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par le 20/08/25
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Le manque de sommeil….


Ce putain de manque de sommeil si piquant que je commençais à être engourdie partout… Mon pauvre neurone avait déjà éteint ce qui lui restait de lumière, et avait confié le contrôle de mon corps au mode automatique.

Depuis ce matin, la joie de respirer le même air que lui, de me lover dans son étreinte, de grifailler ses bras, de lui rouler toutes les pelles de la terre, de savourer les éclats de rire et me nourrir de la sérénité de nos silences entendus, de soupirer de bonheur au bord de sa bouche faite d’amour…

Mais….

Le temps me jouait des tours à s’étirer comme un élastique malgré la proximité tant attendue.

Trajet gare-maison, coursettes à l’épicerie asiatique, déjeuner rapide, re-coursettes au supermarché d’à côté, un peu de vaisselle, défaire ma valise, 2 ou 3 rangements… Et quelque chose au fond de moi commençait à bouillonner d’impatience : les heures passaient si lentement.

Nous avions prévu un apéro dînatoire avec des amis, à la guinguette près de la rivière. L’élastique du temps continuait de s’étirer avec une lenteur perverse et je regardais les verres encore à moitié pleins avec une frustration agacée et agaçante que je contenais au fond de mon ventre, sous contrôle.

Le contrôle.

Je suis un être de contrôle et je fais bonne figure. Sourire, entretenir une conversation charmante, être drôle et pleine d’esprit, attentive et attentionnée.

Une fois à la maison, avec le peu de courage qu’il me restait, j’ai pris une douche pensant que cela me donnerait assez de force pour finir la soirée avec lui. Mais le Temps est un fin sadique qui a choisi de relâcher son élastique à ce moment, et tout est revenu : la nuit blanche avant le départ, la crainte de rater mon train matinal, la fatigue des dernières semaines particulièrement éprouvantes au bureau, et cette journée qui avait semblé interminable.

Cette nouvelle série sur Netflix, il la regarderait sans moi : ce putain de manque de sommeil me donnait l’impression d’être au bord du précipice.

Je me suis jetée dans le néant du sommeil, celui après lequel je courrais depuis plusieurs jours. Un de ces moments où le néant était un océan tiède où il faisait si bon flotter.

Je ne suis plus un être de contrôle, je deviens moi-même le néant.. Le repos..

Des bras. Des bras autour de moi. Des mains qui se glissent entre le tissu et ma peau.

Non.

Non.

Non…

NON !

J’ai sommeil, bordel, je dormais ! Je veux continuer de dormir ! Je me fiche de la personne à qui appartient ces bras, ces mains, je veux dormir ! Je sens mon cerveau qui tente de s’allumer comme un vieux tableau de bord empoussiéré.

« Laisses-moi dormir ! » J’écarte ces mains de moi sans ménagement, et me dégage de ces bras. Le néant est toujours là et me tend son étreinte, je cours vers lui..

Mais ces bras-là me retiennent et son souffle achève de dissiper le réconfort du néant.

« Tu crois que tu peux décider ? » ce rugissement rauque grondé à mon oreille déclenche une décharge, droit dans mes neurones. Il me retourne de force sur mon dos. Mes paupières se lèvent d’un coup. Mon cerveau a une demi seconde de latence avant que le tableau de bord ne clignotte de partout.

Adieu sommeil, bonjour contrôle, hello colère.

Je suis un être de contrôle, et je ne veux pas ! Alors je lutte. J’essaie encore de me libérer de ces bras, mes jambes tentent une manœuvre pour libérer le reste. Mais il immobilise mes poignets et il vient à califourchon sur moi.

L’adrénaline.

Il y a quelques secondes suspendues où nos halètements se mêlent au bruit des chairs qui se claquent dans la lutte. Aucun d’entre nous ne cèdera. Il n’y a pas de jeu. Il n’y aura pas de « chéri » ou « mon amour », encore moins de « Monsieur » ni de « Good Girl ». Il y a juste un prédateur et une proie. SA proie.

Une de ses mains vient forcer ma bouche à s’ouvrir, mes mains profitent de cette ouverture pour le griffer, et je mords cette main qui s’impose.

La gifle. Elle me sonne et lui laisse le temps de reprendre une meilleure prise sur mes poignets et de forcer encore ma bouche, que j’ouvre juste pour hurler

« Noooon !! »

Une autre gifle. Qui fait mal.

Je suis un être de contrôle, mais je pleure de rage. Sa bite profite d’un de mes halètements pour s’enfoncer brutalement dans ma bouche, et je lutte pour retrouver mon souffle. Mon cerveau s’accorde une pause incongrue pour chercher ce mot qui décrit les va-et-vient de la bite dans ma bouche.

Ah ! « Irrumation » ! C’est ce mot !

Je suis un être de contrôle, mais je subis. Complètement immobilisée à la fois par son poids et par ma propre colère. Je lutte pour respirer malgré la brutalité de son corps qui m’étouffe à chaque mouvement. Il s’offre même le luxe, quand il a fini, de me saisir par les cheveux et approcher mon oreille de sa bouche. Et il détache chaque mot pour être sûr que je les entende bien.

« C’est.quand.je.veux. »

« Non ! » C’était un murmure plus qu’un cri, mais suffisamment fort pour qu’il l’entende et que cela me donne droit à une autre gifle, cinglante, sèche, méchante, dont le but était bien de faire mal, à la fois à la chair et à l’égo.

En maintenant ma tête par les cheveux, il me retourne sur le ventre sauvagement, et vient peser de tout son poids sur mes cuisses. Son autre main déchire ma culotte (oui, encore une…) et fouille mon entrejambe. L’humiliation est comme de l’essence sur le brasier de ma colère :

« T’es trempée, salope ! »

Non. Impossible. Je suis un être de contrôle, et je ne mouille pas quand je ne veux pas.

Il sait.

Il sait ce qui se passe dans mon crâne, ce choc presque thermique, quasi mystique.

Le déni.
La non-acceptation.

Ses doigts pénètrent plus encore dans ma chatte, et je les sens soudain devant ma bouche

« Ouvre, tu vas voir si t’es pas trempée »

Il remplit ma bouche de force, et m’ordonne : « Lèche les bien ! »

Il écrase ma tête contre le matelas et je sens sa bite qui trouve bien trop facilement l’entrée de ma chatte et qui s’y enfonce si brutalement que mouillée ou pas, la douleur est fulgurante. Ses coups de reins sont d’une brutalité sans précédent et je n’ai jamais entendu le lit cogner aussi fort contre le mur.

Mon cerveau qui choisit ce moment pour m’envoyer l’image mentale du neurone aux commandes : il se gratte la tête en se demandant comment faire face aux voisins demain matin…

Je suis un être de contrôle, et pourtant, je ne parviens plus à lutter. Le trop plein d’adrénaline bizarrement couplé au manque de sommeil. La douleur cuisante. L’humiliation écrasante. Et le temps qui recommence à tirer son putain d’élastique, pour me dire que ce sera sans fin… Mais je persiste à ne pas vouloir, il sent ma chatte serrée par le refus, et je l’entends m’ordonner

« Abdique ! »

Je parviens à cracher entre deux pleurs :

« Je te déteste ! »

Il se redresse, et me redresse en même temps par les cheveux, nous sommes tous deux à genoux sur le lit qui n’en n’est plus vraiment un, il me gronde à l’oreille

« Tu es ma pute »

Dans un autre contexte, j’aurais frétillé en répondant « oui Monsieur », mais on n’y était pas, dans ce contexte-là. J’ai juste continué à renifler mes pleurs et refusé de lui répondre, malgré le scalp qu’il était littéralement en train de me faire.

Parce que je suis un être de contrôle.

« Je vais te montrer à quel point tu es ma pute : viens là que je t’encule. » Sa mâchoire serrée lâche ce grognement menaçant comme un tocsin dans ma tête.

Il n’y a plus d’être de contrôle. Ça ne sert plus à rien, le contrôle. Plus rien de cérébral, aucune réflexion. Juste la réalisation du danger. Et le rush glaçant de l’instinct de survie et de la fuite à tout prix.

Cet enfoiré de prédateur savoure son petit effet et semble même m’accorder quelques secondes d’avance en relâchant mes cheveux. Mes bras cherchent des appuis, je dois fuir, à quatre pattes s’il le faut.

Ses mains me rattrapent par les chevilles, et encore une fois, je me retrouve plaquée sur le ventre, à chercher l’air, il est assis sur mes cuisses et je griffe à peine ses genoux. Il écarte mes fesses à deux mains et prends juste le temps d’un crachat sec vers mon trou pour sceller mon sort et ensuite,

La douleur.

Aigüe, cruelle, vicieuse, elle me coupe le souffle.

Mes oreilles bourdonnent.

Un voile noir devant mes yeux.

Respirer. Respirer. Je dois respirer.

Un souffle, et je hurle.

Ses coups de reins violents, féroces et sans répit.

Sa main sur ma gorge.

Je hurle, et puis je sanglote.

Ses grognements, mes sanglots, nos halètements.

J’ai mal et je le lui hurle.

« Je.sais.que.ça.fait.mal ». Mais c’est qu’il jubile, cet enfoiré !

Le temps. Ce putain de temps et son putain d’élastique.

Je suis douleur. Je suis sanglots.

Je ne lutte plus.

Il n’y a plus de contrôle.

Mon cerveau s’est éteint.

J’ai abdiqué. Je n’ai plus d’égo.

Et avant son râle final, son souffle près de mon oreille. Sa voix minérale de prédateur satisfait :

« MA bouche. MA chatte. MON cul. Tes trois trous. A MOI. Et quand je veux.»

Le temps a relâché son élastique. Boom !

Il m’a dépossédée. De chacun de mes orifices. Profanés l’un après l’autre.

Il reprend son souffle et j’étouffe un dernier sanglot.

Il essaie de me prendre dans ses bras, et mon orgueil meurtri dégage son étreinte, je me retourne, dos à lui.

« Viens là. »

Je renifle pour mieux l’ignorer.

Ses bras implacables de tendresse me retournent et il fait ce petit mouvement adorable pour mettre ses yeux dans les miens.

« - Chéri…

- Oui mon amour ?

- Je te déteste. Je dormais ! »

Son rire et sa voix sel et miel : « moi aussi je t’aime ».

Je suis un être de contrôle. Mais cette nuit-là, j’ai perdu le contrôle.

Je suis un être de contrôle. Mais cette nuit-là, il a pris le contrôle.


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Texte ©佩玲
Digital Artwork ©鐵厲

#LossOfControl - Juillet 2025

La musique qui va avec, c'est "Because the night" - Patti Smith
https://youtu.be/c_BcivBprM0?si=4jKfH_pDByO8M2Wp


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21 personnes aiment ça.
Ekho
Incr
J'aime 21/08/25
AleXandra
Euh c’est moi qui ne vais pas réussir a dormir la... votre texte est tellement bien écrit, tellement puissant de douleur, de perte de contrôle...on s’y croirait, j’avoue avoir finit de lire et me dire wahou il a vraiment fait ça ?! Et puis j’ai vu les thèmes "cnc, viol consenti"... Ça remue mais texte super bien écrit
J'aime 21/08/25
AleXandra
Merci Good Girl, j’ai été une "victime " moi aussi et j’avoue ne pas comprendre le viol consenti mais ça c’est moi et mes ressentis, moi et mes émotions Si cette pratique vous aide de quelques manières que ce soit tant mieux, c’est ce qui importe, le jugement est facile quand on lit ce genre de chose parce que ça flirt avec la ligne rouge, j’avoue avoir cogité un moment avant de trouver le sommeil me demandant si c’etait réellement consenti, pardon pour le jugement... Et merci pour les explications
J'aime 21/08/25
AleXandra
Alors sachez que de l’amour vous pouvez vous en donner à foison, vous le méritez Et je suis désolée pour votre Monsieur mais je me suis fais du soucis pour vous Voyez, l’amour il y en a de toute part
J'aime 21/08/25
Ossaum
Je suis souvent scotchée par vos textes à tous les deux Good Girl 佩玲 et @Le Sombre, mais là j'avoue que c'est très très fort. Heureusement j'avais bien lu le titre....merci pour le partage, l’honnêteté des sentiments et de ta réponse Good Girl 佩玲 . UN texte qui mène à réfléchir ...
J'aime 21/08/25
🪶Phœnix
... Le titre de ton écrit, évocateur, insufflait à lui seul ce que j'allais lire ... Je l'ai lu, captivée par ton sens de l'écriture, d'une seule traite, le souffle coupé ... Whaouuuuu ... J'ai eu mal pour toi à la lecture de tes mots. Je ne suis pas adepte du CNC néanmoins, ce que je lis c'est votre lien d'appartenance qui atteint son paroxysme.
J'aime 21/08/25 Edité
Chélicère
Un texte puissant, abrasif, contrôlé, d'une pratique disséquée, digérée, contrôlée. Bravo, à tous les deux (il faut un "deux" ultra solide pour ça :-) ).
J'aime 21/08/25
EvaD-
J'ai tendance à imager toutes mes pensées en mots, voilà ce que m'inspire votre texte: cartes sur table, et pour moi c'est un full aux as. Il est excellement bien écrit, il décrit aussi très bien ce qu'est le CNC et on y pressent en filigranes la connaissance de soi, de l'autre et j'ai envie de dire une grande dose de complicité dans le vice. Dans vos petites décharges mentales, mais aussi dans ses mots à lui qui inflige. Très bon texte qui pour moi n'a aucune ambiguïté sur le côté consenti . Merci
J'aime 22/08/25
bitoulouse
Bonsoir Good Girl, j'ai lu votre récit très fort un peu en apnée tellement c'était prenant. Je reste perplexe par rapport à la pratique ; on peut comprendre qu'une personne victime de viol non consenti puisse rechercher cette pratique à des fins thérapeutiques pour pouvoir dire "c'est sous contrôle, je l'ai choisi et accepté". Là où ça me questionne c'est qu'est ce qui se passe si la victime déclare "je suis guérie, je n'ai plus besoin de cette pratique" ? Soit le partenaire jouait un rôle et on s'arrête là, tout va bien. Soit le partenaire dominant continue à dire "tu es ma pute, c'est où je veux, quand je veux et tu n'as pas le choix" et là on n'est plus du tout de mon point de vue dans une thérapeutique. La personne soumise n'a que le choix de continuer à se faire violer ou de partir. Désolé de vous livrer ma pensée un peu "brut de fonderie" mais c'est ce que votre récit a évoqué dans mon esprit.
J'aime 23/08/25
AleXandra
Merci Le Sombre d’avoir aussi bien détaillé votre réponse, le texte me laissera toujours ce goût de "oh merde c’est quoi ce bordel", mais la boule au ventre je l’ai eu et elle se dissipe, le malaise ressenti est apaisé par vos mots, d’avoir vos 2 paroles fait que l’on comprends plus le contexte de ce qu’il c’est passé Merci à vous deux d’avoir pris le temps de le faire
J'aime 24/08/25
bitoulouse
Merci Le Sombre pour votre long message ; comme vous le dites joliment, c'est une danse au dessus du vide, avec toutes les difficultés que cela implique. Contre toute attente, le texte de Good Girl et votre message m'ont renvoyé à une expérience personnelle, au cours de laquelle, en situation de domination, j'ai donné de nombreuses gifles à une soumise qui réclamait cette pratique qu'elle affectionnait. Je crois que je suis ressorti plus traumatisé d'avoir donné les gifles que la personne qui a reçu les gifles. Je n'ai sans doute pas assez creusé, au préalable, la nécessité profonde de recevoir ces gifles. Cela renvoie aussi à l'immense responsabilité de la personne qui domine et qui peut avoir la vie ou la santé mentale de la personne dominée entre ses mains, et qui doit tout contrôler : la réalisation technique, ses envies et celles de la personne dominée, ses pulsions, ce qu'il est bon de faire ou ne pas faire. Je suis content que votre réponse montre combien ces questions sont omniprésentes pour vous, on ne peut que vous féliciter pour le contrôle dont vous témoignez.
J'aime 24/08/25
-Vaika-
Le CNC c’est particulier … ce que vous décrivez l’est tout autant … pour ma part c’est une pratique que j’affectionne tout particulièrement, le contrôle étant laissé à une personne « spéciale », une relation d’amour et de confiance… le CNC satisfait mon masochisme, autant que mon besoin de laisser les rênes… Merci pour ce texte, ce partage, et pour votre vision des choses.
J'aime 24/08/25
Silla
Je vous remercie tous deux pour ce partage. J'admire les doms qui ont (de mon point de vue) la force, le courage, la lucidité, de nous porter dans le CNC. D'aller au delà de la morale, de l'éducation, du jugement des autres y compris dans le milieu bdsm, pour répondre à ces envies. De trouver quel est le moment approprié, de savoir nous lire suffisamment pour savoir que cela ne nous détruira pas. De démêler dans nos pleurs et nos "non" le moment où il faut s'arrêter. Ce sont eux qui seront critiqués, jugés, tandis que nous soumises seront les pauvres victimes. Pour moi c'est incroyable d'être capable de tout ça. Le CNC se construit, se décide, à deux. Et si la soumise ne veut plus de viol consenti il est évident qu'elle ne se fera pas violer de manière non consentie pour autant. Je parle de viol consenti pour l'exemple de Good Girl, mais il y a bien sûr d'autres variantes dans la violence.
J'aime 27/08/25
Laidy Sienne
Bonjour Très joli texte, vous avez décidément une belle plume, et je la lis souvent avec plaisir. Cette fois-ci ne fait pas exception. Etant aussi fâchée avec le sommeil, j'arrive à comprendre les circonstances aussi, et votre non Non NON ! Très beau texte, on s'y retrouve, avec l'intensité qui convient. Pour ma part, je ne vois pas de viol non consenti. Plutôt un "jeu de viol" consentis par les deux, avec une confiance immense dans son partenaire. Pratique que j'apprécie, et valeur que je partage. Bravo à vous deux, de livrer un peu de votre quotidien.
J'aime 29/08/25