Maître Gabriel
par le 13/07/25
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Le consentement entre adultes éclairés : une boussole dans les pratiques BDSM et alternatives

1. Définition du consentement éclairé : plus qu’un simple « oui »

Le consentement éclairé entre adultes ne se résume pas à une approbation verbale. Il s’agit d’un accord pleinement conscient, volontaire et informé, donné par une personne capable de le faire, sans pression, manipulation ou altération de ses capacités (alcool, drogues, état émotionnel instable, etc.).

⚠️ Le consentement éclairé implique une connaissance précise des actes envisagés, des risques potentiels, des limites personnelles et des dynamiques relationnelles dans lesquelles ces actes prennent place.

Dans le cadre du BDSM, des pratiques dites extrêmes ou marginales peuvent être explorées sans danger réel parce qu’elles sont encadrées par cette boussole éthique du consentement, où chaque geste est anticipé, encadré, accepté et réversible.

2. La question de la capacité à consentir

Un consentement n’a de valeur que s’il est donné par une personne capable de le formuler librement. Cela suppose :

  • Une maturité intellectuelle et émotionnelle (âge légal, santé mentale stable…)

  • L’absence de pressions psychologiques ou affectives (chantage émotionnel, rapport d’autorité flou…)

  • L’absence d’altération de la conscience (prise d’alcool ou de drogues, dissociation, état de choc…)

⚠️ Même dans une relation existante ou de confiance, toute scène ou jeu doit être précédé d’un échange clair et d’un état de présence lucide des deux parties. Sinon, il ne peut y avoir de consentement valable.

3. Le rôle du fantasme dans le jeu… et sa distance d’avec la réalité

Beaucoup de pratiques BDSM se fondent sur des scénarios impliquant des dynamiques interdites dans la réalité : viol (rape play), inceste simulé (age play), esclavage sexuel, humiliation, torture, privation…

🎭 Ces jeux ne sont ni une transgression réelle ni une acceptation des violences sociales, mais une mise en scène négociée, ritualisée, temporaire et réversible.

Ce qui est tabou dans la société peut être mis en jeu dans un cadre clair, sain, et voulu par toutes les parties.

⚠️ Il est essentiel de ne jamais confondre la mise en scène avec la réalité : dans la vraie vie, aucune forme de contrainte, d’humiliation publique ou de possession ne saurait être tolérée hors cadre consensuel, explicite et sécurisé.

4. L’aftercare : réparer, rassurer, honorer

Après une scène intense, le corps, le mental et le cœur (au sens émotionnel) peuvent être vulnérables. Le moment qui suit est crucial.

L’aftercare est cet espace de soin mutuel, de retour à soi, de recentrage. Il peut inclure :

  • Des câlins ou une présence calme

  • Un plaid, de l’eau, du sucre

  • Des mots rassurants

  • Une écoute silencieuse ou bienveillante

  • Un débriefing si désiré

💡 Le drop est une chute hormonale ou émotionnelle qui peut survenir quelques heures ou jours après une séance. Elle touche aussi bien le/la soumis·e que le/la Dom, et doit être anticipée sans honte.

5. Confidentialité et confiance

Beaucoup de pratiques BDSM impliquent une grande vulnérabilité : nudité, aveuglement, exposition de fantasmes profonds, voire honteux…

La confidentialité est une condition de confiance non négociable. Cela inclut :

  • Ne rien révéler des scènes à des tiers sans accord

  • Ne pas enregistrer, filmer ou prendre de photos sans consentement

  • Ne pas « out-er » une personne dans un autre contexte (travail, famille, etc.)

🔐 Ce qui se joue dans le cadre D/s ou BDSM reste dans un sanctuaire de respect, même lorsque la relation se termine.

6. Jeux extrêmes : ce que la société interdit, ce que le consentement permet

Le BDSM explore des zones limites, parfois sombres. Voici quelques exemples de pratiques tolérées dans le cadre du consentement éclairé, mais absolument interdites et condamnables hors de ce cadre :

  • CNC (Consensual Non-Consent, ou simulation de viol)

  • Age Play (jeu de rôle avec des dynamiques d’âge fictives)

  • Esclavagisme sexuel ou possession

  • Humiliation verbale ou physique

  • Jeu de rôle de kidnapping ou de torture

  • Breath Play (jeu autour de la privation d’air, très risqué)

  • Jeu avec le sang, les aiguilles, les scarifications ou les mutilations légères

  • Livrer son/sa soumis·e à d’autres partenaires choisis (avec consentement explicite)

  • Jeux d’exposition, de nudité forcée en lieu privé ou codifié

  • Bondage, Shibari, encordement long, privation sensorielle

⚠️ Ces pratiques doivent toujours être précédées d’une discussion rigoureuse, d’un accord explicite, de mots de sécurité, et ne jamais être pratiquées sous substances.

7. Protection physique et MST

Le consentement ne vaut que dans un contexte sécurisé, ce qui inclut la santé physique. Toute pratique impliquant contact sexuel, sang ou fluides doit être accompagnée de protection stricte :

  • Préservatifs (pénétrations, fellations, sex toys)

  • Gants (fist, jeu médical)

  • Hygiène des objets partagés

💡 Un test régulier (MST/IST) est un acte de soin mutuel, pas une marque de méfiance. C’est une forme d’amour responsable.

8. Le consentement dans la durée : dynamique et renouvelable

Dans les dynamiques longues, de type D/s, 24/7 ou en lien d’engagement, il peut exister un consentement ritualisé ou étendu, mais celui-ci :

  • N’est jamais acquis pour toujours

  • Doit être régulièrement questionné et réaffirmé

  • Peut être reconfiguré, arrêté, ou suspendu à tout moment

Même dans un contrat D/s, la personne soumise garde son droit fondamental à dire non ou à tout remettre en question, même après des mois de pratique.

🧭 Le pouvoir donné reste une délégation, pas un abandon.

9. Éducation, communauté, et progression

Personne ne devient un·e bon·ne dominant·e ou soumis·e du jour au lendemain. Il est essentiel :

  • De lire, s’informer, participer à des ateliers, des munchs (rencontres sans jeu)

  • De poser des questions, écouter les récits de pairs

  • De progresser dans une communauté bienveillante

💡 L’ignorance mène aux abus. La curiosité, l’écoute, l’humilité font partie de la posture BDSM.

10. En résumé : le contrat d’un jeu librement consenti

Le BDSM, et les pratiques sexuelles alternatives en général, peuvent être libératrices, puissantes, transformatrices. Mais elles le sont à condition de toujours reposer sur les piliers suivants :

  • Consentement libre, éclairé, explicite et réversible

  • Dialogue et ajustement constants

  • Protection et hygiène

  • Confidentialité absolue

  • Soin avant, pendant, après

Et surtout, la conscience que tout cela est un jeu. Un jeu parfois intense, profond, dérangeant… mais un jeu tout de même, que l’on joue ensemble, et non l’un contre l’autre.

🔑 Le pouvoir partagé, dans le BDSM, n’est pas celui de posséder l’autre. C’est celui d’oser être pleinement soi, dans un cadre sécurisé, avec une personne qui en accepte les contours, les limites, et les intensités.

 

Posté dans: Lexique/Definitions
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sylvie35
Re- 🙃 Gemini, ChatGPT et tous leurs amis vous remercient pour votre participation à "La semaine de l'IA"
J'aime 13/07/25
Maître Gabriel
J’avoue que se sont des outils que j’utilise mais le cœur du texte et de la réflexion reste le mien. De plus je trouvais important de revenir aux bases. Le truc marrant, c’est que juste après avoir publié cet article, j’ai eu une grosse discussion autour du chem sexe… Pour moi, dans la logique du consentement <b>éclairé</b>, cette pratique ne peut m’assurer du plein consentement des participants puisque il y a risque d’altération du jugement. Qu’en pensez-vous?
J'aime 13/07/25
Maître SADE
Ce document pourrait être vu comme celui d'un chevalier blanc, qui sabre au clair, veut faire place nette...., en guise de bienvenue 1f601.png ! Mais je dois reconnaitre que cette presentation est claire et plus accessible pour bon nombre de novices, dont ces fondements sont inconnus ou ignorés !
J'aime 13/07/25
ZarathoustraDom
Pour être honnête, ma première réaction a été plutôt négative : je trouvais ce texte pontifiant, façon procédure ISO9001, totalement éloigné de la réalité quotidienne d'une relation D/S, énonçant des évidences redites mille fois ici... Et puis, quand même, je l'ai relu une seconde fois, et j'ai trouvé qu'il avait un grand mérite de synthèse sur le sujet : en fait, exactement ce que sait très bien faire une IA ! Et un rappel régulier sur ces sujets n'est finalement jamais inutile... Et puis, je suis passé à autre chose, mais cela a trotté dans ma tête, et j'ai réalisé ce qui manquait à ce texte : sa dimension humaine, et son applicabilité effective dans la pratique. Je ne vais pas le faire à la façon ISO9001, je vais me contenter de citer quelques exemples pratiques : - vous ne parlez à aucun moment de la situation d'emprise : dans une telle situation, la personne soumise est consentante éclairée, au moins en apparence... mais il ne suffit pas de dire, comme vous le faites, que cela "suppose une maturité intellectuelle et émotionnelle (âge légal, santé mentale stable…) et l’absence de pressions psychologiques ou affectives (chantage émotionnel, rapport d’autorité flou…)" : c'est en effet énoncer là juste une banalité, mais comment la détecter en réalité ? La frontière est souvent très floue, justement ! - vous expliquez qu'une situation "d’altération de la conscience (prise d’alcool ou de drogues, dissociation, état de choc…)" doit interdire la pratique BDSM : cela est évident partiellement vrai, pour autant, dans une situation typique de "subspace", la conscience et la capacité à dire non est clairement altérée, et c'est pourtant un peu le Graal des pratiquants BDSM ! - vous affirmez qu'un "consentement n’a de valeur que s’il est donné par une personne capable de le formuler librement, ce qui suppose une maturité intellectuelle et émotionnelle" : mais comment définissez-vous et mesurez-vous cette maturité ? Une personne soumise avec un Q.I. de 150 a-t-elle le droit à toutes les pratiques, tandis qu'une personne avec un Q.I. de 100 (qui est la moyenne) n'aurait droit qu'à une palette de pratiques réduites, et une personne avec un Q/I/ de 80 serait interdite de pratiques BDSM parce que son consentement serait supposé être non éclairé ? Et surtout, vous ne posez pas la question inverse : un Dominant avec un Q.I. de 150 est-il autorisé à faire ce qu'il veut, tandis qu'un Dominant avec un Q.I. de 80 devrait-il être interdit de pratiquer sous prétexte qu'il n'a pas la maturité intellectuelle pour distinguer les pratiques dangereuses et les limites acceptables pour la personne sous sa domination ? Et mêmes questions concernant la maturité émotionnelle : faut-il donc faire un test de Q.E pour avoir le droit de pratiquer, aussi bien dans la position de bottom que de top ? - vous considérez comme évident que "toute pratique impliquant contact sexuel, sang ou fluides doit être accompagnée de protection stricte : préservatifs, gants..." : il me semble que cela ne concerne que des personnes dans une relation D/S pratiquant également la pluralité et le libertinage. Mais dans un couple D/S exclusif, l'usage du préservatif ne me semble pas obligatoire : c'est même l'un des intérêts principaux d'une relation mutuellement exclusive que de pouvoir vivre la sensation directe de la peau contre la peau, sans la barrière de la protection caoutchouteuse, aussi fine soit-elle ! Bref, j'arrête là mes exemples (ce texte est déjà trop long, et je pourrais en rajouter beaucoup...), mais au final, mon impression est qu'il s'agit là d'un texte déshumanisé, loin des réalités quotidiennes d'une pratique D/S saine. Mais je reste très positif, c'est aussi une bonne base de réflexion, qui rappelle quelques principes fondamentaux incontournables. Aussi, ne prenez pas mon commentaire pour une critique agressive, elle ne l'est en aucun cas : prenez-le plutôt pour une critique constructive, qui a vocation à ouvrir le débat sur un sujet intéressant et essentiel, et je suis sûr que vous saurez améliorer votre texte avec l'aide des humains, plutôt qu'avec une IA sans cervelle et qui n'a jamais pratiqué en réel !
J'aime 14/07/25
Maître Gabriel
Bonjour ZarathoustraDom. J’entends et je reçois tout à fait tes réflexions. Ce texte n’a évidemment pas vocation à être ni complet, ni exhaustif, ni encore parfait. Il met juste en avant, comme vous le dites les bases éthiques. Il n’y a absolument pas dans mon propos un but de donner des leçons. Simplement repartir sur des basiques et d’ouvrir des débats. Il a été donc tout à fait intentionnel de ne pas rentrer trop dans une dimension humaine. Il faudrait au minimum 500 pages pour ne serait-ce qu’effleurer toutes les dynamiques existantes. Et là, encore une fois, tel n’était pas mon objectif. D’autre part, il me semblait juste important de reposer un cadre afin que nous réfléchissions tous à nos pratiques et agissions en conscience. Il serait aussi agir en aveugle que de ne pas voir que certains d’entre nous (et parfois nous même) oublions ou nous mentons à nous même sur les tenants et aboutissants de nos pratiques. Encore une fois, je n’ai de leçon à donner à personne et cet article n’avait pas pour but d’être moralisateur. Juste une piqûre de rappel 😉. Toutes vos remarques seront les bienvenues et me permettront d’étoffer, modifier, améliorer les potentiels futurs articles et ma réflexion. Tant que ces remarques se feront dans la cordialité bien évidemment 🙂. Bien à vous tous Maître Gabriel
J'aime 14/07/25 Edité
Maître Gabriel
Ps : L’ IA n’est pour moi qu’une aide pour structurer mes propos. Je ne nie pas son utilisation mais cela reste cent pour cent fidèle à ma réflexion et ne s’y substitue pas. Comme tout outil, tout dépend de comment on l’utilise et c’est un tout autre débat qui n’a probablement pas sa place ici.
J'aime 14/07/25 Edité