Méridienne d'un soir
par le 20/04/20
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Fille de Cronos et de Rhéa, la déesse Héra ou Héré, en grec ancien, ??? / Hêra, était la reine du ciel
et de l'Olympe. Épouse et soeur aînée de Zeus, elle partageait avec lui la domination du ciel. Elle fait
partie des douze Olympiens. Elle fut identifiée à Junon par les Romains et considérée comme la grande
déesse préhellenique des phénomènes célestes dont, selon les Arcadiens, le culte était contemporain
de celui de l'ancètre du Grec Pelasgos, né de la terre. Elle perdit progressivement sa dimension cosmique
pour devenir le type de la femme idéale, la protectrice de la femme dans les différentes étapes de la vie,
le mariage et la maternité. Elle était adorée dans tous les pays grecs comme représentant la belle saison.
Primitivement adorée sous la forme d'un tronc d'arbre, d'une colonne, d'une planche ou d'un "xoanon", gaine
enveloppant tout le corps; elle fut plus tard vêtue d'une tunique et coiffée du polos. Son nom en grec signifie
généralement dame; il représente peut-être à l'origine une "Herwä" (protectrice). En sanscrit, il signifiait: svar
c'est-à-dire, ciel. Héra était née sur l'île de Samos, ou, selon certains auteurs à Argos. Comme tous les enfants
de Cronos, excepté Zeus, Héra avait été avalée par son père puis régurgitée. Dans une version rapportée par
Hygin, Héra ne fut pas avalée par Cronos mais au contraire c'est elle qui aurait sauvé et élevé Zeus en cachette.
Elle se trouvait en Crète lorsque son frère tenta de la séduire en se transformant en coucou mouillé. Touchée,
Héra recueillit l'oiseau sur son sein, l'oiseau Zeus la viola. Elle en conçut une telle honte qu'elle l'épousa. Ce
mariage commémore les conquêtes de la Crête et de la Grèce mycénienne, c'est à dire crétoise, et la fin de sa
suprématie dans ces deux pays et explique la fusion de deux cultes différents, crétois et grec. On raconte qu'à
leurs noces, la Terre-Mère offrit à Héra un arbre couvert de pommes d'or dont la garde fut confiée aux Hespérides
sur le mont Atlas, que leur nuit de noce dura trois cents ans et que Héra renouvelait régulièrement sa virginité.
Pendant la titanomachie, elle fut élevée par Océan et Théthys ou bien elle aurait été élevée par Téménos, fils de
Pélasgos, en Arcadie, ou bien par les Heures, en Eubée, ou encore par les filles du fleuve Astérion, en Argolide.
Les Saisons furent ses nourrices puis elle fut élevée en Arcadie par Téménos. Zeus et Héra donnèrent le jour à
Arès, Hébé, Héphaïtos et Illithye. Certains prétendirent qu'Héphaïtos fut conçu par parthénogenèse, c'est-à-dire,
par autofécondation et que son époux soupçonneux l'attacha à une chaise mécanique qui la maintenait assise
et l'obligea à jurer par le Styx qu'elle disait la vérité, légende née de la coutume d'attacher les statues divines à
leur trône pour les empêcher de s'enfuir. En perdant la statue de sa déesse, la cité perdait sa protection divine.
Son type plastique est peu caractérisé; debout ou trônant, elle portait avec beaucoup de majesté les attributs
royaux traditionnels: le sceptre et le diadème; sa tête recouverte de voiles est le symbole du mariage. Parfois elle
tenait dans l'une de ses mains une grenade, emblème de la fécondité. Le paon lui était consacré en souvenir
d'Argos, dont elle prit les cent yeux, lorsqu' il eut été tué, pour les placer sur le plumage de l'oiseau. Elle était la
protectrice par excellence de la femme et la déesse du mariage légitime, la protectrice de la fécondité du couple
et, particulièrement avec Ilithye, des femmes en couches. Ses végétaux favoris: la grenade, l'hélichryse et le lys.
Elle avait le pouvoir de conférer le don de prophétiser à un homme aussi bien qu'à un animal de son choix. Elle
était aussi la protectrice d'Argos et de l'Argolide qu' elle avait disputée à Poséidon. Elle avait des temples qu' elle
partageait souvent avec son époux, dans presque tous les pays grecs et tout particulièrement à Samos et Argos
où se déroulait tous les cinq ans une grande fête "Héraea" en son honneur. Il y avait aussi la fête "Daedala" qui
se passait tous les sept ans ou une grande fête tous les soixante ans. Gamelia, célébrée au mois de Gamelion,
fin janvier-début février, était le meilleur moment pour se marier. Ses animaux favoris: le paon et la génisse.
Héra est le prototype même de la femme jalouse et rancunière qui se vengeait des constantes et humiliantes
infidélités de son époux en persécutant ses rivales et leur progénitures; les rapports de mari et femme entre Zeus
et Héra sont le reflet de ceux qui existaient chez les barbares de l'âge dorien. Parmi ses victimes, on cite: Héraklès,
fis de Zeus et d'Alcmène, sur le berceau duquel elle envoya deux serpents qui furent étranglés par le nouveau né;
Sémélé, fille de Cadmos et d'Harmonie, mère de Dionysos, qui sur les conseils d'Héra, osa regarder Zeus dans
toute sa gloire et fut foudroyée; la nymphe Io, que Zeus transforma en vache pour la protéger, mais qui fut malgré
tout rendue folle par les piqûres d'un taon envoyé par Héra; Léto qui donna naissance à Apollon et Artémis.
Héra, la protectrice du mariage était un modèle de fidélité. Il lui arriva toutefois d'être l' objet de l'assiduité des
hommes, tels Ixion , Ephialtès ou le Géant Porphyrion qui furent rapidement chatiés par Zeus ou ses enfants.
Toutefois il existe une légende où elle serait la mère de Pasithéa par Dionysos (Nonnus, Dionysiaca 31.103).
Un jour, Héra abandonna Zeus, lassée par l' infidélité constante de son mari. Alors sur le conseil du roi de Platée,
Alalcoménée, ou Cithaeron, Zeus façonna une élégante statue en bois, il la recouvrit d'un voile et il la plaça à côté
de lui sur son char. Puis il fit courir le bruit qu'il allait épouser Plataea, la fille du roi. Dès qu' Héra l'apprit, elle fut si
furieuse qu'elle accourut immédiatement et renversa la statue. Mais en voyant la supercherie elle se réconcilia avec
son mari dans un grand éclat de rire. Ses attributs matériels étaient le diadème royal et le sceptre.
De nombreux récits la montrent combattant les géants, troublant l' Olympe de ses jalousies et de ses querelles avec
Zeus; un jour, lassée de ses infidélités elle fomenta une révolte avec Poséidon, Apollon et tous les autres habitants de
l' Olympe, sauf Hestia. Ils l'entourèrent par surprise tandis qu' il était endormi sur sa couche, l' attachèrent avec des
lanières de cuir et firent cent noeuds afin qu'il ne puisse plus bouger. Il les menaça de les tuer sur-le-champ mais
comme ils avaient mis la foudre hors de sa portée, ils se moquèrent de lui. Alors qu' ils célébraient leur victoire et
discutaient âprement pour savoir qui serait son successeur, Thétis la Néréide, prévoyant une guerre civile dans
l' Olympe, alla chercher Briarée aux cent bras qui défit promptement les lanières, se servant de toutes ses mains à la
fois et libéra son maître. Elle était appelée par Homère, la déesse aux bras blancs.
Comme Héra était l'instigatrice de la conspiration dirigée contre lui, Zeus la suspendit dans le ciel, une chaîne d' or
attachée au poignet et une enclume à chaque cheville. Les autres dieux étaient furieux mais n' osaient pas lui porter
secours malgré ses cris déchirants. Finalement, Zeus la libérera à la condition qu 'ils fassent le serment de ne plus
jamais s' insurger contre lui; ils obéirent à contrecoeur. Elle favorisa des divinités ou des héros, les Argonautes et les
combattants grecs de la guerre de Troie ou contrecarra d' autres. D'autres aussi furent l' objet de son courroux pour lui
avoir déplu comme Pâris qui ne l' avait pas élue "la plus belle", et Tirésias qu 'elle rendit aveugle pour avoir affirmé que
les femmes avait neuf fois plus de plaisir que les hommes.
Mais les conquêtes féminines de son époux furent les principales cibles comme Io, Sémélé, Léto, Europe, Callisto ou
leur progéniture comme Héraclès ou Dionysos. Héra en tant que reine du ciel a été très souvent représentée par les
artistes grecs. À l' origine , ils lui donnèrent la simple forme d' un tronc d' arbre, d' une colonne, puis d' un xoanon.
Ensuite, le type archaïque se constitua: une femme de grande stature, aux traits rigides, à la chevelure ondulée, coiffée
du polos et vêtue d' une longue tunique. Les Jeux organisés en son honneur s'intitulaient les "Héraia".
Au V ème siècle, Phidias et Polyclète créèrent un nouveau type pour donner à la déesse une attitude pleine de noblesse.
Bibliographie et références:
- Callimaque, "Hymnes"
- Déméter, "Les Hymnes homériques"
- Hésiode, "La Théogonie"
- Homère, "Odyssée"
- Homère, "L’Iliade"
- Pausanias, "Description de la Grèce"
- P. Chantraine, "Dictionnaire étymologique de la langue grecque"
- Platon, "République"
- Platon, "Le Banquet"
- Plutarque, "Vie de Lycurgue"
Bonne lecture à toutes et à tous.
Méridienne d'un soir.
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