imaginaire et je serrais les fesses à chaque fois que quelqu'un marchait dans ma direction. Aucune ne ressemblait à la photo (j'espérai secrètement qu'elle m'est menti là-dessus pour avoir un prétexte à fuir)
Elle arriva à l'heure pile. Je la reconnu instantanément. La photo ne mentait pas. Elle devait être récente.
Ne sachant pas à quoi je ressemblai, elle dévisageait tout le monde.
Je profitai de ces instants pour la détailler.
Elle se tenait bien droite avec comme un air de dire "Non, je ne suis pas du tout une petite fille effrayée. Pas du tout!"
Elle me rappelait une nana avec qui je faisais les vendanges il y a siiii longtemps (oh putain, chuis vieux). Un côté garçon manqué très prononcé, de long cheveux hirsutes d'un noir profond.
Elle était habillée sans grand soin, un pantalon passe-partout, une paire de basket et un pull épais d'une couleur un peu passée.
Il faisait froid dehors mais sous son pull, je distinguai un physique qui allait très certainement me plaire.
Pour se retrouver, je lui avais dis un truc du genre "tu me reconnaîtras, je suis le seul mec qui dénote". Avec le recul, je crois que j'ai tout fais pour faire capoter la rencontre, pour qu'elle ne se pointe pas. Le pourquoi de sa venue reste encore aujourd'hui un putain de mystère (presque).
La voir mal à l'aise, se retourner à chaque fois que quelqu'un s'approchait me redonna un peu de courage mais je n'en menai toujours pas large.
Il aurait été si facile pour moi de tourner les talons et de rentrer chez moi. L'appel de la sécurité, du train-train quotidien.
Et de regretter plus tard.
Et de m'en vouloir.
Et de pester sur la vie parce que j'ai jamais d'occasion.
La liste est longue.
Alors je fis ce que je fais quand je suis mal à l'aise.
Je fis semblant d'être sûr de moi.
Un bon gros masque des familles. La plupart des gens n'y voient que du feu.
Je vous mime la scène.
Heu non, vous n'allez rien y voir.
A chaque pas que je fais vers elle, mon imagination fertile me travaille. Je la vois rire, partir en courant, m'avouer que c'est pour une caméra cachée, pour m'afficher sur les réseaux... Houlala, mais qu'il n'est pas sûr de lui ce jeune homme.
Sauf que...
Sauf que je continue à avancer et que je finis par me retrouver devant elle.
Frédérique me dévisage et j'essaie de faire abstraction de ce que je pourrais lire sur son visage.
"
- Bonjour Frédérique.
"
Je manque de m’esclaffer. Ma voix s'est faite suave et profonde sans intention de ma part. Ça a le mérite de me détendre un peu.
Le reste de l'échange fut assez fluide. Je la sentis néanmoins tendue. Ce qui me rassura mais me surprit aussi (j'y reviens un poil plus tard).
J'aurais été tenté de faire durer la conversation des heures. Non pas qu'elle fut particulièrement plaisante mais parce que son arrêt signifiait le passage à l'étape d'après. J'étais passé de "oh mon dieu j'ai les chocottes" à "oh mon dieu j'en ai envie" et la possibilité d'un refus de sa part devenait une éventualité redoutée.
Dans mes textes je fais beaucoup de comparaisons avec mon boulot. Non pas que je tienne à ce que tout le monde sache ce que je fais (quoi que, si vous êtes du coin et avez un truc à vendre...).
Mais si mon expérience de vie m'a appris à comprendre les gens, mon boulot m'a appris à interagir avec eux.
J'avais donc deux choix. Lui proposer d'aller à l'hôtel, enfin si elle voulait, sans vouloir la forcer, pour ... et que je tourne autour du pot. Soit lui exposer un fait.
"
L'hôtel est dans cette direction.
"
C'est tout con mais ça marche. Ça n'enlève pas le libre arbitre à l'autre, mais ça permet d'éluder des potentiels doutes, questionnements.
Sans lui laisser le temps de répondre, je commençai à marcher.
Elle m'emboîta le pas quasi instantanément.
Je crois ne jamais avoir autant jubilé que lors de ces 500m de marche qui nous séparaient de l'hôtel.
J'ai honte de l'avouer mais je me répétai à moi-même "ce mec porte ses couilles" en boucle.
Arrivés à la réception, je m'occupai des formalités sous le regard amusé du réceptionniste sûrement pas dupe jusqu'à un certain point.
Avant de prendre les escaliers, je lui posai la question.
"
Tu es sûre?
"
Elle me regarda à peine, un sourire condescendant aux lèvres et emprunta l'escalier.
Maintenant que je connais l'animal, je sais qu'elle a dû très mal prendre le truc. Du genre "t'es qui pour mettre en doute mes choix".
Sauf que la question était plus pour moi. J'avais besoin de son accord. Le fameux consentement éclairé. Même si là, il n'était pas très éclairé. Mais ça suffirait.
Une dernière chose. Je vous ai dit plus tôt que j'avais tout fait pour que ça ne se fasse pas.
Et bien je lui avais soumis une autre requête (version polie de "fais-le") avant notre rencontre. Elle devrait venir au rendez-vous sans sous-vêtements.
Alors que nous étions dans la cage d'escalier je m'arrêtai, la saisissant par le bras.
"
Je t'avais demandé quelque chose il me semble.
"
Je ne sais pas vous mais depuis cette histoire de distanciation du cul, les contacts physiques me font un tout autre effet. La poignet de main est vécue comme une véritable communion avec l'autre.
Alors d'avoir, à ce moment là, ma main autour de son bras, peau contre peau, de la sentir près de moi, ça a réveillé un truc. Une envie, un besoin.
Je ferai, plus tard, le portrait de cette dame que vous cerniez un peu la bête. Je ne peux néanmoins cacher plus longtemps l'immense respect que j'ai pour cette personne. Pour sa sagesse, son intelligence, son expérience, son vice....
Sans aucune hésitation ni regard aux alentours, elle déboutonna son jean et écarta les bords pour dévoiler son sexe surplombé d'un petit buisson entretenu.
Je glissai ma main sous son pull pur vérifier le haut pour m'apercevoir qu'elle ne portait rien en dessous.
Je ne sais pas ce qu'afficha mon visage mais dans ma tête, un petit garçon bouche grande ouverte, un peu de bave en coulant me martelait "jackpot!!".
L'excitation gomma les dernières traces de doutes ou d'hésitation.
J'aurai pu la prendre sur l'instant. M'aurait-elle laissé faire? Certainement pas. Elle aurait tourné les talons immédiatement. Et je ne voulais pas d'un plan cul.
Je voulais la dominer.
Je la félicitais et nous finassâmes notre ascension jusqu'à la chambre.
Je me rends compte en écrivant tout cela que ça paraît complètement fou (et ça l'est!). Si j'avais été dans d'autres dispositions, jamais je n'aurais poussé le bouchon si loin de peur de "rater ma chance". Comme quoi, l'adage qui dit que dans une négociation c'est celui qui a le plus à perdre qui perd le plus, est vrai.
Avec le recul, j'ai fais exactement ce qu'il fallait pour que ça marche tout en cherchant le but opposé.
Est-ce que ça fait de moi le gars le plus chanceux ou le moins doué????
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