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Méridienne d'un soir

Femme switch. 36 ans. est célibataire.
La rubrique "Articles" regroupe vos histoires BDSM, vos confessions érotiques, vos partages d'expériences SM. Vos publications sur cette sortie de blog collectif peuvent aborder autant les sujets de la soumission, de la domination, du sado-masochisme, de fétichisme, de manière très générale ou en se contentrant très précisément sur certaines des pratiques quu vous connaissez en tant que dominatrice/dominateur ou soumise/soumis. Partager vos récits BDSM, vécus ou fantames est un moyen de partager vos pratiques et envies et à ce titre peut être un excellent moyen de trouver sur le site des partenaires dans vos lecteurs/lectrices. Nous vous rappelons que les histoires et confessions doivent être des écrits personnels. Il est interdit de copier/coller des articles sur d'autres sites pour se les approprier.
Par : le 11/05/20
Charlotte était allongée près de moi et je ne pouvais penser à meilleure occupation que de la dévorer des yeux. Le soleil du matin qui entrait par raies obliques entre les lamelles du store rehaussait le brun luisant de son corps. Elle était assoupie sur le ventre; le haut de ses bras étirés au dessus de sa tête était bronzé et ses aisselles blanches. Je glissai un doigt sur la courbe sinueuse de son dos et sa peau satinée se couvra d'un frisson. Elle était grande et très brune. Une femme idéalement belle. Bientôt, mon regard s'attarda sur ses cuisses écartées et immanquablement, une tension sourde s'empara de moi. La mer et le soleil l'avaient déjà dorée davantage. Ses cheveux, ses sourcils, et ses reins semblaient poudrés d'or, et comme elle n'était pas maquillée, sa bouche était du même rose que la chair rose au creux de son ventre. De mes lèvres, je léchai sa peau en dessinant ses omoplates avant de laisser glisser le majeur jusqu'au creux de ses reins. Je frôlai l'oeillet secret qui déjà cèdait aux effleurements. Fugacement, la tension se relâcha, les chairs se distendirent, pour se raffermir aussitôt, comme brusquées. Mes doigts contournaient les formes plissées qui sertissaient l'anus. Ils lissèrent les veinules lentement, les unes après les autres, consciencieusement. Je la vis qui aprouva d'un mouvement de reins, une cambrure pour l'instant étudiée, maîtrisée. Rien du domaine de l'abandon. Ils se confinaient encore dans la séduction. Ou en tout cas, le crut-elle. L'amante ne trichait pas. Elle était. Sexuelle. Mais je l'imaginai elle, bien trop jeune pour le savoir. Bientôt l'anus ne se défendit plus. Il rougit en acceptant, s'humidifia, larmoya une liqueur d'acquiescement, frémit au moindre toucher et enfin sursauta. Je ressentis la naissance d'une jouissance s'inscrire dans les va-et-vient de ce ce trou qui appellait. La sève s'écoula et lubrifia l'orifice pour permettre le passage. Voilà, elle ne joue plus, elle le sait; elle peut maintenant tout imposer, froidement, à ce corps qui ordonnait l'intromission. Je supposais qu'elle aimerait être capable de hurler les mots et les actes qu'elle attendait. - Un doigt. Enfonce. Juste là. Non pas si vite. Ressors. Reviens lentement. Un doigt. Au bord. Juste un peu plus loin que l'extrémité. Arrête lorsque tu sens ton doigt happé. Là. Oui. Voilà. Pas plus loin. Elle marqua un temps parce que le plaisir surgit, intense. Je l'entendis s'essoufler. - Caresse l'intérieur du pourtour comme si tu voulais dessiner un cercle. Elle mouilla ses lèvres, en prononçant ces mots. - Ressors maintenant et ose deux doigts. Doucement. Non. Laisse-le t'accepter, pourquoi forcer ? Elle se rembrunit, chercha à dégager son visage d'entre les draps. L'amante s'irritait parce qu'elle ne supportait pas l'affront d'un quelconque échec. Elle savait. Elle voulait savoir, ne rien apprendre de sa partenaire. La douleur vive s'était évanouie alors je la vis qui hésitait: devait-elle reprendre le fil de ses paroles sussurées ? Allait-t-elle l'accepter ? Elle désirait de la faire oser pour elle, pour qu'elle puisse dérouler le fantasme d'une femme. Une femme objet. Bien sûr, il est à craindre que pour une autre, cela ne se passerait pas comme cela. Elle se tairait. Mais Juliette la voulait obscène, pour mieux la prêter. Elle la sentait brûlante et raidie sous ses doigts. Elle reprit: - Enfonce le doigt et viens forcer l'anneau en faisant rouler l'index sur le majeur. Oui. Comme ça. Doucement. Sens-tu ? Il s'ouvre. Il courtisait ses hôtes, il les choyait, savoureusement. Le giclement séminal accompagna les mots venus se fracasser comme une éclaboussure. Le coeur s'était déplaçé au fondement du corps. Il battit, se contracta et se rétracta comme l'aorte qui donne vie. Son âme n'était plus qu'un organe, une machine qui répondait à des mécanismes vitaux. Je sentais la jouissance envahir Charlotte peu à peu. Le désir brûlait, et retombait, suspendu à la prochaine salve. L'amante fut à cet instant forcément animale. Elle exigea tout, tout de suite. Elle écarta les doigts et en introduisit subrepticement un troisième. Là, la femme soumise s'attenda à ce qu'elle eut exigé un quatrième puis un cinquième. Elle se trompait. Mesurait-t-elle seulement combien, elle se trompait ? L'amante est toujours dans la force. La prouesse n'est bien souvent qu'un détail. Elle l'empala d'un mouvement violent pour se caler en terrain conquis, profondément. Le cri résonna en écho venant lécher les parois d'une chambre que l'on imaginait forcément sombre. Les murs étaient d'un blanc clinique; un matelas flanqué à même le sol pliait sous les corps nus, brunis par le soleil, soudés et parfaitement imberbes. Maintenant, elle allait supplier. - Oui. Enfonce encore. Plus. Je voudrais tout. Non, tout. La main, le poignet, le bras. J'aimerais connaître cela. Les chairs résistèrent, se plaignirent, s'insurgèrent puis craquèrent, obéissantes. Elle desserra les dents de son index meurtri, bleui par la morsure. La jouissance sourde venait de loin, d'un tréfonds dont elle ne soupçonnait pas l'existence. Elle hurla. Qu'elle voulait le poignet. Qu'elle voulait plus encore. Qu'elle irait le chercher, elle même si Juliette ne cèdait pas. Je vis la fureur s'emparer du corps, et le vriller, l'hystérie libérer toute l'énergie de l'organisme. D'un mouvement brusque, le poignet venait d'écarteler ses reins, elle avait joui. Elle était suppliciée, anéantie mais extasiée, épanouie et heureuse. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 11/05/20
Juliette dirigeait la galerie "Obadia" à Paris, consacrée aux seules œuvres de son mari, l'illustre Xavier Obadia. Il avait su flairer la demande, saisir l'air du temps, anticiper la tendance; son entregent et son goût des mondanité enrubannées l'avaient intronisé peintre idéal et à la mode. Il gagnait beaucoup d'argent, en dépensait plus encore, suffisamment intelligent pour s'avouer l'éphèmère de la gloire et savourer les aubaines de cette notoriété de circonstance. Lorsque Juliette l'avait épousé, dix ans plus tôt, elle s'en rappelait une insolence ébouriffée, un regard fièvreux, une naïve ambition au charme inattendu. Leur amour échappait aux conventions. Il était silence, patience et observation. Il était une couleur particulière, de celles que son pinceau traquait. Ses infidélités permanentes, et pas du tout discrètes, Juliette les étudiait par le regard de l'artiste. Leur maison s'émouvait du passage d'éphèbes graciles, d'étranges vestales, de rieuses ingénues, de corps fébriles du plaisir à venir. Son corps n'en était pas laisé. Xavier jouait en virtuose de l'alphabet de ses sens. Et Juliette retenait longtemps la fièvre lancinante de ses reins, de sa vulve et de son ventre, les couleurs de la femme, comme elle les appelait. Ce soir, Juliette était trop lasse. Elle prétexta une indisposition et s'épargna la vingtième réception de la semaine, ballets d'entrechats indispensables à la carrière de son mari. Elle décida de flâner dans Paris. Elle quitta le quartier des Halles et ses vitrines serties de vieille pierre. Elle remonta vers le sixième arrondissement, traversa les boulevards animés et factices de l'habillement bon marché. Bientôt ses pas la guidèrent place Saint Sulpice. Devant une galerie, elle s'arrêta, agressée par une toile, une charge injurieuse en ce lieu. Un couple était représenté, nu, très flou, et leurs reins, leurs jambes, indiciblement liés, si amoureusement mêlés, impossible à attribuer. Ils étaient la fusion, leurs miracle d'amour. Ce n'était plus l'ennui qui oppressait Juliette, mais la beauté, la vérité étalée. Sa courageuse indécence. La lucidité du trait appurait les couleurs, servait comme si elle l'avait rêvé l'irisé, le sombre et le lumineux de chaque ton, la gamme des sentiments. - Ça vous plait ? Une voix féminine, retenue, aux inflexions inquiètes. Juliette posa le visage sur le son; une jeune fille dans les vingt ans, des cheveux blonds, étonnaments courts, des yeux dilués d'être si bleus. C'était Jean Seberg dans "À bout de souffle" vendant le Herald Tribune sur les Champs-Élysées. La passivité de Juliette s'évanouit devant cette fragile silhouette génitrice d'un monstrueux talent. Immédiatement, elle décida que Xavier ne l'aurait pas. Cette fille serait à elle. Elle ne concéderait pas cette pureté-là. - Vous vous appelez ? Je ne vois pas de nom sur cette toile. La jeune fille sourit, s'excusa presque: - Non, non ... je n'étais pas sure, je m'appelle Charlotte. - Tu as un fabuleux talent, tu es le talent. Je t'emmène. Juliette s'illumina. Elle était née pour être prise en charge. C'était inscrit. Elle était marquée du sceau de la servilité, d'une soumission juvénile et sauvage. Elle était le contrepoint d'un flamboyant tyran. Celui que se découvrait Juliette. Elle trouva une chambre dans un hôtel coquet. Elle rassura le réceptionniste, alarmé par le bric-à-brac et l'absence de bagages, en réglant une semaine d'avance. La pièce était sobre, tendrement nimbée du soleil en fuite. Juliette prit le tableau, le posa en évidence sur une tablette, tira les rideaux, s'installa sur le lit et affronta la toile. - Déshabille-toi et rejoins-moi. Charlotte s'agenouilla devant Juliette, déboutonna tranquillement ses vêtements, plus experte à ces maniements qu'au rangement de ses outils. Ses cheveux courts frôlaient les cuisses hâlées et désirables de Juliette. Tout était évident. Elle était maintenant allongée. Elle précisait l'ondoiement sur l'entrejambe à peine ouvert. La caresse était légère presque rêvée. Le réveil de Juliette était, lui, réel. Envahissant. Elle écoutait les lèvres de son sexe, l'émergence de sa pointe, la moiteur en ses plis, les battements de sa matrice.Lorsque le feu innonda ses reins, que la jouissance s'avança, Juliette se redressa brusquement, saisit le mince visage, le plaqua contre ses seins, affamés par cette nuit des temps abstinents. Docile, Charlotte mordilla la pointe érigée du sein, la lècha de son souffle. Un orgasme la saisit par surprise. Elle était trop attentive aux infimes sensations oubliées et rameutées pour anticiper la vague qui la submergeait. Bientôt, elle se cambra rageusement, cria ses silences amassés, colla ses mains sur sa vulve. Les eaux débordèrent, elle les recueillit. L'orage s'apaisa. Elle se leva, alla vers les boîtes de peinture dispersées sur le sol. Elle en prit une, l'ouvrit et parcourut de ses doigts mouillés les poudres que l'humidité délayait. Les mains badigeonnées de couleur, elle se tourna vers Charlotte. Elle sillonna de ses doigts les courbes de la jeune fille, imprima de son miel teinté le chemin vers le plaisir. Charlotte était barbouillée de jaune, de bleu, et de rouge. Sauf le délicat pubis, presque imberbe, tant le duvet était fin et doré. Ce n'était plus Jean Seberg mais Jeanne Hébuterne, la compagne de Modigliani. Juliette dessinait le corps de la jeune fille. Elle enlaçait la vulve d'évitements redoublés. Elle se redressa, le corps entier était fêté de couleur. Charlotte gémissait, se tordait, réclamait une caresse plus appuyée, une accélération qui libérerait cette jouissance insupportable d'imminence. Quand la soie fut nappée de sang, elle s'approcha du clitoris, en coloria le bout, trophée de guerre ou d'amour. Le modèle pleurait ce plaisir douloureusement retenu, cet ouragan aliéné. Peinture terminée, Juliette récompensa la toile humaine d'une profonde succion de la rose pyramide. Elle l'enserra de ses lèvres assoiffées de jeunesse, savoura la madeleine de ces gouaches tants aimées jadis. Charlotte fut foudroyée. Elle gicla au visage des flots de plaisir. Pour la soulager, l'exciter et la rejoindre à la fois, Juliette se coucha sur elle, frotta ses chairs qui perdaient le désir à celles qui en poussaient les portes, mêla son duvet brun à la mousse vénitienne d'une vie à peine croquée. Le vagin qui avait avalé une partie de sa main l’appella de nouveau. Elle la pénètra, de sa langue, de ses doigts, suivant la respiration de son amante. Quittant ce lieu humide pour continuer le chemin des délicieuses découvertes, non sans laisser son index au chaud, touchant enfin son but, le petit orifice. - Qu’est ce que vous faites ? questionna Charlotte, la voix rauque et tremblante. - Laisse toi faire, chérie. La basculant sur le ventre en écartant son genou pour lui dispenser une caresse buccale. Juliette la lècha consciencieusement. Passa et repassa sur l’anus qui se détendit peu à peu. Tourna, contourna et retourna. Son doigt pénètra bientôt son intimité, jouant avec la pulpe de l’index contre son petit anneau. L'orgasme était à nouveau proche, d'enfler son ventre elle croyait pénétrer la jeune fille. Leur friction frénétique l'armait d'une verge spirituelle et lui ouvrait un sombre royaume. Elle colla ses mains sous les fesses de Charlotte pour la fouiller encore plus loin, pour l'empêcher de se dérober à l'extase qui les unirait. Leurs cris moururent en un baiser de leurs bouches, un baiser sauvage et cannibale, brutal et dévorant comme la secousse qui les avaient basculées. Un baiser qui ne conciliait pas mais exacerbait encore chaque projectile d'orgasme. Juliette roula à coté de la jeune fille, rassemblant ses sensations après cette confusion. La tête en arrière, perdue dans la symphonie des sens, elle leva les paupières. Le tableau l'attendait. C'étaient elles sur la toile. L'imbrication des sexes et des jambes, c'étaient leur chahut renversé. Le nouage animal des jouissances, la guerre des bustes, leur haine révoltée crachaient sa répulsion soudaine. La sienne pour la jeune fille. Juliette pressa l'oreiller sur le visage de Charlotte, solidement aggrippée aux montants du lit. Les élans s'espacèrent. Quelques spasmes l'agitèrent encore. Et tout devint calme. Comme avant. Elles s'endormirent. Quand elles ouvrirent les yeux, la nuit était installée sur la ville. Elle écarta les rideaux, saluée par une lune pleine qui innonda la chambre. Juliette se rhabilla, couvrit la frêle silhouette du drap, l'abandonna en compagnie de l'astre blanc pour cette nuit sans fond. Elle ne croisa personne. Accourut à l'air libre. Savoura la paix des rues étroites qui enlaçaient Saint Sulpice. Elle rentra chez elle, heureuse. À l'autre bout de la ville, un clair de lune berçait la pâleur d'une jeune fille à qui la vie ne volerait pas sa pureté, puisque volée à la vie. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 11/05/20
Dans la mythologie grecque, Dionysos, en grec ancien ???????? / Di?nusos ou ????????, Diónysos est le dieu de la vigne, du vin et de ses excès, de la folie et de la démesure. Ce fils de Zeus et de Sémélé eut une naissance peu ordinaire; sa mère fut foudroyée pour avoir voulu admirer son amant dans toute sa splendeur. Zeus arracha des entrailles de sa mère le corps du bébé et le cacha dans sa cuisse pendant trois mois, d'où l'expression, "sortir de la cuisse de Jupiter", nom latin de Zeus, et il en sortit le jour prévu pour sa venue au monde. C'est pourquoi on le dit né deux fois et selon la légende, cornu et la tête couronnée de serpents. Zeus confia alors Dionysos à Perséphone, qui l'emmena chez le roi Athamas d'Orchomène et sa femme Ino, qui lui firent porter des vêtements féminins pour échapper à la fureur de la déesse. Hélas, la trop rusée Héra frappa de démence ses deux parents nourriciers et, dans un excès de folie, Athamas confondit son fils Léarchos avec un cerf et le tua. Alors Zeus transforma Dionysos en chevreau et le transporta sur le mont Hélicon, où les nymphes prirent soin de lui. Il vécut heureux en pleine nature, en compagnie des Ménades, des Satyres et des Silènes. On dit que c'est là qu'il découvrit la vigne et l'art de fabriquer du vin. Quand il devint adulte, Héra le reconnut et, par un de ses maléfices, le rendit fou. Il se rendit à Dodone consulter l'oracle dans l'espoir de trouver un miracle à son mal, traversant la montagne à dos d'âne. Guéri, Dionysos parcourut le monde pour faire connaître la vigne et le vin, accompagné de sa suite. Il ensigna aux Egyptiens la culture de la vigne, fut reçut à Pharos par le roi Protée. Là, il emporta son premier succès militaire contre les Titans d'Héra: il rétablit sur son trône le roi Amon en s'alliant avec les Amazones établies chez les lybiens, en face de Pharos, petite île au large du delta du Nil. Quant à la haine de la déesse et l'hostilité rencontrée par Dionysos tout au long de ses voyages, elles sont le reflet de l'opposition des conservateurs à l'emploi rituel du vin ainsi qu'aux coutumes extravagantes des Ménades qui, de la Thrace, avaient gagné Athènes, Corynthe, Sicyone, Delphes et d'autres cités évoluées avant que le culte du dieu soit approuvé et que des fêtes officielles soient instituées en son honneur. De là, il fit route vers l'Inde en passant par la Syrie où il affronta Damascus, le roi de Damas, qui avait détruit ses vignes, et l'écorcha vif; il traversa l'Euphrate sur le dos d'un tigre envoyé par son père; il rencontra Adonis et Aphrodite au Liban; il régna au Caucase, sur le chemin du retour, il dut combattre les Amazones qu'il repoussa vers Ephèse; toujours accompagné des Ménades et des Satyres, il revint en Europe en passant par la Phrygie, où Rhéa le purifia des meutres qu'il avait commis durant la période de démence, et l'initia aux mystères de Cybèle. Dionysos rentra en Grèce sous l'aspect d'un bel adolescent. En Etolie à Calydon, il tomba amoureux d'Althéa, fille du roi Œnée à laquelle il donna une fille, Déjanire. En Béotie, Dioysos incita les femmes de Thèbes à participer à ses orgies sur le mont Cithéron, se fit arrêter et enchaîner à un taureau par le roi de Thèbes, Penthée, qui enferma les Ménades. Celle-ci s'échappèrent et, en état d'ivresse et de transe religieuse, déchiquetèrent le roi sous la conduite de sa mère, Agavé, qui rendue folle et transformée en Ménade, lui arracha la tête. Mais certaines femmes refusèrent de se plier aux rite orgiaques: ce fut le cas des filles de Minyas, Leucippé, Arsippé et Alcathoé. Dionysos les effraya tellement qu'elles perdirent la raison. Les Béotiens finirent par reconnaître la divinité de Dionysos et le dieu s'embarqua pour Naxos. Finalement, Dionysos se retrouva sur l'Olympe, assis à la droite de Zeus, Hestia lui ayant cédé sa place à la table divine. Il ne lui restait plus qu'à descendre aux enfers, enlever sa mère Sémélé et la transporter au ciel où elle devint immortelle sous le nom de Thyoné. Héra dut se soumettre et accepter en silence la présence de son gendre qu'elle avait pourtant poursuivi de sa haine vengeresse. Dans l'Olympe, il participa au combat des dieux et des Géants, tuant ses ennemis avec son thyrse. Pour les Grecs de l’Antiquité, Dionysos a été le dieu par excellence de l’extase, le dieu du délire sous toutes ses formes et dans tous ses effets, positifs aussi bien que négatifs. Si le concept du dionysiaque devient, à l’époque moderne, un synonyme universel de l’extatique, du délire séduisant et dangereux dans tous les sens du terme, ceci n’est donc pas sans relation avec la tradition antique. Or, si les écrivains postérieurs et plus particulièrement les écrivains modernes ont tâché, dans des créations libres, de mesurer l’écart entre les spécificités de l’extase dionysiaque et sa généralisation, les historiens modernes de la religion grecque ancienne furent confrontés au problème suivant: tenir compte non seulement des particularités de l’extase dionysiaque, mais aussi du fait que l’extase est une expérience humaine universelle qui ne se restreint pas à des cultures, des époques ou des sphères géographiques données. Quant à Dionysos, il est présenté, dans le premier passage de la tradition littéraire où il figure, dans le chant VI de l’Iliade d’Homère, comme le "délirant". Ce qui est significatif, c’est non seulement qu’il apparaît ainsi, dès le début de la tradition, comme dieu de l’extase, mais surtout que c’est lui-même qui est dans le délire. Or, dans l’Iliade homérique, ceci n’est pas, en soi, une épithète au sens strict du terme ou une marque distinctive de Dionysos, mais le relie au moins à un autre dieu, au dieu de la guerre, Arès, qui, dans la même épopée, est caractérisé également comme "délirant." Mais dans le cas de Dionysos, son état délirant est intégré dans un scénario où on le voit entouré de femmes, désignées comme ses nourrices et décrites comme exécutrices d’un rite auquel le dieu délirant participe en personne. Par rapport à toutes les autres présentations de divinités, chez Homère et dans la tradition ultérieure, ce fait est exceptionnel. C’est comme si l’état exceptionnel de Dionysos, son extase, sanctionnait un statut exceptionnel, sa proximité extrême par rapport aux humains et plus particulièrement aux femmes, et sa participation en personne à leurs activités rituelles. Déjà, le fait que le mot "ménade" soit utilisé à des fins comparatives montre bien que l’épopée homérique présuppose la familiarité du public contemporain avec son usage technique, de sorte qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer en détail comment il faut se représenter un comportement de "ménade". Andromaque s’élance comme une ménade, Il n’est pas nécessaire ici de mentionner Dionysos, bien que ce soit son culte dans lequel on voit des femmes s’élancer en "ménades". L’extase dionysiaque est d’abord l’affaire du dieu lui-même, et peut être transférée par lui à des humains. Cette extase est, tout comme Dionysos lui-même, un phénomène spécifiquement grec qui est attesté dès le premier témoignage littéraire grec du VII ème siècle av. J.-C. Le culte de Dionysos fut pratiqué dans la Grèce toute entière dès le VI ème siècle avant notre ère, sous une multitude de surnoms. Certaines Dionysiaques revêtaient un caractère champêtre ou populaire: processions, banquets, phallophories. On exécutait des rondes sacrées en l'honneur du dieu. Ces fêtes ont très largement contribué au développement du théatre et joué un rôle prépondérant dans la poésie lyrique. Les chefs-d'œuvre du théatre grec ont été présentés aux grandes dionysies et aux lénéennes. La folie atteignait son paroxysme, les participants déchiraient, lacéraient tout ce qui ce trouvait à leur portée: animaux, êtres humains. Après la folle excitation, succédait la prostration et tous sombraient dans un sommeil profond. Les orgies étaient réservées aux initiés et tout particulèrment à des associations de femmes, les "Klodones" et les "Mimallones." Dionysos fut identifié avec Zagreus, dieu d'origine phrygienne, thrace ou crétoise, dont on faisiait le fils de Zeus et de Perséphone, qui fut élevé par les Curètes crétois, et enlevé par les Titans. Zagreus jouait un rôle important dans les rites orphiques et dans les mystères d'Eleusis. On y représentait le drame de sa passion, et de sa mort suivie de sa résurrection miraculeuse. L'idée dionysienne fut plus tard dégragée par les cultes populaires, notamment à Rome où le culte de Bacchus, l'équivalent latin du dieu, finissait dans des orgies délirantes au II ème siècle avant notre ère. Dionysos a été représenté par de nombreux artistes: Boucher et Poussin. Ses amours avec Ariane ont inspiré Le Titien, Jules Romains, Carrache, Michel-Ange, Rubens et Van Dyck. Bibliographie et références: - Apollodore, "Bibliothèque" - Bacchylide, "Dithyrambes" - Euripide, "Les Bacchantes" - Hérodote, "Histoires" - Hésiode, "Théogonie" - Homère, "Iliade" - Ovide, "Fastes" - Pindare, "Pythiques" - Platon, "Phèdre" - Théophraste, "Histoire" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 10/05/20
La sodomie, étonnant à quel point cette pratique présente depuis la nuit des temps dans l'histoire de l’homme, laisse encore à l’heure de l’hypersexualisation, planer un voile de mystère sur elle. Sans doute, à cause des nombreuses idées reçues à connotation négative: avilissante, violente, douloureuse, ou encore sale, elle ne tentait que peu de couples. Aujourd'hui, le coït anal est en voie de démystification. Il intrigue, il excite, il repousse et dégoûte, de moins en moins; dans tous les cas, la sodomie laisse rarement indifférent. Fantasme récurrent chez l'homme, pratique prisée par de plus en plus de femmes, la pénétration anale n'est plus taboue. Aucune pratique n’est dégradante en soi: des corps interagissent, c’est tout. On peut avoir l’intention de dégrader sans passer par la sodomie. Quand on connaît sa ou son partenaire, il est facile de savoir si l'anal est utilisé pour humilier, ou au contraire procurer un plaisir sexuel intense. La pénétration anale peut alors devenir un moment de partage égalitaire et de complicité extatique. Elle est ce que nous en faisons, ce que nous y projetons, en conciliant consentement, échange mutuel et hygiène. Plus les couples sont épanouis sexuellement, plus ils considèrent le corps de leur partenaire comme sacré et sensuel dans son ensemble. Certains ont appelé cela l’âge d’or sexuel. Chaque partie du corps devient alors source de volupté, rendue érogène par le partage et le désir mutuel. Pourquoi dès lors ignorer la région anale ? Il s’avère que cette dernière est pourvue de très nombreuses terminaisons nerveuses. Pour les hommes, la prostate toute proche joue un rôle dans la capacité à obtenir des orgasmes souvent ressentis comme étant plus forts, plus puissants. Pour les femmes, la région vaginale peut aussi se retrouver stimulée de manière indirecte lors d’une pénétration anale. Outre la charge émotive et érotique particulière liée à la pratique, le partenaire peut aussi en profiter pour stimuler le vagin et/ou le clitoris qui se trouvent entièrement dégagés. Certaines femmes ressentent également de véritables orgasmes anaux, qu’elles décrivent généralement comme particulièrement puissants. Dès l'antiquité, la sodomie était bien présente mais relevait chez les Grecs d'un moyen très codifié d'assurer l'éducation d'adolescents mâles. Rappelons qu'un individu n’avait pas de "sexualité", il se livrait à des pratiques. En Grèce, on parlait des "aphrodisia", qui relèvait du "domaine d’Aphrodite", mais simplement pour se référer aux choses du sexe et non à un ensemble de discours qui aurait formé un champ de sexualité. L’idée de relation sexuelle où les partenaires étaient égaux, où une pratique pouvait être le fait de l’un ou de l'autre partenaire, n’existait pas. Par ailleurs, il n’existait pas non plus de pratique bonne ou mauvaise, louable ou condamnable en soi, comme ce fut le cas, un temps, de la sodomie, entendue au sens de pénétration anale. Dès lors, il n'est pas étonnant que les Grecs n’aient pas élaboré ni construit une catégorie hétérosexualité. Dans la majorité des cas, ils étaient bisexuels. Mais cette norme était beaucoup plus admise pour le sexe masculin que féminin. Dans le milieu aristocratique de la Grèce archaïque, les hommes vivaient la pédérastie, tout en étant hétérosexuels, dans le cadre du mariage. Malgré la tolérance des peuples germaniques, les lois barbares du Haut Moyen Âge ne font aucune référence à la sodomie; dans la société chrétienne du Moyen Âge et jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, elle entraîne la peine de mort dans la plupart des États européens. Au VI ème siècle, de crime contre la dignité, elle devient un crime contre l'ordre naturel défini par Dieu et pouvant mener jusqu'au bûcher. Durant tout le Moyen Âge, elle est considérée comme une hérésie, et est combattue, notamment par l'Inquisition, sous le nom de "bougrerie." De nombreux personnages historiques, monarques, princes et ducs en France et à l’étranger furent à tort ou à raison soupçonnés d’être sodomites comme Henri III et ses mignons, Louis XIII et le Régent pour n'en citer que quelques uns. Au siècle des Lumières, Montesquieu, puis Voltaire et Cesare Beccaria se sont interrogés sur la sévérité de la peine mais ne semblent pas avoir contesté un caractère anormal à cette pratique. En Angleterre, Jeremy Bentham, dans son "Essai sur la pédérastie", qui parut à titre posthume, suit une argumentation utilitariste et défend une dépénalisation de la pédérastie en général et de la sodomie en particulier. L’abolition du crime de sodomie en 1791 résulte d’un long processus social et répressif. D’abord, on observe un glissement dans la définition de sodomie, qui vers la fin du XVIII ème siècle désigne globalement l’homosexuel masculin. D'autre part, on observe au cours de cette période une mutation des discours sur les pratiques sexuelles et affectives. Celles-ci sont analysées dans le cadre d’un débat sur la nature. De même, l’apparition de la sodomie masculine dans la littérature licencieuse semble bien avoir pour motivation de distinguer des plaisirs ressentis particuliers. D’autre part, le crime de sodomie est très rarement appliqué: pour sodomie pure, la dernière fois en 1750. La répression policière prend le dessus, dans un contexte de visibilité des subcultures sodomites. Finalement l’abolition du du crime de sodomie en 1791 consacre une évolution faisant passer la sodomie d’un acte interdit à un personnage blâmé. En 1791, la France est le premier pays à dépénaliser complètement l'homosexualité, l’Assemblée constituante de 1789 ne retenant pas le "crime de sodomie" dans le code pénal. La peine de mort pour sodomie est remplacée par les travaux forcés en Autriche en 1787 et en Pennsylvanie en 1786. Elle est décriminalisée en 1962 dans l'Illinois; en 1967 au Royaume-Uni, enfin en 1969, en Allemagne de l'Ouest. Pourquoi l’attirance pour l’anal est-elle mal jugée et courante à la fois ? L’équation est simple, le tabou représente l'interdit. Dès lors, quoi de plus excitant que de transgresser un interdit ? Pour beaucoup d’hommes, sodomiser, c’est très souvent un symbole de puissance phallique. C’est être puissant, fort, et surtout, faire quelque chose que tout le monde ne fait pas. C'est excitant et crée une complicité avec la partenaire. De la même manière, en sens inverse, pour d'autres, c'est un bon moyen de stimuler la prostate et d'atteindre un orgasme. Ce n'est pas forcément l’homme qui pénètre, et on ne parle pas toujours de sodomie. Cela signifie que la plupart de nos réticences sont fondées sur une mauvaise image, à force de répéter que l’anal est sale et dangereux, on finit par y croire. Lorsqu'il s'agit d'une pratique sexuelle inédite pour l'un des partenaires, l'autre peut échanger sur sa propre expérience. Lorsqu'aucun des deux amants ne s'y est jamais essayé, ils peuvent en parler ensemble. En tout état de cause, il est déconseillé d'initier une sodomie sans en avoir parlé au préalable. En communiquant sur la pénétration anale, l'homme et la femme, ou l'homme et l'homme démystifient le sujet en mettant des mots sur ce tabou. Si certains restent hermétiques au coït anal, d'autres au contraire peuvent s'y laisser aller plus facilement. Pour une première fois, il est utile de commencer par des préliminaires bien choisis. La zone anale reste intime et sensible, il est donc important de la ménager. Le massage de l'anus peut représenter une bonne entrée en matière, dans la mesure où cette zone du corps très innervée, bien stimulée, peut être à l'origine d'un plaisir sexuel incitateur. Cette étape permet en outre de dilater l'anus pour faciliter la pénétration qui s'en suit. La femme peut aussi stimuler la prostate de son partenaire: en partageant l'expérience de pénétration anale, les amants se retrouvent sur un pied d'égalité qui favorise éventuellement le coït anal qui s'en suit. Les plus audacieux tentent aussi l'anulingus, également source d'extase lorsqu'il est réalisé dans de bonnes conditions d'hygiène. Les préliminaires exécutés, le couple peut entrer dans le vif du sujet. Mais pour une bonne première expérience, et la possibilité de la réitérer, les partenaires doivent se préparer en amont. Pour pallier aux obstacles d'ordre hygiénique, il est important de se laver avant, du moins de passer aux toilettes. Une fois la zone propre, pas de risque de débordement et donc de honte. Utiliser des préservatifs sur les pénis, doigts et outillages peut limiter initialement aussi l’angoisse. Pour que les choses soient faites dans les règles de l’art, un lavement préalable est idéal. Ne jamais passer de l’anus au vagin. Si le danger de la sodomie non protégée ne réside pas dans une grossesse non désirée, il existe néanmoins: le rectum véhicule des bactéries qui peuvent être sources d'infections. D'autre part, les MST se transmettent par coït anal. Dans ces conditions, il est utile de porter un préservatif lors de la pénétration anale. Dans tous les cas, la sodomie demande un peu de douceur, de patience ou tout au moins du tact. En effet, l’anus est un sphincter qui n’a pas pour but premier d’accueillir un pénis en mouvement. Naturellement, cet orifice fait en sorte de retenir ce qu’il contient car sinon, ce serait l’incontinence. Si on brusque le passage, ça peut être extrêmement douloureux. De plus, la sensation n’est pas agréable pour tous, surtout quand on reste dans la partie inférieure de la cavité anale, qui est particulièrement innervée. Dans cette optique, il paraît de toute façon indispensable d'utiliser un lubrifiant. Dans les faits, comment maximiser vos chances de réussir une sodomie ? On ne le répètera jamais assez mais en matière de sexualité, l’envie et le partage sont primordiaux. Rien ne sert de tenter l’approche si votre partenaire est contre. Cette pratique demande une vraie détente corporelle si elle se veut agréable et bien vécue. Outre le fait de se mettre dans les bonnes conditions mentales, les préliminaires sont essentiels. Même dans le cadre d'un jeu SM, où la simulation rituelle de la violence consentie est le point d'orgue d'une séance entre adultes responsables et majeurs. Le bienfait de la sodomie va parfois jusqu'à rebooster la libido en berne d'un couple. Parce que le coït anal représente un fantasme de l'homme ou de la femme, parce que les partenaires sont enfermés dans une routine sexuelle ennuyeuse ou lorsque le couple ressent le besoin d'aller voir ailleurs pour explorer de nouvelles voies du plaisir, la pénétration anale peut venir au secours des amants pour un renouveau bénéfique, engendrant parfois des orgasmes encore plus puissants. La pénétration anale peut relever de l’humiliation ou de la rédemption, du profane ou du sacré, du don ou de l'égoïsme, de l’amour ou de l'acharnement, du plaisir ou de la douleur. Elle est ce que nous en faisons, ce que nous y projetons. Justement, parce que nous manquons parfois d'imagination ou de références, pourquoi ne pas créer les nôtres ? Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 09/05/20
Juliette avait cru, ou voulu croire, pour se faire pardonner, que Charlotte serait farouche. Elle fut détrompée aussitôt qu'elle voulut l'être. Les airs pudiques que prenaient son amie, fermant la porte du boudoir où elle mettait et ôtait ses jupes, étaient précisemment destinés à l'aguicher. Quand l'aidant à s'habiller, elle la laissait saisir ses seins, fermes et hauts placés, l'embrasser et la caresser, les yeux fermés, encore moite de son bain, en gémissant. Elle se réveilla, la tête pleine d'images, elle revoyait Charlotte, attachée, fouettée, sodomisée, râlant de plaisir sous les coups de cravache de Xavier. Sous la douche, glissant le pommeau entre ses cuisses, elle se besogna, en s’imaginant baisée et flagellée par des inconnus. Elle ne se doutait pas que son fantasme allait se réaliser le soir même au Cercle. Lorsqu'elles entrèrent dans le salon, un homme, assis dans un canapé, jouait avec le sexe d'une nymphette. Du pommeau de sa cravache, il la masturbait à travers sa culotte de coton blanc. Charlotte glissa à l'oreille de Juliette: - C'est Chloé, une nouvelle. Je soupçonne Xavier de vouloir en faire son esclave, une vicieuse de prédilection. La fille semblait sortie tout droit du pensionnat. Brune, les cheveux courts, de grands yeux bleus, la lèvre boudeuse. - Chers amis, je vous présente Chloé, une petite perverse qui va découvrir les délices de la condition de soumise. Aujourd'hui, elle va faire connaissance avec la cravache. Xavier fit signe à Chloé de s‘approcher. Elle resta debout devant lui, les yeux baissés. Après un long silence, il dit le plus naturellement du monde: - Tu es une gamine vicieuse. Et les vicieuses méritent une correction. Une Maîtresse apporta une boîte de godes, un foulard et une cordelette. Chloé fit mine de se déshabiller. - Garde ta culotte. Chloé obéit avec un frisson d’angoisse. Cependant, ce n’était pas désagréable, au fond, d’avoir peur. En tout cas, cela ne l’empêchait pas de mouiller. La Maîtresse lui banda les yeux. Elle lui attacha les poignets, l’amena sous une poutre, fixa la cordelette à un crochet. Chloé se retrouva les bras en l’air. Elle dut se dresser pour que ses pieds reposent sur le sol. La position faisait saillir ses fesses musclées et ses seins haut perchés. Après l’avoir attachée, ni la Maîtresse, ni Xavier ne donnèrent signe de vie. N’y tenant plus, la petite demanda au bout d’un moment: - Maîtresse, Maître, s’il vous plaît, où êtes-vous ? Elle cria. Un objet métallique froid vint se poser sur sa nuque. Elle réalisa qu’il s’agissait du pommeau de la cravache. Xavier le glissa le long de son dos en épousant les arêtes de la colonne vertébrale. Il jouait avec les nerfs de la fille. Arrivé aux creux des reins, il fit le tour de la taille et se retrouva devant elle. Le pommeau de la cravache s’attarda sur le nombril avant de remonter entre les seins. Chloé s’efforça de demeurer impassible, mais comment dissimuler son excitation, quand on a les mamelons tendus, et que l'on devine une tache humide s’élargir dans sa culotte ? Xavier jouait, il lui tapota la pointe des seins et lui caressa les aréoles avec le pommeau de la cravache. Ensuite, il redescendit au nombril, et de là dans l’entrecuisse de Chloé. Elle écarta les jambes autant que le lui permettait sa posture. Le pommeau s’introduisit dans la fourche. Il appuya sur le fond de la culotte comme s’il voulait la pénétrer avec la cravache. Le tissu épousa les contours de la chatte et chaque attouchement provoquait un bruit mouillé. - Tu es trempée, petite salope. Tu as vraiment le feu au cul. Xavier poursuivit son jeu un moment avant de se reculer. Maintenant Chloé implora: - Encore, Monsieur. C’est bon. Pour toute réponse, elle reçut un coup de cravache sur le haut de la cuisse. Il n’avait pas frappé fort. Assez, cependant, pour arracher un cri à Chloé et lui faire redouter la suite. Il passa derrière elle, glissa la tige de la cravache entre les cuisses et entama un va-et-vient. Elle se démèna au bout de la corde en se mordant les lèvres pour ne pas gémir de plaisir. Ce n’était pas de l’orgueil. Elle craignait seulement de recevoir un nouveau coup de cravache. Il la branla ainsi un long moment. Xavier jouait avec tous les endroits sensibles du corps de sa victime: les seins, les fesses, le bas-ventre. Même à travers la culotte, il parvint à la rendre folle en caressant son clitoris, ses petites lèvres, les bords de son vagin. Chloé n’en pouvait plus. Au fond, il lui sembla qu'elle préfèrait être fouettée. Elle se mit à geindre et immédiatement la cravache s‘abattit sur sa cuisse. Plus fort cette fois. Elle poussa une plainte. La cravache striait ses fesses, lui arrachant un cri strident. Alors les coups se mirent à pleuvoir, ou plus haut, ou plus bas pour laisser des traces. La cravache s‘abattit sur ses cuisses, ses fesses et son ventre. Chloé se tordait au bout de la cordelette. Elle ne criait plus, elle sanglotait, une sourde plainte s‘échappa de sa bouche, à la fois de douleur, mais surtout de plaisir. À plusieurs reprises, Chloé crut s‘évanouir mais Xavier s’arrêta au dernier moment. Il cessa de la fouetter et s’agenouilla devant elle. Il baissa sa culotte et lècha les grandes lèvres. Chloé se tortillait au bout de la cordelette. Il dut l’immobiliser en la prenant par les fesses. Il se livra à un long et cruel travail de sape. La chatte en feu, elle n’avait plus peur de crier, à présent, quand la langue de Xavier s’attaqua à son clitoris et à ses petites lèvres. Chloé était à demi-évanouie quand il lui enfonça un gode dans le vagin. Elle cria et eut un orgasme d’une violence inouïe. Au point qu’elle l'urina. Xavier se plaça derrière elle. De ses doigts , il sépara les fesses et plaça l’extrémité du gode sur l’anus. Encore secouée par les frissons de sa jouissance, elle gémit de douleur et de plaisir pendant que ses deux sphincters anaux cèdaient. Bientôt, le gode fut enfoncé jusqu'à la garde. Les muscles l'empêchèrent de sortir de l’anus. Xavier le lâcha et en prit un autre, plus gros, en métal, qu’il introduisit dans le vagin. Il le fit aller d’avant en arrière, comme une verge. Chloé eut un second orgasme presque aussi violent que le premier. Il lui retira les godes et la détacha. Il lui ôta son bandeau et la conduisit jusqu’au canapé où il l’allongea. Chloé eut du mal à reprendre ses esprits. Les muscles de ses bras et de ses jambes étaient douloureux et ses jouissances semblaient l'avoir anéantie. N’empêche, elle était contente d’échapper à la fessée, bien qu'au fond, une part d’elle-même se sentit frustrée. - Messieurs, je souhaiterais que vous complétiez mes premiers enseignements. Elle est à vous. Aussitôt, des mains se précipitèrent sur Chloé, palpèrent chaque recoin de son corps. On lui écarta les cuisses. Des doigts inquisiteurs forcèrent son intimité, pincèrent ses seins, s'attardèrent sur les marques de fouet laissées sur sa peau. Un homme sollicita l'autorisation de Xavier pour forcer la bouche de sa soumise. Il y consentit. Elle fut contrainte d'accepter le membre qui se présenta avec violence à ses lèvres, et qui s'enfonça très vite au plus profond de sa gorge. Suffoquant, respirant à peine, elle suçait la verge sous les insultes, pendant que les mains d'autres hommes la fouillaient sans relâche. Spectatrice de la scène, Juliette n'en pouvait plus, son excitation était parvenue à son paroxysme. Elle n’avait qu’un désir: être prise, pénétrée, saccagée par des hommes en rut. Une ravissante blonde aux cheveux courts, assise à côté d'elle sur le canapé, lui caressait l’intérieur des cuisses, effleurant son sexe déjà moite. Elle sentait la cyprine couler dans son intimité. La main posée sur celle de la blonde, Juliette écarta les jambes, guidant les doigts de la femme sous son string. Elle se laissait branler langoureusement. Un homme sortit son sexe, le donna à sucer à sa compagne, puis força de sa verge raide la bouche de Juliette pendant que la blonde se lèchait les doigts avant de les plonger profondément dans le vagin innondé. Xavier intervint: - Juliette, je constate que cette séance t'a plu, je dirais même excitée. Et s'adressant à la responsable du Cercle: - Béatrice, déshabillez notre amie. La maîtresse des lieux lui ôta sa robe, lui laissant seulement des bas noirs tenus par un porte-jaretelle, puis la débarassa de son string , qu'elle tendit à Xavier. Il le porta à ses narines, et le renifla: - Tu n'es qu'une femelle en chaleur, Juliette. Béatrice, emmenez cette chienne au salon bleu, elle n'attend que cela. Juliette sentit cette tension voluptueuse, cette lourdeur lui tordre le ventre lorsque elle pénètra dans le petit salon, où des participants, tous masqués, une vingtaine, masculins surtout, cinq ou six femmes, déambulaient dans la pièce. Dans une alcôve plongée dans la pénombre, une ravissante brune aux cheveux courts, commençait à se déshabiller; sa jupe flottait au gré de ses mouvements; par moments, elle s’ouvrait sur le côté laissant apparaître la blancheur d’une cuisse nue jusqu’au niveau de l'aine; elle attrapa le bas de la jupe et la fit voler, découvrant volontairement ses jambes au regard de l’assistance; elle défit les boutons de son chemisier dévoilant son ventre en ondulant des hanches dans un balancement lascif; un homme s'enhardissant lui ôta; le soutien-gorge descendu fit apparaitre l'aréoles de ses seins. Elle s’exhibait sans retenue; deux autres invités s’approchèrent, un dégrafa le soutien-gorge, libérant les seins qui étaient déjà fièrement dressés; il les caressa et les malaxa sans douceur; le second attoucha ses fesses; elle était maintenant nue. De nombreuses mains prirent alors possession de son corps offert, aucune partie ne fut oubliée; les doigts fouillèrent son vagin et son anus; elle demanda à être prise; un homme s’allongea sur elle, la pénétra tout aussi rapidement et commença des mouvements de va-et-vient; un sexe s’approcha de sa bouche, elle happa le membre viril qui s'enfonça dans sa gorge. On attacha Juliette à une croix de Saint-André. Des lanières en cuir maintenaient ses poignets et ses chevilles au bois, ainsi que ses aisselles et le haut de ses cuisses. Le point de jonction se trouvait juste au-dessus de ses épaules nues. Sa tête était libre, elle pouvait regarder autour d'elle. Elle savait que les participants pouvaient tous voir sa vulve offerte. Béatrice examina longuement les seins insolents, elle posa ses mains sur les globes fermes et de douces caresses les parcoururent. Juliette ferma les yeux, se laissant griser par le reflet du miroir de l'intimité qu'elle offrait impudiquement aux invités. Alors la maîtresse des lieux prit un martinet au poil soyeux et, doucement, effleura un mamelon d'une lente caresse sur la pointe extrême; une sensation délicieuse envahit le corps de Juliette, parcouru de frissons. Alors bientôt, Béatrice leva le bras et une méthodique flagellation commença. Les coups étaient dosés, mesurés pour ne pas blesser Juliette qui, les yeux clos, sentait monter en elle une chaleur intense; sa poitrine était secouée par des coups de plus en plus secs, comme une caresse de feu qui irradiait sa chair. Les seins devenaient de plus en plus marqués. Une chaleur intense innonda la poitrine de Juliette comme une boule de feu; ses seins, plus violemment heurtés, se choquèrent dans un bruit mat, les lanières s'entouraient autour d'eux, giflaient la chair, écrasaient les pointes en cinglant les aréoles. La maîtresse des lieux, après trois derniers coups, cessa de la flageller pour écarter ses cuisses. Elle plongea ses doigts humides dans l'intimité moite, constatant non sans fierté, que Juliette avait réellement joui. Les portant à sa bouche après, elle les lècha longtemps entre ses lèvres, se délectant de l'éjaculat mêlé à la cyprine. Deux femmes ayant assisté au spectacle de la flagellation, s'approchèrent de Juliette. Elles commencèrent par la caresser puis la pénétrèrent à l'aide de godes de plus en plus épais. Fesses tendues, bouche tordue par la jouissance impérieuse, Juliette râlait doucement, goûtant avec ferveur le cruel supplice raffiné; mais le gode, plus gros encore, distendait la chair, tandis que la main de l'invitée appuyait à peine pour faire pénétrer le phallus en elle. Et un autre prit la place dans la gaine gluante, distentue mais docile et souple; l'anus plissé disparaissait derrière le renflement émergeant au milieu de l'olisbos. Bientôt, les deux femmes se déshabillèrent, et se ceignirent chacune d'un gode-ceinture. Elles s'approchèrent de Juliette, les hommes formèrent un cercle autour des trois. La croix de Saint André fut alors mise en position horizontale. les deux femmes sodomisèrent Juliette avec force dans un intense bruit mat de succion. Sur un signe, tous les invités se levèrent en silence et vinrent contempler le spectacle. Ce fut une dizaine d'hommes qui se succédèrent, remontant et frappant au fond de ses reins. Charlotte, éberluée, assistait pour la première fois à une séance de soumission de sa propre Maîtresse. Pour Juliette, la douleur ressentie lors de la double pénétration se transforma en jouissance. Le corps marqué par de longues estafilades, elle avait gémi sous les coups de Béatrice comme jamais une femme ne l'avait fait gémir, crié sous le choc des membres des invités, comme jamais elle avait crié; elle devait leur être soumise et les accueillir avec le même respect avec lequel elle accueillait une Domina; elle était là dans la soirée pour servir de réceptacle à la semence des hommes qu'elle devait recevoir par tous les orifices, sans jamais protester ni même trahir un quelconque sentiment. Sur le chemin du retour, épuisée mais heureuse, Juliette s'endormit sur l'épaule de Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 07/05/20
Il avait fait moins chaud que de coutume. Xavier, qui avait nagé une partie de la matinée, dormait sur le divan d'une pièce fraîche au rez de chaussée de la villa. Charlotte, piquée de voir qu'il préférait dormir, avait rejoint Juliette dans son alcôve. La mer et le soleil l'avaient déjà dorée davantage: ses sourcils, ses cuisses, ses seins et son pubis semblaient poudrés d'or, et comme elle n'était pas maquillée, sa bouche était du même rose que la chair rose au creux de son ventre. Pour qu'elle pût totalement la contempler, Juliette eut soin à plusieurs reprises de lui renverser les jambes en les maintenant ouvertes en pleine lumière. Les volets étaient tirés, la chambre obscure, malgré des rais de clarté à travers les bois mal jointés. Charlotte gémit plus d'une heure sous les caresses de Juliette, et enfin les seins dressés, les bras rejetés en arrière, serrant à pleine mains les barreaux de bois qui formaient la tête de lit à la grecque, commença à crier lorsque Juliette se mit à mordre lentement la crête de chair où se rejoignaient, entre les cuisses, les fines et souples petites lèvres. Juliette la sentait brûlante et raidie sous sa langue, et la fit crier sans relâche, jusqu'à ce qu'elle se détendît d'un seul coup, moite de plaisir. Puis elle la renvoya dans sa chambre, où elle s'endormit, sans penser au lendemain. Elle était réveillée, quand Xavier vint la chercher. Il lui rappela, mais il lui paraissait peu probable qu’elle sût, en toute connaissance de cause, à quoi elle s'était engagée, lorsqu’elle l’aurait compris, il serait trop tard pour qu’elle échappât. Après une route interminable, Juliette arrêta la voiture devant le portail d'un manoir Régence où un homme nous attendait; le temps de reprimer son angoisse, Charlotte se retrouva les yeux bandés; elle portait une une robe droite noire, avec une fente arrière arrivant jusqu'à mi-cuisse; en dessous, un corset rigide rehaussait ses seins, révélant les aréoles brunes, et la naissance des pointes, en faisant saillir le ventre, des bas fins et noirs tenus par un porte-jarretelles; elle était chaussée de talons hauts; sa Maîtresse lui attacha les mains derrière le dos. Le temps de réprimer son angoisse, une poigne énergique et brutale enserra ses bras frêles et la conduisit dans une pièce qu'elle imagina minuscule, sorte d'antichambre où elle attendit un long moment; nous fûmes conduites dans un petit salon; je me glissai derrière elle, et soulevai sa chevelure, en faisant glisser la fermeture éclair de sa robe, de la nuque, jusqu'au bas du dos, le vêtement tombait à ses pieds, tandis que je dégraffai ses bas en les faisant glisser le long de ses jambes. Le serre-taille rejoignit le reste de sa parure à ses chevilles, dénudant totalement Charlotte; elle conservait, fixée au centre de ses reins par trois chaînettes d'or tendues à une ceinture de cuir autour de ses hanches, un bijou imitant un sexe dressé, destiné à distendre le cercle de chair, et à rendre encore plus aisé l'usage de cette voie; jugée trop étroite, pour la prêter, sa Maîtresse avait cru bon de l'élargir afin qu'elle fut doublement ouverte; ainsi forcée, elle en portait un chaque jour plus épais. Une présence se manifesta soudain l'arrachant de sa torpeur; on la poussa pour descendre les marches d'un escalier tortueux; l'odeur de la terre humide emplissait ses narines; au bas de l'escalier, se trouvait une cave avec son odeur caractéristique de moisissure; une véritable cave comme une esclave doit l'aimer; on retira la ceinture de cuir et on la fit asseoir sur une chaise en bois hérissée d'un volumineux godemichet de sorte qu'il la pénétre profondément entre ses reins. Empalée dans la cave déserte, où les effluves d'humidité évoquaient l'odeur des anciennes prisons, on glissa sur sa tête une cagoule emprisonnant la nuque et aveuglant ses yeux, ne laissant passer l'air que par une ouverture pratiquée au niveau de la bouche; elle ne fut pas fouettée tout de suite; les seins et la bouche offerts, dans cette froide pénombre où ne pénétrait aucun bruit, tremblant de froid, elle ne vit jamais les deux hommes qui entraient ni la jeune fille soumise. Quelqu'un l'appela "Numéro 2" et s'adressa à elle en la traitant de "sac à foutre"; Charlotte apprit qu'elle était là pour servir de réceptacle à la semence des Maîtres, qu'elle devait recevoir par tous les orifices prévus par la nature, sans jamais protester ni même trahir une quelconque émotion; c'était une femme ravalée au rang d'objet muet et servile; un homme s'approcha de la chaise; Charlotte devina qu'il tenait au poignet, un martinet aux lanières en cuir. On la porta sur une table où elle fut allongée sur le dos et solidement ligotée; elle attendit quelques minutes dans la position infamante de l'esclave offerte et consentante; les hommes s'approchèrent d'elle et brusquement elle sentit des dizaines de doigts la palper, la fouiller, la dilater avant que les sexes inconnus ne commencèrent à la pénétrer; elle fut malmenée, saccagée, sodomisée; mais Juliette interrompit brutalement la séance qui lui parut trop douce. Lorsqu'elle reçut le premier coup de fouet, elle comprit qu'il s'agissait d'un martinet souple utilisé de façon à lui chauffer le corps avant d'autres impacts plus sévères. Du martinet, l'homme passa à la cravache. Elle reconnut la morsure particulière au creux de mes reins. C'était une cravache longue et fine, d'une souplesse trompeuse et d'un aspect presque rassurant. Maniée avec nuance et précision, chaque coup reçu lui semblait différent du précédent, selon que la mèche de cuir la frappait à plat, ou au contraire, sur toute la longueur de la tige. Le Maître la flagellait avec une rigueur impitoyable et elle oublia toutes ses bonnes résolutions pour se mettre à crier sous la morsure impitoyable du cuir. Son corps se tendait en une supplication muette, mais éminemment éloquente. Bientôt, comme elle le pressentait, la douleur qui la tenaillait se mua en plaisir, alors elle ne put se retenir davantage, ses reins se cambrèrent, propulsant ses cuisses et son ventre en avant, dans un orgasme si violent qu'elle crut défoncer la croix qui la retenait prisonnière. Honteuse et fière, elle avait joui. On détacha Charlotte de façon à lui permettre de pouvoir prendre du repos, mais cet intermède ne dura que le temps de préparer l'épreuve suivante; on lui lia les chevilles avec des lanières de cuir reliées par des chaînes au murs de pierre et on emprisonna ses poignets dans des bracelets d'argent pendus que l'on écarta en croix, comme les cuisses; elle était ainsi offerte dans cette position humiliante, que la lumière ne parvenait pas à rendre impudique. Les seins et le ventre offerts, et le lugubre silence; rien qui lui était d'autant de secours que le silence et les chaînes; se lassait-elle ? Non; à force d'être outragée, il semble qu'elle aurait dû s'habituer aux outrages, sinon au fouet à force d'être fouettée; on lui ôta la cagoule; Charlotte parut fascinée par la noblesse des lieux; c'était une cave voûtée splendide, aux murs de pierres apparentes; des cierges ornaient chacun des angles dont les flammes tremblaient sur l'or des pierres. Pendue aux bracelets qui lui sciaient les poignets, écartelée à en sentir les jointures de ses cuisses endolories, elle ne pouvait faire un mouvement, ni tourner la tête pour voir la jeune soumise; "Numéro 2" s'approcha de Charlotte; après un moment, on retira la cagoule qui l'aveuglait; elle aperçu la jeune fille, à peine plus âgée qu'elle; elle avait un corps parfait et un visage délicat; un homme lui murmura à l'oreille qu'elle devait se servir d'elle comme bon lui semblerait. Flattée, "Numéro 2" entendait amener Charlotte à merci; elle commença par lui caresser l'intérieur des cuisses; la jeune soumise semblait sûre d'elle, faisant preuve d'une tranquille détermination; elle ne ressemblait plus en rien à une esclave sinon sa nudité; au contraire, elle avait le port du visage fier; aux premiers coups qui la brûlèrent au ventre, Charlotte gémit. "Numéro 2" passait de la droite à la gauche, s'arrêtait, reprenait; la suppliciée se débattait de toutes ses forces. Charlotte crut que les liens la déchireraient; elle ne voulait pas supplier; qu'une femme fût aussi cruelle, et plus implacable qu'un homme, elle n'en avait jamais douté, mais elle pensait que la jeune soumise cherchait moins à manifester son autorité qu'à établir une complicité; de fait,"Numéro 2" arrêta la flagellation pour s'amuser avec son sexe, écarter les chairs, agacer le clitoris, et la pénétrer avec le manche de la cravache; enfin, elle fit le tour du corps écartelé et détacha Charlotte épuisée. Souillée de sperme et de sueur, Juliette décida qu'elle devait être reconduite au premier étage pour qu'elle fût douchée; après une minutieuse toilette, elle lui ordonna d'uriner à même le sol dans une coupelle, de renifler son urine et de la boire; bouleversée par cette épreuve, au bord des larmes, mais n'osant se rebeller, elle sentit soudain qu'elle n'y échapperait pas, elle se mit à laper le liquide tiède et clair et à l'avaler, prenant soin de ne laisser aucune goutte, sans être comblée de honte. Elle fut conduite dans la chambre qu'elle devait occuper, où nue et enchaînée, elle s'endormit. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 07/05/20
Dans la mythologie grecque, Pénélope, chez Homère ?????????? / Pênelopeia, chez les auteurs postérieurs ???????? / Pênelópê), fille d'Icarios, est l'épouse fidèle d'Ulysse dont elle eut un fils, Télémaque, exemple le plus cité de la fidélité conjugale et de la vertu. On raconte qu'à sa naissance, on l'avait appelée Arnacia, qu'elle fut jetée à la mer sur l'ordre de son père et sauvée par une bande de canards qui la nourrirent et la ramenèrent sur le rivage. On la rebaptisa alors Pénélope, signifiant canard. Dans sa jeunesse, à cause de sa grande beauté, elle fut demandée par plusieurs princes grecs. Son père, pour éviter les querelles qui auraient pu éclater entre les prétendants, les obligea à en disputer la possession dans des jeux qu'il fit célébrer. Ulysse sortit vainqueur, Pénélope lui fut accordée. Pendant les vingt années d'absence d'Ulysse, durant et après la guerre de Troie, Pénélope lui garda une fidélité à l'épreuve de toutes les sollicitations. Sa beauté et le trône d'Ulysse attirèrent à Ithaque cent huit prétendants. Elle sut toujours éluder leur poursuite et les déconcerter par de nouvelles ruses. La première fut de s'attacher à faire sur le métier un grand voile, en déclarant aux prétendants qu'elle ne pouvait contracter un nouveau mariage avant d'avoir achevé cette tapisserie destinée à envelopper le corps de son beau-père Laërte, quand il viendrait à mourir. Ainsi, pendant trois ans, elle allégua cet ingénieux prétexte, sans que sa tapisserie s'achevât jamais ; car elle défaisait la nuit ce qu'elle avait fait le jour; de là est venue l'expression "la toile de Pénélope", désignant un ouvrage auquel on travaille sans cesse et que l'on ne termine jamais. Ulysse et Pénélope ont pu bâtir leur palais, l’habiter et s’y aimer. Ils ont eu un fils, Télémaque. Mais Télémaque n’a que quelques mois quand Ulysse part pour Troie et ving ans lorsqu’il revient. Quel peut être le sens du départ d’Ulysse ? Peut-être signifie-t-il la fin de la lune de miel et du rêve de fusion, ce rêve de retour au paradis perdu ? le voyage d’Ulysse serait comme un voyage intérieur initiatique qui, par la séparation d’avec sa terre et sa famille, mène à la différenciation. Les nombreuses épreuves qu’il traverse le mettent à nu, seul, face à lui-même. Elles le confrontent aussi à ses propres conflits et démons intérieurs qu’il devra affronter les uns après les autres afin de pouvoir ensuite découvrir et s’approprier ses émotions, ses désirs, son identité et faire le choix de ses appartenances. Ainsi s’agirait-il de faire le deuil de la première maison maternelle et familiale, assumer sa perte pour pouvoir l’intérioriser, et alors seulement, pouvoir s’habiter soi-même. À ce moment-là, le souvenir et la reconnaissance de soi et de l’autre deviennent possibles, le désir peut exister, et habiter ensemble devient possible. Alors seulement, Ulysse peut répondre à Calypso qui voudrait le garder encore auprès d’elle et s’inquiète de savoir Pénélope plus belle qu’elle: "Mais non, je sais qu’auprès de toi Pénélope serait sans grandeur ni beauté, tu ne connaîtras ni l’âge ni la mort, elle n’est qu’une mortelle, et pourtant le seul vœu que chaque jour je fais est de rentrer là-bas et de voir en mon logis la journée du retour" (Homère). Alors, Ulysse, acceptant sa condition d’homme mortel et seul, peut rentrer et retrouver sa femme. Pénélope elle aussi, à sa manière, en repoussant les prétendants et en élevant son fils entourée de ses servantes, fait son propre voyage intérieur: elle pleure l’objet de son amour parti, perdu peut-être, mais aussi elle le conserve en elle. Elle refuse les prétendants, mais s’en protège mal, puisqu’ils envahissent le palais, dévorent les réserves, boivent le vin d’Ulysse. Elle élève Télémaque, mais sans le père entre eux, Télémaque est faible: il se range tout un temps aux côtés des prétendants. Cependant, Pénélope ne doute pas d’elle, ni de son amour, ni de son désir; c’est le retour d’Ulysse. Il a débarqué à Ithaque et, déguisé en vieux mendiant, il s’est présenté au vieux berger et à Télémaque. Il a été reconnu par eux et par son chien et la servante qui lui lavait les pieds. Aidé de son fils, il a tué tous les prétendants. Il lui reste à être reconnu de Pénélope. Il l’attend dans la salle du palais. La vieille nourrice prévient Pénélope: "De l’étage, à ces mots, la reine descendit. Quel trouble dans son cœur ! Elle se demandait si, de loin, elle allait interroger l’époux ou s’approcher de lui et, lui prenant la tête et les mains, les baiser. Elle entra, elle avait franchi le seuil de pierre: dans la lueur du feu, contre l’autre muraille, juste en face d’Ulysse, elle vint prendre un siège; assis, les yeux baissés, sous la haute colonne, il attendait le mot que sa vaillante épouse, en le voyant, dirait; mais elle se taisait, de surprise accablée. Elle resta à le considérer, et ses yeux tour à tour reconnaissaient les traits d’Ulysse en ce visage, ou ne pouvaient plus voir que ces mauvais haillons." (Homère) Pénélope doute. Elle ne veut pas de n’importe qui, elle veut Ulysse et aucun des signes qui l’ont fait reconnaître par les autres ne lui suffisent. D’autres hommes pourraient présenter les mêmes signes et la tromper: bander l’arc, avoir la même cicatrice au genou. Pénélope veut l’Ulysse qu’elle aimait, il y a vingt ans, celui qui est parti, son mari avec qui elle pourra combler le trou de ces vingt années d’absence. Alors Ulysse sourit. Il pense que son apparence de vieux mendiant la trouble et que la présence de Télémaque et des autres la retient. Il confie à son fils une mission hors du palais et demande qu’on lui prépare un bain. Athéna répand sur Ulysse la beauté et la grâce, et c’est pareil à un dieu qu’il reprend sa place, face à Pénélope qui se tient toujours là, immobile. Ulysse laisse alors exploser sa colère: "Malheureuse ! Jamais, en une faible femme, les dieux, les habitants des manoirs de l’Olympe, n’ont mis un cœur plus sec. S’éloigner de l’époux, quand, après vingt années de longs maux et d’épreuves, il revient au pays. C’est bien. Nourrice, à toi de me dresser un lit; j’irai dormir tout seul, car en place de cœur, elle n’a que du fer." (Homère) "Ulysse, à ces mots, pris d’un plus vif besoin de sangloter, pleurait. Il tenait dans ses bras la femme de son cœur, sa fidèle compagne. Elle est douce, la terre, aux vœux des naufragés. L’aurore aux doigts de rose les eût trouvés pleurants, sans l’idée qu’Athéna, la déesse aux yeux pers, eut d’allonger la nuit qui recouvrait le monde." (Homère) Le tronc d’olivier, fondement du lit construit par Ulysse pour Pénélope et lui représente le fondement de leur couple, tant dans sa réalité que dans sa dimension mythique. Il est leur secret et leur mythe, miroir du lien qui les unit et les fait couple. Ce mythe fondateur confirme leur identité et leur légitimité. Et dans le présent de cette nuit où ils se retrouvent, ils se rejoignent à travers le souvenir du passé qui permet le retour aux racines et le souvenir du futur qui permet le passage vers l’avenir. Il aura fallu qu’Ulysse quitte sa maison, son couple, sa famille, se retrouve seul, simple mortel dans les épreuves pour qu’enfin il puisse se trouver, s’unifier et revenir et gagner sa place à Ithaque. Face à Pénélope, Ulysse se conduit en époux et doit lui rappeler leur mythe commun pour qu’ils puissent à nouveau partager leur vie. Vis-à-vis de Télémaque, il agit en père; il le reconnaît comme son fils et lui confie certaines missions qui lui permettront de devenir un homme. Pénélope et Antigone, deux faces indissociables du féminin. À partir du poème d'Homère (850 av. J. C. ), et de la tragédie de Sophocle (entre 496 et 494-406 av. J. C. ), ces deux figures mythiques et exemplaires rencontrent la psychanalyse. L'histoire dénoue les incompréhensions et les impasses, à la fois originelles et actuelles de notre temps: de la dissociation entre notre pensée et action, entre le pouvoir et la responsabilité, de la rencontre problématique de l'homme et de la femme à cause du non rapport sexuel. Pénélope par sa ruse interroge la texture féminine de l'attente, et par son tissage, la forme féminine de la parole. Trame et drame de sa vie, la seule certitude de la femme, est que son attente peut être sans objet. À ce point d'assurance se fixe le refus. C'est un choix qui implique la mort. Fantasme d'un tissage infini, tissage sans chiffrage, la femme sait moins d'un temps chronologique que d'un temps logique. Antigone fascine les hommes et parle aux femmes. Sa fascination tient à son acte et à la limite où elle se campe, entre la vie et la mort. Antigone, la femme l'éprouve, comme elle éprouve les lois non écrites. Elle se révolte lorsque les lois humaines dérivent au nom du souverain confondu avec le désir criminel. S'il n'y a pas de signifiant universel pour L? femme, Antigone se présente comme signifiant du pur désir, qui est un désir de mort. Antigone et Pénélope affirment une vérité individuelle contre le pouvoir humain où l'oubli semble constitutif du politique. Ayant en commun, l'excès, la solitude, elles sont garantes d'une mémoire infaillible. En littérature, Le roman de l'écrivain irlandais, James Joyce "Ulysse", paru en 1922, renvoie au couple mythologique de Pénélope et d'Ulysse. Dans son ouvrage, "Naissance de l'Odyssée", édité en 1930, Jean Giono imagine le retour d'un Ulysse peu glorieux. Le personnage de Pénélope donna aussi lieu à des réécritures d'inspiration féministe. Bibliographie et références: - Callimaque, "Hymnes" - Déméter, "Les Hymnes homériques" - Hérodote, "Enquête" - Homère, "Odyssée" - Hygin, "Fables" - Homère, "L’Iliade" - Pausanias, "Périégèse" - Pausanias, "Description de la Grèce" - Hérodote, "Enquête" - Chantraine, "Dictionnaire étymologique de la langue grecque" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 06/05/20
Antigone, en grec ancien ???????? / Antigónê, est la fille d'Œdipe, roi de Thèbes, et de la reine Jocaste. Ses parents régnèrent sur Thèbes jusqu'au moment où ils prirent conscience de leur inceste. Jocaste se pendit et Œdipe se creva les yeux. Créon, le frère de Jocaste, le chassa de la ville, mais avant de partir il maudit Etéocle et Polynice, à la fois ses fils et ses frères qui, en partageant la dépouille d'un animal sacrifié, lui avaient octroyé la cuisse au lieu de l'épaule royale. Aussi le virent-ils partir sur les routes de Grèce sans verser une larme. Seule, Antigone eut pitié de son père, abandonnant Hémon, son fiancé, fils de Créon, l'accompagna, lui servant de guide, mendiant pour survivre et lui apportant le réconfort de sa présence et de sa tendresse. Après la mort de son père, Antigone revint à Thèbes où ses frères se disputaient le pouvoir. Polynice attaqua Etéocle, avec l'aide d'Adraste, roi d'Argos; mais les frères ennemis trouvèrent la mort au cours de la bataille. Devenu roi, Créon leur fit des funérailles grandioses, mais Etéocle ayant fait appel à des étrangers contre son pays, n'eut pas droit à une sépulture. Antigone, ne tenant pas compte des ordres de Créon, fit élever un bûcher où fut placé le corps de Polynice, fut prise sur le fait par le tyrannique Créon qui ordonna à son fiancé de l'enterrer vivante dans la tombe de Polynice. Hémon fit mine d'y consentir, mais s'enfuit avec Antigone, l'épousa en secret et la cacha chez des bergers. Elle lui donna un fils qui, bien des années plus tard, revint à Thèbes, prit part à des jeux funèbres où son grand-père le reconnut à la marque du dragon que portaient sur le corps tous les descendants de Casmos. Créon le condamna à mort et, de chagrin, Antigone et Hémon se suicidèrent. Héroïne de la mythologie grecque, Antigone est la fille du mariage incestueux d’Œdipe et de Jocaste. Le mythe d’Antigone nous a été transmis par les tragiques grecs Sophocle, Eschyle et Euripide, au V ème siècle avant J.-C. Lorsque Œdipe, objet de la réprobation et de la répulsion de tous, se crève les yeux et quitte Thèbes, c’est Antigone qui le guide jusqu’à Athènes. Ainsi incarne- t-elle une figure hautement morale: la fidélité sans faille, la piété filiale. Mais l’époque moderne a surtout retenu un autre épisode du mythe; Antigone défie ensuite son oncle Créon, lequel a interdit d’enterrer Polynice, frère d’Antigone, coupable de s’être levé contre Thèbes. Dans la faiblesse de sa jeunesse et de sa féminité, la fille d’Œdipe repré­sente alors la légitime révolte. Elle dénonce la démesure (hubris) de Créon. Nul en effet n’a le droit, affirme Antigone, de se substituer aux dieux, d’interdire à un humain de se présenter au jugement des Enfers. Antigone se fait le champion de la loi divine, laquelle l’emporte sur la loi des hommes. Antigone est condamnée à être enterrée vivante. Les Erinyes punissent Créon: son fils Hémon, amoureux d’Antigone, se tue après avoir découvert sa fiancée pendue dans son tombeau; alors Eurydice, sa mère, femme de Créon, le suit dans la mort. Créon reste seul. Bien avant que Freud ne développe la notion de complexe d’Œdipe comme aboutissant à l’établissement du système symbolique destiné à transmettre la loi fondamentale dans les rapports sociaux, le mythe d’Œdipe nous a offert une vision à la fois spectaculaire et catastrophique de la relation père-fils et des liens fraternels. En effet, la descendance d’Œdipe n’est guère épargnée par les haines fratricides et parricides comme l’a chanté le tragédien Sophocle. "Je vois les antiques malheurs de la maison des Labdacides s’ajouter aux malheurs des deux princes, que la mort a ravi, une génération frappée n’affranchit pas celle qui la suit, mais un dieu la précipite et ne lui laisse aucun repos." Œdipe, après avoir appris de l’oracle qu’il a tué son père Laïos et épousé sa propre mère Jocaste, renonce au pouvoir sur Thèbes. Il se crève les yeux pour ne plus voir l’horreur de la réalité dans lequel le destin l’a plongé, et part mener une vie de mendiant, loin du lieu de son infamie. De l’union d’Œdipe et Jocaste sont nés deux filles, Antigone et Ismène, et deux fils, Étéocle et Polynice. Suite au départ d’Œdipe, les deux frères se retrouvent à régner en alternance sur le royaume, mais Étéocle l’aîné refuse de laisser la place à son frère. Polynice lui tend une attaque aux abords des sept portes de Thèbes et le destin veut que les deux frères se retrouvent face à face et s’entretuent, laissant le spectacle de leurs cadavres enlacés dans la mort. Ironie du sort, les deux frères opposés dans la vie, sont unis et liés dans une ultime et funeste accolade fraternelle, leurs bras brandissant avec fureur le glaive pour se tuer l’un l’autre et devenant le berceau qui les porte vers une mort violente et sanglante. Suite à ces événements, Créon, l’oncle d’Œdipe, devient le roi de Thèbes, donne les honneurs funéraires à Étéocle et les refuse à Polynice. À titre d’exemple, il laisse gésir hors de la cité son corps à la merci des charognards, avec interdiction absolue de l’ensevelir. Le laissant sans sépulture, il est condamné à errer loin du séjour des morts, le salut et le repos lui est interdit. Par fidélité fraternelle, Antigone brave l’interdit et dans une douleur infinie, déclare: "Après la perte d’un époux, j’en pourrais trouver un autre; et si je perdais un fils, j’en puis avoir d’un autre époux; mais quand ma mère et mon père sont descendus chez Pluton, la perte d’un frère n’est plus réparable." Antigone sera condamnée à être enfermée dans un tombeau où elle se pendra. Hémon, fils de Créon et à la fois cousin germain et fiancé d’Antigone, désespéré par la perte de son amour, se suicidera peu de temps après. À l’annonce de cette nouvelle, Eurydice, mère d’Hémon et femme de Créon, se tranche la gorge. Créon pleure seul ses deux pertes. Le sacrifice d’Antigone épargne Ismène qui devient l’unique héritière. Les enfants nés de l’inceste d’Œdipe, Étéocle, Polynice, Ismène et Antigone, répètent ce qui s’est noué à la génération précédente. Les fils s’entretuent dans le conflit de la légitimité d’une filiation adelphique incestueuse. Antigone, elle, brave l’interdit de Créon et rejoint dans la tombe son frère Polynice qu’elle a enterré dans le respect de la dignité humaine au prix de sa vie. Dans son opposition à Créon, Antigone se range du côté de l’amour fraternel en dépit de la raison d’état, pour défendre des principes sacrés au détriment de la loi de la cité. Antigone inaugure la rivalité homme/femme, de par la jalousie qu’elle nourrit à l’encontre de la différence des sexes et du destin dont les hommes de sa famille la privent. Cette jalousie l’aliène à son destin narcissique. Se sentant investie d’une toute-puissance, elle souhaite à tout prix réparer l’honneur perdu de sa famille. La mort apparait comme l’aboutissement de sa quête de l’amour fraternel absolu et le don de soi par excellence vient pallier l’épreuve du deuil. En l’absence des parents, la fratrie rencontrée dans ce mythe s’inscrit dans une lutte acharnée contre le temps, exprimant l’impossibilité d’Antigone d’être séparée de ses frères dans le réel. La mort revêt ici deux dimensions dont la première serait une tentative de solution pour résoudre le conflit œdipien réactualisé par l’annonce de l’inceste d’Œdipe. Le voile levé sur l’origine de la famille ébranle fortement la fratrie dans ses liens de filiation et de génération. Il provoque une crise identitaire du statut et de la place de chacun des membres de la famille. La configuration de la fratrie composée de deux couples de sexe différent implique qu’ils s’opposent ou s’unissent dans l’amour et la haine fraternelle. Dès lors, les processus d’identification et de différenciation sont altérés. En reniant sa place de père et frère, Œdipe place ses filles et demi-sœurs à la place de membres idéalisés de la fratrie et de la cohésion de la famille. La double identité du père et de la mère suggère la transmission de l’inceste dans la fratrie et introduit le déplacement des investissements préœdipiens pour les parents sur la fratrie, ouvrant le champ possible à l’expression des pulsions libidinales dans la relation frère-sœur. La seconde dimension considérerait la mort comme la trace symbolique de la culpabilité parentale rejaillissant dans le réel. Ainsi, les conflits intrapsychiques hérités des parents se rejouent dans les liens fraternels. Ainsi, Antigone trouve dans le décès de son frère Polynice le moyen de mettre en terre à jamais leur cruel destin. En rendant les hommages funéraires à son frère, il se peut que par ce geste symbolique elle vienne rendre ses derniers hommages à son père Œdipe, qui bien que vivant dans l’exil, erre à jamais tel un revenant ne pouvant trouver le repos de l’âme. On peut interpréter ce geste d’Antigone comme une réparation de la déception œdipienne éprouvée dans l’enfance. Aussi, le choix de l’amour fraternel lui permet d’éviter l’inceste avec le père au coût de sa propre vie. La mort d’Antigone, motivée par l’amour incestueux, mène à son union avec le mort. Dans son "Introduction à la psychanalyse", Freud a mis en évidence que le déplacement des sentiments d’amour ressentis dans la fusion mère-enfant peut laisser place à l’apparition de l’amour tendre entre une sœur et son frère. A contrario, il peut aussi générer une compétition entre frères pour le gain de l’amour exclusif de l’être aimé, ou par substitution, le remplacement affectif du père par le frère ainé pour la fille. Antigone semble préférer Polynice au reste de sa famille, et c’est par amour fraternel qu’elle brave la mort pour le rejoindre. Selon l’approche transgénérationnelle, Antigone paye sa loyauté au père et s’acquitte de sa dette symbolique en y mettant fin. Elle refuse ainsi de devenir une femme et de donner naissance à une autre génération, afin de ne pas transmettre le secret honteux de sa naissance et de mettre fin à l’héritage funeste qui pèse sur sa famille. Si elle refuse de s’unir au père et de porter l’enfant de l’inceste à son tour, elle s’unit pourtant à son frère Polynice dans la mort. La mort apporte donc à Antigone une solution à l’inceste paternel et témoigne du retour possible de l’unité fraternelle. La mort s’incarne dans le corps d’Antigone comme son inscription de la filiation. L’héritage commun d’Œdipe que partagent Antigone et Ismène les unit tandis que les maux de chacune les distinguent et les séparent. Antigone délaisse sa sœur vivante pour son frère mort. Si l’une veut jouir de la vie, l’autre veut jouir de la mort. Les deux sœurs incarnent le combat entre la pulsion de vie et de mort. Quand l’une en appelle au principe de plaisir, l’autre lui répond par le principe de réalité. Antigone meurt donc seule. Comme son prénom en témoigne, étant composé du préfixe anti signifiant "contre", et "gone", du grec ancien gonos, signifiant "procréation", elle ne donne pas la vie. Antigone demeure dans le mystère de ses origines et ne retrouvera jamais la mère d’avant l’inceste, celle qu’elle n’a jamais connue. Dans ce mythe, les figures du frère et de la sœur sont bien les objets pulsionnels et les représentations inconscientes de la transmission des conflits parentaux au sein même de la fratrie. Antigone est demeurée le symbole de la piété filiale et fraternelle, du dévouement sans partage. Voilà l’histoire d’une femme. C’est aussi l’histoire d’une culture demeurée à peu près inchangée. Le mythe d'Antigone est mentionné pour la première fois dans la tragédie "Les Sept contre Thèbes" d'Eschyle représentée au V ème siècle avant J.-C.; Sophocle, dans son "Antigone", donne la première version détaillée connue de la mort héroïque d'Antigone. Euripide, le grand tragédien athénien, reprend le thème des "Sept contre Thèbes" dans "Les Phéniciennes", où Antigone intervient aussi. Dans la littérature latine, le philosophe et dramaturge Sénèque compose une tragédie "Les Phéniciennes" en prenant pour modèle celle d'Euripide. En 1638, Jean de Rotrou compose à son tour une tragédie "Antigone", puis c'est au tour de Jean Racine en 1664, de mettre en scène Antigone dans la tragédie "La Thébaïde". L'héroïne connaît un regain d'intérêt dans la littérature du XIX ème siècle, par les réécritures de Sophocle. Le poète allemand Friedrich Hölderlin traduit Antigone en 1804, le dramaturge français Jean Anouilh propose une réécriture en 1944, dans laquelle Antigone représente l'esprit de résistance. Le dramaturge allemand Bertolt Brecht l'adapte en 1947, en s'appuyant sur le texte de Hölderlin. En Musique, de nombreux opéras ont été composés sur Antigone. Dans les arts plastiques et la Peinture, ainsi qu'au cinéma et à la télévision, elle inspira également de nombreux artistes. Bibliographie et références: - Sophocle, "Antigone" - Sophocle, "Œdipe à Colone" - Euripide, "Les Phéniciennes" - Philostrate, "Galerie de tableaux" - Sénèque, "Les Phéniciennes" - Hygin, "Les Fables" - Jean de Rotrou, "Antigone" - Jean Racine, " La Thébaïde" - Jean Cocteau, "Antigone" - Jean Anouilh, "Antigone" - Bertolt Brecht, "Antigone" - Pierre Brunel, "Dictionnaire des mythes littéraires" - George Steiner, "Les Antigones" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 04/05/20
Fille d'Anou ou de Sin, sœur de Shamash et d'Ereshkigal, la reine du monde souterrain, Isthar était la grande divinité du Proche-Orient, la parèdre des dieux ou leur courtisane, la déesse de la reproduction. Primitivement divinité agraire, liée au rite des saisons, elle remplissait une fonction identique à celle des déesses mères des dieux de la fertilité, dont la descente dans le monde souterrain symbolisait le sommeil hivernal de la végétation. On la considérait aussi comme la maîtresse de ces régions infernales, qui provoquait disputes et querelles parmi les humains. Amoureuse du dieu des moissons Tammuz, à l'origine son fils, dieu de la végétation et des moissons, elle provoque sa mort, comme l'Aphrodite grecque celle d'Adonis, puis descend aux enfers supplier sa sœur Ereshkigal de lui rendre son amant. Mais celle-ci l'emprisonne et la frappe des soixantes maladies infernales. Ea, à la demande de Shamash et de Sin, envoie Asushu-Namir, l'hermaphrodite la délivrer à l'aide de paroles magiques et d'une aspersion d'eau de vie, que l'on retrouvera plus tard dans le rite du baptême. Elle repasse les sept portes du monde souterrain et revient sur terre. Cette légende, racontée sur un document cunéiforme, est commune aux Grecs, Perséphone et aux Mexicains, Quetzalcoatl. Par analogie, elle devint la déesse de l'amour et de la mort, à l'instar des plantes se reproduisant par la graine, qui meurent pour renaître. Particulièrement vénérée dans toute l'Assyrie et à Babylone, en Phénicie sous le nom d'Astarté, en Akkadie sous celui d'Innanna, elle reparaît chez les Grecs sous les traits d'Aphrodite. À Ninive, elle était considérée comme la déesse de la guerre, figurée debout dans un charriot tiré par sept lions, tenant un arc, tandis qu'à Erech, elle était la déesse de l'amour, voluptueuse et tendre, mais capricieuse et irascible. À Sumer, où elle personnifiait la planète Vénus en tant qu'étoile du matin, elle était considérée aussi comme une déesse guerrière représentée armée d'un arc, et étoile du soir, incarnation de l'amour et du désir. On a vu en elle le prototype de la femme fatale, capricieuse et capable des pires violences envers les dieux qui bénéficièrent de ses faveurs. En Occident, on la représentait portant un anneau à la main gauche et tenant un calice dans la main droite, parfois armée comme Minerve, attributs symbolisant la continuité de la vie, la puissance de l'eau, du lait, du sang ou du soma, telle la boisson donnée à Tristan par Iseult. Les sources mésopotamiennes nous présentent une image déconcertante et apparemment contradictoire de la déesse Ishtar. D'un côté, elle était l'auguste Reine des Cieux assise sur un trône avec une bordure d'étoiles et était appelée “Ishtar des Étoiles", la Reine des reines, la Dame des dames, la Déesse des déesses, la Très-Haute, et la Maîtresse des pays. Elle était la Créatrice des dieux et de l'humanité, la Mère des hommes, la Mère compatissante de celles qui donnent naissance. Elle était la Pure, la Sainte, l'Innocente, la Sage et la Fille vierge de la Lune ou “Ishtar de la Sagesse", une épousée voilée, dont la caractéristique primaire était la pureté, la chasteté, la prudence, la sagesse et la très grande beauté. Depuis les temps les plus anciens, ses épithètes constantes étaient "Sacro-sainte" et "Vierge". Elle était associée à la planète Vénus et sa représentation symbolique la plus courante était l'étoile à huit branches. Dans l'iconographie assyrienne, elle est souvent représentée comme une figure féminine entourée par une forte luminosité. Par ailleurs, elle apparaît aussi comme une sorcière, une prostituée et une maquerelle à la tête d'un troquet ou d'un bordel. Dans la VI ème tablette de l'Épopée de Gilgamesh, elle est à la tête d'une armée de prostituées et approche Gilgamesh en femme séductrice, charnelle, brûlant pour le beau héros. Ailleurs, elle est comparée à la démone Lilith. On doit souligner, cependant, qu'une image aussi négative de la déesse est totalement absente des inscriptions royales assyriennes, qui soulignent chaque fois sa sainteté, son caractère noble et ses aspects maternels, en nous la présentant comme une vierge belliqueuse qui court sus aux ennemis du roi assyrien. Ses symboles et attributs étaient multiples et incluaient la tourterelle, l'arc, la conque, l'utérus, la tour-ziggourat, l'arc en ciel, l'étoile à huit branches, le croissant et la pleine lune, la vache qui allaite, la vache sauvage à cornes, le cerf, le lion, le palmier, la grenade et plusieurs autres. À la période impériale, toutes les déesses étaient mises en équivalence avec elle, et elle recevait de nombreux noms et avait un culte dans de nombreux endroits. Ses nombreux noms étaient des appellatifs qui évoquaient des aspects ou des variétés de cette déesse universelle. La multiplicité et la nature controversée d'Ishtar était déjà complètement réalisée dans l'Antiquité et était partie intégrale et intentionnelle de son image. La clef de l'essence de la Déesse se trouve dans le petit corpus des oracles prophétiques assyriens, où on lui voit jouer deux rôles, en apparence distincts mais en relation étroite: celui de la mère céleste du roi assyrien et celui de la déesse oraculaire assyrienne par excellence. La relation mère-enfant entre la déesse et le roi, implicite dans chaque oracle du corpus, est élaborée à travers un ensemble d'images et de métaphores qui soulignent la totale dépendance du roi de sa mère divine et l'ardent désir de cette dernière pour son enfant. De façon plus banale, le roi est représenté comme un enfant, élevé, et protégé par la déesse, qui tantôt apparaît comme sa mère, tantôt comme sa nourrice, et qui l'appelle tendrement "mon petit veau" ou "mon roi", tandis qu'elle attaque férocement ses ennemis. Il y a toutes raisons pour croire que cette imagerie de mère/enfant n'était pas que simple métaphore. Nous savons que les princes assyriens étaient confiés, encore enfants, aux temples d'Ishtar, presque certainement pour être allaités et élevés par des hiérodules qui incarnaient les aspects maternels de la Déesse. La Mère divine du roi, Mullissu, était Ishtar sous son aspect de Reine des Cieux, la Créatrice des Dieux et des êtres vivants. Son nom signifie à l'origine "Enlil-femelle" mais, à l'époque impériale, elle a certainement été réinterprétée comme "Celle qui sanctifie". Dans beaucoup d'inscriptions royales assyriennes, Mullissu porte l'épithète de "Vache sauvage". Cette épithète la marque comme la mère du roi assyrien attaquant férocement les ennemis de son fils, mais l'associait aussi avec la mère de Gilgamesh, la sage et sainte Ninsun, qui portait la même épithète. Au même moment il la mettait en relation, du fait des cornes de la vache avec le croissant lunaire, et l'identifiait ainsi avec la chaste et virginale "Fille de la Lune", "l'aspect lunaire d'Ishtar aussi connue comme "Ishtar de la Sagesse". Reconnaître en Mullissu/Ishtar l'équivalent assyrien du Saint-Esprit aide à comprendre son rôle éminent comme déesse oraculaire dans la prophétie assyrienne; comme le Souffle de Dieu donnant vie à la création et animant tous les êtres vivants; elle était l'Esprit de Dieu résidant dans les prophètes et autres personnes sacrées et parlant par leur bouche. Le rôle central joué par la prophétie extatique dans le culte d'Ishtar rend en fin de compte possible de comprendre pourquoi elle était représentée comme une prostituée, un rôle diamétralement opposé à celui de la Reine des Cieux. Ces deux rôles contradictoires de la déesse étaient fondamentaux pour le culte d'Ishtar et son fondement doctrinal, le mythe de La Descente d'Ishtar aux Enfers. Dans son essence, le culte d'Ishtar peut être défini comme un culte ésotérique à mystères promettant à ses dévots un salut par transcendance et une vie éternelle. Comme le Tantrisme de Shakta, le culte extatique de la déesse mère hindoue, il a une cosmogonie sophistiquée, une théosophie, une sotériologie et une théorie de l'âme, qui étaient cachés aux gens exotériques par le voile des symboles, métaphores et énigmes qui n'étaient expliqués qu'aux initiés, lesquels étaient astreints au secret par serment. Mais Ishtar ne faisait pas que subsumer toutes les déesses. Sous son aspect céleste de Reine du Ciel et progénitrice des Dieux, elle englobait aussi tous les dieux mâles et leurs pouvoirs. L'idée sous-tend tout le récit métaphorique du déshabillage et du rhabillage de La Descente d'Ishtar et elle se présente dans d'autres symboles centraux de la Déesse, tel l'Arc-enciel, qui la décrivait comme la convergence des couleurs des sept dieux planétaires, et l'Arbre sacré, symbolisant l'Âme Parfaite comme une somme des pouvoirs de l'Arbre. Issu du Dieu transcendant, il était partie de son ineffable essence divine, comme les rayons du soleil issus de leur source inépuisable. Ishtar était Assur lui-même, manifesté sous son aspect de divin Amour sous-tendant toute existence. Cela explique les nombreux points de contact de la religion assyrienne avec le Christianisme, le Judaïsme, la Gnose et le Néoplatonisme. Ces systèmes religieux et philosophiques ont perpétué les idées théologiques fondamentales qui ont pris forme dans l'empire assyrien et ont été propagées vers l'ensemble du Proche-Orient pendant plus de sept-cents ans. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 02/05/20
Le 2 décembre 1814, au soir, Sade expirait. De son vivant pourchassé, maudit, persécuté, engeôlé durant près de trois décennies, le marquis et son œuvre furent-ils mieux traités depuis deux siècles? Censuré, psychanalysé, biographié, disséqué, théâtralisé, pléiadisé, le voilà désormais produit-dérivé. Un descendant, mercantile, peu scrupuleux de la postérité de la création littéraire de son aïeul, écoule un brandy "Divin marquis". L’époque est à la vulgarité; l’obscénité tient sa part. Quant à lire Sade, c’est suranné, trop long, fastidieux. Et cette manie aussi de tout mélanger, sexe et pensée, au prétexte de littérature. Jean-Jacques Pauvert fut le premier à oser publier Sade sous son nom d’éditeur. Grâce lui soit rendue. Balançant entre le clair et l'obscur, désormais, il faut faire avec l'écrivain. Il a maintes fois été écrit que Sade, poussant la fureur à son point d’incandescence, déchiquetant les corps à coups de plume, au risque d’effacer les âmes, prophétisait l’Holocauste. Ce que Dante a décrit dans son terrible poème, l’auteur des 120 Journées de Sodome savait que l’homme le réaliserait. Sade a pensé et a commis les plus atroces supplices que l’esprit puisse engendrer. Il s’est livré à l’autopsie du mal. Sans doute est-il vain de spéculer pour déterminer si Sade voulait prévenir du malheur ou l’appelait de ses vœux. Il faut avoir le cynisme de Céline pour prétendre, a posteriori, qu’il ne voulait, dans "Bagatelles pour un massacre" (1937), "qu’éviter aux hommes les horreurs de la guerre." Qu’importe les intentions de Sade. Annie Le Brun, exploratrice de l’homme et de son œuvre a établi le constat: "La pensée de Sade a son origine dans l’énergie des pulsions". Les objections sont connues: "fumisterie anachronique", "délire d’interprétation." Sade a poussé le libertinage aux extrêmes de la légalité en commettant d'odieux actes sur mineurs naïfs ou "achetés." Prétendre le contraire serait une contre-vérité historique. Mais fallait-il pour cela censurer son œuvre ? De Louis XV à Napoléon, il fut incarcéré sous tous les régimes. Le blasphémateur, le dépravé, le révolutionnaire, le politique, toutes les figures qu’il incarna furent opprimées. Dans ses écrits, Sade n’a cessé de revendiquer avec passion la primauté de la Raison, au sens du XVIII ème siècle. L’athée, auteur du "Dialogue entre un prêtre et un moribond" taille la religion en pièces, appelle à la sédition anticléricale. Robespierre voudra le lui faire payer de sa vie avant, tout juste, de perdre lui-même la tête. Sade, libérateur, dans ses discours en damnés devant la section des Piques, la plus virulente de la Révolution, réclame l’abolition de la monarchie. Il le répète, encore, dans le fameux appel public, "Français, encore un effort si vous voulez être républicains", de même qu’il y prône la liberté des mœurs et la dissolution de la famille comme institution. Trop vite, certains réduisent le programme au discours d’un anarchiste. Rien n’est plus faux. Sade milite pour le bien commun, au sein d’une société respectueuse de chacun éclose dans un État digne. Tôt, il embrasse et théorise ce projet politique. Novembre 1783, emprisonné au donjon de Vincennes, Sade écrit à son épouse Renée Pélagie: "Ce ne sont pas les opinions ou les vices des particuliers qui nuisent à l’État; ce sont les mœurs de l’homme public qui seules influent sur l’administration générale. Qu’un particulier croie en Dieu ou qu’il n’y croie pas, qu’il honore et vénère un putaine ou qu’il lui donne cent coups de pied dans le ventre, l’une ou l’autre de ces conduites ne maintiendra ni n’ébranlera la constitution d’un État." La corruption des puissants, voilà l’ennemie: "Que le roi corrige les vices du gouvernement, qu’il en réforme les abus, qu’il fasse pendre les ministres qui le trompent ou qui le volent, avant que de réprimer les opinions ou les goûts de ses sujets!". Et Sade met en garde, à défaut, ces sont "les indignités de ceux qui approchent le Roi qui le culbuteront tôt ou tard." Faut- il, là encore, attendre passivement que la prophétie sadienne se réalise? Elle semble en passe de l’être. de Sade. La réduire à une lettre "dégoutante" est une erreur. L’ignorer est une faute. Il n’est pas trop tard. Dès 1909, le poète, qui avait bien lu, nous livrait le message d’espoir, évoquant deux emblématiques personnages sadiens: "Justine, c'est l’ancienne femme, asservie, misérable et moins qu’humaine; Juliette, au contraire, représente la femme nouvelle que Sade entrevoyait, un être dont on n’a pas encore idée, qui se dégage de l’humanité, qui aura des ailes et qui renouvellera l’univers." Sade a rédigé son œuvre à un rythme impressionnant, écrivant cinq à six pages par jour, comme le suggèrent les dates de début et de fin de rédaction de ses textes présentes en marge. De nombreuses ratures, des passages entièrement repris, des ajouts en interligne montrent un travail de réécriture constant du texte. Dans le dernier cahier, après trois années de travail, il rédigea le "catalogue" de ses œuvres. Si les plus subversives, à commencer par le manuscrit clandestin des 120 Journées n’y apparaissent pas, il recense tout de même, au feuillet 451, pas moins de cinquante nouvelles, écrites sur vingt portefeuilles cartonnés. Relâché le 2 avril 1790, Sade emporta avec lui ses papiers de prison, mais il oublia ou perdit deux de ses portefeuilles dans son déménagement. Il n’hésita pas à écrire au lieutenant général de police pour se plaindre de cette perte. Sade pensait probablement déjà à faire publier ces œuvres, et il envisagea différents titres: "Contes et fabliaux du XVIII ème siècle par un troubadour provençal" puis "Portefeuille d’un homme de goût." En juillet ou août 1800, plusieurs de ces récits rédigés par Sade en prison, ainsi que quelques nouvelles compositions, parurent finalement en quatre volumes sous le titre des" Crimes de l’amour", chez l’imprimeur-libraire Massé. Entre sa publication et son entrée dans les collections patrimoniales de la Bibliothèque nationale, le destin de ce manuscrit demeure mystérieux. Fut-il, comme ses autres papiers, confisqué par la police au moment de son arrestation, en 1801 ? Est-il passé entre les mains d’un admirateur lettré qui aurait pu désirer s’approprier ou collectionner les papiers du marquis ? La date de son arrivée au département des Manuscrits reste énigmatique. Son identité demeure inconnue. De nombreux textes ont été, à un moment ou à un autre, saisis par la police, et ont échappé de peu à la destruction, sous le Consulat, la Restauration et la monarchie de Juillet. La Police obéissait scrupuleusement aux ordres politiques. Louis Philippe ordonna la destruction du manuscrit du "Délassement du libertin". Le fils du marquis de Sade, Armand (1769-1847), ayant appris l’acquisition faite par la bibliothèque, avait tenté d’atteindre le roi Louis-Philippe. La demande, ou supplique, adressée au très puritain roi des Français devait certainement invoquer des notions d’honneur et de morale, le fils du marquis étant prêt à tout pour faire détruire les écrits de son père et tenter d’échapper à la mauvaise réputation paternelle. Protège-moi de ma famille, mes ennemis, je m'en charge. La décision radicale de brûler cette œuvre, qui avait été prise par le roi lui-même, devait finaliser tout un processus de censure de l’œuvre de Sade, le manuscrit ayant déjà été acheté dans le but avoué de le soustraire aux regards. C’est à Champollion-Figeac que l’on doit le sauvetage in extremis des "Crimes de l'Amour." Le dernier cahier des Journées de Florbelle, dérobé en 1825, échappa ainsi au triste sort que connut le reste du manuscrit, lui aussi détruit à la demande d’Armand de Sade, et qui faillit, comme le raconte plaisamment Jean Tulard, mettre le feu à la préfecture de police lors de son autodafé. Les cahiers des "Délassements du libertin" et des "Crimes de l’amour" furent peut-être eux aussi volés à ce moment, comme, les cahiers manuscrits de "Juliette." D'abord réservé à quelques amateurs proches du préfet de police, puis réputé détruit durant près d’un siècle, le cahier des Journées de Florbelle resta caché jusqu’à la fin du XIX ème siècle. Les membres du gouvernement, qu’il s’agisse de Fouché, voire de Bonaparte, étaient donc parfaitement informés des agissements de Sade, connu comme délinquant littéraire depuis des années. La police savait qu’il venait tout juste de finir l’impression de Juliette, et qu’il travaillait déjà à une nouvelle version de Justine. Le jour de son arrestation, Sade espéra sans doute, en se faisant passer pour un copiste travaillant à recopier les récits des autres, calmer le zèle de la police, voire peut-être éviter la saisie de ses papiers. C’était sans compter sur l’imprimeur-libraire Massé, qui révéla à la police l’emplacement où avaient été dissimulés les volumes fraîchement imprimés de Juliette en échange de la liberté. Aujourd’hui encore, les éditions complètes des dix volumes de "l'Histoire de Justine", de "l’Histoire de Juliette", avec leurs cent gravures, sont excessivement rares. S’il ne consulta sans doute pas le manuscrit confisqué, Napoléon eut probablement un exemplaire imprimé entre les mains. À Sainte-Hélène, il raconta en effet avoir un jour parcouru "le livre le plus abominable qu’ait enfanté l’imagination la plus dépravée", sans pouvoir pour autant se souvenir du nom de son auteur. ?Il finit par entrer dans la collection Rothschild, et fut relié dans un recueil d’échantillons d’écriture et d’autographes des plus grands écrivains du XVIII ème siècle: entre Rousseau, Voltaire et Choderlos de Laclos, Sade a finalement trouvé sa place parmi les auteurs de son temps, avant de rejoindre les collections de la BNF, en 1933. Écrivain libertin talentueux, ou fieffé scélérat débauché, Sade brille, dans sa tentative désespérée, de mettre à bas, en tant qu'esprit libre et vagabond, un ordre social et religieux, en déclin à la fin du XVIII ème siècle. Son œuvre, inspirée d'une conscience matérialiste de l'infini, déshumanisant les corps, explore les abîmes sombres de l'âme. Il demeure un grand auteur, capable de nouveauté et d’audace, plaçant la littérature à la hauteur de son exigence. Bibliographie et références: - Henri d’Alméras, " Le marquis de Sade, l'homme et l'écrivain." - Donatien-Alphonse-François de Sade, "L’Œuvre du marquis de Sade." - Emmanuel de Las Cases, "Mémorial de Sainte-Hélène." - Annie Le Brun, "Les Châteaux de la subversion, suivi de Soudain un bloc d'abîme." - Annie Le Brun, "Sade: "Attaquer le soleil." - Annie Le Brun, "Préface à Jean-Louis Debauve, D.A.F. de Sade, lettres inédites et documents." - Annie Le Brun, "Sade, aller et détours" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 02/05/20
L’ér?s entre femmes était-il différent de l’ér?s entre hommes en Grèce antique ? Hors de la nécessité de domination typique des sociétés patriarcales, les femmes grecques auraient connu des rapports érotiques où la réciprocité était absolue et l’affection véritable. Alcman, poète spartiate du VII siècle, composait des poèmes destinés à des chœurs de jeunes filles. Celles-ci chantaient leur admiration et leur élan érotique pour plusieurs figures féminines. L’élan érotique se formulait selon une situation exactement inverse à ce que l’on trouve dans les poèmes érotiques dits pédérastiques. La personne qui occupait une position supérieure était représentée comme l’objet du désir de celles qui lui étaient inférieures. Au yeux des hommes, la jeune fille était toujours objet du désir. Le cas des poèmes de Sappho est différent, car certains d’entre eux supposaient un auditoire complétement féminin. L’existence d’une asymétrie dans l’ér?s est essentielle pour comprendre les strophes où Sappho n’est pas protagoniste du rapport érotique, mais simplement assiste à un lien entre deux femmes. Il est essentiel d’utiliser ici le terme de "femmes", car l’idée que les amies, les "phílai" de Sappho étaient toutes des jeunes filles est un préjugé contemporain ou une surinterprétation littéraire. L’interprétation qui va dans le sens d’une réciprocité totale n’implique cependant pas la symétrie: la philót?s est un type de relation qui suppose une réciprocité souvent asymétrique. Si un paîs masculin ou féminin peut non seulement recevoir les dons de l’amant mais aussi donner sa cháris, si un paîs peut chercher son amant et le désirer, un rapprochement entre la philót?s érotique et le rapport de compagnonnage, l’hetaireía, pourrait être significatif: l’hetaireía, en effet, n’est rien d’autre qu’une déclinaison de la relation de philót?s. L'hétaïre étant une compagne ayant reçu une éducation supérieure. Or, un des rapports considéré comme paradigmatique du compagnonnage guerrier, celui entre Achille et Patrocle, montre que la réciprocité entre les deux partenaires ne se base pas sur une égalité d’âge ou de statut social: Patrocle, qui est le serviteur d’Achille et a même peur de lui, est plus âgé qu’Achille, mais inférieur en ce qui concerne la force. La condition de supériorité, pourtant, n’empêche pas Achille de faire cesser sa colère pour venger la mort de son compagnon Patrocle, lui qui émet le souhait d’un tombeau commun avec son phílos hetaîros. Les Grecs anciens ne se définissaient pas personnellement en fonction d’une sexualité, le sexe de la personne désirée n'était pas un critère pour définir et catégoriser un individu. Ils n’ont jamais considéré que pouvaient être regroupées dans une même catégorie d’individus des personnes, hommes et femmes, de tous statuts (citoyens, étrangers, esclaves), de toutes origines et de tous milieux sur le simple critère qu’ils étaient attirés par des personnes de l’autre sexe, ou sur le critère d’une attirance pour des personnes du même sexe. L’étude des textes montre clairement que la première distinction perçue par les Anciens n’est pas celle du sexe mais celle qui oppose les individus libres à ceux qui ne le sont pas, ceux qui disposent de leur corps et ceux dont le corps appartient à un maître, à savoir une très importante proportion de la population, la population servile. De façon générale, quand les Grecs évoquaient les "ándres" ou "gynaîkes", ils désignaienr uniquement la population citoyenne, ou au mieux les individus libres (citoyens, affranchis, métèques, étrangers): de ce fait, ces termes n’ont pas le même sens qu’ont, aujourd’hui, les mots, hommes et femmes. l’hétérosexualité et l’homosexualité, en tant que telles, n’existaient pas dans l’Antiquité. En Grèce ancienne, le caractère désirable d’un corps n’était pas lié à son sexe mais à son statut. Solon, poète et législateur athénien du vie siècle, apporte des indications sur les perceptions grecques des âges de la vie d’un homme libre. Malgré la subdivision arbitraire de la vie humaine en périodes de sept ans, on y peut distinguer cinq moments: l’enfance, quand le paîs n’est pas pubère; l’adolescence, caractérisée par une condition éphémère, car la "fleur" de la peau change et les joues se couvrent de poils; la jeunesse adulte, quand l’homme de vingt et un ans devient néos et n’est plus n??pios, car il est au sommet de sa force et vertu; la maturité, quand l’homme est formé, qu’il se marie autour des trente ans et qu’il a acquis la prudence; enfin, la vieillesse, quand la personne a perdu sa force, mais se trouve au sommet de la sagesse. Cette subdivision ne s’adapte pas aux femmes: chez elles, en effet, on trouve l’enfance; la nubilité (parthenía), qui dure plus ou moins quatre ans et qui est caractérisée par le désir érotique que la jeune fille suscite; la condition, très brève de jeune épouse (nýmph?), qui n’a pas encore enfanté; celle de femme adulte (gyn??), qui est désormais devenu mère; la vieillesse, quand la femme a perdu la possibilité d’enfanter. La future épouse, ainsi, est donnée en mariage par son père ou son tuteur, parfois promise très tôt et avant même que la cérémonie du mariage (le gámos) ne soit célébrée. Enfin, les jeunes filles pouvaient être mariées avant d’avoir leurs premières menstruations. Une question se pose alors: cette asymétrie dans l’âge du mariage fait-elle des hommes mariés des individus aux penchants pédophiles ? Tout le monde percevra l’anachronisme de cette question. Pourtant son équivalent pour les relations sexuelles entre hommes a souvent circulé, preuve que les regards vers le passé sont toujours informés de codes moraux du présent. L’âge du jeune homme n’est pas un critère qui le constituerait comme un partenaire sexuel interdit, car vulnérable; au contraire, sa jeunesse en fait un partenaire privilégié. Le consentement du paîs à la relation est recevable et son amant n’est de ce fait pas un violeur ni un pervers mû par des désirs inavouables. Si, par ailleurs, cette personne joue un rôle dans la formation du jeune homme et s’il est de noble famille, et de bonne réputation, la relation n’en est que plus valorisée. Ainsi, dans le Banquet de Xénophon, le riche Callias, amoureux du jeune Autolycos, invite son aimé et son père à la soirée qu’il organise dans sa maison du Pirée, qui accepte bien volontiers. Nous voilà loin des cadres contemporains de la sexualité surveillée des mineurs. Dans les représentations des historiens, les femmes incarnent aussi le sexe faible par excellence. Faibles parce que sans aucune force physique: Cyrus promet de rendre le fleuve Gyndès si faible que même les femmes pourraient le traverser aisément sans se mouiller les genoux (Hérodote). Le féminin est aussi associé dans les représentations historiographiques à des caractéristiques physiques précises: peau claire, épilation, vêtements, bijoux, maquillage. La lubricité et la recherche excessive des plaisirs du corps ne conviennent donc pas à l'homme viril, l'historiographie comme l'ensemble de la littérature grecque montrent bien que ces vices sont bel et bien féminins. Selon la tradition misogyne grecque, remontant à J'époque archaïque et représentée notamment par les poètes Hésiode et Sémonide d' Amorgos, la femme est un être insatiable, un "ventre creux", constamment affamé de nourriture et de sexe. C'est pourquoi, d'une part, avoiIr une femme à la maIson, c'est cohabiter avec Faim ou Famine. Ces femmes soumises à une libido démesurée se retrouvent de même dans la comédie ancienne, qui regorge de ces représentations de femmes lubriques et ivrognes. Celles qui par exemple, chez Aristophane, planifient de faire la grève du sexe pour rétablir la paix dans la cité, ont peine à s'imaginer devoir vivre en se "privant de verges." La liste des malheurs subis par les femmes, quel que soit l'historien et quelle que soit l'époque, met en lumière la position objectivée de toutes ces femmes face aux entreprises des hommes, quel que soit leur niveau social. Le féminin considéré comme genre ou symbole évoque, en accord avec la vulgate littéraire, mythique ou philosophique, l'idée de lâcheté, de faiblesse, de démesure ou de violence incontrôlée. Enfin, si les vices associés au féminin semblent permanents d'un historien à l'autre, il en va de même pour les vertus dites féminines. Les historiens attribuent tous aux femmes des qualités qui leur sont propres. Mais cet idéal fait de modestie, de dévouement et de soumission impliquait que les femmes ne sortent pas de la sphère d'activité qui leur est dédiée, de l'univers domestique et familial. La femme était considérée vertueuse si elle possèdait ces qualités et si elle se conformait au rôle qui lui était attribuée. Bibliographie et références: - Callimaque, "Hymnes" - Déméter, "Les Hymnes homériques" - Foucault M, "L’invention de l’hétérosexualité" - Hérodote, "Histoire" - Hésiode, "La Théogonie" - Homère, "Odyssée" - Homère, "L’Iliade" - Pausanias, "Description de la Grèce" - P. Chantraine, "Dictionnaire étymologique de la langue grecque" - Platon, "République" - Platon, "Le Banquet" - Plutarque, "Vie de Sappho" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 01/05/20
L'ombre peu à peu avait envahit la cave. Charlotte n'arrivait plus à distinguer la fissure dans le plafond à laquelle elle avait fixé son regard. La position dans laquelle elle s'était elle-même figée depuis près d'une heure commençait à la faire souffrir. Passaient encore les fourmillements dans les jambes et les bras attachés. Elle en avait l'habitude maintenant. En remuant les doigts, en bougeant les pieds, elle arrivait toujours à relancer la circulation du sang. Le plus insupportable, c'était cette douleur, à l'articulation des cuisses. Elle avait fait preuve de trop de zèle, tendant les chaînes au maximum de ce que lui permettait l'écartement de se ses jambes. De part et d'autre de son visage, ses genoux touchaient presque les barreaux. Elle avait aussi trop serré le bas. Il lui distendait les lèvres comme le mors d'un cheval. De temps à autre enfin, il lui fallait empoigner les barreaux pour soulager ses bras de la tension dans laquelle ils étaient soumis. Que faisait donc Xavier ? Dans la rue, les lampadaires s'allumèrent les uns après les autres. Leur lueur orangée innonda la cave. Le cœur de Charlotte s'emballa: toute à son excitation. Et s'il avait décidé de ne pas venir en lui jouant un tour cruel, celui de charger le hasard de choisir celle ou celui qui la découvrirait ainsi harnachée, nue et enchaînée. Mais non, c'était impossible, il l'aimait. Charlotte se sentait en danger constant, tant la curiosité des visages la dévorerait, et qu'elle serait fouettée par l'un ou par l'autre, non pas à la vérité qu'ils s'en aperçurent mais sans doute chaque fois qu'ils auraient eu envie de l'humilier ou de la posséder. Et si, il avait encore eu l'envie de l'offrir à des inconnus. Charlotte avait beau tenter de rejeter de toutes ses forces cette idée, celle-ci la tenaillait et ne la lâchait plus. C'était cela, Xavier voulait l'offrir. Il leur avait dit qu'ils trouveraient là une jeune femme, esclave sexuelle, qui n'atteignait le plaisir qu'en donnant vie à ses fantasmes. Elle mimait la résistance, mais c'était pour mieux en jouir. N'avait-elle pas elle-même avoué qu'elle affectionnait particulièrement l'idée du viol ? Des pas retentirent dans le couloir. Elle cessa de respirer. Une clé tourna dans la serrure. La porte s'ouvrit. Charlotte distingua une silhouette dans l'ambrasure. La lumière l'aveuglait. C'était Xavier mais il n'était pas seul. Celle qui l'accompagnait, les mains sur las hanches, la considérait d'un oeil narquois. C'était une jolie fille élancée à la peau bronzée. Son bustier en lamé noir, son short ultracourt sur des bas résilles et des cuissardes à hauts talons ne laissaient planer aucun doute: une pute. Xavier avait amené une putain. Hébétée, Charlotte portait alternativement son regard de l'un à l'autre. Il l'évitait avac soin. Lui tournant le dos, il alla jusqu'à la fenêtre de la cave et, les mains dans les poches, observa la jeune femme en attendant qu'elle se soit déshabillée. Toisant Charlotte, à sa merci, nue et attachée, elle fit glisser son string le long de ses cuisses. Elle avait des jambes longues et musclées; en bas de son ventre, son pubis lisse se distinguait à peine, velours nacré sur la chair hâlée. Lorsqu'elle dégrafa son étroit bustier, ses seins comprimés en jaillirent comme des fauves. Tout en elle dégageait une étrange impression de sauvage énergie, d'animalité indomptée, jusqu'à sa machoire figée en un rictus menaçant contre laquelle dansaient des boucles d'oreilles en longs losanges effilés et cette queue-de-cheval haut placée sur la tête à la manière des Amazones d'autrefois. Elle se coucha en travers du lit, les mains derrière la nuque. - Tu viens, mon chéri ? minauda-t-elle. Xavier se débarassa de ses vêtements. Lorqu'il s'approcha du lit, Charlotte remarqua qu'il ne bandait presque pas. - Fais ton job, dit-il à la putain. Elle empoigna le pénis d'une main, passa l'autre sous les testicules, comme pour évaluer leur poids. - Allez, je suis sûre que t'as là-dedans de quoi m'en foutre partout. Abasoudie de surprise, Charlotte regardait sans réagir la main de la jeune femme solliciter avec adresse le sexe de Xavier dont l'érection se faisait de plus en plus puissante. Ses lèvres gobèrent le pénis tendu. Xavier, les yeux clos, serrait les dents. Pendant quelques instants, il n'y eut plus dans la cave que les bruits de succion de la fille et le cliquetis des chaînes dans lesquelles Charlotte commençait à s'agiter. La prostituée prit la pose pendant que Xavier enfilait un préservatif. Lorsqu'il la pénétra, elle poussa alors un gémissement de plaisir. Même en se tordant le cou, Charlotte ne pouvait pas les voir mais elle les imaginait aisément. Ondulations élastiques, mouvements synchrones, halètements convenus. Tout cela l'écoeurait. Elle renversa la tête sur l'oreiller. Pourquoi Xavier lui avait-il seulement demandé de s'attacher et de se bâillonner ? Pourquoi ne lui avait-il pas également permis de se bander les yeux ? Quelle perversité était la sienne pour vouloir lui imposer un tel spectacle ? Elle tressaillit. Des doigts venaient de se poser sur son sexe. On voulait aussi qu'elle participe à la fête des sens avec une putain. Relevant la tête, elle distingua une main, qui commença à la fouiller entre ses cuisses. Déjà des doigts hargneux s'engageaient en elle. D'autres cherchèrent à écarter le passage de ses reins pour forcer son anus. Elle se débattit autant que lui permettaient ses liens, voulut crier mais ses cris s'étouffèrent dans sa gorge. Xavier ne voyait rien. Il n'entendait rien. Il continuait de défoncer la putain qui, gémissant fort pour couvrir les plaintes assourdies de sa prisonnière, répercutait chaque coup reçu au fond du ventre de Charlotte. Elle était là, attachée sur un lit, à entendre l'homme qu'elle aimait s'acharner sur une inconnue qui lui faisait payer le prix de sa fureur. Xavier enfin donna les ultimes coups de reins. La putain abandonna aussitôt Charlotte et feignit un orgasme démesuré. Il se releva et jeta sur le lit une pelotte de ficelle et alla prendre une chaise qu'il disposa près du lit. - Tu sais ce qu'il te reste à faire, tiens voilà les clés des menottes et des cadenas. Termine ton job et casse-toi. Le ton de la voix n'admettait aucune réplique. La prostituée se contenta de hausser les épaules tout en tassant ses seins dans son bustier. Charlotte cherchait en vain à capter le regard de Xavier. Elle essayait de comprendre. Quel job la fille devait-elle donc terminer ? Pourquoi ne la détachait-il pas lui-même ? Mais il gardait les yeux fixes. Son visage marmoréen n'exprimait qu'une grave détermination. Elle le vit s'asseoir sur la chaise, de lui-même se passer les mains derrière le dos et, d'un léger mouvement de la tête, donner à la pute l'ordre de commencer. En soupirant, celle-ci déroula une longueur de ficelle et lui attacha les poignets qu'elle fixa ensuite solidement au dossier. De la même façon, elle lui entrava les bras, les chevilles, les jambes, le torse et la taille jusqu'à ce qu'il soit totalement immobilisé, comme soudé à la chaise, le sexe lourd pendait entre les cuisses légèrement ouvertes. Charlotte vit alors la fille s'approcher à nouveau, s'asseoir près d'elle et se pencher tout contre son visage. Bientôt, elle alla s'installer entre ses jambes en les maintenant écartées en hauteur. La façon dont elle se tenait lui donnait l'air d'un étrange gynécologue. Elle la vit poser les mains bien tendues de part et d'autres de sa vulve avec une douceur inattendue. Elle sollicita les grandes lèvres pour les écarter peu à peu du bout des doigts. Leur contact, même s'il demeurait ferme, n'avait plus du tout la sauvagerie d'auparavant. Elle ouvrit le sexe offert avec soin. Charlotte ferma les yeux. Elle cherchait à se concentrer sur le plaisir que cette fille exigeait d'elle. Il devait venir. Elle devait à tout prix réussir à jouir. La putain passa plusieurs fois la langue sur ses lèvres et, tout en le maintenant ouvert, les approcha du sexe humide de Charlotte. De l'entrée du vagin jusqu'au clitoris, elle procèda à de longues succions. Étape par étape, elle aspira la chair tendre des petites lèvres, les caressant avec la langue, les frôlant parfois des dents, puis les abandonnant pour recommencer ailleurs, un peu plus haut ou un peu plus bas. Charlotte survolait la cave. Une fille, attachée et nue, était écartelée sur un lit. Une putain, également nue, la suçait. Un homme, bronzé et nu, liè à sa chaise les observait toutes les deux. De sa langue, large et souple, la pute enroba le clitoris de Charlotte, l'excita pour l'éveiller, pour l'obliger, à se redresser et à prendre de l'ampleur sous sa caresse. La chair se gonfla alors. Simultanément, des pouces elle redessinait l'entrée du vagin, en soulignant les contours humides. Un doigt s'insinua dans son anus en le dilatant peu à peu. Le viol de ce territoire interdit fit naître dans le ventre de la captive d'irrésistibles ondes électriques. Charlotte creusa alors les reins. La fille comprit l'invitation. Abandonnant la vulve, elle concentra ses caresses sur la voie étroite. Elle élargit des doigts l'anneau anal à travers lequel elle poussa profondément la langue. Lorsqu'elle eut suffisamment préparé le passage, la fille posa le pouce contre l'anus de Charlotte et l'enfonça lentement, de toute sa longueur, jusqu'à la paume. Quand il fut bien planté au fond, s'en servant comme d'un axe, elle fit pivoter sa main de gauche à droite, les doigts repliés sur l'entrée du vagin. Sans cesser son mouvement de balancier, la putain plongea sa main plus profondément dans le sexe de Charlotte, éprouvant entre pouce et doigts l'élasticité de la fragile cloison. De l'autre, elle écarta les petites lèvres pour dégager le clitoris. Puis elle se reconcentra à nouveau sur l'anus. Elle avait décidé de la pénétrer avec le poing. À l'instant même où le poignet atteignit le fond de ses entailles, Charlotte se convulsa longuement dans ses chaînes et tremblait encore lorsque la fille, s'étant rhabillée, lui détacha les mains. Malgré elle, des ondes de plaisir la parcouraient encore, comme un orage qui ne s'éloigne que peu à peu, abandonnant ça et là d'ultimes grondements. Libérée de ses liens, elle se sentait plus impuissante encore que lorsque les chaînes l'entravaient. Les larmes lui montèrent aux yeux comme un torrent. Elle se mit à pleurer frénétiquement, sans bruit mais les épaules secouées de spasme, et cela dura longtemps. Elle dut dormir un peu. Xavier dormait-il lui aussi ? Elle n'osait se tourner vers lui. Son souffle était inaudible. Pourquoi l'avait-il contraint à une telle séance ? Avait-il voulu la faire souffrir ? Rien dans son attitude n'avait pourtant trahi un quelconque plaisir à une situation si humilainte. Cela n'était donc pas un jeu, plutôt un passage obligé, un rituel auquel lui-même n'aurait pu échapper. Qu'avait-il donc voulu lui prouver ? Elle tendit l'oreille, à l'affût d'un signe de Xavier. Elle se rappela à ce moment-là qu'il avait un bâillon. Elle se leva et se précipita vers lui. Il gardait les yeux clos mais il ne dormait pas. L'enjambant, elle s'assit sur lui, les bras autour de ses épaules, les lèvres contre les siennes. Il posa le front contre sa poitrine. Elle sentait au bout de ses seins la caresse de son menton mal rasé. Charlotte sentit son pénis se dresser sous ses fesses. Elle le laissa la pénétrer là où elle avait déjà joui. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 29/04/20
Le sadomasochisme est une relation particulière dans laquelle deux partenaires s’engagent dans une relation dominant/dominé, de façon adulte et consentante et qui n'engendre aucun préjudice physique ou moral pour les pratiquants ou le public. C'est un choix individuel et libre. L'activité existe uniquement par celui qui le conçoit et par celle qui va le faire vivre, ou inversement. Aucune loi ne la régit, à part des règles de sécurité. Il y a autant de BDSM différents que d'individus qui le pratiquent. L'important est de se connaître afin de vivre au mieux ses fantasmes. Aucune pratique n'implique obligatoirement le passage à l'acte sexuel. Toutefois, il est fréquent de la voir interprétée par les participants comme un prélude érotique. Les pratiques BDSM ont un poids psychologique essentiel, voire fondamental. C'est le cas dans celles qui ont une forte dimension de soumission ou de domination liée à un statut ou une situation. Les partenaires pratiquent ces jeux afin d'obtenir, par l'exacerbation de leurs sens et de leurs fantasmes, un désir sexuel plus intense. La douleur psychologique, humiliation ou physique peut devenir souffrance. Mais la douleur devient plaisir lorsque la charge d'endorphine couvre le choc de la douleur. Ceux qui le découvrent seront toujours en quête, car dans ce cas, le désir est accru. Il ne faut pas confondre BDSM avec sadomasochisme, la dimension de douleur est nettement moins présente dans le BDSM qui se centre principalement sur l'aspect domination et la dimension psychologique. Pour certains adeptes, le plaisir sexuel se double d’une décharge d’endorphine, et la douleur plonge l’individu dans un état d’euphorie très intense. Depuis l’origine de l’homme, douleurs et plaisirs ont entretenu des rapports extrêmement ambigus. La douleur et le plaisir sont les deux faces opposées d’un même corps , tel Janus le dieu romain aux deux visages, complémentaires et sans doute indissociables des comportements humains. De nombreuses règles peuvent régir les comportements, les autorisations et interdictions des deux personnes, sous la la forme d'un contrat généralement écrit. Un journal peut aussi être tenu à jour quotidiennement. Ces engagements font partie de ce qui peut structurer une relation BDSM sans incorporer encore une fois, nécessairement des actes sexuels. Le plus célèbre des contrats est sans nul doute celui qui lie Sacher-Masoch à Mme Dunajew: ainsi Séverin s’engage-t-il, sur sa parole d’honneur, à être l’esclave de Mme Wanda Dunajew aux conditions qu’elle demande et à se soumettre sans résistance à tout ce qu’elle lui imposera. Les pratiquants BDSM affectionnent ce type de contrat qui stipule des règles précises à respecter, énonce les statuts des uns et des autres. À titre d’exemple, dans le roman "La Vénus à la fourrure": "L’esclave, anciennement libre de sa propre personne, accepte et établit qu’il veut et a l’intention de se livrer complètement entre les mains de son Maître. Le Maître accepte et établit qu’Il veut et a l’intention de prendre possession de l’esclave. Par signature de ce contrat d’esclavage, il est convenu que l’esclave donne tous les droits sur sa propre personne, et que le Maître prend entièrement possession de l’esclave comme propriété." Dans ce contexte, l’individu devient soumis, non pas parce que cet état est inscrit dans sa nature, mais parce qu’il le désire. En outre, il le devient, non pas parce qu’il n’a pas de biens propres, de nom ou de corps: il le devient justement parce qu'il a un corps et que ce corps lui appartient. Le dominant prend possession de lui et il devient sa propriété. Dès lors, le rôle de la soumise ou du soumis est défini. En ce sens, les pratiques BDSM sont transgressives car elles remettent en cause la notion juridique de personne en tant que fait fondamental du droit, c’est-à-dire qu’elles remettent en cause la liberté de jouir de sa propre personne. Cependant, c’est oublier que nous sommes dans le cadre d’un jeu de rôle et plus exactement, dans une modalisation. C’est-à-dire que la relation BDSM prend pour modèle la soumission mais lui accorde un sens tout à fait différent. Ainsi, si le contrat stipule que la Maîtresse ou le Maître prend entièrement possession de la soumise comme propriété, il précise également que, si elle sent qu’un ordre ou une punition va nettement au-delà de ses limites, elle peut faire usage d’un mot de passe convenu avec le Maître pour stopper immédiatement une action ou une punition. De même, la soumise ou le soumis peut user d’un mot de veto convenu avec son Maître pour refuser un ordre qui mettrait en péril sa vie professionnelle ou son intégrité physique. Lors d'une séance, c'est le fameux safeword qui, utilisé par la personne qui se soumet, indique au partenaire qu'il doit immédiatement et sans discussion interrompre l'action en cours, et la délivrer de toutes contraintes éventuelles aussi rapidement et prudemment que possible. La négociation des fantasmes permet donc toujours de fixer des limites, des frontières à ne pas dépasser. On ne le répétera jamais assez aux novices en soumission, le safeword est toujours à considérer comme appelant une réaction de la plus haute urgence, quelle que soit la situation, et aussi anodine puisse-t-elle paraître aux yeux de celui qui contrôle les événements. Le contrat BDSM a pour fonction de préciser que l’on ne se situe surtout pas dans une véritable relation de sadomasochisme au sens classique du terme. Dans l’univers BDSM, le contrat de soumission n’est qu’un simulacre dans le sens où masochisme et sadisme ne s’y rencontrent jamais à l’ état pur. Des individus acceptent néanmoins, pour un temps donné, d’endosser le rôle du sadique ou celui du masochiste. Le véritable sadisme n’est-il pas d'infliger une douleur non souhaitée, non espérée, non désirée ? Le véritable sadisme n’est-il pas dans l’authenticité de la souffrance ? C’est la raison pour laquelle le véritable sadisme ne fait pas en principe partie de l’univers SM. Le BDSM n’est jamais négateur de l’autre. Ni le désir ni le plaisir de l’autre ne sont ignorés. Il s’agit bien plus de trouver un consensus, de délimiter un territoire où chacun des protagonistes trouvera plaisir et satisfaction. Dès lors, de quelle manière le dominant prend-il véritablement possession du dominé ? Le contrat BDSM, formel ou tacite, est nécessaire pour amorcer la relation; il crée une rupture avec le quotidien et instaure un espace de jeu. Celui-ci n’est pas fixe mais au contraire peut varier dans le temps et dans l'espace. Il peut s’agir d’un donjon, d’un lieu privé, voire d’un lieu public. Toutefois, au-delà des décors et des situations, l’espace du jeu se focalise avant tout sur le corps de la personne dominée. Le corps devient le lieu même de l’action puisque le dominant l’utilise tel un objet et exerce une action sur lui. La Maîtresse ou le Maître accepte la responsabilité du corps et de l’esprit de la personne dominée et, tout en ne mettant pas en danger la vie de la soumise, ou du soumis, édicte des règles de comportement, comme par exemple, d'exiger d'elle ou de lui, de vivre en permanence avec des signes de soumission, ou de se faire tatouer, de percer ou de se faire percer le corps. En d’autres termes, prendre possession de la soumise ou du soumis, c’est prendre possession de ses territoires, et surtout de ses territoires les plus intimes: le corps et l’esprit. Dès lors, l’espace du jeu se décline n’importe où, n’importe quand. Même si les décors ont une importance, parce qu’ils véhiculent une certaine atmosphère, le jeu peut se dérouler dans n’importe quel lieu public, à l’insu des autres. La domination consiste alors à choisir pour l’autre, à décider de ses attitudes ou de son comportement. Le jeu sadomasochiste est également signifié dans le langage lorsque les individus conviennent d’un certain nombre de rites d’usage. Le consentement, la négociation des désirs qui précède tout contrat, mais aussi souvent l’échange des rôles entre partenaires, indiquent combien le caractère dramatique du contrat n’est qu’illusoire. En quelque sorte, la soumise ou le soumis conserve toujours la maîtrise de son corps, puisque à tout moment il peut arrêter le jeu, et nous sommes ici bien plus dans un jeu de rôle ou de masque, que dans le tragique d’une relation humaine. Les pratiques BDSM n’ont donc en principe, aucun caractère violent, tout au plus s’agit-il d’une violence canalisée, voire symbolique et toujours encadrée. Elles ne font que mettre en scène une relation de pouvoir qui ne peut être, par définition, une relation de soumission, encore moins d'esclavage. En outre, dans les relations BDSM, le pouvoir est mobile et instable. En d’autres termes, la relation de pouvoir ne peut exister que dans la mesure où les sujets sont libres. Dès lors, il importe de déterminer jusqu’à quel point les individus, dans ce contexte, sont libres et consentants et jusqu’à quel point il s’agit de relations de pouvoir jouées et non pas d’une manifestation masquée de domination masculine ou d’une intériorisation des normes caractérisant le féminin et le masculin, qui emprisonnent l’individu dans un rapport de domination sans issue. Les jeux de rôle BDSM nous interpellent, trop souvent, à plus d’un titre, par leur caractère stéréotypé. Les histoires que se racontent et que jouent les pratiquants empruntent, en effet, aux rôles traditionnels, notamment féminins et masculins, et à la représentation classique, des rôles de sexe mais en les exacerbant et en les caricaturant. Voilà pourquoi seule l'imagination de la Maîtresse ou du Maître, sans cesse renouvelée, peut assurer la pérénnité et l'épanouissement d'une relation SM. La comparaison des romans d’"Histoire d’O" de Pauline Réage et de "La Vénus à la fourrure" de Sacher-Masoch est à ce titre tout à fait significative. Dans le premier, bien que O soit une femme autonome et active, sa soumission paraît naturelle et se passe de justification. La manière dont elle vit et dont elle ressent sa soumission est exprimée, mais jamais son désir de l’être. La soumission est ici féminine. Dans "La Vénus à la fourrure", la soumission est masculine et n’a aucun caractère naturel. À l’inverse d’O, Séverin est celui qui construit sa soumission, choisit celle qui le dominera et à qui il impose un contrat qui stipule sa servitude. Ici, le soumis est celui qui dicte les règles. Si nous nous en tenons à la représentation des catégories de sexe, il est possible d’observer une reconduction de la domination masculine. Il y a une affirmation de la domination lorsqu’un homme domine et une affirmation de la soumission lorsqu’une femme se fait dominer. Il y a très souvent une illusion de la domination lorsqu’une femme domine. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il y ait une perpétuation de la domination masculine. Les relations BDSM ont ceci de paradoxal qu’elles sont l’endroit où cette domination peut être reconduite tout comme elle peut s’évanouir. Par ailleurs, il existe de véritables et authentiques cas de relation de domination féminine sur des hommes soumis. Alors que le rôle féminin et masculin ne cessent de se redéfinir l’un par rapport à l’autre, il semble que les relations sadomasochistes ne fassent que théâtraliser des rôles traditionnels figés, en les appliquant ou en les inversant. Cependant, bien que les rôles soient prédéfinis et stéréotypés, il est toujours possible de les réinventer, de composer, de créer son masque et renouer avec les jeux de l’enfance. L’individu se projette et trouve des réponses aux questions qu’il se pose inconsciemment. Il choisit d’être homme ou femme, sadique ou masochiste, dominant ou soumis. Il s’identifie et expérimente. Il peut laisser libre cours à son imagination puisqu’il est entendu qu’il s’agit d’un jeu et que les limites de chacun seront bien heureusement respectées. Il n’importe pas de chercher une explication de type pathologique à un désir de soumission ou de domination mais d’être sous le charme d’un érotisme qui peut faire exploser les rôles habituels. Toutefois, la difficulté de l’analyse des relations BDSM réside dans le fait que la relation sadomasochiste ne saurait se réduire à un jeu sexuel basé sur un contrat qui énonce les rôles et les statuts de chacun. Les individus établissent un lien avec l’autre, lien qui implique une relation humaine, source d’émotions et d’affects. Avant d’être une relation BDSM, il s’agit d’une relation entre deux individus. Lorsque l’on connaît le mode de fonctionnement de ce type (consentement mutuel, négociation des désirs, contrat), la relation BDSM laisse d’abord apparaître la complicité, la réciprocité, la connaissance de soi et de l’autre. Et, en effet, beaucoup de pratiquants évoquent un épanouissement possible dans cet univers qu’ils ne trouvent pas ailleurs, basé sur une connivence mutuelle. C'est toute la richesse du lien de domination ou de soumission. Mais parce que les pratiques BDSM sont aussi des pratiques sociales, on y trouve les mêmes travers que ceux observés dans la société, et la même hétérogénéité. Certains individus ne cherchent qu’à satisfaire leur désir sans tenir compte des désirs de l’autre. Il en va ainsi des pseudo Maîtres dominateurs qui trop souvent contactent des soumises pour assouvir un classique désir sexuel tarifié, comme des soumis qui consultent des dominatrices professionnelles pour vivre leur fantasme. Le corps de l’autre n’est alors utilisé que comme objet et ne nécessite aucune relation authentique de complicité. Comme les pratiques BDSM sont aujourd’hui plus visibles et pénètrent dans l’univers du sexe en général, certains prétendent vouloir engager ce genre de relations alors qu’ils cherchent tout à fait autre chose. Le jeu sensualiste et érotique devient alors pornographique. Les relations BDSM sont hétérogènes et ne diffèrent en rien de n’importe quel autre type de relation. On y trouve, comme partout ailleurs, des mécanismes de domination et d’appropriation de l’autre. Cependant, elles sont aussi l’endroit où un véritable échange peut s’observer. Ainsi, elles ne constituent pas plus que d’autres une entorse au respect des personnes. Comme toute relation, elles peuvent reconduire des rapports de force ou bien participer à la construction des identités. Les pratiques BDSM ne remettent donc pas en cause les principes fondamentaux du droit. Il n’y a pas un individu qui s’approprie le corps ou l’esprit d’un autre. Deux partenaires, dont l’identité est en perpétuelle construction, s’investissent dans un univers où les règles sont fixées, non seulement par le contrat, mais aussi, plus profondément, par le jeu social lui-même. C’est pourquoi ces pratiques, qui ne sont transgressives qu’en apparence, se donnent pour principe de fonctionnement, le respect mutuel et la négociation. Loin d’être sauvages, elles sont bien au contraire socialisantes. C’est paradoxalement en usant de masques, en ritualisant et en théâtralisant l’échange, que deux partenaires ont la possibilité, dans une relation SM saine, de pimenter leur sexualité, en réalisant une part de leurs désirs inconscients informulés et de s’affirmer comme personnes à part entière, consentantes et responsables. Bonne lecture à toutes et à tous. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 28/04/20
La voiture quitta la route pour s'arrêter en contrebas d'un bouquet d'arbres jouxtant une grange délabrée. Hormis quelques chants d'oiseaux et le bruissement du vent entre les feuilles, l'endroit était parfaitement silencieux. Le soleil était chaud, et l'endroit désert. Pourquoi, ne pas se laisser aller ? D'un geste, Charlotte dégrafa sa minijupe et la fit glisser le long de ses jambes en même temps que son string. Puis elle ôta son chemisier, son soutien gorge, et jeta le tout sur la banquette arrière. - Est-ce que je plais comme ça ? Minauda-t-elle. Juliette ne répondit pas, comme si elle n'avait même pas remarqué le rapide effeuillage de son amie. Pourtant, Charlotte la vit serrer les dents et presser un peu plus fort le volant entre ses poings. Enhardie par cette réaction, elle se pencha un peu et déboutonna le short de Juliette, juste assez pour que sa main puisse se frayer un passage jusqu'en bas de son ventre. Elle découvrit à tâtons un pubis parfaitement lisse, un peu plus bas encore, le léger relief intime des lèvres moites. Juliette se laissa faire quelques instants sans réagir. Brusquement, elle aggripa les cheveux de Charlotte et lui colla violemment la joue contre sa cuisse. - Ecoute-moi bien Charlotte, gronda-t-elle sur un ton abrupt, Il faut que tu saches que je n'aime pas beaucoup que l'on prenne les initiatives à ma place, tu as compris ? Charlotte acquiesça sans mot dire. Elle qui, quelques instants plus tôt, était persuadée d'avoir gagné le cœur de son amie, subissait à nouveau sa violence. Elle se sentait anéantie, ridicule ainsi contrainte et nue, mais en même temps, elle éprouvait un étrange plaisir qui l'empêchait de tenter de se dégager ou de fondre en larmes. Le sexe de Juliette était là, tout près de son visage. Elle en devinait le parfum intime. Elle l'avait touché du doigt. Elle l'avait senti humide et cela ne pouvait pas la tromper: Juliette était excitée elle aussi. Son amie relâcha sa pression qui devient caresse. Elle releva jusqu'à sa bouche les lèvres de Charlotte et l'embrassa à nouveau, plus tendrement cette fois. - Xavier ne t'a jamais emmenée ici ? Demanda-t-elle d'une voix de miel. Cet endroit appartient à l'un de mes cousins. Tu ne trouves pas cet endroit magique ? Elle demeura songeuse, appuyée contre le volant à observer les alentours. La grange, dont une partie de la toiture s'était effondrée depuis longtemps était dévorée de lierre et de chèvrefeuille. Un doux parfum de liberté et de sensualité flolttait dans l'air, enveloppant les deux jeunes corps d'un irrépréssible désir. Seul, un chemin serpentait entre les coquelicots et les fougères jusqu'aux ventaux vermoulus du portail. On le distinguait à peine derrière un groupe de jeunes sureaux indisciplinés qui en gardaient l'entrée. - Sors de la voiture, Charlotte, j'ai envie de te regarder. Charlotte obéit à nouveau. Dehors, sous les arbres, le sol moussu dégageait une odeur puissante d'humus. Elle demeura quelques instants immobile à sentir le parfum du vent tiède glissant sur sa peau. Être nue sous le feuillage, au bord d'une route de campagne, ne lui semblait en rien extravagant à cause du regard de son amie posé sur elle. Elle s'aventura de quelques pas dans la futaie. Sous la plante de ses pieds, les brindilles sèches craquelaient, tandis qu'à l'odeur fraîche de l'humus se mêlaient celles, plus entêtantes encore, des herbes chaudes et des fleurs gorgées de soleil. Tout éveillait en elle son animalité. Elle se retourna. Juliette avançait vers la grange d'un pas lent, à l'élasticité féline. Charlotte eut tout à coup le désir de posséder son amie. La prendre par les hanches et l'attirer vers elle. Caresser ses fesses, en découvrir les formes, embrasser ses seins fermes, en mordiller les aréoles brunes.Toucher son ventre chaud et lisse. Elle marcha à son tour vers la grange. Dans le fond du bâtiment, une échelle en bois menait à l'étage, une sorte de mezzanine sombre. Charlotte adora aussitôt cet endroit. Elle aimait le bruissement tranquille des arbres tout proches, la lumière dorée du soleil filtrant à travers le toit éventré, et le suave parfum d'été qui se dégageait de la paille. - J'aime bien te voir nue dans ce lieu. Elle roulèrent sans un mot sur le sol paillé. Leur envie réciproque de se posséder les transforma en lutteuses. Elles s'encastrèrent l'une contre l'autre en s'embrassant, se mordant et se griffant, seins contre seins, ventre contre ventre, en un jaillissement furieux. - Raconte-moi ce que tu ressens quand Xavier commence à nouer des cordes autour de toi demanda Juliette. Quelle sensation cela procure de se retrouver nue et vulnérable ? - J'ai peur. Et en même temps, je suis impatiente. - Il te caresse en t'attachant ? - Non, il est comme absent, On dirait un peintre occupé à préparer ses pinceaux. - Il t'a déjà fouettée ? - Non, jamais. Juliette marqua une légère pause avant de reprendre: - Et tu le regrettes ? - Peut-être, oui. Charlotte fut surprise de sa propre réponse, comme si ce n'était pas elle qui avait répondu mais une autre. Sans attendre, Juliette dit à Charlotte de se lever pour lui lier les poignets d'une épaisse corde de chanvre qu'elle attacha à une poutre, bien tendue pour l'obliger à se tenir bras levés et sur la pointe des pieds. Elle entendit le cliquetis de la boucle de la ceinture tandis que Juliette l'ôtait de son short. - Qu'est-ce que tu fais ? - Je répare un oubli, répondit Juliette. - Tu veux que je te bâillonne ? Charlotte secoua la tête. Non, elle ne voulait pas être bâillonnée. Elle voulait sentir la douleur lui monter jusqu'à la gorge pour y exploser. Cela devait faire partie du rituel. Il fallait que quelque chose sorte d'elle. Elle osa un regard par dessus son épaule. Indifférente, bien campée sur ses jambes fuselées, ses seins dressés tressautant au rythme de ses larges mouvements. Juliette éprouvait la souplesse du ceinturon en en fouettant l'air. Ainsi nue et armée, elle ressemblait à une déesse antique. Charlotte ferma les yeux. Elle désirait être fouettée et Juliette seule pouvait lui faire subir cette épreuve. Ce serait non seulement s'offrir en captive à l'amour, mais mieux encore, se donner en esclave, à une autre femme de surcroît. Accepter ses coups, encaisser à travers elle, la fureur de toutes les femmes du monde, devenir leur proie et se griser à l'idée de payer par le fouet, le fait dêtre leur plus dangereuse concurrente. Le premier coup claqua séchement contre ses fesses. Juliette n'était pas du style à y aller progressivement. Elle avait frappé fort avec l'assurance qui lui était coutumière et Charlotte sentit sa peau d'abord insensible, réagir rapidement à la brûlure du cuir. Le deuxième coup tomba, plus assuré encore, et elle gémit de douleur en contractant les muscles de ses fesses. Sa réaction sembla plaire à Juliette. Elle leva le bras encore plus haut, abbatit le ceinturon avec plus de force et cette fois, Charlotte poussa un cri bref en se cramponnant à la corde qui la tenait étirée. Juliette la fouetta avec application. Ses coups précis, parfaitement cadencés, atteignaient alternativement une fesse, puis l'autre, parfois le haut des cuisses, parfois le creux des reins. Trente, quarante, cinquante coups Charlotte ne comptait plus. Aux brûlures locales d'abord éprouvées s'était substituée une sensation d'intense chaleur, comme si elle avait exposé son dos à un âtre crépitant. Le supplice était le prix à payer pour que sa Maîtresse continuât à l'aimer, elle souhaitait seulement qu'elle fût contente qu'elle l'eût subi et attendait muette. - Retourne-toi, dit Juliette d'une voix calme. Aggripée à sa corde, ruisselante de sueur, Charlotte était épuisée. - Non, pas devant Juliette, haleta-t-elle, Pas devant. -Tu dois aller jusqu'au bout de ton désir, Chalotte, Allons retourne-toi vers moi. Charlotte pivota lentement sur elle-même. Elle avait gardé les yeux baissés mais elle aperçut quand même le ceinturon s'élever dans l'air et s'abattre sur elle, au sommet de ses cuisses. Elle hurla à nouveau et releva la jambe pour se protéger du coup suivant. Elle sentit soudain qu'elle n'y échapperait pas et se vit perdue. Juliette ne refrappa pas immédiatement. Elle attendit que Charlotte ne puisse plus se tenir ainsi sur la pointe du pied et qu'épuisée, elle s'offre à nouveau au fouet. Au coup suivant, elle ne tenta plus d'esquiver. N'avait-elle pas désiré cette correction ? Juliette avait raison; elle devait savoir ce qu'il y avait au-delà de cette douleur qui lui arrachait des cris et des larmes. Par dépit, elle plongea son regard dans celui de son amie et elles ne se lachèrent plus des yeux tout le temps que dura la flagellation. Elle se voyait onduler au bout de sa corde, en sentant ses seins frétiller, ses cuisses tendues, son ventre creusé. Elle se voyait brûler sous les coups, s'enflammer toute entière. Juliette continuait à la fouetter méthodiquement sur les hanches et sur les seins. Quand le cuir atteignit le renflement de sa vulve, subitement son corps fut traversé de part en part par une fulgurante flamme de couleur rouge orangé. Elle en sentit la chaleur l'irradier et plonger dans son ventre comme une boule de feu. La douleur et le plaisir fusionnèrent ensemble. Elle hurla à nouveau mais de plaisir cette fois. Juliette cessa aussitôt de la frapper et tomba à genoux devant elle. Posant avec une infinie délicatesse les doigts sur ses reins meurtris, elle attira jusqu'à sa bouche la peau empourprée des cuisses et du ventre qu'elle couvrit de baisers. Elle aspira entre ses lèvres, les lèvres de son sexe, les lécha avec douceur. Se suspendant à sa corde, Charlotte jeta le bassin en avant, enroula ses jambes autour du cou de son amie pour emprisonner son visage contre son sexe ouvert. Juliette réagit en dardant une langue aussi droite et rigide qu'un membre d'homme sur son clitoris. À ce seul contact, Charlotte jouit aussitôt. Enfin Juliette se détacha d'elle. la corde à laquelle elle était suspendue fut coupée et Charlotte se laissa tomber sur le sol, savourant l'étrange bonheur de sa soumission. Les parties de son corps offensées, devenues douloureuses, lui apparaissèrent plus belles, comme anoblies par les marques fraîches, stigmates de la flagellation. Elle se perdait dans une délirante absence d'elle-même qui la rendait à l'amour. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 26/04/20
Je n'avais pas été parfaite, loin de là: je m'étais laissé aller à un moment de faiblesse, et elle ne me le pardonnait sans doute pas. Je devais maintenant affronter une nouvelle étape initiatique bien plus éprouvante encore; ses reproches et les humiliations qu'elle allait inventer pour me punir. Juliette me traita de petite salope incapable, prétentieuse et sans honneur. J'avais failli à la parole donnée. Elle m'injuriait et cela me rendait triste. Sa colère était injuste, tout autant que ma dérobade était indigne de l'amour que j'éprouvais pour elle. M'ayant entraînée au fond de la cave, là où la pénombre était la plus dense, elle fit pivoter mon corps contre la paroi humide. Je sentis le salpêtre se dissoudre sous mes doigts qui s'accrochaient. Pour me racheter, j'aurais voulu être attachée, là, dans cette position, le ventre nu contre ce mur poisseux, le dos, les reins, offerts aux hommes qui auraient eu la libre disposition de moi, sans conditions. Sentir mes mains prises dans la pierre et enchaînée pour ne plus pouvoir bouger et tout endurer pour devenir une parfaite esclave. Un Maître commença à me caresser. Il savait qu'en faisant cela, il me donnait une chance de faire oublier ma faute. Il s'empara d'un martinet et me travailla le corps en l'échauffant lentement, alternant les caresses des lanières avec les cinglements cruels et violents. Plus il frappait fort et plus je m'offrais. Je n'éprouvais qu'un pincement aigu au moment où mes seins furent brutalement saisis par des pinces puis je sentis les pointes broyées par l'étau de métal qui les tirait vers le sol en s'y suspendant douloureusement. Chacun des mouvements que je faisais alors amplifiait le balancement des pinces, provoquant une sensation effrrayante d'arrachement. Je me souviens de ce moment où je fus mise à quatre pattes au milieu de la cave. Le Maître dont j'étais l'esclave d'un soir fixa d'autres pinces sur les lèvres de mon sexe, juste en dessous du clitoris. Tout mon corps se balançait d'une façon obcène, tenaillé entre deux douleurs, partagée entre le désir de faire cesser mes souffrances et celui d'en augmenter l'intensité par ses balancements pour satisfaire ma Maitresse et mériter son pardon. J'observais avec orgueil la rotation pendulaire des poids suspendus aux pinces attachées à mes seins, de droite à gauche, de gauche à droite. Bientôt, la douleur devint intolérable. Ainsi, je ressentis ma première jouissance cérébrale de femme soumise et esclave à un homme qui l'oblige à souffrir. Quelque chose d'indéfinissable semblait avoir pris le contrôle de mon cerveau et commandait à mon corps de jouir de cette souffrance fulgurante magnifiée par mon obéissance servile. Ce fut une révélation plus que prodigieuse pour moi que de parvenir à me libérer et à jouir de la douleur imposée et voulue par le Maître à qui j'étais prêté, comme un objet sans importance, sans valeur, que j'étais devenue en refusant l'épreuve. Pour marquer sa satisfaction, ma Maîtresse me désigna la croix de saint André où je fus attachée dans une position d'écartèlement extrème. Un inconnu s'approcha alors de moi, comme si je redevenais digne de son intérêt, et je crus lire dans son regard l'amour que l'on me donne parfois un peu maladroitement mais qui me rassure tant et qui est ma raison d'être. Ils saisirent chacun un long fouet et commencèrent à me flageller avec une vigueur et un rythme qui me firent écarquiller les yeux. Pour étouffer mes hurlements, je mordis violemment mes lèvres, jusqu'à ce que le goût de mon propre sang m'eût empli la bouche. Je me livrais au châtiment avec une joie quasi mystique, avec la foi de l'être consacré. Des images fulgurantes de sacrifices déferlaient en moi. Je me surprenais à souhaiter que ma chair se déchire et que mon sang coule. J'avais retrouvé la considération de ma Maîtresse, j'étais devenue esclave, digne de ce nom et digne d'elle. Et il n'est pas pour moi plus grand bonheur que de me savoir appréciée. C'était de l'amour avec le vertige en plus. Dans la cave déserte, où les effluves d'humidité évoquaient celles d'une tombe, un homme s'approcha de moi. Il me contempla silencieusement, nue et enchaînée; bientôt, je m'aperçus qu'il tenait à la main deux longues et fines aiguilles. Il s'empara d'un sein qu'il se mit à pétrir, à malmener, puis à presser pour en faire jaillir la pointe granuleuse. Lorsque le mamelon fut excité, il y planta sa première aiguille, puis presque aussitôt, la seconde dans le mamelon du sein qui n'avait pas été caressé et qui réagit de tout autre façon. J'aimais l'idée du supplice douloureux et long. D'autre aiguilles furent plantées tout autour des aréoles, quelques gouttes de sang vinrent ternir le métal que la lueur du faible éclairage faisait jusqu'à-là scintiller. Afin sans doute d'accentuer ma douleur, il me transperça la chair sur mon ventre. Je me consumais, j'avais les entrailles en feu. Ma Maîtresse, penchée au dessus de moi, tenait à la main une bougie. D'un geste lent, le bougeoir doré s'inclina, la cire brûlante perla sur ma peau. Mon martyre devenait délicieux. Qu'une femme fût aussi cruelle, et plus implacable qu'un homme, je n'en avais jamais douté. Le pire restait à venir. Les coups de fouet me cinglèrent avec une violence terrifiante. Je devinais que ces cinglements abominablement cruels étaient destinés à faire éclater les croûtes de cire qui constellaient mon ventre et mes seins. Hélas, je ne pus me retenir davantage, mes reins se cambrèrent, propulsèrent mes cuisses et mon ventre en avant, dans un orgasme si violent que je crus démanteler la croix qui me tenait contrainte. Ruisselante et fière, j'avais joui par la seule volonté de ma Maîtresse. Lorsque j'eus retrouvé la maîtrise de mes nerfs, je demandai à ma Maîtresse de me ramener dans le salon où les hommes attendaient mon retour. Je fis mon apparition, les yeux de nouveau bandés, nue, droite et fière, guidée par Juliette qui me dirigea vers le cercle des hommes excités et ce fut moi qui m'agenouillai pour prendre leur verge dans ma bouche, l'une après l'autre, jusqu'à ce qu'ils soient tous parvenus à la jouissance et se soient déversés sur mon visage ou ma poitrine offerte. L'un deux s'approcha de moi, me palpa, s'insinua, me fouilla et me sodomisa. La pensée du sacrifice procure à certaines femmes un sombre plaisir. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 25/04/20
Nymphe et reine de l'île d'Ogygie, la presqu'île de Ceuta en face de Gibraltar, Calypso du grec ancien, ??????, était la fille d'Oceanos et de Téthys. Sa légende s'intègre dans le récit du retour d'Odysseus, Ulysse. Lorsqu'il quitta Troie, après une traversée périlleuse durant laquelle il résista au chant des Sirènes, le héros et son équipage essuyèrent une tempête envoyée par le Titan Hypérion. Il fut le seul survivant et, accroché à un radeau de fortune, s'échoua sur l'île d'Ortygie où la fille de Théthys et d'Océanos, Calypso, vivait dans une grotte. La séduisante jeune fille accueillit le naufragé, le ranima avec du vin fort et de la nourriture, puis le coucha dans son lit. S'étant éprise de ce héros venu de la mer, elle parvint à lui faire oublier sa patrie et sa famille. Pendant sept ans, ils vécurent heureux, sur l'île des peupliers noirs, et donnèrent le jour à trois fils: Latinos et les jumeaux Nausithoos et Nausinoos. Le navire, pris dans une énorme tempête déchainée par Poséidon, dériva jusqu 'à Charybde où tout l'équipage fut englouti. Seul Ulysse survécut, accroché à un arbre. Il put enfin s'agripper à une épave, dériva neuf jours pour atteindre finalement l'île d'Ogygie où il fut accueilli très gentiment par Calypso. Très rapidement, elle tomba amoureuse du héros et lui demanda de rester auprès d'elle. Elle lui offrit même l'immortalité et l'éternelle jeunesse. Mais rien n'y fit: l'amour d'Ithaque et de Pénélope demeurait toujours le plus fort dans le cœur d'Ulysse, qui passait ses journées sur le rivage à contempler la mer, les yeux mouillés de larmes. Conseillé par Athéna, Zeus en fut ému et dépêcha Hermès auprès de Calypso pour lui donner l'ordre de laisser partir Ulysse de son l'île. Calypso fut étonnée de voir Hermès dans ces parages, elle lui offrit un repas d'ambroisie et de rouge nectar et lui demanda ce qu'il désirait. Dans un petit discours Hermès expliqua qu'il n'était pas ici de sa propre volonté et que traverser des étendues infinies d'eaux salées ne lui plaisait pas, mais Zeus lui avait ordonné de venir la voir: "Maintenant, Zeus t'ordonne de renvoyer Ulysse très promptement, car sa destinée n'est point de mourir loin de ses amis, mais de les revoir et de rentrer dans sa haute demeure et dans la terre de la patrie." Homère, "Odyssée" V, 112 Malgré sa douleur et l'enfant qui venait de naître, Calypso obéit. Elle vint avertir le héros qu'il pouvait partir et qu'elle l'aiderait à construire un radeau. Toujours aussi soupçonneux, Ulysse ne voulut pas la croire et il lui demanda de jurer par un serment solennel qu'elle ne cherchait pas son malheur et sa perte sur les flots amers. La nostalgie de sa chère Ithaque et l'absence de son épouse Pénélope devenaient insupportables. Ulysse ou Odysseus se lassa des caresses et des baisers de la jeune femme. Calypso, qui souffrait en silence, lui promit l'immortalité s'il restait avec elle, mais il languissait, assis sur la plage, le regard fixé sur l'horizon, jusqu'au jour où Hermès, envoyé par Zeus, ordonna à Calypso de laisser partir son amant. La mort dans l'âme, elle l'aida à construire, avec des écorces d'arbres, un radeau qu'elle chargea de provisions. Elle y ajouta les outils nécessaires pour survivre et se défendre, le cas échéant, puis Ulysse le mit à la mer sur des rouleaux et se laissa pousser par le vent. La nymphe Calypso demeura seule, attristée sur la plage. Alors Calypso jura sur le Styx, le plus sacré des serments, qu'elle aiderait le héros à construire un radeau, elle lui fournirait du vin du pain et de l'eau nécessaires à sa traversée. Une dernière fois elle lui proposa de rester sur son île au lieu de courir vers de nouveaux dangers et une nouvelle fois, il souhaita revoir son épouse et sa patrie. En quatre jours le radeau fut prêt; le cinquième jour la divine Calypso, après l'avoir baigné et habillé de vêtements parfumés le renvoya de l'île et elle lui donna un vent doux et propice. Calypso ne pouvait se consoler du départ d'Ulysse. Sa grotte ne résonnait plus de son chant; les nymphes qui la servaient n'osaient lui parler. Calypso mourut de chagrin quelques temps plus tard bien que cette version soit peu conciliable avec le fait qu'elle fût quasi immortelle. Suivant une autre légende, l'aventure se reproduisit lors du passage de Télémaque qui aima puis abandonna la nymphe. Dans la version de Fénelon c'est elle qui accueillit Télémaque et Mentor, en fait Minerve, partis à la recherche d'Ulysse. Télémaque est jeté par une tempête dans l'île de Calypso. Cette nymphe, inconsolable depuis le départ d'Ulysse, fit au fils de ce héros l'accueil le plus favorable, et, concevant aussitôt pour lui une violente passion, elle lui offrit l'immortalité, s'il voulait demeurer avec elle. Télémaque refusa mais en revanche, il tomba amoureux d'Eucharis, une suivante de Calypso, dont il n'est nulle part question dans la mythologie grecque classique. Chacun a en mémoire les figures féminines qui guettent les voyageurs sur l’immensité marine si pleine de dangers et d’écueils redoutables aux Grecs. Barbares des rivages asiates, nymphes insulaires en des rivages proches de ceux de la mort et de la nuit, descendantes de l’Océan, elles semblent encore plus terrifiantes souvent que gouffres ou rochers. Leurs crinières ensauvagées de jeunes filles disent les vents qui bouleversent en tout sens l’itinéraire du voyageur et comment elles le guettent, prêtes à l’agripper avec leurs griffes pointues, leurs mains de magiciennes chargées de philtres, de poisons ou de tissus inquiétants. Qu’elles s’appellent Sirènes, Gorgones, Grées, ces vieilles jeunes filles qui portent en plein visage les rides de la mer ou Harpyes, semblables au vent de l’orage. Ou bien encore Médée, Circé, Calypso, pour ne retenir que quelques-unes de celles qui jalonnent le périple des voyageurs; Ulysse, Jason, Persée. Car, finalement, ce sont ces figures inoubliables apprises dans les livres, qu’ils devaient affronter lors de gestes héroïques, ou dans leur quête d’une réintégration, d’une reconnaissance au cœur de la société des hommes. Et la question ne pouvait que se poser; à quoi correspondaient leurs attributs aussi sauvages que terrifiants ? De quoi, si angoissant pour l’homme, pouvaient-ils être signes chez ces femmes ainsi placées en marge, bien à l’écart même souvent, du monde policé, constituant en même temps, pour les plus grands des héros, d’ultimes épreuves ? Dans l’Antiquité déjà, Cicéron, et d’autres avec lui, s’étonnait de l’attirance du si avisé Ulysse pour les "petits chants" des Sirènes, n’y trouvant qu’une explication: le désir effréné de connaissance que leurs voix faisaient vibrer. Car il s’agit bien, aux yeux du philosophe latin, d’un savoir possédé par elles et promis par leurs chants. C’est aussi la Gorgone qui hante Les Palmiers Sauvages. L’évocation à intervalles réguliers de son visage gris, de ses cheveux gris aussi, "tout hérissés de papillotes", suffit à inscrire son omniscience des destins. Devant leur réalisation, ici la naissance avortée de l’enfant du couple adultère, elle n’est nullement surprise, n’entendant que ce qu’elle savait, s’attendait à entendre. Pour qui est pris par les figures mythologiques et sait les destins recroquevillés dans leurs noms, ces derniers constituent une réserve inépuisable pour l’imaginaire, mais aussi un support pour mettre au jour ce qui semble n’attendre que de se déployer. Et, par delà leur apparente aridité, la fascination suscitée par les dictionnaires mythologiques, tient, pour nous, à leur aptitude à faire trembler certitudes et idées reçues, en multipliant questions et solutions fluctuantes, à dire par un autre biais la marge de liberté prête à réaffleurer dans les inflexions des destins écrits ou désignés à chacun. Car elles sont faucons qui emportent, comme le signifient les syllabes des Harpyes rencontrées par Jason, femmes qui attachent par des liens, les Sirènes, en passant sur la route du retour d’Œdipe, hors de la ville de Thèbes par le sphinx. C’est de cette double forme que le destin dévoilé par les noms tient sa force inquiétante. Ainsi en est-il de Calypso, la terrible déesse qui file les voiles de l’embarcation d’Ulysse, et qui est tout à la fois, la cachée, et celle qui cache; ainsi de Circé, qui dérobe les autres à la vue comme le suggérait déjà Homère. De Méduse, la farouche, dont le regard est synonyme de mort pour qui s’approche trop près de son antre écarté et la contemple, ou encore de Médée, qui multiplie les crimes, par son caractère rusé, si l’on s’en tient à cette traduction ambiguë à qui ne connaît pas les subtilités de la métis grecque. Ainsi encore d’Hélène, non plus barbare mais grecque, c’est vrai, magicienne pourtant, à sa façon, et devenue troyenne durant dix ans. Son nom dit tout à la fois le rapt dont elle est l’objet par Pâris et celui dont elle est actrice, ravisseuse, pour les envoyer à la mort, de tant de vies d’hommes. Si les destins sont dessinés par avance dans les noms, ils le sont aussi par les mains de toutes celles, déjà rencontrées ici, qui jalonnent les grands retours: celui d’Ulysse vers sa sage épouse, la tisserande que chacun sait. Sage ? Pas si simple à dire. On a déjà pu rappeler comment des écrivains-femmes modernes se plaçaient sous la bannière de Cassandre, sous sa parole porteuse d’une vérité inaudible aux hommes. Peut-être s’étonnera-t-on davantage de les voir enrôlées sous le nom de Pénélope, attendant si longtemps celui qui séjourne plus qu’il ne devrait aux bords de rivages féminins. On s’en étonnera moins si l’on se penche sur les liens qui l’unissent par delà la mer, à Circé, à Calypso; sur ces tissages qui occupent les jeunes filles et femmes depuis Hélène, dans sa première apparition chez Homère. ?Eclairé par les reconstructions modernes, l’espace qui leur est concédé est toujours dans ce qui échappe aux mots, ou ne pourrait se dire que dans un langage nouveau, en rupture. On ne saurait assimiler hâtivement les places assignées aux femmes dans la cité ancienne et la nôtre, relativement à la reproduction. Mais, sous cet angle aussi, par delà ces figures mythologiques féminines telles qu’elles arrivent jusqu’à nous, un champ immense continue d’être ouvert à l’exploration. Car c’est toujours, à nos yeux, de légitimité qu’il est question avec ces visages féminins aux paroles nomades, sans lieu pour s’enraciner, si ce n’est dans les marges de ténèbres toujours renouvelées qu’elles font entrevoir, tendant leurs questions éternellement actuelles aux hommes soucieux de planifier la vie, sa propre histoire, pour les maîtriser mieux. Si, dans des perspectives poétiques masculines, leurs rivages, relégués au loin, se sont fait lieux de projection de leurs peurs, celles-ci leur offraient, du même mouvement, la possibilité de récupération d’un pouvoir infiniment plus grand que l’effroi de leurs doigts crochus ou de leurs voix stridentes: celui de faire trembler les certitudes ou d’en montrer les limites, de décliner les doutes de l’être humain sur sa place dans le monde, ses tentatives de planification de la vie, de la mort, de l’Histoire, sur les formes de barbarie à l’œuvre dans le siècle qui aurait dû être le plus civilisé. Si les œuvres représentant Calypso ne sont pas fréquentes chez les grecs, en revanche les artistes du XVII ème et XVIII ème siècle lui ont témoigné beaucoup plus d'intérêt. C'est le nom du bateau du célèbre océanographe Jacques-Yves Cousteau. Bibliographie et références: - Callimaque, "Hymnes" - Déméter, "Les Hymnes homériques" - Fènelon, "Aventures de Télémaque" - Hésiode, "La Théogonie" 1017 - Hygin, "Fables" 125 - Homère, "Odyssée" - Homère, "L’Iliade" - Pausanias, "Description de la Grèce" - P. Chantraine, "Dictionnaire étymologique de la langue grecque" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 25/04/20
Lorsque je reçus le premier coup de fouet, je compris qu'il s'agissait d'un martinet souple utilisé de façon à me chauffer le corps avant d'autres impacts plus sévères. Du martinet, Juliette passa à la cravache. J'en reconnus la morsure particulière au creux de mes reins. C'était une cravache longue et fine, d'une souplesse trompeuse et d'un aspect presque rassurant. Maniée avec nuance et précision, chaque coup reçu me semblait différent du précédent, selon que la mèche de cuir me frappait à plat, ou au contraire, sur toute la longueur de la tige. Juliette me flagellait avec une rigueur impitoyable et j'oubliais toutes mes bonnes résolutions pour me mettre à crier sous la morsure impitoyable du cuir. Mon corps se tendait en une supplication muette, mais éminemment éloquente. Bientôt, comme je le pressentais, la douleur qui me tenaillait se mua en plaisir, alors je ne pus me retenir davantage, mes reins se cambrèrent, propulsant mes cuisses et mon ventre en avant, dans un orgasme si violent que je crus défoncer la croix qui me retenait prisonnière. Honteuse et fière, j'avais joui des traitements infligés par la seule volonté de ma Maîtresse. Comme s'ils avaient deviné l'intensité de mon plaisir, que j'avais dissimulé de mon mieux sous des râles et des sursauts, Clothilde et Juliette accrochèrent soudain sur la pointe de mes seins et les petites lèvres de mon sexe, des pinces dont le poids entraînait la chair vers le sol. J'apprécie de porter des pinces aux seins, ma Maîtresse dit que je suis une jouisseuse des seins; me faire pincer les seins, parfois d'une façon très douloureuse me procure maintenant presque autant de plaisir que de me faire fouetter. En revanche, mes lèvres sont très sensibles et les pinces me font toujours beaucoup souffrir, et quels que soient mes efforts, j'ai bien du mal à surmonter ce genre de douleur. Lorsque Juliette installa l'une après l'autre les pinces dont le poids étirait douloureusement ma peau, je crus ne pouvoir jamais les supporter. Mais cette farouche volonté de ne décevoir ma Maîtresse, en aucun cas, m'a permis d'assumer bien des sévices. Je me concentrais de toutes mes forces sur un autre sujet susceptible de me faire oublier mes souffrances et je parvenais ainsi à oublier la douleur lorsque, brisant la tension nerveuse qui me faisait trembler au bout de mes chaînes, Juliette m'annonça la venue de Béatrice. Pendue aux menottes qui me sciaient les poignets, écartelée à en sentir les muscles de mes cuisses douloureuses, je ne pouvais faire un mouvement, ni tourner la tête pour contempler la belle femme qui était entrée dans la cave. Je sentis seulement sa présence, puis l'odeur envoutante de son parfum. Une main douce caressa mes fesses endolories et flatta mes seins meurtris par la flagellation. Je ressentis un apaisement qui n'était pas seulement dû aux caresses, mais à la présence de cette femme superbe que je n'avais pas le droit de regarder, même lorsque Juliette eut ôté le bandeau qui aveuglait mes yeux, puis libéré ma poitrine et mon sexe du carcan des pinces. Pour que je ne puisse avoir la tentation de me retourner vers la belle inconnue, Juliette plaça une cravache en travers de ma bouche, que je me mis à mordre instinctivement très fort entre mes dents. Je mourais d'envie de la voir; c'est un véritable supplice, de ne pas avoir le droit de regarder ceux qui vous frappent lors d'une séance de dressage. Cette frustration est à la fois blessante, car alors on a la preuve de ne pas exister, et terriblement excitante, car la curiosité est un trait dominant chez les esclaves. Enfin, elle fit le tour de mon corps écartelé et se plaça devant moi. Je la découvris, plus belle encore que je n'avais pu l'imaginer. Elle était grande, élancée, d'une finesse et d'une classe folle; la forme de ses lèvres sensuelles, la longueur de ses cuisses, la musculature de son corps de sportive. Béatrice semblait sûre d'elle et faisait preuve d'une tranquille détermination qui m'impressionnait. Juliette m'avait appris qu'elle avait été soumise, mais je ne décelai rien qui pût me conforter dans cette idée. Elle n'avait rien d'une esclave. Au contraire, elle avait le port du visage fier, comme celui d'une princesse dédaigneuse venue examiner ses sujets. Je ne pouvais l'imaginer agenouillée ou rampante, mais au contraire apte à dominer les femmes autant que les hommes. Ce soir-là, elle était nue, à part un mince string en voile noir qui mettait en valeur une chûte de reins magnifique et bronzée. Ses cheveux bouclés roux, son visage mince, ses yeux verts étincelants la métamorphosaient dans mon esprit d'esclave soumise en proie aux fantasmes d'une lionne qui allait me dévorer. Elle me détacha pour me placer face à un mur comportant un trou en son milieu de telle façon que ma tête dépasse d'un coté et mes reins de l'autre. J'allais être prise par l'arrière et contrainte par la bouche en même temps. La véritable humiliation était là: me montrer dans cette position dégradante, alors qu'exhibée ou fouettée, prise ou sodomisée, ma vanité pouvait se satisfaire de susciter le désir. Juliette commença à me flageller en insistant sur mes fesses, auxquelles elle vouait un véritable culte. Puis ce fut au tour de Clothilde et de Béatrice de me faire l'honneur de me battre. Je me tordis en gémissant sous le fouet, demandant grâce. Puis je sentis des doigts gainés de latex écarter mes lèvres, s'intoduire dans mon intimité, évaluer l'humidité involontaire que le contact de l'appareil avait suscité. Mes fesses furent écartées; je compris que j'étais inspectée plus intimement avec les doigts de latex, ensuite avec un speculum dont l'acier froid affola mon anus qui s'ouvrit lentement au gré de l'écartement de l'instrument qui le dilata jusqu'à la douleur. Comme je l'avais redouté, Juliette saisit un instrument de latex gonflable dont elle vérifia le fonctionnement sous mes yeux apeurés. Avec douceur et détermination, elle installa l'appareil en moi et commença à procéder au gonflage qui me dilatait inexorablement. La sensation devenait réellement insupportable. J'avais l'impression que mon anus se distendait sous l'envahissement de l'énorme cylindre conique qui semblait s'être fiché à jamais au plus profond de mes reins. Je ressentis un véritable dégoût à ne pouvoir contrôler l'orgasme lancinant qui montait en moi, me prouvant si besoin est que je devenais ce que Juliette voulait, un animal servile à la merci des jouissances les plus révoltantes. Après que Béatrice m'eut pénétrée les reins avec un nouvel objet plus épais mais très court, que l'on décida de laisser en place jusquà la fin de la soirée, une véritable terreur me submergea. Le feu crépitait dans la cheminée ancestrale, rendant l'atmosphère encore plus torride. Le supplice terminé, prise d'un besoin pressant, et ayant demandé à ma Maîtresse l'autorisation de me rendre aux toilettes, on m'opposa un refus bref et sévère. Confuse, je vis qu'on apportait au milieu de la cave une cuvette et je reçus de Juliette, l'ordre de satisfaire mon besoin devant les trois femmes. Une honte irrépressible me submergea. Autant j'étais prête à exhiber mon corps et à l'offrir à son bon vouloir, autant la perspective de me livrer à un besoin aussi intime me parut inacceptable. La véritable humiliation était là. L'impatience que je lus dans son regard parut agir sur ma vessie qui se libéra instinctivement. Lorsque j'eus fini d'uriner, ma Maîtresse m'ordonna de renifler mon urine, puis de la boire. N'osant me rebeller, je me mis à laper, comme une chienne, en avalant le liquide clair et encore tiède. Quelques instruments rituels étaient disposés à proximité de l'âtre: il s'agissait de véritables fers de marquage. Béatrice s'approcha de moi en brandissant un fer qui avait rougi dans les braises. Le regard de Juliette ne répondit pas à ma supplication. Béatrice se pencha sur mes reins offerts, que Clothilde maintenait immobiles. On me lia les mains et les pieds. Perdue dans mon épouvante, je sentais la main de Béatrice sur le bas de mon dos, qui indiquait où poser le fer. J'entendis un sifflement d'une flamme, et dans un silence total, une seule douleur abominable me transperça, me jetant hurlante et raidie dans mes liens. Je ne pus retenir un cri d'épouvante lorsque je crus sentir la brûlure sur ma chair. Je perçus une lègére pression, un pincement aigu très sec, et ce fut tout. J'étais bel et bien marquée, mais seulement à l'encre rouge. Le but était de provoquer ma peur, non de me marquer réellement. Je fus à la fois soulagée par ce dénouement inattendu, et secrètement déçue peut-être, de n'avoir pu donner ainsi une preuve d'amour définitive. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 22/04/20
Le lendemain de cette nuit où fut suppliciée la jeune soumise, Xavier avait été absent une partie de la journée. Charlotte était restée seule avec Juliette à s'ennuyer, mais après dîner, elle était montée dans la chambre de sa Maîtresse qui faisait sa toilette; la nudité aidant, d'attouchements en attouchements, elle avait dû s'avouer vaincue et cèder à son désir de soumission. Bénéficiant des ardeurs de Juliette, elle se remémora la soirée et seulement toute l'horreur de son abandon lui apparut. Elle frémit à l'idée qu'elle avait pu s'offrir et se laisser ainsi sodomiser par des inconnus dans des poses d'une lubricité atroce. puis peu à peu, le souvenir de certaines émotions charnelles supplanta la vague de pudeur qui déferlait en elle; elle repensa à l'ardente virilité de Xavier et trouva la vie plus belle que jamais. Elle se caressa dans la douce lumière du jour tamisée par les volets. L'après-midi, elle retrouva Juliette et l'emmena chez Xavier; vêtues toutes les deux de blanc, elles avaient l'air de deux sœurs et le miroir éclairé renvoya bientôt aux yeux de l'homme leurs intimités lisses et moites. Bientôt, les deux corps dénudés se roulèrent sur le lit en une étreinte sauvage où Juliette exhala non sans passion sa volupté toujours puissante. Alors Charlotte abandonna son corps aux désirs sadiques de Xavier. Il l'entraîna sur une table haute en bois et l'allongea à plat-ventre, jambes et bras écartés en lui liant les chevilles et les poignets fermement avec des cordes en prenant soin d'étirer ses membres en position d'écartèlement extrême. Xavier se saisit d'un martinet aux lanières en cuir et commença avec art à flageller les reins qui s'offraient à lui; il commença doucement, visant le sommet des fesses tendues. Charlotte n'avait pas très mal; chaque cinglement amenait seulement un sursaut, une contraction de ses muscles fessiers, mais peu à peu, une douce chaleur irridia sa croupe, se propageant à son vagin. Une torsion légère des cuisses et de ses hanches donnait au corps un balancement lascif. De la bouche de la soumise contrainte sortirent de longs soupirs. Xavier, excité, commença à frapper plus fort par le travers et les gémissements de Charlotte furent plus profonds et la danse de la croupe s'accentua. En même temps qu'elle entendait un sifflement, elle sentit une atroce brûlure dans les reins et hurla; l'homme la flagellait à toute volée. Il n'attendit pas qu'elle se tût, et recommença cinq fois, en prenant soin de cingler chaque fois, ou plus haut ou plus bas que la fois précédente, pour que les traces fussent nettes. Charlotte crispa ses poignets dans les liens qui lui déchiraient la chair, le sang monta à la tête. Alors Juliette s'accroupit près des épaules de Charlotte et lui caressa la tête, penchée sur elle, lui donnant de longs baisers qui grisèrent la soumise éplorée. Xavier frappa encore plus fort et les fines lanières claquèrent dans un bruit mat les fesses musclées. La suppliciée se mit à gémir en hoquetant et en tordant son buste que sa Maîtresse maintenait tout en le caressant; elle lui promit toutes les joies charnelles qu'elle voudrait sur son propre corps, mais lui demanda de résister encore; parfois Charlotte se tournait vers Xavier dénudé, qui, tel un démon, les yeux fous de luxure, le ventre tendu, la verge en érection, la flagellait avec une force inouïe. Alors les lanières léchèrent le sexe entre les cuisses écartées et un long cri s'échappa des lèvres de la soumise douloureusement atteinte; elle voulut fermer les jambes mais des cinglements plus vifs l'atteignirent sur leur coté. Mais la douleur devint trop vive. Charlotte laissa couler quelques larmes sur la main de Juliette qui fit signe à Xavier de cesser la flagellation. On la détacha de façon à lui permettre de pouvoir prendre du repos, mais cet intermède ne dura que peu de temps; penchée sur le ventre ouvert de la soumise, Juliette posa ses lèvres frémissantes sur le sexe humide et ardent, la faisant sombrer dans une indicible félicité; mais elle même, sentit monter en elle la plus violente des jouissances sous la caresse précise de Vincent qui, glissant sa langue entre ses reins, lapait la peau satinée de sa voie étroite, tandis que des lèvres de Charlotte s'échappait la plainte d'amour, s'éleva le gémissement étouffé de la chair humide et palpitante de Juliette, jouissant de toutes ses forces. Xavier dut maintenir les hanches à deux mains, tant les sursauts du spasme furent violents et inintérrompus. Quand Charlotte eut repris ses sens, tous trois revinrent sur le lit; Xavier fit prendre à la jeune soumise les positions les plus indécentes, puis à son tour, il lui tendit sa verge en érection. Elle s'agenouilla et le masturba lentement, en roulant sa paume tout autour du cylindre de chair avant de le prendre en bouche; avec violence le phallus se contracta, manquant de ressortir de ses lèvres qui l'aspiraient pour le retenir. Il éjacula brusquement, innondant sa gorge de sperme qu'elle avala mystiquement jusqu'à la dernière goutte. Juliette posa son index sur l'anus de Charlotte, et lentement l'enfonça dans les entrailles chaudes, jusqu'au bout. Les yeux fermés, elle cherchait à imaginer, en sentant les contractions des sphincters intimes, la volupté ressentie par un homme dont le membre était pris dans cette voie exiguë; doucement, elle agita son doigt dans l'orifice offert, tandis que sa soumise redonnait de la vigueur à Xavier, par le mouvement de sa bouche refermée et resserrée sur le membre gonflé; elle comprit simplement qu'à son tour, il souhaitait frayer un chemin au plus étroit. Il se dégagea, se leva et, attirant par les reins Charlotte, laissa son sexe se caresser au sillon des reins, que Juliette avait laissé à regret; alors avec force, sans préliminaire, il enfonça son phallus, remontant et allant frapper au fond de la cavité de l'orifice naturellement étroit. Dans un long gémissement, elle accepta cette chair qui distendait ses reins non sans se débattre et sans être comblée de honte, mais à laquelle, elle ne se déroberait pas, même si cela lui semblait sacrilège; elle gémit encore plus fort, quand elle sentit le membre caché, buter au fond de ses entrailles offensées. Vincent sodomisa profondément ce jeune corps soumis, se regardant glisser hors de l'étui intime, se contracter et distendre les bords plissés de l'anneau anal. Bientôt, l'excitation fut trop forte et il accentua la cadence, secouant la croupe empalée. Charlotte, elle même avivée par ce frottement intense dans ses entrailles forcées, s'abandonna à son tour, tandis que l'homme lançait en elle, par saccades quatre jets de sperme visqueux et âcre. Elle se tordit de jouissance et, dans une longue plainte, soupira, s'écroula, vaincue par un orgasme dont l'intensité la bouleversa. Xavier se retira, la libérant; Charlotte voulut le prendre dans sa bouche pour le laver, mais dédaigneusement, il refusa. Semi-consciente, elle pensa seulement qu'aucun orifice de son corps ne serait épargné, qu'elle devrait aussi accepter d'être prise au plus étroit et savait que cette humiliation lui serait infligée par la volonté de la maîtresse qu'elle aimait. Elle était là pour que Juliette assouvisse ses plus bas instincts, ses plus vils fantasmes; au fond d'elle même, elle était décidée à ne pas la décevoir. En fut-elle délivrée ? Chaque jour et pour ainsi dire rituellement salie de sueur, de salive, et de sperme, elle se sentait comme un réceptacle d'impureté. Cependant les parties de son corps les plus souvent offensées lui paraissaient, malgré elle, plus belles, comme anoblies. Sa liberté serait pire que n'importe quelle chaîne. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 21/04/20
À l'heure dite, Juliette retrouva Charlotte, qui avait revêtu une jupe blanche un peu courte pour son âge et un chemisier blanc sous lequel elle était nue; ses jambes étaient bronzées. Sa Maîtresse portait également une jupe et un corsage blancs et avait aussi les jambes nues et des chaussures à talons hauts. Xavier les attendait dans le salon plongé dans l'ombre. Le grand miroir était posé à terre, près d'un canapé. Il les salua aimablement, ferma la porte et vint s'asseoir dans le canapé, laissant les jeunes femmes debout sur le miroir. Alors que Juliette, cuisses ouvertes, câlinait Charlotte dont les seins pointaient sous le chemisier, Xavier admira dans le miroir les reflets des dessous de ces deux êtres exquis. Charlotte, cuisses serrées, encore pleine de pudeur, s'abandonnait aux caresses de Juliette; ses fesses musclées galbaient sous sa jupe et son ventre lisse proéminait, très prometteur. Juliette laissa Charlotte dégrafer son corsage et faire jaillir ses seins. Charlotte tournait le dos à Xavier légèrement penché en avant, et ainsi dans le miroir, il voyait les prémices de ses intimités. Il ne l'avait pas encore touchée. Peu à peu, cèdant à l'ordre de Juliette, Charlotte écarta les pieds et, dans ce compas de chair, apparut le sexe déjà à demi ouvert et frémissant de désir. Longuement, Xavier se reput de ce spectacle rare, comparant les deux intimités, celle de la femme épanouie, celle de la jeune fille prometteuse. Juliette se libéra de la succion voluptueuse et obligea la soumise à regarder dans le miroir. La honte empourpra le visage de Charlotte qui voulut fermer les jambes, mais bientôt sa Maîtresse l'en dissuada sous des caresses. Juliette ôta son corsage et en fit autant à Charlotte, dont la jeune poitrine darda ses deux seins durs aux pointes érectiles et aux larges aréoles brunes. Xavier admira, soupesa les deux poitrines, en les pétrissant, puis à son tour, leur prodigua d'intenses succions et de nombreuses caresses. Juliette se dénuda et lentement fit tomber la jupe de Charlotte dont le corps gracile et musclé se colla au sien. Xavier frôla du doigt le pubis de la jeune soumise qui tendait sa vulve au-dessus des cuisses écartées dans un gémissment de honte. Alors, Juliette l'entraîna vers le divan, se renversa sur le dos, cuisses béantes, et laissa Charlotte s'allonger sur elle entre ses cuisses, lui suçoter les seins. Xavier, à genoux, baisait les fesses offertes, enfouissant son visage entre les globes encore serrés. Puis il se dénuda et son corps athlétique apparut avec son membre raide et long, saillant au dessus du pubis recouvert d'un léger duvet brun. Juliette redressa Charlotte, lui fit admirer la beauté du sexe mâle dans sa vigueur, en lui donnant elle-même de longs baisers, lui montra ce qu'elle désirait la voir accomplir. La soumise se pencha sur le ventre tendu de Xavier; dans un soupir de contentement, il sentit la jeune bouche s'ouvrir et sa verge glisser entre les lèvres, sur la langue, jusqu'à la gorge. Alors, Charlotte prodigua à cette colonne de chair la succion tant désirée; dans le silence, s'éleva le bruissement humide de la fellation voluptueuse. Juliette se leva et, près de Xavier, lui offrit ses seins pour qu'il les pétrisse entre ses mains nerveuses. Mais le désir de Xavier était violent. Elle le sentit et caressa la tête de sa soumise pour qu'elle accentue la succion ardente. Bientôt, Xavier posa ses mains sur la tête de Charlotte. Interrogateur, son regard se posa sur celui de Juliette qui vit son trouble; elle fit signe que oui et Xavier s'abandonna. Des soupirs profonds, un frémissement de corps et un hoquet de Charlotte qui sentit dans sa gorge jaillir la semence chaude et âcre. Le sperme coulait de ses lèvres, en filaments visqueux qui se balançaient sous son menton; elle se redressa et se coucha, honteuse, sur le divan, la tête entre les mains. Juliette s'allongea près d'elle, lui écartant les cuisses, et Xavier, à genoux, se glissa entre les jeunes cuisses béantes et sa bouche se riva au sexe moite pour une succion onctueuse des chairs juvéniles et prometteuses. Juliette baisa doucement les seins arrogants de la soumise et, quand elle sentit la jouissance qui montait dans ce corps gracile, elle colla ses lèvres à celles de Charlotte, lui insufflant son propre désir et dans un spasme, elle exhala dans un soupir, dans sa bouche, sa volupté contentée. Ils laissèrent Charlotte se reprendre, et Juliette, étendue sur le dos, s'offrit à elle qui plongea entre les cuisses hâlées, colla sa bouche sur le clitoris dardant entre les lèvres humides, et brûlantes de désir. Xavier, penché sur Juliette, lui caressait les seins puis, quand il la sentit dans les transes de la volupté, se leva dans l'ombre et enduisit sa virilité de vaseline. Il redressa Charlotte agenouillée qui, comprenant l'intention impérieuse de l'homme, écarta les jambes, tendit ses reins sans cesser de lécher la fente de sa Maîtresse. Elle sentit la verge de Xavier qui se glissait entre ses fesses, la fraîcheur du gland sur la voie étroite et contractée par l'anxiété et la lubricité. Juliette serra les cuisses sur les joues de Charlotte et lui prit les mains. Ses yeux voyaient le visage de Xavier penché sur le dos de sa soumise. Le membre lui sembla colossal. Elle frémit à l'idée de cette virilité qui s'enfonçait dans ses entrailles et une volupté nouvelle vint s'ajouter à celle qui montait en elle. Xavier, les mains aux hanches, poussa bientôt des reins, et le gland amolli par la précédente jouissance se prêta aux replis de l'exiguë bouche; l'anus plissé s'ouvrit sous la poussée continue, lente, inexorable, se distendit suivant le cône de chair qui s'infiltrait en lui comme l'épée dans son fourreau. De la bouche de Charlotte s'échappa un sourd gémissement, perdu dans la moiteur du sexe de sa Maîtresse. Ce cri excita Juliette qui, les yeux embués de désir, regardait le ventre tendu de l'homme derrière les reins de sa soumise. Charlotte cessa de la sucer, sa bouche ouverte déformée par la souffrance, sentant glisser en elle le phallus épais. Xavier poussa doucement, mais avec vigueur, et sa chair peu à peu, s'enfonça dans les entrailles. Bientôt, le gland disparut dans l'étroit orifice qui se referma derrière ses rebords saillants. Il s'arrêta de pousser, laissant Charlotte s'habituer à sa virilité, palpant les flancs frémissants et chauds. Juliette plaqua la tête de la jeune soumise sur son sexe béant et celle-ci recommença à la sucer; mais bientôt, des gémissements, dans un souffle lourd, frolèrent ses chairs exacerbées. Xavier continua la lente pénétration et peu à peu, le renflement de la verge disparut dans le mystère des reins. Charlotte tendant ses fesses, riva ses lèvres soupirantes au sexe humide, suça voracement le clitoris érectile, sentit les cuisses musclées serrer ses joues. Une chaleur intense irradia sa tête enfoncée dans le désir chaud et doux, tandis qu'elle sentait le ventre de l'homme se plaquer à ses fesses distendues et les mains qui lui pétrissaient les seins. Xavier s'arrêta, fébrile, frémissant tout entier par le membre dans les entrailles étroites et souples; alors, il sodomisa la jeune soumise, faisant attention à ne pas lui faire mal, prévoyant de l'avenir. L'épais phallus allait et venait dans la gaine qui se pliait, s'habituait à sa grosseur. Charlotte ne ressentait plus de souffrance vive. Il lui semblait seulement qu'une colonne monstrueuse distendait son anus, battait dans son ventre, frôlait sa grande voie; la chaleur montait à sa tête déjà chavirée; ses mains libérées s'aggripèrent aux cuisses de Juliette, sa bouche aspira avec plus de violence la vulve offerte et sa Maîtresse, surprise, ne put freiner sa volupté. Xavier eut devant les yeux le corps de la jeune fille secoué de frissons de jouissance, arqué dans un spasme délirant, et il entendit ce grand cri, terrible de bonheur orgasmique que seules les femmes satisfaites savent faire entendre. Les cuisses s'élargirent, tandis que Charlotte s'emplissait la bouche de cyprine. Xavier sentit la jouissance monter dans son corps, dans cette sodomie lubrique, une chaleur voluptueuse irrésistible. Il accéléra le coït dans les reins offerts; de la bouche de Charlotte sortirent alors de doux soupirs tant attendus; elle sombra dans la jouissance la plus effrénée. La sodomisation s'accéléra, transportant les corps dans une irréelle jouissance. Son ventre frémit sous les secousses, alors dans un sursaut, elle écarta les cuisses, souleva ses fesses, laissa éclater un orgasme et savoura dans son ventre heureux, gicler les saccades de sperme de l'homme, profondément empalé en elle. Hommage à Charlotte Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 21/04/20
Les hommes en face de Charlotte regardaient les jambes gainées de soie, et de chaque coté des cuisses, sous la jupe, le reflet voluptueux des jarretelles. Insensiblement, elle écarta les genoux, leur laissant voir leur face intime et leur reflet. Elle suivait derrière les cils baissés leur impatience, attendant que le compas de ses cuisses soit assez ouvert pour dévoiler le pubis et, au-dessous, son sexe dans toute sa splendeur, bouche fermée et rose, au fond du sillon ombré du mont de Vénus. À peine dans l'escalier, elle sentit deux mains se plaquer sur ses reins, la presser, soulever sa jupe et des lèvres se coller à sa chair, tandis que deux autres caressaient ses seins avec ardeur, érigeant leurs pointes douloureusement. À nouveau, sa jupe fut troussée, ses fesses subirent l'ardeur caresse de mains nerveuses, son anus fut frôlé par un doigt inquisiteur, son sexe fut caressé par un index pénétrant. Soudain, sous sa main qui pendait le long de ses cuisses, elle sentit un phallus raidi et palpitant. Elle le prit et, tandis que l'homme caressait son sexe avec passion, elle lui prodigua quelques douces caresses de ses doigts effilés. Le désir s'empara de lui. Il se plaqua contre son ventre et chercha, debout contre le mur, à glisser sa verge entre ses cuisses ouvertes. Subitement, elle se dégagea, se tourna; il la plaqua face au mur, affolée, elle sentit le membre glisser entre ses reins, comme une épée dans son fourreau; elle goûta la sensation de cette chair palpitante et mafflue; lui, la bouche à son oreille, lui ordonna de s'ouvrir, en lui prenant un sein d'une main, l'autre fouillant les fesses et son ventre. Brûlante, un désir tenace la tenaillait d'être sodomisée par cet inconnu qui semblait si maître de lui. Mais il se redressa et lui glissa son sexe entre les doigts tandis qu'il lui pinçait les mamelons. Charlotte se complut à caresser le membre au gland turgescent, la verge nerveuse et renflée dont elle sentait les veines saillantes. Puis, il lui ordonna de s'agenouiller et de le prendre dans sa bouche; elle suça avec ferveur la verge enflammée qui se cabrait sous sa langue. Le phallus était long et épais. Elle ouvrit la bouche et engloutit le sexe jusqu'à la gorge; elle eut un hoquet tant il avait été enfoncé loin. Alors, dans la pièce silencieuse, s'éleva le bruit de la succion. Charlotte n'était pas très experte, elle préférait sucer les femmes, mais c'était peut-être un charme de plus. Avec effroi, elle pensa soudain à la déchéance de se retrouver ainsi agenouillée devant ce ventre nu, à sucer cette virilité inconnue. Elle releva la tête, mais il la saisit par les cheveux et la força à engloutir le phallus entre ses lèvre sensuelles, sous le regard lascif des invités. Alors, au contact de cette main dominatrice, elle oublia tout, et ce fut une profusion de caresses instinctives qui enveloppèrent la colonne de chair; les lèvres sucèrent les moindres recoins de ce vit. Le phallus devint si volumineux qu'elle eut des difficultés à le conduire au terme de sa jouissance. Avec violence, il se contracta, manquant de ressortir de ses lèvres. Il éjacula brusquement, innondant sa gorge d'un liquide qu'elle prit à coeur à boire mystiquement, jusqu'à la dernière goutte. Elle vit la pièce tourner autour d'elle et se retrouva à plat ventre sur un lit de fer. On la déshabilla totalement. On lui lia les chevilles avec des lanières de cuir, puis ses poignets que l'on écarta en croix, comme ses cuisses. Ainsi écartelée, elle était offerte à des inconnus. Charlotte allait être fouettée dans cette position humiliante, bras et cuisses écartés, sous la lumière qui rendait son corps impudique. On la cingla brusquement avec une cravache. L'homme ne voulait pas lui faire mal, il voulait l'amener à ce degré d'excitation qu'il savait procurer, pour en faire après son esclave et celle de ses invités. Il savait que cette croupe consentirait à se laisser forcer par des verges inconnues, mais il voulait que tous profitassent cérébralement de cette Vénus callipyge. Et les cinglements résonnèrent dans le silence, couvrant les soupirs de désir des hommes penchés sur ce corps dans l'étreinte puissante du cuir. Les reins furent vite rouges et une chaleur intense irradia la chair de Charlotte, amenant une intense excitation à ses intimités déjà exacerbées. Sa tête était en feu, tenaillée de douleur, elle gémissait de douces souffrances. Elle résista longuement à son ordre quand il voulut qu'elle écartât davantage les cuisses, et quand elle ne put plus résister, elle céda; tel un pantin désarticulé, elle offrit le spectacle du sillon sombre de ses reins qui allait être forcé. Le silence retomba et Charlotte, les yeux clos, goûtait la sensation de ces regards sur ses intimités secrètes, comme une caresse imperceptible frôlant ses chairs, béantes. Elle ne sentit que la caresse du phallus qui s'insinua soudainement. Il fut violent, poussant de ses reins, il força sous son gland compressible et humide, l'étroite bouche à s'ouvrir. Et ce fut l'acte délicieux tant espéré de Sodome. Un long cri strident; elle s'y attendait pourtant, haletante, les tempes battantes. Elle réalisait lentement la pénétration forcée de ce membre en elle. D'un seul coup, il s'était enfoncé; sa voie étroite dilatée, distendue, lui faisait mal, mais en elle, était le priape enflammé, elle le devinait fouiller ses reins. L'inconnu avait poussé dur. Oubliant la souffrance du viol, et fermant les yeux, elle laissa échapper un cri, mais au fur et à mesure que l'homme sentait venir la volupté, le bruit de son intimité exigüe déchirée par le membre, s'amplifia, devint plus précipité; il y eut quelques râles chez l'homme auxquels se mêlèrent les plaintes de la jeune fille, puis ce fut le spasme exquis et le silence, coupé de soupirs exténués. Elle reçut la semence saccadée puis l'homme se retira, libérant Charlotte. Il venait de jeter dans ses entrailles sa sève gluante et chaude. Son anus, tout empreint de sperme accepta sans peine un second membre qui la pénétra profondément entre ses reins; le membre lui sembla colossal mais elle se laissa sodomiser par cet inconnu car tel était son devoir. Un troisième voulant se frayer également un chemin au plus étroit la fit hurler. Elle cria, comme sous le fouet. Quand il la lâcha, gémissante, dans un éclair, elle se vit délivrée, anéantie, maudite. Elle avait crié sous le choc du phallus de l'homme comme jamais elle avait crié. Elle était profanée et coupable. Sous les regards, sous les mains, sous les sexes qui l'outrageaient, sous les fouets qui la déchiraient, elle se perdait dans une délirante absence d'elle-même qui la rendait à la soumission mais aussi à la délivrance. Lorsque tous les invités furent assouvis, on la conduisit dans sa chambre et on l’étendit sur un lit. Souillée de sperme et de sueur, chancelante et presque évanouie, seule dans le noir, elle s'endormit. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 18/04/20
Juliette m'avait préparée à vivre des évènements importants au cours de ce week-end. J'étais terriblement anxieuse de me retrouver face à un couple de dominateurs chevronnés, qui pratiquaient les rites du sadomasochisme depuis plus d'années que j'en avais moi-même vécu. Une fois encore, ma principale crainte était de ne pas avoir la force et la volonté de me montrer à la hauteur des épreuves sur lesquelles on allait me juger, et à travers moi, ma Maîtresse. En tout état de cause, je devais donner le meilleur de moi-même, et considérer, dans les pires situations auxquelles je serais peut-être confrontée, la chance qui m'était offerte. Lorsque la porte d'entrée se referma sur moi, ma déception fut vive. Mes yeux s'équarquillèrent et je passai en revue l'espace des pièces où l'on me conduisait sans y déceler la moindre trace de matériel, d'accessoires, ni même l'ombre d'une ambiance SM. Cette première soirée dura environ trois heures. Selon le rite cher aux initiés, c'est la Maîtresse qui présente son esclave, afin que ses hôtes puissent se rendre compte de ses limites réelles et ainsi l'utiliser au mieux par la suite. Selon le désir de Juliette, je relevai ma robe puis j'écartai mes jambes en me cambrant. Cela accentue la courbe de mes reins et met en valeur le galbe de mes fesses musclées. Se présenter ainsi oblige l'esclave mise à nu à mettre son corps en offrande quels que soient ses défauts, à mieux se connaître et à mieux s'assumer. Par cette mise à nu, le corps livré, déshabillé, disséqué, est comme bafoué, humilié sans concession. L'être ainsi exhibé apprend le pouvoir de son corps et l'esclave tire sa force de la fascination qu'il exerce sur la Maîtresse. Ma peau subit assitôt le contact de mains froides posées au creux de mes reins puis entre mes fesses. Ces mains inconnues, redoutées et tant attendues, me palpèrent, me flattèrent, comme si elles voulaient à la fois découvrir mes formes et mes pensées; j'ouvris davantage mes cuisses afin que les doigts attentifs puissent m'explorer en totalité. Lorsque ma Maîtresse qui me testait fut parfaitement convaincue de mon absolue docilité, les Maîtres entreprirent d'autres jeux. Une cravache noire me cingla brusquement avec une telle violence que je poussai un rugissement. Il est connu que l'alternance de la douceur et de la violence contribue à dresser les esclaves réticents: mais moi, pauvre débutante désireuse de bien faire pour le bonheur de ma Maîtresse, je ne savais rien de tout cela et crus être punie pour une faute commise à mon insu. Aurais-je déplu par ma position ? Mon regard, malgré moi, se serait-il montré insolent ? La rigidité de la cravache enflammait mes reins et mon dos. Les coups lacéraient ma chair, me procurant de lancinantes sensations de brûlure. J'avais perdu l'habitude du fouet, dont j'avais été privée depuis un bon mois. Juliette me promettait parfois de me fouetter, comme s'il s'agissait d'une récompense. Insensiblement, la douleur parut s'atténuer pour laisser place à une sensation de plaisir diffus. Les coups devenant plus légers, plus dirigés, je compris soudain que j'allais jouir. Lorsque la tige de la cravache m'atteignit exactement entre les cuisses, sur le renflement du pubis, j'éprouvais la délicieuse honte de me laisser aller à gémir, en fléchissant légèrement les jambes pour serrer mes cuisses, et je connus un orgasme qui enchanta ma Maîtresse et ses hôtes. Une fois la fulgurante jouissance dissipée, je sentis revenir la douleur me tenailler et, avec une inconscience rare, j'osai imporer leur pitié. Les invités se regardèrent, déçus et interloqués. Ils décidèrent de me faire payer ma faiblesse. Ce fut ma Maitresse qui me conduisit. Je fus placée face à un mur comportant un trou en son milieu de telle façon que ma tête dépassait d'un coté et mes reins de l'autre. J'allais être prise par l'arrière et contrainte par la bouche en même temps. Juliette m'installa. J'étais en position, jambes écartées, la croupe exagérément offerte, la bouche déjà ouverte, prête à être investie selon le bon vouloir des invités. À me voir ainsi soumise, leur colère s'apaisa. Qu'importait dès lors qu'un homme se servît de ma bouche comme celle d'un esclave docile. Qu'il me malmenât et m'abreuvât de son plaisir. Impatient de se satisfaire à son tour, un autre homme prit la place du précédent. Il me baisa la bouche, ma langue lui servant d'écrin. J'accomplis cette fellation avec un recueillement mystique. Pendant ce temps, un troisième utilisait mon vagin sans ménagement. Excité par le spectacle de la fellation que je pratiquais, il décida brusquement d'utiliser mes reins, qui, comme la totalité de mon corps, étaient à sa merci. Il s'enfonça sans préliminaire pour me faire mal et je trouvai le courage de ne pas gémir dans le regard de ma maîtresse qui m'observait intensément; je comprimai sa verge avec mes deux mains au même rythme que les coups qui me projetaient en avant. Je croyais l'épreuve terminée, mais un troisième sexe plus épais que le précédent força les lèvres de mon vagin. Je ne comprenais plus. Le silence soudain m'exaspéra, car je ne pouvais rien voir de ce qu'il se passait autour de moi. J'étais prise, on me pénétrait, j'étais aveugle, je ne reconnaissais aucun des invités. Je compris enfin que le membre qui me pénétrait était un olisbos à ceinture dont ma Maîtresse s'était ceint la taille. Cette audace m'excita. Je me sentis fondre, mon ventre se liquéfia. Avec un vocabulaire outragieusement vicieux, elle exigea de moi que je me cambre davantage, que je m'offre afin qu'elle puisse me remplir jusqu'au fond. Je cédai à l'impétuosité d'un ogasme que j'aurais voulu pouvoir contrôler, tout simplement parce que c'était la première fois qu'une femme me pénétrait ainsi. Je jouis avec la certitude que ma Maîtresse connaissait elle-même le plaisir en m'empalant comme si elle avait été un mâle, un de ces mâles qu'elle aime dresser pour les humilier dans leur machisme. Epuisée, quelques gouttes de sueur étaient venues éclater sur mes épaules, Juliette se décolla de moi comme l'animal après l'accouplement et m'aida à sortir de mon carcan. Après m'avoir conduite à la salle de bain, où elle me doucha, elle m'ordonna d'aller rejoindre les hommes. Ainsi, j'étais l'objet de plaisir de ces trois hommes et de cette femme. Juliette parut subitement échauffée: elle s'approcha de moi, me coucha sur le sol, écarta ses jambes et exigea avec humeur que je la lèche comme une chienne. Je lapai son intimité avec une docilité absolue. Elle était douce, et ce contact nouveau me transporta. Ses cuisses musclées s'écartaient sous la pression de ma langue et de mes dents. Elle ouvrit davantage son sexe et se libéra violemment dans ma bouche; surprise par cette véritable éjaculation, je connus un nouvel orgasme qui me tétanisa, lorsque je pris brutalement conscience que je jouissais sous l'autorisation de ma Maîtresse. Un homme plaqua mon ventre contre la table et m'ordonna d'écarter les cuisses. D'un coup de rein brusque, après avoir observé le spectacle impudique que je lui offrais malgré moi, il pénétra mes reins en criant avec fureur. Je me laissai sodomiser par cet homme auquel Juliette m'avait prêtée, car tel était mon devoir. Une jeune femme, intégralement nue, soumise également, me rejoignit. Elle prit le sexe de l'homme qui venait de me sodomiser entre ses doigts effilés. Elle le masturbait lentement, en roulant sa paume tout autour du cylindre de chair. La verge était maintenant massive et congestionnée, d'une parfaite obscénité. Après lui avoir ordonné sèchement de cesser de le masturber, il lui demanda de s'allonger sur le sol et après avoir écarté et levé bien haut ses jambes, sans qu'elle soit préparée, il la pénétra sans le moindre égard. Ensuite, il me demanda de me mettre en position et me reprit tout aussi brutalement. Il demanda d'une voix autoritaire: - Laquelle veut me recevoir ? Je répondis spontanément que je le désirais. Il m'ordonna de le prendre dans sa bouche pendant qu'elle caressait la partie de son sexe qu'elle pouvait atteindre. Je suçai avec ferveur la verge enflammée qui se cabrait sous ma langue. Le membre devint si volumineux que j'eus quelques difficultés à le conduire au terme de sa jouissance. Avec violence, il se contracta, manquant de ressortir de mes lèvres. Il éjacula brusquement, inondant ma gorge d'un liquide que je pris à coeur de boire mystiquement, jusqu'à la dernière goutte. Il nous envoya nous laver. La salle de bain était vaste et claire. Avant que nous ayons eu le temps de nous mettre sous la douche, il urina sur nous en nous éclaboussant d'un jet dru et tiède. Nous tournions sur nous même afin que chaque parcelle de notre peau reçoive son ondée. L'excitation qui en résulta me donna l'envie de lui offrir une scène d'amour entre la jeune femme et moi. Nous fîmes l'amour presque tendrement. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 16/04/20
La nymphe Daphné, en grec ????? / Dáphnê, signifiant "laurier", fille de Pénée, dieu fleuve de Thessalie et de GaÏa, était une de ces jeunes chasseresses indépendantes et réfractaires au mariage et à l'amour que nous rencontrons si souvent dans les récits mythologiques. Si la couronne de laurier symbolise encore de nos jours la victoire, notamment dans les concours, les prix intellectuels, son origine est plutôt l’histoire d’une défaite: celle d’Apollon à la séduire. Son histoire est celle d’une jeune vierge dévouée à sa déesse Artémis, qui préfère mourir plutôt que d’appartenir à un homme. Ce mythe est la symbolique de la femme grecque désirant s’émanciper. Dans cette société où la femme est encore considérée comme un être inférieur, les hommes ont pris l’habitude de malmener ces femmes ivres de liberté. Apollon, Dieu solaire Grec de la poésie de la musique et du chant possède également des pouvoirs de guérison. Il est le Dieu de la jeunesse éternelle et l’une des douze grandes divinités de l’Olympe. Fils de Zeus, et frère jumeau d’Artémis, il passe la première partie de sa vie voyageant à l’aide de son char tiré par des cygnes. Connu pour son courage et sa beauté, il est cependant paradoxalement assez souvent rejeté dans ses amours pour des nymphes ou des mortels. Après sa victoire sur le Python, Apollon se moque de Cupidon et de son arc. Celui-ci, vexé et pour se venger, tire de son carquois deux flèches, l’une a le pouvoir de chasser l’amour, l’autre de le faire naître. De la première flèche, Cupidon atteint Daphnée la chasseresse. De l’autre, le cœur d’Apollon est touché. Ainsi lorsqu’il croise la nymphe Daphnée lors d’un exil dans le monde des humains, Apollon en tombe éperdument amoureux bien malgré lui. La nymphe solitaire parcourt les terres dans les forêts du Péloponnèse. Passionnée par la chasse, elle s’est vu offrir le don de viser juste par Artémis. Très belle et courtisée elle fuit ses prétendants, au grand désespoir de son père qui la voudrait mariée. Notamment l'acharné Leucippe qui va jusqu’à se déguiser en femme pour la suivre partout jusqu’à ce que la supercherie soit découverte. Indépendante, elle doit faire face à l’obsession amoureuse d’Apollon pour elle. Apollon l’admire, la pourchasse de ses désirs et l’épie. Guerrier, il veut s’unir à elle et ne comprend pas qu’elle s’éloigne et le repousse. Le peuple de Delphes obéit à ses lois, mais il est impuissant à séduire la jeune nymphe. Il lui déclame son amour, mais Daphnée n’entend pas ses discours, elle fuit toujours plus loin. Il la poursuit, aidé par les ailes de l’amour. Sentant le souffle du Dieu dans sa nuque, effrayée, elle voit les arbres s’écarter devant elle et apparaître son père. Elle l'exhorte de lui ôter la beauté qui lui devient funeste et de la protéger de ce prétendant trop pressant, Apollon. À peine a-t-elle achevée cette prière, ses membres s’engourdissent, ses cheveux verdissent en feuillages, ses bras s’étendent en rameaux, ses pieds se changent en racine et s’attachent à la terre. Elle s’est métamorphosée en laurier pour échapper à la passion d’Apollon. De ce jour, le laurier sera l’arbre sacré d’Apollon et la couronne de laurier parera le front des guerriers. Ses feuilles procureront le don de divination et l'arbuste ne pourra être atteint par la foudre. Le mythe de Daphné est à peine évoqué dans les textes grecs comme latins avant le premier siècle avant J.C. Ni Homère, ni Hésiode ne le mentionnent, ni les auteurs tragiques, ni les poètes ultérieurs, rien avant le premier siècle avant J.-C. Il fait l'objet de deux légendes. Le prince Leucippe, fils d’Oemanos, roi de Pise en Élide, tombe également amoureux d'elle. Il imagine la ruse suivant: il se déguisera en jeune fille et accompagnera son aimée à la chasse. Apollon, jaloux, inspire à celle-ci l’idée de se baigner dans la rivière Ladon. Lorsqu’elles constatent qu’elles ont été trompées, Daphné et ses amies transpercent Leucippe de leurs lances. Ce carnage peut rappeler la cruelle mise à mort d’Orphée par les femmes thraces. La seconde légende parle seulement de l’amour malheureux d’Apollon pour la nymphe, qui préfère de loin la chasse à la compagnie des mâles, qu’ils soient divins ou humains. Lorsque le dieu commença à la poursuivre, elle s’enfuit, demandant protection à la Terre-Mère. Alors, la terre l’accueillit et la jeune fille se transforma en laurier. Apollon, en souvenir, coupa une branche de l’arbre et la posa sur sa tête en guise de couronne. L'amour se transformant en reconnaissance éternelle. C’est Parthénios de Nicée, poète du 1er siècle av. J.-C et tuteur du poète latin Virgile, qui nous conta, le premier l’histoire de Daphné, dans son seul ouvrage qui nous reste, les "Erotica Pathemata", ou "passions amoureuses", recueil de quelques amours malheureuses de la mythologie. Hygin, un auteur latin contemporain de Parthénios, cite également Daphné dans l'une de ses fables: "Quand Apollon poursuivit Daphné, fille du fleuve Pénée, elle demanda la protection de la Terre Mère, qui la reçut, et qui la changea en laurier. Apollon en coupa une branche et la plaça sur sa tête." C’est ainsi que l’on représente ordinairement Apollon coiffé d’une couronne de laurier, couronne qui reste encore aujourd’hui symbole de victoire. Dans les "Histoires incroyables" de Palaiphatos, il est écrit que Gaia tomba enceinte du fleuve Ladon. Leur fille fut nommée Daphné. Elle préférait rester vierge et prit donc la fuite pour échapper aux avances d’Apollon. La jeune fille, lasse et à bout de souffle, demanda à Gaia de la faire retourner dans ses entrailles, en prenant racine dans la terre. Parthénios dans ses "Aventures d’Amour" donne le nom de Daphné à son chapitre XV. Cette courte référence serait extraite de Diodore d’Élée dans les élégies et du quinzième livre de Phylarque. Le mythe est mentionné dans plusieurs ouvrages de Plutarque dans "La vie des hommes illustres" et dans le "Dialogue sur l’amour". Pausanias dans "Description de la Grèce", dans le chapitre XX du livre VIII, Arcadie, nous relate, également la légende en reprenant la version de Parthénios de Nicée. Mais c'est le poète latin Ovide (43 av. J.-C. – 17 ap. J.-C.) qui popularisa les amours malheureuses d’Apollon et de Daphné, dans son recueil d’histoires mythologiques, les "Métamorphoses". Dans le premier chant, peu après l’histoire de Deucalion et Pyhrra, on apprend que l’amour premier d’Apollon pour Daphné proviendrait d’une rivalité entre Cupidon et Apollon. La fameuse nymphe y est présentée comme fille du fleuve Pénée. Suite à une querelle trahissant la jalousie du vainqueur de Python, Cupidon atteignit Daphné de sa flèche qui repousse l’amour, puis le dieu ailé toucha Apollon de son autre flèche, celle qui fait aimer. Ainsi épris il pourchassa donc Daphné qui prenait la fuite. Il affirmait ne pas lui vouloir de mal. Ovide explique ensuite que la nymphe suivait l’exemple d'Artémis, chassant les animaux et fuyant les hommes qui l’aimaient. Cette fuite finit par épuiser Daphné qui supplia son père de lui ouvrir la Terre ou de lui faire perdre sa beauté lui attirant un prétendant effroyablement motivé. Pénée sembla avoir écouté la prière de sa fille car la nymphe se retrouva alors changée en laurier. Appolon continua toutefois de l’aimer en faisant de l'arbuste, son arbre emblématique et un symbole de triomphe. Daphné pencha alors ses branches, donnant ainsi l’impression de manifester de la reconnaissance envers Apollon. "S’il est vrai, dit-elle, que les fleuves participent à la puissance des dieux, ô mon père, secourez-moi ! ô terre, ouvre-moi ton sein, ou détruis cette beauté qui me devient si funeste" ! À peine elle achevait cette prière, ses membres s’engourdissent; une écorce légère presse son corps délicat; ses cheveux verdissent en feuillages; ses bras s’étendent en rameaux; ses pieds, naguère si rapides, se changent en racines, et s’attachent à la terre: enfin la cime d’un arbre couronne sa tête et en conserve tout l’éclat; Apollon l’aime encore; il serre la tige de sa main, sous sa nouvelle écorce il sent palpiter un cœur. Il embrasse ses rameaux; il les couvre de baisers, que l’arbre paraît refuser encore." Extrait des de l’épisode de Daphné des "Métamorphoses" d'Ovide La version d'Ovide offre donc une toute autre version du mythe de Daphné et Apollon de celle de Parthénios de Nicée en faisant disparaitre le personnage de Leucippe, avec lui l’intrigue du travestissement; seule la description de Daphné que fait Ovide se rapproche de celle du poète grec: une jeune fille indépendante, dont la beauté attire de nombreux poursuivants qu'elle repousse un à un, disciple de Diane la Déesse de la chasse. Sa simple description physique annonce son caractère sauvage: elle se vêt de dépouilles d’animaux qu’elle a tués, ses cheveux sont désordonnés lui donnant un aspect négligé. On retrouve des figures très similaires à la nymphe-laurier, telle que Syrinx, une nymphe d’Arcadie, transformée en roseau après avoir fui le dieu Pan, dieu des bergers et des troupeaux. Leurs histoires se ressemblent à ceci près; à la différence d’Apollon, Pan, était particulièrement laid, il avait notamment des pattes de bouc. Ce récit à l'épisode décevant évoque la recherche éperdue de l'âme-sœur, seule capable d'apporter le bonheur. Dès qu'on croit l'atteindre, il disparaît. Il symbolise la fixation au moi infantile, aux parents et aux émotions liées à l'amour parental, et par voie de conséquence, l'incapacité d'affronter les réalités de l'existence. La métamorphose en laurier est une forme d'ensorcellement rappelant les psychoses ou névroses menaçant ceux qui refusent obstinément de sortir de l'enfance. Les évocations artistiques du mythe de Daphné sont nombreuses, en peinture chez Véronèse, Rubens, et Poussin. En musique, Haendel a composé la cantate "Apollon et Daphné". Richard Strauss en 1938 a écrit l'opéra "Daphné". " Eh bien ! dit le dieu, puisque tu ne peux plus être mon épouse, tu seras du moins l’arbre d’Apollon. Le laurier ornera désormais mes cheveux et mon carquois: il parera le front des guerriers du Latium, lorsque des chants d’allégresse célébreront leur triomphe et les suivront en pompe au Capitole: tes rameaux, unis à ceux du chêne, protégeront l’entrée du palais des Césars; et, comme mes cheveux ne doivent sentir les outrages du temps, tes feuilles aussi conserveront une éternelle verdure." Bibliographie et références: Pausanias le Périégète, "Description de la Grèce", livre X, chapitre VII. Ovide, "Métamorphoses", 1.456. Ovide, "Métamorphoses", 1.504 – 505. Ovide, "Métamorphoses", 1.557 – 559. Parthénios de Nicée," Aventures d'Amour", chapitre XV. Hygin, "Chants d'amour" Palaiphatos, "Histoires incroyables" Plutarque, "La vie des hommes illustres" Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 15/04/20
"Elle ne vit jamais les hommes qui entraient, parce qu'un valet entrait chaque fois avant eux pour lui bander les yeux, et détachaient le bandeau seulement quand ils étaient partis. Elle perdit aussi leur compte, et ses douces mains ni ses lèvres caressant à l'aveugle ne surent jamais reconnaître qui elles touchaient. Parfois ils étaient plusieurs, et le plus souvent seuls, mais chaque fois, avant qu'on s'approchât d'elle, elle était mise à genoux et fouettée." Histoire d'O Douleur et plaisir sont des sensations. Elles s'incarnent et permettent très tôt dans l'enfance de donner un espace au corps. Celui-ci se construit comme espace sensible traversé de perceptions tantôt déplaisantes, tantôt plaisantes. Le corps est initialement délimité par ces expériences. Le plaisir est tiré de la satisfaction des besoins tandis que le déplaisir provient de leur frustration. Au départ, le plaisir est lié à la survie tandis que le déplaisir indique une situation de danger vital. Il précède une possible disparition du sujet. Il se rattache donc à la mort. Plaisir et déplaisir sont donc respectivement articulés autour des notions de pulsions de vie et pulsions de mort. L'analyste décrit ainsi cette dualité. On considère habituellement le masochisme comme étant le fait de trouver du plaisir dans la souffrance, qu'elle soit physique ou morale. Ce n'est pas exactement cela, car le plaisir provient aussi des conséquences de la douleur, après la douleur ressentie. Le masochiste, lorsque son corps ou son âme est agressé, il souffre, il a mal, ce qui à l'instar de chacun génère une excitation psychique. De cette excitation, il trouvera dans certaines conditions sa jouissance. Le terme masochisme fut élaboré par le psychiatre austro-hongrois Richard Freiherr von Krafft-Ebing (1840 - 1902) à partir du nom de Leopold Ritter von Sacher-Masoch (1836 - 1895) qui décrivit ses fantasmes désormais masochistes dans un roman intitulé "La Vénus à la fourrure". D'ailleurs, Sacher-Masoch ne fut pas très heureux de cet honneur que lui fit Krafft-Ebing de désigner à partir de son nom ce que l'on considèrerait dorénavant comme une perversion sexuelle. Ne percevons-nous pas derrière l'appellation masochiste un jugement de valeur, une connotation morale qui, comme l'homosexualité, se voit qualifiée de perversion, alors qu'il s'agit de trouver son plaisir différemment du commun. La question est par conséquent de savoir s'il y a du mal à se faire du bien en se faisant mal ? Cela étant, comme dans le roman de Sacher-Masoch, cette question n'a d'intérêt que dans le cadre d'un masochisme sexuel assumé, ce qui est bien loin d'être toujours le cas, tant sur le versant sexuel qu'assumé, notamment pour ce qui est du masochisme moral. Le sadisme, terme développé à partir du nom du Marquis de Sade consiste, pour une personne, à infliger des souffrances à l’objet de son désir en vue d’accéder au plaisir. Le masochisme à l’inverse, consiste à recevoir, et à avoir besoin, de cette souffrance pour atteindre ce même plaisir. Les partenaires vont donc établir une relation de dominant/dominé, où la mise en œuvre de violences verbales, de sévices corporels va leur procurer une satisfaction intense pour le plaisir intense des deux. Mais dans cette pratique longtemps considérée comme déviante et répréhensible, il faut faire une distinction entre violence et agressivité. La violence est une pression que l’on exerce sur l’autre, une contrainte. Elle blesse et détruit. La violence n’entraîne pas d’excitation, parce qu’elle nie l’existence de l’autre, elle ne lui accorde pas de liberté. Mais les personnes adeptes de pratiques sadomasochistes encadrent, balisent, contrôlent leur violence qui, finalement, se résume à une agressivité consentie. De nos jours, le sadomasochisme, longtemps condamné par la société, est beaucoup mieux toléré. La médecine porte toujours au contraire un regard plutôt méfiant sur ce type de comportement, estimant que le sadisme relève d’une pathologie psychiatrique sévère; toutefois, le risque de rencontrer un réel sadique est rare, car les règles du jeu doivent être au départ définies par les partenaires. Il s’agit plus d’un comportement dominateur temporaire consenti, que d’un réel penchant pervers qui n’aurait pas de limites. Des limites doivent être fixées pour éviter les dérapages. Certaines pratiques sont dangereuses, car qui dit violence, dit blessures. Les partenaires auront donc établi un code (safeword) qui, lorsque utilisé par la personne qui se soumet, commande l’arrêt immédiat, sans discussion de l’action en cours. La sécurité est ici une condition non négociable, de la même manière qu’il faut bien mesurer l’impact de ces pratiques sur l’équilibre psychologique de chacun, en particulier sur celui de la dominée ou de la soumise. Dans les pays européens, le sadomasochisme n’est pas interdit par la loi tant qu’il se pratique entre deux adultes consentants. Et c’est là que se situe la limite. Même si le sadomasochisme repose sur une relation dominant/dominé, les sévices ne peuvent être infligés à l’autre sans son consentement. Sinon il s’agirait d’une agression caractérisée, et la victime serait ainsi en droit de porter plainte pour atteinte à son intégrité physique et/ou agression sexuelle. Les violences et humiliations que les partenaires s’autorisent ne sont pas indissociables du lien affectif qui les unit. Au contraire. Les rituels sadomasochistes reposent d'abord sur la confiance mutuelle de chacun envers l’autre, c’est pourquoi le sadomasochisme se pratique le plus souvent dans le cadre d’une relation de couple stable. S’adonner au sadomasochisme se décide à deux, et comme tout comportement sexuel, il n’est pas indépendant des sentiments qui existent entre les deux personnes. La dimension affective ou amoureuse est essentielle. Se retrouver sans préparation dans l’une ou l’autre des situations peut conduire à un échec voire au pire à un traumatisme; le dialogue est nécessaire. Le plaisir lorsqu'il survient recouvre la sensation désagréable précédente; c'est l'expérience d'une tension déplaisante qui indique quel est le besoin à satisfaire (la faim, la soif,..). Leur résolution procure du plaisir. L'expérience désagréable est donc nécessaire à l'avènement du plaisir. Il est donc possible d'érotiser la douleur en prévision du plaisir qui viendra lors de son apaisement. De plus, le sentiment d'indignité dans le masochisme rend possible l'émergence d'un partenaire qui viendra le contredire. Le masochiste appelle donc un objet qui, en l'avalisant dans cette position, lui permet de prendre du plaisir; c'est le masochiste qui crée le sadique; en attirant sur lui ses foudres, le masochiste est en situation d'être porté et secouru; ce secours peut prendre la forme d'une punition. L'autre, même s'il punit, répond à une tension à contrôler. Lors des actions SM, nous percevons un passage à l'acte sexuel des tendances psychiques. La sexualité confronte à des représentations du corps qui touchent aux couples propre/sale, bien/mal; certaines parties du corps sont ainsi honteuses et attirantes (sexe, anus, …); toutes pratiques sexuelles oscillent alors entre attirance et dégoût, douleur et plaisir. Dans le SM, cette alternance devient l'objet visé par la pulsion. La mise en œuvre sexuelle du masochisme réalise le fonctionnement psychique inconscient. Cette tendance est universelle. Posséder la douleur, c'est s'autoriser à la transformer, à la renverser en jouissance. Me concernant, de nature profondément masochiste, la douleur me grise et me plonge dans un état second. Le sadisme a une connotation négative dans nos sociétés. Il réfère à un acte délictueux, là où le masochisme correspond à une position de victime; hors des situations pénalement condamnables, le couple sadomasochiste est pourtant solidaire. Le sadique est convoqué par le masochiste qui détient le pouvoir. Il est maître de l'acte; c'est lui ou elle qui fixe le début et la fin des hostilités; le sadique n'est alors qu'un outil du masochiste. Il se plie au besoin de soumission et le rend possible. Les rapports fondés sur le pouvoir voire la violence sont courants dans la vie quotidienne; nous les retrouvons dans de nombreux systèmes hiérarchisés (entreprise, famille, …). Certains individus y sont dominés tandis que d'autres y sont dominants. La position adoptée dépend de la structure névrotique des êtres. Celle-ci est toujours liée au pouvoir, c'est-à-dire au rapport au phallus: le détenir, l'envier, le vouloir, le perdre, ou de la matrice pour une femme dominatrice. Le SM n'est donc pas une perversion mais l'expression dans la vie sexuelle de mouvements inconscients ordinaires. Dans une certaine mesure, en mettant en jeu les désirs les plus profonds, ces pratiques pimentant la sexualité, ne posent généralement aucun souci puisqu'elles sont fondées sur un profond respect et une écoute soutenue de l'autre. Le sadomasochisme actualise et réalise de façon positive une part des désirs inconscients informulés des partenaires. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 07/04/20
"Viens ici ! viens à nous ! Ulysse tant vanté ! L’honneur de l’Achaïe !... Arrête ton navire; viens écouter nos voix ! Jamais un vaisseau noir n’a doublé notre cap sans ouïr les doux airs qui sortent de nos lèvres; puis on s’en va content et plus riche en savoir, car nous savons les maux, tous les maux que les dieux, dans les champs de Troade, ont infligé aux gens et d’Argos et de Troie, et nous savons aussi tout ce que voit passer la terre nourricière." L’Odyssée d’Homère chant XII Les Sirènes hantent les contes, légendes, récits oraux, écrits et audiovisuels du monde entier. Depuis l’Antiquité, où elles apparaissent pour la première fois grâce à Homère, mais peut-être même depuis bien avant, elles ne cessent de nous poursuivre dans toutes les eaux qu’elles habitent ou survolent.Toujours elles sont présentes, périodiquement elles ressurgissent. Elles n’ont cessé de muter, de se mouvoir d’un récit à un autre, d’un pays à l’autre, sous la plume de nombreux auteurs et par la voix de nombreux conteurs. Elles ont changé de forme, de nombre, de nom, d’intentions et d’interprétation; du chant mortel au pouvoir de séduction d'enchanteresses. Ce qui rend la Sirène si variable et si multiple, ce sont les yeux à travers lesquels elle est vue, les pensées par lesquelles elle est imaginée, extrapolée, réinventée. C’est pourquoi on ne trouve pas une seule origine à la naissance des Sirènes mais plusieurs racines, diverses suppositions. La Sirène est un être mythique qui peuple paradoxalement notre monde et ce, depuis l’antiquité. On la retrouve partout, en musique chez Wagner en 1876, dans "l’Anneau de Nibelungen", en peinture dans les œuvres de Rubens, Gustave Moreau, Paul Delvaux, et Edvard Munch, en poésie chez Pétrarque et Bembo, au théâtre dans le "Songe d’une nuit d’été" de Shakespeare, dans le roman avec "La petite Sirène" d’Andersen, dans le cinéma, depuis "Miranda" d'Annakin en passant par "Splash", jusqu’à "La petite Sirène" de Walt Disney, sans oublier les travaux scientifiques, la presse ou la publicité. Elle est pour les uns une métaphore extrêmement négative: il s’agit alors d’une femme adulte perverse et tentatrice, dangereusement mortelle pour les hommes. Pour d’autres, il s’agit au contraire d’une innocente jeune fille, vertueuse, fragile, et surtout amoureuse. C’est là le paradoxe d’une figure mythique, abondamment représentée et en même temps dénaturée. Dès lors, la figure de la Sirène apparaît comme une figure ambivalente, voire kaléidoscopique. Face à ces contradictions, le discours peut laisser place au silence, comme témoignage de l'incapacité à saisir ce mythe multiforme. La Sirène, selon la version la plus diffusée de la légende, est un être fantastique, avec le buste d'une très jolie jeune femme, et la queue d'un poisson; telle est la créature décrite dans les légendes marines, dans la grande majorité des contes et aussi dans certains témoignages de découvertes ou captures de Sirènes. La version de la "femme-poisson", d'origine nordique, est la plus diffusée, mais il y a aussi une version d'origine grecque; par ailleurs chez les peuples de la Mésopotamie existaient déjà des descriptions d'êtres avec ces caractéristiques. La différence principale de la version grecque réside dans le fait d'évoquer des créatures moitié femme et moitié oiseau, parfois simplement des femmes. Le point commun à toutes les légendes est que la Sirène est décrite comme un être qui vit dans la mer, soit dans l'eau, (version nordique) , soit sur des écueils ou îlots (version grecque). La Sirène, dans la plupart des récits est un être maléfique qui attire les marins et cause leur ruine; grâce à son aspect de femme très belle ou à son chant irrésistible, elle est capable de séduire les marins. Aussi le destin des marins varie selon les histoires légendaires; dans l'optimiste hypothèse, les victimes vivent chez les Sirènes (en revanche ils demeurent éloignés du monde et de leurs familles). Dans la destinée la plus néfaste, les Sirènes dévorent les marins; parfois, la Sirène et l'homme deviennent amoureux, mais ne pouvant partager indéfiniment le même univers, ils sont condamnés tous les deux, pour toujours à l'infélicité. Dans la mythologie de certains peuples antiques, Sumériens et Babyloniens, on isole des êtres qui ressemblent beaucoup aux Sirènes, soit nordiques (femme-poisson) soit grecques (femme-oiseau); d'habitude il s'agit de dieux ou de semi-dieux, ou d'êtres possédant un pouvoir magique; les dieux étaient souvent représentés en animal; on trouve des représentations de dieux avec tête ou autres parties d'animal (comme certains dieux Egyptiens), de dieux qui peuvent changer leur forme humaine en forme animale, enfin des dieux qui ont toujours la forme d'un animal. Citons dans ce dernier cas, pour exemple le dieu Babylonien de la mer, qui a l'aspect d'un triton. C’est dans l’Odyssée d’Homère, au chant XII pour être plus précis, qu’apparaît pour la première fois de l’histoire littéraire la mention des Sirènes. L’Odyssée est en effet la plus ancienne source littéraire qui mentionne les Sirènes. C’est à partir de l’Odyssée que va se développer la figure de la Sirène et que cette figure va prendre une telle ampleur et qu’elle va s’élever au rang de mythe. Selon la mythologie, elles étaient filles du fleuve Achéloos et de la Muse Calliope, la Muse du Chant, mais surtout des divinités redoutables qui ressemblaient à de grands oiseaux à têtes de femmes. On raconte, pour expliquer ces formes étranges, qu'Aphrodite leur mit des pattes et des plumes d'oiseaux tout en conservant leur visage de jeunes filles parce qu'elles avaient refusé de donner leur virginité. Cette forme composite existait déjà en Egypte où l'âme était symbolisée par un oiseau à tête et à pied humains. Les Germains avaient aussi leurs Sirènes engendrées par le malfaisant, les "Nixinnes", qui enjôlaient les hommes pour les attirer dans les flots afin de satisfaire l'appétit de leur père. Au nombre de plusieurs, selon les auteurs, elles vivaient sur une ou plusieurs îles vertes, situées à l'ouest de la Sicile: Anthemusa et les îles des Sirènes, près du cap Péloros, aujourd'hui Faros; tandis que les latins les situaient à Capri, elles se montraient particulièrement redoutables, par temps calme, à l'heure de la sieste. Musiciennes dotées d'un talent exceptionnel, elles séduisaient les navigateurs qui, attirés irrésistiblement par l'accent magique de leurs voix, de leurs lyres et de leurs flûtes, perdaient le sens de l'orientation et venaient se fracasser sur les récifs où ils étaient dévorés par ces fourbes enchanteresses. On leur attribue des noms divers: Aglaopé (celle au beau visage); Aglaophonos (celle qui a une belle voix); Leucosia (la blanche); Ligéia (celle qui a un cri perçant); Molpé (la musicienne); Parthénopé (celle qui a un visage de jeune fille); Peisinoé (celle qui persuade); Raidné (l'amie du progrès); Télès (la parfaite); Thelxépéia ( l'enchanteresse); Thelxiopé (celle qui ensorcelle). Mais l'oracle avait prédit qu'elles disparaîtraient si un seul navigateur résistait à leur envoûtement. Un jour, les Argonautes, en quête de la Toison d'Or, passèrent près de leur île. Les chants mélodieux des Sirènes les auraient ensorcelés ainsi que leurs belles promesses, car elles leur proposaient le don de voyance entre autre plaisir. Odysseus, averti par la magicienne Circé du danger mortel qui le guettait ainsi que son équipage, ordonna à ses marins de se boucher les oreilles avec de la cire, de l'attacher solidement au mât de son navire et de ne le détacher à aucun prix, même s'il les menaçait de mort. Orphée le musicien, qui se trouvait à bord, se mit à jouer de la lyre et à chanter. Le pouvoir extraordinaire de sa voix ne put être égalé ou surpassé par le chant des Sirènes et, selon la prédiction, ces dernières perdirent tout pouvoir sur les hommes; vexée, l'une d'elles, Parthénopé, se jeta à l'eau; les vagues emportèrent son corps sur la côte. Plus tard, on éleva un monument en son honneur à l'endroit où fut érigée la ville de Naples. Le mythe des Sirènes est quasi indestructible. L'iconographie antique les représente comme des femmes à queue de poisson tenant des instruments de musique ou des oiseaux à visage et seins de femme. Sur les monuments funéraires, elles figuraient des anges de la mort chantant au son de la lyre tout en ayant des intentions érotiques à l'égard du héros décédé. De nombreux auteurs anciens les ont citées: Aristote, Pline, Ovide; les bestiaires médiévaux les décrivent comme des "femmes depuis la tête jusqu'aux cuisses", poissons " de la tête jusqu'en bas avec des ailes et des griffes." Elles ont laissé à la postérité leur image gravée dans la pierre des stèles, des tombeaux, ou des églises romanes. En Inde, nommées les Apsaras, elles n’étaient pas maléfiques comme leurs cousines grecques. Jolies et musiciennes douées, elles pouvaient prédire l’avenir et prenaient plaisir à attirer les hommes, leur apportant bonheur et félicité. Quand on évoque la version nordique de la légende, on utilise à la place du mot Sirène d'origine grecque, l'expression "mermaid" (mot anglais pour "sirène"); "mermaid" est un terme en ancien anglais composé par "mer" (ou "meer") et "maid" (jeune femme). Mermaid signifie donc "femme de la mer". Andersen dans son conte utilise le terme "havfrue" (le titre danois est "Den Lille havfrue"), synonyme de mermaid ("hav" signifie mer et "frue" femme). La mermaid est une créature moitié femme et moitié poisson. Elle est représentée avec un buste de femme et une queue de poisson, parfois à deux queues qui se substituent aux jambes. Comme dans la version grecque, il s'agit d'une créature capable de séduire les marins, mais sans volonté belliqueuse. Les marins vivent alors en leur compagnie des jours heureux. Elles revivent dans le folklore nordique et breton, dans le language courant qui les évoque constamment: les expressions "finir en queue de poisson" ou "écouter le chant des Sirènes", c'est à dire suivre des conseils attrayants mais dangereux. Les femmes séduisantes qui savent jouer de leurs charmes sont des Sirènes. Beaucoup de marins et navigateurs prétendirent avoir aperçu des Sirènes. Certaines de ces histoires sont liées aux phoques en Europe du Nord, d’autres aux dauphins dans les mers du Sud. Ainsi, Christophe Colomb qui prétendait ne pas y croire, dit en avoir vu trois au large de la Guinée. Henry Hudson, le navigateur anglais raconta également que l’un de ses marins en avait vu une et plongea même dans la mer pour l’observer. On en mentionne entre autre en Russie, en Thaïlande, en Ecosse, à Tahiti, au Chili. La liste des témoignages de l'existence des Sirènes est très longue; on parle de personnes qui en auraient vu, voire même qui en auraient capturé. En 2006 il y eut la découverte du corps d'une Sirène au Venezuela: il s'agissait en réalité d'un faux, réalisé par un artiste, Juan Cabana. Le dugong et le lamantin (mammifères) sont des animaux marins qui ressemblent aux phoques, et qui souvent ont été l'origine de "rencontres" avec des Sirènes: ces animaux ont une forme qui rappelle celle de la Sirène; en outre les femelles ont des mamelles sur la poitrine et nourrissent les petits en les saisissant par les pattes. La sirénomélie (syndrome de la sirène) est une maladie fœtale rare (1/100 000), à origine inconnue, qui se traduit par un développement anormal des membres inférieurs, qui sont partiellement ou complètement joints. Sur le plan symbolique, les Sirènes, filles de l'Eau (abysses de l'inconscient) ou de l'air (le rêve) personnifiaient autrefois les séductions et les dangers de la navigation. De nos jours, on les considère comme le symbole de la fascination mortelle du désir, de l'attrait exercé par la femme fatale, la séductrice perfide et cruelle qui apporte la mort physique ou spirituelle, reprenant ainsi l'image de la courtisane ou femme de mauvaise vie, inventée sur la triple volupté des sens, la musique, le vin et l'amour, qui sont les attraits les plus puissants pour attacher les hommes sensuels; on a tiré l'étymologie de Sirène du mot grec "seira" signifiant la chaîne, rappelant ainsi l'impossibilité d'échapper à leurs attraits. Leur souvenir hante l'inconscient de l'homme qui, jusqu'à la fin des temps, gardera la nostalgie de la femme fatale, "l'anima négative." Elles symbolisent également l'illusion, car en dépit de la volupté émanant de leurs formes sensuelles, de la douceur de leur chant, ces nymphomanes qui poursuivaient sans répit les hommes qui pour leur malheur passaient à leur portée, sont des figures paradoxales en raison de leur corps anormal, par conséquent incapables de satisfaire le désir et la passion. Si on considère la mer comme l'inconscient et ses profondeurs, et la navigation comme le voyage qu'est la vie humaine, les Sirènes sont l'image des tentations issues des forces inconscientes, rencontrées sur la route de l'évolution individuelle. Mais en dehors de ces considérations, ne peut-on également voir en elles l'image de la femme captivante par son mystère, capable de charmer et d'enchanter l'homme dont elle sait faire vibrer la corde sensible ? Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 27/03/20
Le chuintement de la douche se tut doucement, plongeant la pièce dans le silence, coupant court à mes réflexions. Quelques minutes plus tard, elle sortit nue de la salle de bain, une serviette noire enroulée sur la tête, la peau rosie par l'eau chaude. Les gouttes cascadant sur ses courbes, tombaient silencieusement sur le parquet en bois blanc, coloré par la lumière pâle. Elle se déplaçait nue d'une démarche féline, langoureuse, envoûtante; ses longues jambes brunes étaient terminées par des pieds fins, aux ongles vernis de rouge. Je me rappelle cet été quand je regardais ses sandales claquer sur ses talons nus, déjà envahie par un désir brûlant, irrépressible; mes yeux s'étaient alors soudés aux siens, lourds d'envie; elle me souriait; ses lèvres ourlées lui prêtaient un air sensuel et lascif. Elle lèva les bras et dénoua sa serviette en secouant la tête. Une furie de cheveux noirs tomba sur ses épaules fines. Sous ses sourcils bien dessinés, ses grands yeux noirs, très brillants, semblables à la surface d'un lac au crépuscule, me sondaient sans vergogne. J'avais pressenti chez elle des promesses de sexe brutal, très primaire, mais il n'en fut rien; au contraire, des deux, c'est moi qui me révèla la plus dépravée. Elle fut tout en tendresse et soucieuse de plaire. Elle n'était pas à sa première expérience saphique mais elle me répèta que je surpassais de loin ses précédentes conquêtes; je me plus à la croire, car mes expériences hétérosexuelles n'avaient jusqu'à présent jamais été bienheureuses; avant elle, j'étais amoureuse d'aucune fille en particulier, mais seulement des filles en tant que telles, comme on peut aimer sa propre image, trouvant toulours plus émouvantes et plus belles les autres, que l'on se trouve soi-même, dans le plaisir à se voir abandonner sous leurs caresses. Par dessus le drap, elle posa sa main sur ma cheville et mes seins durcissèrent aussitôt; juchée sur ses genoux, elle écarta les jambes pour me laisser passer. Malgré la douche, son entrejambe diffusait encore un parfum à l'arôme sensuel mêlé de ma salive et de son désir; une fois allongée sous elle et peinant à contenir ma propre impatience, je commençai par lécher sa peau autour de ses lèvres odorantes. Il s'en dégageait une douce chaleur; ma bouche fraya maintenant avec son aine, très près de sa vulve, et elle trembla d'anticipation. Je glissai le bout de mon index sur le dessin plissé de son sexe moite qui s'ouvrit graduellement sous mes yeux, la sentant se resserer autour de mes doigts, l'entendant gémir à me faire tourner la tête. Peu à peu, rattrapée par mon impatience, je commençai à laper ses grandes lèvres, une à une, en faufilant désormais le bout de mon index dans son ventre, avant d'oser ma langue, assez loin pour que mes dents touchent la crête enflée. Elle se cabra, elle se tut, elle savoura le moment. Elle répandit son désir dans ma bouche. Ses seins étaient pressés contre mes mollets; assise à califourchon sur mon visage, gémissante, pendant que j'écartai ses fesses pour m'enivrer de sa saveur, glissant mes doigts sur ses jambes brunes. Elle glissa sur moi, me permettant ainsi de voyager de sa vulve savoureuse au sillon de ses reins. Juste à la crispation des muscles de ses cuisses, elle parut sur le point d'abdiquer sous le zèle de mes caresses. Elle roula sur le coté, puis remonta vers la tête de lit. Les volets étaient tirés, la chambre presque obscure. - Pas encore, halèta-t-elle. Malgré son teint hâlé, je remarquai ses joues rougir par le désir. Ainsi étendue sur le dos, les bras au dessus de la tête, elle exhibait ses seins en constante érection; je rampai vers elle pour mordiller leurs pointes, dures et foncées, avant de lécher avidement les aréoles; elle m'enlaça, promèna ses ongles le long de mon épine dorsale. Constatant son soudain avantage, elle me retourna sur le dos; les genoux écartés, je sentis son souffle chaud sur ma vulve. Elle introduisit ses doigts dans mon logis profond et onctueux. Enhardi, son plaisir la guida entre mes reins, dans la vallée chaude de mes fesses, à l'entrée de l'étroit pertuis; je me cambrai pour aller à la rencontre de sa bouche affamée. Gémissant plus d'une heure sous ses caresses, et enfin les seins dressés, les bras rejetés en arrière, empoignant les barreaux du lit, je commençai à crier, lorsqu'elle se mit à mordre lentement la crête de chair où se rejoignaient, entre les cuisses, mes petites lèvres; me sentant brûlante et raidie sous sa langue, elle me fit crier sans relâche, jusqu'à ce que je me détendis d'un seul coup, moite de plaisir; je râlais alors que je jouissais pour la seconde fois de la journée. Nous nous endormîmes, en mêlant nos rêves et nos corps, bouleversées d'amour et de désir. Aujourd'hui, je pense à tout ce que j'aime en toi et qui s'éclaire parfois, à ton insu, comme un beau front de mer. Parce que tu m'as fait, un instant, cette confiance, d'être pour moi, toute claire et transparente, je serai toujours là. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 25/03/20
On lui rappela, mais il lui paraissait peu probable qu’elle sût, en toute connaissance de cause, à quoi elle s'était engagée; lorsqu’elle l’aurait compris, il serait trop tard pour qu’elle échappât; après une route interminable, Juliette arrêta la voiture devant un portail austère où un homme nous attendait; le temps de reprimer son angoisse, Charlotte se retrouva les yeux bandés; elle portait une robe droite noire, avec une fente arrière arrivant jusqu'à mi-cuisse; en dessous, un corset rigide rehaussait ses seins, révélant les aréoles, et la naissance des pointes, en faisant saillir le ventre, des bas fins et noirs tenus par un porte-jarretelles; elle était chaussée de talons hauts; sa Maîtresse lui attacha les mains derrière le dos. Le temps de réprimer son angoisse, une poigne énergique et brutale enserra ses bras frêles et la conduisit dans une pièce qu'elle imagina minuscule, sorte d'antichambre où elle attendit un long moment; nous fûmes conduites dans un petit salon; je me glissai derrière elle, et soulevai sa chevelure, en faisant glisser la fermeture éclair de sa robe, de la nuque, jusqu'au bas du dos, le vêtement tombait à ses pieds, tandis que je dégraffai ses bas en les faisant glisser le long de ses jambes. Le serre-taille rejoignit le reste de sa parure à ses chevilles, dénudant totalement Charlotte; elle conservait, fixée au centre de ses reins par trois chaînettes d'or tendues à une ceinture de cuir autour de ses hanches, un bijou imitant un sexe dressé, destiné à distendre le cercle de chair, et à rendre encore plus aisé l'usage de cette voie; jugée trop étroite, pour la prêter, sa Maîtresse avait cru bon de l'élargir afin qu'elle fut doublement ouverte; ainsi forcée, elle en portait un chaque jour plus épais. Une présence se manifesta soudain l'arrachant de sa torpeur; on la poussa pour descendre les marches d'un escalier tortueux; l'odeur de la terre humide emplissait ses narines; au bas de l'escalier, se trouvait une cave avec son odeur caractéristique de moisissure; une véritable cave comme une esclave doit l'aimer; on retira la ceinture de cuir et on la fit asseoir sur une chaise en bois hérissée d'un volumineux godemichet de sorte qu'il la pénétre profondément entre ses reins. Empalée dans la cave déserte, où les effluves d'humidité évoquaient l'odeur des anciennes prisons, on glissa sur sa tête une cagoule emprisonnant la nuque et aveuglant ses yeux, ne laissant passer l'air que par une ouverture pratiquée au niveau de la bouche; elle ne fut pas fouettée tout de suite; les seins et la bouche offerts, dans cette froide pénombre où ne pénétrait aucun bruit, tremblant de froid, elle ne vit jamais les deux hommes qui entraient ni la jeune fille soumise. Quelqu'un l'appela "Numéro 2" et s'adressa à elle en la traitant de "sac à foutre"; Charlotte apprit qu'elle était là pour servir de réceptacle à la semence des Maîtres, qu'elle devait recevoir par tous les orifices prévus par la nature, sans jamais protester ni même trahir une quelconque émotion; c'était une femme ravalée au rang d'objet muet et servile; un homme s'approcha de la chaise; Charlotte devina qu'il tenait à la main deux longues et fines aiguilles. On la porta sur une table où elle fut allongée sur le dos et solidement ligotée; elle attendit quelques minutes dans la position infamante de l'esclave offerte et consentante; les hommes s'approchèrent d'elle et brusquement elle sentit des dizaines de doigts la palper, la fouiller, la dilater avant que les sexes inconnus ne commencèrent à la pénétrer; elle fut malmenée, saccagée, sodomisée; mais un Maître interrompit brutalement la séance qui lui parut trop douce. Il s'empara d'un sein qu'il se mit à pétrir, à caresser, puis à pincer pour en faire jaillir la pointe granuleuse; lorsque le mamelon fut bien excité, il y planta la première aiguille, puis presque aussitôt, la seconde dans le mamelon du sein qui n'avait pas été caressé et qui réagit par conséquent de toute autre façon; d'autres aiguilles furent plantées, tout autour des aréoles, faisant perler quelques gouttes de sang, puis il transperça la peau endolorie des grandes lèvres. L'homme força sa bouche alors que les lèvres osaient à peine effleurer la pointe du sexe, protégé encore par sa gaine de douce chair; Juliette admirait les mouvement de la bouche refermée et resserrée sur le membre qu'elle avait saisi, et le long duquel elle montait et descendait, le visage défait de larmes chaque fois que le sexe gonflé la frappait jusqu'au fond de la gorge, repoussant la langue et lui arrachant une nausée; elle le reçut avec soulagement comme une offrande. L'homme, penché au dessus d'elle, tenait à la main une bougie; d'un geste lent, le bougeoir doré s'inclina, la cire brûlante perla sur sa peau en cloques blanchâtres; l'idée d'être brulée vive la terrorisait; son martyre devenait malgré elle délicieux; elle perdait la notion du temps et de la douleur; soudain des coups de fouet la cinglèrent avec une violence terrifiante; elle compris que les cinglements étaient destinés à faire éclater les croûtes de cire qui constellaient son ventre et ses seins. On détacha Charlotte de façon à lui permettre de pouvoir prendre du repos, mais cet intermède ne dura que le temps de préparer l'épreuve suivante; on lui lia les chevilles avec des lanières de cuir reliées par des chaînes au murs de pierre et on emprisonna ses poignets dans des bracelets d'argent pendus que l'on écarta en croix, comme les cuisses; elle était ainsi offerte dans cette position humiliante, que la lumière ne parvenait pas à rendre impudique. Les seins et le ventre offerts, et le lugubre silence; rien qui lui était d'autant de secours que le silence et les chaînes; se lassait-elle ? Non; à force d'être outragée, il semble qu'elle aurait dû s'habituer aux outrages, sinon au fouet à force d'être fouettée; on lui ôta la cagoule; Charlotte parut fascinée par la noblesse des lieux; c'était une cave voûtée splendide, aux murs de pierres apparentes; des cierges ornaient chacun des angles dont les flammes tremblaient sur l'or des pierres. Lorsqu'elle reçut le premier coup de fouet, elle comprit qu'il s'agissait d'un martinet souple utilisé de façon à lui chauffer le corps avant d'autres cinglements plus agressifs; l'homme passa rapidement à la cravache; elle en reconnut la morsure particulière; on la flagella avec une rigueur impitoyable, si bien que le ventre et le devant des cuisses avaient leur part autant que les seins; l'homme voulait entendre Charlotte hurler au plus vite; il écouta ses gémissements devenir des cris. Pendue aux bracelets qui lui sciaient les poignets, écartelée à en sentir les jointures de ses cuisses endolories, elle ne pouvait faire un mouvement, ni tourner la tête pour voir la jeune soumise; "Numéro 2" s'approcha de Charlotte; après un moment, on retira la cagoule qui l'aveuglait; elle aperçu la jeune fille, à peine plus âgée qu'elle; elle avait un corps parfait et un visage délicat; un homme lui murmura à l'oreille qu'elle devait se servir d'elle comme bon lui semblerait. Flattée, "Numéro 2" entendait amener Charlotte à merci; elle commença par lui caresser l'intérieur des cuisses; la jeune soumise semblait sûre d'elle, faisant preuve d'une tranquille détermination; elle ne ressemblait plus en rien à une esclave sinon sa nudité; au contraire, elle avait le port du visage fier; aux premiers coups qui la brûlèrent au ventre, Charlotte gémit. "Numéro 2" passait de la droite à la gauche, s'arrêtait, reprenait; la suppliciée se débattait de toutes ses forces. Charlotte crut que les liens la déchireraient; elle ne voulait pas supplier; qu'une femme fût aussi cruelle, et plus implacable qu'un homme, elle n'en avait jamais douté, mais elle pensait que la jeune soumise cherchait moins à manifester son autorité qu'à établir une complicité; de fait,"Numéro 2" arrêta la flagellation pour s'amuser avec son sexe, écarter les chairs, agacer le clitoris, et la pénétrer avec le manche de la cravache; enfin, elle fit le tour du corps écartelé et détacha Charlotte épuisée. Souillée de sperme et de sueur, Juliette décida qu'elle devait être reconduite au premier étage pour qu'elle fût douchée; après une minutieuse toilette, elle lui ordonna d'uriner à même le sol dans une coupelle, de renifler son urine et de la boire; bouleversée par cette épreuve, au bord des larmes, mais n'osant se rebeller, elle sentit soudain qu'elle n'y échapperait pas, elle se mit à laper le liquide tiède et clair et à l'avaler, prenant soin de ne laisser aucune goutte, sans être comblée de honte. Elle fut conduite dans la chambre qu'elle devait occuper, où nue et attachée, elle s'endormit. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 22/03/20
Amazone. Ce mot n'évoque pas seulement une cavalière de la belle époque ou le costume qu'elle portait. C'est le souvenir d'antiques peuples de femmes guerrières. Filles d'Arès et de la naîade Harmonie, selon la légende, elles vivaient en Cappadoce, sur les rives du Thermodon, au Nord-Est de la Turquie, et conquirent de vastes étendues jusqu'en Asie Mineure; elles avaient l'habitude de se comprimer un sein dès l'enfance, afin de faciliter le tir à l'arc. Portant casque et armure, arcs de bronze et boucliers en demi-lune, ce furent les premières femmes à utiliser la cavalerie. Sans foi ni loi, vivant de pillage, elles constituaient des tribus matriarcales qui se perpétuaient par de brèves relations, une fois l'an, avec des hommes des régions voisines auxquels elles renvoyaient les enfants mâles, ne gardant que les filles qui étaient très tôt entraînées à la chasse et à la guerre. Leur pays était gouverné par une reine. Les récits les plus connus sur des Amazones viennent de l'antiquité grecque. Les Amazones apparaissent dans les textes au VIII ème siècle av. J.-C. chez Homère. Cependant, il est pratiquement certain que le mythe était transmis oralement bien avant son évocation dans l’Iliade. Cette apparition au VIIIe siècle lui donne une nouvelle impulsion et les guerrières font leur apparition sur des boucliers et des vases. Les plus anciennes représentations mises au jour datent de 700 av. J.-C. Elles se disaient filles de Mars, le dieu de la guerre; sous la conduite de reines énergiques: Orythie, Marpésia, Lam-pedo, Antiope, Hippolyte, Penthesilée, elles firent de vastes conquêtes en Asie; mais des expéditions conduites par les grands héros grecs, Hercule et Thésée défirent les Amazones sur leur territoire d'origine; Achille aurait tué Penthesilée en combat singulier pendant la guerre de Troie. Ainsi, disent les anciens, s'éteignit la nation des Amazones du Thermodon. Des historiens d'Alexandre le Grand relatent qu'il rencontra au Sud-Est du Caucase certaines de leurs descendantes. Accompagnée d'une escorte de trois cents guerrières, leur reine Thalestris vint au camp d'Alexandre et lui demanda de lui faire un enfant, afin d'allier les sangs de la plus forte des femmes et du plus puissant des hommes; selon la légende, moins ardent que Thalestris, Alexandre partagea son lit pendant treize nuits, au bout desquelles la reine rentra chez elle. L'historien grec Diodore de Sicile conte aussi les exploits des Amazones de Libye, des guerrières d'Afrique du Nord vivant avec des hommes et exerçant le pouvoir. On dit aussi qu'elles édifèrent le temple d'Ephèse qui fut l'une des sept merveilles du monde, qu'elles s'emparèrent de Troie mais que pourchassées par des tribus barbares, elles perdirent au combat leur reine Marpésia. Leur pays, gouverné par une reine, avait pour capitale, Themiscrya. Elles fondèrent Smyrne et Paphos. Enfin plusieurs historiens grecs et latins parlent d'Amazones qui auraient vécu en Scythie, dans le Sud de l'actuelle Ukraine près de l'embouchure du Don. Mais, ce ne sont pas à proprement parler des Amazones, car vivant avec des hommes, elles jouissaient d'une certaine égalité avec eux. On retrouve des Amazones en Bohème vers 730. Des voyageurs portugais du XVI ème siècle signalent des Amazones en Ethiopie; elles vivaient avec des hommes et avaient le pouvoir sur eux. Les Amazones sur lesquelles nous avons les informations les plus directes sont celles que rencontra et combattit en 1542, sur les rives du fleuve brésilien, portant maintenant leur nom, l'expédition de l'explorateur espagnol Orellana. Elles faisaient payer tribut aux peuplades voisines, et ramenaient de force de leurs expéditions, des prisonniers par qui, elles se faisaient féconder; elles gardaient leurs filles avec elles et renvoyaient les fils à leurs pères. Les Amazones du Dahomey étaient des guerrières de grande valeur qui disparurent lors de la colonisation française. Elles se distinguaient par leur mépris des dangers et par leur férocité. Au sommet des montagnes bordant la Guyane, un autre peuple d'Amazones n'obéissait qu'aux reines qu'il se donnait. Peu combatives, ces Amazones vivaient en parfait voisinage avec les autres tribus. Ainsi chaque continent connut ses propres Amazones aux mœurs différentes. Si certains historiens contemporains ont, dans leurs études, nié leur existence réelle, il parait difficile aujourd'hui de se rallier à leur opinion alors que tant d'écrivains et d'artistes ont fait figurer certaines d'entre elles dans leurs œuvres: Homère, Plutarque, Polyen, Pline, Isocrate, Lysias, Ptolémée, Hippocrate et que par ailleurs des fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour des tombes de femmes guerrières, enterrées avec leurs armes entre 600 et 200 av. J.-C. Dans l'Antiquité gréco-romaine, Les Amazones formaient un groupe généralement indifférencié ou le collectif primait sur l’individuel. Dans la céramique, elles sont ainsi rarement identifiées par des inscriptions. Cependant trois Amazones se détachent du collectif et connurent des destins singuliers, abondamment contés par les auteurs anciens. Ces guerrières jouissant d’une place privilégiée dans la mythologie amazonienne sont Penthésilée, Hippolyté et Antiopé. Penthésilée, fille d'Arès et d'Otrera participe avec une dizaine d’autres amazones à la guerre de Troie afin de venir en aide à Priam, roi de Troie, suite à la mort d’Hector. Elle prouve sa valeur en tuant de nombreux Grecs et grâce à elle les Troyens reprennent le dessus. Mais Achille apparait, défie la reine des Amazones et la tue en combat singulier. Après sa mort, il tombe amoureux d’elle et pleure sa mort. Il recueille son corps et l'enterre avec tous les honneurs. Hippolyté, quant à elle, est la reine des Amazones et son père, Arès, lui a transmis une ceinture en reconnaissance de ses aptitudes guerrières. Lors de son IX ème travail, Héraclès doit récupérer cette ceinture pour la fille d’Eurysthée qui lui a commandé les travaux. Héraclès accoste à Thémiscyra, la capitale amazonienne, et combat les Amazones pour obtenir la ceinture. Il tue finalement la reine pour la lui soutirer. On raconte aussi qu'Hippolyté s'éprit du héros et lui offrit. Antiopé fut vaincue et enlevée par Thésée, qu'elle épousa et auquel elle donna un fils, Hippolyte qui fut aimé de Phèdre. son rapt amena les Amazones à marcher sur Athènes en représailles, afin de délivrer leur sœur. Siphione vint féliciter Jason après la capture de la Toison d'Or. Lysippé brisait les membres des garçons afin de les obliger à s'occuper des corvées domestiques pendant que les femmes gouvernaient et faisaient la guerre. Elle institua le culte d'Artémis. Les Amazones qui survécurent au massacre attribué à Héraklès se réfugièrent dans les montagnes d'Albanie, près de Colchis; certaines s'établirent au pied du mont Caucase, tandis que leurs voisins, les Gargarensiens, montaient vers le Nord; tous les ans, au printemps, les deux groupes se rencontraient sur la montagne, séparant leurs territoires, pour une cohabitation de deux mois, et s'unissaient après un sacrifice rituel; dès qu'une Amazone se trouvait enceinte, elle rentrait dans son pays; les garçons étaient confiés aux Gargarensiens. Les Amazones du Thermodon qui vivaient en Asie Mineure accompagnèrent leurs maris à la conquête de la Sarmatie asiatique. Impuissantes, elles assistèrent au massacre de leurs compagnons et durent, pour survivre, se revêtir des armes des morts et se battre. Elles vainquirent. Encouragées par ce premier succès, elles rentrèrent en traînant dans leur sillage des prisonniers. Elles constituèrent alors le premier royaume des Amazones et instituèrent des lois. Marpésia reçut le commandement des armées et Lampetho la direction de l'État avec le titre de reine. Les Amazones firent le serment solennel de renoncer au mariage mais, comme une présence mâle était indispensable à la reproduction, elles établirent la paix avec les Etats voisins. Une clause scellait cette apparente générosité. Les hommes devaient se trouver, chaque année, à époque fixe, sur la frontière du territoire. Les Amazones de la mer Caspienne ne doivent pas être confondues avec les Amazones libyennes vêtues de peau de serpent, qui vivaient sur une île du lac Tritonis qui s'allièrent à Dionysos. Leur reine Myrina, à la tête d'une puissante armée, envahit le territoire des Atlantes, s'empara de la cité de Cerné, extermina les hommes, emporta les enfants comme esclaves et rasa les murs de la ville. Lorsque le reste des habitants se rendirent, elle construisit la nouvelle cité de Myrina. Après la bataille, alors que les Amazones et les habitants célébraient leur victoire, leurs ennemis les surprirent désarmés et massacrèrent les troupes de la reine. Celle-ci s'échappa, traversa la Libye, se constitua une nouvelle armée, entra en Egypte où elle rencontra le fils d'Isis, Horus, puis envahit l'Arabie, créant des villes: Cycmé, Pitané, Priène. Elle soumit plusieurs îles égéennes, notamment Lesbos, y bâtit la cité de Mitylène. Elle fut enfin vaincue et tuée par le roi de Thrace. Ces femmes guerrières ne sont pas uniquement des produits de l'imagination des mythographes; certaines traditions confirment l'existence de femmes-soldats en Asie, en Afrique et en Amérique, voire en Europe. Au VIII ème siècle, il existait en Bohème, des femmes formant une corporation militaire sous les ordres de Vlasta; après avoir construit des fortifications, résisté au duc Przémyslas, elles exterminèrent tous les hommes ou les réduisirent en esclavage. Leur dureté est surtout une dureté guerrière, comparable à celle de bien des peuples belliqueux, et les preuves d'autorité qu'elles montrent sont comparables à celles de la plupart des groupes dominants. Si certains auteurs vantent leur virginité, d'autres les dépeignent comme des amoureuses sensuelles et actives lors de leurs contacts annuels avec les hommes. L'hypothétique ablation des seins est une mutilation volontaire que les Amazones, se seraient imposées à elles-mêmes. En littérature, la reine des Amazones Hippolyte apparaît dans la comédie de Shakespeare "Le Songe d'une nuit d'été", puis au siècle suivant, Houdar de la Motte met en scène Marpésia dans "Marthésie, première reine des Amazones." L'allégorie des Amazones continue d’être questionné par les époques postérieures jusqu’à aujourd’hui où leur mythe a été enrichi de nombreux nouveaux symboles. Les années 1970 marquent un tournant dans cette réception en raison du développement des luttes sociales et particulièrement des mouvements féministes. Les Amazones connaissent un écho particulièrement fort dans ces mouvements sociaux, en quête d’une légitimité. Source d'inspiration et de courage ou abomination et désolation ? Entre féminisme et sexisme, priorité à la réalité historique. En général, les Amazones sont très mal desservies par le cinéma, de Wonder Woman à Supernatural en passant par Xena, en véhiculant l'image stéréotypée de la femme guerrière, indépendante et agressive. Ce nouveau personnage féminin sert-elle un fantasme masculin de domination, ou introduit-elle une nouvelle liberté dans la conception du genre féminin ? En tout état de cause, ces femmes-soldats méritent pour le moins une plus grande considération. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 22/03/20
"J’ai résisté aux prières du séducteur, son épée et ses menaces n'ont rien pu sur mon cœur, mais mon corps a souffert violence ; et je veux par mon trépas laver cet outrage fait à ma pudeur." Sénèque, tragédie "Phaedra." Symbole de l’amour inavouable et de la difficulté d'aimer, Phèdre est une figure mythique qui n'a cessé d'inspirer à travers les siècles. Fille du roi de Crète, Minos, et de sa femme Pasiphaé, sœur d'Ariane, elle épousa Thésée, père d'Hippolyte par l'Amazone Antiope. Elle rencontra son beau-fils aux mystères d'Eleusis, conçut pour lui une folle passion et le suivit à Trézène. Elle y érigea le temple d'Aphrodite Catascopia d'où elle pouvait apercevoir le jeune homme s'exercer au gymnase. Phèdre, qui dépérissait à vue d'œil, finit par avouer son amour à Hippolyte qui, horrifié, l'accabla de reproches; l'amoureuse bafouée déchira aussitôt ses vêtements et se mit à crier: "Au secours, on me viole !". Puis elle se pendit après avoir écrit une lettre à Thésée accusant Hippolyte; ce dernier fut banni d'Athènes par son père, qui demanda à Poséidon de le punir. À peine Hippolyte était-il sorti de la ville dans son char, qui roulait sur l'isthme, qu'il fut secoué par une gigantesque vague sumontée d'un monstrueux chien de mer. Terrorisés, ses chevaux firent un brusque écart, son char fut projeté contre un rocher, et son corps fut déchiqueté. Artémis le transporta, mourant à Trézène, où son père eut le temps de se réconcilier avec lui; on dit que les dieux transportèrent son corps dans les cieux, où il est devenu la Constellation du charriot. L’histoire d’Hippolyte et de Phèdre appartient au cycle mythologique de la fondation de la cité d’Athènes: elle est intimement liée aux luttes livrées par les premiers rois légendaires, Érechtée, Cécrops, Pandion, Égée et Thésée pour asseoir leur pouvoir et le transmettre à leur fils. Le grand-père d’Hippolyte, Égée, roi d’Athènes, avait eu deux femmes, dont aucune ne lui donna d’enfants; la légende raconte que ce serait Aphrodite en colère qui pour se venger lui infligea cette peine. Inquiet de mourir sans descendance mâle, Égée s’adresse à l’oracle de Delphes. En guise de réponse, celui-ci lui donne une indication sur sa propre mort, à savoir qu’il risque de mourir de chagrin s’il délie le col de son outre de vin avant son retour à Athènes. N’ayant pas réussi à déchiffrer l’oracle, Égée passe au retour par Corinthe pour rencontrer Médée, la sorcière venue de la mer Noire. la sorcière s’arrange pour lui donner un fils en utilisant ses pouvoirs magiques. Égée se rend enfin à Trézène, ville du Péloponnèse proche de Corinthe, pour saluer son ancien camarade Pitthée, devenu roi de cette cité et partage la couche de la fille de son ami, Æthra, qui, la même nuit, s’unit également, de force, avec Poséidon. C’est de cette union, de ces unions d’une même nuit, que naîtra Thésée, le père d’Hippolyte. Qui est le père de l'enfant ? Tout au long de sa vie, Thésée saura tirer parti de cette double filiation paternelle, humaine et divine. Entre-temps, Thésée aura d’autres aventures et connaîtra plusieurs amours, et ce n’est certainement pas contre lui qu’Aphrodite risquerait de se mettre en colère, car il saura aussi bien aimer les femmes que les utiliser dans ses plans. On se souvient qu’il a su s’attirer les grâces de la fille de Minos, Ariane, pour combattre contre le Minotaure, avant de l’abandonner, endormie, sur l’île de Naxos. Devenu roi, il s’oppose aux Amazones, et en sort vainqueur grâce à l’aide de leur reine, Antiopé, qui s’éprend de lui; ils auront un enfant, qui est appelé Hippolyte, "celui qui délie les chevaux." Hippolyte grandit en futur roi de Trézène: sa mère, l’amazone, meurt de la main de Thésée, selon certains récits; quant à son père, il cesse de penser à lui. Car Thésée est déjà remarié, et la jeune épouse, Phèdre, n'est autre que la seconde fille du roi Minos de Crète. Pallas, frère et prédécesseur d’Egée, avait de nombreux fils, les Pallantides. Neveux d'Egée et cousins de Thésée, les Pallantides crurent que le pouvoir leur reviendrait puisque Egée ne semblait pas avoir de descendants. Ils furent cruellement déçus lorsque Thésée fut reconnu par son père. A la mort d’Egée, ils revendiquèrent le trône mais les Athéniens leur préférèrent Thésée. Alors ils l’attaquèrent ouvertement. Thésée déjoua leur embuscade et les anéantit tous, y compris Pallas. Afin de se purifier de leur mort sans doute politiquement justifiable, Thésée et son épouse Phèdre durent s’exiler pendant un an, à Trézène. C’est ainsi que se déroula le drame de Phèdre: elle tombe amoureuse de son beau-fils, Hippolyte. C'est est un bel athlète qui méprise les femmes et préfère ses compagnons de chasse. Il refuse les faveurs de la déesse Aphrodite. Sa belle-mère Phèdre connaît une vive passion pour lui, se déclare. Hippolyte refuse et affirme son dégoût des femmes. Il honore Artémis tandis qu'il méprise Aphrodite; cette dernière, pour se venger, suscite chez Phèdre cette passion coupable. Elle n'osa pas révéler cette passion à son beau-fils mais se confia à sa nourrice qui la conseilla d'envoyer une lettre à Hippolyte, dans laquelle elle lui avouait son amour. Phèdre s'offrit à Hippolyte. Hippolyte, horrifié, repoussa les avances de Phèdre et vint l'accabler de reproches dans ses appartements. Alors Phèdre, se voyant délaissée, accusa son beau-fils d'avoir cherché à la violer et se pendit, en prenant soin de laisser une lettre dénonciatrice pour son époux. Par vengeance et craignant qu'Hippolyte ne révèle tout à son père, elle accusa le jeune homme d'avoir cherché à la violenter. Furieux, Thésée appella sur son fils la malédiction de Poséidon. Le mythe de Phèdre est une constante source d'inspiration pour les écrivains depuis l’Antiquité. Pour Euripide, le personnage tragique de la pièce, c'est Hippolyte, mourant victime des mensonges de sa marâtre. Phèdre se réduit chez lui à un pur moyen de vengeance utilisé par Aphrodite contre Hippolyte, qui s'est voué tout entier au culte d'Artémis, la déesse vierge. Dès lors, chez Euripide, il n'est guère question de la faute de Phèdre: elle n'est qu'un jouet des dieux. Elle n'a aucune indépendance, volonté propre. On ne saurait donc lui en vouloir. Sénèque, dans "Phaedra", concentre en revanche l'action sur le personnage féminin. La pièce de Sénèque annonce une nouvelle interprétation du mythe; ce n'est plus Hippolyte qui est au centre de la tragédie, mais bien le personnage de Phèdre. Elle n'est guère ménagée. Elle déclare à son beau-fils sa passion: horrifié, il a la tentation de tuer Phèdre, mais se ravise; son épée jetée au sol l'accuse lors du retour de son père; Thésée le maudit puis le jeune homme meurt. Racine écrit sa tragédie, "Phèdre", en 1677. Sa pièce est une analyse et une dénonciation de la passion amoureuse à travers le personnage de Phèdre. Phèdre avoue son amour "incestueux" qui la brûle et la déchire mais qui est plus fort qu'elle. Face au rejet du jeune homme et découvrant l'amour d'Hippolyte pour Aricie, elle accuse Hippolyte à tort devant son père, entraînant une double mort, celle de Phèdre et celle d'Hippolyte, suivie des tourments de Thésée. Phèdre illustre la conception pessimiste de l'homme de Racine, une conception nourrie par le Jansénisme, conception religieuse, selon laquelle seuls quelques élus choisis par Dieu seront sauvés. Chaque homme est prédestiné et aucune bonne action ou comportement exemplaire ne saurait changer le fait initial d'avoir ou pas la grâce divine. Ainsi Phèdre met en avant la croyance de Racine en la théorie de la prédestination, ainsi que la misère de l'homme sans la grâce divine. Racine tend à nier la responsabilité de la faute de Phèdre. Mais il la rend coupable dans une autre partie de la pièce pour rendre son œuvre plus intéressante sous tous les angles. Racine sous-entend que Phèdre est une personne destinée à mourir. C’est pourquoi il dit qu'elle n’est pas coupable. Il est probable que Racine essaie d’innocenter Phèdre, mais d'une manière péjorative. La malédiction familiale qui suit Phèdre montre comment l’homme n’a pas de choix face à son destin. Euripide peint le personnage de Phèdre comme une personne malheureuse, affaiblie par les sentiments incontrôlés envers le fils de son mari. La Phèdre d’Euripide lutte contre le mal qui la tue lentement car elle ne peut pas avouer qu’elle aime le fils de son mari. C’est pourquoi elle garde un silence au fond de son cœur pour ne pas exposer ses sentiments honteux. Même si elle n’est pas responsable de ces sentiments, elle se voit elle-même comme l’auteur de cette faute. Chez Sénèque, Phèdre est une personne consciente de sa faute. Elle sait que l’inceste est défendu mais elle se laisse emporter par cette passion. Elle profite de l’absence de son mari pour aborder son beau-fils et lui avouer les sentiments qu’elle a pour lui. Le courage de Phèdre d’affronter Hippolyte pour lui faire part de ce qu’elle ressent pour lui prouve que sa faute était préméditée. Donc, Phèdre a des remords à cause de la mort tragique de son beau-fils. Il y a des ressemblances dans le personnage de Phèdre de Sénèque avec celui de Racine en ce qui concerne le remords. Phèdre se qualifie elle-même de traitre et confesse à son mari toute la vérité avant de se suicider: "tes remords te suivront comme autant de furies; tu croiras les calmer par d’autres barbaries." (Racine, Britannicus, acte V, scène VI, v .12-13). La faute de Phèdre est plus lourde du fait qu’elle confirme indirectement les mensonges de sa nourrice envers son beau-fils. Euripide innocente Phèdre et justifie la cause de tout ce qu’elle a fait. Mais Sénèque la culpabilise en mettant en évidence sa volonté de commettre ses fautes. Pour Racine, le personnage de Phèdre est responsable de sa passion meutrière, mais finalement, il l'innocente. L’homme a le libre choix d’accepter ou de refuser de faire une chose. Chaque personne possède la capacité de poser le pour et le contre avant de commettre un acte afin d’éviter les conséquences néfastes. Zola, dans son roman "La Curée", dans la série des Rougon-Macquard, imagine une histoire d'amour entre une jeune femme, Renée Saccard, et son beau-fils Maxime; contrairement à Hippolyte, Maxime aime les femmes. Il épouse Louise. Renée, issue de la noblesse, connaît la mésalliance en épousant Aristide Saccard. Elle est violentée par un homme plus âgé, le jour même du coup d'état de Napoléon III: elle est déshonorée, symbolisant la France profanée par un usurpateur. La mésalliance concrétise le matérialisme d'une société qui ignore la pureté des relations : l'amour entre Renée et son mari n'existe pas, il est remplacé par l'argent. Renée connaît un destin tragique: elle est prise d'une passion frénétique pour Maxime qui l'abandonne pour épouser la jeune fille qu'a choisie son père. Elle meurt dans la solitude alors que le roman se termine sur le triomphe cynique de Saccard. Le mythe de Phèdre continue à inspirer des écrivains contemporains, notamment le grand poète grec Yannis Ritsos. La passion de Phèdre pour Hippolyte n’a peut-être jamais été chantée avec autant d’intensité que dans cette version du mythe par le poète grec Yannis Ritsos. La Phèdre de Yannis Ritsos est une femme accomplie. Elle est touchée par un amour soudain, sans préavis, amour qui changera sa vie de façon définitive. Malgré la différence d’âge, malgré le lien presque filial qui les unit, cet amour pourrait être beau. La réponse est brutale. Cette passion est coupable, impure, sale. Dans la bouche d’Hippolyte, les femmes sont en elles-mêmes coupables d’impureté, bien avant d’avoir commis le moindre crime. Au-delà de la question de la féminité, se pose, simplement, celle de la "pureté." Seule la mort peut résoudre la situation, mais, comme le dit Ritsos, elle survient toujours trop tard. Phèdre serait victime de son hérédité: elle doit à sa mère Pasiphaé le dérèglement de ses sens, et sa passion "dépravée" pour un taureau et la naissance d’un monstre, le Minotaure. Aphrodite poursuit Phèdre et sa famille de sa haine et œuvre sans relâche à leur perte. Il y aurait sur Phèdre une malédiction divine, sous le signe des amours défendus et maudits. La passion que Phèdre éprouve pour Hippolyte déclenche chez elle un dérèglement sensoriel. Phèdre se sent coupable des sentiments incestueux qui l’habitent. Passionnée, c'est un personnage ambigu et complexe. Racine disait que "Phèdre n’est ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente". La tragédie raconte la déchéance d’un être souffrant d’un mal qui le ronge et sans lequel il ne peut vivre. Elle serait le symbole incarné du drame d’une humanité écartelée par le combat de la chair et de l’esprit. Peut-on faire du mythe de Phèdre un modèle d’inceste ? Chez Euripide, la réponse est négative. La "marâtre" amoureuse pose problème et fait scandale. Le problème est celui du fonctionnement patriarcal de la société grecque. Elle perturbe la domination paternelle sur les fils en risquant de dresser les enfants du premier lit contre le père. La femme adultère remet en cause la domination masculine sur les femmes; l’ensemble du pouvoir patriarcal est ébranlé par la "marâtre" adultère. Le scandale est celui de l’existence d’une femme amoureuse. Sans aller jusqu’à parler, comme Paul Valéry, à propos de la Phèdre racinienne, de sa "rage de sexe", Euripide a choqué en mettant en scène le désir sexuel féminin. Avec Phèdre, la femme cesse d’être un objet de plaisir pour devenir un sujet désirant. Par sa passion, Phèdre fait entrevoir au spectateur grec un monde nouveau, où l’union du fils avec l’épouse du père renverserait l’ordre patriarcal en permettant l’alliance de ses deux victimes, et une forme nouvelle d’amour dans lequel le don remplacerait la possession. Phèdre incestueuse ? Non, Phèdre scandaleuse. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 18/03/20
Charlotte fut préparée dans l'attente de la soirée: elle avait été avertie que Béatrice serait accompagnée de plusieurs couples à qui elle s'offrirait, quoi qu'on pût exiger d'elle ou lui infliger; il fut décidé qu'elle ne les verrait pas et que les mains attachées derrière le dos, on la conduirait dans une cave. On fixerait à son cou un collier et à ses poignets des bracelets. Juliette avait choisi sa tenue: une jupe courte en taffetas noire, dévoilant ses cuisses, et un chemisier clair marquant un corset en cuir resserré de façon à faire saillir ses seins; elle s'assura que son ventre ainsi que le sillon de ses reins étaient parfaitement lisses afin que ses deux orifices soient ouverts à ses besoins, ou à ceux des des inconnus à qui elle la destinait. Pendant que je lui nouai les cheveux en queue de cheval, pour lui bander les yeux, un cri indubitablement féminin retentit, elle se mit à trembler. À force d'être humiliée, il me semblait qu'elle aurait dû être habituée aux outrages, sinon au fouet, à force d'être fouettée; une affreuse satiété de la douleur et de la volupté devrait la résigner, comme le supplice d'une fille offerte comme elle, et même lorsqu'elle n'était pas livrée, de son corps toujours accessible. Un long silence suivit, troublé seulement par des chuchotements. Je reconnus Béatrice. Sa mince silhouette était entièrement vêtue de noir, du col officier de son chemisier, jusqu'à ses bottes en cuir. Elle déganta sa main droite et posa doucement son majeur et son index près de l'oreille gauche de Charlotte; la maîtresse de lieux, qui semblait particulièrement l'apprécier, l'entraîna au bout d'une laisse dans la cave, au beau milieu d'une réception où des couples contemplaient le spectacle d'une jeune femme nue se faisant prendre sauvagement par des esclaves mâles. Des hommes et des femmes en tenues de soirée, tous masqués, étaient éparpillés çà et là une coupe à la main; au centre de la salle, sur un grand lit en fer forgé noir, érigé en estrade, la femme que j’imaginais se faire torturer, était possédée par deux hommes aux corps d’athlètes qui la pénètraient frénétiquement dans la lueur des torches. Elle avait de petits seins fermes et des hanches à peine formées. L’assemblée se tourna vers nous et nous salua en s’inclinant en silence. Ses doigts glissèrent le long de ma machoire, puis de mon cou, contournèrent mon sein gauche, carressant ma taille, et s’arrêtèrent sur ma vulve, en appuyant légèrement sur la chair fragile; saisissant la dragonne de la laisse reliée aux anneaux d'or fixés sur mes lèvres intimes, elle ouvrit les deux battants du grand salon et me guida vers l'autel de mon sacrifice; au fond de la salle, éclairée par des projecteurs diffusant une lumière pâle, m'attendait la croix de saint André; j'avançai vers ma crucifixion, tenue par mes anneaux; Béatrice me tendit la main pour m'aider à gravir les deux marches qui me menait à mon calvaire; elle me plaqua le dos contre le bois, me laissant ainsi exposée de longs instants. Elle me présenta comme étant son esclave; tout me serait infligé sans pitié pour juger de l'efficacité du fouet. En elle, je devinais une volonté ferme et glacée, que le désir ne ferait pas fléchir, je devais obéir docilement; les yeux bandés, je ne pouvais apercevoir les derniers invités qui descendaient dans la cave, grossissant l'assistance silencieuse; ainsi exposée et écartelée sur cette croix, seule dans le noir et le silence, je me demandais pourquoi tant de douceur se mêlait à tant de terreur, ou pourquoi tant la terreur me paraissait aussi douce. On me détacha enfin pour m'exhiber. À peine libérée, quelqu'un me demanda de me tourner et on me délia les mains en m'ôtant le bandeau des yeux. On me fit avancer, trébuchant un peu, vers un homme qui voulait me toucher. Il m'ordonna de me déshabiller, et de me présenter, ce que je fis instantanément: debout les bras coudés derrière la tête en écartant les cuisses, comme on me l'avait signifié, afin de livrer avec le plus d'indécence possible le spectacle de mon intimité. Se présenter de telle façon oblige l'esclave à s'abandonner, quels que soient ses réticences, à mieux se donner. Par cette mise à nu, le corps livré, déshabillé, disséqué, est comme bafoué, humilié, sans concession; la soumise ainsi exhibée apprend à se surpasser dans l'épreuve, poussée parfois au paroxysme de l'épuisement et de la souffrance physique; c'est ainsi qu'elle peut s'épanouir et accepter les châtiments les plus cruels. Béatrice apparut avec un esclave à demi-nu harnaché de cuir au bout d’une laisse. L’homme à l’allure athlétique était doté d’une musculature impressionnante et d’un sexe épais dont on osait à peine imaginer la taille en érection. Elle fit allonger l'homme sur le dos, puis me tira par les cheveux et me força à m’agenouiller entre ses jambes, la croupe en l’air et le visage écrasé contre son pénis. J’entendis des ricanements dans l’assemblée. Ce n'était pas la caresse de mes lèvres le long de lui qu'il cherchait, mais le fond de ma gorge. Il me fouilla longtemps, et je sentais gonfler et durcir en moi le baillon de chair qui m'étouffait, et dont le choc lent et répété me tirait des larmes. Debout sur l'estrade, Béatrice faisait voler sa cravache sur mes reins. Elle m'ordonna de lui lècher les testicules et le pourtour de son anus; je m’exécutai, faisant glisser ma langue de la hampe jusqu'à l'entrée de sa cavité anale. L'esclave semblait apprécier et s'enfonçait dans ma bouche pendant que je le couvrais de salive; elle se plaça derrière moi et plongea ses doigts dans mon vagin déjà humide de désir. Elle explora longuement ma vulve, remonta sur mon anus, le caressa du bout des doigts, puis se redressa: “Enfile-toi un doigt dans le cul!”; sa cravache siffla dans les airs et s’abattit sur ma croupe: “Allez chienne, doigte-toi le cul!”. Les lèvres forcées par le glaive charnel, je dus me cambrer pour atteindre la raie de mes fesses. J’introduisis tant bien que mal un doigt dans la moiteur de ma voie la plus étroite pendant que Béatrice continuait de me fouetter: “Tu aimes ça, chienne, te doigter l'anus devant des inconnus"; je répondis d'un “oui” chevrotant en écho aux coups de cravache mordant maintenant l'intérieur de mes cuisses, espérant ainsi mettre fin à mon supplice. Elle laissa tomber sa cravache et s’agenouilla derrière moi: “Enfile tes autres doigts, chienne !”. Je m’exécutais docilement alors qu’elle forçait mon anus en écartant mes fesses de ses doigts pour faciliter mon intoduction. Les invités semblaient goûter à la scène, se regroupant pour regarder. La situation était des plus humiliantes; j'étais partagée entre le sentiment de honte et l’étrange plaisir d’être utilisée comme un vulgaire objet sexuel, humilié et gémissant. Mais ce ne furent que les préliminaires. Béatrice me relèva en tirant sur mon collier comme on le ferait pour rappeler un chien à l’ordre: “Ça ira comme ça, salope. Maintenant assieds-toi sur sa queue!”; encouragée par ses coups de cravache, j’enjambai maladroitement l'esclave et m’accroupis dos à lui, tout en me demandant comment accueillir un sexe aussi monstrueux. Impatiente, Béatrice maintint le sexe à la verticale et me força à descendre dessus en tirant sur mon collier. Ma croupe s’écrasa sur la pointe saillante; tous les invités se regroupèrent autour de la scène et je pus voir distinctement leurs regards lubriques et cruels briller derrière leurs masques dans la lueur des torches; alors que je m'efforçai de garder l’équilibre, l'esclave me força à m’empaler sur son sexe; je tentai de résister, mais en vain; son membre surdimensionné défonça mes reins, distendant lentement mon anus. Une bouffée de chaleur m’envahit, tout mon corps était perlé de sueur. Béatrice exultant, ordonna l'esclave mâle à me pénétrer tout en caressant ses testicules: “Allez, chien, défonce-lui son cul de salope!”; l’homme obéit sans sourciller et m’attira contre son sexe brutalement pour me faire mal; mes deux sphincters anaux se dilatèrent sous la pression et il me pénétra d'un seul coup. Je manquai de m'évanouir. L’assemblée poussa un “Oooh” d’étonnement mêlé d’admiration; Béatrice demeura un instant interdite à la vue de ce membre à moitié emprisonné. Partagé comme moi entre douleur et plaisir, l'esclave mâle relâcha son étreinte, en me maintenant dans cette position grotesque; accroupie, empalée au sommet de son sexe, Béatrice, agenouillée face à moi, me meurtrissait les seins en me pinçant les pointes tout en m’observant avec un regard pervers qui m'effraya; elle quitta mes yeux, plongea sa tête entre mes cuisses, posa délicatement sa bouche sur ma vulve rougie par ses coups de cravache puis aspira mon clitoris entre ses lèvres. La bouche de Béatrice estompa peu à peu la douleur de la colonne de chair qui saccageait mes reins. Je luttais pour ne pas jouir; les invités nous regardaient dans un silence quasi religieux; le spectacle que j'offrais, haletante, empalée sur ce sexe monstrueux agissait sur l’assemblée comme un puissant aphrodisiaque. Béatrice se dénuda alors et commença à se caresser tout en me fixant, les yeux brillants de désir. Non loin de moi, une femme s’était accroupie aux pieds de son compagnon et le gratifiait d’une fellation des plus passionnées; juste à côté, deux hommes encerclaient une ravissante brune aux cheveux courts qui s'abandonnait, basculée à la renverse, à leurs doigts qui la fouillaient. Une boule de chaleur explosa dans mon ventre et irradia tout mon corps; parcourue de spasmes, je jouis en silence tout en éjaculant au visage de Béatrice; mes jambes vacillèrent mais l'esclave me tenait toujours fermement embrochée au sommet de son sexe. Il ne s'était pas encore libéré mais mon anus qui se contractait nerveusement le mettait au supplice. L’assemblée demeurait silencieuse; on entendait juste les sons de gorge profonds de la femme accroupie, étouffée par le sexe de son son compagnon qui lui tenait la tête des deux mains et déversait son sperme en elle. Les deux hommes qui étaient masqués, s'immobilisèrent pour me regarder, délaissant pour un instant la jeune femme brune, maintenant nue à leur merci, pour mieux l'envahir; plus loin un homme qui se masturbait en m'observant n’arriva plus à se retenir et éjacula. Béatrice, s’essuya le visage du revers de la main et lècha ma cyprine sur ses doigts en m’adressant un sourire narquois. Elle se pencha à nouveau entre mes cuisses mais cette fois pour s’occuper de l'esclave. Elle commença par effleurer ses testicules du bout des doigts puis elle remonta sur sa hampe qu'elle caressa comme un objet sacré; elle semblait s'amuser de façon perverse avec ce sexe surdéveloppé pour faire souffrir l'homme. Elle glissa une main sous ses fesses musclées et stimula son anus en le masturbant de plus en plus fort; c'était excitant d'assister à son érection: il grossit et se déploya. L’effet ne se fit pas attendre; dans un ultime effort pour retarder l’inévitable, il se cambra sous moi et rompit le silence de la salle par un long râle bestial; je sentis son sexe tressaillir, me remplissant d’un flot de sperme saccadé. La sensation fut divine et l’instant si intense que je fus à nouveau sur le point de jouir. Visiblement satisfaite, Béatrice se redressa, posa ses mains sur mes épaules et se pencha sur moi pour m’embrasser. Elle goûta à mes lèvres, les aspira, les mordilla puis pénètra ma bouche de sa langue mouillée. Fermant les yeux et vaincue, je me laissai emporter par un nouvel orgasme. Alors que je m’abandonnai à son étreinte, elle appuya de tout son poids sur mes épaules et me força à m’empaler de nouveau sur le sexe redevenu raide. Le pieu de chair dégoulinant me pénétra facilement et m’envahit sans plus aucune résistance. Distendue, la sensation d’être remplie totalement dépassa tout ce que j’avais enduré auparavant. Mon orgasme redoubla d’intensité et semblait ne plus vouloir s’arrêter. Béatrice relèva mon menton du bout des doigts et me regarda jouir avec le sourire de la victoire; l'esclave mâle qui était resté passif jusque-là recommença à s'ébranler lentement dans son foutre tout en m’agrippant fermement par la taille, n'ayant rien perdu de son ardeur, bien au contraire. Béatrice m’abandonna à mon sort. Elle s’accroupit juste derrière moi et écrasa sa croupe sur le visage de l'homme. Ce dernier sembla apprécier cette douce humiliation et continua de me fouiller les reins en redoublant d'acharnement. Dans un bruissement gras et humide, rompant le silence, mon corps se balançait au rythme de ce va-et-vient féroce. Je faisais maintenant face à l’assemblée qui se pressait autour de moi pour me regarder jouir. Ne prenant même plus la peine de se cacher, plusieurs hommes se masturbaient sans retenue, juste devant moi. Du haut de son estrade, une jambe sur l’accoudoir de son fauteuil, la maîtresse des lieux se caressait tout en se délectant du spectacle de ma sodomie. Des mains glacées se posèrent alors sur ma peau et me firent tressaillir. Je m'offris avec docilité aux caresses de plus en plus insidieuses. Un long silence suivit, troublé par quelques chuchotements dont j'essayai vainement de percevoir le sens. Subitement, je me sentis soulevée de terre, mes poings et mes chevilles furent liés par force de nouveau à la croix. Dans cette position qui favorisait l'examen de mon corps, un doigt força brusquement mes reins et me pénétra avec douleur. Celui qui me violait ainsi, sans préparation, me menaçait durement. Soudain, on me cingla. Je reconnus immédiatement les coups appliqués par Juliette: elle a une méthode particulière, à la fois cruelle et raffinée se traduisant par une caresse de la cravache avant le claquement sec, imprévisible et toujours judicieusement dosé. Après le dernier coup, elle caressa furtivement mon ventre enflammé et cette simple marque de tendresse me donna le désir d'endurer encore davantage; quand le cuir s'attaqua à mes seins, je compris que je serais fouettée intégralement sauf le visage; comme une confirmation, les lanières atteignirent le bas de mon ventre, en cinglant mes lèvres intimes; je laissa échapper un cri de douleur, comme un écho au hurlement entendu dans le couloir. On m'ordonna de me mettre à quatre pattes, dans la position la plus humiliante pour l'esclave; je reconnus à la douceur des mains de femmes qui commencèrent à palper mon corps. Elles ouvrirent mon sexe. Peu après, mon ventre fut investi par un objet rond et froid que Béatrice mania longtemps avec lubricité. On décida alors de me reconduire au premier étage pour me placer dans un trou aménagé dans le mur. Alors que l'on usait de tous mes orifices, un homme exhiba son membre que je tentai de frôler avec mes lèvres puis avec ma langue, mais avec cruauté, il se dérobait à chaque fois que j'allais atteindre sa verge. Prise d'un besoin naturel, on me refusa de me rendre aux toilettes. Confuse, je vis qu'on apportait une cuvette et je reçus l'ordre de me soulager devant les invités rassemblés. L'humiliation était là: me montrer dans cette position si dégradante, alors qu'exhibée ou fouettée, prise ou sodomisée, ma vanité pouvait se satisfaire de susciter le désir. L'impatience que je lus dans le regard attentif de Juliette parut agir sur ma vessie qui se libèra instinctivement. Lorsque j'eus fini de me soulager, Béatrice m'ordonna de renifler mon urine, puis de la boire. Au bord des larmes mais n'osant pas me rebeller, je me mis à laper et à avaler le liquide clair et encore tiède. Après avoir subi les moqueries des invités, je fus amenée devant Béatrice dont je dus lécher les bottes vernies du bout de ma langue. On m'ordonna ensuite de me coucher sur le sol et de relever mes jambes afin que chacun puisse me prendre facilement. Je fus possédée par l'ensemble des invités qui se succédaient à la chaîne sur mon corps. Puis on me releva pour me placer sur un tabouret hérissé d'un volumineux olisbos. Dans cette nouvelle position, mon ventre devenait douloureux, mais ce fut pire lorsqu'on m'ordonna de m'asseoir sur le cylindre massif et de le faire pénétrer entre mes reins profondément. Je sentais mon anus s'écarteler au fur et à mesure que je m'empalais sur le cylindre de latex. Longtemps, on me força à me pénétrer l'un et l'autre de mes orifices. " - Je suis fière de toi, tu te comportes comme je l'espèrais, tu dois continuer". Juliette venait de me signifier que mon dressage n'était pas achevé. Ma peau subit aussitôt le contact de mains posées au creux de mes reins puis entre mes fesses. Une cravache noir me cingla brusquement avec une telle violence que je poussai un véritable rugissement; la rigidité du cuir enflammait mes reins et mon dos; les coups lacéraient ma chair, me procurant de lancinantes sensations de brûlure. Lorsque la tige m'atteignit exactement entre les cuisses, sur le renflement du pubis, je compris soudain que j'allais jouir; une fois la fulgurante jouissance dissipée, j'osai implorer leur pitié; je venais de rompre le charme. Ils décidèrent de me faire payer chèrement cette inqualifiable faiblesse. Je fus à nouveau placée dans le mur comportant un trou en son milieu, de façon à ce que ma tête dépasse d'un coté et mes reins de l'autre. J'allais être prise par l'arrière et contrainte par la bouche. Ce fut Béatrice qui m'installa. J'étais en position, jambes docilement écartées, la bouche déjà ouverte, la croupe exagérément offerte, prête à être investie. Ce fut l'abattage. Impatient de se satisfaire, un homme prit la place de l'autre, ma bouche servant d'écrin; au même moment, un autre utilisait mon vagin sans ménagement, avant de forcer brusquement mes reins, qui comme la totalité de mon corps étaient à sa merci. Il s'enfonça sans préliminaire pour me faire mal. Le silence soudain m'exaspéra, car je ne pouvais rien voir de ce qui se passait autour de moi. Espérant le fouet comme une délivrance, un troisième sexe plus dur encore pénétra ma croupe; mon ventre se liquéfia. J'étais prise, on ravageait mes reins meurtris; je compris enfin que le membre qui me pénétrait était un olisbos à ceinture dont Béatrice s'était ceint à la taille. Elle exigea de moi que je me cambre davantage, pour qu'elle puisse "me remplir jusqu'au fond." Je cédai à l'impétuosité d'un orgasme que j'aurais voulu pouvoir contrôler. Béatrice se détacha de Charlotte qui glissa au sol. Elle récupéra ses appuis et réussit à se tenir debout, mais on la rattacha fermement sur la croix de Saint André face à la salle plongée dans la pénombre. Elle demeura ainsi le reste de la soirée, souillée de sperme et de sueur, les chevilles et les poignets entravés. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.        
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Par : le 13/03/20
M'ayant entraînée au fond de la cave, là où la pénombre était la plus dense, Juliette fit pivoter mon corps contre la paroi humide. Je sentis le salpêtre se dissoudre sous mes doigts qui s'accrochaient. Pour me racheter, j'aurais voulu être attachée, là, dans cette position, le ventre nu contre ce mur poisseux, le dos, les reins, offerts aux hommes qui auraient eu la libre disposition de moi, sans conditions. Sentir mes mains prises dans la pierre pour ne plus pouvoir bouger et tout endurer, pour prouver que je pouvais devenir un jour une parfaite esclave. Juliette commença par me caresser. Elle savait qu'en faisant cela, elle me donnait une chance de me faire oublier ma faute. Elle s'empara d'un martinet et commença à me travailler le corps en l'échauffant lentement, alternant les caresses des lanières avec des coups cruels et violents. Plus elle frappait fort et plus je m'offrais. Je n'éprouvais qu'un pincement aigu au moment où mes seins furent brutalement saisis par des pinces, puis je sentis les pointes broyées par l'étau de métal qui les tirait vers le sol en s'y suspendant. Chacun des mouvements que je faisais alors amplifiait le balancement des pinces, provoquant une sensation effrayante d'arrachement. Je me souviens de ce moment précis où je fus mise à quatre pattes sur le sol au milieu de la cave. Juliette dont j'étais désormais l'esclave d'un soir fixa d'autres pinces sur les lèvres de mon sexe, en dessous de mon clitoris. Tout mon corps se balançait de façon obscène, tenaillé entre deux douleurs, partagée entre le désir de faire cesser mes souffrances et celui d'en augmenter l'intensité par mes balancements, pour satisfaire Juliette et mériter son pardon. J'observais avec orgueil la rotation des poids suspendus aux pinces attachées à mes seins, de droite à gauche et de gauche à droite. La douleur devenait intolérable, mais je devenais la spectatrice de cette douleur. Je souffrais, mais je dominais cette souffrance: le plaisir qui naissait en moi la dépassait, la stigmatisait. Pour marquer sa satisfaction, Juliette me désigna la croix de saint André où je fus attachée dans une position d'extrême écartèlement. Un inconnu s'approcha de moi, comme si je devenais digne de son intérêt. Ils saisirent chacun un long fouet et commencèrent à me flageller avec une vigueur et un rythme qui me firent écarquiller les yeux. Pour étouffer mes hurlements, je mordis violemment mes lèvres, jusqu'à ce que le goût de mon propre sang m'eût empli la bouche. Je me livrai au châtiment avec une joie quasi mystique, avec la foi de l'être consacré. Juliette me dit soudainement: - J'aimerais te fouetter jusqu'au sang. Je lui répondis que je lui appartenais. Dans la cave déserte, où les effluves d'humidité évoquaient celles d'une tombe, l'inconnu me contemplait silencieusement et je m'aperçus qu'il tenait à la main deux longues et fines aiguilles. Il s'empara d'un sein qu'il se mit à pétrir, à caresser, puis à pincer pour en faire jaillir la pointe granuleuse. Lorsque la pointe fut excitée, il y planta la première aiguille, puis presque aussitôt après, la seconde dans le mamelon du sein qui n'avait pas été caressé. D'autres aiguilles furent plantées tout autour des aréoles, quelques gouttes de sang vinrent ternir le métal que la lueur d'une ampoule faisait jusque-là scintiller. Mon martyre devint délicieux. Ainsi, j'étais devenue l'objet de plaisir de cette femme et de cet homme. Juliette parut subitement échauffée: elle s'approcha de moi et de me libéra de la croix de saint André. Avant même que je puisse savourer ce répit, on me porta sur une table où je fus allongée et solidement attachée. Je fus alors fouillée, saccagée, malmenée, sodomisée comme une chose muette et ouverte. L'inconnu qui violentait mes reins se retira brusquement. Juliette effleura de ses lèvres la dure pointe de mes seins, et de sa main le creux de mon ventre. Dans un éclair, je me sentis délivrée, anéantie mais comblée. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 06/03/20
"Vos ordres sont charmants ; votre façon de les donner est plus aimable encore ; vous feriez chérir le despotisme. Ce n'est pas la première fois, comme vous savez, que je regrette de ne plus être votre esclave; et tout monstre que vous dites que je suis, je ne me rappelle jamais sans plaisir le temps où vous m'honoriez de noms plus doux." Valmont à Madame de Merteuil. (Lettre IV) Les liaisons dangereuses. Choderlos de Laclos. Dans toute relation humaine, la séduction est une constante, mais c’est dans la relation amoureuse qu’elle se déploie avec le plus de ruse et d’ingéniosité. Il suffit de parcourir la littérature pour constater que le séducteur et la séductrice sont devenus des archétypes qui transcendent le temps et l’espace. Il est difficile de cerner la séduction, probablement parce qu’elle garde toujours une aura de mystère d’autant plus insondable qu’elle semble être une condition indispensable pour qu’elle se maintienne. Les écrivains, les poètes, de même que certains compositeurs d’opéra de toutes les époques ont largement traité de la séduction et ont cherché, chacun dans leur domaine, à l’illustrer par des personnages de fiction dans le but avéré ou inconscient de répondre aux nombreuses questions que chacun se pose à son propos; pourquoi femmes et hommes cherchent-ils à se séduire ? Y a-t-il un secret à la réussite d’une entreprise de séduction et des causes à son échec ? Quelles qualités requiert l’art de séduire ? Y a-t-il une différence entre séduction masculine et séduction féminine ? Les moyens qu’utilisent hommes et femmes pour séduire un partenaire convoité sont-ils les mêmes ? Sinon en quoi diffèrent-ils ? Autant de questions, dont les réponses sont dans l’observation des amants heureux ou des transis déçus, mais aussi dans les descriptions littéraires que les écrivains ont brossé des séducteurs et des séductrices; les personnages qu'ils ont créés permettent de dresser une galerie de portraits de tous les types de séducteurs et de séductrices possibles, de même que d’explorer en profondeur les motivations qui les animent. Les écrivains, tout au moins ceux dont le génie a traversé les siècles, sont de fins observateurs de l’âme humaine, et ils ont surtout le don inimitable de traduire, à travers les personnages sortis de leur imagination, ce qu'ils ont souvent vécu eux-mêmes ou observé autour d’eux avec une acuité d’artiste. La littérature apparaît donc comme une voie capable de percer les secrets et les artifices des séducteurs et des séductrices. la séduction opère de deux façons différentes, voire opposées; de façon active, quand une personne cherche à s’imposer à une autre par des moyens qui vont de la manipulation violente à la persuasion douce; de façon passive; La manière active est qualifiée de virile, la seconde de féminine. Séducteur d’un côté, séductrice de l’autre; on pourrait penser que les deux positions sont également représentées, mais, lorsqu’on cherche des exemples de séduction dans les œuvres littéraires, on trouve essentiellement des séducteurs masculins. Don Juan, Casanova, Valmont, Julien Sorel, viennent tout de suite à l’esprit, alors qu’il est plus difficile de dresser une liste comparable de séductrices ayant laissé des noms aussi connus; l'exception peut-être serait Carmen, mais Carmen n'est pas un prototype de séduction féminine; elle diffère des autres femmes en ce qu’elle entend mener sa vie amoureuse comme un homme; "Si tu ne m’aimes pas, je t’aime et si je t’aime, prends garde à toi", est une protestation virile, un hymne au libre choix amoureux, sinon sexuel. Dans la littérature, la femme est presque toujours décrite comme séduite et abandonnée; Ariane se lamentant à Naxos de l’infidélité de Thésée, Didon mourant sur son bûcher après le départ d’Enée, Médée tuant ses enfants parce que Jason l’a trahie; la femme séduite est aussi une femme à jamais fidèle; Pénélope résistant à la horde des prétendants, Lucrèce se suicidant pour rester fidèle à son mari. Ces légendes dessinent les contours de la séduction féminine; discrète, dissimulée, la femme n’avance que masquée; c'est elle qui maîtrise l’art du maquillage et de la magie; l’homme, ayant de la peine à comprendre son attirance pour la femme, préfère attribuer les tensions de son désir à la magie féminine plutôt qu’au mystère de sa sexualité. Rôle pour rôle, les écrivains ont été plus tentés par le rôle actif du séducteur que par le rôle passif de la séduite, même si, paradoxalement, c’est lui le plus important; quand on évoque la séduction masculine, on pense immédiatement à Don Juan. Un séducteur incorrigible est un Don Juan; la recherche inlassable de la relation amoureuse est qualifiée de "donjuanisme". Pour lui, les préliminaires sont réduits à de grossiers mensonges qui n’ont même pas l’apparence de la vraisemblance. Dans l’opéra de Mozart, il séduit Zerline, une jeune beauté paysanne, le jour de ses noces, en menaçant le futur mari et en lui promettant le mariage, il l’entraîne, chantant d’une voix envoûtante, à la limite de l’hypnose: "La cidarem la mano." Comme les héros de Sade, il s’inscrit dans une contestation de toutes les formes de règles sociales ou morales, dans l’inversion de toutes les valeurs, dans l’affirmation irréductible des droits de l’individu et la primauté absolue de son désir. Au bout de sa contestation, il voudra enfreindre la dernière des lois, celle de la mort; c’est elle qui l'emportera. Tout autre est la séduction de Casanova; Don Juan était un mythe littéraire, Casanova fut un personnage réel qui nous a laissé des mémoires d’un grand intérêt littéraire; il aime la vie, entend en jouir et prétend en faire jouir les femmes qu’il rencontre; il séduit des femmes réelles, ancrées dans leur siècle et leur culture, qui répondent avec leurs propres armes, acceptant ou refusant d’être séduites et sont des partenaires à part entière, non des victimes vaincues d’avance. Casanova se heurte à la réalité, à ses obstacles. Le but de sa séduction, c’est de contourner les obstacles ou de les utiliser comme tremplins pour accroître les mérites de ses victoires; il vit ses fantasmes mais les échecs ne l’abattent pas et il est de ses succès; Casanova ne sépare pas la séduction de l’amour; pour lui, l’amour est une fatalité, une maladie incurable mais sans elle, la vie ne vaudrait pas la peine d’être vécue. Lorsque Casanova entreprend de séduire une femme, il ne lui ment pas; il éprouve réellement ses sentiments, au moins au moment où il les exprime; il en est dupe et sa force est de les dire avec conviction et talent; Casanova est un excellent conteur; c’est son arme; ses interlocuteurs l’écoutent, ils sont séduits. Casanova est un orfèvre de la parole, les femmes tombent sous le charme, incapables de lui résister. Une société raffinée avait fait de la séduction amoureuse le centre des relations hommes-femmes; des poètes ont défini les règles de la conquête amoureuse en s’inspirant de l’amour courtois des troubadours; la femme y était un être parfait, éthéré, idéalisé, dont la beauté attestait les perfections morales; à peu près inaccessible, elle avait malgré tout des soupirants qui désiraient tenter l’aventure; ils devaient pour cela parcourir un chemin long et périlleux dont les étapes avaient été fixées sur une carte de géographie assez étrange: "la Carte du Tendre." La séduction amoureuse était inscrite en termes de géographie et, dans ce jeu de société, le séducteur devait pour accéder aux faveurs de la Dame, parcourir un itinéraire symbolique compliqué allant du village de "Tendre sur estime" à celui de "Tendre sur passion" en passant par la "Sincérité", et la "Générosité", évitant le "Lac d’indifférence" et de la "Mer de l’oubli". À chaque étape de cet itinéraire symbolique correspondait une récompense attribuée par la Dame: anneau, baiser, nudité; quant au don final, il était repoussé dans un lointain brumeux. Pour franchir ces étapes, l’apprenti-séducteur utilisait toutes les ressources de l’éloquence et de la préciosité: l’hyperbole amoureuse, les effets de paradoxe, les métaphores alambiquées, les antithèses hardies; préciosité et maniérisme dont Molière se moqua dans "Les précieuses ridicules." Choderlos de Laclos, officier versé dans la science des forteresses, imagina une stratégie de la séduction destinée à emporter la forteresse autre que militaire: celle des femmes vertueuses; Valmont écrit à la marquise de Merteuil: "Jusque-là, ma belle amie, vous me trouverez une pureté de méthode qui vous fera plaisir; et vous verrez que je ne me suis écarté en rien des vrais principes de cette guerre, que nous avons souvent remarqué être si semblable à l’autre." Le roman de Laclos s’inscrit dans la tradition de l’idéologie courtoise, mais pour la subvertir. Les temps ont changé. Le contrat n’est plus le même; ce n’est plus la dame à séduire qui fixe les règles, mais une dame d’un tout autre genre, une perverse libertine, la marquise de Merteuil; elle se sert de Valmont, son ancien amant, pour satisfaire ses tendances perverses; elle l’instrumentalise, et le duo élabore des stratégies destinées à faire tomber une citadelle métaphorique: la vertu de la présidente de Tourvel, femme admirable, fidèle, prude et dévote, au-dessus de tout soupçon. Qualité romanesque remarquable, chaque lettre nous renseigne sur celui qui raconte autant que sur ce qui est raconté. Selon le principe qui sera plus tard porté par Proust à son sommet, chaque personnage apparaît comme langage: précision, ironie de la Marquise de Merteuil; vivacité et clarté intellectuelle de Valmont, peu à peu dégradées par la passion, exaltation sentimentale niaise de Danceny; naïveté brouillonne et spontanée de Cécile. Lucidité amusée, sagesse bienveillante, politesse un peu désuète, chez Madame de Rosemonde; bien-pensance et modestie extrême chez la Présidente de Tourvel, puis émoi, égarement, jusqu’à sa fin tragique. Mais au delà, la véritable innovation littéraire de Laclos, consiste de faire de ces lettres, des forces agissantes; interceptions, copies, pressions, indiscrétions, restitutions, détournements, changements de destinataire: il n’est pratiquement pas un tournant de l’intrigue dont le jeu épistolaire ne soit l’agent. Les personnages ne cessent donc de se croiser, de se séduire, de se débattre, peu-à-peu pris au piège par l'auteur. Le flamboyant Vicomte de Valmont joue à séduire, sans aucune vergogne mais tout bascule lorsque les sentiments mêlés de larmes prennent le dessus; le libertin devient amoureux et se noie dans les méandres de l'amour, il chutera. La Marquise de Merteuil, femme raffinée à la beauté diabolique, complice de Valmont, perdra tout. Les jeunes gens, d'une naïveté confondante, pris aux pièges des maîtres du jeu, ne s'en remettront pas non plus. Les règles semblent simples dans ce jeu amoureux, deux cartes maîtresses: la vanité et le désir sexuel. Capitaine d'artillerie, Choderlos de Laclos révèle alors toute la froideur de la stratégie militaire, dans cette élégante comédie échiquéenne de l'égotisme et de la sensualité, où "conquérir" pour "prendre poste", nécessite toujours "attaques" , "manœuvres, "déclaration de guerre" pour "prendre poste", "jusqu'à la capitulation." Le duel par lettres échangées entre la Marquise de Merteuil et Valmont brille à chaque page. "J'ajoute que le moindre obstacle mis de votre part sera pris de la mienne pour une véritable déclaration de guerre : vous voyez que la réponse que je vous demande n'exige ni longues ni belles phrases. Deux mots suffisent." Réponse de la Marquise de Merteuil écrite au bas de la même lettre: "Hé bien ! La guerre" La polyphonie permet dans un premier temps à Laclos une démonstration de force, celle de la maîtrise de toutes les nuances les plus fines dans la psychologie et la caractérisation; c’est aussi une plongée dans les eaux troubles de la rhétorique libertine: le lecteur se voit confronté à une langue brillante mais manipulatrice, ciselée comme le diamant; la mécanique épistolaire étant consubstantielle au libertinage en tant que tel. Feindre, tromper, détourner les soupçons, flatter, toutes ces manœuvres de séduction sont des opérations de langage écrit; l’écriture est pour les libertins, une action, le verbe précédant la chair. Valmont entend faire plier celle qu’il veut séduire aux lois qu’il édicte; il annonce, sur un mode mineur, les dépravations paroxystiques des grands libertins du marquis de Sade. L'immersion dans le récit plonge le lecteur attentif, dans un système d’une telle ampleur qu’il en devient libertin lui-même: on jubile de toute cette intelligence déployée au service de l’immoralité. Mais le génie de Laclos est de, progressivement et insidieusement, gripper la machine: puisque le lecteur est devenu expert dans l’analyse des victimes, pourquoi ne pas faire le bourreau ? La relation entre Madame de Merteuil et Valmont, l’amour pris dans les rets de l’orgueil et de la réputation mènent la fin du roman vers des sommets; le brillant libertin agonise en amoureux inconsolable, la marquise perd son honneur et sa beauté. Conformant ainsi le roman, au romantisme du XIX éme siècle, qui n'hésita pourtant pas, à le condamner pour outrage aux bonnes mœurs, et qu'une bonne part du cinéma du siècle suivant, contrairement au théâtre, préféra le tirer vers le drame sentimental. Sensuel et brillant, le roman est à l’image des libertins. Il sait nous séduire par ses éclats pour nous éduquer à notre insu, et nous faire prendre le parti inverse de ceux qu’on avait idolâtrés, soudain bouleversés par une émotion authentique, sincère et sans calcul. Peut-on trouver meilleur moyen pour véhiculer une morale que l’excitant discours de l’immoralité ? Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 06/03/20
"L’enchaînement et la confusion des étreintes et des coïts étaient tels que, si je distinguais les corps, ou plutôt leurs attributs, je ne distinguais pas toujours les personnes; certains contacts étaient très éphémères et, si je pouvais les yeux fermés reconnaître une femme à la douceur de ses lèvres, je ne la reconnaissais pas forcément à des attouchements qui pouvaient être violents, il m’est arrivé de ne réaliser qu’après-coup que j’avais échangé des caresses avec plusieurs femmes en même temps; j’étais livrée à une hydre." Catherine Millet. "La vie sexuelle." L’exploration du domaine du sexuel est revendiquée par des auteurs féminins comme un instrument d’émancipation majeur avec, souvent, une visée sociale, voire même des effets purificateurs d’autothérapie; pour plusieurs de ces femmes écrivains, le thème de la sexualité, constituant la matière des récits, touche l’essence même de la littérature dans son ambition de cerner la vérité d’un réel au-delà des apparences; il s’agit d’écrire un texte destiné à établir une vérité, la vérité d’un être singulier bien sûr. Cette érotique féminine s’exprime évidemment dans des tonalités très singulières: intellectuelle et distancée avec Catherine Millet; cérébrale avec Anne F. Garréta; passionnelle, mais résolument sans lyrisme avec Annie Ernaux; hyperlibérée avec Catherine Cusset; sensuelle avec Alina Reyes; dépressive avec Catherine Breillat ; exaltée avec Christine Angot. Qu’ont en commun, ces textes qui définissent un érotisme nouveau ? Foncièrement d’exposer, sans états d’âme et sans fioritures, ce qui relève du plus intime de l’univers sexuel: un vif antiromantisme, un antisentimentalisme s’imposent comme traits dominants; si, pour Bataille, l’interdit et la transgression sont la condition même de l’érotisme, la recherche du plaisir s’affiche ici dans un univers mental et social où les limites tendent à être abolies. Une sexualité affranchie des tabous, c’est le moins à quoi on puisse s’attendre venant d’une littérature érotique; il n’est pas surprenant que toute la panoplie des pratiques inventées depuis la nuit des temps et soutenues par des fantasmes éternels se trouve convoquée; avec, certes, des configurations dominantes et exposées au grand jour, compte tenu de l’évolution structurale que connaît notre univers plus pervers que névrotique. Mais, encore une fois, ce qui sollicite le questionnement est d’abord le traitement collectif de ces discours; la médiatisation de l’éros, phénomène jusqu’ici jamais rencontré, s’accompagne d’une certaine désaffectivation, comme si le même sillon que creusaient tous ces écrits consistait à faire une littérature démystifiant le sexe, en le banalisant, en le désacralisant, en le naturalisant ou en le simplifiant. D'autant plus que l’érotisme apparaît désormais comme un terme marchand et consumériste; la sexualité se réduit à une simple gymnastique, alors que le cerveau demeure le principal organe érotique et orgasmique; cette évolution le prive de sa force originelle, de son histoire culturelle, de sa capacité à rendre compte de la richesse imaginative de l’être humain, enfin de son inventivité concernant ses désirs, ses plaisirs, son rapport au corps. L’obsession du nombre pour Catherine Millet est en soi un indicateur de la logique propre à la société de consommation: multiplicité des partenaires et enchaînement des étreintes; la rationalité appliquée à l’éros conduit à mettre sur le même plan, plaisir et travail bien fait; tandis qu’A. Garréta, qui s’impose d’écrire ses souvenirs comme un exercice, par ordre alphabétique, se définit elle-même comme un fonctionnaire du désir conceptualisé en douze "nuits." Dans le contexte d’une relation où l’on est "palpée et retournée comme une marchandise de choix", la dénonciation féministe de l’éternelle aliénation des femmes à être objet paraît bien déplacée, car cet érotisme neutre et rationnel ne fait que dégager la pure logique de l’objet pulsionnel indépendante de la différence des sexes; on peut voir en filigrane dans les variantes de l’usage mercantile du sexe et du plaisir qu’il produit. L’intérêt de ces écrits n’est pas tant en effet de montrer comment l’érotisme triomphe de la répression sociale que de suggérer une illustration du fonctionnement de l’être-objet pour chacun des partenaires, ce qui suppose une véritable subversion de la conception de l’objet; Catherine Millet décrit là, l’expérience intérieure de l’érotisme selon Bataille, où la dimension d’abjection de la jouissance est saisie sans récupération romantique, sans la moindre idéalisation. C’est un fond déshumanisé, opaque et angoissant, où s’articulent le non-sens et le sexuel dans certains écrits féminins contemporains dans la filiation de Sade et de Bataille; leur vérité cynique permet de dépasser tout moralisme, y compris un certain préjugé humaniste qui voudrait maintenir une réserve de subjectivité en ce point ultime où le sexe n’est plus qu'une matière aveuglante; c'est là le cœur de la dénonciation de la pornographie. L’érotisme doit se distinguer de la pornographie qui recherche davantage l’excitation immédiate; l’érotisme comporte une dimension poétique, artistique, mais aussi affective et psychologique; l’érotisme littéraire féminin devrait s’attacher à relier le plaisir et les sentiments amoureux avec leur pouvoir aphrodisiaque. La jouissance et l’imaginaire érotique des femmes semblent occultés; l’évocation de la sexualité féminine provoque le scandale. "Le Deuxième sexe" de Simone de Beauvoir ouvrit une brèche, suivie par Pauline Réage; Histoire d’O narre le parcours d’une femme consentant à la soumission et au masochisme avec torture, esclavage; O devint un modèle repoussoir qui incarna la servitude volontaire à travers la soumission amoureuse. Catherine Robe-Grillet, femme du célèbre écrivain, écrit également sous pseudonymes le récit de passions mortifères. Elle valorise le sado-masochisme et l’esclavage amoureux volontaire; la dimension sentimentale semble moins mise en avant; une littérature érotique brise également l’image angélique de la féminité, supposée douce et gentille; des récits mettent en scène des femmes sadiques, dominatrices et cruelles. Cet érotisme noir insiste sur la soumission amoureuse; la littérature érotique plus classique valorise également la femme à la sexualité passive qui se contente d’attendre les initiatives de son amant; cette littérature s’oppose à l’émancipation des femmes. Beauvoir désire au contraire l'avènement d'une femme indépendante s’émancipant de la tutelle masculine, maîtrisant sa sexualité et ses désirs pour sa plus grande jouissance. L’érotisme féminin s’attaque au mythe de l’amour passionnel, à celui de la femme objet; l’amour doit être délivré de sa pesanteur tragique et de sa valeur sacré; le mythe de Grisélidis symbolise la soumission féminine au sein du mariage. l’épanouissement érotique devient un enjeu central; c’est sous les draps que les femmes doivent s’émanciper, conquérir leur dignité de sujet, acquérir une maîtrise de leurs désirs; un rapport de réciprocité doit s’instaurer dans la sensualité. La littérature érotique présente progressivement des femmes qui assument leurs désirs en dehors de tout attachement amoureux; le langage des auteures se libère contre les précautions chastes et leurs illusions; on est loin de Casanova pour qui "le seul homme est susceptible du vrai plaisir, car doué de la faculté de raisonner, il le prévoit, il le cherche, il le compose, et il raisonne dessus après en avoir joui." L'érotisme se focalise maintenant vers des modalités de satisfaction prévalentes comme la sodomisation ou la fellation. La pure pulsionnalité se trouve absolutisée dans le sens des pratiques qui visent une satisfaction de comblement sur le mode compulsif de la drogue; elles répondraient à un érotisme rudimentaire, marqué par une dégradation de la sensualité. On ne parle même plus de pulsion, mais d’instinct sexuel, négligeant tout ce qu’implique la sexualité de vie représentative, imaginative, fantasmatique, ou relationnelle; Catherine Millet parvient à choquer; sa description semble froide et clinique, sans la moindre sensualité; la réalité prime sur l’obscénité; en revanche, elle valorise la sexualité multiple et ouverte à tous les possibles, avec le plus grand nombre de partenaires; le faire l’emporte sur le dire, le descriptif sur le narratif; le sexe constitue le ressort de l’action, son principe et sa finalité; le récit se rapproche alors de la pornographie. L’appel à la jouissance n’attaque pas toujours l’ordre existant; un hédonisme consumériste incite surtout à acheter de nouvelles marchandises pour satisfaire des désirs qui ne font que renforcer la logique capitaliste; dans les magazines, la jouissance devient même une injonction; pourtant, notre époque se caractérise surtout par une grande misère sexuelle et affective; la pornographie réduit la sexualité à une froide mécanique sans inventivité, répétitive et bestiale. La volupté, les caresses, la sensualité permettent de réinventer le plaisir sexuel en dehors des normes sexistes, pornographiques dominantes, une littérature érotique féminine insiste sur l’imagination et le désir pour créer un climat sensuel, contre le plaisir immédiate; cette conception de la sexualité semble aussi plus réaliste que les scénarios érotiques qui occultent les relations humaines, avec leurs frustrations et leurs contrariétés; dans la pornographie traditionnelle, les individus se livrent au plaisir sexuel sans même se rencontrer et se connaître. Que l’amour soit un chef-d’œuvre, que l’éros soit poésie, nul n’en disconviendra; non pas au prix toutefois du rejet de la négativité, ce noyau de réel au cœur de l’expérience érotique; pourtant, cette part maudite, tous ces auteurs l’affirment diversement est inséparable du travail littéraire dont elle est la source. Ce n’est plus la digue de la pudeur qui est abattue, mais celle de la répulsion, voire de l’insoutenable; il semble bien loin le temps des risques de poursuite pour "outrage aux bonnes mœurs"; daté le temps des obscurités fascinantes de l’univers libertin clandestin aux relents de soufre, avec ses mises en scène sophistiquées marquant la proximité du plaisir, du secret et du danger dans les orgies où corps souillés et orgasmes mystiques exigeaient pseudonymes et autres masques. L’emploi du terme érotisme n’est-il pas inadapté, face à un tel contexte socioculturel à bien des égards inédit ? L’érotisme a une histoire spécifique dans notre culture et dans notre littérature; des choses ont bougé dans le paysage de l’érotisme classique, que ce soit sous l’angle du libertinage du XVIIIe siècle, ou sous celui de la créativité dans ses expressions picturales et littéraires les plus accomplies, par exemple dans le surréalisme, et jusqu’à Histoire d’O. La pornographie a dépouillé l’érotisme de contenu artistique, en privilégiant l’organique sur le mental, comme si le désir et le plaisir avaient pour protagonistes des phallus et des vulves et que ces appendices n’étaient que de purs serviteurs des fantasmes qui gouvernaient notre âme, séparant l’amour physique des autres expériences humaines. Un voile de pudeur, sa transgression, une aura de secret, un frisson de beauté, est à la frange du dénudement sentimental, liant amour et sexe pour accéder à l’érotisme. Eros, fils de Mars et Vénus, ou de Poros et Pénia paraît être définitivement castré par son frère, l’obscène Priape. S’agit-il d’éros, s’il ne reste qu’une viande proche du trash ou du gore ? Sans que nous nous en rendions compte, la fin du XX° siècle coïncide avec de grands changements dans les mentalités: peut-on parler de la fin de l'érotisme ? Á force d'être obligatoires dans tous les récits, les écritures érotiques ont perdu leur grâce littéraire, pour n'être plus que des répétitions anatomiques vulgaires; l'écriture féminine saura-t-elle relever le défi ? Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 04/03/20
Aux dernières heures de la nuit, quand elle est encore noire; avant l'aube, Juliette reparut. Rares étaient les soirées où elle n'éprouvait pas l'irrésistible plaisir de maltraiter ou d'user de sa jeune soumise. Elle alluma la lumière de la salle de bains, en laissant la porte ouverte, faisant un halo de lumière sur le milieu du lit, à l'endroit où le corps de Charlotte, nu et attaché, déformait les draps de soie, recroquevillé et contrainte; comme elle était couchée sur la droite, le visage vers la fenêtre, les genoux un peu remontés, elle offrait à son regard sa croupe pâle sur la soie rose. Il lui parut naturel de la préparer ainsi dans sa condition d'esclave marquée et fouettée afin qu'elle fut prête. Juliette eut soin à plusieurs reprises de lui renverser les jambes en les lui maintenant en pleine lumière pour qu'elle pût la voir en détail; sur son ventre lisse, le tatouage portait en toutes lettres qu'elle était sa propriété. Charlotte gémit plus d'une heure sous les caresses de sa maîtresse; enfin les seins dressés, elle commença à crier lorsque Juliette se mit à mordre lentement la crête de chair où se rejoignaient, entre les cuisses, les fines et souples petites lèvres. Elle la sentait brûlante et raidie sous ses dents, et la fit crier sans relâche, jusqu'à ce qu'elle se détendît d'un seul coup, moite de plaisir; Juliette était aussi attirante et hautaine dans le plaisir qu'elle recevait, qu'inlassable dans ses exigences. Ni le plaisir qu'elle avait pu prendre la nuit ni le choix qu'elle avait fait la veille n'influaient sur la décision. Charlotte serait offerte, dans les pires conditions auxquelles elle serait confrontée. Qu'à être offerte elle dût gagner en dignité l'étonnait; c'est pourtant de dignité qu'il s'agissait; sa bouche refermée sur des sexes anonymes, les pointes de ses seins que des doigts constamment maltraitaient, et entre ses reins écartés le chemin le plus étroit, sentier commun labouré à plaisir, elle en était éclairée comme par le dedans; se soumettre, désobéir, endurer, alternances délicates auxquelles elle ne voulait plus se dérober; l'abnégation d'elle même qu'elle conservait constamment présente. Le lendemain, elle fut mise à l'abattage. On lui banda les yeux avant de la lier à une table, jambes et bras écartés. Juliette expliqua seulement aux hôtes invisibles que sa bouche, ses seins et particulièrement les orifices de son corps pouvaient être fouillés à leur gré; des hommes s'approchèrent d'elle; brusquement des dizaines de doigts commencèrent à s'insinuer en elle, à la palper, à la dilater. Juliette interrompit la séance qui lui parut trop douce. Elle fut détachée pour être placée sur un chevalet; dans cette position infammante, elle attendit quelques minutes avant que des sexes inconnus ne commencèrent à la pénétrer. Elle fut fouillée, saccagée, malmenée, sodomisée. Elle était devenue une chose muette et ouverte. Puis elle fut ramenée dans le salon où les hommes attendaient déjà son retour. Les yeux de nouveau bandés, nue droite et fière, Juliette la guida vers le cercle d'hommes excités et ce fut elle qui s'agenouilla pour prendre leur verge dans sa bouche, l'une après l'autre, jusqu'à ce qu'ils soient tous parvenus à la jouissance et se soient déversés sur son visage ou sa poitrine offerte. Souillée de sperme et de sueur, on l'envoya se laver; la salle de bain était vaste et claire. Juliette la rejoignit pour assister à sa toilette intime; elle était accompagnée de deux hommes; avant qu'elle ait eu le temps de se doucher, ils urinèrent sur elle en l'éclaboussant chacun d'un jet dru et tiède; elle tourna sur elle-même afin que chaque parcelle de son corps reçoive leur ondée. Après un minutieux nettoyage, sa maîtresse lui ordonna de s'habiller pour aller dîner; nous allâmes dans un club échangiste pour achever la soirée; outre son harnais et une ceinture de chasteté, Charlotte portait un bustier en cuir, des bas noirs et une veste en soie de la même couleur laissant entrevoir son intimité; un collier de chien ciselé de métal argent serti d'un petit anneau destiné au mousqueton de la laisse donnait à sa tenue un bel effet; Juliette l'amena en laisse jusqu'au bar. Elle la fit monter sur une table haute où lui fût administrée une violente fessée qui empourpra ses reins; un esclave mâle fut requis pour lécher et apaiser sa croupe; on glissa sur sa tête une cagoule emprisonnant la nuque et aveuglant ses yeux, ne laissant passer l'air que par une ouverture pratiquée au niveau de la bouche de façon à ce qu'elle soit offerte; un homme lui baisa la bouche, sa gorge lui servant d'écrin; excité par le spectacle de la fellation, un autre décida brusquement d'utiliser ses reins; il s'enfonça en elle sans préliminaire pour faire mal. Comment éprouver la satisfaction insane d'offrir son corps ? Le souhait de Charlotte est d'aller toujours jusqu'au bout de ses fantasmes, au-delà des désirs de Juliette. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 04/03/20
La voix du maître des lieux soudain retentit: "Je vous présente Charlotte, la soumise de Juliette. Elle est ici pour se faire dresser et devenir une esclave obéissante." On me banda les yeux de façon que je ne puisse voir les invités qui descendaient dans la cave. Quelqu'un me demanda de me tourner et de monter mon cul, ce que je fis avec complaisance. On m'ordonna de m'approcher d'un invité qui voulait me toucher et, en aveugle, je fis quelque pas dans la direction qu'on m'avait indiquée. Des mains glacées se posèrent sur ma peau et me firent tressaillir. Ce premier contact m'avait surprise mais je m'offris avec docilité aux caresses qui devinrent tès vite agréables. On me fit savoir que plusieurs personnes étaient venues assister à mon dressage. Chacune d'entre elles allait me donner dix coups de fouet. Je me préparai à cette épreuve en me concentrant sur la volonté dont j'allais devoir témoigner, l'entraînement à la douleur n'est après tout qu'un entraînement sportif comme un autre: on parvient aisément à reculer les limites et à endurer à chaque expérience un peu plus longtemps la sensation de souffrance à laquelle on finit par s'habituer, d'autant plus lorsque comme moi, on en tire une vive excitation et un plaisir incomparable. Je reconnus immédiatement les coups de fouet appliqués par ma Maîtresse: elle a une méthode particulière, à la fois cruelle et raffinée, qui se traduit par une sorte de caresse de la cravache ou du martinet avant le claquement sec, toujours imprévisible et judicieusement dosé. Juliette sait mieux que quiconque me dresser. Après le dernier coup, elle caressa furtivement mes fesses enflammées et cette simple marque de tendresse me donna le désir d'endurer encore davantage pour la satisfaire. On m'ordonna de me mettre à quatre pattes, dans la position sans doute la plus humiliante pour l'esclave, mais aussi la plus excitante pour l'exhibitionniste que ma Maîtresse m'a appris à être, en toutes circonstances et en tous lieux. Je reconnus à leur douceur des mains de femme qui commencèrent à palper mon corps. Avec un certain doigté, elles ouvrirent mon sexe. Peu après, mon ventre fut investi par un objet rond et froid que Béatrice mania longtemps et avec lubricité. Les Maîtres décidèrent alors que je devais être reconduite au premier étage. On me débanda les yeux et je pus connaître le visage des autres invités de cette soirée mémorable. Je découvris ainsi que Béatrice était une superbe jeune femme brune aux yeux clairs, avec un visage d'une étonnante douceur dégageant une impression rassurante de jovialité. Je me fis la réflexion qu'elle était physiquement l'inverse d'une dominatrice telle que je l'imaginais; je fus mise à nouveau dans le trou aménagé dans le mur, où j'avais été contrainte la veille. Pendant que l'on usait de mes orifices ouverts, Vincent exhibait sous mes yeux son sexe congestionné que je tentai de frôler avec mes lèvres puis avec la pointe de ma langue dardée au maximum. Mais Vincent, avec un raffinement de cruauté qui acheva de m'exciter, se dérobait à chaque fois que j'allais atteindre sa verge, m'obligeant à tendre le cou, la langue comme une véritable chienne. J'entendis quelques commentaires humiliants sur mon entêtement à vouloir lécher la verge de l'inconnu; ces injures, ajoutées aux coups qui ébranlaient mon ventre et aux doigts qui s'insinuaient partout en moi, me firent atteindre un orgasme dont la soudaineté me sidéra. J'avais joui, comme fauchée par une rafale de plaisir que rien n'aurait pu retarder. Ayant été prise d'un besoin pressant et ayant demandé avec humilité à ma Maîtresse l'autorisation de me rendre aux toilettes, je me vis opposer un refus bref et sévère. Confuse, je vis qu'on apportait au milieu du salon une cuvette et je reçus de Juliette l'ordre de satisfaire mon besoin devant les invités rassemblés. Une panique irrépressible me submergea. Autant j'étais prête à exhiber mon corps et à l'offrir au bon plaisir de Juliette ou à apprivoiser la douleur pour être digne d'elle, autant la perspective de me livrer à un besoin aussi intime me parut inacceptable. La véritable humiliation était là: me montrer dans cette position dégradante, alors qu'exhibée ou fouettée, prise ou sodomisée, ma vanité pouvait se satisfaire de susciter le désir. En urinant devant les invités rassemblés, je ne suscitais le désir de personne. C'est à cette occasion que je pris conscience de l'orgueil réel de l'esclave, qui motive, et par conséquent explique et excuse tout. En fait, les rites du sadomasochisme reposent sur l'orgueil: l'orgueil de la Maîtresse de posséder une belle et docile esclave, mais aussi orgueil sans limite de l'esclave, convaincue d'éveiller les désirs les moins avouables, et donc les plus rares à éprouver, chez ces êtres supérieures que sont les maîtres. La légère impatience que je lus dans le regard attentif de Juliette parut agir sur ma vessie qui se libéra instinctivement. Je réussissais à faire abstraction de tous les témoins dont les yeux étaient fixés à la jointure de mes cuisses. Lorsque j'eus finis d'uriner, ma Maîtresse m'ordonna de renifler mon urine, puis de la boire. Bouleversée par cette nouvelle épreuve, je me sentis au bord des larmes, mais n'osant pas me rebeller, je me mis à laper sans l'avaler le liquide encore tiède et à ma vive surprise, j'éprouvai une indéniable délectation à ce jeu inattendu. Après avoir subi les regards des invités, je fus amenée devant Béatrice dont je dus lécher les bottes vernies du bout de ma langue. La jeune femme séduisante me récompensa par une caresse très douce, qui ressemblait au geste que l'on fait pour flatter le col d'un animal soumis. Le dîner fut annoncé à mon grand soulagement. Juliette sut gré à Vincent d'avoir trouvé Charlotte à la hauteur de ses espérances. Hommage à Charlotte. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 24/02/20
Le marquis de Sade, né le 2 juin 1740, meurt le 2 décembre 1814 à l’asile de Charenton où il vivait reclus depuis depuis le 6 mars 1801. Les profondes mutations du XVIII ème siècle, par où s’accomplit l’homme moderne, offrent une scène grandiose au désordre de son existence et au tumulte provoqué par son écriture. Errance de l’homme à la recherche de sa vérité, accusé d’avoir exploré les voies obscènes de la souffrance et banni de la société dont il refusait les lois. Toutes les opinions soutenues jusqu’à aujourd’hui sur Sade, soient-elles d’admirateurs, de détracteurs ou studieux analystes, ont été incapables de donner une explication cohérente de la vie et de l’œuvre de Sade sans omettre des données historiques importantes, vraies et certaines, sans inclure des hypothèses basées sur la réalité, tout en avançant même parfois des contre-vérités comme des faits admis. Admirateurs, détracteurs et universitaires zélés partagent tous le même ensemble de préjugés: "Sade jouissait sexuellement de la torture et il écrivit la pornographie d’horreur pour justifier la torture et le meurtre." Et cette unanimité d’opinions apparemment contraires a été prise pour la vérité. Comme si l’action des autres personnages ou simple ornement, comme si le reste des écrits de Sade hors des romans érotiques n’exprimait pas sa pensée. L’œuvre d’un écrivain est un ensemble où il faut trouver ce que chaque ouvrage concret, et chaque partie concrète du même expriment des idées et sentiments de l’auteur. Mais, avec Sade, on a préjugé un type de personnalité, basé non pas sur des données historiques mais sur des fantaisies, et on a déduit de ce type présupposé tout acte, parole et idée de Sade, identifiant l’écrivain aux personnages les plus pervers de ses romans. Il n’y a pas aucun doute que l’oeuvre de Sade prouve qu’il était capable de portraiturer littérairement la cruauté, même l’infinitude de la cruauté. Mais cette capacité, toute seule, ne dit rien sur la vie réelle de Sade. Personne ne pense jamais à interpréter, par exemple, la vie de Sade d’après des personnages comme Justine, la vertu torturée ou Zamé, le roi plein de bonté de Tamoë, qui sont tous deux aussi de Sade que la méchante Juliette ou que les bourreaux de "Les cent vingt journées de Sodome". Bien sûr qu’identifier Sade aux personnages bons serait une erreur, mais l’identifier aux méchants est aussi erroné, car dans les deux cas on mêle la réalité avec la fiction. La supposition que le caractère et les faits de quelqu’un peuvent être jugés d’après ses écrits rencontre, au moins dans ce cas, une grave contradiction; Sade savait aussi décrire, avec la même perfection que la méchanceté et l’obscénité, les plus hauts dégrés de l’amour, la bonté et la vertu. Ce fait est presque inconnu parce qu’il ne s’accorde pas à l’image la plus répandue de Sade; les oeuvres de Sade qui le démontrent plus clairement sont difficiles à trouver et inconnues, faute de le vouloir car on ne cherche chez Sade que des écrits de pornographie et de violence. On interprète, non pas les écrits de Sade partant des faits de sa vie, mais sa vie partant de ses oeuvres littéraires, sans marquer les limites entre la fantaisie et la réalité. Lorsqu’il s’agit de Sade, on se permet d’omettre ou dénaturer des faits prouvés, poser des données imaginaires ou des simples conjectures comme des réalités constatées, et de tomber dans la caricature la plus grossière. Ce que l'on pense être les idées de Sade a très peu de relation avec les pensées de l’homme qui a écrit toute l’oeuvre de l'écrivain maudit. Mais on ignore aussi que la plûpart des actes qu’on attribue à Sade n’ont aucune correspondance avec la réalité. Sade n’était pas un meurtrier, et ses écrits ne pouvaient pas être la justification d’actes qu’il ne commit pas. L'examen de toute l’oeuvre de Sade, avec tous ses personnages, donne un résultat très différent de celui de la recherche simple du psychopathe, soit pour l’adorer, pour l’abhorrer ou pour en déclarer l’indifférence. Mais on se nie à accepter ce résultat parce qu’il contredit les préjugés sur Sade et ce qu’on croit toujours sur lui. Malgré la prolixité de ses descriptions littéraires d’assassinats, Sade est un homme qui jamais n’a tué personne. Ce n’est pas seulement qu’on n’ait pas pu prouver sa culpabilité d’un crime concret: c’est que Sade ne fut pas même suspect d’assassinat dans aucun cas, sauf par la plainte de la prostituée intoxiquée par cantharide qui l’accusa de tentative d’empoisonnement, et par les ossements qu’une actrice nommée "Du Plan", amie de Sade, avait utilisé pour un décor macabre, et que le marquis fit enterrer après au jardin. D’autre part, nous savons que Sade combattit la peine de mort pendant la Révolution et qu’il risqua sa vie pour sauver des innocents. Un psychopathe intelligent, calculateur, sait très souvent comment obtenir l’impunité des pires horreurs. Un psychopathe vulgaire, impulsif, de basse intelligence, ne pense pas aux conséquences de ce qu’il fait: il suit ses impulsions sans frein jusqu’à l’assassinat. Nul de ces actes ne se trouve chez Sade, qui a été vu par quelques auteurs comme trop imbécile pour l’impunité, à la fois que trop couard pour suivre ses impulsions jusqu’à la fin, des traits que les preuves historiques démentent, et qu’on attribue à Sade pour forcer les données à s’ajuster à la thèse de la psychopathie, faute d’inspiration. Les faux admirateurs de Sade l’admirent comme le génie de la liberté absolue, n’ayant comme base que la manque de bornes au vice et au crime que montrent les personnages scélérats de quelques romans de Sade. Mais ils oublient que, dans ces textes, se trouve aussi l’affirmation que la liberté n’existe pas, que tous nos désirs, pensées, sentiments et volontés sont déterminés par les lois physiques qui gouvernent nos corps, nos cerveaux et l’univers entier. Si les grands criminels ne font que suivre la nature, on ne peut pas prétendre qu’ils soient libres, et moins encore de façon absolue. C’est la même sottise que l’affirmation contraire. Un acte de bonté qui soit physiquement possible ne peut offenser la nature plus qu’un crime, lui étant tous les deux indifférents. Supposer une autre chose, c’est prêter à la nature les absurdes traits personnels des dieux; croire que le bien ou le mal peut lui importer, c’est lui attribuer une volonté, ce qui est un retour à la religion qu’on prétend combattre en suivant "les desseins de la nature." Malgré son absurdité, l’attitude de justifier les crimes les plus horribles sous prétexte d’obéir aux lois de la nature est très répandue. Tout ce qui est physiquement possible est naturel; mais les pires horreurs sont naturelles aussi. La torture et le meurtre sont physiquement possibles; la nature jamais n’empêche ces actes s’ils se bornent aux lois physiques, et on peut en obtenir de la jouissance sexuelle; la nature donne ce plaisir à ceux qui en jouissent. Sade a certes écrit tout cela, mais il ne croyait pas que la nature fût bonne. Ceux qui prennent Sade pour le héros de la liberté sexuelle absolue,"sans limites", ignorent qu'il fut victime de l’attitude qu’ils trouvent désirable. Faute de connaissance des données historiques, le vide peut se remplir avec l’imagination: toute lacune dans les données historiques de Sade peut être remplie avec des fragments de ses romans pour offrir des exemples de sa conduite dans sa vie réelle. La majorité de ceux qui frémissent d’horreur en entendant ou lisant le nom de Sade imaginent sa conduite, et parce qu’ils l’imaginent, ils croient la connaître, ignorant qu’ils en ont reçu une image fausse, née de personnages fictifs et non pas de la réalité. Cette image fausse, d’une simplicité qui la rend très facile à répandre, l’adaptant à tout niveau de compréhension, est très populaire, mais elle peut risquer de devenir majoritaire, pour prendre dès lors une apparence faussement intellectuelle. La plûpart des contradictions qui évaluent la conduite de Sade, ont leur origine au fait d’interpréter chaque action, parole, et idée de Sade comme le résultat d’un égoïsme infini, qu’on lui attribue comme point de départ préalable à l’examen des faits. On préjuge, on considère comme bien établi que la réalité ne peut pas être différente des préjugés. C’est vrai que le contenu de quelques écrits de Sade crée cette apparence, mais c’est vrai aussi que l’égoïsme absolu comme explication de la vie de Sade ne donne qu’une ribambelle d’absurdités, même si on se borne à la plus stricte exactitude historique. On a voulu expliquer l’anomalie de Sade comme de la psychopathie, c’est-à-dire, un égoïsme absolu, marqué de la moindre capacité d’empathie, qui expliquerait une extrême méchanceté sans qu’il y ait une maladie d’aliénation ni un déficit cognitif. Il est vrai que ces traits se trouvent chez plusieurs personnages de quelques romans de Sade, mais l’analyse des données de sa vie réelle, sans des donnés imaginaires ou des hypothèses non constatées, ne permet pas de dire que Sade fut un psychopathe, même si cette idée est la plus répandue parmi les psychiatres les plus prestigieux, qui l’adoptèrent sans doute pour ne pas en adopter de plus simplistes. Il y a chez Sade toutes les qualités necéssaires pour la plus haute excellence éthique, et il est prouvé qu’il en fit usage; mais on ne peut nier son libertinage, ni son masochisme sexuel, intronisé par le nom d'algolagnie par Schrenck-Notzing, ni les descriptions de perversions et de crimes dans ses écrits, alllant même jusqu’à portraiturer la cruauté humaine portée aux dernières conséquences, qui arrivent au désir du mal pour le mal, même au déla du plaisir. Cela est vrai quoique l'écrivain ait décrit aussi tout le contraire dans d’autres écrits ou dans les mêmes. Supposant que Sade fut moralement tout le contraire des personnages littéraires qui l’ont rendu tristement célèbre, il reste encore la raison pour laquelle il se livrait à des pratiques sexuelles violentes, contre des femmes et contre lui-même. Un homme sain peut-il être "sadique" ? Peut-il commettre des actes d’algolagnie ou de masochisme sexuel ? La raison d’une grande partie de la confusion c’est que la question du masochisme sexuel n’a pas été étudiée avec la profondeur nécessaire. La théorie héritée d’Havelock-Ellis, expliquant l’algolagnie comme le résultat d’une sensibilité inférieure à la normale, permet d’expliquer la plupart des cas d’algolagnie, et, par conséquent, ne peut pas être rejetée. Mais on a demontré qu’il existe des cas où l’algolagnie ne peut pas être expliquée par une sensibilité plus basse que la normale. La théorie de la perte de la sensibilité comme explication de l’algolagnie n’est pas erronée, mais incomplète. L’erreur consiste à la prendre pour l’explication universelle, de tous les cas de masochisme sexuel. Il ne faut pas pour autant la supprimer mais l’inclure dans une théorie plus vaste expliquant les cas qui restent hors de sa portée. Pourquoi, donc, chez Sade, l’algolagnie et la pornographie d’horreur ? On ne se demande presque jamais si l’horreur décrite par Sade jusqu’à la satiété était ce qui lui plaisait le plus, ou ce qui le tourmentait, et si ce tourment n’était pas aussi la cause de son masochisme. Mais une nouvelle analyse de la biographie de Sade revèle, au commencement de ses scandales sexuels, des profanations de symboles religieux devant une prostituée, avec laquelle il passa toute une nuit en lisant un livre sur l’athéïsme, sans aucun acte sexuel ni de torture commis sur la femme. L' obsession de la description du libertinage et de la cruauté des prêtres dans l’oeuvre de Sade, ajoutée à cet épisode réel, peut montrer l’explication du paradoxe de Sade; des abus sexuels et des tortures soufferts par l’enfant Sade par des prêtres lors de sa scolarité. Cette blessure psychologique peut expliquer la recherche de masochisme sexuel chez Sade, exprimée dans les personnages de ses romans, et leur comportement psychopathiques, sans être un psychopathe. On croit que la conduite de Sade était celle de ses personnages scélérats parce qu’on y trouve, monstrueusement augmentée par la fantaisie, l’algolagnie. Mais si cette algolagnie n’est pas le fruit du plaisir et de la liberté de Sade, mais celui de son emprisonnement et de sa douleur, toute interprétation de sa pensée doit changer. On ne peut plus admirer l'écrivain comme le génie de la liberté absolue, ni l’abhorrer comme une incarnation de Satan. Et, si sa conduite était tout simplement le contraire de l’égoïsme et de la psychopathie, juste le fruit d'une pensée philosophique. Combien y a-t-il de Sade dans chacun de ses personnages ? La thèse que l'écrivain, agresseur en toute occasion, fut surtout, une victime, donne une réponse qui permet d’intégrer les extrêmes de la bonté et de la méchanceté dans la pensée de Sade sans contradiction. Se borner aux personnages scélérats pour juger l'ensemble de ses écrits revient à légitimer la logique que la vertu naît des sentiments, et que la raison sans les sentiments n’a d’autres passions que celles de l’égoïsme, menant au vice et même aux crimes les plus affreux. Sade voulait démontrer que la vertu est malheureuse parce qu’elle va contre le courant majoritaire de l’égoïsme, ce qui fait triompher le vice. Une fois connue la cruelle réalité de la nature et rejeté l’absurde d’un être surnaturel, l’éthique exige de solides fondations. Celles-ci ne doivent pas se baser sur la superstition, ni suivre la tendance générale de la nature qui entraine la destruction. L’algolagnie ne fut pas pour Sade une fête mais un drame dont l’obscénité et la souffrance physique étaient l’expression d’une douleur psychique immense et de la rébellion contre cette douleur. Mais c’est une révolte impuissante, désespérée qui se plonge dans la peine comme voulant en jouir. Le “plaisir” que la torture provoque à Sade peut se comparer au rire de celui qui devient fou à cause d’une catastrophe absurde: il ne s’agit pas de vrai plaisir, mais d’une comédie. Sade eût des traits dignes de la plus haute admiration qui sont niés ou méprisés, non seulement par ses détracteurs, mais aussi par ses faux admirateurs et par des studieux impartiaux; ce qu’on admire de lui n’est que le produit fatal de son énorme souffrance, non pas de son plaisir, comme veulent le faire croire ceux qui détournent son œuvre. Sade aura donc subi une enfance chaotique et carencée, une adolescence violente, fréquenté les geôles de tous les régimes, connu la mort sociale et l’anonymat, le rejet de son milieu d’origine, la méfiance des révolutionnaires, la solitude, la ruine, l’assassinat crapuleux de son fils aîné. Cette accumulation dévoile une incontestable tendance personnelle et familiale à provoquer la punition par l’ultime représentant parental qu’est le destin. Écrivain libertin talentueux, ou fieffé scélérat débauché, Sade brille, dans sa tentative désespérée, de mettre à bas, en tant qu'esprit libre et vagabond, un ordre social et religieux, en déclin à la fin du XVIII ème siècle. Son œuvre, inspirée d'une conscience matérialiste de l'infini, déshumanisant les corps, explore les abîmes sombres de l'âme. Il demeure un grand auteur, capable de nouveauté et d’audace, plaçant la littérature à la hauteur de son exigence. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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Par : le 21/02/20
" Il est très doux de scandaliser: il existe là un petit triomphe pour l'orgueil qui n'est nullement à dédaigner; car tout est bon quand il est excessif." La Philosophie dans le boudoir (1795) Apollinaire le considérait comme "l’esprit le plus libre qui ait encore existé" ; Bataille voyait en lui "un homme en un mot monstrueux", qu'une passion de liberté impossible possédait. Deux siècles après sa mort, le marquis de Sade continue d’exercer une véritable fascination, une attirance mêlée d’effroi. Longtemps censuré puis au XX ème siècle réhabilité, il est aujourd’hui considéré comme un écrivain essentiel de notre histoire littéraire. Sade est sans nul doute un auteur reconnu, mais il n’en reste pas moins méconnu. De fait, subsiste aujourd’hui une vision par trop simpliste et tronquée du libertinage, du sadisme et de la portée philosophique de son œuvre. En dehors de sa réputation sulfureuse, que sait-on du Marquis de Sade ? Qu'il est né à Paris, le 2 Juin 1740, en l'hôtel de Condé, dans une vieille famille aristocratique de souche provençale, de grande noblesse. Qu'il fut écrivain, philosophe, et homme politique, longtemps voué à l'anathème, en raison de la part accordée dans ses écrits, à l'érotisme, associé à des actes de violence et de cruauté, qu'il passa pour cela, près d'une trentaine d'années en prison avant de s'éteindre le 2 Décembre 1814, dans l'asile d'aliénés de Charenton. Errance d'un homme à la recherche de sa vérité, accusé d’avoir exploré les voies obscènes de la souffrance et banni d'une société dont il refusait les lois. Tragédie immémoriale de la quête des origines qui noue le savoir au fouet de la souffrance pour filer le destin malheureux du génie créateur. Saisi par la mélancolie quelques années avant sa mort, le marquis de Sade rédigea ses dernières volontés: "La fosse une fois recouverte, il sera semé dessus des glands, afin que par la suite le terrain de ladite fosse se trouvant regarni, et le taillis se retrouvant fourré comme il l’était auparavant, les traces de ma tombe disparaissent de dessus la surface de la terre, comme je me flatte que ma mémoire s’effacera de l’esprit des hommes." Son ultime résolution ne sera pas respectée. Ni par ses exécuteurs testamentaires, ni par la postérité. La pulsion de vie l’emportera sur la pulsion de mort. Formidable énergie d’Eros contre le désir mortifère de n’être plus rien, qui fait du marquis un auteur toujours vivant et contesté au-delà de sa mort et de son siècle. Donatien de Sade vécut une enfance atypique. Ses parents, Jean-Baptiste et Marie-Eléonore, étaient des familiers des Condé, vivant dans leur hôtel situé à l’époque à la place actuelle du théâtre de l’Odéon. Son père, amant d’une princesse de Condé, avait épousé la fille de sa dame d’honneur. Il était libertin, avait des maîtresses, était bisexuel et cherchait des des aventures homosexuelles au jardin des Tuileries. La mère se replia bientôt dans un couvent, aigrie et acariâtre. Mais le petit garçon semblait agité, il se disputa rapidement avec Louis-Joseph de Condé, de quelques années son aîné. Quand il eut quatre ans, on l’expédia auprès de son oncle, au château de Saumane, près de Fontaine-de-Vaucluse. Cet oncle, abbé, érudit, poète, en correspondance avec madame du Châtelet, libertin, plutôt jovial, vivait avec deux maîtresses, la mère et la fille. On imagine une ambiance à la fois débonnaire et libérée, et des soirées érotiques. Néanmoins, l'enfant se fit là quelques amis, sa cousine Pauline de Villeneuve et Gaspard Gaufridy, le fils d’un notaire, auxquels il demeura fidèle toute sa vie. Il aima Saumane, le château, le village, la lumière, les paysages. De retour à Paris, il fut un élève appliqué du collège Louis-le-Grand, et c’est là qu'il subit, de la part des maîtres jésuites, agressions et provocations de nature sexuelle. Âgé de quatorze ans, et doté d'un titre de noblesse, il entra à l'école préparatoire de cavalerie, en vue d’intégrer le prestigieux régiment des "chevau-légers de la garde." Il participa courageusement à la guerre de sept ans, avec le grade de capitaine, tout en commençant à fréquenter à Paris des femmes légères et des actrices. En vue d'un mariage flatteur, en réalité pour effacer de lourdes dettes, sa famille le força à épouser en 1763, une demoiselle de petite noblesse, mais dont la famille avait de puissantes relations à la cour de Louis XV. Elle s'appelait , Renée Pélagie de Montreuil. Son père était Président de la Cour des Aides. Marié, le jeune marquis continua néanmoins, à s'adonner aux plaisirs du libertinage. Louis XV pardonnait la débauche mais non pas les atteintes à la religion. Surveillé dès 1764 pour sa présence régulière dans les maisons de débauche, le marquis accumule dettes, délits, outrages aux bonnes mœurs, faux repentirs et promesses sans lendemain. L’inspecteur Marais prévient dans une note écrite du 16 octobre 1767: "On ne tardera pas à entendre parler encore des horreurs du comte de Sade." Son goût pour la transgression et ses dérèglements répétés lui gagneront la réputation définitive d’un libertin érotomane à qui ses écarts et ses ouvrages vaudront un long emprisonnement, vingt-huit ans au total et deux condamnations à mort. À Arcueil en 1768, il approche une veuve de trente six ans réduite à la mendicité, lui promet un emploi de gouvernante, la séquestre, la menace et la fouette jusqu’au sang, obtient l’orgasme par le seul fait des coups redoublés puis la confesse. Il sera emprisonné sept mois. À Marseille en 1772, le scénario se déroule en cinq actes d’une même journée. Chacun comporte trois personnages: une prostituée, le marquis, qui se fait appeler Lafleur et son valet Latour nommé pour la circonstance Monsieur le Marquis. Une prostituée est chargée de regarder une séquence sur les cinq et la dernière séquence voit le valet congédié. Les actes se répètent. Le marquis fouette, se fait fouetter et compte méticuleusement les coups reçus. Il sodomise une prostituée, en viole une autre, masturbe son valet, se fait sodomiser par lui, en proposant des dragées de cantharide à trois filles. Les prostituées présentent des signes d’intoxication et portent plainte. Le marquis de Sade, en fuite avec la sœur de son épouse, qui promet de lui appartenir à tout jamais, est condamné à la peine de mort pour empoisonnement et sodomie. Finalement, incarcéré en 1772, il s’évade en 1773. En 1775, toujours recherché, il revient en Provence au château de La Coste dont il est le seigneur. En présence de sa femme, il recrute six adolescents, dont un jeune secrétaire et des adolescentes d’une quinzaine d’années, à qui se rajoute un personnel jeune et disposé à satisfaire les caprices sexuels du maître. Ceux-ci sont interrompus par une plainte des parents pour enlèvement de mineurs à leur insu et par séduction. Les jeunes filles portent la trace des coups de verges reçues et des incisions pratiquées sur leurs bras et leur corps. Le secrétaire est infecté par la vérole. Nouvelle fuite en Italie pour tenter d'échapper à la saisie de corps et nouveau retour au château de La Coste. Le marquis qui n’a pas encore trente sept ans vit avec l’été 1776 ses derniers moments de liberté avant longtemps. L’épilogue de la première partie de sa vie est connu. Fuyard, il quitte le château de La Coste et choisit contre toute raison de se réfugier à Paris. Prémonition probablement dictée par une forte culpabilité inconsciente car il y apprend, trois semaines après son arrivée, la mort de sa mère et se fait arrêter le 13 février 1777 pour être incarcéré au donjon de Vincennes. La disparition de sa mère et la rigueur de l’enfermement contribuèrent sans aucun doute à la naissance de l’écrivain. Après "L’inconstant", une petite comédie rédigée en 1781, l’œuvre s’annonce par la déclaration d’un athéisme militant reproduisant les arguments du matérialisme en vogue au XVIII ème siècle. L’auteur encore débutant produit un travail intense. Il débute la rédaction des " Cent vingt journées de Sodome", dont il recopie le manuscrit en 1785 à La Bastille, met en chantier "Aline et Valcour" en 1786 et l’achève en 1788 de même qu’"Eugénie de Franval". " Les Infortunes de la vertu" sont rédigées en seize jours de l’année 1787. Il ne sera rendu à la liberté que le 2 avril 1790 avec l’abolition des lettres de cachet. Mais, après la disparition de l’ancien régime, sa lutte pour la déchristianisation est cataloguée de séditieuse par Robespierre et au terme d’une incarcération de quelques mois entre 1793 et 1794, Fouquier-Tinville le condamne à mort pour intelligences et correspondances avec les ennemis de la République. Il en réchappe avec la chute de Robespierre mais les publications de "Justine ou Les Malheurs de la vertu" en 1791, de "La Philosophie dans le boudoir" en 1795, de "La Nouvelle Justine" ou "Les Malheurs de la vertu" suivie de L’Histoire de Juliette seront interdites. En 1801, Sade est de nouveau enfermé à la prison de Sainte-Pélagie puis transféré à Bicêtre, la "Bastille de la canaille." Il en sort en 1803 pour rejoindre l’asile de Charenton. Le manuscrit des "Journées de Florbelle ou la Nature dévoilée", rédigé en 1804 fait l’objet d’une saisie par la police en 1807. Le marquis est une fois de plus surveillé, fouillé, privé de son écritoire et de ses plumes. Le préfet Dubois note: "Cet homme est dans un état perpétuel de démence libertine." Lors de cette dernière détention, le marquis de Sade, toujours présent à l’appel des idées nouvelles, signale une fois encore sa perspicacité avec le "théâtre aux aliénés". Sa vocation pour l’art théâtral et son ambition d’y réussir remontent au début de son mariage en 1763. Il écrit déjà des pièces, les monte, les joue et les fait jouer par ses amis au château de La Coste où il a édifié une scène. L’œuvre théâtrale travaillée sans relâche atteint son apogée avec la période révolutionnaire en même temps qu’elle devient un moyen de subsistance pour le marquis ruiné. Sa rencontre avec Monsieur de Coulmier s’avèra décisive. Le directeur de l’asile de Charenton, convaincu des vertus thérapeutiques offertes par la scène, fit construire un amphithéâtre avec des gradins réservés aux malades. Les pièces furent montées et jouées par des aliénés en même temps que des comédiens professionnels, ou par Sade lui même. La réputation fâcheuse de son écriture de combat, cherchant à soumettre l’adversaire, à démontrer l’inutilité de Dieu, l’aberration de la morale et de la loi, ne se démentira pas. La pensée profonde de l’écrivain, singulière, ramifiée dans un système inachevé et peu cohérent, restera détournée par des interprétations, qui en dénaturent le contenu en s’attachant à tel point particulier pris pour l’ensemble. Le nom de Sade entre dans le language commun avec le néologisme "sadisme" ne résumant ni l'écrivain, ni son œuvre. Le vocable apparaît dès 1834 dans le Dictionnaire universel de Boiste comme une "aberration épouvantable de la débauche: système monstrueux et antisocial qui révolte la nature." La confusion entre la vie de Sade et de son œuvre alimentera le malentendu à travers le temps. En 1957 encore, Jean-Jacques Pauvert, éditeur, sera condamné à la destruction des ouvrages saisis. Le statut scientifique du concept émerge quant à lui à la fin du XIX ème siècle avec Krafft-Ebing, qui érige le sadisme et son antonyme le masochisme en symptômes combinés d’une perversion sexuelle dont la satisfaction est obtenue par la douleur et l’humiliation infligées à autrui ou reçues par lui. Mais, la science ne resta pas propriétaire du phénomène.Le poète Apollinaire, partisan d’une analyse psychologique plus objective de l'écrivain et prophète d'un XX ème siècle dominé par le savoir, le courage et l’indomptable liberté du marquis de Sade, entraîna les surréalistes à sa suite. Breton, Desnos et Eluard cherchèrent à réhabiliter l’œuvre et l’acteur de la révolution française pour en faire un enjeu esthétique, politique et social. Ils insistèrent sur la place du marquis dans la découverte d’une psychologie, faisant de la sexualité un fondement de la vie sensible et intellectuelle. De "Sade est un sadique", on est passé à "Sade est un sadique parmi d’autres" et enfin à "l’œuvre de Sade met en scène certaines expériences sadiques"; à partir de là, le domaine littéraire a pris le relais du domaine médical. On a pu redonner à Sade sa singularité en mettant en avant la complexité de son entreprise, la richesse de son œuvre, et son irréductibilité justement à toute catégorie générique comme le sadisme. Ce n’est qu’une fois le sadisme est devenu véritablement un nom commun, une fois que Sade en fut véritablement "libéré", que l’on a pu alors aborder l’œuvre de Sade pour elle-même. C’est donc sous le mode du refus, de l’exclusion qu’il est entré, presque de force, dans nos mémoires: estimant l’homme dangereux, on l’a enfermé de son vivant; ne l’estimant toujours pas inoffensif une fois mort, on a interdit et censuré ses écrits, favorisant leur diffusion sous le mode de la glorification souterraine. Sade, figure de l'excès est devenu le modèle littéraire de tous ceux qui cherchaient à exalter une création novatrice dont l'œuvre ne saurait être réduite au sadisme. Si la présence du marquis de Sade au sein des lettres françaises n'est plus contestée, assurément, son œuvre demeure une énigme, irrévérente mais novatrice, offrant à la lecture, le champ infini des expériences possibles. Bonne lecture à toutes et à tous. Méridienne d'un soir.
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