FemmeFemelleEsclave
par le 28/12/20
278 vues
Il avait commencé à l'extrême droite, comme beaucoup au début du XXè siècle.
Camelot du roi, adepte de Maurras, de l'Action Française.
Qui incarnaient pour lui les valeurs du catholicisme, autour desquelles il s'était construit.
Il fût antisémite, parce que c'était l'air du temps.
Ca a donné " "la grande peur des bien-pensants", opus étrange, mi pamphlet parfois ignoble mi biographie, qui lui fut longtemps reproché.
Comme le fait que jusqu'à sa mort, il continuera de défendre Drumont, non parce qu'il partageait encore ses idées, mais par fidélité.
Parce que pour lui, "l'amitié ce n'est pas d'être avec ses amis quand ils ont raison, c'est d'être avec eux même quand ils ont tort".
_______________
Je n’aime guère pourtant ce Bernanos là, le Bernanos de l’antisémitisme.
En dépit de ses qualité de plume.
Et ce même si je lui reconnais comme circonstance atténuante que c’était l’air du temps et que l’antisémitisme de l’action française n’avait rien à voir avec celui du IIIe Reich, quand bien même d’aucuns, venus des mêmes rivages que lui, prendront plus tard, en rejoignant Vichy, le visage franchement détestable de la haine de l’autre.
_______________
Lui cependant avait déjà changé.
Comme il l’avait écrit dans un autre texte, que j’aime celui-là, "l'honneur est ce qui nous rassemble", en préface à un ouvrage sur le ghetto de Varsovie.
"J’écris ces pages en mémoire de Georges Torres, ami de mon fils Michel, parti du Brésil avec lui pour rejoindre les armées de la France Libre et qui, dans l’enthousiasme et la naïveté de ses vingt ans, croyait devoir quelque chose à mes livres et à moi-même, alors qu’il était déjà écrit que je devrais rester au contraire pour toujours débiteur envers lui de sa pure et noble mort.
Georges Torrès était juif, juif comme un certain nombre d’amis de mes livres dont l’affection paraîtra peu croyable à certains esprits malheureux dont la besogne n’est que de classer ce qui échappe à tout classement comme un fou qui prétendrait puiser de l’eau dans un filet à papillons.
...
Je me souviens du soir où l’enfant magnifique auquel j’ai dédié ces pages me parlait cœur à cœur, m’ouvrait son cœur, tandis que l’encens d’une soirée tropicale entrait à flots par la fenêtre ouverte. Il me parlait de sa famille, de ses amis, de certaines expériences qui avaient blessé profondément une sensibilité précocement douloureuse.
Son départ pour Londres lui apparaissait comme la voie du salut, son destin passait par Londres… «Je leur montrerai, me dit-il tout à coup, comment un juif peut se battre.» Et ce «leur» mystérieux prenait dans sa bouche un accent de sérieux enfantin qui me frappa le cœur d’un pressentiment funèbre.
Oh! sans doute, l’enfant que j’avais là devant moi ressemblait comme un frère à n’importe quel jeune garçon de bonne race que tentent le risque et l’honneur, mais son enthousiasme trop réfléchi, volontaire, avait aussi je ne sais quoi de blessé, comme certains rires une imperceptible fêlure.
Le regard qui me fixait posait une question à laquelle je n’osais pas répondre. Mais les héros de Varsovie et lui-même ont depuis répondu pour moi."
_______________
Plus tard, Elie WIESEL le saluera comme un écrivain « qui eut le courage de s'opposer au fascisme, de dénoncer l'antisémitisme et de dire justement ce qu'il a dit et écrit de la beauté d'être juif, de l'honneur d'être juif, et du devoir de rester juif ».
En ajoutant : « j'admire beaucoup Bernanos, l'écrivain. [...] C'est l'antisémitisme qui m'a gêné au départ chez lui, ainsi que son amitié pour Édouard Drumont bien entendu. Mais un écrivain de « droite » qui a le courage de prendre les positions qu'il a prises pendant la guerre d'Espagne fait preuve d'une attitude prémonitoire. Il était clair que Bernanos allait venir vers nous".
_______________
Installé aux Baléares au début de la guerre civile, il a commencé par soutenir Franco, en qui il voyait le héraut du catholicisme contre les "rouges".
Mais peu à peu, témoin impuissant de la barbarie franquiste, il changera de camp.
Ce qui nous donna les grands cimetières.
Qui lui valurent immédiatement la haine de ceux qui considéraient qu'il les avais trahis.
_______________
Plus tard, il rejoignit de Gaulle, autre personnalité imprégnée de la pensée maurassienne
qui s'en détournera de même au nom d'autres "valeurs".
Après la guerre ce dernier lui proposera une ambassade, un ministère, la légion d'honneur qu'il insistât longtemps à lui remettre lui-même.
Bernanos refusa tout, tout en conservant jusqu'au bout sa fidélité à l'homme de la France Libre.
_______________
J'aime Bernanos, pour son œuvre, (en ce temps, on savait encore écrire) autant que pour son parcours de vie.
_______________
Un autre, à la même époque, venu du bord opposé, publiait l'espoir.
Plus tard, il se rejoignirent.
Bernanos, Malraux, deux points de départ à l'opposé, deux styles littéraires, deux regards sur les mêmes évènements, qui se ressemblent pourtant.
_______________
J'aime les hommes qui font le choix de la liberté, y compris contre leur propre camp.
Parce que ce n'est pas trahir que de brûler ce que l'on a adoré hier,
quand on se rend compte que ce que l'on avait adoré reposait sur le mensonge.
Parce que n'est jamais trahir que de vouloir rester fidèle à ses valeurs.
_______________
Pas très BDSM tout cela me direz-vous.
Et pourtant si.
Pour moi.
Parce que j’aime les hommes qui s’assument dans leur complexité,
qui assument ce qu’ils sont.
La fidélité à leur vérité parfois contradictoire.
Dans le respect d'eux-mêmes,
et des autres.
Et c’est parce que tu fais partie de ces hommes-là
que je suis fière de pouvoir me dire ton esclave.
C’est pour ça que j’ai longtemps cherché cette édition originale des grands cimetières que je voulais t’offrir.
Pour te dire merci, à toi, Maxime.
Pour ce que tu es et bien plus encore pour moi.
6 personnes aiment ça.
Lady Spencer
Merci FFE de me re-transmettre l'envie de lire cet auteur dont j'ai longtemps écarté les écrits pour sa fidélité à Drumon par exemple, pour son catholicisme forcené et ses idées antisémites. Quant à imaginer, un jour, lier une déclaration d'amour bdsm à Bernanos, là....j'avoue que tu me scotches ! 1f609.png
J'aime 28/12/20
FemmeFemelleEsclave
Merci chères Chienne Lise et Lady. Vos commentaires me vont droit au cœur
J'aime 29/12/20
Lady Spencer
Attends, FFE, je ne rêve pas ....tu nous traites de chiennes, Lise et moi ? 1f631.png1f635.png1f605.png
J'aime 29/12/20
FemmeFemelleEsclave
Pas vous, chère Lady. Lise uniquement, puisque c?est le pseudo qu’elle s’est choisie.
J'aime 29/12/20
PROTON
Que vous écrivez bien F.F.E ! Vous devez être belle intérieurement ! .....que j'envie votre Dom ! ( Pourquoi il ne se passe jamais rien en Bretagne au niveau cérébral ? ) Hommages purs pour vous !
J'aime 10/01/21
PROTON
Ce seraut ( avec certaines et rares personnes ici ) que vous réponiez autrement qu'avec un " j'aime '" ce qui d'ailleurs est fort élégant, mais il ya des fois où l'on aimerait pus qu'un merci....un départ d'échanges....je sais j'en demande tjrs trop ! Bizavou F.F.E !
J'aime 16/01/21
FemmeFemelleEsclave
Cher Proton, J’ignore ce que vous attendiez comme réponse de ma part. Alors, je me suis bornée à « liker » votre commentaire. Et je le ne sais toujours pas. Mais, puisque vous me relancez sur ce point, je vais essayer de vous répondre. _______________ Oui, j’aime les mots. La littérature, les romans, les essais, la poésie. Tout ce qui contribue à me faire réfléchir, à me penser, à enrichir mes propres réflexions en les confrontant à celles des autres, à leur vision des choses. J’aime aussi écrire. J’en ai besoin. Parce que c’est le seul moyen que je connaisse pour mettre de l’ordre dans mes idées. _______________ C’est pour moi l’intérêt de ce site découvert par hasard il y a deux ans. Pas d’être un site de rencontres. Parce que je ne cherche plus à « rencontrer ». Mais un lieu où je peux confronter ma vision du bdsm et d’autres sujets avec celle des autres, et pas seulement avec mon mec/Maitre contribuant ce faisant à l’enrichir pour lui et moi. C’est ainsi que j’en ai fait, au fil du temps, une sorte de « journal intime public » où je peux « me » dire, et que mon Maitre aime à lire pour cela. Non pas tant que nous en ayons besoin l’un ou l’autre. Notre relation, à l’origine, a commencé avec des mots. Et la communication, l’échange, le dialogue en sont devenus le ciment indestructible (outre le sexe évidemment 😀) Mais un moyen supplémentaire de communiquer entre nous, en plus des mots que nous échangeons, des lettres que nous continuons de nous écrire alors même que nous vivons désormais ensemble. _______________ Pour le reste, je ne recherche pas l’ «amitié » des hommes. Je m’en méfie au contraire. Non pas parce que je vous vois comme des obsédés du sexe, des violeurs en puissance, des « queutards décérébrés » Ça ne correspond en rien à l’idée que je me fais de vous. Mais parce que l’« amitié » entre un homme et une femme, peut facilement déraper, sauf si le mec est homo ou soumis, puisque nos goûts en ce cas seraient à l’opposé. Et ce en dépit des intentions initiales de part et d’autre. Mon mec/Maitre est jaloux, possessif. Il l’est, comme souvent les hommes, mais là n’est pas l’enjeu pour moi. L'enjeu, pour moi, c'est que lorsque j’ai choisi de me soumettre à lui, j’ai aussi choisi, voulu, décidé de n’appartenir qu’à lui. _______________ Un dernier mot. Lorsque je réponds, à un post ou une demande d’amitié, je commence par lire le profil de mon interlocuteur. Or le vôtre, contrairement au mien, est inaccessible compte tenu de vos critères de confidentialité. Je respecte votre choix. S’afficher sur internet n’est pas toujours sans risques. Mais pour vivre il faut parfois aussi savoir se mettre en risque.
J'aime 17/01/21 Edité