Troisième séance : Le soir tombant, nous avons mangé un morceau et nous sommes couchés. C'était assez drôle cette espèce de gêne entre nous.Chacun d'un côté du lit, le centre abandonné comme un no man's land en pleine guerre de tranchées.Pas d'effusions, pas de tendresse, rien.Cela faisait maintenant plusieurs fois que nous nous voyions et je m'aperçus de l'intérêt grandissant que je portais aux jeux qui nous pratiquions.Si avec Marie, mon intérêt, mon excitation et ma préférence se portaient sur la relation D, sur l'échange, le don de soi à l'autre, avec Frédérique, j'explorai le côté sadique de la chose.Les jeux de pouvoirs entre nous, n'étaient que prétexte à la "punition". Si précédemment, la douleur avait été assimilé à une notion de survie, que ce soit de la donner ou de l'encaisser, d'aller au-delà, à présent, elle était source de plaisir.Si j'avais pu me questionner à ce propos, si l'idée de dépasser les limites, de marquer à vie quelqu'un avait été une peur chez moi, le fait de pratiquer avec elle, me rassurait et me permettait, voir me poussait, à expérimenter plus en avant. Comme si sa propre expérience me donnait confiance, me rassurait quant à sa capacité à dire STOP en cas de dépassement des limites.Nos séances étaient pratiquement entièrement dédiées à l'application de tourments. Cela avait sur moi, un effet focalisant particulièrement puissant. Mon attention se retrouvait projeter en direction de l'action. Je la voyais comme à la troisième personne, détaché de tout sentiment. Mes sens s'attardant sur le trajet de la baguette, sur le claquement contre sa peau, les rebonds de sa chair, ses muscles se contractants pour prévenir le coup, son souffle se coupant puis reprenant profondément comme pour diffuser la douleur.Puis, le désir revenait, le plaisir, aussi. De voir cette personne s'offrant, loin de l'analyse pourtant réaliste de ses motivations. A ce moment-là, elle était à moi et pour moi.Bien après, je prenais grand plaisir à contempler "notre" œuvre, plaisant que malgrès l'usage, j'avais encore de la place pour créer un portrait plus que satisfaisant. Je développai aussi un goût pour le toucher, passant ma main sur son corps après moult tourments. Sentir la peau gonflée, la chaleur, la pulsation.Un soir, nous devions en être à la quatrième ou cinquième fois, alors que la séance avait été particulièrement intense, je la fis allonger sur le dessus de lit. Sa peau était encore rouge à de nombreux endroits et quelques marques commençaient à apparaître. Elle avait, au cours de la séance poussé quelques sanglots sans pour autant vouloir s'arrêter malgrès mon questionnement insistant. Je l'entendais renifler et, sans savoir ce qui l'attendait, tenter de s'armer de courage pour ce qui allait suivre.Je ne lui avais pas signifié la fin de la séance de sorte qu'elle fusse surprise lorsque je sortis un flacon d'huile.J'ai toujours adoré les massages. Bien plus à donner qu'à recevoir, surtout que la majorité des gens appellent massage palper une partie du corps. J'ai eu la chance d'être traîné de force dans certaines formations lorsque j'étais petit et les vagues souvenirs que j'en ai combinés à ma bonne connaissance du corps humain font que je fais des massages pas trop dégueu.Je m'appliquai donc à masser chaque partie de son corps endolorie. Outre le plaisir de masser, celui de la voir se détendre, la sensation aux bouts de mes doigts de son corps, ses réactions à l'approche ou au survol des zones lésées, celles, au contraire, érogènes, quel plaisir.Je ne sais toujours pas, aujourd'hui, pourquoi cela me plaît autant. Qu'est-ce qui fait que j'aime, que cela m'excite d'infliger cela à quelqu'un d'autre. Dois-je y voir une forme de déviance malsaine, un danger pour les autres, pour moi? Mais connaît-on vraiment ses désirs, leur provenance? Quelle importance tant que cela fait du bien, tant que l'on pratique avec quelqu'un qui est consentant, qui y trouve le même plaisir.Il m'est venu deux questions.Est-ce le genre de relation que je souhaite? Et pourrais-je m'en passer?L'une d'entre-elle a trouvé réponse récemment quand je suis sorti avec une menthe-chocolat.Depuis un an, c'était la première fois que je sortais avec une moldue. Ce fut tellement étrange.Sur le plan sexuel, j'avais l'impression de devoir réapprendre à faire du vélo. Je l'avais entretenu de mes penchant, non pas pour la convaincre mais pour la prévenir de si dérapage il devait y avoir, qu'elle me prévienne immédiatement de sorte que je m'arrête.Elle était pleine de bonne volonté et m'a plusieurs fois encouragé à me "lâcher". Non pas sur la domination ou la soumission mais sur la pratique d'un sexe un peu brutal. Comme beaucoup de femmes, elle appréciait d'être mordue dans le cou, d'être prise un peu fort ou d'être tirée par les cheveux mais il y avait ce truc. Comment dire. La différence entre faire semblant et pour de vrai. Comme la différence entre un acteur qui joue un boulanger et un boulanger. J'ai du mal à mettre des mots sur ce ressenti.En fait, de devoir faire semblant était bien plus frustrant pour moi que de faire du sexe menthe-chocolat tout simplement.Je me rendis compte aussi, à quel point, le fait de se retrouver dans un échange BDSM libérait la parole sur le sexe.La causalité n'est pas forcément induite. Comprenez que ce n'est pas obligatoirement le BDSM qui rend les gens ouverts, peut-être que leur ouverture les a amené au BDSM.De plus, je ne dis pas que le sexe BDSM est forcément violent et le sexe menthe-chocolat forcément plat. Je dis juste qu'aujourd'hui, à choisir, je préfère être dans une relation Ds que menthe-chocolat.
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