La Louve
par le 01/06/16
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un trottoir terni par la pluie tu avances les yeux rivés dessus
tu connais le chemin, le moindre de ses petits défauts
tu croises les gens...toujours les mêmes.

la buraliste qui fume sa clope devant sa devanture
un bonjour de politesse, geste commerciale...
c'est a peine si elle sait si tu viens chez elle ou pas

la femme qui conduit son fils à l’école, avec son chien
toujours le même geste, un petit coup sur le collier
comme si le trottoir était pas assez large
connasse...laisse le vivre ce pauvre clébard
qu'est ce que ça peut te foutre qu'il tende
le museau pour me sentir, tu te venges sur lui de l'autorité
que t'as pas sur ton gamin qui fait le con avec sa joie de vivre
sourit pétasse, dans 10 ans, tu risques de regretter ses 5 ans.

le petit vieux assis sur son banc qui perd la boule
mais qui est a l'heure tt les jours, pour fumer son cigare
qui pue, son allure dégueulasse et son visage d'alcoolique
il est là, il parle tt seul, refait le monde dans de grands gestes
tu lui dit bonjour, par politesse, parce que tu as posé ton regard sur lui, et que lui t'as regardé passé, interloqué, comme si c’était la première fois.

tu croises ce mec, trop jeune pour connaitre la vie, mais déjà trop vieux pour sourire
c'est fou ce que les habitudes blazent
je te croise tt les matins, toi et ta belle gueule sans sourire
hey t'as quoi, 25 piges ? sourit mon pote dans 10 ans
a ton tour tu verras que tes petits bonheurs se sont bien dégradés.

tu croises ce couple devant l’école qui s’échangent le gamin
pour la semaine, sans oublier, évidemment, de se faire des reproches.
Pour le coup, être célibataire, ça va, ça te dérange pas tant que ça.
L'amour qui fait les couples ,devient toujours l'amour qui ne fait plus l'amour.
et de conversations angélique, on en arrive a des conversations logistique.
Eux aussi...leur petits bonheurs se sont bien dégrades...
désolé pour toi gamin...mais rassures toi...tes petits bonheurs se construisent

tu vois ceux pour qui la journée va etre longue, ça t'ennuie.
Tu te souviens du temps où ça te faisait plutôt marrer.
T'as plus 20 ans et tout ce que tu vois autour de toi,
te rappelle que t'es pas plus avancée.
Là, en marchant, tu demandes pourquoi, tu te répètes que ça sert à rien, que t'avances pas
Et que tes petits bonheurs, à 35 piges, se sont bien dégradés aussi
Là en marchant, tu réalises que ça fait déjà 5 ans que tu dis ça.
et tu soupires, ta vie ressemble a rien, pas plus que celle de tt ces gens que tu croises
et tu réalises, que ça fait des années que t'as pas posé une pierre sous ton avenir
alors quoi ? tu fais quoi ? tu veux quoi ?
a 20 ans tu aurais tt planté pour répondre a ces questions
a 35 ans t'as plus le gout de ce risque
alors quoi ? tu réagis ou tu t'offres au suicide ?
tu continue a survivre ou tu décides de vivre ?
"oui mais" aaahh tu te défiles
"non mais" arrête tu t'enfonces
te voila devant ta porte, tu l'ouvres en grand regarde ce couloir
et avances dedans, en te disant ...
que ca serait bien que tu fasses la même chose avec ta vie.
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MikeCorvin
La chose qui bien souvent se passe lorsque l'on en arrive là, c'est de se sentir seul à vouloir avancer dans ce couloir.<br />Se dire que nos envies, nos reves, notre vision de l'avenir sont bien trop "excentriques", "divergents".<br />Qu'on ne veut ni finir comme ce couple qui se déchire, ni comme ce vieux tout seul sur son banc.<br />Alors on hésite, on n'ose pas. Rentrer dans le rang, quitte à y perdre son âme, ou devenir solitaire. Ou un peu des 2...<br /><br />Et parfois, au détour d'un carrefour, on percute un inconnu qui vous fait tomber et une main se tend pour vous relever. On redresse la tête, les yeux, on dit "bonjour" différemment. Et on se rend compte qu'on était dans le meme reve que lui.
J'aime 01/06/16