Dame Éri,
Je m'excuse de ne répondre que maintenant. Parfois j'ai une mauvaise gestion de mes émotions... et une mémoire qui laisse à désirer.
Quand l'arrêt est brutal c'est plus difficile à gérer. Vanille ou BDSM. On reste sur des inconnus et des doutes sans savoir vraiment quoi remettre en cause.
Souvent on SE remet en question ce qui peut être nécessaire mais sans que ce soit à l'extrême.
J'espère que votre deuil suit son cours, dans un rythme qui vous convient. En tout cas vos partages sur le murgé sont un régal pour les yeux, vous brillez ✨️
Merci d'avoir participé à ce sujet 🙏🏾
Messages
Bonjour et bienvenue à tous deux.
Bonnes explorations de ce monde délicieusement tortueux.
Sujet initial : SM top/bottom sans D/s, je crois que je suis plutôt dans cette catégorie, même si tout peut se doser. J'aime bien les dynamiques D/s qui consistent à avoir un rapport de force déséquilibré. Mais je ne suis pas réceptive aux relations D/s protocolaires qui sont beaucoup d'esbrouffe voire de théâtralité, trop ritualisé. Certains s'y plaisent et arrivent à le vivre de manière naturelle, mais dans mon cas, ça serait sans doute trop forcé, peu plaisant pour moi et l'autre personne. Ponctuellement, selon le cadre, pourquoi pas. Dans mon cas, c'est une question d'espace-temps, et aussi de la personne qu'il y a en face de moi. Je recherche des relations dans deux formes différentes. l'une étant le SM sans relation D/s, même si, toute cérébrale que je suis, je verrai forcément des dynamiques D/s dans cette pratique, ne serait-ce que parce qu'il y a donneur et receveur.
On en vient à la dignité et humiliation, c'est un thème intéressant qui aurait peut-être droit à son propre sujet sur le forum.
Se sentir véritablement humilié, certains l'apprécient peut-être, mais qui veut dire "humiliation" ne veut pas dire "avoir le sentiment d'être humilié". Le but n'est pas d'être blessé, comme le dit philibert. Marcel, vous dites que l'humiliation n'est pas votre délire, mais vous dites aussi qu'embrasser les pieds de votre Domina, vous ne le vivez pas comme une humiliation, et c'est là toute la différence. Prendre du plaisir dans des postures, des actions qui, en temps normal, et vu de l'extérieur, tiennent de l'humiliation, ne veut pas dire qu'il faut aimer ressentir de l'humiliation, mais aimer ce qui la transcende.
Votre relation avec votre Domina est différente d'une rencontre fortuite avec un inconnu. Votre relation D/s avec votre Domina transcende l'acte d'humiliation en quelque chose de plaisant. Je doute que si vous rencontriez un inconnu dans la rue qui vous force à lui lécher les bottes vous procure du plaisir plutôt qu'une humiliation véritable. Pourtant, le geste est le même, mais qu'est-ce qui le différentie ? La connaissance de l'autre, la confiance que vous lui accordez, le consentement, la dignité, l'attirance que vous avez pour elle, un quelque chose qui fait que avec elle et pour elle ce qui est normalement humiliant devient plaisir. Il me semble qu'un Dom/une Domina ne vivra pas non plus de la même manière l'acte d'humilier son/sa soumis/e, parce qu'il y a justement une notion de dignité paradoxale dans la relation. Ne serait-ce que la relation en elle-même : quoi qui soit dit ou fait entre un D et un s, chacun est déjà digne de pratiquer avec l'autre, un don réciproque. La différence, c'est peut-être ça.
J'aime certaines choses considérées comme humiliantes mais je ne les vis pas comme tel. Je ne me suis d'ailleurs jamais posé la question de la dignité. Et je crois que mes interdits côté humiliation sont précisément ceux où ma dignité est véritablement mise en jeu. Cette chose qui, dans son absence, me retire tout plaisir et me sort de la relation consensuelle. Là où il n'y a plus de dignité, selon mon schéma personnel, il n'y a plus de consentement et donc on sort des clous.
La dignité est en relation étroite avec le tabou. On en a toutes et tous. Certains tabous nous déplaisent et d'autres nous attirent, mais on a appris à en avoir honte. Humiliation, dignité... tabou, honte. Se donner l'autorisation de transgresser des tabous parce qu'on accepte de dire qu'on aime ce qui est interdit, ça lave l'indignité de la chose, ça lave la honte et donc le sentiment d'humiliation, pour laisser place, encore une fois, au plaisir.
Dans une relation D/s, doit-on vraiment abandonner toute dignité ou la transformer ? Et puis, le SM sans D/s est-ce plus ou moins digne ? Subir des douleurs, voire être attaché (on oublie que dans ce cas ça peut être une précaution de sécurité), est-ce bien digne ? Est-ce que ce n'est pas justement la manière dont le monde vanille nous perçoit en qualité de soumis ou bottom SM ? Des personnes perverses qui de complaisent dans l'indignité ? Je crois qu'on est mieux que ça ;)
Je rebondis sur le fait d'avoir ou non de la dignité dans la plupart des échanges dominant(e)/soumis(e) que je qualifie de stéréotypés. De nombreux soumis avec lesquels je discute ici se délectent d'être humiliés, c'est leur propre terme. Il me semble que l'humiliation induit nécessairement une perte au moins partielle de la dignité, je me trompe ? Ceci dit, je ne juge pas, à chacun son plaisir. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas mon délire, et mon approche du SM est la même que celle de l'initiateur de cette conversation. Je n'en éprouve cependant pas moins de plaisir à embrasser les pieds de ma domina préférée ; ce n'est nullement soumission de ma part, mais le plaisir de sentir et embrasser la seule partie de son joli corps qu'elle m'autorise à déguster, et le désir de lui témoigner ma tendresse !