Abyme
par le 01/08/17
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L'année dernière, j'avais répondu sur le forum au sein d'un post où se disait un peu n'importe quoi sur le libertinage, par des gens qui apparemment ne savaient pas de quoi ils parlaient. Notamment les détenteurs du “vrai“ BDSM qui, je n'ai toujours pas compris pourquoi, méprisent les libertins.
Comme mon intervention s'est perdue depuis longtemps dans les méandres du forum et que j'avais archivé mon commentaire, je le publie aujourd'hui en article, à toute fin utile.
Comme le BDSM, le libertinage est très large et se décline librement, comme on le sent.
Mais il faut arrêter de confondre libertinage et échangisme. Et même libertinage et pluralité.
L’échangisme fait partie du libertinage, contrairement à ce que prétendent certains échangistes qui ne voient que par les œillères du couple et concluent que ce sont eux qui sont au centre et détenteurs du “vrai“ libertinage (encore un point commun avec le BDSM, tiens).
Le libertinage se définit d’abord par sa racine étymologique : liberté.
Donc pas question de jalousie, d’exclusivité et de règles, sinon celles de base comme le respect et l’hygiène.
Contrairement aux rencontres classiques (en vrai ou par le web, genre Meetic) ou adultères, les rencontres libertines se basent sur la liberté de jeux sexuels assumés, pris comme loisir, sans engagement ni cachotteries :- entre deux personnes d’abord, c’est la base,
- ou trois (trio),
- ou plus (partouze, bien que ce mot soit désormais trop connoté négativement),
- ou entre un couple et une personne (trio),
- ou entre deux ou plusieurs couples (échangisme ou mélangisme ou côte-à-côtisme),
- ou même entre un membre de couple et une ou plusieurs personnes devant l’autre membre (candaulisme),
- ou entre une femme et plusieurs hommes (pluralité, nommée aussi gangbang),
- ou encore entre un mix de couples et de célibataires.
Le libertinage ne se pratique pas qu’en clubs ou lieux dédiés et payants, selon un cliché, mais aussi chez soi ou ailleurs.
Un type qui voit plusieurs maîtresses en trompant sa femme n’est en général pas considéré comme un libertin, bien que dans les faits, il puisse l’être aux yeux de ceux qui ignorent sa vraie situation;
Mais en général les libertins sont des gens libres, ouverts, disponibles et respectueux, pour qui une relation de couple exclusive est ennuyeuse et insuffisante à réaliser un épanouissement ou une réalisation de fantasmes liés à la diversité et à la liberté. Ce sont donc des personnes célibataires, disponibles et ouvertes, ou bien des couples.
Pour les couples, certains sont des couples déjà constitués de façon classique qui se mettent un jour au libertinage (en général échangisme, mais ça peut être trio ou candaulisme, etc). Parmi eux, certains font l’essai et arrêtent lorsqu’ils s’aperçoivent qu’ils ne sont pas faits pour ça (jalousie en général, références culturelles trop empreintes d’exclusivité). Certains sont motivés surtout par la volonté d’un des deux, et l’autre suit pour lui faire plaisir, mais sans plus d’enthousiasme, et c’est bien dommage de voir ce genre de couples.
Les autres sont des associations de deux personnes déjà libertines à la base, et ceux-là arrivent mieux en général à gérer la situation, forcément.
Au sein de l’univers du libertinage, il y a ceux, comme moi, qui pratiquent également le BDSM, mais en général en se concentrant sur les jeux sexuels affiliés, pas pour une relation unique et exclusive incluant la D/S cérébrale. Mais il existe des exceptions, ou plutôt des associations, comme par exemple le cas d’un maître offrant sa soumise à des libertins de façon ponctuelle, ou une domina qui s’«offre» devant son soumis en un candaulisme forcé.
Au départ, le libertinage était gratuit et libre, mais comme pour le naturisme ou le BDSM ou tout ce qui devient (hélas) à la mode, il est devenu une logique commerciale exploitée juteusement par des clubs, boîtes, saunas, sites internet payants, etc… C’est pourquoi ceux qui y viennent depuis une ou deux générations croient qu’il ne se conjugue qu’avec un paiement, en général des clubs. Le Las Vegas incontournable de l’exploitation commerciale du libertinage (et même du BDSM ou du pseudo-naturisme) est dans ma région le Cap d’Agde, qui pour beaucoup constitue une référence. Personnellement je n’y mets pas les pieds car je ne cautionne pas cet esprit.
En conclusion, je dirai que le libertinage est ouvert à tous, et que c’est peut-être la raison pour laquelle il est devenu à la mode, et de plus en plus, et que c’est cela qui est en train de le discréditer, comme le BDSM finalement.
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Epicure
Voici une analyse plutôt pas mal... mais qui ne reflète cependant qu'une vision partielle, je souscrit tout à fait à la conclusion d'Abyme... et pour comprendre ce qui a changé dans le Libertinage (qui n'est plus ce qu'il était ma bonn' dame!!) Je conseille de lire le récit autobiographique de Catherine Millet de "Sa vie sexuelle de Catherine M." dans les années 60. je pense que là vous toucherez du doigt ce qu’était le "vrai" libertinage.... Depuis une quinzaine d'années, j'ai une vie conjugale plutôt hors norme : notre couple est solide, il se maintient par accord tacite pour des raisons sociales et professionnelles, mais sur le plan sexuel c'est chacun ses choix.. et donc j'ai approché à une époque le milieu libertin, mais ce n’était pas pour moi : et je rejoints plusieurs personne de ma connaissance qui ont pratiqué elles aussi, pour dire que le libertinage c'est du sexe sans âme, ou les seuls qui s'y retrouvent (plutôt bien) sont les personnes en couple, .. les hommes seuls y sont pour la plupart écartés par les premiers.... surtout les hommes mariés (qui sont une horreurs pour les libertines en couple libertins... comme quoi l'esprit libertin n'est pas synonyme d'ouverture d'esprit) quand aux femmes seules, finalement elles en sortent écœurées, pour leur grande majorité, parce que le plus souvent au fond d'elles même, c'est de l'affection, de l'attention, et même (disons le mot) de l'amour qu'elles souhaiteraient trouver.. D'ailleurs pour bon nombre de femmes en désir de soumission, c'est la même chose : elles disent vouloir un Maître, alors qu'elles espèrent un amoureux... Bien évidement, ce n'est que mon témoignage, vu que par le petit bout de ma lorgnette... juste une petite pierre à apporter à la connaissance du sujet.
J'aime 03/08/17
Abyme
Oui, je pense qu'il ne faut pas généraliser les constats que tu apportes, notamment sur "le sexe sans âme", sur l'ouverture d'esprit (je pense exactement le contraire), et enfin sur les femmes seules "écœurées", qui recherchent soi-disant l'amour. C'est une vision un peu machiste et de moins en moins vraie, personnellement je connais plein de femmes indépendantes qui n'ont surtout pas envie , comme moi, de s'enfermer dans une relation, et préfèrent profiter des facilités du libertinage, quitte à le décliner en polyamour un jour.
J'aime 03/08/17
Epicure
bien sur Abyme, j'ai aussi connu des femmes libérées et assumant leur indépendance, même s'il y en avait moins à l’époque (y a 15/10 ans) que maintenant.. et tant mieux si les mentalités et mœurs ont évolués depuis... pour le sexe sans âme c'est justement une expression qui m'a été donnée par une ex libertine devenue ma soumise un temps, et confirmé ensuite par d'autres... quand à mon machisme, ben oui je le suis un peu et je l'assume !! :-)
J'aime 03/08/17
Lady Spencer
Souvenons-nous que lorsque l'on dit "que c'était mieux il y a 10, 15, 20 ans .....c'est AUSSI parce que nous avions ces années en moins !!!! Cela joue sur notre mémoire et sur la perception des choses .
J'aime 04/08/17 Edité
Epicure
ah oui il, faut tenir compte de ce facteur-là (heu... c'est un facteur qui ne distribue le courrier qu'une fois...lol) ai-je dit que c’était mieux ou plus plus mal !!! ?? ayé la mémoire me fait défaut ... ;-)
J'aime 03/08/17
Abyme
@Pentatonique : Certes, l'acception actuelle est assez éloignée de celle d'origine (contenant tout de même la notion de liberté, on est d'accord), à l'instar de beaucoup de termes utilisés aujourd'hui après un dévoiement dû au temps, comme "con" (sexe féminin), "goujat" (garçon, en occitan), "anodin" (remède calmant la douleur), etc... et même j'ajouterai par provoc : "démocratie" (voix du peuple, et non pas de son quart actuellement), et "fidèle" (qu'on confond aujourd'hui avec exclusif). Dans cet article, inutile de préciser que je l'emploie dans son acception actuelle la plus répandue, sans me soucier d'étymologie, car là n'était pas le propos. Je tiens tout de même à ajouter (et non pas "rajouter" comme tout le monde dit en ce moment) que je ne suis pas d'accord avec ta vision méprisante lorsque tu dis "baise techno-gynécologique façon club de baise actuel", ou encore "l'acception moderne libertinage=fréquentation d'une boite de nuit ou on baise". Là tu évoques la vision façon Cap d'Agde qui, hélas, est certes presque devenue une référence pour les stakhanovistes et pour les gens extérieurs tombés dans le cliché. J'ai pourtant précisé dans mon article : "Le libertinage ne se pratique pas qu’en clubs ou lieux dédiés et payants, selon un cliché, mais aussi chez soi ou ailleurs". J'ajouterai : et pas seulement en concours de baise sans subtilité ni sensualité ; tout dépend des personnes, et tous les libertins ne sont pas des queutards obsédés et décérébrés.
J'aime 05/08/17
Epicure
si internet est devenu pour beaucoup qu'un passe-temps à user ses yeux et ses petits doigts... pour d'autres il est une mine de connaissances... quand on veut comprendre on se renseigne, on s'informe... Et en sollicitant son moteur de recherche favori avec les mots : psychologie, libertinage (ou aussi domination, soumission, sado-masochisme) ... puis ensuite éventuellement quelques ouvrages... on en apprend bien plus, avec au final une vision plus nette sur le sujet concerné... bien plus que les avis parcellaires des uns et des autres ici .. (y compris le mien)
J'aime 06/08/17
swanny33
Merci Abyme d'avoir parlé du libertinage. Je suis entièrement d'accord avec Zorg qui exprime parfaitement mon état d'esprit puisque je viens du libertinage. Je dois dire que, certes, il faut trier un peu, mais j'ai rencontré des personnes de qualités .avec lesquelles j'entretiens d'excellentes relations, devenues amicales pour certaines. C'est ce milieu qui m'a permis de découvrir le BDSM vers lequel je me tourne désormais. J'ignore ce qu'était le libertinage avant, j'étais "sage", mais on peut encore y vivre de belles pages de liberté . Il faut juste se connaître, assumer ce que l'on aime, ce que l'on est et savoir ce que l'on veut et ne veut pas. Je ne parle qu'en fonction de mon ressenti bien sûr ! sourire
J'aime 24/03/18
Lady Spencer
Un petit "up" pour ressortir le sujet du placard, et parce que toujours d'actualité,
J'aime 23/03/22