Zuip
par le 07/03/24
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Il faut qu’elle lise. Et qu’elle lise à haute voix.
Nue, penchée, appuyée sur la table en verre, elle lit à haute voix le texte qu’il a spécialement écrit pour elle. Elle le découvre en le lisant.
C’est une épreuve.
Une nouvelle épreuve qu’il lui impose.
Elle doit lire lentement. D’une lecture neutre. Sans affectation. Et elle doit dire la ponctuation. Point. Virgule.
Debout, la badine à la main, il écoute attentivement sa lecture.
Et chaque fois qu’elle dit « point ». La badine frappe. Sèchement. Durement. Sa croupe.
Les phrases sont courtes. Et il y a beaucoup de points de suspension….

Le texte qu’elle lit raconte, comment elle sera vendue au marché aux esclaves. Comment, enchaînée, nue, elle sera présentée sur l’estrade. Comment le Maître, qui la possède encore, en fera l’article, vantera ses mérites. Pour en tirer le meilleur prix.
Comme une bête que l’on mène à la foire, les mains entravées dans le dos, le cou pris dans un collier, tenue en laisse, par le Maître qui l’oblige à fléchir les genoux parce qu’il veut qu’elle se présente ainsi, humble, humiliée… Une pauvre chose…
Et le Maître ouvre sa bouche, retrousse ses lèvres, montre ses dents, l’oblige à tirer la langue…
– Sa bouche est bonne, dit-il. Vous pourrez y fourrer votre bite. Elle bave et subit bien… Elle avale le foutre… Le garde en bouche si on l’ordonne… Elle avale les crachats… Elle boit la pisse… Elle lèche le cul…
Au pied de l’estrade, la foule s’agite. Commente. Ricane… 

Les phrases sont courtes. Et à chaque fois qu’elle prononce le mot « point », la badine s’abat violemment sur sa croupe.
Elle le redoute. Et ne peut s’empêcher à la fin de la phrase de marquer un temps, de respirer plus vite et plus fort, avant de prononcer le mot fatal. « Point ». Et la badine la cingle.

Après chaque coup, elle a du mal à reprendre sa lecture. La voix est plus basse, plus rauque, le débit moins fluide.
Et pourtant il le faut.
Elle se le doit. Et veut en être fière.
Fière d’être éprouvée par cet homme. Car elle en mouille. Elle mouille d’être ainsi maltraitée. Elle mouille en s’imaginant être cette esclave dont elle lit le supplice de la vente aux enchères…
 

 

22 personnes aiment ça.
Onemoon4lie
Le pouvoir du texte @zuip 🔥 les points virgules tombent en déshérence 😂😈j’aime jouer des lignes 😇
J'aime 08/03/24 Edité
sylvie35
Lecture émoustillante 1f60a.png
J'aime 08/03/24
Les mots qui transportent dans un imaginaire cru et bestial. La badine qui nous ramène à notre corps, à la douleur. Ces points de suspension... terribles... qu'il faut articuler... comme pour réclamer la badine à chaque "point". Ce va-et-vient qui ébranle... mon commentaire me coûtera15 coups de badine !
J'aime 08/03/24