Première séance :Arrivés près de la porte de la chambre, nos voisins s'en donnent à cœur joie.Le naturel revient au galop."- On a de la concurrence."Enfin un sourire. On progresse.La porte se referme derrière nous et je prends conscience d'un truc.Je n'ai rien préparé. Tellement persuadé que rien ne se fera. A vrai dire, je ne sais même pas vraiment ce qu'elle attend, veut. Sur ce plan-là, j'ai merdé plein pot.Non pas que je ne sois pas capable d'improviser, de laisser parler le naturel. Juste que d'avoir un plan, préparé à l'avance m'aide. A enfiler le costume de D, et puis à être plus à l'aise. Parce que quand j'ai un plan, c'est bien plus facile de ne pas si tenir, de le changer, d'y revenir, c'est comme un leash. Vous n'en avez pas besoin pour surfer. Mais lorsque vous tombez à l'eau, là il devient très utile, voir nécessaire. Le plan, c'est mon leash.(oui, bon, ce n'est pas l'analogie du siècle mais ça fait un an et demi que je ne suis pas allé surfer et ça commence à manquer)Cette première séance ne va pas me montrer sous mon meilleur jour. Ce fut un échec sur toute la ligne. Mais, de un je n'écris pas forcément pour me mettre en avant, de deux ce sont des choses qui arrivent et de trois, mais surtout, cet échec fut la graine de cette prise de conscience et cette acceptation dont je parlais plus tôt. Si certains ont lu le précédent carnet, vous savez mon amour pour le triptyque des séances de découverte. Où l'on augmente crescendo. Cela marchait peut-être entre les débutants que nous étions, mais Frédérique n'était pas là pour enfiler des perles.Je commençai donc avec classicisme, énonçant les règles et comportements que j'attendais.Vouvoiement, Monsieur en fin de phrase, validation de la compréhension des instructions par un "oui, monsieur". Tout manquement amènerait punition ou sanction.Elle resta debout, bien droite, presque au garde à vous durant les consignes, attentive ou blasée, je ne saurai dire.Cela faisait un certain temps que je n'avais pas pratiqué. Depuis Marie à vrai dire. De longs mois qui se faisaient maintenant sentir.Je la fis se déshabiller, pressé de la découvrir, ce qu'elle fit avec une lenteur étudiée dévoilant petit à petit un corps appétissant.Une fois la chose faite, elle resta là, bien droite, sans une once de pudeur.Deux choses m’interpellèrent.Un, son corps portait les marques de ses expériences passées, brûlures, coupures, traces d'aiguilles. Rien de trop ostensible, celles-ci étaient placées intelligemment de manière à ce qu'une personne non-avertie de ses tendances particulières pense à des blessures "classiques".Deux, il émanait d'elle une sensualité, une attraction presque animale à laquelle je n'étais pas insensible. Un physique insolent pour quelqu'un ayant son style de vie, des hanches larges et un fessier généreux le tout couronné d'une poitrine appréciable par son volume. Elle portait de grands tatouages sur le bras gauche et le haut de la poitrine ainsi que sur la cuisse droite. Un anneau dans le nez pour un air bovin du plus belle effet.J'ai un faible pour les tatouages. Pas le papillon en bas du dos ou le prénom en lettres cursives sur l'intérieur du bras, non, le gros, qui recouvre toute une partie du corps. Et s'il est en couleur c'est encore mieux. Les perçages classiques du style oreille, nez ou langue m'enchante tout autant. Et s'il y a des cheveux colorées, c'est la cerise sur le gâteau.Si tu as un anneau au milieu du nez, le bras recouvert de tatouages japonais colorés et les cheveux colorés en bleu, rose, violet ou peu importe, j'm'en_fous_car_je_ne_vois_pas_les_couleurs, je signe direct.Après, je n'ai pas vraiment de type de femmes mais certains trucs me font vibrer et Frédérique en faisait partie, c'est certain.J'étais donc là, devant cette femme nue, ne sachant pas quoi faire de mes dix doigts. Elle, me regardant et attendant pour la suite.Je commençai par quelques petits commandements, rien de bien sorcier, admirant son corps en mouvement.Alors qu'elle était à quatre pattes, se déplaçant, je fis glisser une main le long de son dos, pour atterrir sur ses fesses rebondies. Je voulais les fesser, les voir onduler sous les coups et apprécier le claquement que cela produirait.Et c'est ce que je fis.Dix sur chaque, la faisant compter à haute-voix et remercier à chaque fois. Cela me sidère à chaque fois de voir à quel point j'aime ça. Je suis incapable de me l'expliquer mais c'est un fait.Si mes premiers coups furent mesurés, les suivants gagnèrent en intensité. Je me doutais qu'elle avait dû subir bien pire mais je ne pouvais me résoudre à augmenter la force.J'avais pris l'habitude, avec Marie, d'entendre sa voix changer à mesure que la série progressait. Les premières révélaient un côté agréable, puis le désir s'en mêlait, puis la douleur, puis ce mélange entre envie d'abandonner et volonté de continuer. La douleur et le plaisir mélangés. C'était très excitant pour moi pour tout un tas de raisons.Là, rien. C'était mécanique, sans sentiment, presque comme si elle ne sentait rien.La séance se prolongea, chaque action venant nourrir mon ressenti.Je n’eus malheureusement pas le recul nécessaire pour m'arrêter, dire "stop, ça ne va pas".Nous terminâmes la séance par une baise sans réel envie que ce soit de mon côté ou du sien.Avec le recul je me dis en rigolant que le truc le plus dur qu'elle eu à subir fut la pénétration sans être suffisamment lubrifiée.Je me suis retrouvé comme essayant en vain de faire fonctionner une machine à laver en appliquant le mode d'emploi d'un four micro-onde.Quand il fut évident que ça ne marchait pas du tout, je m'arrêtai, prêt à plier bagage piteusement.Ce qu'elle fit ensuite, je ne sais pas si ce fut à dessein ou non, conscient ou non mais ça reste... du génie.Je ne me souviens plus de ses mots exacts.Prêt à partir, j'allais lui dire au revoir quand elle les prononça."- Et ça se prétend D..."(C'était plus insidieux, blessant mais le message était similaire)Je restai quelques secondes figé. Je ne sais pas pourquoi cela me fit réagir. Si c'est une combinaison avec mon ressenti de la "séance" et mon impression d'échec, si elle fit mouche, si l'égo, si …, si …, si …. Je ne sais pas.Mais je la giflai fortement. Est-ce mon sens de la dramaturge, l'embellissement lié au souvenir ou si ça c'est vraiment passé mais je jurerais l'avoir vu sourire à ce moment là.Ma main glissa autour de sa gorge, serrant pendant que je la plaquai au mur.Je maintins ma prise jusqu'à la sentir en difficulté et là, encore, je continuai.Elle ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose mais cela se perdit dans sa gorge."- Quand je t'y autoriserai."Bien que je me sois laissé porter par une intuition, je glissai mon autre main dans son pantalon. Ce qui j'y découvris me conforta dans mon choix, une moiteur bienvenue. Enfin, on progressait.Je continuais comme cela, maintenant ma prise d'une main, la caressant de l'autre.Lorsqu'il me semblant qu'elle était suffisamment excitée pour la suite, je desserrai ma prise, la laissant reprendre son souffle."- Voilà qui est prometteur." Elle ne dit rien."- Nous en avons fini pour aujourd'hui."Ce que je vis alors dans son regard me fit énormément plaisir. De la frustration. Chemins différents, même destination.J'imagine dans sa tête, l'incompréhension, l'envie de partir et en même temps l'envie de plus. Encore une fois c'est mon interprétation, je n'en sais rien.Nous restâmes dans la chambre deux bonnes heures de plus à discuter.
Soyez la première personne à aimer.