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Théory
#29
Sixième séance :
J'étais sur un petit nuage.
Ces moments-là, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Je verse dans un mutisme du plus bel effet. On me parle et moi, je souris, presque béatement, l'air un peu niait.
Les trois jours passèrent à une vitesse phénoménale. Frédérique parsemait mes journées de petites attentions et je pris pleine mesure de son expérience. Elle développa, ce qui était pour moi, des trésors d'imagination pour me signifier son appartenance.
A base de photos, de petits mots, d'hommages. Sympa les hommages, je ne connaissais pas. Un poil trop pompeux pour moi mais sympa à découvrir en tout cas.
Elle me demanda si j'avais des souhaits particuliers quant à sa tenue pour la séance suivante.
Vous connaissez mon expertise sur le plan vestimentaire et j'aurais pu répondre un truc du genre "Mets la tenue extrêmement excitante, qui dévoile et mets en valeur tes attributs. Tu sais, celle où le prix au centimètre carré de tissu est exorbitant."
Bonjour l'aide.
Mais la vérité c'est que j'aime la surprise. J'aime la nouveauté. J'aime découvrir la chose sur place, sentir mon esprit s'activer, détailler l'ensemble. Je suis alors comme un enfant le matin de Noël.
Et puis, lançons le cailloux dans la mare, dire à l'autre "que veux-tu que je porte?" c'est un peu dire "j'ai la flemme de réfléchir, dis-moi ce que je dois porter et je le mettrai pour te faire plaisir". Sauf qu'en ça, ce n'est plus un cadeau.
Quand on offre quelque chose, on accorde de l'importance à l'autre, parce qu'on passe du temps à réfléchir, à chercher. Et une fois que sa décision est prise, on doute, on a hâte jusqu'au moment de la révélation. Et à ce moment, on savoure la réaction de l'autre, on l'étudie, on se projette pour la prochaine fois.
Voilà pourquoi je refuse quand on m'offre des chèques cadeaux. Pourquoi j'aime les paquets avec emballage fait-main. Pourquoi, j'aime avant tout l'intention plus que la chose.
Mon plus beau cadeau, c'était l'emballage d'un cadeau que j'ai eu il y a 7 ans. J'ai depuis longtemps jeter le présent en lui-même mais l'emballage, je l'ai toujours.
Je ne me souviens pas exactement de la tenue de Frédérique pour cette occasion. Par contre, je me souviens clairement (bon, les photos aident pas mal) de ce que j'ai reçu après lui avoir répondu "choisis quelque chose qui te/ME plaise.".
Vous connaissez ce truc où vous dessinez sur le bord d'un carnet un petit bonhomme dans diverses positions d'une page sur l'autre et ensuite vous les faites défiler à toute vitesse. Le bonhomme s'animant.
C'est à peu près ce que j'aurais pu faire avec les photos de Frédérique.
Premier message : "je suis en train d'essayer quelque chose"
La première photo la montrait dans une cabine d'essayage, habillée comme à la ville.
Chaque photo suivante la faisait s'effeuiller un peu plus.
Elle prenait grand soin de cacher ses attributs lorsque ceux-ci devaient apparaître à l'image.
Ah, le charme désuet des photos de charmes. Tellement plus aguicheuses qu'un "simple nu".
Elle enchaînait pose après pose, de dos, de face...
Elle finit complètement nue devant la caméra. Les parties sensibles cachées par un bout de tissu.
Puis plus rien.
Je restai un poil sur ma faim. (j'ai un gros appétit)
Puis, le dessert.
Une de ces vidéos à la con où ça n'arrête pas de faire aller-retour. Ça a un nom à la con. Boomerang je crois.
On y voyait son reflet dans le miroir, le tissu la dissimulant puis elle le lâchait et en tombant, révélait son corps, marqué pour l'occasion. "Propriété de mon Maître" ainsi que diverses recommandations contextuelles sur ce qu'elle désirait "subir" lors de notre prochain rendez-vous. Et puis, hop, le tissu remontait, comme par magie. Et ainsi de suite.
Forte est ma sensiblerie. Surtout devant une attitude si démonstrative et volontaire.
Mais, au fond de moi, je me sens toujours extrêmement chanceux de pouvoir côtoyer une personne comme elle. ET, je me sens honoré qu'elle ait décidé de m'accorder sont attention, ses volontés.
Je sais ce que cela paraît être, un manque de confiance en soi.
Ouais bon, ça en est peut-être.
C'est peut-être ça la différence entre un bêta et un alpha. L'un se sent chanceux, l'autre sait que la chance est partagée.
Mais, voyez-vous, ça me va. Je suis un petit bêta, un brin béta.
Et puis, ne sommes-nous pas tous le bêta de quelqu'un?
Il m'arrive aussi de me demander s'il n'y a pas une troisième caste. Une sorte de gamma, qui, se fout de tout.
De sa position, qui ne se compare pas aux autres, qui se fiche que les autres le comparent à eux, qui établissent leurs propres buts selon leurs envies et non celles créées par les autres, pour pallier un manque.
Bon, vous me voyez venir. "Ouais, le mec il va dire que en fait il fait partit des gammas, que ce sont les meilleurs et qu'il chie sur les alphas".
Et bien, tout d'abord, sachez que je vous trouve très grossiers ce soir.
Et non.
Chacun fait ce qu'il veut et je pense bien que l'on puisse être dans plusieurs castes en fonction de la situation.
Et oui.
J'aimerais être un gamma.
J'aimerais me foutre de tout.
Mais se foutre des choses, c'est refuser de jouer. Par peur de perdre, de gagner, de ne rien comprendre... Et il y a tellement de jeux savoureux.
Comme celui que nous allions entreprendre avec Frédérique.
(Charlie VINCENT, Le point : dans son ouvrage, Théory nous aura baladé au grès de son humeur, de ses pensées. Mais à chaque fois que nous le pensions perdu dans son labyrinthe mentale, il nous surpris avec une pirouette nous ramenant à son récit)
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