Thutale
par le 07/11/15
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Ici nous dérapons hors du bdsm et de son cadre sane, safe and consensual (sain, sûr et consensuel). Il ne s'agit pas d'une fiction, il ne s'agit plus d'un jeu érotique, mais d'une relation très particulière où l'emprise s'est invitée dans la partie, reconnue et voulue, ou du moins acceptée, de part et d'autre, et où le sadisme et le masochisme ont cessé de rester strictement circonscrits dans les bornes des pratiques non dommageables pour l'esprit et le corps.
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Petits m’heurts entre âmes mies - 1
Marc
Tu vas souffrir...
Mais non ... quelle idée ...
Marc
Je suis irrésistible.
Mais quel prétentieux, ce mec ...
A ce stade, la docile, la soumise, tout en don, en début d'adoration, ne sait pas encore à quelle trame improbable elle a mêlé son fil, dans quelle pièce folle elle est appelée à jouer. Quel rôle lui est destiné ? Ecorchée ; sacrifiée ; rédemptrice ? Tout est déjà en place en elle (en lui), bien avant de le rencontrer. Et c’est, degré après degré, station après station, une descente en Hell, où il la guide, l'initié. En cadence, hypnotisée, elle danse, elle descend. Elle se sait déjà fascinée. – Pourquoi ? – Nos âmes vibrent. – C’est si fort. – L’impression d’une… rencontre prévue de toute éternité.
Pourquoi la passion, la mort, la douleur psychique chantent-elles si haut si clair par ici. Qu’est-ce qui les réveille … ?
Est-ce un piège mortel ?
Qu’est-ce que tu punis ?
Tout. Ta vie.
J’entends bien : « ton existence ».
Le fait que j’existe ou l’ensemble des actes de ma vie ?
J’entends bien : « ton existence ».
--- Un temps d’arrêt ---
Imaginons quelque ombreux lieu reculé, loin du monde sensé, au-delà des conventions. Où la raison n’a plus tout-à-fait la première place, où les pulsions sont délibérément libérées : violence, passion, haine, cruauté, impérieuse volonté de dominer les corps les âmes, soumission consentie, résorption dans la plus pure adoration. Ecarlate jalousie, désir béant ou dressé au ciel. Les masques convenus arborés en société s’effritent, et avec eux le vernis civilisé qui nous sépare de l’instinct, de l’animalité. Que reste-t-il, que trouve-t-on en-dessous ; dans ce théâtre sans fard et sans poudre, quelles scènes se jouent ? Plongée dans l’inconscient, personnel, collectif, phylogénétique. Certains sombrent plus bas. Plus vite.
Avec plus ou moins de délectation. En fonction de l’essence des êtres.
Marc
se délectant
Tu vas vraiment souffrir...
...
Tu me hais, tu me brises, dans une agonie de souffrance. La tienne. Je perçois sans effort les mécanismes. Je sais que je dois rester stable. Que je ne pourrai pas. Qu’il le faut. C’est la seule clef.
Echo. Echo. Echo. Echo.
Au loin la porte d’un tombeau tremble et s’entrouvre et s’ouvre. Souffle glacé. Embruns de douleur.
Culpabilité mortelle. Je veux m’anéantir. Je ne peux affronter.
Ou bien... Qu’importe l’issue. Il a le pouvoir de disloquer, de dissocier, de m'annihiler. Et je n’ai pas d’autre désir.
Le présent clame à tue-tête vers le passé, déterre l'enfoui, les monstres remuent, se réveillent,
la vie recommence à grouiller dans mes Enfers intimes, mon Tartare scellé.
Comment vais-je les rendormir ?
Comment vais-je …
J’ai de tous temps vénéré cette attitude très-héroïque qui consiste à courir au danger, refuser de combattre, envoyer voler armure et épée et se jeter en pâture pour se faire dévorer. Dans un râle d’agonie jouissive.
Par pitié, surtout qu’il me fasse souffrir – longtemps.
Premier combat
C’est lui qui le premier a fait couler mes larmes.
C’est lui qui le premier a sourdement grondé. – misère ! quelle sale bête dort en lui
D’un seul œil, toujours aux aguets.
Harcelant, blessant, faisant mouche de trait en trait.
J’accepte.
Pas tant heurtée par les mots (quelle importance)
que par le spectacle horrible
d’observer la volonté de détruire, de déchirer, de déstructurer ;
que par l’abîme entrevu. Il est ainsi ! Dieu tout-puissant !
Mes larmes claires coulant emportent mes tourments
me lavent et
me rendent à la pureté.
Haine déferlante attaquant ma lumière, qui vacille et se remet vaguement à luire, tremblotante.
J'en conçois une certaine fierté estomaquée. Mais...
Je sais de ce jour qu'elle ne tiendra pas longtemps.
Je profite de l'instant. J'attends.
Il est mille fois plus puissant.
Que peut – ma lumière ? Dans cet abîme.
Marc
Sacrifice. Tu es belle étendue comme ça. On dirait un Christ en croix.
Moi ?
Tu te sacrifies … pour mon plaisir.
Premier réflexe : se protéger
Une seconde. Une journée. Et pffuit. Adieu réflexe salvateur.
Je me protège, pensé-je témérairement, en m’exposant : esprit au vent mauvais et cœur ouvert aux crocs. Je ne suis pas dupe de la précarité de mes défenses, s’il l’est. Je suis en veille. Je guette. La prochaine bourrasque. La tornade suivante. Je me doute que je n’ai encore rien vu.
La question n’est pas Si … mais Quand ?
Deuxième réflexe : le saut de l’Ange
Pour la mystique, l’herméneutique, je suis – petit Verseau, l’être angélique, Saint Luc du tétramorphe au front de toutes les églises. Versant sans effort sur le monde sa bonté. Rétif à toute règle. Enfant intrigué qui se cogne au Réel.
Pour la mystique, l’herméneutique, il est – Saint Jean. Scorpion n’ayant nul frein à sa létalité. Ou Phénix transcendé, pleurant une larme de lait. Combien de combustions et de renaissances, de morts auto-infligées ?
Deuxième combat
C’est moi la première, qui me suis détournée. La gifle psychique, de toute violence,
m’a ébranlée.
En punition, la privation de sa tendresse. Je ne peux pas le supporter.
Va dormir seule dans ton coin.
Je me mure, m’emmure, me meurs...
Je pars.
Moi aussi je sais être dure et sombre,
mur et ombre.
13 personnes aiment ça.
Thutale
Oui.
J'aime 06/11/15
Thutale
Il est trop trash... je vais le supprimer.
J'aime 06/11/15
JD50
Trop tard.<br />Fallait pas, [x=18749]Thutale[/x].<br />On veut savoir !
J'aime 06/11/15
analogique
Ah, ça c'est sadique: nous mettre la phrase d'accroche, et ensuite nous mettre une cage de chasteté sur les yeux...
J'aime 06/11/15
Thutale
Bon, je le laisse pour l'instant. Il sera en deux parties.
J'aime 07/11/15
Donna
Je trouve superbe ces mots, ces émotions, ce partage
J'aime 07/11/15
analogique
Finalement, c'est encore plus sadique qu'on ne pouvait le concevoir: nous promettre du trash et nous livrer de la poésie... Merci, Thutale.
J'aime 07/11/15
Fenikkusu
Miroir dans ses yeux. Qui vois-je? Mes démons ou les siens? Qu'est ce que j'y attends? Qu'ils m'absorbent ou me détruisent?<br />Rédempteur ou meurtrier. Proie affirmée ou victime innocente.
J'aime 07/11/15
Thutale
C'est bien le choix qui se pose, Fenikkusu.
J'aime 08/11/15
Fenikkusu
Et c'est bien la dualité de ces interrogations qui font la beauté et l'intensité des moments.
J'aime 08/11/15
Lady Hydre
Que dire de tes mots Thutale que j'adore tout simplement , merci de ne pas l'avoir supprimé, c'est trash... oui mais c'est toi comme j'aime ...
J'aime 08/11/15
Thutale
Moi ou lui.<br /><br />La suite bientôt.
J'aime 30/05/16