Sixième séance (suite) :Pour une fois, un empêchement me fit arriver en retard pour notre rendez-vous. Conscient de l'heure qui passait, je lui avais envoyé l'adresse de l'hôtel, la priant de m'y attendre.En arrivant dans la chambre, il me vint à l'idée qu'elle n'y serait peut-être pas. J'avoue que j'aurais trouvé cela couillu (ou ovarien pour les plus fervents défenseur de la gynarchie). Mais ce serait tellement allé dans le sens du bourrin mal dégrossi. Du genre "ah ouais t'es en retard, ah ouais. Moi tu m'fais attendre, moa!? U toking to mi? Bein j'me casse! Et avant, je vide le minibar".J'entrais donc dans la chambre, la lumière éteinte et les rideaux tirés installaient une pénombre que la fin de journée supposait aisément.Je déposai mes affaires sur la chaise et me mis à l'aise. Aucune trace de la demoiselle malgrès la présence de ses affaires.Son manteau, sur le lit, une chaussure, devant, puis une autre, puis un pantalon puis un pull...Le petit poucet était passé par là et semblait m'indiquer la direction de la salle d'eau.J'aimerais vous dire que lorsque j'entrai elle m'attendait sur le trône, un magazine à la main, m'accueillant d'un "ah bein t'es là".Mais Frédérique n'avait aucun humour.Alors que je m'approchai, la lumière de la salle d'eau s'alluma et elle apparut dans l'encadrement.Elle avait dû entendre la porte se déverrouiller et vite aller se cacher.Vous connaissez maintenant mon amour pour l'envers du décor et je me plais à l'imaginer, seule dans la chambre, attendant bien gentiment que j'arrive. Puis, au bout de trois minutes, crever d'impatience, tourner en rond, regarder machinalement son téléphone, vérifier sa coiffure dans la glace...L'idée de cette mascarade germant dans son cerveau, l'excitant. Elle, s'imaginant ma réaction, toute fière d'elle, puis mettant tout en place. L'attente, dans la salle d'eau. L'impatience. Le téléphone, encore. Toujours rien. De retour sur le lit. Elle pense à faire quelques photos, à me les envoyer, pour se venger de la faire languir... se ravisant, voulant garder la surprise intacte.Et enfin, la délivrance, la porte. Elle, filant se cacher, moi, suivant son plan à la lettre comme si j'étais au courant, puis m'entendant arriver, la lumière, elle sort. Sur mon visage ce sourire mélangeant le carnassier à l'amusement (marque déposée), elle sait qu'elle a gagné, que toute l'attente en valait la peine (pense t'elle encore à cela?).Est-ce ce qui est arrivé? L'arbre qui tombe seul dans la forêt fait-il du bruit. On s'en fout. C'est ce que j'imagine.Quelques fois, en relisant, je me demande si je suis un grand chanceux, si nous sommes juste au diapason, de grands improvisateurs, de grands planificateurs, si j'invente tout, si ma mémoire embellie les choses. Encore une fois, ce putain d'arbre ne fait aucun bruit en tombant alors on s'en fout!!!!! C'est le souvenir que j'en ai. Hors les souvenirs nous définissent donc, c'est ce qui s'est passé. CQFD (ça quémande fort dommage) Il y a ce moment, dans une relation, où le regard de l'autre change. A ce moment là, je voyais en elle bien plus qu'un simple désir sexuel. C'est une sensation transcendante que d'être regardé comme cela. Ça donne envie de se montrer à la hauteur. Et de rendre la pareille.Puis cette synergie débutante. J'avance ma main, elle tend sa joue. Je serre sa gorge, elle penche la tête en arrière. Je m'approche, elle se colle à moi.Dans le monde où je vis, je trouve cette symbiose entre deux êtres tout simplement sublime. Si je ne devais vivre que pour une chose, ce serait cela. Et les brocolis...Je passais quelques instants à la garder près de moi. Les températures extérieures rendaient le contact avec son corps chaud fort agréable et langoureux.Elle prit les devants, m'amenant à m'asseoir sur le lit. Nous échangeâmes quelques baisers plus passionnés qu'à l'accoutumer. J'avais, avec elle, ce besoin de la faire plier. Au sens propre comme au sens figuré.Ma main dans ses cheveux, les tirants en arrière, la regardant se courber, pour moi.Elle me mordit la lèvre, la gardant entre ses dents, l'étirant alors que je tirai ses cheveux en arrière.J'avais compris un truc avec elle. Ses actions, que je prenais pour des ruades, des rebellions, n'étaient au final que des indications, des aides. Elle ne parlait pas de ce qu'elle voulait, elle le montrait. Parfois en bousculant l'autre, quand celui-ci était aveugle ou sourd.Donc. Lorsque cela arrivait, je ne réagissais plus comme un briseur de bourrin (puniiiiiiir) mais me posai plutôt la question de savoir où est-ce qu'elle voulait m'amener. Au propre comme au figuré.Elle faisait, à ce moment, très maman chat (chatte?) tirant ses chatons par la peau du coup. "Viens là. Mais viens là!!!".Je compare souvent mes partenaires à des félins. Dans les attitudes, les mouvements. Non pas que j'ai quelque passion pour le monde animal ou la fourrure mais parce que je trouve que le félin a le parfait mélange entre l'attitude de prédation, l'instinct de préservation (pour lui et son/sa partenaire), le système de caste, la grâce ainsi que le jeu. Et c'est cet habile mélange que j'aime retrouver chez mes partenaires. Alors quand j'attribue une qualité féline à quelqu'un, et bien c'est un putain de compliment ma gueule. Voilà, c'est dit.
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