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par le 02/10/18
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Le rouleau déroule en souffle silencieux de larges bandes souples. L'aile noire se déploie alors dans les airs comme une nuit qui s'étend sur moi.
Le film s'étire, soupire de minces caresses, s'étoffe et se travaille en longueur. Il flotte un instant avant de se fondre, vagues dans la mer du ventre. Le voile élastique ondule doucement, souligne les seins, capture sa proie. La soie de plastique qui se plaque sur le corps m'enveloppe en couches successives.
Il presse, je ploie. L'étourdissement me fait tituber, je vrille sur mes aiguilles, je tangue. Je chancelle en italique, la joue tapissant le mur. Je me redresse, vacillante sur les mollets qui flageollent.
Maniée, soulevée, allongée dans mes nuées feutrées sur une couche de fortune, pliée à l'équerre sur la table qui m'accueille, à laquelle je suis enlacée. Sanglée dessus-dessous, meuble et femme soudés, solidaires. Au bout du monde, les jambes pendillent dans le vide, balancier de l'abandon. La pendule sonne l'heure du plaisir et de la douleur.
Le voile du cocon se fissure, la pellicule se déchire en paillettes volatiles qui se recollent à la peau. La blancheur du sein surgit de l'ombre, mate sous la brillance. Une vignette de collection. Un timbre-poste léché-oblitéré.
Lacération rectiligne, équilatérale, émaillée de filaments. Une envolée fugace, une échappée douce.
Fouillent la déchirure, déplient les chairs, les doigts rampent, chenilles en procession, glissent, s'immiscent joints à l'intersection. Le sexe de l'homme salive, délivre une suie blanche sur l'opacité noire, cherche les sources, toutes les lèvres, et perce, s'enfonce, cogne sans façon, pilonne en tous sens. Demander grâce serait une solution. Ou jouir à n'en plus finir. Rouleau compresseur...
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